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  • DOIGT D’OR DU MEILLEUR MANAGEMENT 6e on Vimeo

    Le meilleur du monde brutal de l'entreprise.

    • Un robot pour conduire les entretiens d'embauche. Ça ne me choque pas. L'écrasante majorité des entretiens d'embauche actuels sont tellement inintéressants, routiniers et procéduriers ("nous remboursons la moitié des coûts de transport") que oui, des robots sont plus adaptés pour les conduire. Alternative : de vrais entretiens d'embauche, dans lesquels on discuterait sans réciter son CV, dans lesquels on ferait connaissance avec ses éventuels futurs collègues, dans lesquels on parlerait des technos, des projets, de l'évolution de la société, de l'organisation du taff, etc.. Bref, un entretien d'embauche où les deux parties apprennent à se connaître et voient si elles ont envie d'avancer ensemble pour d'autres raisons que la survie ;

    • Une société commerciale française annonce, par SMS, sa liquidation judiciaire (et donc leur licenciement) à ses salariés. Visiblement, c'est la partie émergée de l'iceberg, d'autres trucs pas top ont eu lieu en amont ;

    • En Chine, une société commerciale motive ses salariés qui n'ont pas atteint leurs objectifs commerciaux : séquestrés, ils doivent être fouettés ou manger des cafards ou boire leur urine ou accepter qu'on leur rase le crâne ou boire l'eau des toilettes. On peut recouper cette info. Dans une autre société, les salariés choisissent entre défiler à quatre pattes devant leurs collègues ou une baisse de leur salaire.

    Via le spectacle 6e Cérémonie des Doigts d'Or - Les Oscars du Capitalisme 2018.

    Tue Aug 20 13:34:55 2019 - permalink -
    - https://vimeo.com/343632839
  • ZAP D’OR DU MEILLEUR DES MONDES on Vimeo

    L'espèce prétendument la plus intelligente de la planète en action.

    • En Russie, Domino's Pizza a promis 100 pizzas par an pendant 1 siècle aux personnes qui se tatoueraient le logo de la marque sur le corps… Cela a eu un énorme succès ;

    • Un gus se prend en selfie devant une dame percutée par un train. 40 milliards de selfies sont pris chaque année. Faut vraiment avoir un problème de sur-amour de soi et/ou d'envie de se montrer pour pratiquer le selfie addictif… ;

    • La classique publicité dans les toilettes. La publicité peinte sur les trottoirs n'est pas évoquée. Les panneaux publicitaires équipés de caméras qui filment en permanence non plus ;

    • Le système de contrôle de la population chinoise : flicage vidéo partout, notation des individus en fonction de leurs actions (promptitude à régler ses factures, fréquentations, etc.), retrait de droits (se déplacer en avion ou en train, etc.) quand la note est trop basse et ajout de facilités quand la note est haute (accès prioritaire à l'hôpital, etc.).

    Je ne suis pas convaincu par la démonstration des enfants qui, absorbés par leur tablette numérique ne se rendent pas compte du changement de la décoration intérieure, du remplacement de leurs parents, de la présence d'inconnus, etc. Mets-moi un livre ou un journal entre les mains ou fais-moi réaliser une activité manuelle prenante et j'aurais le même comportement. Ça se nomme une activité captivante. Cette vidéo démontre rien.

    Via le spectacle 6e Cérémonie des Doigts d'Or - Les Oscars du Capitalisme 2018.

    Tue Aug 20 12:52:46 2019 - permalink -
    - https://vimeo.com/343631748
  • DOIGT D’OR BRAVOURE POLICIÈRE 6e on Vimeo

    Petit florilège d'abus policiers en 2018 :

    • Violences régulières à l'encontre des personnes qui aident les migrants ;

    • Toute une classe scolaire mains sur la nuque à Mantes-le-Jolie avec le petit commentaire glaçant « voilà une classe qui se tient sage » ;

    • Tabassages de gilets jaunes dans un restaurant (même si l'entrée semble avoir été forcée par les jaunes, l'usage de la force est clairement disproportionnée) ;

    • Tir de LBD sur un gilet jaune clairement pacifique ;

    • Tabassage en meute d'une seule personne ;

    • Distribution de baffes par un commissaire décoré de la légion du déshonneur ;

    • Benalla.

    Via le spectacle 6e Cérémonie des Doigts d'Or - Les Oscars du Capitalisme 2018.

    Tue Aug 20 12:23:39 2019 - permalink -
    - https://vimeo.com/343637881
  • Mon avis sur quelques pièces de théâtre et autres spectacles

    J'ai assisté à ces spectacles lors de l'édition 2019 du festival off d'Avignon, mais ils sont quasiment tous joués dans toute la France voire, pour certains, dans la francophonie.



    Voici mon échelle de jugement (de ce que j'ai le plus apprécié à ce que j'ai le moins apprécié) :s qu'il a vendu car il att

    • « je recommande très vivement […] » = ce spectacle m'a appris des choses importantes ou il m'a ému ou il m'a beaucoup fait rire, en tout cas, il m'a bouleversé (18-20/20) ;

    • « je recommande vivement […] » = ce spectacle m'a appris des choses importantes ou il m'a ému ou il m'a beaucoup fait rire, en tout cas, j'ai passé un excellent moment (16-18/20) ;

    • « je recommande ce spectacle […] » ou « bon divertissement » ou « j'ai passé un bon moment » = j'ai appris des choses ou j'ai bien rigolé, j'ai passé un moment agréable (14-16/20) ;

    • « divertissement, mais sans plus », « divertissement ou spectacle intéressant [ mais sans plus ] » ou « spectacle que l'on peut voir » = j'ai bien rigolé, c'était sympa, mais sans plus (12-14/20) ;

    • « divertissement qui se laisse regarder » ou « je suis très mitigé » = ce spectacle était plaisant, on peut y assister si l'on s'ennuie, mais la valeur ajoutée me semble faible (10-12/20) ;

    • « Spectacle à fuir » ou « je n'ai pas aimé […] = je déconseille vivement d'y assister, même si l'on s'ennuie (< 10/20) ;



    La liste à venir est classée par ordre chronologique, c'est-à-dire l'ordre dans lequel j'ai assisté aux spectacles.


    #DEMAINJEMELÈVEDEBONHEUR!

    Genre : humour (quasi) solo
    Interprètes : Cartouche et Sidney ZAOUI de la compagnie Youpla Boom Productions

    Cartouche va nous confier les secrets du bonheur. Rien de neuf ni d'extraordinaire, en fait. Il raconte l'histoire de sa vie (gamin qui subi les choix vestimentaires de sa mère, ado boutonneux, etc.). Il interagit avec le public en imaginant des situations ("tu n'es pas heureux car… ta copine t'as quitté"… … … sur un ado qui n'a pas (encore) de copine :D). Plusieurs séquences vidéos sont projetées dont, ATTENTION DIVULGATION PRÉMATURÉE, un extrait de Rox et Rouky. FIN DE LA DIVULGATION PRÉMATURÉE. Au final, je retiens les conseils banals suivants : dire aux gens qu'on les aime, pratiquer l'étreinte sans contrepartie et se souvenir que le bonheur est relatif (chacun désire des choses différentes et le bonheur né, entre autres, de l'adéquation entre nos actes et nos désirs).

    Bref, il s'agit d'un divertissement qui se laisse regarder.


    Nos pénis divergent

    Genre : humour en groupe
    Interprètes : François RIVIERE, Antoine BERNARD et Nicolas GILLE de La grosse compagnie

    Dans une émission de TV à la Ça se discute (en plus déjantée et avec un présentateur à l'égo surdimensionné), des pénis prennent la parole pour exposer leurs problèmes du quotidien. Les interprètes évitent le terrain archi-galvaudé de la taille, mais on n'échappe pas aux autres grands classiques (la capote, la vulve (mal-)odorante, l'ennemi féminin, etc.). Dans le registre de l'ennemi féminin, du doute, de la peur, je préfère largement le sketch La première fois de Dubosc dans son spectacle Il était une fois… Franck Dubosc (où il compare la peur de la première fois à la peur ressentie par le soldat en pleine guerre du Viêtnam). Le trio d'interprètes est dynamique et débitent des jeux de mots bien sentis. C'est ça, ainsi que l'interaction avec le public (jeune, probablement une colonie de vacances), qui a probablement fait de ce spectacle un bon moment.

    Bref, il s'agit d'un divertissement intéressant, mais sans plus.


    Ersatz

    Genre : mime
    Interprète : Julien MELLANO de la compagnie Aïe Aïe Aïe

    Critique de l'homme augmenté / virtuel / fusionné avec la machine / solitaire. Inhumain ? J'ai beaucoup de mal à apprécier le mime, mais j'ai été impressionné par les accessoires, les bruitages, la synchronisation entre l'interprète et les bruitages, etc. En revanche, ceux qui ont les yeux sensibles aux changements de l'intensité de la lumière, prenez des lunettes de soleil peu opaques, car les changements brutaux de l'intensité lumineuse sont vraiment très difficiles à supporter. Sur le fond, quelques temps forts sont très intéressants et, d'une manière générale, cet homme isolé et froid m'a glacé le sang, mais je pense qu'il s'agit d'une exagération d'un futur possible qui, du coup, ne convaincra pas.

    Bref, je n'ai pas aimé ce spectacle, mais c'est très probablement à cause du genre (mime) et de la torture lumineuse.


    La philosophie enseignée à ma chouette

    Genre : conférence gesticulée / humour
    Interprètes : Yves CUSSET et Sarah GABILLON de la compagnie Un jour j'irai

    Vulgarisation de quelques raisonnements philosophiques (Schopenhauer, Descartes, Épicure, Freud, etc.), avec beaucoup, beaucoup d'humour. J'en retiens :

    • L'inconscience, c'est le bonheur (Adam et Eve au paradis), mais à quoi ça sert d'être heureux si l'on ne s'en rend pas compte. La conscience rend le monde moche (Adam et Eve, chassés du paradis après avoir mangé une pomme qui symbolise la conscience, découvrent un monde hostile), mais elle offre également la possibilité de jouir du bonheur. On retrouve ici la théorie selon laquelle il faut connaître le malheur pour connaître le bonheur, en somme ;

    • L'amour, c'est l'encadrement de nos pulsions. Pas seulement les pulsions sexuelles, mais aussi le désir profond de la vie qui nous transcende et utilise nos corps pour perdurer ;

    • La vie alterne entre ennui et souffrance (Schopenhauer). Si l'on se focalise sur notre souffrance, on ne s'ennuie pas (mais on est malheureux). En revanche, si l'on s'ennuie, alors on en souffrira. Il faut donc réaliser des activités afin de casser ce cercle vicieux. Mais, d'un autre côté… désirer, c'est souffrir (Épicure), car quand un désir est assouvi, on s'ennuie… ;

    • Dans la mythologie grecque, le vol du feu divin par Prométhée permet la survie des humains, car la maîtrise du feu renforce l'humain faible par nature. L'humain a donc cette capacité de s'opposer à sa condition naturelle de faiblesse en maîtrisant la technique. Mais, par cette maîtrise, l'humain a aussi le potentiel de s'auto-détruire, pas seulement en tant qu'individu, mais en tant qu'espèce, ce dont les autres animaux sont démunis. Ce sont les armes nucléaires et thermonucléaires, par exemple. Le feu qui se retourne contre l'humain apparaît dans la mythologie grecque sous la forme de la folie humaine qui est de se croire supérieurs aux dieux ;

    • On nous propose sans cesse de jouir de l'instant présent. C'est une chimère, car l'instant présent, à peine né, devient du passé, donc il s'évapore. Il vaut mieux jouir d'une succession de moments passés. Pratiquer la nostalgie positive, en somme ;

    • Le temps qui passe est une peur. On peut tous s'offrir des moments d'éternité dans le temps fini de nos vies, car la perception du temps est relative, donc le temps ralentit quand nous passons un moment agréable. À nous de construire ces petits moments agréables ;

    • Raisonnement de Descartes pour démontrer l'existence de Dieu : l'idée d'une substance infinie ne peut pas apparaître dans l'esprit d'un être fini sans avoir été semée par un être infini.

    Le philosophe pense pendant que les autres dépensent.

    Bref, ce spectacle est tout simplement fabuleux, prodigieux, génial. Je recommande très vivement d'y assister. Il illustre que les raisonnements philosophiques ne sont pas forcément chiants comme la mort. En revanche, je ne suis pas certain que ce spectacle donne à voir une image satisfaisante de la femme, car celle présente sur scène a peu l'occasion de débiter des propos intéressants. Elle est cantonnée au rôle de la chouette puis de la croyante qui parle à dieu (Yves Cusset, bien entendu) puis…


    Petit manuel d'engagement politique à l'usage des mammifères doués de raison et autres hominidés un peu moins doués

    Genre : humour
    Interprète : Yves CUSSET de la compagnie Un jour j'irai

    Compte-tenu de l'autre spectacle joué par l'interprète (La philosophie enseignée à ma chouette), je m'attendais à une conférence gesticulée sur les manières de s'engager dans la politique c'est-à-dire la prise de décisions collective pour l'organisation de la vie en commun). Il n'en est rien, il s'agit d'un spectacle humoristique qui, certes, dénonce la passivité de chacun lorsqu'il s'agit de penser collectivement. L'interprète débitera donc des évidences comme la droite, c'est naturel, tout homme inerte penche vers la droite ; l'asile ou la naissance, c'est bien pareil : on vient de rien, sans papier et on existe quand même, donc la peur des réfugiés relève du n'importe quoi ; on est tous engagé politiquement en fait : engagés dans une vie de merde individualiste, nous allons tous dans la même direction : métro, boulot, dodo, vie de merde. C'est le parti politique extrêmement majoritaire en France. J'ai beaucoup apprécié la mise en scène d'un membre de la PAF (Police Aux Frontières) qui interprète une révision du Déserteur de Boris Vian pour signifier son refus d'obéir au rejet des réfugiés, c'était juste magnifique.

    Bref, il s'agit d'un spectacle drôle mais pas innovant qui permet néanmoins de passer un bon moment. Mais si tu dois choisir entre ce spectacle et La philosophie enseignée à ma chouette, choisis le deuxième sans hésiter.


    Self coaching

    Genre : humour seul en scène
    Interprète : Ludovic MONROE

    La chute d'un gus bien éduqué à qui son école de commerce surfaite lui a ancré dans la tête qu'il est un sur-adapté qui peut prétendre à des emplois prestigieux. Évidemment, il se découvre sous-adapté, perdu dans la folie des postes dits à responsabilité, et isolé. je retiens quelques trucs : il vaut mieux désirer être moyen et remplacer le désir de la performance par la performance du désir (vivre intensément ses vrais désirs) ; La psychothérapie a pour but de soigner un traumatisme passé. La psychanalyse a pour but de parler, le psychanalyste étant l'intermédiaire entre soi et son soi profond. Les thérapies courtes ont une fâcheuse tendance à devenir longues. La thérapie comportementale est un truc à regarder. Je suis déçu : je m'attendais à une critique de la performance ou de la mesure permanente de soi (avec la notation en entreprise et les objets connectés à la maison) qui conduit à la folie.

    Bref, il s'agit d'un divertissement qui se laisse regarder.


    Révolte

    Genre : théâtre engagé
    Interprètes : Agnès GUIGNARD, Denis JOUSSELIN, Francesco MORMINO et Leila SCHAUS de la compagnie Théâtre du centaure

    Un spectacle féministe revendicatif et incisif. Le franc-parler est-il la conséquence de l'origine luxembourgeoise de cette compagnie théâtrale ? En tout cas, c'est fortement appréciable. Il faut reprendre le vocabulaire : une femme peut aussi baiser un homme ; est-ce le pénis qui pénètre ou le vagin qui entoure ? La femme doit se ré-approprier son corps. Celle que l'on injurie de salope est libre : elle a réduit les frontières entre elle (son corps) et l'extérieur. Elle se donne en spectacle. On ne peut plus rien lui prendre, car elle donne déjà tout. L'homme ne peut plus désirer la pénétrer, puisqu'il n'y a plus de dedans et de dehors clairement établi. Il faut se réapproprier nos emplois du temps… et ce spectacle illustre que le refus des patrons sera tenace (celui mis en scène propose espaces de pause, d'amener le chien au bureau, etc. pour éviter une demi-journée hebdomadaire d'absence). Quand on demande en mariage, on croit dire qu'on aime, qu'on veut partager la vie de l'autre et plein d'autres attentions gentilles… mais on dit rien de tout cela, le mariage en lui-même n'a pas cette signification. Cette troupe traite aussi de la violence conjugale et du mal-être profonds des gamins qui naîtront d'une telle union.

    Bref, je recommande vivement d'assister à ce spectacle.


    Les entretiens d'embauche

    Genre : comédie humoristique
    Interprètes : Mathias SENIE, Eugénie DE BOHENT, Mathieu MOCQUANT, Perrine LENZINI, Thibault DENISTY et Hortense DU BERNARD de la compagnie Des oh et des bah

    Les interprètes simulent des entretiens d'embauche. Je m'attendais à une satire, mais on est plus proche d'une comédie. Forcément, il y a l'entretien d'embauche classique du mec hyper diplômé que l'on fait chier pour un trou d'un mois dans son CV. Il y a l'entretien tout aussi classique du bluffeur qui n'a pas du tout les compétences requises. Puis vient le recruteur imbu de sa personne. Et puis, il y a les entretiens plus inattendus. Celui conduit par un robot (même s'il est cliché et que les robots actuels dysfonctionnent déjà beaucoup moins que ça). Un entretien amoureux dans lequel la femme se met à son avantage et le mec ignore ses réponses, sauf celles sur les pratiques sexuelles (qui sont perçues comme des compétences). « ‒ Vous faites quoi, là ? ‒ Je calcule si vous êtes plus rentable qu'une pute ! Alors, menu à volonté Flunch 12,90 € plus […] ». Il obtiendra une période d'essai de 3 mois. Et enfin… un entretien entre un ovule snobe et le spermatozoïde gagnant. L'accueil en musique (Le bal masqué de la Compagnie créole) était sympa. Considérer chaque membre du public comme un chercheur d'emploi et lui octroyer un travail d'une heure (avec un représentant du personnel désigné :D) l'est tout autant. Le duo était dynamique. j'ai beaucoup rigolé.

    Bref, je recommande d'assister à ce divertissement.


    L'amitié entre les hommes et les femmes n'existe pas

    Genre : comédie
    Interprètes : Nicolas GILLE et Benoît GAUDRIOT de La grosse compagnie

    Un gus débarque chez son ami au bord du suicide (Le mal-aimé de Claude François est diffusée) car sa copine (qui est amie avec le protagoniste qui vient d'entrer) l'a quitté. Chacun expose son opinion sur les amis qui gravitent autour d'une femme en couple, entre celui qui croit à une sincère amitié et l'autre non. On enchaîne sur des clichés : les femmes veulent ceci et cela et c'est contradictoire. Le plus marrant étant « elles veulent de la douceur, de la prévenance, etc., mais un coup de bite brutal de temps en temps, ça ne se refuse pas ». Ensuite, une histoire folle se met en place où l'ami essaye de savoir ce qui s'est passé, et, au fil des réponses loufoques et des quiproquos, on a de plus en plus l'impression que l'ami a craqué et qu'il a buté sa copine. Je ne peux pas détailler la suite, mais l'angle d'attaque m'a vraiment surpris, et je suis entré sans trop de peine dans l'histoire.

