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  • L’Incroyable Histoire du pacs

    Le Pacs a 20 ans. Origines : les militants gays voulaient préserver la protection sociale et le maintien dans le logement pour le conjoint d'un défunt du sida en vogue à l'époque. Le RPR est contre. Le PS est plutôt contre. Toubon (le Défenseur des Droits actuel), la députée Boutin (et oui…) et Chirac femme s'y opposent. Le Grand Remplacement homosexuel agité à l'époque n'a pas eu lieu : 96 % des Pacs portent sur un couple hétéro. La seule critique pertinente du Pacs qui demeure encore est que, contrairement au mariage, il n'impose pas un engagement dans le temps, un soutien mutuel, etc.

    (critique du livre L'Incroyable Histoire du pacs écrit par Patrick Bloche, Jean-Pierre Michel et Denis Quinqueton (Kero))

    Il y a vingt ans était promulguée la loi créant le pacs (pacte civil de solidarité). C’est peu de dire que son accouchement fut long et douloureux : huit ans de polémiques, de diatribes homophobes et d’hystérie bienpensante.

    En 1991, des militants gays lancent l’idée d’un contrat d’union civile, alors que les ravages du sida laissent de nombreux concubins sans guère de protection sociale et sans droit au maintien dans le logement du compagnon disparu. Comme le rappellent les auteurs (trois socialistes), le PS va réserver un accueil fort frileux à cette proposition, au point de déserter l’Assemblée en 1998 pour laisser à l’opposition le soin de rejeter un premier projet. Finalement, le pacs sera voté en 1999, avec l’appui du Premier ministre, Lionel Jospin.

    La droite et l’Eglise vont se déchaîner. Qui se souvient de Jacques Toubon, garde des Sceaux, déclarant en 1995 que « l’ordre public s’oppose » au pacs ? de Christine Boutin brandissant la Bible depuis son banc de députée ? de Bernadette Chirac s’enflammant contre le « risque d’une banalisation du couple homosexuel » ? Aujourd’hui, c’est le pacs qui est banalisé : il concerne à 96 % des couples hétéros.

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 16:22:28 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?hwNe-Q
  • Le Crémieux est l’ami du bien

    En 1870, deux décrets accordent la nationalité françaises aux juifs et aux musulmans résidant sur le territoire algérien. En 1940, les Français d'Algérie non-juifs, plutôt pro-Maréchal, appliquent la loi sur le statut différencié des juifs et obtiennent, de Vichy, par la plume de Peyrouton, ministre de l'Intérieur de Laval, la fin d'un des décrets, celui accordant la nationalité aux juifs d'Algérie, dit décret Crémieux.

    (critique du livre L'Année des dupes, Alger 1943 écrit par Jacques Attali (Fayard))

    Surtout, détourner le regard, oublier ce passé qui, sinon, ne passerait pas — d’ailleurs, a-t-il même existé ? C’est évident, on parle bien peu de ce qui s’est déroulé en Algérie pendant l’Occupation, surtout de novembre 1942 à novembre 1943. Quel zèle ! Car on est passionnément, furieusement maréchaliste, à Alger, durant ces années sombres.

    Dès le vote de la loi « portant statut des Juifs », celle-ci est aussitôt appliquée, et avec la plus grande fermeté, en Algérie avant même sa publication, trois semaines plus tard. Sans aucune demande du Reich. Comme l’expliquera l’historien américain Robert Paxton, « c’est Vichy qui subit les pressions d’Alger, et non l’inverse. En particulier, les Français d’Algérie (non juifs) font pression sur Vichy pour obtenir ce dont ils rêvent depuis soixante-dix ans : l’abrogation du décret Crémieux ». Voté en 1870, ce célèbre décret accorde la nationalité française aux Juifs d’Algérie. Il passe mal, ce décret, il gratte, il démange. Dès 1871, on tente de l’abroger. Le 8 octobre 1940, c’est chose faite. Les Juifs d’Algérie redeviennent des « indigènes », ce que, pour certains, ils n’auraient jamais dû cesser d’être.

    Le décret est de nouveau aboli en 1943 ! De Gaulle, à la tête du Comité français de Libération nationale, décide de republier le fameux décret… sans donner de date. Les « Israélites » n’ont qu’à attendre. Jusqu’à octobre 1943, date de son rétablissement.

    Derrière l’incroyable double abrogation du décret Crémieux, on trouve le même homme, Marcel Peyrouton. Acquitté par la Haute Cour de Justice en 1948, ce haut fonctionnaire du ministère des Colonies, ministre de l’Intérieur de Laval, résident général en Tunisie, puis au Maroc, a fini ses jours peinard à Saint-Cloud en 1983. Il a pris grand soin à la rédaction de ses Mémoires, pour l’édification des jeunes générations. Tranquillou.

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 16:08:26 2019 - permalink -
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  • Baisse prévue des effectifs à la DGCCRF, à la DGAL, à l'agence de l'environnement, aux agences de l'eau, à l'agence pour la biodiversité, etc.

    Le projet de loi de finances 2020 prévoit 1 073 suppressions d'emplois dans les administrations qui dépendent du ministère de la transition écologique : Météo France, agences de l'eau, agence de l'environnement, office pour la biodiversité, etc. Les syndicats calculent une baisse supplémentaire des effectifs de 5 % jusqu'à la fin du quinquennat. Qui pour piloter la transition ? Qui pour s'occuper des parcs nationaux ? Externalisation / privatisation. Le même projet de loi prévoit 274 suppressions d'emplois à la DGCCRF et 213 à la direction de l'alimentation alors que leurs effectifs respectifs ont déjà fondu de 20 % et de 11 % sur les 10 dernières années. Le nombre de contrôles sanitaires a diminué de 24 % sur la même période. Bref, la protection du consommateur et l'environnement ne sont toujours pas prioritaires.

    On pourrait commencer par ranger le bazar. La DGCCRF et la DGAL ont des périmètres communs (lait en poudre = DGCCRF, lait liquide = DGAL). Il serait sain et efficace qu'une même agence gère l'intégralité de ces périmètres communs. Il faudrait aussi ranger les DDCSPP, agrégation des Fraudes, des vétos et de la jeunesse créées par le gouvernement Fillon : il faudrait instituer une même autorité de tutelle et rétablir l'autorité de la DGCCRF en région afin de renforcer ce protecteur des consommateurs.


    Le ministère de l’Ecologie en voie d’extinction ?

    La preuve que, désormais, « priorité est donnée à l’action écologique », c’est que, l’an prochain, le budget du ministère de la Transition écologique va augmenter, selon Elisabeth Borne, de 831 millions d’euros. Soit 2,6 % en plus. Beau geste, sauf que personne ne sait vraiment si ces sommes supplémentaires serviront la transition écologique (« Libération », 4/11). Pire : en même temps, le gouvernement prévoit d’y supprimer 1 073 emplois — d’après le projet de loi de finances 2020 publié le 27 septembre…

    Vent debout, les syndicats du ministère notent que, « depuis cinq ans au moins », le ministère écolo subit des réductions d’effectifs. Francis Combrouze, de la CGT : « Nos services deviennent exsangues. » Et de prédire, à ce rythme, l’« extinction » du ministère. On n’y est pas encore, mais les syndicats (CGT, FO, CFDT et SNE-FSU) ont calculé que, d’ici à la fin du quinquennat, 4 961 postes supplémentaires seront supprimés, soit 5 % des agents de l’Etat et des établissements publics dépendant du ministère.

    « L’écologie, ce n’est pas un service public mais une politique publique, se défend Bercy. Ce qui compte, ce n’est pas tant le niveau d’emploi que le budget » (« Le Monde », 13/9).

