Grmbl. Ce bout de texte est... Voyons... De travers. Bien entendu que c'est un jeu, figurez-vous !
Parce qu'en fait, soit c'est un jeu (la ritualisation des conflits, pour pouvoir les traiter autrement que par la lutte armée), soit il faut faire la guerre. Alors, oui, faire une manif avec des banderolles, c'est un jeu. C'est une forme rituelle du conflit, qui permet d'exprimer le conflit autrement que par la violence physique et la lutte armée. Évidemment que c'est un jeu, et c'est très bien que ce le soit. C'est une convention sociale. On dirait que tu ferais une manif pour montrer que t'es pas content, et on dirait que je ferais très attention à ton mécontentement, pour que surtout le conflit rituel ne devienne pas un conflit réel.
Toute la question est de savoir qui a cessé de respecter cette convention sociale. Et donc a rendu le traitement rituel du conflit impossible. Et donc a forcé le conflit à redevenir ce qu'il est : un conflit. Qui a cessé d'écouter les manifs d'un "C'est pas la rue qui gouverne" ? Bien entendu que les manifs Bastille-Nation, c'était un jeu. Tant que tout le monde jouait le même jeu, selon les mêmes règles, ça pouvait fonctionner. Sitôt qu'un des deux camps ne respecte plus les règles, ça redevient un conflit. Et c'est dangereux. Nous avons besoin de ritualiser les conflits. Et le respect de ces rituels, c'est la garantie que notre société peut fonctionner sans qu'on se foute sur la gueule. Manifestement (ah ah), ça ne fonctionne pas.
Si ça se trouve, c'est ce qu'explique Lordon dans les phrases qui suivent, d'ailleurs. Mais être outré de constater que c'est un jeu, c'est... terrifiant. Parce que ça veut dire qu'on trouve que seule la violence et la peur sont légitimes comme outils de lutte. Pour ma part, je suis hyper favorable au jeu. Si tout le monde joue le même. Ce qui en fait un jeu sérieux.