    DIVULGATION PRÉMATURÉE de l'intrigue jusqu'à la fin de ce paragraphe : au final, le gus tue son ami qu'il pense être coupable de meurtre… avant de recevoir un appel téléphonique de la copine… durant lequel il avoue ne pas être intéressé pour plus qu'une amitié… prouvant ainsi que l'amitié entre les hommes et les femmes existe. Finalement, on découvre que tout cela (le suicide, les réponses loufoques, le meurtre de l'ami) est une mise en scène (et un coup de chance pour le meurtre) du prétendu suicidé destinée à connaître les vrais sentiments de l'ami (voudrait-il avoir des relations sexuelles avec sa copine quand celle-ci le quitterait ?). FIN DE LA DIVULGATION.

    Bref, je recommande d'assister à ce divertissement.


    Histoire du communisme raconté pour les malades mentaux

    Genre : théâtre contemporain
    Interprètes : Théa ANCEAU, Ronan BACIKOVA, Fanny BIZOUARD-BACHELIN, Antonio BRUNETTI, Marie-Anne FAVREAU, Sacha GUITTON, Eleonore HAENTJENS, Jean HUSSON, Lucie JOUSSE, Paul LUNEAU, Lisa MARIE-ROSSO et Mathieu RIBET de compagnie Conspi Hunter

    En 1953, un poète du Parti communiste de l'Union soviétique est envoyé dans un hôpital psychiatrique afin d'expliquer aux malades la Grande Révolution et le régime stalinien, car, après tout, personne doit être en dehors de la société (et, surtout, car personne doit ignorer l'existence du Grand Camarade Staline). Ainsi, la doctrine de Lénine est résumée à « construire un pays où personne ne foutra plus personne dans la merde » (et Staline est présenté comme un ami de Lénine). Ce mantra sera récité en boucle aux malades. Le poète explique les kolkhozes, ces expropriations de terres afin de moderniser le pays dans le but de pouvoir faire face aux pays capitalistes (les États-Unis connaissent un boom économique depuis les années 1920). Puis, il explique comment on a voulu commencer à vouloir séparer les indésirables (les koulaks expropriés, les diplomates, les vagabonds, etc.) du reste de la société et à rechercher une certaine forme de pureté (trier les malades mentaux avec une méthode scientifique, interdire des relations sexuelles ou en autoriser d'autres, etc.). On se rend compte que les fous ne le sont pas autant que ça : ils ont bien perçu les dérives du régime stalinien. Puis l'hôpital apprend la mort du Grand Staline, la fin de tout…

    Bref, il s'agit d'un spectacle que l'on peut voir, mais sans plus. Le spectacle ne se suffit pas à lui-même pour comprendre la période présentée, il faut des connaissances supplémentaires (sur le pourquoi des kolkhozes, par exemple), ce qui est dommage.


    L'enseignement de l'ignorance

    Genre : théâtre engagé
    Interprètes : Héléna VAUTRIN, Frédéric GUITTER et Seb LANZ de la compagnie DDCM - La Vie Moderne

    On pouvait s'attendre à une analyse critique habituelle de l'école. Raté ! Ce spectacle prend l'école comme élément dans un tout : l'économie libérale. En effet, en 1995, lors du State Of The World Forum, environ 200-500 dirigeants, économistes et scientifiques exposent la conclusion qu'au 21e siècle, deux dixièmes de la population active mondiale suffiront à maintenir l'activité économique. Dans ce contexte, comment gouverner 8/10 de la population mondiale qui sera sans emploi donc sans revenus dans le système actuel ? Réponse : le tittytainment, un mélange d'aliments et de nourriture de l'esprit provoquant une léthargie, mais aussi « tits », les seins en anglais, ce qui fait penser à une actualisation de l'expression latine « Panem et circenses » (« Du pain et des jeux »), ce qui renvoie aux divertissements douteux et anesthésiants (téléréalité, séries télévisés, jeux d'argent, etc.) qui pullulent de nos jours. Dans ce contexte-là, l'école est inutile, on la rationalise avec les sciences de l'éducation, puis on laisse les sociétés commerciales vendre leur modèle (privation lente de l'école) puis, en fait, on se rend compte que s'attaquer à l'école sert à rien : il suffit d'envelopper en permanence le citoyen dans du divertissement et, hop, ça nettoie le cerveau sans cristalliser d'opposition.

    Évidemment, on cite le théoricien de l'économie libérale, Adam Smith « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu'ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. » afin d'illustrer que les comportements individualistes actuels ne sont une dérive, mais bien le comportement escompté. On cite son condisciple David Hume : « Il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » qui signifie que la passion de l'humain précède et domine sa raison, ce qui nous condamne.

    À la sortie, j'étais perplexe : ce spectacle n'est-il pas lui-même du tittytainment ? Après tout, cette pièce est dérivée d'un livre afin de le rendre accessible et, surtout, une femme se trémousse, prend des poses suggestives et simule un orgasme… Alors, oui, elle récite aussi des propos des théoriciens de l'économie libérale, mais assez peu, en comparaison.

    Bref, il s'agit d'un spectacle intéressant (mais sans plus), même si les idées qui y sont développées ne sont pas nouvelles. Attention : il y a beaucoup de texte à lire sur un écran et certains passages sont modérément écrits petit, donc essaye de trouver une place en fonction de ton niveau de vision. ;)


    Banque centrale

    Genre : conférence gesticulée
    Interprète : Franck CHEVALLAY de la compagnie Sol en scène

    Vulgarisation de la création monétaire via le regard d'un fou interné qui conte, à son médecin, la micro-société marchande fondée par les patients au sein de l'établissement ainsi que son désarroi.

    Dans cet hôpital psychiatrique, pour tout service qu'on lui rend, Mémoire, un patient amnésique, distribue un coquillage. Cela lui permet de se souvenir qu'il a une dette envers quelqu'un qui lui présente un coquillage. Montre-lui le coquillage et il te rendra service. Quand Mémoire disparaît, personne sait où trouver des coquillages (qui doivent être rares, sinon c'est falsifiable et alors tout le monde peut réclamer un service à Mémoire) et puis il faut faire taire ce concours qui consiste à savoir qui a le plus gros coquillage. Quelqu'un propose d'utiliser des morceaux de sucre, car ils sont tous taillés à l'identique. Problème : le personnel médical distribue du sucre le lundi… donc les sucres perdent de leur valeur (inflation), alors que les coquillages étaient rares dans cet hôpital (mais pas au bord de mer, tout est relatif). Puis, puisqu'entre patients tout s'échange avec du sucre, un patient se met à prêter du sucre moyennant intérêt afin de faciliter la vie de tout le monde. Puis il se met à prêter du sucre qu'il n'a pas… car il sait que demain, il détiendra réellement les morceaux de sucres qu'il a prêté aujourd'hui car il attend les retours et les intérêts des prêts antérieurs. Quand on lui détruit ses réserves de sucre par vengeance (payer la location de sucre que le gus n'a pas, c'est dingue !), ce gus décrète que ça n'a pas d'importance, car il a consigné, dans un carnet, qui lui doit des sucres, donc, si besoin, il fera jouer son droit de nantissement et obtiendra ainsi les sucres, qu'il pourra distribuer aux gens qui en réclament. Et si un nombre élevé de patients ne remboursent plus ? Tout s'écroule…

    Dans notre monde, les banques rendent aussi de vrais services : protéger des dépôts d'argent (surtout avant la dématérialisation, le fait qu'elles aient des coffres dans plusieurs villes permet aux particuliers et professionnels de ne pas transporter d'énormes sommes entre deux villes en risquant une attaque armée de leur calèche par des bandits) et prêter de l'argent qui existe (qu'elles ont dans leur coffre). Mais, c'est aussi parti en sucette avec les prêts d'argent qui n'existent pas puis les prêts d'argent qui n'existent pas à des gens qui ne peuvent pas rembourser couplés à des taux d'intérêt progressifs exorbitants couplés à des produits financiers dérivés et autres magouilles afin d'assurer ces prêts extrêmement dangereux, prêts qui seront échangés sur toute la planète… Oui, c'est bien la crise de 2008, dite des subprimes qui est ainsi résumée. Et quand les emprunteurs qui ne peuvent pas rembourser se mélangent avec des gens qui veulent récupérer leur dépôt, comment faire puisque l'argent des dépôts n'existe pas (il est seulement une ligne dans un carnet comptable) et que l'argent tout aussi virtuel prêté ne permettra pas d'encaisser d'intérêts (ce qui aurait pu permettre de distribuer l'argent aux déposants qui le réclament) ? Les titres de créances ne valent plus rien. Les titres financiers qui les assurent ne valent plus rien. Et comme ces titres financiers ont été échangés sur toute la planète, tout s'écroule pour ceux qui en détiennent encore (le film Margin call résume très bien ce petit jeu des chaises musicales (voir mes notes sur ce film)).

    L'interprète tacle l'Union Européenne qui interdit à la Banque Centrale de prêter aux États. Ainsi, les banques privées octroient des prêts délirants afin de se faire du blé, puis, quand tout va mal, elles viennent pleurer auprès des États (si l'on tombe, tout tombe : le commerce, les emplois, votre légitimité de chef d'État, etc.)… qui sont obligés d'emprunter à un taux non-nul aux banques privées afin que celles-ci aillent se refinancer à taux quasi-nul auprès de la Banque Centrale Européenne en posant en garantie les titres de créance des États emprunteurs (les banques privées se font ainsi des bénéfices sur la propre merde qu'elles ont semée !)… L'interprète explique cette situation par le lobby bancaire qui a su tirer parti de la difficulté pour des États européens (ou des personnes) à se mettre d'accord. Exemple : la France a toujours plutôt voulu une politique d'émission fréquente de monnaie, politique dite inflationniste, là où l'Allemagne a toujours plutôt voulu une politique déflationniste lui permettant d'épargner. Les contraintes économiques des deux États (croissance, commerce extérieur, taux d'épargne, etc.) ne sont pas identiques, donc la politique monétaire (inflationniste, déflationniste, etc.) ne peut pas être identique. Comment mettre d'accord tout ce beau monde ?

    L'auteur rappelle que, si les banques privées créent de la monnaie scripturale (dématérialisée) qui n'existe pas en accordant des prêts, seules les banques centrales créent de la monnaie fiduciaire (pièces et billets). Le coût de production de certaines pièces (1 et 2 centimes d'euros, principalement) dépasse leur valeur d'échange (le prix indiqué dessus) donc les États s'endettent auprès des banques privées pour créer cette monnaie-là avant de la revendre aux banques privées (voir Pourquoi la fabrication de pièces rapporte des millions à l’Etat). Lol…

    J'aime beaucoup cette imitation d'un banquier Florentin du 14e siècle pour justifier pourquoi personne n'a pu (ou voulu) arrêter les banques quand on a découvert qu'elles prêtaient de l'argent inexistant : « si el senior Banco y tombe, tout lé monde y tombe ». Hé oui, X n'est pas """"riche"""" dans l'absolu, mais parce qu'une banque lui doit xxxxx €, argent qu'elle ne détient pas tant que Y et Z ne remboursent pas leurs crédits, et même alors, puisque l'argent n'est qu'une ligne dans un livre comptable. Tout le monde dans la même roue à hamster.

    Bref, je recommande très vivement d'assister à ce spectacle. L'interprète est tout simplement fabuleux. Il joue à merveille ses personnages et il nous emporte dans son histoire vulgarisatrice. J'ai presque été déçu que l'auteur s'arrête là, car je le sens tellement capable de vulgariser d'autres notions compliquées et hallucinantes de la finance.


    Je sais plus où j'habite

    Genre : conférence gesticulée
    Interprète : Julian AUGÉ de la Coopérative citoyenne

    Pourquoi être propriétaire de son logement ? Pour l'interprète, les arguments qu'ont lui ressasse (les taux d'intérêt son bas, la location permet de mettre de l'argent de côté, posséder son bout de terre offre une stabilité au cas où, etc.) ne sont pas convaincants. Il n'est pas prêt à être propriétaire, la notion même de propriété le dérange.

    Peut-être, faut-il, comme le propose Bernard Friot, se débarrasser de la notion de propriété privée lucrative tout en conservant celle de propriété privée d'usage ? Sûrement faut-il, comme l'écrivit Antonio Gramsci, lutter contre l'hégémonie culturelle qui permet aux dominants de contrôler les dominés en leur faisant rêver d'avoir tout pareil qu'eux ? Tu sais, toutes ces formules toutes prêtes sur le bonheur d'être propriétaire que l'on ressasse à chaque repas de famille. Louis XIV utilisait déjà cette stratégie. Peut-être faut-il privilégier les coopératives d'habitants avec droit d'usage qui existent déjà ? Peut-être faut-il privilégier l'autoconstruction dans laquelle les matériaux sont fournis mais où il faut mettre collectivement la main à la patte ?

    Je note également cette analyse dont j'ai oublié le nom de l'auteure. Les parties communes sont un espace de frictions plutôt indéfini, car elles sont l'intermédiaire entre l'espace public et l'espace privé donc les uns et les autres projettent tous leurs fantasmes et désirs dans cet espace, notamment les clichés racistes, de classe (pauvre / riche), etc. Le critère de race revient souvent dans les sondages (qu'est-ce qui vous effraie ?) alors que les critères sociaux prédominent.

    Bref, je suis très mitigé… L'auteur pourrait raccourcir le récit de son expérience personnelle et exposer plus en détails les problèmes de la propriété. En l'état actuel, ce spectacle peut parler seulement aux convaincus, à mon avis.


    Le Misanthrope

    Genre : théâtre classique
    Interprètes : Agathe BOUDRIERES, Anthony MAGNIER, Xavier MARTEL, Caroline NOLOT, Laurent PAOLINI, Eugénie RAVON, Loic RENARD et Victorien ROBERT de la compagnie Viva

    Pièce classique de Molière dont il est bon de se remémorer les différentes morales. Un homme, Alceste, déteste la flatterie et la lâcheté. Mais il en pince pour une femme qu'il sait pourtant être médisante et dont il aura la preuve qu'elle fricote avec d'autres hommes. Au final, personne a raison et ni lui ni la belle n'auront ce qu'ils désirent. Je me reconnais dans le protagoniste misanthrope notamment quand il expose la nécessite d'exprimer à Oronte que son sonnet est bof (ce qui est plutôt vrai…). Du coup, cette vérité blesse, mais ça reste une vérité (qui peut permettre de s'améliorer). J'apprécie également les arguments de l'ami d'Alceste : la critique négative entraîne un cercle négatif ; supporter les autres, c'est faire preuve de philosophie, car sans tares, la vertu est inutile ; on supporte les tares chez ses amis, ses amours, etc. Même si l'on estime que c'est une faiblesse, pour quoi s'interdire de la généraliser ? ; Au fond, la misanthropie est un amour propre et un amour des autres que la personne n'arrive pas à exprimer (« je vous aime pour vous quereller »). Je note que l'expression « c'est le mal / tare du siècle » revient souvent dans la bouche des personnages à la pensée négative pour désigner l'ouverture "au plus grand monde" des belles lettres, ce qui tend à illustrer que chaque époque, de Molière jusqu'à nous en passant par nos grand-parents, est persuadée de sa décadence qui provoquera son délitement. Comme quoi…

    Bref, il s'agit d'un bon divertissement qui est interprété avec dynamisme et justesse.


    6e Cérémonie des Doigts d'Or - Les Oscars du Capitalisme 2018

    Genre : spectacle engagé
    Interprètes : Aurélien AMBACH ALBERTINI et Alessandro DI GUISEPPE de la compagnie Triple AAA

    Vous êtes un hyper riche, un puissant de ce monde et vous êtes là pour célébrer ce qui s'est bien déroulé en 2018 : bénéfices et dividendes records, violences policières pour calmer les jaunes, chômage et précarité en hausse, management brutal, mensonges politiciens, etc. Quand le capitalisme est une religion comme une autre… Les vidéos diffusées pour montrer les lauréats sont hallucinantes voire flippantes : un gilet jaune pacifiste éloigné des flics reçoit un coup de LBD dans les couilles ; Pub pour une culotte vibrante pas encore commercialisée qui analyse les matchs de foot afin de faire ressentir à la femme la passion ressentie par son homme ; Se faire tatouer une pub sur le bras afin d'obtenir de la bouffe gratos ; En Chine, une société commerciale laisse le choix à ses employés qui n'ont pas atteint leurs objectifs : manger des cafards, boire leur urine, boire de l'eau des toilettes, se faire fouetter avec une ceinture OU une baisse de leur salaire.

    Bref, je recommande vivement ce spectacle, même si je le trouve moins captivant que le déjanté Croissance, reviens ! des mêmes interprètes. En passant, je suis toujours aussi mal à l'aise avec le concept « le sexe, c'est sale » véhiculé par l'expression « Doigts d'Or ».


    All'arrabbiata

    Genre : théâtre musical engagé
    Interprètes : Renata ANTONANTE, Audrey BOMMIER, Lucas LEMAUFF et Pablo SEBAN de la compagnie All'arrabbiata

    Une énième critique éculée de notre mode de vie, de notre société, mais, cette fois-ci, en chanson et danse. Je retiens trois choses. 1. « On ne change pas le monde, on change sa place dans le monde ». 2. Une personne regarde un robinet fuir. La droite française proposerait de réparer en soudant… donc en éliminant la fonctionnalité d'un robinet… La gauche française ferait environ de même. L'extrême-gauche proposerait que la personne se bouge les fesses, mais se bouger les fesses, c'est devenir autonome donc ça fait perdre sa légitimité au gouvernement donc l'extrême-gauche ne veut pas ça au fond d'elle. 3. Un riche abrite un pauvre sous son parapluie. En vrai, il lui marche littéralement dessus, lui demande de cirer ses pompes, etc. Mais comme il fournit un parapluie, le pauvre devrait se taire.

    Bref, bien que la critique formulée ne soit pas innovante, le choix de la musique, de la danse et de la métaphore filée rend ce spectacle innovant et intéressant.


    J'veux du sexe bordel !

    Genre : comédie humouristique
    Interprètes : Céline DAVITTI et Chris VERNET de Bloody Moon Production

    Une femme ne parvient pas à obtenir les relations sexuelles qu'elle désire. Elle est en mode "personne ne m'aime", "toute façon les hommes préfèrent les brunes et pensent que les blondes sont connes" et autres clichés. En boîte de nuit, elle ne connaît pas les codes en vigueur et elle se comporte comme une allumeuse provocante, ce qu'elle n'est pas, donc forcément… Elle se procure un exemplaire du Kamasutra. Non, ce livre n'évoque pas seulement les positions du coït, mais aussi les manières de séduire, de vivre en tant que personne cultivée, les devoirs et privilèges de l'épouse, etc. Le contraste entre cette époque et cette culture et nous est frappant… Les us et coutumes ont bien changé… ce qui provoque le rire.