    Et, bien sûr, une politique public se met en œuvre toute seule, sans pilotage et sans petites mains. :))))


    Les syndicats du ministère, qui multiplient les actions depuis le printemps (manifestation, débrayage, rassemblement festif, die-in, pétition, etc.) et qui pourraient appeler à une nouvelle journée de mobilisation le 5 décembre, y voient, quant à eux, « un “verdissement” libéral » : « L’expertise technique, la connaissance et les données sont autant de marchés qui intéressent le privé. » Et d’ajouter que « la sous-traitance et le recours croissant à des contrats précaires deviennent la réponse aux problèmes d’efiectifs ».

    Comme partout dans le public. Et, oui, c'est un problème.


    D’un côté Météo-France vient d’acquérir un « supercalculateur » pour 144 millions d’euros, de l’autre on va lui supprimer près de 500 emplois dans les trois prochaines années, disent les syndicats. Le climatosceptique Trump, font-ils remarquer, « en supprime “seulement” 250 à l’agence météo US ». Les six agences de l’eau, quant à elles, en perdront 200. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, 75. Le futur Office français pour la biodiversité (DFE), qui naîtra le 1er janvier de la fusion entre l’Agence française pour la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, sera amputé d’au moins 60 postes d’ici à trois ans. N’en jetez plus ! Conséquence, parmi d’autres, de ces coupes claires : un 11e parc national, de 240 000 ha, vient d’être créé, à cheval entre la Champagne et la Bourgogne, alors que les effectifs des parcs nationaux, rattachés à l’OFB, resteront constants l’année prochaine. Il se gérera tout seul ?

    Dans une circulaire adressée l’an dernier à ses ministres et aux préfets de région, Edouard Philippe clamait que le rôle de l’Etat devait être réaffirmé, notamment en articulant ses missions relatives à l’environnement avec celles des collectivités et des opérateurs « de manière plus efficiente ». C’est bien connu : plus on vire les gens, plus on est « efficient »…


    Les Fraudes ne sont pas dans leur assiette

    Les agents de la Répression des fraudes, chargés notamment de veiller sur la sécurité de notre assiette, vont bientôt savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Depuis la mi-avril, trois Inspections générales, celles des finances, des affaires sociales et de l’intérieur, planchent sur une réorganisation des contrôles sanitaires. Le rapport visant à tirer les leçons de l'affaire Lactalis aurait dû être déposé il y a un mois déjà sur le bureau des ministres. Mais l'objectif affiché de remettre a plat les contrôles pour améliorer la sécurité du consommateur s'est transformé en lutte de pouvoir entre la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui dépend de Bercy, et la Direction générale de l’alimentation DGAL), pilotée par le ministère e l’Agriculture. Chacune défendant bec et ongles son pré carré.

    Prenez le contrôle du lait : la DGAL le surveille lorsqu'il est sous forme liquide la DGCCRF quand il est en poudre. Ce qui explique en partie pourquoi les services de l'Etat chargés es contrôles dans le dossier Lactalis se sont noyés dans un verre de lait. Pour bien compliquer les choses, le gouvernement Fillon a mis sur pied en 2009 une machine de contrôles d’une complexité unique au monde. Cocorico ! Depuis cette date, en effet, au niveau des départements, les Fraudes, les services vétérinaires et les inspecteurs de la Jeunesse et des Sports sont tous mélangés dans un même bouzin à l'acronyme imprononçable : DDCSPP, pour « Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations ». Résultat, les agents départementaux des Fraudes, même s'ils restent payés par Bercy, ne dépendent plus de la DGCCRF mais des préfets, tandis que leurs collègues vétos, rémunéres par le ministère de l'Agriculture, relèvent toujours, eux, de la DGAL, via un échelon régional, le SRAL… Comprenne quu pourra.

    Pour couronner le tout, les effectifs fondent comme motte de beurre au soleil. Ces dix dernières années le nombre de contrôleurs s'est affaissé de 11 % à la DGAL et de 20 % à la DGCCRF. Avec à la clé une dégringolade de 24 % des contrôles alimentaires réalisés par l’Etat. Qu'à cela ne tienne, dans son projet de loi de finances pour 2020, actuellement en discussion au Parlement, le gouvernement prévoit de supprimer 213 emplois à la DGAL et 274 à la DGCCRF… Bon appétit !

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 15:50:59 2019 - permalink -
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  • Piscine à ”débordements" pour la députée LRM

    Comment prolonger facilement sa parcelle de terrain avec un terrain public réservé ? Demander un permis de construire pour une piscine qui dépasse sur la parcelle désirée, ne pas s'assurer de la non-opposition, puis demander une régularisation au Conseil municipal dont on est membre en plus d'être députée.

    Le conseil municipal de Nîmes va, le 16 novembre, se prononcer sur une épineuse question : la vente à Françoise Dumas, membre du conseil en question et députée LRM du Gard, d’une parcelle de 323 m² appartenant à la ville. Le but ? Régulariser une situation devenue fort gênante pour l’élue, patronne de la commission de la Défense à l’Assemblée…

    Le maire a retiré ce point de l'ordre du jour.


    L’emprise de sa piscine, construite à côté de son domicile nîmois, déborde en effet, sans autorisation, sur un terrain municipal.

    En mars 2012, Dumas, alors conseillère régionale (PS), depose une demande préalable pour la « construction d’une piscine traditionnelle enterrée de 12 x 3 mètres » avec local de 3 m² et « plage » de béton de 50 m².

    Malgré le refus de la ville, la députée lance ses travaux quelques mois plus tard… au-delà, donc, de sa propriété. Aujourd’hui, elle tombe des nues : « Vous m’apprenez l’existence de ce refus, je n’ai reçu aucun courrier. Dans le contexte de la campagne législative qui me mobilisait alors, les travaux ont été engagés sur la base de la déclaration demandée. » Et de reconnaître, après coup, « un manque de diligence », tout en pointant une négligence de la ville, qui, à l’en croire, n’aurait pas effectué de « bornage délimitant les deux propriétés ». La ville passe les bornes…

    À sa décharge, le droit à un permis de construire tacite (sans réponse de l'administration pendant 2 mois) est troué par plein d'exceptions. Mais nulle n'est censée ignorer la loi. Au Canard, elle dit découvrir l'existence de ce refus. Dans un autre journal, elle déclare en être informe depuis 2017… Méga crédible.


    Le conseil municipal du 16 novembre est donc prié d’écluser tout ça… Un comble, quand on sait que le terrain de la ville victime de l’empiètement de Françoise Dumas était classé « emplacement réservé » pour accueillir un réservoir d’eau ! A usage collectif ou privé ?

    Du moment que personne n’est mouillé…

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 14:09:25 2019 - permalink -
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  • Cinq centimes pour le fisc !

    Comment ne pas légalement payer les frais d'enregistrement (inclus dans les frais de notaire) lors d'une vente immobilière ? Racheter la SCI qui possède le bien immobilier pour 1 € symbolique. Payer les droits d'enregistement sur cet euro. Verser le reste du prix du bien en prétendu remboursement de créances. Égalité devant l'impôt, qu'ils disent… Il y a des personnes plus égales que d'autres, rétorquerait Coluche.

    La vente par les Saoudiens, pour 9,3 millions d’euros, du château Rothschild aux Français de Novaxia a donné lieu au paiement au Trésor de droits d’enregistrement de… 5 centimes. Au lieu des 465 000 euros normalement exigibles au taux de 5 %, sur le prix de cession.

    Pour réaliser ce miracle légalement, Novaxia a d’abord acquis pour un euro symbolique la société Jogo, qui possédait le château, et les droits ont été réglés sur cette maigre base. Puis la société française a versé les millions manquants à une boîte luxembourgo-hollandaise, assurant qu’il s’agissait là d’un « remboursement de créances » du même montant (qui n’était, lui, nullement taxable).

    Simple, efficace et imparable…

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 13:46:49 2019 - permalink -
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  • Macron, nouveau parrain d‘un quotidien régional

    À Rouen, le candidat LREM aux municipales, Jean-Louis Louvel, utilise le journal Paris Normandie dont il est le patron, le club de rugby local dont il a pris le contrôle et sa société commerciale afin de verdir sa façade et tacler les candidats concurrents. C'est du propre… Ça se range avec les rachats de Nice-matin et d'Azur-TV pour, semble-t-il, des motifs électoralistes.

