Comme l'année dernière, j'ai assisté à l'édition 2019 du festival off de théâtre et de spectacle vivant d'Avignon. Ici, je vais donner mon avis sur le festival en lui-même. Pour lire mon avis sur les spectacles auxquels j'ai assisté, c'est par là.
Je refuse toujours d'assister au festival officiel (dit festival in) pour les raisons que j'évoquais l'année dernière : le prestige, la prétention et la haute culture, ce n'est pas pour moi.
J'adore toujours autant la parade (défilé dans les rues) qui marque le début du festival. C'est toujours un moment agréable et un bon endroit pour voir les comédiens défiler, faire des trucs hallucinants et distribuer des tracts. Mais, cette année, la parade n'a pas été ma seule source d'inspiration pour me rendre à des spectacles : conseil de collègues, marque-page publicitaire fourni par ma librairie préférée, parcours du catalogue numérique, etc. Les sources de pub se diversifient.
J'adore toujours autant que les rues de l'intra-muros s'animent avec des chants, des danses, des mini-spectacles sans prétention.
J'ai toujours beaucoup de mal avec le coût écologique des affiches placardées absolument partout en 20 exemplaires qui se décrochent à la première pluie. Une affiche pour un même spectacle par-ci, par-là serait suffisante. Certains trouvent que le bottin papier qui recense les spectacles est tout aussi inutile, mais je ne suis pas de cet avis : en en déposant un dans les lieux de vie en commun (la salle de pause de ton lieu de taff, par exemple), ça permet de toucher des gens qui n'auraient pas fait la démarche de consulter le catalogue numérique. Là, le catalogue papier est sous leur nez. Certains y jettent un coup d'œil et se laissent tenter.
J'ai toujours vraiment beaucoup de mal avec la distribution de tracts dans la rue. Il est toujours impossible de faire 50 mètres sans se faire interrompre. Je ne suis pas toujours disponible pour recevoir ces tracts : des fois, je réfléchis, d'autres fois je divague, et encore d'autres fois, je suis pressé.
Comme l'année dernière, je confirme que, durant le festival, tout lieu devient un lieu de représentation. Cette année, j'ajoute à ma liste le gymnase d'un collège-lycée, un appartement et un bar. L'année prochaine, je découvrirai peut-être que même une cave peut accueillir une représentation, qui sait ? :P
Je confirme qu'il faut arriver au moins 30 minutes avant le début d'un spectacle, car, même si t'as réservé ta place, comme elle n'est pas numérotée (sauf exception), cela permet d'avoir une très bonne place dans la file d'attente et donc de pouvoir choisir ton siège. C'est important si tu souhaites être au premier rang car t'es malvoyant ou malentendant, par exemple. Sans compter que, dans de nombreux théâtres, des sièges ont des angles morts avec la scène (pilier, etc.). Dans certains théâtres, il faut se méfier des deuxième et troisième rangs qui sont à la même hauteur que le premier, ce qui signifie que, si t'es petit et que tu t'y installes, tu vois essentiellement des têtes.
Un truc que je n'avais pas percuté l'année dernière, c'est que ce festival est aussi celui des spectacles vivants. Ça veut dire qu'il ne s'y joue pas que des pièces de théâtre, mais aussi des conférences gesticulées, des spectacles de magie, des monologues comiques, de l'humour seul en scène, etc.
Deux conseils utiles. Le premier, c'est de toujours prêter attention à la date de début et de fin d'un spectacle, car certains spectacles ne sont pas joués durant toute la durée du festival. De même, il faut prêter attention aux spectacles qui sont joués seulement les dates paires ou impaires. Attention : ce n'est pas les jours (lundi = impair, mardi = pair), mais bien les dates (16 juillet = paire, 17 juillet = impaire). C'est logique, dimanche = 7 et lundi = 1, donc il y aurait un couac, même si beaucoup de spectacles sont en relâche tous les lundis. Le deuxième conseil, c'est que les places vendues via le web (sur BilletReduc, par exemple), ne permettent pas toujours l'accès à la salle de spectacle : il faut parfois les échanger sur site avant la représentation.