    Bref, il s'agit d'un divertissement qui se laisse regarder.


    Si l'homme est né libre, il doit se gouverner

    Genre : conférence gesticulée / théâtre engagé
    Interprètes : Chantal RAY et Gérard VOLAT de la compagnie Remue-méninges

    Nous ne sommes pas en démocratie, il nous faut reprendre le pouvoir, refaire des choses, seul et en collectif, etc. Forcément, on convoque Voltaire et Rousseau. Forcément, on évoque la démocratie athénienne et ses limites dénoncées à l'époque par, entre autres, Aristophane (corruption présumée des tribunaux grecs paperassiers, aristocratie, etc.). On évoque la souveraineté du peuple et de l'individu. On estime cette dernière compromise par les puces et les nanopuces que l'on présume bientôt obligatoires. Comme solution, on évoque les trucs habituels : auto-organisation, AMAP, circuits courts, etc.

    Bref, je suis très mitigé au sujet de cette conférence gesticulée bien rythmée qui n'apprendra pas grand-chose à ceux qui ont étudié la question, mais, visiblement, elle a de l'effet sur les personnes qui ignorent la problématique (je pense à la personne âgée à côté de moi, totalement sidérée, renversée, par ce qu'elle a entendu, comme si un nouveau monde s'ouvrait à elle…).


    L'ArnaQueuse

    Genre : comédie
    Interprètes : Elza PONTONNIER et Thom TRONDEL

    Une femme tient une agence matrimoniale. Elle fait sortir tous ses clients masculins avec une même complice… qui les rejettera… lui donnant ainsi l'occasion de continuer à prodiguer des conseils très lucratifs. Et voici Luc Le Pen (fils d'Hervé, grand entrepreneur de la région fictive, pas de Jean-Marie ;) ), gars très maladroit, naïf, qui exerce un métier pas ouf (vendeur de porte-manteaux) et qui a le bilboquet comme loisir. En avant pour l'arnaque habituelle…

    DIVULGATION PRÉMATURÉE de l'intrigue jusqu'à la fin de ce paragraphe. Sauf que la complice a un empêchement de dernière minute. Notre coach se retrouve donc au restaurant avec Luc… qui lui avoue en être amoureux. Vu qu'il est radin et bruyant dans ce resto de luxe (c'est bien connu, toutes les femmes veulent être invitées dans ce genre d'endroit pour un premier rendez-vous, d'après la coach), le repas tombe à l'eau… Mais elle apprend que Luc possède 20 k€ en assurance-vie… et lui propose donc des cours supplémentaires. Mise en situation dans la rue. Il suit ses conseils pour l'inviter au bar… elle refuse… il fait du """"chantage"""" : « vous m'avez dit que ça marche à chaque fois votre truc donc soit vous acceptez, soit c'est que vos conseils sont bidons et on arrête-là ». Ils vont au bar. Défoncés, ils vont chez elle. Ils parlent. Il continue d'être maladroit, mais ça a plus aucune importance. Ils dansent. Ça parle bilboquet ("j'ai un gros bilboquet, vous voulez le voir ?") pour de vrai, loin du jeu de mot. Et, finalement, ils baisent. Le lendemain matin, le téléphone sonne. la complice laisse un message sur un répondeur à l'ancienne (où l'on entend le message durant son enregistrement). Luc comprend qu'il est un pigeon. Et le masque tombe : elle l'aimait bien. Oui, il est maladroit, oui ceci et cela, mais il la faisait rire et il parlait de son boulot et de son bilboquet avec tellement de passion que ça compensait, et il est si gentil… Mais c'est trop tard. Elle se reconvertit dans un business de mise en relation entre particuliers et artisans… tout en continuant les arnaques genre un "forfait rapidité" à un prix exorbitant pour réparer une fuite d'eau dans l'heure. Luc vient la voir, car il a reçu une pub. Il comprend qu'elle n'a pas vraiment changé, mais un peu quand même… Elle lui avoue son amour… Tout semble bien… Il va lui chercher à manger (car elle est totalement fauchée, elle n'a pas mangé depuis 3 jours, dit-elle). Pendant ce temps-là, elle téléphone à sa complice : "il est revenu, ce con, on va le plumer !". FIN DE LA DIVULGATION.

    Bref, ce spectacle est à mourir de rire. Les acteurs sont vraiment à fond. Ils sont dynamiques. Ils jouent jusqu'au bout. Ils improvisent et ça part parfois en sucette quand le/a partenaire n'arrive pas à se retenir de rire et peine à reprendre le fil. Génial ! Je recommande très vivement d'assister à ce divertissement.


    Ados.com

    Genre : comédie
    Interprète : Seb MATTIA et Pierre DAVERAT de la compagnie Crazy et salon Marengo

    Un ado moderne (donc ultra-connecté) et un père seul dépassé par le mode de vie de son gamin. Au final, malgré, des activités et des goûts différents, père et fils ont les mêmes problématiques à affronter : obligations et contraintes, volonté de pécho, etc. Le reste (la mode, le vocabulaire, les manières de résoudre un problème - utiliser une appli ou se sortir les doigts -), ce qui diffère entre deux générations, est secondaire, en fait. Forcément, on enchaîne cliché sur cliché à propos des ados, mais les comédies sont dynamiques et ils improvisent, au point d'être parfois incapables de tenir la réplique (je pense à l'adulte qui bombarde l'ado de déodorant… il en met trop et se prend donc le retour…).

    Bref, il s'agit d'un divertissement intéressant qui m'a fait passer un bon moment.


    Le Bourgeois gentilhomme

    Genre : théâtre classique
    Interprètes : Léonore CHAIX, Daniel JEAN, Stéphane MIQUEL, Ulysse ROBIN, Clara STARKIER, Isabelle STARKIER et Cédric ZIMMERLIN de la compagnie Isabelle Starkier

    Pièce de Molière. Un bourgeois, monsieur Jourdain, veut se faire passer pour noble en utilisant son fric pour prendre des cours de danse, de musique, de philosophie, de chevalerie, de science, etc. C'est ainsi que Jourdain découvre qu'il fait de la prose sans le savoir. Forcément, il se fait avoir… Un noble tente de l'abuser en prétextant faire ses louanges dans la cour du roi. Il achète tout bien (et service) dont on lui confirme que les nobles en font de même… Il se retrouve ainsi avec un costume ridicule. Il refuse l'union de sa fille avec le fils d'un bourgeois local. Ses proches s'attellent alors à inventer le fils d'une altesse turque qui voudrait épouser sa fille (qui n'est évidement personne d'autre que le prétendant initial éjecté par le père :D ). Je trouve cette pièce de Molière moins travaillée que les autres que je lui connais, mais j'imagine qu'affirmer qu'un bourgeois pète plus haut que son cul, ça a dû faire du bruit, à l'époque. La troupe est inventive et dynamique et a introduit quelques anachronismes pour mon plus grand plaisir.

    Bref, il s'agit d'un divertissement, mais sans plus.


    Soyez vous-même

    Genre : théâtre contemporain
    Interprètes : Éléonore JONCQUEZ et Fannie OUTEIRO de la compagnie Théâtre du fracas

    Un entretien d'embauche pour un poste à la direction de la communication. Une madame parfaite se présente. Toute lisse, sans aspérités. Toute joyeuse. Comment l'aider à être elle-même ? Quelles sont ses souffrances ? Quelle est son infirmité honteuse ? Qui est-elle ? Se connaît-elle elle-même ? Il n'est pas facile de laisser tomber les trouzemilles artifices que l'on a mis en place entre soi et son soi profond.

    DIVULGATION PRÉMATURÉE de l'intrigue jusqu'à la fin de ce paragraphe. Entretien d'embauche mené par une aveugle. Candidate : une grande blonde plantureuse. Questions banales d'entretien d'embauche : vos qualifications, vos expériences, gnagnagna… La candidate répond les convenances habituelles. La recruteuse lui dit que c'est plat, que ça sent l'ennui, le vide. Elle lui demande qui elle est au fond d'elle. La candidate ne comprend pas la question, donc elle récite ses qualités, ses prétendus défauts ("je suis gourmande", lol)., gnagnagna. Après plusieurs mises sous pression de la recruteuse ("sinon on arrête là") et des dizaines de minutes d'hésitation et de fuite, elle finit par se lâcher : elle déteste son père, sa crasse permanente, la fumée de sa cigarette, son visage écaillé, etc. C'est pour ça qu'elle veut travailler dans cette société qui commercialise de la Javel. Le masque tombe : madame parfaite et propre sur elle n'est pas si propre que ça, il y a de la souffrance en elle. C'était la question de la recruteuse, car nos souffrances en disent plus sur nous que les discours convenus. La recruteuse lui demande ce qui la passionne. Chant, poterie, etc. La recruteuse lui demande de chanter afin de sentir la passion. La candidate hésite, hésite, hésite… Sous la pression de la recruteuse ("qu'avez-vous à perdre ? par contre, si vous ne le faites pas, vous perdez l'opportunité de ce poste"), elle chante et se donne en spectacle en chantant une chanson à moitié paillarde qui dit en substance qu'elle est flemmarde et qu'elle préfère « rester sous la couette à faire des galipettes ». La recruteuse se met à danser… et chute. Elle refuse l'aide de la candidate pour se relever, mais elle n'arrive pas à retrouver le chemin de son bureau. De force, la candidate finie par l'aider. La recruteuse lui demande ce qui l'a poussé à faire ça. La candidate répond les conneries habituelles, genre aider les autres, gnagnagna. La recruteuse lui fait avouer que c'est la pitié de voir une pauvre aveugle galérer qui a déclenché son geste. C'est une attitude de mépris total, et la recruteuse l'a senti lorsque la candidate lui a tendu la main. La recruteuse rappelle ce précepte de la philosophie grecque : connais-toi toi-même. Elle propose à la candidate de l'entraîner pour y parvenir. Ça suppose de laisser son égo de côté et d'accepter son infirmité, celle que l'on cache tous (ex : je me trouve moche). La candidate finira par l'avouer : elle se trouve idiote, ignorante et elle a confiance en elle uniquement sur son physique. Voilà donc la peur de madame parfaite… Pour briser l'égo, il faut vivre une humiliation. Comme celle de l'aveugle qui comprend très vite qu'il devra recourir aux autres pour avancer tout en devant supporter leur mépris mélangé à la pitié. La recruteuse demande à la candidate d'enlever ses vêtements ("qu'est-ce que ça peut faire, je suis aveugle ?!"). Après plusieurs pressions, elle le fait au son de la musique Girls just want to have fun (tout en étant cachée derrière une chaise de bureau et en conservant sa culotte, ne rêve pas, petit mâle). La recruteuse lui demande de parler d'amour. La candidate répond en parlant de sexe avec son mec, etc. La recruteuse lui demande de la séduire. La candidate répond qu'il faut éprouver des sentiments, gnagnagna. La recruteuse rétorque que cette réponse est humiliante, que, là encore, la candidate la voit comme une infirme répugnante alors qu'il y a des caractéristiques plaisantes en elle comme en chacun d'entre nous, et qu'il est possible d'aimer une part de chacun d'entre nous. De plus, « vous m'avez raconté vos ébats en long et en large, mais, alors, quand il faut parler d'amour, là, y'a plus personne ». Après moult essais, la candidate parvient à énoncer les qualités du corps et de l'esprit de la recruteuse et les envies qu'elle a tout en passant ses mains sur la recruteuse afin de sentir ceci ou cela. Étape finale pour se connaître soi-même et se sentir vivant : affronter la mort. La candidate prend le flingue dans le tiroir du bureau. Il y a une seule cartouche. Il faut appuyer, et pendant la pression, se sentir vivante, se sentir exister. La candidate presse, la balle part dans sa tête, fin du jeu. La recruteuse a un seul regret : quel était le nom de cette candidate ? Elle lui a pas demandé. Je trouve que cette fin offre une vision alternative à celle de Fight Club selon laquelle on pourrait se connaître soi-même au prix de longs efforts. FIN DE LA DIVULGATION.

    Bref, je recommande très vivement d'assister à ce spectacle. Je n'ai pas les mots… C'est fabuleux, prodigieux, totalement génial… Ça m'a totalement retourné.


    Discours de la servitude volontaire

    Genre : conférence gesticulée
    Interprète : François CLAVIER de la compagnie Vue sur la mer

    Mise en scène et interprétation de ce texte du 16e siècle d'Étienne de la Boétie qui préfigure l'époque des Lumières (ma fiche de lecture). La liberté est naturelle chez l'humain comme chez les autres animaux (exemple de l'éléphant qui négociera à grands cris son ivoire contre sa vie sauve face à un braconnier). Comment se fait-il, alors, qu'il soit asservi par quelques humains médiocres intellectuellement et en sous-nombre pour mener un quelconque combat ? Comment recouvrer notre liberté ?

    République = res publica = chose publique. Une monarchie n'est pas adaptée pour gérer la chose publique en cela qu'il n'y a rien de public dans ce mode de gouvernance mais la volonté privée d'un seul. Comment expliquer la servitude ? L'humain a une paresse naturelle et est soumis aux coutumes et aux habitudes. On peut endormir les masses laborieuses avec des jeux, des loisirs (théâtre, etc.), des festins et des récompenses. Un tyran n'agit pas seul : il a 5-6 personnes envieuses de son statut qui sont très proches de lui, qui sont complices et qui le servent dans l'espoir de pécho des biens (richesse), un statut social et l'espérance de dominer à leur tour autrui en échange. 600 personnes dociles entourent ces 5-6 personnes. 6000 personnes flattées, ravies de gérer les deniers "publics" et de gouverner une province, entourent ces 600 personnes. Etc, etc. C'est ainsi que la servitude se propage de proche en proche dans la population. Qui n'a jamais entendu « lui, faut aller dans son sens, car il connaît les bonnes personnes » ?

    Comment se libérer ? Il faut préserver la liberté afin que d'autres en fasse l'expérience, car si l'on connaît la liberté, on y renoncera uniquement sous la contrainte. C'est le Peuple qui fait et défait les tyrans : investiture, soutien, flatterie, attention. Il ne s'agit donc pas d'aller décapiter le tyran, de tout lui retirer, mais plutôt de ne rien lui donner. Cessons d'obéir aveuglement et nous serons libre.

    Bref, je recommande vivement d'assister à ce spectacle. L'interprète est fidèle au texte.


    Le dernier jour d'un condamné

    Genre : théâtre classique
    Interprète : Xavier REIGNAULT de la compagnie Conte en chemin

    Mise en scène du célèbre réquisitoire de Victor Hugo contre la peine de mort. Je n'ai pas accroché. J'ai lu le livre original à l'école (on devait même rédiger une lettre destinée à Hugo qui devait contredire ses arguments), mais, aujourd'hui, ses arguments (anxiété du temps qui passe, ne plus revoir sa famille, l'enfant qui ne te reconnaît plus, car les adultes lui lavent le cerveau, la perte de liberté, ennui, face à soi-même, etc.) me laissent pantois, principalement car ils pourraient être utilisés pour dénoncer la prison et pas seulement la peine de mort. La seule différence est que le prisonnier lambda sait qu'il recouvrera sa liberté un jour, donc l'espoir continue de le porter, ce qui n'est pas le cas d'un condamné à mort.

    Bref, il s'agit d'un spectacle qui se laisse regarder. Je trouve que cette interprétation est plutôt fidèle à ce dont je me souviens du texte, mais ce n'était pas l'avis d'autres spectateurs qui pensaient notamment que l'interprète a coupé des longueurs qui permettent au lecteur de ressentir la pesanteur du temps qui passe.


    Plaisir coupable

    Genre : monologue comique
    Interprète : Matt GUEIREDO de la compagnie On ne laisse pas bébé dans un coin

    Un gus seul sur une scène, micro à pied en main, éclairé par un unique projecteur, qui débite des prétendues piques inspirées du quotidien. De l'humour noir, en somme. Il cause de sexe, du handicap, des végétariens / végans / flexitarien, de la pédophilie, de tonton Adolf (Hitler), de l'obésité, etc. La description promettait un spectacle qui flirte avec les limites du politiquement correct. Il en est rien : le gus débite des banalités sans imagination dans des thématiques vues et revues. Moi qui suis un public facile (ceux qui me connaissent savent que je rigole à environ n'importe quoi), j'ai rigolé une ou deux fois seulement. Les propos sont neutres, même pas acides… Si c'est ça être à la limite du politiquement correct, ça signifie que la liberté d'expression est très encadrée.

    Bref, il s'agit d'un spectacle à fuir comme la peste. L'humour noir, ça se travaille.


    On est sauvage comme on peut

    Genre : théâtre contemporain
    Interprètes : Marie BOURIN, Antoine COGNIAUX, Sami DUBOT, Thomas DUBOT, et Léa ROMAGNY de la compagnie Greta Koetz

    Un repas entre amis. Tout le monde est propre sur lui, tout le monde est gentil, tout le monde est lisse. On discute documentaire télévisé, littérature, etc. Et puis tout va basculer, les pulsions de chacun vont s'exprimer.

    DIVULGATION PRÉMATURÉE de l'intrigue jusqu'à la fin de ce paragraphe. Un des protagonistes (dépressif, qui n'a pas été au taff depuis longtemps) annonce qu'il va mourir ce soir et qu'il veut être mangé par sa femme, devant ses amis-témoins. C'est la fin des discussions de surface. On va enfin ordonner de se taire au gus qui monopolise la parole et qui a un avis sur tout. Une convive prépare un prétendu gâteau absolument infecte. Nous sommes perdus dans un tas d'actions incohérentes et libératoires émanant des pulsions refoulées de chacun. On peut être seul, même au sein de ses amis. FIN DE LA DIVULGATION.

    Le public est progressivement intégré à l'action. On nous offre des amuse-gueules, puis on nous prend à partie, puis on se sent comme cet ami muet à table puis… J'ai halluciné sur la débauche de moyens mis en œuvre : le décor, la nourriture, le piano et l'accordéon, la pluie de farine, etc.

    Bref, je recommande vivement d'assister à ce divertissement.


    T'es toi !

    Genre : théâtre contemporain
    Interprète : Eva RAMI de la compagnie L'éternel été

    L'interprète nous résume une vie, sa vie, celle d'une personne qui se cherche. Son père pessimiste et autoritaire, sa mère passive qui tente d'infléchir les positions de son mari, sa grand-mère attentionnée ("pense à manger, hein ?") qui dénonce que tout va trop vite. Son père veut qu'elle fasse des études afin de devenir avocate ou docteure. Elle veut faire du théâtre, car c'est là qu'elle se sent exister. Elle en fait en cachette, avec ses amis. Puis au conservatoire, toujours avec ses amis. En parallèle de ses études. Le rythme est intenable. Elle s'engage à fond dans le théâtre. Ses profs de théâtre sont soit blasés, soit un peu engagées. Elle est une fille perdue et hypersensible (une prof de théâtre lui dira qu'elle contient ses émotions) qui se conforme à ce que la société attend d'elle. Puis, dans un élan émancipateur (Je vole de Sardou, en somme), vient le temps de la provençale qui monte à Paris. On lui fera croire qu'elle doit vendre son cul pour percer. Elle refusera. Bien lui en a pris, vu son succès actuel.