    Un patron de presse peut-il s’engager en politique sans nuire à l’image de sa publication ? Non, a répondu Frédérick Cassegrain, le directeur de « Paris Normandie » — le quotidien régional hégémonique à Rouen. Mauvaise pioche : la semaine dernière, le propriétaire du journal l’a viré sans ménagement. Jean-Louis Louvel, qui a pris le contrôle de « Paris Normandie » en 2017, s’est en effet senti pousser des crocs au début de l’été. Objectif : chiper la mairie de Rouen au maire socialiste sortant. Fin août, Louvel a obtenu l’investiture de LRM.

    Galeries la Palette

    Cette allégeance au parti macroniste ne l’a pas empêché de se dépeindre, le 29 août, comme le grand défenseur de l’indépendance de la rédaction. « Mes journalistes (sic) ne peuvent pas être plus libres qu’ils le sont maintenant », affirmait-il à un site local, avec ce sens de la propriété fleurant bon la Normandie de Maupassant.

    Il évoquait aussi « ses » salariés d’une boîte de fabrication du palettes et, surtout. « ses » joueurs du club de rugby de Rouen, dont il a également pris le contrôle. Utiliser ce club pour ferrailler, via les colonnes de « Paris Normandie », avec les maires de gauche de l’agglomération rouennaise ? Pas de ça chez lui ! Ce même 29 août, il assurait qu’il plaquerait bientôt ses fonctions ovalistes, histoire de ne pas tomber dans un vulgaire conflit d’intérêts.

    Cadrage-dêbordement deux mois plus tard : le patron de « Paris Normandie », Jean-Louis-Louvel, offre une pleine page à Louvel Jean-Louis, le rugbyman. Lequel tape sur le maire communiste d’une cité de la communauté d’agglomération Rouen-Métropole, dont il convoite aussi la présidence. L’insolent avait refusé d’engager sa commune de 2 500 habitants dans la construction d’un stade de rugby neuf, de 10 000 places assises et couvertes. Entre patron de presse, président de club et candidat macromiste, il faut bien s’entraider…

    Et, surtout, ne pas oublier le riche fabricant de palettes ! Celui-ci lancera ces prochains jours une opération consistant à planter des arbres. Ce projet écolo, qui valorisera le candidat à la mairie, sera porté par le journal. Les chanceux lecteurs de « Paris Normandie » vont pouvoir, avant les élections, admirer régulièrement la binette de Louvel dans leur quotidien favori. Les journalistes chargés de couvrir les municipales vont se régaler.

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 13:36:12 2019 - permalink -
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  • Delevoye et Pénicaud, double peine pour les retraités et les chômeurs

    La réforme des retraites prévoit que chaque année de cotisation compte, plus seulement les 25 meilleures années. Les chômeurs indemnisés devraient (c'est même pas sûr) cotiser des points de retraite. Sauf que la réforme 2019 de l'assurance-chômage rabote les périodes d'indemnisation et le nombre de bénéficiaires (depuis le jour de l'entrée en vigueur, 850 000 chômeurs ne devraient plus percevoir leur allocation), donc, avec la future réforme des retraites, les chômeurs cotiseront moins pour leur retraite. Je note que les malades et les parents ne bénéficieront pas du tout de points de retraite. ÉDIT du 02/12/2019 À 14 H 05 : le rapport Delevoye a toujours prévu l'attribution de points de retraite aux parents et aux personnes invalides ou malades. Au temps pour moi. FIN DE L'ÉDIT.

    Je mets à jour ma liste de griefs contre la réforme des retraites :

    • une perte de revenus pour les retraitées reconnue par le gouvernement puisque la part de PIB allouée sera constante, ce qui implique moins de retraités (la démographie dément cela) ou une croissance économique infinie (c'est physiquement impossible, la Terre a des limite finies) ou un prétendu équilibrage en rognant sur les prétendus privilèges (c'est un mensonge puisque le gouvernement envisage de pilier les régimes de retraite excédentaires afin d'équilibrer temporairement le système issu de sa réforme, donc la fin des privilèges est insuffisante) ou de diminuer les pensions de retraite ;

    • décaler l'âge de départ à la retraite à 69 ans. Quel est l'intérêt ? C'est quand qu'on arrête ?. Des mi-temps (ou autre quotité, avec ou sans salaire de base, etc.) permettraient de gérer le fait que, dans le futur, il y aura moins de travail (automatisation, utilité sociale, écologie, blabla) ;

    • vider le bas de laine des complémentaires vieillesse du privé et des commerçants/artisans, c'est-à-dire dérober les cotisations versées jusqu'alors ;

    • entretenir le mythe de régimes déficitaires alors qu'ils sont excédentaires, voir point précédent. C'est tout aussi faux que de dire que l'assurance-chômage et la sécurité sociale sont déficitaires à cause des chômeurs et des malades ;

    • créer et maintenir un système déficitaire en supprimant toute forme de péréquation, ce qui permettra de justifier de nouvelles coupes sombres. Les hauts-salaires ne cotiseront pas au régime de retraite unique, mais auprès du privé, ce qui est la porte ouverte aux fonds de pensions et aux marchés financiers à la stabilité… fluctuante.


    C'est l’une des angoisses des syndicats, et peut-être un casus belli : la future réforme risque de répercuter sur les retraites l’intégralité des accidents de carrière. Jusqu’ici, le régime général calculait les pensions sur les vingt-cinq meilleures années. Les débuts de carrière chaotiques (petits boulots, périodes de chômage, etc.) et les imprévus (maternité, licenciement, maladie) pouvaient donc être neutralisés dans le calcul de la période de cotisation.

    Avec le système par points, cet escamotage des « jours sans » n’est plus possible. Les points, en effet, sont attribués pour toutes les années, bonnes ou mauvaises. Histoire d’apaiser les craintes des syndicats, Jean-Paul Delevoye a donc prévu un petit correctif : l’appel à la solidarité nationale. Des points gratuits pourraient être attribués pour les périodes perturbées, et pour le principal fléau, bien sûr : le chômage.

    Mais il y a un hic : les points gratos dans ce dernier cas ne seront offerts que pour les périodes de non-emploi indemnisé ! Or la réforme Pénicaud de l’assurance-chômage, entrée en vigueur le 1er novembre, ratiboise considérablement les indemnisatiens. Et ce n’est pas exactement un détail.

    Gare aux nasses populaires

    Primo, la moitié des sans-emploi, soit 2 millions et demi, ne percevaient pas un fifrelin d’allocations avant la réforme Pénicaud de l’assurance-chômage. Deuzio, cette réforme va provoquer une véritable hécatombe parmi les « privilégiés » qui touchent une alloc : selon la simulation officielle de l’Unédic, 850 000 chômeurs ne percevront plus leur indemnisation et 710 000 verront leurs droits diminués. Et ce chaque année. Les « victimes » de la réforme vont donc être frappées par un sympathique effet double lame : la première va couper leurs allocations de chômage, la seconde amputer leur retraite.

    Pour les rescapés de cette double peine, une troisième lame — secrète — a été prévue : les caisses de retraite du régime principal (Sécurité sociale) et des complémentaires (Agirc-Arrco) disposaient jusqu’à présent d’un petit bas de laine de 750 millions, dans ,lequel elles pouvaient piocher afin de gérer les cas les plus douloureux. Cette réserve semble condamnée : l’Etat devrait s’embourber les 750 bâtons d’aide sociale.

    Ce ne sont pas des aides sociales, mais des cotisations, payées par les travailleurs !