Compte-tenu de l'affluence imprévisible (des spectacles "intellos" sont complets en semaine et en fin de semaine, des divertissements sont complets en semaine mais pas en semaine et inversement, des divertissements en soirée sont parfois moins complets en semaine qu'en fin de semaine, etc.), il est très recommandé de réserver ta place. Cela se fait en présentiel ou par téléphone. Dans les deux cas, il faut donner un nom et un numéro de téléphone. Il faut aussi donner son nom pour qu'il soit imprimé sur le ticket d'entrée. Je déteste donner ce type d'information. On ne sait pas à quoi ça sert (n'importe quel identifiant temporaire, genre un nombre imprévisible, ferait l'affaire, et, dans le cas du nom imprimé sur le billet, c'est pour une éventuelle réclamation ou un désistement, m'a-t-on dit, ce qui me convainc qu'à moitié) ni ce qui sera fait de ces infos (dans un futur plus sombre, j'ai pas forcément envie que l'on ait des traces qui disent à quels spectacles j'ai assisté) ni combien de temps elles seront conservées. Bref, je trouve que c'est très limite vis-à-vis de la loi de 1978 sur les fichiers nominatifs (et du RGPD, si l'on veut paraître moderne). J'ai choisi de ne pas réserver et de retenter ma chance en présentiel, encore et encore et encore. L'inconvénient, c'est que c'est extrêmement chronophage et sans garantie de résultat. Quand je n'avais plus trop le choix, j'ai demandé s'il était possible de réserver puis d'acheter une place sans donner de nom. La réponse est très majoritairement négative. Alors, j'ai décidé de donner un nom d'emprunt (et pas de numéro de téléphone), généré au pif, différent à chaque spectacle afin qu'on ne puisse pas recouper les différents spectacles auxquels j'ai assisté. Attention à ne pas utiliser l'identité d'une personne que tu connais, sinon c'est de l'usurpation d'identité, ce qui est interdit. (J'avais aussi pensé à donner les quatre premières lettres du résultat de la fonction mathématique sha256 avec mon pseudo et le nom du spectacle en arguments. Exemple : echo -n 'GuiGui-LPEAMC' | sha256sum | head -c 4
soit e2c9
pour ce spectacle. Un mélange entre un pseudo et le nom d'un spectacle permet de garantir que le pseudo que je donne est différent à chaque spectacle, ce qui empêche de recouper les spectacles que j'ai vus… Sauf que comme je suis le seul à utiliser cette méthode, il est en fait extrêmement facile de me tracer). À ceux qui voudraient me dire que tout ça sert à rien puisque je publie ici-même la liste des spectacles auxquels j'assiste. D'abord, rien permet à qui que ce soit d'affirmer que je publie la liste complète. ;) Ensuite, dans des temps plus sombres, je publierai rien, mais il faudra que la possibilité d'assister à des spectacles sans donner son nom ait perduré, et on la fait perdurer en étant majoritaire à ne pas donner son nom dès aujourd'hui. Enfin, mon audience ici n'est pas forcément identique à celle que je cherche à éviter. Ce n'est pas parce que je parle de quelque chose à un cercle (famille, amis, collègues, lecteurs de mon shaarli), que j'ai envie que l'info déborde du cercle dans lequel je l'ai rendu publique. Sans compter qu'ici, je bénéficie d'un pseudonymat tout relatif.
L'avantage de mon comportement décrit au point précédent est que ça permet de créer des liens. Je pense à cette guichetière qui m'a appliqué le tarif OFF (alors que je n'ai pas la carte de réduction, car, là aussi, il faut communiquer une identité…) après m'avoir vu tenter plusieurs fois d'obtenir une place. Je pense à cette autre guichetière qui avait sorti une place du lot en vente ce soir-là, car elle supposait que j'allais encore re-re-re-tenter ma chance ce soir-là. Je pense à ces guichetiers qui ont monté un petit sketch comique "‒ ha, tiens, monsieur je-n'ai-pas-de-nom, tu penses qu'il a réservé cette fois ? ‒ Ha bah non, tu penses bien. ‒ Ça va être le running-gag de l'été. ‒ je peux peut-être prendre un pseudo. ‒ waaaah t'es trop ouf de lui avoir demandé un pseudo". :D
Dans la continuité, je conchie les théâtres suréquipés en caméras de flicage vidéo et/ou équipés en agent de sécurité privés qui fouillent les sacs. Je ne supporte pas ce monde où l'on suspecte tout le monde en permanence et dans lequel on souhaite se protéger de tout le monde en permanence. Je pense au théâtre du train bleu et au théâtre des carmes (oui, le théâtre qui a vu naître le festival OFF…), par exemple. Le nom d'un troisième théâtre m'échappe… Je le rajouterai quand ça me reviendra.
