Une entrevue vieille de plus de 6 mois dont je n'avais pas compris la valeur lors de ma première écoute. J'en recommande le visionnage.
Extraits retenus :
- Samuel Huntington, prof de sciences politiques américain ultralibéral a remis, en 1975 un rapport sur la démocratie à la commission trilatérale qui réunit les élites économiques américaines, européennes et asiatiques. Il y écrit que le risque d'alors est que les peuples ont tendance à prendre la démocratie au sérieux, à prendre leur pouvoir au sérieux. Or, si les peuples prennent la démocratie au sérieux, les élites ne peuvent plus gérer les affaires publiques. Donc, ce qu'il convient de faire, c'est d'installer une apathie politique. Rien de nouveau, les Seigneurs et les Rois ont toujours occupé leur Peuple avec des jeux, des tavernes, des loisirs, des festins et des récompenses. La Boétie documentait déjà cela au 16e siècle. Et, en effet, on constate que depuis 40 ans la résignation, l'abstention, l'indifférence au destin commun, le sentiment de ne pas pouvoir agir sur notre sort à tous, est en forte hausse. Être résigné tout moou-mou, c'est être complice des élites qui prônent la mondialisation économique ? :D ;
- Dans les combats sociaux, il faut rendre visible ce qui est invisible. Exemple : quand Ruffin montre une photo de la résidence suisse du PDG de Whirlpool à des employés de Whirlpool qui, durant leur grève pour tenter de sauver leurs emplois, expliquent que c'est les immigrés qui les mettent au chômage, la force de l'image les fait réfléchir : qui leur prend réellement leur emploi pour augmenter les profits alors qu'il semble déjà avoir plus qu'il n'en faut pour vivre ? ;
- L'égalité est plus saine pour tous, y compris pour les riches, car l'inégalité est un facteur de stress : peur de voir ce qu'on a acquis être détruit, peur de se faire lyncher d'où la mise en œuvre de coûteux moyens pour s'isoler, ce qui provoque un isolement entre riches qui rend aveugle, d'où la vision de gens plus pauvres, donc des gens qui ne leur ressemblent pas, les oblige à se situer constamment par rapport à ça, à faire en permanence un examen de conscience, ce qui est anxiogène ;
- La loi sur les fausses informations est un foutage de gueule. Macron s'occupait des affaires de Lagardère lorsqu'il travaillait à la banque Rothschild (vente de médias). Il a continué à s'en occuper depuis l'Élysée sous Hollande (Airbus). Conséquence : les médias Lagardère servent la soupe à Macron durant la campagne présidentielle. Une loi pour empêcher ça est-elle envisagée ? Bien sûr que non ! À l'aube d'un licenciement massif chez Carrefour, Le Parisien, propriété de Lagardère, titre « L'homme qui va révolutionner la grande distribution », un article sur Bompard, le PDG de Carrefour dont Lagardère est un gros actionnaire… Lagardère fait sa promotion dans son journal. Une loi pour empêcher ça est-elle envisagée ? Bien sûr que non ! ;
- Dire qu'il y a des lobbies, c'est se tromper, c'est dire qu'il y a des politiques intègres d'un côté et des méchants lobbies corrupteurs de l'autre qui les détourneraient de leurs nobles pensées. Non. lobbies et pouvoir ne font qu'un, donc il n'y a pas de lobbies. Macron est l'exemple de ça : membre de la commission Attali, salarié de la banque Rothschild, haut fonctionnaire, copain de Weinberg, PDG de Sanofi (Depakine, fermeture d'un laboratoire flambant neuf pour raison de rentabilité, pollution des sols à Mourex, etc.), liens d'affaires avec Lagardère, etc. Macron baigne dans ce milieu-là, il vit avec ces gens-là, il lui semble donc naturel d'œuvrer en faveur de ces gens-là qui constituent son interprétation de la réalité ;
- Intérêt de la collapsologie : faire mûrir des idées et des pratiques qui ne prennent pas dans la société actuelle afin qu'elles soient prêtent lors d'une prochaine fenêtre de tir / d'opportunité qui découlera d'une nouvelle chute du système actuel. Si cette chute a lieu alors que nous n'avons rien préparé, alors rien de nouveau n'émergera, car il sera trop tard pour concevoir des alternatives et en diffuser l'idée ;
- La révolution française est-elle une révolution bourgeoise ? Dans son résultat, oui, mais pas dans sa dynamique. Afin de contester le pouvoir royal et celui de l'aristocratie, la bourgeoisie s'est alliée au peuple. Ce ne fut pas le cas en Angleterre où la bourgeoisie s'est alliée avec l'aristocratie. Ce qui a fait la différence, c'est la réaction de Louis XIV face à la fronde. Il a vu l'alliance entre les nobles et la bourgeoisie. Il lui fallait œuvrer pour casser cette alliance. Il a construit Versailles afin d'extraire les nobles de leurs demeures bourgeoises de Paris et de les amener sous sa tutelle. Il a imposé un style vestimentaire (avec des perruques, des beaux habits) coûteux afin de lancer une mode qui a poussé les nobles à s'endetter donc à être sous sa coupe. Quand la bourgeoisie veut davantage de pouvoir, elle ne peut pas s'allier à l'aristocratie qui est de mèche avec le roi. Pour former une alliance, il lui reste donc le peuple… avant de le trahir ?
- La démocratie n'existe pas, elle se fait exister par des actes quotidiens : Relayer des informations, écrire, défendre un collègue, etc.