    Mais il y a toujours les Restos du cœur…

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 13:24:10 2019 - permalink -
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  • Des barjots veulent mettre une ultradroite à Macron

    Le prétendu attentat contre Macron annoncé en novembre 2018 était un scénario exagéré. Deux membres du prétendu commando ont été libérés (mais ils restent mis en examen), le couteau en céramique et la cache d'armes se révèlent introuvables et les membres du prétendu commando ignoraient l'itinéraire de Macron ainsi que leur lieu de repli. Bref, il s'agit d'exictés, de grandes gueules, pas de terroristes. Ça n'empêche pas nos services de renseignement de continuer à revendiquer un millier d'activites d'ultradroite mélangés à des survivalistes (on met tout dans le même sac sans s'occuper des nuances… méga crédible, hein ?).

    Il y a moins d'un mois, on apprenait que Castaner avait (encore) parlé trop vite en affirmant que la France a échappé à son 11-Septembre…

    Deux illustrations supplémentaires qu'on ne peut pas faire confiance aux gouvernements, français ou américain même combat, quand ils annoncent avoir déjoués des attentats dans l'optique de faire adopter de nouvelles lois qui restreignent les libertés sans contrepartie.

    Tuer le Président, rien de moins ! Il y a un an tout juste, le 6 novembre 2018 au lever du jour, les poulets de la Direction générale de la sécurité intérieure tombent sur le paletot de quatre loustics. Un informateur a avisé les cadors du Renseignement que « des militants d’extrême droite étaient résolus à mener une action violente à l’encontre du président de la République ». Allez, hop ! au trou !

    A la clé, une retentissante mise en examen pour « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d’un ou de plusieurs crimes d’atteinte aux personnes ». En chœur, les médias annoncent « un nouvel attentat de l’ultra-droite contre le chef de l’Etat déjoué ». Las ! après un an d’instruction, les dangereux terroristes ne le sont plus vraiment. Deux des quatre membres du « commando » ont été libérés, et, au vu des éléments de l’enquête consultés par « Le Canard », le scénario macronicide se dégonfle. Un policier de haut rang l’admet : « Certes, les mecs reconnaissent être motivés par la haine de l’étranger, tout particulièrement des musulmans. Et il y a le début d’exécution de quelque chose. Mais à part ça… »

    Pas fine lame

    A part ça, le couteau en céramique qui devait servir d’arme du crime (histoire de tromper les portiques de sécurité) se révèle introuvable. Idem pour la cache d’armes datant de la dernière guerre mondiale : l’arsenal se résume à un vieux couteau de chasse trouvé dans la tiré d’un retraité soupçonné — c’est beaucoup dire — d’être le cerveau. La veille du prétendu attentat, les « terroristes » ignorent le trajet de la caravane présidentielle. Et n’ont aucune idée d’un « bunker de repli » d’où, après l’assassinat de Macron, ils auraient pu piloter l’« insurrection nationale » ! Comme l’a reconnu l’un de ces Pieds-Nickelés lors de sa garde à vue, ils n’étaient « pas prêts ». Faut pas être aussi dur avec soi-même…

    Fachos bouillants

    L’histoire est branquignolesque, mais n’a pas empêché les pouvoirs publics de la comptabiliser comme l’un des trois attentats d’extrême droite dejoués depuis 2017. Pourtant, la nébuleuse « néopopuliste » existe. « Faire de la com’ à des fins politiques sur le danger terroriste d’extrême droite, c’est banaliser un risque réel », déplore un chef enquêteur.

    Selon les services de renseignement, un millier d’activistes d’ultradroite sont actuellement fichés. Parmi eux, pensent les flics, 200 cintrés susceptibles de passer à l’acte. « Ce qui nous préoccupe, c’est le profil facho solitaire, poursuit le même poulet. Des adeptes de la tuerie de masse comme Anders Behring Breivik, en Norvège, ou Brenton Tarrant à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. » Le mois dernier, les gendarmes de Pau ont serré une petite dizaine de groupies du tueur norvégien, qui viennent d’être mis en examen pour apologie du terrorisme.

    Comme eux, sont particulièrement surveillés les survivalistes, ces « fanas mili » obsédés du treillis et de la gâchette fréquentant les clubs de tir sportif. Ce « terrorisme d’ultra-droite » attire davantage depuis 2015, précise un rapport parlementaire de juin 2019, et « cible les représentants des pouvoirs publics et les personnes de confession musulmane ».

    En un an, les services de renseignement ont vu surgir dans leurs radars une centaine de gilets jaunes radicalisés, susceptibles de commettre des attentats. Alors que la date anniversaire du début du mouvement approche, un groupe inquiète particulièrement la DGSI… Ces « ultrajaunes » sont racistes, anti-impôts, anticapitalistes et violents.

    Du jaune qui vire au brun. ..

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 12:27:13 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?LQqwhg
  • Jamais mieux Servier que par soi-même

    Au procès du Mediator, les experts défendant l'inocuité du coupe-faim sont rémunérés par Servier. Plusieurs d'entre eux ne savent pas ce qu'est la norfenfluramine, le principe actif du médoc' qu'ils défendent. Guignols.

    Enfin un peu de justice ! Après cinq semaines d’audiences accablantes pour Servier au procès du Mediator, des témoins en faveur du laboratoire ont défilé à la barre, la semaine dernière. Petite particularité ces témoins parfaitement objectifs étaient tous payés… par Servier ! Le laboratoire n’a pas trouvé de témoins gratuits ?

    Comme l’a raconté « Le Monde » (2/11), Charles Joseph-Oudin, l’un des avocats des victimes, s’est amusé à poser la même question à chacun de ces 11 experts au CV ronflant, venus pour la plupart… des Etats-Unis : « Combien avez-vous été rémunéré par Servier pour votre travail ? » L’une, spécialiste de l’obésité, affrétée de Bâton-Rouge, a empoché « 600 euros l’heure ». Une autre, spécialiste du diabète à New York, a eu droit à « 500 euros l’heure », soit 25 000 dollars au total pour « un rapport, la préparation et le témoignage ». Quant à Jean-Pol Tassin, ancien directeur de recherche de l’Inserm, il a touché « 300 000 euros » environ de Servier depuis 2011. Le talent n’a pas de prix !

    A la barre, tous ces experts de choc ont expliqué que le Mediator n’était même pas un anorexigène (un coupe-faim) et que Servier n’avait donc pas fauté en le laissant sur le marché quand les autres coupe- faim avaient été interdits, en 1997. Une thèse totalement démontée par les 700 pages de l’expertise judiciaire menée par des scientifiques indépendants. Mais nos pontes chouchous de Servier, eux, s’y connaissent beaucoup mieux.

    Quand la présidente du tribunal a projeté la photo d’une valve cardiaque abîmée par le Mediator, l’un d’eux a été incapable de reconnaître ce qu’il voyait… « Et plusieurs ne savaient même pas ce qu’était la norfenfluramine (le principe actif dangereux du Mediator) ! daube Me Oudin. C’était un peu ridicule mais très révélateur de ce que Servier a fait pendant des années, en payant des experts et des leaders d’opinion. »

    Vivement la suite du procès !

    Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

    Sun Nov 17 11:54:36 2019 - permalink -
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  • Caviarder un document PDF

    Parfois, j'ai besoin de caviarder un document stocké au format PDF.

    Je ne veux pas ajouter un calque noir par-dessus le texte existant, car, sinon, le texte dissimulé devient récupérable par un simple copier/coller avec n'importe quelle visionneuse de documents.

    Je convertis le fichier PDF en fichiers image (une image sera générée pour chaque page du document PDF) :

    convert -density 300 -quality 100 fichier_PDF.pdf fichiers_image.jpg

    Je n'utilise pas le format d'image png, car, sinon, le fond blanc d'un document est remplacé par de la transparence qui se concrétise par un damier dans la plupart des visionneuses d'images, ce qui rend illisible le texte…

    Le paramètre « -density 300 » permet d'obtenir des images exploitables (lisibles, contenu pas ultra-pixelisé, etc.).