    Bref, je recommande très vivement d'assister à ce divertissement. Il est plein d'humanité. Il m'a beaucoup parlé. Je me suis fait percer à nu. Il m'a ému plusieurs fois aux larmes.

    Mon Aug 19 18:41:43 2019 - permalink -
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  • Festival d'Avignon 2019

    Comme l'année dernière, j'ai assisté à l'édition 2019 du festival off de théâtre et de spectacle vivant d'Avignon. Ici, je vais donner mon avis sur le festival en lui-même. Pour lire mon avis sur les spectacles auxquels j'ai assisté, c'est par là.

    Je refuse toujours d'assister au festival officiel (dit festival in) pour les raisons que j'évoquais l'année dernière : le prestige, la prétention et la haute culture, ce n'est pas pour moi.

    J'adore toujours autant la parade (défilé dans les rues) qui marque le début du festival. C'est toujours un moment agréable et un bon endroit pour voir les comédiens défiler, faire des trucs hallucinants et distribuer des tracts. Mais, cette année, la parade n'a pas été ma seule source d'inspiration pour me rendre à des spectacles : conseil de collègues, marque-page publicitaire fourni par ma librairie préférée, parcours du catalogue numérique, etc. Les sources de pub se diversifient.

    J'adore toujours autant que les rues de l'intra-muros s'animent avec des chants, des danses, des mini-spectacles sans prétention.

    J'ai toujours beaucoup de mal avec le coût écologique des affiches placardées absolument partout en 20 exemplaires qui se décrochent à la première pluie. Une affiche pour un même spectacle par-ci, par-là serait suffisante. Certains trouvent que le bottin papier qui recense les spectacles est tout aussi inutile, mais je ne suis pas de cet avis : en en déposant un dans les lieux de vie en commun (la salle de pause de ton lieu de taff, par exemple), ça permet de toucher des gens qui n'auraient pas fait la démarche de consulter le catalogue numérique. Là, le catalogue papier est sous leur nez. Certains y jettent un coup d'œil et se laissent tenter.

    J'ai toujours vraiment beaucoup de mal avec la distribution de tracts dans la rue. Il est toujours impossible de faire 50 mètres sans se faire interrompre. Je ne suis pas toujours disponible pour recevoir ces tracts : des fois, je réfléchis, d'autres fois je divague, et encore d'autres fois, je suis pressé.

    Comme l'année dernière, je confirme que, durant le festival, tout lieu devient un lieu de représentation. Cette année, j'ajoute à ma liste le gymnase d'un collège-lycée, un appartement et un bar. L'année prochaine, je découvrirai peut-être que même une cave peut accueillir une représentation, qui sait ? :P

    Je confirme qu'il faut arriver au moins 30 minutes avant le début d'un spectacle, car, même si t'as réservé ta place, comme elle n'est pas numérotée (sauf exception), cela permet d'avoir une très bonne place dans la file d'attente et donc de pouvoir choisir ton siège. C'est important si tu souhaites être au premier rang car t'es malvoyant ou malentendant, par exemple. Sans compter que, dans de nombreux théâtres, des sièges ont des angles morts avec la scène (pilier, etc.). Dans certains théâtres, il faut se méfier des deuxième et troisième rangs qui sont à la même hauteur que le premier, ce qui signifie que, si t'es petit et que tu t'y installes, tu vois essentiellement des têtes.

    Un truc que je n'avais pas percuté l'année dernière, c'est que ce festival est aussi celui des spectacles vivants. Ça veut dire qu'il ne s'y joue pas que des pièces de théâtre, mais aussi des conférences gesticulées, des spectacles de magie, des monologues comiques, de l'humour seul en scène, etc.

    Deux conseils utiles. Le premier, c'est de toujours prêter attention à la date de début et de fin d'un spectacle, car certains spectacles ne sont pas joués durant toute la durée du festival. De même, il faut prêter attention aux spectacles qui sont joués seulement les dates paires ou impaires. Attention : ce n'est pas les jours (lundi = impair, mardi = pair), mais bien les dates (16 juillet = paire, 17 juillet = impaire). C'est logique, dimanche = 7 et lundi = 1, donc il y aurait un couac, même si beaucoup de spectacles sont en relâche tous les lundis. Le deuxième conseil, c'est que les places vendues via le web (sur BilletReduc, par exemple), ne permettent pas toujours l'accès à la salle de spectacle : il faut parfois les échanger sur site avant la représentation.

    Compte-tenu de l'affluence imprévisible (des spectacles "intellos" sont complets en semaine et en fin de semaine, des divertissements sont complets en semaine mais pas en semaine et inversement, des divertissements en soirée sont parfois moins complets en semaine qu'en fin de semaine, etc.), il est très recommandé de réserver ta place. Cela se fait en présentiel ou par téléphone. Dans les deux cas, il faut donner un nom et un numéro de téléphone. Il faut aussi donner son nom pour qu'il soit imprimé sur le ticket d'entrée. Je déteste donner ce type d'information. On ne sait pas à quoi ça sert (n'importe quel identifiant temporaire, genre un nombre imprévisible, ferait l'affaire, et, dans le cas du nom imprimé sur le billet, c'est pour une éventuelle réclamation ou un désistement, m'a-t-on dit, ce qui me convainc qu'à moitié) ni ce qui sera fait de ces infos (dans un futur plus sombre, j'ai pas forcément envie que l'on ait des traces qui disent à quels spectacles j'ai assisté) ni combien de temps elles seront conservées. Bref, je trouve que c'est très limite vis-à-vis de la loi de 1978 sur les fichiers nominatifs (et du RGPD, si l'on veut paraître moderne). J'ai choisi de ne pas réserver et de retenter ma chance en présentiel, encore et encore et encore. L'inconvénient, c'est que c'est extrêmement chronophage et sans garantie de résultat. Quand je n'avais plus trop le choix, j'ai demandé s'il était possible de réserver puis d'acheter une place sans donner de nom. La réponse est très majoritairement négative. Alors, j'ai décidé de donner un nom d'emprunt (et pas de numéro de téléphone), généré au pif, différent à chaque spectacle afin qu'on ne puisse pas recouper les différents spectacles auxquels j'ai assisté. Attention à ne pas utiliser l'identité d'une personne que tu connais, sinon c'est de l'usurpation d'identité, ce qui est interdit. (J'avais aussi pensé à donner les quatre premières lettres du résultat de la fonction mathématique sha256 avec mon pseudo et le nom du spectacle en arguments. Exemple : echo -n 'GuiGui-LPEAMC' | sha256sum | head -c 4 soit e2c9 pour ce spectacle. Un mélange entre un pseudo et le nom d'un spectacle permet de garantir que le pseudo que je donne est différent à chaque spectacle, ce qui empêche de recouper les spectacles que j'ai vus… Sauf que comme je suis le seul à utiliser cette méthode, il est en fait extrêmement facile de me tracer). À ceux qui voudraient me dire que tout ça sert à rien puisque je publie ici-même la liste des spectacles auxquels j'assiste. D'abord, rien permet à qui que ce soit d'affirmer que je publie la liste complète. ;) Ensuite, dans des temps plus sombres, je publierai rien, mais il faudra que la possibilité d'assister à des spectacles sans donner son nom ait perduré, et on la fait perdurer en étant majoritaire à ne pas donner son nom dès aujourd'hui. Enfin, mon audience ici n'est pas forcément identique à celle que je cherche à éviter. Ce n'est pas parce que je parle de quelque chose à un cercle (famille, amis, collègues, lecteurs de mon shaarli), que j'ai envie que l'info déborde du cercle dans lequel je l'ai rendu publique. Sans compter qu'ici, je bénéficie d'un pseudonymat tout relatif.

    L'avantage de mon comportement décrit au point précédent est que ça permet de créer des liens. Je pense à cette guichetière qui m'a appliqué le tarif OFF (alors que je n'ai pas la carte de réduction, car, là aussi, il faut communiquer une identité…) après m'avoir vu tenter plusieurs fois d'obtenir une place. Je pense à cette autre guichetière qui avait sorti une place du lot en vente ce soir-là, car elle supposait que j'allais encore re-re-re-tenter ma chance ce soir-là. Je pense à ces guichetiers qui ont monté un petit sketch comique "‒ ha, tiens, monsieur je-n'ai-pas-de-nom, tu penses qu'il a réservé cette fois ? ‒ Ha bah non, tu penses bien. ‒ Ça va être le running-gag de l'été. ‒ je peux peut-être prendre un pseudo. ‒ waaaah t'es trop ouf de lui avoir demandé un pseudo". :D

    Dans la continuité, je conchie les théâtres suréquipés en caméras de flicage vidéo et/ou équipés en agent de sécurité privés qui fouillent les sacs. Je ne supporte pas ce monde où l'on suspecte tout le monde en permanence et dans lequel on souhaite se protéger de tout le monde en permanence. Je pense au théâtre du train bleu et au théâtre des carmes (oui, le théâtre qui a vu naître le festival OFF…), par exemple. Le nom d'un troisième théâtre m'échappe… Je le rajouterai quand ça me reviendra.

    Dans l'un des rares lieux de représentation où les places sont numérotées, un spectateur plutôt âgé expliquait que les places numérotées, c'est trop bien, ça évite de devoir galoper et d'attendre entre les spectacles. Il préconisait une généralisation de ce système, avec choix du siège durant la réservation sur le web. Je suis fasciné par la capacité des gens à trouver quelque chose de génial dès lors qu'il y a un bout de technologie au milieu, comme si sa seule présence avait le pouvoir de tout rendre fantastique et de résoudre magiquement les problèmes de fond. Si tu leur créais un site web qui désigne les prochaines victimes de viol, ils te diront que le viol c'est trop bien. Perso, les places numérotées ne me tentent pas. Quid des réservations qui sont annulées ? Cela me prive d'une meilleure place qui est pourtant libre le jour J. On m'a vendu une place numérotée sur un zoli schéma… qui évidemment ne mentionnait pas les gros piliers qui empêchent de voir la scène depuis certains sièges ni le fait que les deuxièmes et troisièmes rangs sont à la même hauteur que le premier (coucou les têtes du premier rang si t'es petit) ni le bout de scène qui sera réellement utilisé par l'artiste (alors que, de visu, tu le devines en fonction des objets présents sur scène). Bref, si un schéma n'est pas la réalité, il est en revanche la porte ouverte à des entourloupes commerciales. Quid du flicage ? Je n'ai pas envie d'utiliser un site web de réservation (voir ci-dessus pour les raisons, sans compter que ça peut tomber en panne, que ça exclu les personnes non-équipées, et que c'est abstrait alors que j'aime les échanges de main à main) ni qu'il associe mon numéro de carte bancaire, mon identité et d'autres infos à un siège précis, infos qui seront connues par une tripoter d'acteurs techniques… Enfin, je trouve qu'attendre avant un site web est plutôt agréable. C'est un mec impatient qui écrit ça ! Ça permet de se vider l'esprit, de se préparer au spectacle, etc.

    Quand tu n'as pas réservé, ça sert à rien de t'enregistrer sur la liste complémentaire. Tu pourras acheter les places seulement quand tout le monde (ou presque) sera entré dans la salle de spectacle. Donc, tu auras une place pas top : dans les escaliers, angle mort avec la scène, etc. De plus, quand tu arriveras dans la salle, le spectacle aura souvent commencé.

    Au guichet de certains théâtres (et autres lieux de représentation), il est possible d'acheter directement ta place pour une date future sans réservation préalable. Je parle bien d'une vraie place, pas d'un ticket échangeable le jour J. Normalement, elles sont mise en vente en présentiel 45 minutes - 1 heure avant le début de la représentation. Néanmoins, on m'a vendu une place pour une représentation qui avait lieu deux jours plus tard dans un cas, et une semaine plus tard dans un autre cas. J'ai aussi essuyé des refus ("en vente 1 heure avant uniquement"). Bref, il ne faut pas hésiter à demander…

    Je constate que les gens assistent à des spectacles engagés. Exemples : la salle qui accueillait une représentation du Discours de la servitude volontaire peut contenir 49 personnes et elle a été complète tous les jours. Plus d'un millier de personnes ont donc assisté à ce spectacle. Même chose pour un spectacle de vulgarisation de raisonnements philosophiques dont la salle peut accueillir 149 personnes. Ça permet de nuancer l'idée reçue selon laquelle les gens voudraient seulement consommer du divertissement.

    Dans les banalités, je me suis fait reconnaître par des artistes. Forcément, assister à deux de leurs spectacles deux années de suite… :D

    À l'année prochaine ?

    Mon Aug 19 18:40:52 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?PoV2tg
  • Tester / vérifier la passphrase d'un conteneur chiffré GNU/Linux LUKS/dm_crypt ouvert

    J'ai un serveur distant avec tout son disque dur chiffré à l'exception de /boot. Il a un uptime plutôt élevé. Je souhaite le redémarrer afin d'appliquer les mises à jour de sécurité (du noyau, des librairies, etc.). Comme à chaque fois, une inquiétude m'envahit : quelle est la phrase de passe qui permet d'ouvrir ce conteneur et donc de démarrer le serveur, déjà ?

    Il suffit d'utiliser la commande cryptsetup luksOpen --test-passphrase /dev/<PARTITION_CHIFFRÉE>. Une mauvaise passphrase affichera « Aucune clé disponible avec cette phrase secrète. ». Une bonne phrase de passe (il peut y en avoir plusieurs, c'est un des principes clés de LUKS) arrêtera le programme avec un code retour égal à zéro. Le manuel expose bien que le conteneur ne sera pas activé / ouvert, donc c'est sans risque.

    On peut vérifier que la console distante (VNC, KVM, etc.) est accessible et qu'elle permet bien la saisie de tous les caractères de notre passphrase (azerty OK ? Chiffres OK ? Caractères non alphanumériques OK ?) puis on peut redémarrer ce serveur avec l'esprit tranquille. \o/

    Sat Aug 17 19:11:39 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?dOYvmQ
  • Sarko- Le Clip Qui Dechire - YouTube

    + Le clip qui déchire 2.

    Déjà 10 ans… On notera que Youtube a été plus fiable que le site web officiel pour conserver ces vidéos dans la durée…

    Je n'arrive pas à retrouver une chanson à la guitare sans prétention (juste un gars devant sa webcam) qui moquait le « casse-toi pauv' con » de 2008. Quelques-unes des paroles : « Casse-toi pauv' con, c'est moi l'patron […] J'parie que t'as pas voté pour moi […] T'es qu'une grosse tache avec tes vaches, t'es qu'un bouffon, avec tes moutons […] Je suis le président des fran… chouillards ». Si quelqu'un a ça sous la main, je prends.

    Ce que je retiens des clips qui déchirent :
    « J'ai fait des promesses à tour de bras, j'ai promis plus de pouvoir d'achat… et de ce côté-là, pour moi, ça va, je vous remercie. J'ai promis qu'ensemble, tout d'viendrait possible. Aujourd'hui on est dans une merde invisible. Comme quoi, tu vois bien que c'était possible. […] C'est moi le boss, c'est moi le big boss, c'est moi le roi, le king, le king of bling bling […] Moi j'ai pas de pétrole à t'filer, ha non, j'ai juste des potes dans le BTP, ceux qui ont fait des bottes en béton, oui, au mec qui m'a traité de p'tit garçon. Dans ce job, faut maîtriser sa communication. Savoir manier l'bâton, savoir noyer l'poisson. Et pour ça, j'trouve que l'ORTF avait du bon. Maintenant, à la tête de France télévisions, ce sera un ministre de l'information et si ça te plaît pas, ça bah regarde autre chose, pauv'con ! […] »

    « Vous avez peur de la guerre ? Bah moi je ferai la guerre à la guerre. Vous voulez la paix ? Alors je ferai la paix à la paix. Vous voulez de l'amour ? Alors je ferai l'amour à l'amour. Et à ma femme aussi sinon elle va gueuler. Bref, j'ai compris, vous voulez un monde meilleur. Alors suivez-moi ! Has been the king of the meilleur world ! C'est moi l'boss, c'est moi l'boss, c'est moi l'big boss. Mais non, t'as rien compris, je suis le mega boss, le super boss, moi. […] Le Stabilo beau gosse. […] Tellement brillant que j'suis fluo. […] T'es le roi, le king, tu fais du training, tu fais des brushings, tu fais du Carla Bruning. Pour vous sortir de la dépression, hé bah moi j'ai la solution : ça sera prozac si t'es ruiné et champagne si t'es blindé. Sinon, franchement, y'a d'quoi s'flinguer. D'ailleurs, j'vends des armes si vous voulez. Certains m'accusent de braser de l'air. Alors ça, c'est extraordinaire. Et pourtant, c'est bien en faisant du vent qu'on lutte contre le réchauffement, non ? Quoi ? J'ai dit une connerie, là ? Pour que le monde soit plus propre, il faut trier vos candidats. La poubelle rose, mettez Ségo, la poubelle rouge, pour Besancenot, et pour moi ? Hé bah je préfère les Mercos. C'est vrai, la planète se réchauffe. Comme ça, c'est tout le temps Ibiza ! Bon, Ok, pour la banquise, c'est chaud, ça pourra pas durer comme ça. Qui s'occupera de la glace ? Me ! Qui s'occupera des phoques ? You ! Le monde, c'est Nico bling bling bling, mes potes, c'est l'patronat, on fait du marketing, pas comme les syndicats. Hé tu vois bien que notre monde est grillé et que maintenant, on l'a tous dans l'cul. Mais t'en fais pas, ça va aller. Ben ouais, j'ai toujours eu une chance de cocu. Sinon, je vous préviens, ça va brûler comme dans un barbecue. […] Il faut quitter la planète Terre. Et ma Rolex que je t'en trouve une autre, hein. On plantera des BM, on f'ra pousser du kérosène. Quoi, j'ai encore dit une connerie, là ?! Je vais sauver vos âmes, I am the only one. Et pour ça j'ai une arme, ma fusée Air Force Oim. L'argent, les femmes et le pouvoir. J'vais y arriver et vous savez pourquoi ? Yé suis Nico Montana et yé vous… embête ! »

    Sat Aug 17 18:56:57 2019 - permalink -
    - https://www.youtube.com/watch?v=-GYpZfFVbT8
  • Gajim : effacer les historiques / journaux de conversations antérieurs à une date quel que soit le contact

    • Obtenir le timestamp correspondant à la date avant laquelle on ne veut plus d'historique : date -d 'AAAA-MM-JJ' '+%s'. Exemple : date -d '2019-01-01' '+%s' ;

    • Fermer Gajim ;

    • S'équiper du client SQLite : sudo apt-get install sqlite3 ;

    • Effectuer une sauvegarde de la base de données des conversations Gajim : sqlite3 ~/.local/share/gajim/logs.db .dump > sauvegarde_conversations_gajim.sql ;

    • Nettoyer la base de données des conversations Gajim :

      $ sqlite3 ~/.local/share/gajim/logs.db
      sqlite> DELETE FROM logs WHERE time < <TIMESTAMP_OBTENU_À_LA_PREMIÈRE_ÉTAPE> ;
      sqlite> DELETE FROM unread_messages WHERE message_id NOT IN (SELECT DISTINCT(log_line_id) FROM logs) ;
      sqlite> VACUUM ;
      sqlite> .exit


    • Ouvrir Gajim et constater que les vieux journaux ont disparu.
    Sat Aug 17 13:19:04 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?UJM_Bw
  • [ L'insurrection qui vient ] - librairies indépendantes

    Un livre qui expose le mal-être, la dissolution et les désastres de nos sociétés occidentales, qui leur oppose une insurrection comme remède, et qui documente le processus révolutionnaire qui encadre cette insurrection. J'ai lu ce livre par esprit de contradiction. Durant le procès judiciaire du groupe dit de Tarnac, L'insurrection qui vient, ainsi que d'autres écrits (tracts, brochures) retrouvés chez les ex-accusés, avaient été retenus comme des éléments à charge. J'ai toujours trouvé ça choquant : en dehors des injures, de la diffamation, de l'appel à la haine, etc. qui peuvent éventuellement faire l'objet d'un traitement différencié (et encore…), je pense qu'il faut juger sur des actes et non des paroles. Voilà pour quelle raison je me suis procuré un exemplaire de ce livre. Le bout de phrase portant sur le sabotage des réseaux de transports qui a fait grincer les dents des enquêteurs est une goutte d'eau dans l'océan de ce que les auteurs préconisent de frauder, de paralyser, et de saboter. Faut-il se servir de cet écrit pour tenir le groupe responsable de tous les actes litigieux se déroulant à leur proximité immédiate ? Le jugement définitif du groupe dit de Tarnac expose que l'on ne peut pas condamner une personne pour ses écrits. Si, ci-dessous, je parle « des auteurs », ce n'est pas tant que je connais ce que recouvre le terme « Comité invisible » (une personne ? Plusieurs?), mais plutôt que j'applique mon préjugé selon lequel un comité est un groupe, donc plusieurs personnes.

