C'est la nouvelle façon de faire le trottoir et de racoler le consommateur : des carrés de pub peints au pochoir. Tu m’achètes, chéri ? Au lieu de marcher le nez en l’air, le nouveau citadin avancera les yeux rivés au sol. Et tant pis pour son temps de flânerie disponible. Publié le 24 décembre au « Journal officiel », signé par cinq ministres, un décret gouvernemental désigne Bordeaux, Lyon et Nantes comme villes où seront expérimentés, pour une période de dix-huit mois, les « marquages publicitaires éphémères au sol »**.
Lyon applaudit, Nantes et Bordeaux protestent et dénoncent l’invasion de cette « pollution visuelle ». Les promoteurs de ces « graffitis propres » répondent que les marquages, faits au pochoir avec de la peinture biodégradable, sont écolos à 100 %. Un fils de pub s’indigne, dans « Le Parisien » (30/12) : « Si les élus combattent la publicité [sur la chaussée] , qu’ils l’interdisent dans tous les espaces pu- blics. » Chiche ?
La guérilla urbaine s’annonce sans pitié. Des mini-ZAD de 2,50 m², inspirées de Notre-Dame-des-Landes, vont—elles pousser sur nos trottoirs pour empêcher la pub d’y atterrir ? Maire de Bordeaux, Juppé se voit bien en Lider maxime de la résistance. Quant à Nicolas Hulot et à Gérard Collomb, ministres signataires du décret, s’ils persistent dans leur politique à la petite semelle, ils risquent le supplice des plumes et du goudron. Les plus radicaux des opposants pourraient même utiliser les chiens : après le caniveau, apprenez—leur la pub de trottoir.
Pffff… On n'y échappera pas… Trottoirs. Toilettes. Pub qui nous espionne… Tout pour nous vendre des merdes qui nous servent à rien. Tout pour nous voler notre temps (de pensée, de flânerie, etc.). :(
Dans le Canard enchaîné du 3 janvier 2018.