    Je caviarde les fichiers image générés avec KolourPaint ou autre.

    Je convertis le(s) fichier(s) image en un unique fichier PDF (chaque image formera une page du PDF) :

    convert fichiers_image-0.jpg fichiers_image-1.jpg fichiers_image-2.jpg fichier_PDF.pdf

    Pour conserver la faculté de copier-coller le texte, on peut recourir à l'OCR. On peut aussi caviarder avec LibreOffice Draw (il faut supprimer des bouts de texte précis).

    Sat Nov 16 20:32:53 2019 - permalink -
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  • Mes notes concernant le numéro d'octobre 2019 du Ravi, journal satirique en PACA

    • Entreprise à but d'emploi. Société commerciale sans but lucratif dans laquelle les salariés sont des chômeurs de longue durée (> 1 an) en CDI payés au SMIC (1/3 provient des revenus de l'activité de la société, 2/3 proviennent de la réallocation de l'allocation chômage) qui travaillent à temps choisi par eux. Les activités exercées doivent avoir une utilité sociale pour le territoire (ateliers pour la maison de retraite, recyclerie, agroforesterie, nettoyage des sépultures, cantine, etc.). Il s'agit expérimentation menée sur 10 territoires depuis 2016. D'un côté, j'aime l'idée d'emplois socialement utiles. De l'autre, c'est un dispositif qui profite de la misère rampante et qui maintient la précarité… ;

    • Les journaux locaux en ligne (indépendants ou non) pourront profiter, dès 2020, de la manne que représente la publication des annonces légales (environ 200 millions d'euros par an). Ces annonces permettent de s'informer sur l'activité d'un territoire (création, modification, dissolution d'une association, ennuis d'une société commerciale, etc.). La sélection des journaux se fera par les préfets et non plus par une commission. D'un côté, la commission actuelle est composée d'éditeurs de presse qui n'ont pas forcément envie de voir entrer un concurrent. De l'autre, le préfet détiendra un moyen de mettre la pression sur le journal local… Comme avant cette entrée du web, des groupes bien établis pourront créer des structures opportunistes afin de capter une partie de cette manne. Exemples : actu.fs, émanation de Publihebdos, filiale du groupe Sipa-Ouest France ou annonces-legales.fr, site d'intermédiation pour trouver le journal d'annonce légale le moins cher, propriété des Échos, donc de LVMH :

    • En PACA, comme partout en France (j'imagine), à l'approche des municipales, plein de listes électorales s'affichent « citoyenne », « d'ouverture », « en commun / en partage », « pacte démocratique », « collectif citoyen ». Ça cause démocratie participative, débats mouvants, dialogue citoyen, assemblées de quartier, tirage au sort, bien commun, rassemblement non partisan, etc. Derrière, on retrouve des figures des partis traditionnels (Arles : le communiste Koubas, à Gardanne, le communiste Jorda a été investi par un collectif citoyen) et des vieux appareils locaux (milieux entrepreneuriaux, par exemple), lol. J'ai du mal à concevoir qu'il s'agisse d'autre chose que de marketing : il faut ces mots-clés pour être élu, alors on les met… Dans les grandes villes de PACA, La République En Marche dispose de plusieurs candidats (7 à Avignon, 4 à Marseille, 3 à Aix, 1 à Toulon, etc.). Dans les petites et moyennes villes, le parti peine à trouver des candidats (exemples : Apt, Arles, Monasque, Forcalquier, etc.) d'où des alliances UDI/MoDem/LR (comme à Brignoles) afin d'espérer remporter, ensuite, les sénatoriales.
    Wed Nov 13 20:28:24 2019 - permalink -
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  • Grèce. Face à la droite, les libertaires résistent

    Aube dorée, l'un des partis d'extrême-droite grecs a perdu ses députés au Parlement européen et certains de ses membres sont devant la justice (ce qui permet de découvrir, Ô surprise, la planification de ratonnades, d'embuscades et d'assassinats). Un nouveau parti d'extrême-droite est né : La Solution grecque. La droite a pris le pouvoir en Grèce. Elle semble être sur la même ligne libérale, anti-migrants et anti-gauchistes que feu Aube dorée. Les privatisations s‘accélèrent, le droit du travail est attaqué, les pétroliers (dont Total) ont eu le feu vert pour forer près des belles plages grecques au risque d'en réduire la fréquentation touristique. Un quartier auto-géré d'Athènes, Exarcheia, résiste aux foudres du pouvoir et aux expulsions de squats. Le mouvement anarchiste le plus célèbre du quartier pratique la destruction des fichiers de personnes surendettées, la reconquête de quartiers fascistes, le saccage des bureaux de promoteurs de la privatisation à tout-va, etc. Le gouvernement a fait modifier la loi afin d'appliquer l'étiquette terroriste à ce groupe anar.

    Le quartier Exarcheia, à Athènes, est l’épicentre de la résistance aux politiques économiques qui font des ravages. La droite tente d’étoufier ce souffle libertaire, en vain.

    Les législatives de juillet ont provoqué le départ de Tsipras, battu par le chef de la droite, Kyriakos Mitotakis, fils d’un ancien Premier ministre et oncle du nouveau maire d’Athènes. Le retour des dynasties politiques… Sur le plan économique, les privatisations s‘accélèrent, le droit du travail est attaqué, les régions sauvages sont données en pâture aux investisseurs : à l’ouest du pays et jusqu’en Crète, plusieurs sociétés pétrolières ont obtenu de fouiller le sous-sol marin pour positionner des plateformes en mer, à quelques kilomètres des côtes. Total et Exxon sont les grands gagnants de cette « tombola de la peur ». À Paleiochora, dans le sud-ouest de la Crète, Manolis participe à une mobilisation contre le projet : « Ils sont fous ! Faire ça aussi près des plus belles plages de Grèce, c’est risquer d’anéantir le tourisme, la première ressource de l’île ! Tout ça pour quelques dollars en plus! »

    La grosse affaire du nouveau gouvernement est surtout politique. Le Premier ministre a annoncé qu’il allait « nettoyer Exarcheia dès le premier mois ». Ce quartier rebelle du centre-ville d’Athènes, connu pour sa forte concentration de squats, est devenu le Katmandou des anarchistes en Europe, l’endroit où il faut aller un jour, la Mecque des athées désireux de détruire le pouvoir : 1 % de la population d’Athènes, mais de l’autogestion à tous les étages et une banderole No Pasaran qui barre l’une des rues. Pour réussir, Mitsotakis a recruté beaucoup de policiers, dont 2000 voltigeurs, et durcit la loi contre toute forme de rébellion, à commencer par l’usage de cocktails Molotov, passible de plusieurs années de prison ferme. Il faut dire que c’est une institution à Exarcheia, au point que le recyclage des bouteilles en verre est assuré localement. Certains s’amusent même à mesurer les distances en jets de cocktails Molotov. À un touriste cherchant un distributeur de billets, un anar répond : « Il n’y en a plus dans Exarcheia; depuis 2009, on les a tous brûlés. Mais vous en trouverez place Omonia, à cinq jets de cocktails Molotov d’ici. » Stupéfaction du touriste puis éclat de rire.