    La première grande partie de ce bouquin, consacrée à l'analyse des maux qui rongent notre société a rien d'original : l'analyse est plus radicale (elle cherche et attaque la racine des problèmes) et les mots sont plus affûtés, mais le constat dressé est habituel chez l'ultragauche. Gros résumé : nous n'avons plus de projet commun, nous n'avons plus de langage issu d'expériences communes (notamment de luttes), donc nous ne formons plus une société.

    Nous sommes devenus des VRP de nous-mêmes : individualisation, personnalisation marketing, affirmation de nos différences. Cette injonction à être quelqu'un (plutôt qu'un collectif) entretient la faiblesse individuelle qui justifie encore plus l'injonction qui justifie une réponse marketing (te faire croire que t'as besoin de béquilles afin de te les vendre, en somme). Nous nous produisons même nous-même : s'entraîner à sourire pour un entretien d'embauche, se blanchir les dents pour avoir une promotion, sortir pour stimuler un esprit d'équipe, apprendre l'anglais pour booster sa carrière, participer à des stages de théâtre afin de devenir des leaders, pratiquer le développement personnel afin de parvenir à la stabilité émotionnelle. En réalité, chacun est lié à des lieux, à des gens, à des émotions, à des souffrances, à des ancêtres, à des langues, à des événements, à des idées, etc. qui ne sont pas de lui et d'où émerge le moi. En somme, le moi est un produit du collectif. Or, les lieux de vie et les relations sociales ont été brisés. Faut-il prôner la liberté de s'arracher à des communautés (famille, par exemple) ou la liberté de s'y mouvoir malgré les oppositions ? Forcément, les auteurs protestent contre la destruction des liens sociaux qui fait que nous sommes personne. Jusque dans l'amour où la pornographie est accusée de tuer notre imaginaire (et que dire des sites web de rencontre qui tuent la rencontre fortuite) et le couple de donner du réconfort "seuls contre tous, contre ce monde de merde" comme si l'amour se privatisait. Forcément, on énonce que la suite du capitalisme, c'est de reconstruire, à sa manière et à son image, les liens sociaux précédents détruits dont il a besoin et de les consommer.

    Forcément, les auteurs récitent Marx (Le Capital existe même en version manga) : le capitalisme, c'est l'appropriation privée ou sociale de la plus-value générée par les salariés. C'est aussi la participation à une œuvre commune par des liens qui se tissent entre ceux qui coopèrent au sein d'un même carcan, celui de la production et sous la contrainte managériale. Le salariat est une méthode disciplinaire, comme l'école (voir ici pour les origines de l'école américaine, clairement orientée sur le contrôle social des ouvrières), la prison ou l'armée. Nous avons trop de biens et trop d'emplois sans aucune répartition. Nous-mêmes et les sociétés commerciales érigeons la compétition et la sélection comme un idéal… mais attention, seulement quand chacun à des chances égales, sinon il faut sévir (restreindre artificiellement la concurrence, comme le désirent les mutuelles, par exemple). Récompenser le mérite… seulement quand les chances sont égales, c'est un non-sens.

    Forcément, le Comité passe au vitriol les divertissements qui permettent, par le confort, de tuer dans l'œuf les envies de révolte. Les auteurs rappellent que les flics protègent les dominants. Ils rappellent tout autant que la finance (que les auteurs assimilent sans nuance à l'économie…) est incomprise, même par ceux qui la font tourner (on pense aux propos d'Alan Greenspan, ancien président de la réserve fédérale des États-Unis en 2008). Forcément, le Comité tacle les bobos qui communient dans l'illusion d'une humanité retrouvée en buvant leur thé, en parlant ni trop fort ni trop faible, en étant politiquement incorrect juste comme il faut, en binant la terre d'un jardin de quartier avant d'aller regarder un film d'animation. Forcément, on conteste la forme suprême de la civilisation que représenterait l'État-Nation. Forcément, les auteurs dissertent sur la métropole, cette ville que l'on ne cesse de débarrasser de ce qui gêne (saleté, SDF, squats, immigration, contestation, lieux de vie réellements dissidents, etc.). Les ambiances sont prédéfinies. Les rencontres fortuites sont évitées. L'uniformisation des infrastructures est triste mais permet le contrôle de la ville par les flics. Tout est valorisable, tout doit être du patrimoine. Que dire des mégalopoles, dans lesquelles un individu est un parmi des millions… Forcément, le Comité tacle la mobilité professionnelle qui déracine par le déménagement (on retrouve ici la pensée de la philosophe Simone Weil selon laquelle le déracinement met en incapacité de penser et d'agir ou qu'il met en capacité de déraciner toujours plus d'humains - ce qu'elle constate chez les Romains ou l'Allemagne prolétarienne pré-Hitler -). On est arraché au présent et à l'ici par les transports et les technologies de la communication, donc on s'en fout de créer du collectif en un point donné. On aménage son intérieur pour fuir l'infrastructure des villes, pour transporter son petit monde, pour se donner un sentiment de contrôle (on retrouve cette idée du contrôle par la personnalisation chez Damasio). Forcément, enfin, les auteurs dénoncent les platitudes comme « revaloriser les aspects non économiques de la vie » et la pensée moderne qui consiste à contenir les affirmations, à contester les incertitudes et à faire croire que tout est relatif à coup de « c'est ton avis ». Il s'agit là du meilleur moyen de contrôle possible.

    L'écologie ou la décroissance (les décroissances, en fait), ou la croissance 0 poursuivent un même objectif : il faut consommer peu afin de pouvoir continuer à consommer. Il faut produire bio afin de pouvoir continuer à produire. Il faut s'auto-contraindre afin de toujours contraindre. L'écologie est la nouvelle idéologie coercitive : il faudra se serrer la ceinture pour elle, se sacrifier pour elle, et les dominants s'autoriseront tout en son nom.

    La deuxième grande partie de ce livre expose le processus d'une insurrection désirée par les auteurs.

    • S'attacher à ce que l'on ressent comme étant vrai. Une vérité est un constat qui altère notre rapport au monde, qui ne nous laisse pas indifférents. Les maquisards n'avaient que certitude leur refus de l'occupation ;

    • Ne pas réfuter le caractère politique des vraies amitiés. Les grèves des ouvriers disaient qui était in, qui était out, sur qui compter ou non. L'amitié n'est pas qu'échange et pratique de banalités ;

    • Fuir les organisations, les milieux et la tentative d'en devenir un. Les organisations cherchent avant tout à se maintenir elle-même, à maintenir leur prestige, leurs privilèges, etc. Les milieux, se revendiquant souples, sans hiérarchie, sont encore plus dangereux. Les milieux littéraires tuent la littérature, les milieux libertaires tuent l'action directe, les milieux militants canalisent les énergies pour les étouffer, etc. ;

    • Se constituer en commune. Se trouver, s'entendre, sentir une envie de ne pas clore la rencontre, cheminer ensemble. Pas de dedans, pas de dehors. Grande liberté personnelle, solidarité de groupe. Établir ce genre de groupes un peu partout (usine, bureau, rue, etc.) et les substituer aux institutions (école, église, syndicat, club sportif) ;

    • S'organiser (au sein de la commune) pour ne plus travailler. Fraudes diverses (dont perception d'allocs), pillage, mais comme ça ne dure pas, cultiver et fabriquer afin de réduire les dépendances ;

    • Former et se former. Apprendre à se battre, à soigner (donc la biologie et les plantes), à se nourrir (donc comprendre les sols), à diffuser de l'info / communiquer (émetteur radio, par exemple), etc. Bref, casser les dépendances à notre monde moderne, aux flics, aux hôpitaux, etc. ;

    • Créer des territoires. Multiplier les zones opaques. L'usage fait le territoire. Plus il y a de territoires sur une zone géographique donnée et plus des flux circulent (au noir), moins la zone est compréhensible de l'extérieur, donc moins les flics auront de prise. Avec une complicité, un bar, un toit d'immeuble, un club de sport, etc. peuvent échapper à leur usage officiel ;

    • Voyager. Tracer nos propres voix de communication. Se rencontrer sans moyens de communication modernes. S'informer des initiatives des autres communes et tenir compte des expériences ;

    • Renverser, de proche en proche, tous les obstacles. Incivilités et sabotages. Ralentir la production, saboter les machines-outils ou divulguer les secrets d'une société commerciale. Viser les réseaux qui relient les hommes (communication, transports, marchandises, etc.) ;

    • Fuir la visibilité. Tourner l'anonymat en position offensive. Il faut cesser de rendre visible une cause afin qu'elle soit prise en charge. Pas de leader, pas de revendication, pas d'organisation, mais des petits gestes dans l'ombre afin que le mouvement perdure. On ne peut pas repousser la lumière indéfiniment, donc il faut être prêt, car, quand l'ombre disparaît, le temps est compté : soit c'est le système, soit c'est nous ;

    • Organiser l'autodéfense. Contre-attaques aux actions du pouvoir qui visent la commune par la séduction, la récupération et, en dernier recours, la force brute. Se réunir rapidement en nombre pour parer à une expulsion. Parer une arrestation. Exfiltrer l'un des nôtres. Démasquer les flics en civil dans les manifs. La Commune avait incendié l'Hôtel de Ville de Paris et donc les registres de l'état civil… « Comment détruire les registres informatisés ? », se demandent les auteurs ;

    • Une montée insurrectionnelle n'est peut-être rien de plus qu'une multiplication de communes. Tendre vers l'autosubsistance. L'argent est dérisoire, car il sert à créer du lien superficiel entre ceux qui sont sans lien, de lier des étrangers en tant qu'étrangers. Scinder les communes qui grossissent trop avant qu'apparaisse une classe dominante ;

    • Faire feu de toute crise. « Il faut en outre ajouter que l'on ne pourrait pas traiter l'ensemble de la population française. Il faudra donc faire des choix » disait un expert en virologie qui résume ce qu'il adviendrait en cas de pandémie de grippe aviaire. Menaces terroristes, épidémies, mouvements sociaux, catastrophes naturelles, tout ça permet au pouvoir de se renforcer. Il faut profiter de l'aubaine des crises pour en faire autant. Les partis islamistes qui assistent les populations lors de conflits se renforcent. Même chose pour les anars qui aident la population après l'ouragan Katrina. Pareil en ce qui concerne les cantines et caisses de solidarité des ouvriers ;

    • Saboter toute instance de représentation. Généraliser la palabre. Abolir les assemblées générales. Cela encadre les luttes, y compris les coordinateurs de luttes. Voter, prendre une décision fait forcément naître une guerre de pouvoir. Que tous les participants aillent sur le terrain, aient les mêmes infos, et alors, la décision se prendra d'elle-même si elle est évidente ;

    • Bloquer l'économie, mais mesurer notre puissance de blocage à notre niveau d'auto-organisation. Dans une économie délocalisée et à flux tendu, il faut surtout bloquer les réseaux, les flux, la circulation des marchandises. Ne pas bloquer au-delà de la capacité de ravitaillement et de production de la commune afin de ne pas s'auto-assiéger ;

    • Libérer le territoire de l'occupation policière. Éviter autant que possible l'affrontement direct : guet-apens, commissariats attaqués, voitures incendiées. Manifs non déclarées. Promener la police plutôt que l'inverse. Être à l'initiative. Les affrontements directs servent de diversion ;

    • Être en armes. Tout faire pour en rendre l'usage superflu. Face à l'armée, la victoire est politique. Détenir des armes et ne pas (avoir à) s'en servir, voilà le vrai pacifisme, voilà le vrai signe de puissance. Militariser une guerre civile est un échec. Quand l'armée entre en scène, l'issue se précipite et chacun doit choisir entre l'anarchie ou la peur de l'anarchie. On peut être défait par la dictature ou par le fait de s'opposer uniquement à la dictature (oubliant ainsi la tyrannie d'une République) ;

    • Déposer localement les autorités. Une insurrection victorieuse est celle qui a vaincu, en même temps que les autorités, le besoin de posséder, le besoin d'autorité et le désir d'hégémonie. Le processus insurrectionnel est donc important, car il définit ce que l'après sera et si l'après reverra naître les démons chassés par l'insurrection. Il ne faut pas s'acharner par la force sur les autorités sinon on donne envie de les venger. Le pouvoir n'est plus aussi centralisé qu'avant, il est partout, donc il est donc inutile de prendre les lieux de pouvoir. Le pouvoir, ce sont les flux de marchandises (que l'on a bloqué), l'organisation de la métropole (que l'on a altérée précédemment avec des incivilités), etc.

    À ceux qui trouvent que ce qui précède est violent, je recommande la lecture suivante : comment la non-violence protège l’État : essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux. À celles qui trouvent que tout ce qui précédait est choquant, je recommande la lecture de la Constitution du 24 juin 1793 dont l'article 35 stipule « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. ». Cette Constitution n'a pas été appliquée, mais elle illustre que des personnes ont déjà conçue l'insurrection comme un droit des humains.

    Notes diverses :

    • La chute de l'URSS ne prouve pas le triomphe du capitalisme, mais l'échec de l'une des formes du communisme. Ce n'est pas le peuple qui a tué l'URSS, mais une oligarchie en reconversion. Elle a privatisé ce qu'elle possédait déjà, rompant ainsi ses obligations envers le peuple. Le peuple répond "puisqu'ils font semblant de nous payer, faisons semblant de travailler". L'oligarchie rétorque "ne faisons plus semblant, partageons faussement les ressources : infrastructures vitales pour les uns, divertissement et misère pour les autres". C'est aussi comme ça que fonctionne le capitalisme, d'où la coercition (guerre contre le chômage, les assistés, les délocalisations, etc.) ;

    • La peur de l'immigration est un sentiment d'existence par une croyance commune, celle du rejet de celui qui est différent afin de réparer la dépossession de tout (école, amour, amitiés, lieux de vie en commun, etc.) que l'on a subie ;

    • Le contrôle est un rythme, une temporalité qui s'impose. Y échapper, c'est se rythmer différemment.

    Je recommande la lecture de ce livre, même si je trouve que le discours est râpeux, complexe et plein de sous-entendus. Je ne pense donc pas que le livre se suffise à lui-même : il faut une certaine connaissance des idées dites de l'ultragauche pour l'aborder.

    Ce livre fait partie d'une trilogie avec À nos amis et Maintenant.

    Fri Aug 16 18:10:28 2019 - permalink -
    - https://www.librairiesindependantes.com/product/9782913372627/
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  • Cyberstructure : Internet, un espace politique

    Un livre qui traite du lien entre les décisions techniques, économiques et organisationnelles prises par les acteurs de l'Internet et les droits humains, et, plus généralement, la manière dont nous faisons société (ce que le terme galvaudé « politique » signifie). Ceux que ça intéresse peuvent regarder les vidéos des dissertations orales de l'auteur sur le même sujet : à Radio France (mes notes) et lors de la JCSA 2018. Plus d'infos sur l'auteur et les débuts d'Internet en France.

    Contrairement à d'autres, l'auteur défini les termes de la causerie. Les droits humains sont ceux de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Internet est l'interconnexion de plusieurs réseaux informatiques physiques propriétés d'acteurs différents qui doivent se mettre d'accord entre-eux même s'ils n'en ont pas toujours envie et que leurs intérêts divergent.

    Ce bouquin est découpé en deux parties. La première explique, de manière très pédagogique, le fonctionnement technique de l'Internet, des câbles dans les trottoirs et les océans aux applications, les acteurs d'Internet et les organes de prises de décisions collectives. La deuxième partie présente des débats d'actualité et tente de les alimenter à l'aide de la culture technique acquise dans la première partie.

    L'angle d'attaque de l'auteur est que chaque portion de la technologie, chaque technique impose des fonctionnements, en interdit d'autre, permet, facilite ou restreint l'exercice des droits humains. Les décisions techniques de construire telle ou telle architecture de telle ou telle manière, ou de programmer tel logiciel de telle ou telle façon ont des conséquences. Exemple ? Les logiciels disponibles dans la logithèque et les options activées par défaut dans les logiciels restreignent la liberté de choix de l'utilisateur. Autre exemple ? L'internationalisation c'est-à-dire la capacité technique d'utiliser ta langue, ton alphabet et de lire de droite à gauche, non seulement pour lire et rédiger des contenus, mais aussi pour nommer des services (noms de domaine), des gens (adresses emails) et lire des messages d'erreur, conditionne l'accès à la technologie et à ce qui en découle (savoir, expression, etc.). Autre exemple ? Dans un logiciel, faut-il implémenter une fonctionnalité de censure ou, au contraire, rendre le système le plus incensurable possible ? Autre exemple ? La possibilité technique de conserver des journaux des activités et le choix technique d'envoyer parfois plus d'informations que nécessaire (je pense au protocole web, HTTP) restreignirent le droit à la vie privée… mais facilite l'analyse de problèmes et la chasse aux activités illégales. Dernier exemple ? Le débit asymétrique entre le citoyen et son FAI (choix politique suite à une contrainte technique) qui entraîne le déport de contenus auprès d'autres acteurs (choix technique) qui lui-même entraîne des problèmes de facturation entre les opérateurs, ce qui entraîne des choix techniques douteux (filtrage, bridage, priorisation, etc.). Certains des exemples précédents sont de mon cru, pas de l'auteur.