Dans l'un des rares lieux de représentation où les places sont numérotées, un spectateur plutôt âgé expliquait que les places numérotées, c'est trop bien, ça évite de devoir galoper et d'attendre entre les spectacles. Il préconisait une généralisation de ce système, avec choix du siège durant la réservation sur le web. Je suis fasciné par la capacité des gens à trouver quelque chose de génial dès lors qu'il y a un bout de technologie au milieu, comme si sa seule présence avait le pouvoir de tout rendre fantastique et de résoudre magiquement les problèmes de fond. Si tu leur créais un site web qui désigne les prochaines victimes de viol, ils te diront que le viol c'est trop bien. Perso, les places numérotées ne me tentent pas. Quid des réservations qui sont annulées ? Cela me prive d'une meilleure place qui est pourtant libre le jour J. On m'a vendu une place numérotée sur un zoli schéma… qui évidemment ne mentionnait pas les gros piliers qui empêchent de voir la scène depuis certains sièges ni le fait que les deuxièmes et troisièmes rangs sont à la même hauteur que le premier (coucou les têtes du premier rang si t'es petit) ni le bout de scène qui sera réellement utilisé par l'artiste (alors que, de visu, tu le devines en fonction des objets présents sur scène). Bref, si un schéma n'est pas la réalité, il est en revanche la porte ouverte à des entourloupes commerciales. Quid du flicage ? Je n'ai pas envie d'utiliser un site web de réservation (voir ci-dessus pour les raisons, sans compter que ça peut tomber en panne, que ça exclu les personnes non-équipées, et que c'est abstrait alors que j'aime les échanges de main à main) ni qu'il associe mon numéro de carte bancaire, mon identité et d'autres infos à un siège précis, infos qui seront connues par une tripoter d'acteurs techniques… Enfin, je trouve qu'attendre avant un site web est plutôt agréable. C'est un mec impatient qui écrit ça ! Ça permet de se vider l'esprit, de se préparer au spectacle, etc.
Quand tu n'as pas réservé, ça sert à rien de t'enregistrer sur la liste complémentaire. Tu pourras acheter les places seulement quand tout le monde (ou presque) sera entré dans la salle de spectacle. Donc, tu auras une place pas top : dans les escaliers, angle mort avec la scène, etc. De plus, quand tu arriveras dans la salle, le spectacle aura souvent commencé.
Au guichet de certains théâtres (et autres lieux de représentation), il est possible d'acheter directement ta place pour une date future sans réservation préalable. Je parle bien d'une vraie place, pas d'un ticket échangeable le jour J. Normalement, elles sont mise en vente en présentiel 45 minutes - 1 heure avant le début de la représentation. Néanmoins, on m'a vendu une place pour une représentation qui avait lieu deux jours plus tard dans un cas, et une semaine plus tard dans un autre cas. J'ai aussi essuyé des refus ("en vente 1 heure avant uniquement"). Bref, il ne faut pas hésiter à demander…
Je constate que les gens assistent à des spectacles engagés. Exemples : la salle qui accueillait une représentation du Discours de la servitude volontaire peut contenir 49 personnes et elle a été complète tous les jours. Plus d'un millier de personnes ont donc assisté à ce spectacle. Même chose pour un spectacle de vulgarisation de raisonnements philosophiques dont la salle peut accueillir 149 personnes. Ça permet de nuancer l'idée reçue selon laquelle les gens voudraient seulement consommer du divertissement.
Dans les banalités, je me suis fait reconnaître par des artistes. Forcément, assister à deux de leurs spectacles deux années de suite… :D
À l'année prochaine ?