    « Pour l’instant, le gouvernement de droite est en échec, affirme Maria à la terrasse du K-Vox, un bar autogéré. Il prétendait que les vingt-trois squats d’Exarcheîa seraient évacués en un mois, et presque trois mois après, il n’a toujours pas réussi à virer tout le monde. » Pourquoi cet échec ? « La mobilisation est de plus en plus forte, les soutiens arrivent de partout, de nombreuses manifestations et actions ont eu lieu devant des consulats et ambassades de Grèce dans le monde entier. » À côté d’elle, Kostas, tout vêtu de noir, modère son propos : « C’est aussi pour ne pas gêner le tourisme. Le gouvernement attend peut-être novembre pour finir ce qu’il a commencé. »

    Dans la nuit, les opérations de surveillance animent le quartier. Devant certains squats, des anars et des réfugiés assurent ensemble les tours de garde. Au pied du Notara 26, il y a même des militants venus de France, de Suisse et de Belgique « pour soutenir Exarcheia et aussi pour refuser l’évacuation des migrants vers des camps surchargés et insalubres. » Maud pense qu’il s’agit d’un moment historique : « C’est une lutte internationale, avec des solidaires venus du Nord-Ouest et des réfugiés qui ont fui le Sud-Est. Nous vivons quelque chose de fort politiquement. L’enjeu n’est pas seulement Exarcheia et les réfugiés, mais aussi l’utopie à défendre, celle que veut faire disparaître le pouvoir dans l’imaginaire social. »

    Le groupe anarchiste le plus célèbre du quartier, Rouvikonas, du nom du fleuve Rubicon qu’il ne fallait surtout pas franchir dans l’Antiquité, est également dans le collimateur. Ce collectif fait beaucoup parler de lui pour ses actions coup de poing : destruction des fichiers de personnes surendettées, saccage des bureaux de privatisation du bien commun, interruption des négociations avec les dirigeants européens, ravalement du Parlement en rouge et noir… Rouvikonas ne cesse de faire rire, de réconforter et de recevoir le soutien de plus en plus de Grecs, même parmi les plus récalcitrants aux idées libertaires. Alors que ce groupe n’a jamais tué ni blessé personne, le gouvernement a décidé de modifier un article du code pénal (187A) pour le classer parmi les organisations terroristes. La levée de boucliers a été immédiate : plus d’un millier de Grecs et de solidaires d’autres pays se sont déclarés membres de Rouvikonas pour prendre la défense des membres réels et brouiller les pistes. Comme pour Exarcheia, le gouvernement est désarçonné : rien ne se passe comme prévu. Pour l’instant, David tient bon face à Goliath ! Jusqu’à quand ?


    Le crépuscule d'Aube dorée

    Le parti néonazi grec est en train de redevenir un groupuscule miteux. En 2014, il avait frôlé les 10 % aux élections européennes, son apogée, avant de retomber sous la barre des 3 % en juillet 2019, perdant ainsi tous ses députés au Parlement. Depuis, les démissions dans la hiérarchie se succèdent, parfois accompagnées de disputes à mourir de rire, et les locaux d'Aube dorée sont abandonnés comme des dominos. Seul reste encore le siège de l’avenue Diligiannis, non loin du quartier d’Agios Panteleimonas, autrefois le point de rendez-vous des fascistes d’Athènes. Mais, depuis 2013, les antifascistes du groupe Distomo épaulés par Rouvikonas ont réussi à reprendre ce quartier, rue par rue. Et puis, deux morts ont marqué les esprits en 2013 : celle du réfugié pakistanais Shehzad Luqman puis de l’antifasciste grec Pavlos Fyssas. Le procès qui se déroule depuis a mis en lumière, au fil des mois, le contenu profondément fasciste et nazi de l’organisation et sa nature criminelle dans sa façon de planifier ratonnades, embuscades et assassinats. Mais si Aube dorée est en train de disparaître, grillé dans les urnes, dans la rue et dans les tribunaux, le fascisme est toujours là. Un nouveau parti est né à l’extrême droite, un peu plus religieux et moins radical : La Solution grecque. Et surtout, beaucoup d’électeurs d’Aube dorée ont soutenu Mitsotakis et sont ravis de sa volonté de rafler les migrants d’Exercheia et de fermer les squats anarchistes et gauchistes. Lors de la première opération d’évacuation, le 26 août, des hommes parés d’insignes fascistes, notamment un tee-shirt de Defend Europe, ont été remarqués à côté des policiers. Le fascisme est toujours là. il a juste changé de masque.

    Dans le numéro d'octobre 2019 de Siné Mensuel.

    Tue Nov 12 23:48:33 2019 - permalink -
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  • Espagne : antispécistes séparatistes

    Quand les végans découvrent que la nature n'a pas la même morale qu'eux. Des poules se font violer par des coqs, la mante religieuse bouffe son plan cul après-coup, des animaux pratiquent la nécrophilie, des animaux se dévorent vivants entre eux, des substances naturelles tuent des animaux, oui, et ? Après, en effet, le problème était peut-être qu'il y avait trop de coqs dans le poulailler espagnol, mais ça ne change pas l'état de nature (ce qui se passe sans intervention humaine, sans poulailler)… Pour un collectif antispéciste et libertaire, c'est un peu dommage de considérer sa morale comme étant supérieure et de l'imposer aux autres espèces…

    Collectif « antispéciste, transféministe et libertaire » basé à Gérone, Almas Veganas a agité le Net espagnol en mettant en ligne une vidéo où il annonce séparer les poules des coqs « pour éviter qu’elles soient violées ». Face aux quolibets innombrables qu’il s’est attirés, il a mis en ligne une vidéo où l’on voit ce qu’il appelle des viols collectifs de poules par des coqs. Avec toute l’estime qu’on peut avoir pour la lutte des vegans contre l’élevage industriel, on voit aussi l’absurdité de la projection des catégories morales humaines sur les animaux : la notion de consentement mutuel est peu répandue chez eux. Et tout gallinophile sait que la seule manière de ne pas tuer ses poules, c’est de commettre le crime antivegan de manger leurs œufs, pour ne pas avoir à liquider les poussins mâles, la coexistence de nombreux coqs étant impossible.

    Dans le numéro d'octobre 2019 de Siné Mensuel.

    Tue Nov 12 23:17:52 2019 - permalink -
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  • Grande-Bretagne : my god! Les billets ne sont pas veggie !

    Les billets en livres sont composés, entre autres, de suif c'est-à-dire d'un résidu de graisse animale afin de les rendre plus résistants et de limiter la fraude. La Banque d'Angleterre a étudié des billets à base d'huile de palme (lol niveau écolo) ou de coco, sans retenir ces recettes.

    Quelques mois après le vote du Brexit en 2016, l’Angleterre découvre avec stupeur que les nouveaux billets de 5 livres sont notamment composés de suif, résidu provenant de la graisse animale. Cette nouvelle technique est essentielle pour contrecarrer le trafic de faux billets et demeure primordiale pour les rendre plus résistants que les anciens, en fibre de coton. Les militants vegans ont aussitôt lancé une offensive pour exiger le retrait de ces billets. Une pétition demande le retrait de ce billet, arguant que l’utilisation de graisse animale était « inacceptable pour des millions de végétariens, végétaliens, hindous, sikhs, jaïns et autres au Royaume-Uni ». Certains temples hindous ont été jusqu’à interdire le billet de 5 £. Après s’être penché sur une solution à base d’huile de palme ou d’huile de coco, la Banque d’Angleterre a finalement gardé le processus de fabrication à base de suif pour l’ensemble de ses billets. Au grand dam de ses détracteurs. Le dernier à être remplacé sera celui de 50 £ à l’horizon 2020. Rosbeef un jour, rosbeef toujours !

    Dans le numéro d'octobre 2019 de Siné Mensuel.

    Tue Nov 12 23:00:51 2019 - permalink -
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  • Retraites. L'envers du décors

    Réforme des retraites : le niveau des recettes (14 % du PIB) du système sera figé dans le temps donc soit la croissance revient et perdure indéfiniment, soit les pensions de retraites seront plus maigres qu'aujourd'hui. Le gouvernement prétend que la fin des régimes privilégiés permettra de maintenir ce système à l'équilibre… tout en reconnaissant une perte de revenus pour les retraités… 56 % des personnes de plus de 60 ans ont un emploi stable, donc repousser l'âge de départ à la retraite semble une mauvaise idée… sauf à considérer la pension comme un complément de revenu, les seniors entrant en concurrence avec les autres actifs et faisant baisser les salaires. Les hauts-salaires sont exclus du système. Ils cotiseront auprès du privé. C'est la fin de la solidarité et la porte ouverte aux fonds de pension aux marchés financiers. Le mécanisme de redistribution, qui, d'après l'INSEE limite la flambée des inégalités est mis en défaut.