    Autre point de vue de l'auteur : on a rien sans rien, les droits humains eux-mêmes s'opposent parfois les uns aux autres, donc il faut faire des compromis. Échange pair-à-pair ou vie privée (l'IP apparaît dans les échanges) ? Utiliser des services mutualisés par une petite structure (email, framapiaf, searx, etc.) masque l'IP… mais ce sont des services centralisés. Les options par défaut restreignent les utilisateurs avancés, mais permettent l'utilisation du produit ou du service par plus de monde. L'absence de sécurité (notamment dans les appareils connectés) réduit le coût de production, facilite l'utilisation des produits, mais représente un danger pour l'utilisateur (fuite de données personnelles sensibles) et pour la communauté (attaques par déni de service). La dématérialisation de Pôle Emploi permet d'agir tout le temps depuis partout (ça facilite l'exercice des droits), mais ça exclu les illettrés du numérique et les exclus d’un accès décent à Internet (ça complique l'exercice des mêmes droits). Certains des exemples précédents sont de mon cru, pas de l'auteur.

    Quelques-uns des thèmes abordés : non-neutralité de la technique, internationalisation, censure, chiffrement, nommage, neutralité du net et des intermédiaires, sécurité, centralisation ou pair-à-pair, rémunération des créateurs de contenus, vente de ses données personnelles, gouvernance (mécanismes de prise de décisions qui affectent des acteurs aux intérêts divergents en dehors des institutions et du formalisme établis), régulation, etc.

    Le résumé des différentes opinions au sein de l'IETF au sujet de « faut-il que les droits de l'humain soient inclus dans l'architecture d'Internet ? » est intéressant. Première réponse : non, car les droits humains ne sont pas absolus (les machines ne peuvent pas appliquer quelque-chose d'aussi flou), il y a d'autres outils pour ça, il ne faut pas formuler de fausses promesses (on ne peut pas garantir techniquement la protection de la vie privée, par exemple), et il est parfois nécessaire d'enfreindre des droits humains (Résistance, par exemple). Deuxième réponse : les acteurs de l'Internet ont un pouvoir, donc la responsabilité morale de faire appliquer les droits humains. Troisième réponse : à défaut de pouvoir forcer le respect des droits humains, il faut considérer Internet comme un bien commun protégé au même titre qu'un parc naturel et tout mal qui y est fait doit être sanctionné. Quatrième réponse : on n'est pas sûr des conséquences des protocoles Internet sur les droits humains, il faut collecter des infos et réfléchir. Cinquième réponse : Internet crée de nouveaux droits en lui-même (vivre sans accès à Internet aujourd'hui réduit la liberté d'action).

    Je recommande vivement la lecture de ce livre, car il permet de comprendre la technique et les enjeux autour d'Internet. Même les hackers-geeks-nerds-deLaMortKiTue et les professionnels de la profession, quel que soit leur grade, devraient le lire afin de vérifier leurs connaissances, voir de s'ouvrir l'esprit sur certaines thématiques. Le style est sobre (on n'est pas en présence du prix Goncourt, en somme), mais les phrases courtes sont adaptées à la pédagogie. Le ton est dynamique (fun/décontracté, écriture inclusive lisible) et le franc-parler habituel de l'auteur est au rendez-vous, ce qui ne donne pas l'impression de lire un grimoire du 12e siècle et ça, c'est fortement appréciable. Un nombre plutôt élevé de fautes ternissent la lecture, mais elles ont été corrigées dans les réimpressions.

    Quelques notes :

    • Le RFC 4949 défini la vie privée comme le droit de contrôler ce que l'on expose de notre personne à l'extérieur ;

    • Unicode est une liste normée de caractères et de leurs propriétés (majuscule, tri, etc.). Unicode ne s'intéresse pas à l'apparence, au glyphe (cursive, emphase - italique, gras). La couleur d'un émoji dépend du créateur d'une police de caractères, pas du consortium Unicode qui publie seulement des exemples de ce à quoi un caractère ressemble. UTF-8 est l'un des encodages d'Unicode, c'est-à-dire la représentation binaire des caractères ;

    • L'opérateur CenturyLink a acquit l'opérateur Level3 en 2016/2017 ;

    • En Afrique du Sud, l'opérateur Vodafone insérait le numéro de téléphone de l'abonné dans les requêtes web non-chiffrées ;

    • Si, comme l'affirme Vinton Cerf (lobbyiste pour Google), le facteur a connaissance du courrier du village, Facebook, lui, a aussi connaissance de ce qui se passe à l'extérieur du village grâce aux boutons « J'aime » ;

    • Dans le débat « une attaque par déni de service (DDoS) est-elle équivalente à un blocus ? », on oublie que les DDoS rendent vulnérables les petits acteurs qui doivent s'en remettre à des sociétés commerciales spécialisées pour les protéger en renonçant à leur indépendance sur le réseau. Retour au temps où un seigneur protégeait « ses » paysans. Comme Benjamin Bayart avant lui, l'auteur constate que, sur Internet, il manque peut-être un espace public où diffuser des tracts, manifester, etc. et ainsi apporter des infos contradictoires aux citoyens en jouant sur la surprise de l'interaction ;

    • Selon Xavier de la Porte, le darknet est la banlieue nouvelle génération : un terme galvaudé, utilisé pour faire peur et pour faire croire que la criminalité est concentrée en un point précis, et de préférence le plus loin possible de chez soi ;

    • Depuis 2011, en Bolivie, la loi impose que les interconnexions entre les opérateurs se fassent à travers un point d'échange de trafic Internet présent sur le territoire national ;

    • On entend parfois dire que les africains ont d'autres chats à fouetter que le numérique. Si quelque chose est profitable en occident, au sens où il produit des effets (accès facilité à la connaissance, par exemple), alors il produira aussi ses effets en Afrique. Peut-être pas tous, peut-être pas avec la même intensité, mais quand même.

    Sur son blog, l'auteur expose ses raisons d'écrire un livre plutôt que des articles de blog et il détaille ses choix techniques compte-tenu de l'environnement multi-acteurs de la rédaction d'un livre (séparation texte, sémantique et mise en forme). C'est suffisamment rare pour être instructif.

    Thu Aug 15 18:45:28 2019 - permalink -
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  • Comment la non-violence protège l’État : Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux (Peter Gelderloos) – Editions LIBRE

    Un livre qui réfute la tactique de la non-violence comme seule méthode utilisable dans une lutte. L'auteur ne prône pas la violence à tout prix, mais l'idée qu'il ne faut pas s'en priver. Ce livre a été écrit en 2007 par un auteur âgé de 25 ans et traduit en français en 2018, ce qui explique qu'il manque des exemples de luttes récentes. Je ne sais plus par quel canal j'ai eu connaissance de ce livre, mais il m'a intéressé, car la non-violence est au cœur des combats climatiques français de ces dernières années et, à la vue des images de l'oppression policière subie malgré tout par ces pacifistes (exemple), je m'interrogeais sur la pertinence d'une telle stratégie. Le débat activisme violent contre activisme non-violent n'est pas nouveau : il émerge dans les années 1960 (on en trouve même trace dans la chanson Cheveux longs et idées courtes de notre Jojo national) avant de prendre son envol dans les combats climatiques au début des années 2000.

    Avant de commencer, il faut constater que personne est d'accord sur la signification des mots. Qu'est-ce que la violence ? Comptabilise-t-on uniquement la violence physique ou psychologique ? Comptabilise-t-on la violence contre des objets (une vitrine, par exemple), car après tout, elle exerce une violence psychologique sur le propriétaire de l'objet ? Si l'on prend en compte tout ce qui blesse ou provoque une douleur, alors un accouchement est violent. Si l'on prend en compte uniquement ce qui ne serait pas naturel et résulterait d'une décision de l'homme, on rappelle que la nature est violente (exemple 1, exemple 2, via SebSauvage), donc que ça ne tient pas. Si l'on examine les considérations morales des conséquences, alors ce qui est violent dépend de la morale du jour et de chacun (certains trouvent violent de payer des impôts, qu'ils assimilent à un vol organisé), et alors l'échec de la non-violence à faire stopper la violence des dominants peut également être interprétée comme de la violence. L'auteur se gardera bien de préciser quelle définition il retient… Deuxième terme, qu'est-ce que l'efficacité d'une lutte ? Là encore, c'est subjectif. L'auteur considère que le combat pour l'indépendance de l'Inde est inachevé car l'Inde est toujours le terrain de jeux de multinationales occidentales. Même chose pour le combat pour les droits civiques des Noirs aux USA : l'égalité complète n'est toujours pas acquise. L'auteur étant anarchiste, tant qu'un combat non-violent n'est pas parvenu à éliminer totalement une oppression, alors il est vain. En revanche, l'auteur félicite n'importe quelle avancée d'une lutte armée, quand bien même son résultat est mitigé ou temporaire (l'exemple le plus frappant concerne les Brigades rouges auxquelles l'auteur attribue la réintégration du Parti Communiste au gouvernement - ce que ne voulaient justement pas les BR -, et quelques avancées sociales alors qu'elles étaient d'époque dans toute l'Europe de l'Ouest).

    Le premier argument de l'auteur est que les pro-non-violence falsifient l'histoire en omettant l'impact des luttes armées conjointes à des mouvements pacifiques. Ainsi, les causes auraient triomphées uniquement grâce à la capacité de leurs défenseurs de souffrir avec dignité. On attribue l'indépendance de l'Inde à la seule non-violence de Gandhi, en oubliant la lutte armée parallèlement conduite par l'Hindustan Socialist Republican Association (dont Bhagat Singh et Chandra Shekhar Azad étaient membres). On attribue la signature des traités de non-prolifération d'armes nucléaires aux manifestations pacifiques en oubliant les groupes qui ont commis des attentats comme Direct Action au Canada ou Marco Camenisch en Suisse. Quand on parle du combat pour les droits civiques des Noirs aux USA, on mentionne Martin Luther King en oubliant le Black Panther Party, la Black Liberation Army et des événements comme celui du 7 mai 1963 (et jours suivants) à Birmingham (3 000 Noirs se révoltent contre les violences policières, jettent des projectiles sur les flics et saccages leurs voitures. Après des semaines, la fin de la ségrégation dans les magasins de la ville est décrétée et la Civil Rights Law est votée). Quand on évoque le combat pour faire cesser l'apartheid en Afrique du Sud, on oublie que le prétendu pacifiste Mandela soutenait la lutte armée et qu'il a été impliqué dans des attentats à la bombe et la préparation d'un soulèvement armé. Quand on parle de la guerre au Vietnam, on pense aux gigantesques rassemblements aux USA pour la faire cesser et aux nombreux objecteurs de conscience, en oubliant l'efficacité au combat des viets, les mutineries (assassinats à la grenade d'officiers, sabotages, émeutes, etc.) au sein de l'armée américaine (le Pentagone a estimé qu'environ 3 % des officiers envoyés au combat ont été tués en interne…)., les 174 plasticages de campus universitaires en 9 mois, et les prises d'assaut de camps d'entraînement de l'armée et d'offices du gouvernement. Quand on évoque la deuxième guerre mondiale, on oublie le sabotage des usines et des trains, la révolte aux camps de Treblinka , Sobidor (qui seront fermés suite à ça), Auschwitz (un four crématoire y est détruit en octobre 1944), et la lutte armée dans les ghettos de Varsovie et de Bialystok durant des semaines qui contribuèrent à occuper l'armée nazie déjà à la peine sur le front de l'est). L'auteur égraine d'autres exemples. Bref, les grands événements mélangent tactiques violentes et non-violentes et il est difficile de dire quelles tactiques ont fait pencher la balance (s'il y a en…). Je retiens que, dans un débat, chacun, y compris l'auteur, choisi les détails des événements afin de l'emporter. Je préfère en retenir que la réalité est complexe et qu'il faut décortiquer chaque exemple énoncé à la va-vite.

    Le deuxième argument est que les quatre grandes stratégies non-violentes ne fonctionnent pas (plus ?).

    • Prosélytisme / faire appel à la morale (tracts, manifestations, assemblées générales, etc.). Cela se contrecarre facilement par de la communication, les médias alternatifs étant peu suivis. L'auteur prétend que la violence sera forcément montrée par les médias, car il leur est difficile de masquer une telle réalité s'ils veulent conserver un semblant de crédibilité. Certes, la TV n'expliquera pas les enjeux d'un mouvement violent, mais comment ne pas chercher plus d'infos quand on voit une telle motivation ? Aux gens de ne pas s'enfermer dans le cliché "violence = pas bien". Je trouve l'auteur très optimiste. La propagation de nouvelles valeurs est rendue difficile par les canaux déjà existants : école, église, état, fraternités, etc. L'éducation différenciée actuelle empêche la compréhension : la capacité d'analyse n'est pas encouragée dans les milieux modestes, et, dans les milieux riches, elle est canalisée pour renforcer la cuirasse du système actuel. Les gens ne débattent pas entre eux, mais ils s'échangent des syllogismes, des polémiques, des slogans et des proverbes tout fait au lieu d'arguments. Le prosélytisme laisse croire aux gens qu'ils pourront changer les choses sans changer les priorités de leur vie, en déléguant à d'autres, donc ça ne peut pas émanciper. Les privilégiés savent ce qu'ils font, ils défendent leur terrain, donc il est vain de vouloir les rallier à une idée « dont le temps est venu ». Si un éminent privilégié s'inclinait, il serait mis en minorité par ses congénères de classe sociale puis remplacé ;

    • Lobbying. Mouvements hiérarchiques donc pas émancipateurs : la base est sollicitée seulement pour signer des pétitions ou des levées de fonds, etc. Les lobbies citoyens ont peu de puissance (notamment financière) en comparaison des lobbies industriels. Les lobbies citoyens sont faciles à contrecarrer : il suffit de satisfaire des points mineurs de la contestation. le lobby va réajuster sa campagne pour exposer la tromperie. L'État ou le lobbby opposé le présentera comme insatiable et lui opposera une fin de non-recevoir. À l'inverse, la récupération est tout aussi facile : il suffira d'annoncer, dans les médias, que les opposants ont accepté tel accord ou tel article de loi… en passant sous silence qu'ils refusent toujours tout le reste. Développer des arguments, mener une campagne d'information, etc., tout cela consomme du temps pour peu de gains au final, ce qui épuisera le mouvement. L'auteur expose, qu'à l'inverse, les tactiques violentes imposent à l'État des actions concrètes d'envergure par peur de tout perdre (autorité, pouvoir, privilégiés, etc.). Exemple : distributions de terres aux plus virulents révolutionnaires mexicains ;

    • Construire des alternatives. Ce n'est pas possible pour tout le monde : prisonniers politiques, pays en guerre, opprimés économiques, etc. Comment construire quand tout appartient à quelqu'un ou à l'État (les terres, les ondes, etc.) ? Tant qu'une alternative reste petite, l'État la tolère, car elle lui fait aucun tort, mais elle se fait consommer et consumer (bénévoles cumulent avec un emploi, etc.), car le capitalisme est conçu pour absorber la concurrence. La plupart des alternatives sont sans danger pour le système. Exemple : en 2001, en Argentine, la reprise des usines abandonnées n'a pas fait de mal, au contraire. Certes, elles sont plus participatives, mais ça reste du capitalisme. Les usines non-abandonnées n'ont pas été expropriées, donc tout le monde y gagne. Enfin, il est nécessaire de protéger ces lieux de la répression policière. Pensons aux squats évacués sans cesse, à Notre-Dame-Des-Landes, etc. Rester non-violent face à cette répression, c'est se condamner à reconstruire encore et encore les mêmes alternatives balbutiantes ;

    • Désobéissance généralisée (grèves, blocus, boycotts, etc.). Les privilégiés contrôlent les richesses… et la force (police, armée), donc ils seront moins menacés que le reste de la population, car ils ont des réserves pour vivre. L'État ne peut pas aller trop loin dans la répression afin de ne pas dissiper l'illusion démocratique, mais il s'adapte : on change des têtes et des processus, mais, en coulisse, rien change. L'auteur pense aux coups d'État de Marcos aux Philippines et de Milosevic en Serbie : coups d'État dans le vent, car le capitalisme a perduré voire s'est renforcé (Serbie). On peut penser à l'alternance droite-gauche en France avec les mêmes personnes dans les coulisses gouvernementales. Les tactiques violentes (bombes, sabotages, etc.) perdurent plus longtemps et coûtent à être réparées et en image (État impuissant), ce qui en fait des tactiques plus efficaces.

    Le troisième argument est que la non-violence est l'un des mécanismes de défense des privilégiés. Par privilégiés, l'auteur désigne l'État, et les hommes occidentaux, ceux qui ont une petite vie tranquille basée sur une violence structurelle qu'ils ignorent. Pourquoi accepter la violence systémique et établie des dominants et refuser celle des opprimés ? Le but de ce baratin est de pacifier les opprimés afin de maintenir sa situation, ses privilèges. Ainsi, l'opprimé se voit intimer l'instruction d'attendre que les contestataires privilégiés atteignent une masse critique (car la protestation pacifique repose sur le nombre) pour être sauvé (on reconnaît le triangle dramatique). S'il veut, il peut distribuer des tracts et organiser des manifestations pour attirer la sympathie des privilégiés… Cela n'est pas accessible à ceux qui sont déjà exclus du système (exemple : employées qui enchaînent des boulots de misère donc qui disposent de peu de temps libre). Ceux qui utilisent la violence malgré ces bons conseils ne recevront pas les labels "bon Noir", "gentille femme" (qui fuit son mari violent alors que ça devrait être à lui de fuir), "bon citoyen", etc. qui leur octroieraient l'acceptation sociale. C'est moralisateur, paternaliste et ça participe à contrôler un mouvement (comme le Liberation Support Movement le fit, durant le combat pour les droits civiques des Noirs aux USA, en propageant l'idée que la violence n'est pas la solution). C'est en cela que le refus des moyens de lutte d'autrui quand ils sont violents protégent les dominants dont l'État, en privant les opprimés de légitimité. Tous les individus ou groupes sociaux n'ont pas la liberté de choisir la non-violence, car cela dépend du contexte à un instant T, chaque lutte étant unique : conseiller de désarmer les Indiens d'Amérique face aux colons, c'pas forcément un plan ; des catégories sociales sont plus souvent exposer au faciès, etc. Vouloir propager des moyens de luttes conformes à l'image confortable qu'un privilégié se fait d'une lutte, donc apprendre à l'autre comment lutter, comment lui apprendre à apprendre, c'est prendre sa situation comme une généralité, c'est prendre la grille de lecture qui découle de sa situation comme applicable partout, tout le temps, en faisant fi des différences. L'anti-autoritarisme, c'est d'accepter que des gens rejoignent la cause avec leurs moyens de lutte. Exposer que la violence décrédibilise les femmes relève d'une analyse qui oublie les Amérindiennes, les suffragettes, le sabotage des raffineries par les nigériennes, etc. Associer la femme à la non-violence confirme un rôle social genré. De même, exposer que la violence enlève sa crédibilité au Noir, c'est confirmer son statut social d'homme bestial. De plus, l'État a besoin d'une opposition loyale pour se justifier (qui croirait que tout le monde puisse être d'accord avec un seul ?). Il tolère donc la critique qui ne le menace pas (pétitions, manifestations non-violentes avec itinéraire qui dérange personne, consultations, référendum, etc.). Exemple : en 2004, à New York, le maire avait distribué des badges aux manifestants non-violents. Ceux-ci donnaient droit à des réductions sur le prix d'hôtels, de bouffe, de spectacles. Mais dès que ça sort des rails, olala. La violence fait peur, car nous n'en avons plus l'habitude, car nous avons """"collectivement"""" acté et admis l'emploi d'autres moyens pour régler nos différends (justice, manifestations, etc.). Mais, quand ces conventions sociales de résolution des conflits, présentes dans nos sociétés, dans nos familles, dans nos associations, etc. sont vaines, il apparaît nécessaire d'en changer, de monter d'un cran, et de potentiellement surprendre grâce à la violence, sinon on reste englué dans une contestation agrée par l'État (ou par la famille, les amis, etc.), donc gérée par le dominant. Quand la violence n'est plus en faveur de l'État, elle est dénoncée par celui-ci, comme en Irak ou les USA faisaient publier des articles semblant être rédigés par d'autres Irakiens demandant la fin des guérillas. Ou comme la marche sur Washington de 1963 pour les droits civiques des Noirs où des "chefs" Noirs furent appelés à la rescousse pour calmer les esprits et acheter la manifestation (liste des banderoles autorisées, choses à faire ou non, etc.).

