Vu de l’Elysée
« Il n’y a eu qu’un seul vote contre au sein de notre groupe » : c’est le commentaire de Macron après le débat sur le projet de loi Asile et immigration. Lequel a oublié que 14 députés En marche ! s'étaient abstenus également le 22 avril. Le sort du député frondeur Jean-Michel Clément a fait l’objet de toutes les attentions. Le patron du groupe, Richard Ferrand, a proposé à Clément une « mise en congé » du parti plutôt qu’une exclusion, qui aurait débouché sur « un procès en autoritarisme et refus du débat ».
« C’est un divorce temporaire par consentement mutuel », a expliqué Ferrand, dimanche soir à l’issue des débats, devant quelques députés à la buvette de l’Assemblée. Avec à la clé la possibilité pour Clément de revenir au groupe d'ici quelques mois.
Tout ça peut ça !
Ces gens-là se moquent du monde ! Une mise en congé n'est pas un signe d'autoritarisme et de refus du débat… Mais bien sûr ! Un divorce temporaire… Mais ouiiii, c'est c'laaaaa ! Consentement mutuel… Je ne doute pas que le député était aussi consentant qu'une plan cul de Weinstein ! Putain, lire ces idioties me procure des pulsions de meurtre ! :@
L’asile pour députés
Le ministère de l’Intérieur s’est donc félicité d’avoir « tenu » sa majorité lors du vote, à l’Assemblée le 22 avril, sur le projet de loi Asile et immigtatien. Un seul député Marcheur, on le sait, a voté contre Mais 99 des 312 députés de La République en marche se sent signalés par leur absence lors du débat final et n’ont même pas donné de procuration de vote à l’un ou l'autre de leurs cellègues.
En outre, 9 élus du « nouveau monde » ont voté contre l’amendement — le plus controversé — faisant passer la durée maximale de rétention pour un étranger en attente d’expulsion de 45 à 90 jours.
Sitôt fait, leur chef, Richard Ferrand, les a appelés un par un et les a invités à se « conformer au choix du groupe et à ses décisions collectives ».
Sinon. c’est la mise en rétention ?
Les propos de Ferrand et la sanction appliquée au député Clément sont une violation complète de l'article 27 de notre Constipation (oui, c'est voulu ;) ) : tout mandat impératif est nul. Un⋅e député⋅e n'a pas à voter selon les désidératas de son parti ou d'une portion de son électorat ou de qui que ce soit s'il⋅elle n'est pas en accord avec la position défendue. C'est un principe vital de notre République et il est sans cesse baffoué par les partis politiques quelle que soit leur orientation politique ! Et nous nous laissons faire !
Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018.
ÉDIT DU 7 MAI 2018 À 21H55 : hop, petit mail envoyé à Richard Ferrand et à Macron (mais ça a foiré, l'adresse mail en ma possession permet seulement d'émettre des mails, pas d'en recevoir (oui, ça casse le principe d'horizontalité des échanges sur Internet, mais on n'est plus à ça près)) :
Bonjour Richard et Emmanuel (si le présent mail vous parvient…)
J'écris ceci en tant que citoyen.
Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018, page 2, j'ai lu les propos suivants :
- « Le patron du groupe, Richard Ferrand, a proposé à Clément une « mise en congé » du parti plutôt qu’une exclusion, qui aurait débouché sur « un procès en autoritarisme et refus du débat » […] « C’est un divorce temporaire par consentement mutuel », a expliqué Ferrand, dimanche soir à l’issue des débats, devant quelques députés à la buvette de l’Assemblée » ;
- « En outre, 9 élus du « nouveau monde » ont voté contre l’amendement — le plus controversé — faisant passer la durée maximale de rétention pour un étranger en attente d’expulsion de 45 à 90 jours. Sitôt fait, leur chef, Richard Ferrand, les a appelés un par un et les a invités à se « conformer au choix du groupe et à ses décisions collectives ». »
Je m'interroge : en plus d'être moralement inacceptables, ces pratiques ne sont-elles pas contraires à l'article 27 de notre Constitution ? Un⋅e député⋅e n'est pas obligé⋅e (et ne doit pas l'être) de voter ni de s'exprimer ni de conduire des travaux selon les instructions de son parti politique ou d'une portion de son électorat ou de qui que ce soit d'autre s'il⋅elle n'est pas en accord avec lesdites instructions. Certes, Richard n'a rien obligé, il a « juste » prévenu en amont et sévi en aval, nuance, probablement.
Je pense que l'interdiction du mandat impératif est un principe absolument essentiel pour la bonne santé de notre République. Or, il est sans cesse bafoué par tous les partis politiques… N'est-il pas temps que cela cesse ?
Sur la forme, je ne comprends pas en quoi une mise en congé est moins un refus autoritaire de débattre qu'une exclusion… L'insincérité (le « wording » devrais-je dire) actuelle, sans doute… De même, j'éprouve des difficultés à appréhender la notion de « divorce temporaire » qui m'apparaît être un oxymore. Enfin, je m'interroge à nouveau : le « consentement » du député Clément était-il aussi univoque que celui des femmes abusées par M. Weinstein ?
Il est temps d'arrêter de prendre les citoyens et les citoyennes pour des imbéciles… sur la forme comme sur le fond !
Bonne journée.
FIN DE L'ÉDIT DU 7 MAI 2018 À 21H55.