    Le grand chamboule-tout des retraites programme la paupérisation des retraités et favorise le développement de la capitalisation pour les plus hauts salaires. Etonnant, non ?

    Inégalité ici, « privilège » par là… On jase beaucoup sur les prétendus avantages des divers régimes de retraite. Mais on parle peu du système de retraite dans son ensemble, lequel organise avant tout un transfert global des actifs vers les retraités. Sur ce point, le projet du gouvernement est simple et très clair : il fige le niveau des recettes à son niveau actuel. La part du revenu national consacrée aux pensions n’augmentera plus. Avec une proportion de retraités en hausse, cela se traduira mécaniquement par une baisse des pensions.

    Imagine-t-on un couple qui vient d’avoir un troisième enfant décider de subvenir aux besoins de sa progéniture en partageant désormais en trois le budget qu’il consacrait auparavant à ses deux premiers enfants ? C’est le projet de Macron pour les vieux. Serrez-vous les retraités, faites de la place aux nouveaux et débrouillez-vous avec ce qu’on vous donnait avant!

    D'un côté, l'explication gouvernementale est que la fin des régimes privilégiés permettra de conciller part du PIB constante et augmentation du nombre de retraités. Sans compter que la start-up nation va faire exploser le PIB, donc une même proportion d'un PIB plus élevé, ça fait de la monnaie supplémentaire. De l'autre, le même gouvernement nous explique qu'il va utiliser les réverses financières des complémentaires vieilesse des salariés du privés pour financer cette transition… Le nouveau système sera donc à l'équilibre quand on y aura injecter plusieurs dizaines de milliards. Ça part mal.


    La baisse du taux de remplacement (rapport entre la première pension et le dernier salaire) était déjà engagée avec les régressions des trente dernières années. Le projet Macron poursuit et accentue cette baisse. C’est la paupérisation programmée des retraités. En 2050, le rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen par habitant sera revenu à son niveau de 1970. À l’époque, le taux de pauvreté parmi les retraités était de 55 %, quatre fois plus qu’aujourd’hui.

    Avec cette chute des pensions, le projet gouvernemental accentue les inégalités entre salariés. Certains pourront travailler plus pour accumuler des droits supplémentaires, la plupart des autres non. Aujourd’hui déjà, la moitié des salariés qui partent à la retraite ne sont plus en emploi. Le « libre choix » est un leurre.

    Un projet régressif et inégalitaire

    Reste alors la « liberté » de travailler à la retraite, du moins pour ceux qui n’auront pas été trop cassés par le travail. C’est ce que les Américains appellent le « quatrième étage des retraites », à savoir la nécessité de travailler pour compléter des pensions trop faibles. Ça tombe bien, le projet de loi ouvre totalement les vannes du cumul emploi-retraite. La pension devient alors, de façon de plus en plus évidente, une forme de subvention qui permet aux pensionnés d’accepter des petits boulots mal payés. Avec à la clé une pression accrue sur l’emploi et les rémunérations des autres salariés. La concurrence salariale, rien de mieux pour booster les profits.

    Pour les plus hauts salaires, il sera désormais interdit de cotiser au système « universel » au-delà d’un salaire équivalent à trois fois le plafond de la Sécurité sociale (contre huit fois aujourd’hui) [ N.D.L.R : pour l'instant, le seuil envisagé est de 120 000 € brut par an ]. Peu de salariés sont concernés (2 à 3 %), mais ils gagnent beaucoup. Entre 15 à 20 milliards de salaires échapperont ainsi au pot commun de la cotisation retraite. C’est la voie royale pour le développement des plans d’épargne retraite. Le gouvernement ne dit pas si ces plans bénéficieront d’avantages fiscaux, mais c’est le cas dans tous les pays où ces dispositifs existent. Avec un coût caché exorbitant pour les finances publiques : entre 1 et 5 % du PIB, soit au bas mot 10 à 15 % des dépenses publiques de retraite. Une manne qui se concentre sur les plus hauts salaires.

    Encore une fois (c'est pareil pour le déploiement de la fibre optique, par exemple), le mot péréquation est oublié, donc le système conçu est inégalitaire et surtout, il est voué à être déficitaire. C'est précisement l'inverse de la solidarité et du mécanisme de redistribution…


    En agitant le chiffon rouge des inégalités entre régimes de retraite, le gouvernement masque ainsi la réalité d’un projet non seulement régressif mais fortement inégalitaire.

    Dans le numéro d'octobre 2019 de Siné Mensuel.

    Tue Nov 12 22:55:16 2019 - permalink -
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  • Révolution. Ah ça ira, ça ira… ou pas

    La participation des femmes à la Révolution de 1789. Elles occupent l'espace public, écoutent les discours y compris à la Convention, s'abonnent à des journaux, créent des clubs, etc. Le 5 et 6 octobre 1789, elles se mettent en route pour Versailles afin de réclamer le ravitaillement de Paris en nourriture. Le roi se résigne à contre-attaquer. Une émeute naît d'une dispute entre gardes et les femmes entrent dans le palais. Cela s'ajoutant aux autres événements, le roi signe la déclaration des droits de l'Homme et quitte Versailles. Les femmes obtiennent, entre autres, le droit de rédiger un testament, le partage de l'autorité sur les enfants, le droit d'agir en justice, le partage des biens et de la gestion du ménage. En revanche, aucun droit politique. Devenues des rivales, elles effraient la Convention. La participation à un acte violent au sein de la Convention sera le prétexte pour leur interdire toute activité politique. Le Code civil de Bonaparte les privent de droits juridiques (comme les mineurs et les débiles mentaux), leur retire toute gestion des biens et leur impose une obéissance à leur mari.

    Il y a 230 ans, la femme a failli devenir (presque) légale de l’homme. Raté !

    Christine Le Bozec, historienne et spécialiste de la Révolution française, raconte ces années de combat, de 1789 à 1793, qui ont permis aux femmes d’obtenir des droits. Un espoir stoppé net par les hommes de la Convention et brisé par Bonaparte, qui renvoie les femmes au statut d’éternelles mineures.

    Être une femme, en 1789. c‘était comment ?
    C’était un être qui n’avait rien, aucun droit civil ni politique. Le divorce n’existait pas, tout était pour le mari, le père, le frère et le fils. Seules les veuves avaient un petit quelque chose. Si leur mari avait été imprimeur ou libraire, elles pouvaient prendre la tête de l’entreprise. Les veuves de seigneurs pouvaient voter mais laissaient ce droit à leur fils ou à leur gendre**. Les hommes les tenaient pour des êtres sans importance.

    Tous ?
    Certes, il y a Condorcet qui, bien avant la Révolution, était favorable au droit de vote des femmes. Certes, il y a Poullain de La Barre qui, au milieu du XVIIe siècle, affirme cette chose extraordinaire à laquelle Simone de Beauvoir n’aurait rien eu à redire : « On ne naît pas femme, on le devient » Mais ce sont des exceptions qui confirment la règle : les hommes tiennent les femmes — même celles qui les reçoivent dans leurs salons mondains —, dans un mépris inouï. Rousseau écrit dans Émile ou De l’éducation paru en 1762 : « il est dans l’ordre de la nature que la femme obéisse à l’homme, la dépendance étant un état naturel aux femmes, les filles sont faites pour obéir. »

    Comment s‘engagent-elles concrètement dans la Révolution ?
    Les émeutes féminines motivées par la faim ou l’injustice fiscale existaient bien avant la Révolution. Il n’était donc pas nouveau que les femmes se fassent entendre, et souvent de façon violente. La nouveauté, c’est qu’aux revendications frumentaires vont s’ajouter des revendications politiques, sociales, fiscales. Elles descendent dans la rue, écoutent les discours, vont à la Convention, s’abonnent à plusieurs journaux, se réunissent dans les cabarets, créent des clubs féminins comme celui, en 1792, des Citoyennes républicaines révolutionnaires. Elles sont très actives. Entraînées par une poignée de femmes — trois cents, pas plus — qui sera le fer de lance du mouvement féminin, ce sont elles qui vont chercher le roi. Parties de Paris, elles seront des milliers en arrivant à Versailles. Là, pendant deux jours, elles s’opposeront à la garde, ficheront un bazar pas possible, réussiront à entrer dans le château et à ramener Louis XVI aux Tuileries, où il restera jusqu’à son exécution. Des 5 et 6 octobre 1789 date la grande entrée des femmes dans la Révolution.