    Enfin, l'auteur argumente contre des clichés répandus sur l'activisme violent.

    • Il ne faudrait pas être violent face aux flics, sinon ça justifierait la répression. C'est facile à dire quand on subit aucune oppression systémique. La peur d'une montée de la violence côté flics permet de neutraliser l'action par le discours. Les flics n'ont pas besoin d'alibi pour agir. L'auteur évoque la confection de toutes pièces, par le FBI, d'un mini-complot afin de buter des membres de American Indian Movement (mouvement pour les droits civiques des Natifs Américains), mais on peut aussi penser au mensonge qui a servi de prétexte à la guerre d'Irak ou à la violence disproportionnée contre les manifestants anti-loi travail en 2016 en France. Ce n'est pas la non-violence qui protége un mouvement social, mais sa légitimité ;

    • Ceux qui utilisent la violence ne vaudraient pas mieux que la violence systémique qu'ils dénoncent. Une violence ponctuelle, dans une stratégie globale et réfléchie ne conduit pas forcément à un mouvement autoritaire qui aura les mêmes tares que le système dénoncé. C'est une facilité de l'esprit de penser cela ;

    • La non-violence permettrait, par contraste, de mettre en exergue la violence systémique. Cela revient à supposer que le mouvement attirera suffisamment la sympathie et que celle-ci sera suffisamment relayée par les médias pour que le mouvement soit protégé. Les gens ont une grande facilité à ignorer la violence qu'ils ne vivent pas, donc c'est une stratégie risquée. En revanche, la non-violence met en exergue, toujours par contraste, l'aspect violent d'un autre mouvement, ce qui attirera la répression sur lui et empêchera toute convergence des luttes puisque l'État jouera la stratégie de la division ("bon" manifestant propre sur lui, "mauvais manifestants") ;

    • La violence serait la facilité de personnes peu informés qui cèdent à leurs pulsions. Le non-violent encourt pourtant moins de risques : il fait tout ce que l'État attend de lui, donc il sait qu'il ne croupira pas en prison, qu'il ne subira pas une violence physique, qu'il continuera de vivre une vie confortable dans son fauteuil, etc. Le cliché « peu informé » renvoie au cliché de l'homme bestiale… Pourtant, les praticiens de la violence comme stratégie ont étudié des théories, ont mûri une réflexion, ont préparé des actions. Après les émeutes de Détruit en 1967, une commission gouvernementale l'écrivait : les émeutiers étaient mieux informés des enjeux et de ce qui se tramait que les autres ;

    • La violence construirait forcément un nouveau monde basé sur la violence (intimidation, coercition) au lieu d'un monde basé sur l'éducation. La violence est perçue comme une domination uniquement dans la culture occidentale (y compris dans la mythologie Grecque où Zeus dévore Métis afin de garder le pouvoir), car elle nous rappelle la mort, que nous craignons, contrairement à d'autres cultures, et notre vulnérabilité. La violence ciblée sert uniquement à détruire les instances oppressives actuelles. Après ça, les hommes seront libres, les cerveaux remis à zéro, les défenseurs de l'ancien monde seront obligés de se convertir et chacun fera comme il veut dans des communautés de petites tailles. Il n'y aura donc pas besoin de maintenir une coercition, donc le monde sera moins violent. À titre personnel, cela me semble illusoire, mais bon, pourquoi pas. La non-violence, c'est se priver de tactiques en se basant sur un monde parfait qui n'existe pas (on s'interdit la violence, car on n'en veut pas dans le futur monde parfait).

    Comment l'auteur envisage-t-il les luttes et le monde post-révolution ? Les luttes doivent être radicales (contrer la source du problème, pas les divers symptômes). Elles doivent faire disparaître toutes les oppressions. On peut envisager des structures locales fédérées à un échelon supérieur. Il faut limiter la hiérarchie et, si elle est nécessaire, avoir des rôles tournants en fonction des compétences. Les organisations sont temporaires durant la révolution. Il convient d'adopter une diversité de philosophies, de modes de vie, de stratégies, avec une diversité des tactiques, violentes comme non-violente, en fonction du contexte précis. Il ne faut pas réprimer les autres courants de pensée de peur de la concurrence, car cela relève de l'autoritarisme de notre culture occidentale. Il faut s'unir sur un objectif (fin du capitalisme, par exemple), plutôt que sur une stratégie ou le type de tactique (violente / non-violente). Il faut faire grandir graduellement l'acceptation des tactiques violentes et/ou radicales, sans fétichiser la violence ni faire croire que le choix est vote ou bombe. Après la révolution, l'auteur imagine des petites communautés humaines qui s'organiseront comme elles le souhaitent. Il faut qu'elles soient petites afin que les membres puissent être d'accord entre eux et ainsi éviter l'apparition d'une structure (l'État) qui force les gens à être d'accord par coercition.

    Je recommande vivement la lecture de ce bouquin très documenté, même si le style est lourd (l'impression de ne pas lire naturellement… - est-ce l'effet de la traduction ? -), les répétitions nombreuses et les termes pas clairement définis (voir ci-dessus).

    Wed Aug 14 15:42:46 2019 - permalink -
    - https://www.editionslibre.org/produit/prevente-comment-la-non-violence-protege-l-etat-peter-gelderloos/
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  • [ Le Capital - édition intégrale | Soleil manga ]

    L'une des œuvres majeures de Marx, Le Capital adaptée en manga. J'en ai appris l'existence dans une vidéo des humoristes du Rire jaune, et je me suis dit pourquoi pas, ça peut être sympa, c'est original, tout ça.

    Le Capital, c'est l'analyse du capitalisme comme modèle de production et de commerce. Le tome 1, le seul totalement rédigé par Marx (les autres ont été finalisés par son pote Engels qui s'est basé sur les notes de Marx) analyse la production capitaliste, c'est-à-dire comment de l'argent sert à produire… de l'argent. Le tome 2 analyse la circulation du capital (production -> commerce -> production, etc.). Le tome 3 analyse la reproduction de l'ensemble et la pagaille que ça génère.

    Un bien a au moins deux valeurs. La valeur d'usage est subjective et dépend de nos besoins : un affamé accordera plus de valeur à un pain qu'à un diamant. La valeur d'échange se veut objective en représentant in fine la quantité de travail, donc de peine, nécessaire à sa production, car, in fine, tout est travail (la fabrication d'une machine-outil ou l'extraction d'énergies, c'est du travail) ou ressource naturelle. La faisabilité d'un troc dépend de la valeur d'usage : si je possède déjà le bien que tu proposes en trouzemille exemplaires, je ne vais pas accepter l'échange. Et puis, combien de sacs de riz équivalent à un ordinateur portable ? Ça dépend de la faim des interlocuteurs. Pour comparer objectivement les valeurs d'usage, il faut une valeur étalon. Ça pourrait être des sacs de blé, mais l'or est quand même plus pratique à transporter car il vaut cher (en valeur d'échange, car son extraction, nettoyage et affinage coûtent du travail), même en petite quantité. L'or devient le médiateur entre un acheteur qui veut acheter un bien sans posséder, sur l'instant, un autre bien qui intéresse le vendeur. Et si l'on pré-pesait la quantité d'or en amont afin de faciliter encore plus les échanges ? Bonjour les pièces de monnaie en or. La quantité d'or sur Terre est finie donc si l'on veut produire plus de pièces afin de permettre au plus grand nombre de personnes de commercer, la valeur d'une pièce augmenterait trop et empêcherait les échanges (on ne peut pas diviser la valeur d'une pièce en une infinité de pièces de valeur inférieure, impossibilité technique). D'autres métaux plus courants que l'or sont alors utilisés dans les pièces, car, ce qui compte, c'est la confiance / croyance partagée que cette pièce représente la valeur qui est gravée dessus (0,10 €, 2 €, etc.) même si la fabrication de cette pièce ne coûte effectivement pas le montant gravé dessus (en 2016, le travail nécessaire à la confection d'une pièce de 2 € coûtait objectivement 0,17 €). Ainsi, on oublie les valeurs d'usage pour tout évaluer avec une monnaie étalon qui mesure la valeur d'échange (ce qui est dommage puisqu'on oublie ce dont chacun de nous a réellement besoin). Les billets puis la monnaie scripturale (écriture virtuelle dans des livres de compte) est le prolongement de cela : l'espérance qu'une banque stocke, mais surtout honorera, la dette mentionnée sur le billet ou l'écriture et que ce montant représentera toujours la même quantité de biens au cours du temps (ce qui, en pratique, n'est pas le cas à cause de l'inflation, l'argent perd de sa valeur). Le but du jeu devient alors d'accumuler le plus d'argent afin d'être sûr de manquer de rien puisqu'il est échangeable contre tout bien ou service (ce qui n'était pas possible avec le troc puisqu'on ne savait pas ce qu'autrui accepterait en échange le jour J).

    Dans ce contexte d'accumulation, comment se faire de l'argent sur tout ce qui est vendu ? Il faut bien le prendre quelque part… Les matières premières ont un coût qui finit par ne plus être négociable… Les machines outils ont une production constante indexée sur l'énergie fournie (qui, elle, a le coût d'une matière première). Il reste donc le travail. Un chameau consomme environ la même nourriture, quelle que soit la charge qu'il transporte, on a donc intérêt à le charger au maximum. Même chose pour un humain, ainsi le coût du travail diminue. On détruit le savoir-faire en utilisant, entre autres, la division horizontale du travail (un salarié contribue à un tout petit bout du produit final au lieu de sa globalité, donc il devient capable de produire très rapidement ce petit bout) et la division verticale du travail (ceux qui décident ne sont pas ceux qui font). Avec cette spécialisation, on obtient des ouvriers remplaçables que l'on peut mettre en concurrence. L'emploi perd de son sens, car le salarié ne sait pas vraiment à quoi sert ce qu'il fait, mais la productivité augmente (plus de biens sont produits sur une même période). L'employé remplaçable perd de sa valeur, ce qui diminue le coût du travail. On peut également mettre la pression sur les salariés afin qu'ils produisent plus en les menaçant de chômage. C'est donc l'exploitation salariale, le travail non-payé, qui génère la plus-value. C'est pour cela que l'on nous bassine sans arrêt avec la réduction du coût du travail. Pour remédier au problème, les salariés devraient recevoir le résultat de leur travail, le travail global, c'est-à-dire la somme du travail nécessaire et de la plus-value (et non leur unique force de travail nécessaire comme c'est le cas)… comme quand ils étaient artisans à leur compte. Si je résume : une société commerciale dans laquelle tous ceux qui y participent sont propriétaires, ont les mêmes emplois (ou à tour de rôle), et perçoivent une part égale des bénéfices (ce qui est assimilable au partage du résultat du travail) et qui ne cherche pas à grossir indéfiniment, mais à satisfaire une demande concrète n'est pas une société commerciale capitaliste ?

    Le gain de l'exploitation humaine obtenu sur chaque bien est faible, donc, pour en vivre, il faut le reproduire massivement… C'est pour cela que la réduction du temps de travail est perçue comme une hérésie : produire la quantité de biens strictement nécessaire ou employer plus de salariés réduisent le gain. Pour ce faire, il faut vendre plus. Pour cela, on peut innover sans cesse, tromper le client (moins de matière pour le même prix, faire croire que la marque est plus importante que le produit pour en retirer du fric, etc.). Mais, la méthode la plus efficace est de produire plus en automatisant. Pour une même quantité de travail global, cela réduit le temps de travail nécessaire… donc ça augmente les profits. Si d'autres sociétés commerciales suivent le mouvement, les bénéfices diminuent, d'où l'intérêt des monopoles, du secret industriel, des nouveaux produits, de remplacer sans cesse les machines-outils par des plus productives, etc. L'automatisation augmente l'endettement. Et, surtout, l'investissement dans des machines réduit la rentabilité, c'est-à-dire les profits divisés par la somme du coût des machines et de la force de travail. Cet indicateur montre qu'il va être de plus en plus difficile d'engranger des profits, donc qu'il sera bientôt difficile d'investir dans l'appareil productif, ce qui rend la société commerciale vulnérable à la concurrence et au remboursement des prêts (bancaires ou actionnariaux ou obligataires). On ne peut pas réduire le nombre de machines car la productivité est basée dessus. En revanche, les machines réduisent la responsabilité des salariés donc la valeur de leur force de travail, ce qui maintient temporairement les profits (c'est vrai uniquement si le salaire est modulable facilement ou si le salarié est licenciable facilement, tiens, tiens)… Mais pour les augmenter, il faut faut pressurer les salariés… ou les licencier… ce qui, dans les deux cas, les empêchent de consommer par manque de revenus. Si cela se généralise, les biens produits ne trouvent plus d'acquéreur, c'est une crise de surproduction. Pour y survivre, il faut pressurer les salariés ou fusionner avec d'autres sociétés commerciales (afin de produire plus - un plus qui ne trouvera pas forcément preneur même si ça peut faire baisser les prix - ou de se débarrasser de concurrents) ou acquérir de nouvelles machines-outils (qu'on ne peut plus se payer seule)… qui réduiront encore la rentabilité… Tout le monde est pris dans ce tourbillon… C'est la contradiction du capitalisme : il faut produire plus pour obtenir des gains et les maintenir face aux autres capitalistes (ce qui n'existait pas auparavant : les sociétés humaines produisaient uniquement ce dont elles avaient besoin pour vivre et se développer - ce qui inclut l'armement, bien sûr -), mais produire plus nécessite toujours de réduire l'humain (réduction des coûts, remplacement par des machines, etc.)… qui est pourtant le seul générateur de la plus-value dans ce système…

    Au final, les prêts contractés pour s'agrandir, se moderniser, acheter des machines, ne peuvent plus être remboursés. Les sociétés commerciales coulent. Le chômage augmente. Les banquiers ne créent plus de monnaie puisqu'elles refusent de prêter vu le risque élevé de non-remboursement. Les déposants veulent récupérer leur argent (pour vivre le temps de leur chômage et par déficit de confiance). Sauf que la banque dispose uniquement d'une petite réserve d'argent qui ne couvre pas toute la monnaie émise (car elle en est un tout petit pourcentage légal). La confiance s'écroule… La puissance publique doit intervenir pour transformer la dette privée en dette publique et la répartir sur les épaules de tous les contribuables… Ainsi, la crise de surproduction entraîne une crise financière.

    La production capitaliste se base sur la finance, mais aussi sur le commerce capitaliste. La rotation du capital, c'est-à-dire le temps nécessaire pour que l'argent génère de l'argent, inclut le temps de production (durant lequel l'argent est transformé en marchandise + la force de travail) et le temps de circulation (durant lequel la marchandise est transformée en argent). Il est impératif de réduire ces deux temps afin d'éviter de se faire doubler. La réduction du temps de circulation est d'autant plus cruciale que la marchandise peut se périmer ou que les prix de vente peuvent fluctuer. D'où il est nécessaire de développer un commerce de gros et de détail qui assume le coût de circulation mais supplante les petits marchés d'échange à l'ancienne. Le producteur vend ainsi très rapidement aux revendeurs en gros (qui revendent aux détaillants), ce qui augmente la cadence de la rotation de son capital. Dans ce commerce-là, tout le monde s'engage à produire ou à revendre ce qu'il n'a pas encore. D'où la bourse pour définir les prix de vente et les mécanismes d'assurance pour se prémunir des fluctuations (cela inclut les produits dérivés sur les marchés financiers). Ce qui amène la spéculation, notamment des transactions sans prise avec le réel.

    D'autres effets sont intéressants à constater. L'argent n'est plus seulement une matérialisation du travail, de la peine qu'un humain se donne ni une contrepartie à un échange, mais aussi un moyen de générer plus d'argent durant le processus de production. Pourquoi faire ? Aucune idée. Il faut produire de la qualité à moindre coût et dans un temps réduit… Qu'est-ce que cela apporte fondamentalement par rapport à produire juste ce qu'il faut dans le temps qu'il faut pour permettre la survie et la satisfaction des besoins des humains ? Aucune idée. Il est nécessaire de garder le contrôle de la connaissance, notamment de faire en sorte que les concurrents n'aient pas connaissance des recettes ou que sous-traitants ne vendent pas les mêmes machines-outils à d'autres sociétés dès que les commandes de la société qui a originalement commandé la fabrication de ces machines-outils diminue (les sous-traitants ont intérêt à faire ça : ils se sont endettés pour produire les machines outils, donc si la commande diminue, le sous-traitant court un risque). D'où les brevets, le secret des affaires, etc. Notons que tout fonctionne en cercle vicieux à cause de la dépendance des sous-traitants… Si la production chute, celle du sous-traitant aussi, ce qui l'oblige à licencier… ce qui réduit la consommation, ce qui affecte la production de son commanditaire, qui réduit donc ses commandes, etc.

    Les financiers et les capitalistes ne suent pas mais récoltent l'essentiel des gains. Égalité entre les hommes, hein ? Injustice fondamentale. Ils ont pris tous les risques, il paraît. La force de travail des salariés ne servirait à rien sans eux. Boarf, avant tout ça, le gus bossait très bien tout seul, ce qui laisse à penser que le capitaliste (parasite) a plus besoin de la force de travail (hôte) que l'inverse. Les capitalistes disent également qu'ils ne forcent personne à vendre leur force de travail au prix qu'ils proposent. C'est vrai, mais quand toutes les sociétés commerciales fonctionnent sur le même modèle, le choix est très restreint. Et construire sa petite société dans ce monde-là nécessite des financements (notons que l'héritage lisse ce prérequis, comme quoi…), surtout pour résister à la concurrence… Donc il faudra produire pour rembourser… Le prix de vente et le nombre de commandes étant définis par les autres sociétés présentes sur le marché, le jeu est vite vu : c'est plus compliqué de ne pas vendre sa force de travail à un requin déjà en place, donc la liberté de choix est restreinte.

