À trop vouloir prendre des mesures symboliques, le retour au réel est parfois brutal. Les trois taxes (sur les yachts, les voiture de luxe et les biens précieux) votées à l’été 2017 pour compenser la (quasi-)suppression de l’ISF (3 milliards en moins pour les caisses de l’Etat) ne rapportent que des queues de cerise. Le rapporteur du budget à l’Assemblée, Joël Giraud (LRM), fidèle partisan de ces taxes, vient d’en faire la constatation dans son rapport annuel.
La surtaxe sur les yachts de plus de 30 mètres immatriculés en France n’a ainsi permis de ramasser que… 86 700 euros. Soit 115 fois moins que les 10 millions escomptés. Il faut dire que seuls sept navires naviguent sous pavillon français. Et que seuls deux des propriétaires de ces navires poussent le patriotisme jusqu’à acquitter la taxe, les cinq autres refusant mordicus de payer. Et même s’ils réglaient leur facture fiscale, ils ne paieraient que 225 000 euros. Soit 40 fois moins que le montant prévu lors du vote de la taxe !
C’est un peu mieux pour les 3 387 véhicules assujettis à la « taxe additionnelle sur les voitures sportives », qui ont rapporté 15 millions d’euros, soit la moitié de ce qui était escompté.
Quant à la « taxe sur les biens précieux » (lingots, pierres précieuses, etc.), elle est apparemment passée aux oubliettes.
Vite, un avis de recherche !
Tout est génial dans cet article : suppression d'une taxe ; ajout de nouvelles taxes inapplicables et invérifiables qui ne rapportent rien, ce qui contribuera à l'accroissement des inégalités et à des coupes budgétaires dans les services publics pour rééquilibrer le truc ; nos élus font mine de découvrir que les riches immatriculent leurs bateaux de plaisance à Malte et autres lieux arrangeants alors que c'est connu du grand public depuis plusieurs années ; des riches qui refusent de payer une taxe, fut-elle idiote… je peux refuser de payer certaines taxes de mon choix, moi aussi ?
Dans le Canard enchaîné du 31 juillet 2019.