    Plutôt que de concentrer la production afin de servir une demande en hausse, ce qui nécessite des moyens de production coûteux dont l'acquisition met l'entrepreneur à la merci d'un financier, on pouvait aussi choisir de répartir cette production en plein d'artisans. Cela répartit les gains et procure du travail utile à plus de personnes. Néanmoins, cela entraîne des incertitudes sur le fait de disposer de tous les produits et services nécessaires à la vie (peur de manquer de quoi que ce soit). C'est précisément pour cela que le socialisme et le communisme prévoient une solidarité compensatrice…

    Bref, ce manga est agréable à lire, j'en recommande vivement la lecture. Les définitions sont plutôt bien posées. Les dessins expriment des émotions qui complètent le texte. Mon seul reproche est que les notions sont présentées dans un ordre qui ne me semble pas être optimal pour permettre de comprendre leur imbrication qui forme le capitalisme, d'où plusieurs lectures peuvent être pertinentes.

    Mon Aug 12 18:41:51 2019 - permalink -
    - https://www.soleilprod.com/serie/capital-integrale.html
    fiche-lecture
  • A Nice, le proc n’est pas bien frais

    Donc… Une gilet jaune chute toute seule. Puis en fait non. Puis l'enquête est confiée à la compagne du fautif. Puis le procureur déclare qu'il voulait ménager l'exécutif. On ajoute ça aux violences policières durant les manifestations des gilets jaunes niées par Macron et l'IGPN (tiens, tiens) et au meurtre de Steve, lui aussi nié par l'IGPN. Joli tableau. ÉDIT DU 21/08/2019 À 12 H 05 : d'après le Canard enchaîné du 07/08/2019, le sinistère de la Justice envisage de reconvertir le procureur en avocat général à la Cour d'appel de Lyon. D'un côté, il ne serait plus à la tête d'un parquet, mais, de l'autre, il fera partie d'un parquet général, qui a autorité sur les parquets des plus basses juridictions. La différence de salaire brut, 5400-6000 € -> 5200-5400 € hors primes est pas ouf. Du coup, j'ai beaucoup plus de mal à me prononcer que le Canard et d'autres journaux quant à savoir s'il s'agit d'une sanction. FIN DE L'ÉDIT.

    À ceux qui m'opposeront que la gilet jaune était dans un périmètre interdit à la manifestation, je réponds que ces périmètres sont une atteinte disproportionnée à la liberté de manifester. Quand le pouvoir fait en sorte qu'une manifestation circule uniquement là où elle n'aura pas d'impact, alors la liberté de manifester est bafouée. Quand celui qui est visé par la manifestation (l'exécutif dans le cas présent) contrôle implicitement tout un pan de ladite manifestation, alors la liberté de manifester est bafouée.

    C'est vraiment pas marrant, ce boulot de procureur à Nice, et Jean-Michel Prêtre, tenancier en titre, est en train de s’en rendre compte ! Le malheureux avait eu la délicatesse de nier, dans un premier temps, les violences policières lors desquelles Geneviève Legay, 73 ans, brutalement poussée par un flic lors d’une manifestation de gilets jaunes, avait été grièvement blessée. « Elle n’a pas été en contact avec les policiers », affirmait- il. Quinze jours plus tard, devant l’évidence, le proc avait dû reconnaître que le « mouvement brusque d’un policier » avait causé la chute.

    Il avait ouvert une enquête et, sûrement mû par la même pudeur, l’avait confiée à la compagne du commissaire qui dirigeait les troupes mises en cause. Tant de tact a fini devant la Cour de cassation, qui lui a enlevé l’affaire et l’a dépaysée.

    Interrogé par son procureur général sur ses contradictions et ses faux pas, Prêtre a cru habile de déclarer : « Je voulais éviter des divergences trop importantes » avec les déclarations du président de la République, comme l’a révélé « Le Monde » (24/7). Question indépendance, on a vu mieux… Même pas sûr que Macron ait apprécié cette dévotion et ces mensonges trop visibles.

    Juste avant, en décembre, le pauvre proc avait déjà subi une perquisition chez lui, menée par ses redoutables collègues parisiens, les juges Buresi et Tournaire, pour des soupçons d’atteinte à la probité dans la pagaille de la succession du célèbre Negresco. Sans compter d’autres babioles…

    Et voilà que les avocats de Geneviève Legay déposent une plainte contre lui devant le Conseil supérieur de la magistrature. La procédure a peu de chances d’aboutir, mais disons qu’elle incite Belloubet à agir. Voilà comment on récompense un serviteur zélé !

    Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

    Mon Aug 12 11:44:06 2019 - permalink -
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  • Russie : ne pas éteindre les incendies car « Les coûts de la lutte […] s’annoncent plus importants que les dommages matériels qu’ils peuvent causer »

    Dans l'est de la Russie, alors que le feu dévaste d’immenses étendues de taïga, aucun moyen d’envergure n’a été mis en place pour l’éteindre ou le contenir. Car les autorités ont fait ce calcul très simple (« Le Monde », 28/7) : « Les coûts de la lutte contre les incendies s’annoncent plus importants que les dommages matériels qu’ils peuvent causer. » Cynisme qui provoque l’« exaspération des habitants des villes atteintes par les fumées ».

    Poutine osera-t-il déclarer à la télé : « Arrêtez de vous indigner, vous suffoquerez moins » ?

    Après ça, n'oublie pas de ne pas jeter ton plastique de pique-nique dans la nature, de faire pipi durant ta douche, et de bien éteindre la lumière en quittant une pièce. Merci d'avance. :))))

    Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

    Mon Aug 12 11:29:08 2019 - permalink -
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  • Passe-moi le sel

    Imaginez l’estampille « bio » sur du sel minier obtenu par fracturation hydraulique. La même méthode que l'industrie pétrolière utilise pour extraire son gaz de schiste. Inconcevable ! C'est pourtant ce que vient de proposer la Commission européenne. Même le sel de mine travaillé à l'explosif pourra être certifié bio.

    Cette histoire qui ne manque pas de sel débute il a deux ans avec le toilettage de la règlementation européenne sur l'agriculture biologique. Six cents petits exploitants de marais salants sur la côte atlantique en profitent pour demander à Bruxelles que le sel marin artisanal récolté a la main bénéficie du label bio. Jusqu'à présent, n'étant pas considéré comme un produit agricole, le sel ne peut profiter de l'alléchante étiquette « AB ».

    Sauf que en février, la dernière mouture du futur cahier des charges a été la goutte d'eau pour les artisans sauniers. Déjà, ils avaient failli s'étrangler en découvrant que Bruxelles mettait dans le même panier bio les sels marins artisanaux et industriels. Deux méthodes de production aux antipodes.

    D’un côté, des petits bassins d'une dizaine de metres carrés sur lesquels les paludiers, équipés d'outils en bois, collectent plusieurs fois par semaine les grains de sel à la surface de l'eau. De l'autre, d’immenses bassins jusqu'à une dizaine d'hectares d'où l'on retire une fois par an a l'aide de robots moissonneurs le « gâteau de sel » collé au fond. Séché, ce sodium industriel, à l'inverse de son homologue tradi, est saupoudré d’anti-agglomérants comme le E535.

    Désormais, comme on l'a vu, Bruxelles envisage d'accorder au sel minier, aussi utilisé pour déneiger les routes ou dans les lave-vaisselles, la fameuse certification bio. A la manœuvre, les deux premiers producteurs de sel industriel en Europe, l'allemand Esco (Cérébos) et le groupe français Salins (La Baleine), qui extrait ses 100 000 tonnes par an de Camargue mais aussi d'une gigantesque mine en Meurthe-et-Moselle.

    Le plus salé dans tout ça, c'est que, pour vendre leur reduction, qui est actuellement de 20 000 tonnes par an, les petits saliniers de Noirmoutier de l'île de Re et de Guérande devront attendre trois ans, alors que la période de conversion imposée à l'industrie minière ne dépasse pas un an. Une distorsion de concurrence qui risque de faire disparaître un métier ancestral et les paysages de cartes postales qui vont avec. Si certains fonctionnaires de la Commission à Bruxelles pouvaient se transformer en statues de sel…

    Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

    Mon Aug 12 11:24:17 2019 - permalink -
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  • Abandonner ses enfants en forêt, l'étrange rite initiatique néerlandais | Slate.fr

    Au Pays-Bas, un rite initiatique marque l'indépendance des enfants : une marche nocturne en forêt. Évidemment, c'est encadré, il y a du ravitaillement à mi-parcours, un campement tout prêt à la clé, etc. Je trouve le concept intéressant, même si c'est trop encadré et que cela apprend pas grand-chose à l'enfant (comment établir un campement ? comment faire du feu ? comment se débrouiller seul, en somme).

    Il est 22 heures et la nuit tombe. À l'orée de la forêt, une camionette s'arrête sur le bord de la route. Trois silhouettes frêles en émergent et aussitôt, dans un crissement de pneus, la camionnette fait demi-tour, laissant ses trois pèlerins complètement seuls. Il y a deux garçons de 12 et 11 ans, une fille de 12 ans. Pour atteindre leur camp, situé à plusieurs heures de marche, ils n'ont en leur possession qu'un rudimentaire GPS. Ils se mettent en route, comme l'ont fait avant eux leurs frères et sœurs, leurs parents. C'est la nuit de leur «largage», ce rite iniatique qui marque la fin de l'enfance, pratiqué depuis des générations aux Pays-Bas.

    […]

    Au pays des tulipes, les laisser se perdre dans la forêt signifie « larguer vos enfants dans la nature. Vous vous assurez bien sûr qu'ils ne meurent pas mais sinon, vous les laissez se débrouiller », explique une mère au New York Times.

    […] À la moitié du chemin, ils ont croisé un ravitaillement, où on leur a ôté leur GPS pour les laisser entièrement abandonnés à leurs instincts. […] Ils arriveront finalement au camp à plus de 2 heures du matin.

    […] Dans la perspective néerlandaise, le rôle du parent n'est pas éternel. Vient un moment où il ne se mêlera plus de la vie de ses enfants. Ce moment est signifié à l'enfant quand on l'abandonne dans la forêt. «C'est toi livré à toi-même. Ça te fait sentir que tu es le seul aux commandes», ajoute un adulte encadrant la procédure.

    Même si la paranoïa parentale commence à atteindre ce rite millénaire et que les portables ou les gilets réfléchissants ont fait leur apparition au cas où, il n'en reste pas moins que le «largage» reste une étape-clé dans l'éducation d'un enfant. «Ça nous apprend à continuer à marcher, même dans les moments difficiles, continuer à avancer», affirme Stijn au sortir de sa nuit initiatique.

    Via le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

    Mon Aug 12 11:07:14 2019 - permalink -
    - https://www.slate.fr/story/180003/abandonner-enfants-enfance-adolescence-foret-rite-pays-bas-tradition
  • La réforme des retraites est déià pipeautée

    Comment préparer l'opinion à bosser jusqu'à 69 ans (44 ans de cotisation) pour toucher une retraite à taux plein ? Avec la bonne vieille astuce politicienne d'organiser la fuite d'un calcul qui semble trop beau pour être vrai mais qui permet de semer l'idée dans la tête des citoyens. Absence d'étude d'impact sérieuse avant le vote de la loi. Évidence que des retraités vont perdre au change.

    Jean-Paul Delevoye a glissé, dans son rapport sur la réforme des retraites, des phrases invisibles ! C’est ce qu’a découvert un collectif d’économistes qui a passé au scanner les 130 pages dudit rapport (« Le Parisien », 25/7).

    Tout part d’un échange entre le Haut-Commissariat à la réforme des retraites et le Conseil d’orientation des retraites (COR). Celui-ci estime nécessaire une « simulation » des effets de la réforme. Mais, compte tenu de la complexité d’un système qui regroupera 42 régimes spéciaux, le Haut-Commissariat répond que cette simulation ne sera disponible qu’en… 2024 ! En clair, le Parlement est prié de voter la réforme dès 2020 et les futurs retraités, d’applaudir sans avoir une idée de son impact.

    Que des gagnants !

    Pour éviter cette bouffonnerie, Delevoye et ses collaborateurs fabriquent neuf « cas types » qui sont regroupés à la fin du rapport. il y a là un mini-panel de la société française, du malchanceux qui a enchaîné boulots et chômage à la bûcheuse qui a commencé en bas de l’échelle et termine cadre. Miracle : personne n’est perdant ! Même le collectionneur de petits jobs gagnerait plus qu’aujourd’hui. Inespéré, pour Un dispositif qui, au lieu de s’appuyer sur les 25 meilleures années, calcule les pensions sur l’ensemble de la carrière, y compris les millésimes calamiteux (petits boulots, chômage, etc.).

    Y aurait-il un truc ? Les experts qui ont décortiqué les neuf cas types sont arrivés à une conviction : en utilisant les paramètres actuels de niveau et de durée de cotisation, ce bilan doré sur tranche est impossible. Pour l’obtenir, il faudrait soit augmenter les cotises, mais Macron ne veut pas en entendre parler, soit augmenter la durée de cotisation (43 ans), laquelle est censée ne pas bouger jusqu’en 2035.

    Les conseillers de Delevoye ont fini par l’avouer du bout des lèvres : leurs pseudo-simulations ont été effectuées sur une base de 44,3 ans de cotisation pour les retraités nés à partir de 1990. Soit une discrète rallonge de 15 mois travaillés. Ni vu ni connu…

    Croissance du rab

    Pour avoir une retraite équivalente à celle d’aujourd’hui, les heureux « bénéficiaires » de la réforme devront donc avoir commencé à travailler dès l’âge de 18,6 ans. Quant aux diplômés qui n’entreront dans la vie active qu’à 25 ans, il leur faudra bosser jusqu’à 69 ans avant de prendre leur retraite. On est loin de l’âge légal de 62 ans, et même de l’âge pivot de 64 ans.

    Les collaborateurs de Delevoye admettent mezza voce cette petite entourloupe, absente du rapport remis à Edouard Philippe. Le texte du haut-commissaire précise seulement, sans donner de chiffres, que les gains en espérance de vie devront être répartis pour deux tiers en temps supplémentaire au boulot et un tiers de plus à la retraite. Sans la curiosité de quelques experts indépendants, le Parlement aurait voté la prochaine loi sans connaître l’existence de cette miraculeuse clause écrite à l’encre sympathique. Et ça n’aurait pas été sympa…

    Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

    Mon Aug 12 11:06:32 2019 - permalink -
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  • Frondeurs au piquet

    Un énième exemple d'un député pénalisé par l'exécutif pour ses prises de position (vote contre le CETA). Cela s'est déjà produit sur la loi asile & immigration. Séparation des pouvoirs, où es-tu ? Article 27 de la Constipation : un député n'a pas à voter selon les désidératas de son parti ou d'une portion de son électorat ou de qui que ce soit s'il⋅elle n'est pas en accord avec la position défendue.

    « Taper pendant trois ans contre leur camp n’a pas fait réélire les frondeurs socialistes, a commenté Macron à propos du vote sur le Ceta. C’est une leçon à retenir. »

    La leçon a été si vite retenue que l’Elysée a approuvé le principe de représailles contre les huit députés En marche ! qui ont voté contre le traité. Ces rebelles ne sont pas (encore) exclus, mais ils sont mis sur la touche.

    Premier visé : le député du Val-de-Marne Jean François Mbaye, qui s’est investi dans les sujets de bioéthique et devait à ce titre siéger au sein de la commission spéciale bioéthique de l’Assemblée. Il a été « retiré » de cette commission.

    Les huit autres « frondeurs » savent à quoi s’attendre.

    Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

    Mon Aug 12 10:52:18 2019 - permalink -
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  • L’hospitalité suisse n’est plus ce qu’elle était

    La cour suprême suisse autorise la levée du secret bancaire pour des demandes groupées. La décision judiciaire est donc définitive. Pas de soucis à s'faire : les prévoyants ont déjà migré leurs avoirs, hein.

    À qui faire encore confiance ? Le fisc français vient d’obtenir du tribunal fédéral de Lausanne qu’UBS lui communique les coordonnées bancaires de 40 000 contribuables français soupçonnés d’avoir eu un « comportement fiscal illicite » entre 2010 et 2015 (« Le Point », 27/7).

    Selon Bercy, ils auraient caché au fisc quelque 10 milliards d’euros. Qui pourraient ainsi venir gonfler les 8 milliards déjà récupérés par Bercy et sa cellule de régularisation des avoirs des évadés fiscaux.

    C’est un nouveau pan du sècret fiscal helvétique, déjà mal en point, qui tombe. La Suisse, si elle avait fini par accepter de coopérer sur des cas individuels, se refusait jusqu’à présent à répondre à des « demandes groupées ». Les banques suisses redoutent que de nombreux pays ne multiplient ces lancers de filets fiscaux.

    UBS, elle, a fait savoir qu’elle allait « analyser très soigneusement les considérants du verdicts ». Une consolation quand même pour la banque suisse, qui a été condamnée au début de l’année en France à 4,5 milliards d’amende pour avoir démarché illégalement des clients dans l’Hexagone : le tribunal de Lausanne a interdit que la nouvelle fournée de noms transmis au fisc français vienne encore alourdir le dossier, toujours en appel.

    On se console comme on peut.

    Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

    Mon Aug 12 10:39:17 2019 - permalink -
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  • Les riches n’ont pas le mal de mer

    À trop vouloir prendre des mesures symboliques, le retour au réel est parfois brutal. Les trois taxes (sur les yachts, les voiture de luxe et les biens précieux) votées à l’été 2017 pour compenser la (quasi-)suppression de l’ISF (3 milliards en moins pour les caisses de l’Etat) ne rapportent que des queues de cerise. Le rapporteur du budget à l’Assemblée, Joël Giraud (LRM), fidèle partisan de ces taxes, vient d’en faire la constatation dans son rapport annuel.

    La surtaxe sur les yachts de plus de 30 mètres immatriculés en France n’a ainsi permis de ramasser que… 86 700 euros. Soit 115 fois moins que les 10 millions escomptés. Il faut dire que seuls sept navires naviguent sous pavillon français. Et que seuls deux des propriétaires de ces navires poussent le patriotisme jusqu’à acquitter la taxe, les cinq autres refusant mordicus de payer. Et même s’ils réglaient leur facture fiscale, ils ne paieraient que 225 000 euros. Soit 40 fois moins que le montant prévu lors du vote de la taxe !

    C’est un peu mieux pour les 3 387 véhicules assujettis à la « taxe additionnelle sur les voitures sportives », qui ont rapporté 15 millions d’euros, soit la moitié de ce qui était escompté.

    Quant à la « taxe sur les biens précieux » (lingots, pierres précieuses, etc.), elle est apparemment passée aux oubliettes.

    Vite, un avis de recherche !

    Tout est génial dans cet article : suppression d'une taxe ; ajout de nouvelles taxes inapplicables et invérifiables qui ne rapportent rien, ce qui contribuera à l'accroissement des inégalités et à des coupes budgétaires dans les services publics pour rééquilibrer le truc ; nos élus font mine de découvrir que les riches immatriculent leurs bateaux de plaisance à Malte et autres lieux arrangeants alors que c'est connu du grand public depuis plusieurs années ; des riches qui refusent de payer une taxe, fut-elle idiote… je peux refuser de payer certaines taxes de mon choix, moi aussi ?

    Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.

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