    Qui sont-elles ?
    On parle toujours des quatre célèbres — Mme Rolland, Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt et Charlotte Corday —, mais elles n’ont joué un rôle qu’à la marge. Celles qui se sont vraiment engagées sur le terrain, ce sont les femmes du peuple dont l’histoire n’a pas retenu les noms. Des artisanes qui exercent des métiers très qualifiés, sous-payées évidement, ce qui n’a guère changé d’ailleurs : plumassières, gazières, dentellières, pousseuses, lavandières, vendeuses de savon, colporteuses… À l’époque, qu’elles soient à la campagne — où vivent 85 % des 26 millions d’habitants —— ou à la ville, la majorité des femmes travaille et vit chichement.

    Quels droits ont-elles obtenus ?
    L’égalité dans le partage des biens et dans la gestion des biens du ménage, le droit de rédiger un testament, le partage de l’autorité sur les enfants, le divorce, la reconnaissance des enfants illégifimes, le droit pour ces enfants d‘hériter de leur père, la reconnaissance d’aller en justice. Mais elles n’obtiennent aucun droit politique.

    Pourquoi ce combat s‘est-il arrêté en 1793 ?
    Au départ, les hommes ont bien toléré leur action, mais ils s’inquiètent de plus en plus. Les femmes sont devenues des rivales économiques et politiques. Quand elles demandent à porter le bonnet phrygien et la cocarde, les hommes de la Convention se disent que cela suffit. Début novembre 1793, ils décident qu’elles n’auront plus le droit d’aller dans les clubs. Reviennent les poncifs qui ont favorisé des siècles d’aliénafion féminine : hystérie, frivolité et déraison. On les traite d’enragées, de folles, de dangereuses. Ils disent : « Regardez le mal que fait leur éducation », « Voyez Charlotte Corday qui lisait Plutarque et qui est allée assassiner Marat » Les femmes continuent à se battre pendant un an et demi. Le 1er prairial de l’an III [20 mai 1795], elles font partie d’un groupe qui envahit la Convention pour réclamer, entre autres, du pain. Les députés s’enfuient, l’un d’eux est tué. On découpe sa tête. C’est une femme qui la brandit vers le président de l’Assemblée. Quelques heures plus tard, la garde fera évacuer l’hémicycie. C’est la fin. La Convention leur interdit toute activité politique et décrète qu’elles n’ont plus le droit d’être dans la rue.

    Elles ont tout perdu ?
    Elles conservent leurs droits acquis sous la Révolution, jusqu’en 1804 seulement. Là, un certain Bonaparte, très fier de son Code civil, rogne peu à peu les droits de la femme pour en faire une éternelle mineure, ce qu’entérine et renforce la Restauration en 1816. Un grand espoir est né sous la Révolution ; ce grand espoir s’est écroulé. Les revendications de 1789, comme l’égalité des salaires, perdurent. Depuis 230 ans.

    Dans le numéro 5 (octobre 2019) de Siné Madame.

    Tue Nov 12 21:59:48 2019 - permalink -
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  • Niel, mâtin, à Nice-matin

    Niel (co-propriétaire, entre autres, du Monde), pro-Macron et pro-Estrosi (maire de Nice) possède désormais 34 % des parts de Nice-Matin et 11 % des parts de La Provence (Tapie). Safa, propriétaire, entre autres, de Valeurs actuelles et pro-Ciotti, a mis la main sur Azur TV, une chaîne pro-Estrosi. Niel prétend avoir investi pour sauver le journal de l'extrême-droite. Le patron des rédactions de Nice-matin et un délégué syndical pensent que le journal est assez solide pour résister aux faibles pressions électorales locales.

    Il a Free, il a tout compris ? Ou comment l'investissement du milliardaire dans la coopérative vient rebattre les cartes médiatiques - et politiques - sur le pourtour méditerranéen.

    Le feuilleton de l’été joue rarement les prolongations. Mais, avec internet, la chronologie des médias est bouleversée. Et l’investissement de Xavier Niel dans Nice-Matin pourrait agiter la rentrée médiatique. Pour Patrice Maggio, patron des rédactions de Nice-Matin, elle vient clore l’aventure « coopérative » : « La coopérative nous a permis de sauver notre titre mais c’etait un outil, pas une utopie. On savait, avec nos besoins de trésorerie et d’investissement, que cela ne pourrait durer indéfiniment. » Pas si sûr pour Romain Makzymowycz, du SNJ : « On nous a pris pour des fous furieux mais on a évité une vente a la découpe et il en restera toujours quelque chose. Deux milliardaires se sont affrontés pour s’emparer de notre titre et on sait qu’il faut compter avec nous. D'ailleurs, la coopérative existe encore… »

    Si jusque-là c’était le belge Nethps qui était censé grimper dans le capital du titre, avec son retrait, cela a aiguisé quelques appétits. Celui de l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, propriétaire, entre autres, de Valeurs actuelles. Mais aussi, surprise, au début de l’été, de Niel, patron de Free par ailleurs investi dans Le Monde.

    Soupir de Maggio: « On ne peut pas dire que le débat en interne n'a pas eu d’écho » Confirmation de notre collègue du SNJ : « On était sur le cul ! » Si la direction, en discussion avec Safa a été surprise par Niel, qui a directement racheté les parts de Nethys, la rédaction, elle, s’est mise en grève pour dire « non à Safa » : « Quand on croyait qu’il était seul en lice, on se bouchait le nez. Mais on préfère avoir quelqu’un qui s’est investi dans Le Monde ou Atlantico que de se rapprocher de Valeurs Actuelles. » Ce qui n’a pas empêché Niel de donner des boutons au personnel administratif…

    Safa a fini par jeter l’éponge et Niel s’imposer. Se voulant, dans son courrier du 8 août, aussi ambitieux que rassurant. S’il assure vouloir préserver « l'indépendance éditoriale », celui qui vient de mettre la main sur 34 % du capital (et qui va vite grimper), veut aussi « construire un nouveau modèle économique ». Et d’évoquer déjà « départs volontaires » et « clause de cession ».

    Elle pourrait concerner près d’une quarantaine de journalistes sur 180, même si Niel veut mettre en place une « société des rédacteurs » à laquelle serait soumise toute nomination. Reste que, comme l'a relaté la presse, si Safa est proche d’Eric Ciotti, Niel est suffisamment pro-Macron pour qu’on le voit comme un allié potentiel de Christian Estrosi. Maggio tempête : « Je sais qu’on est en période électorale et que la question est sensible. Mais Nice n’est pas Marseille et l’on a su rester en dehors de ce genre de querelle. » Sourire du délégué syndical : « je ne doute pas qu’il y aura localement des tentatives de pression. Mais, avec l’expérience de la coopérative et une société des rédacteurs, on saura y répondre. » Et d’ajouter : « En tout cas, comme il nous. l’a dit, s’il est venu à Nice-Matin, c’est par crainte de voir le journal tomber entre les mains de l'extrême droite. Du storytelling ? Peut-être… »

    Tandis que Nice-Matin continue de filer la main à La Marseillaise, Safa, pour se consoler, a mis la main sur la télé jadis très estrosiste Azur TV. Quant à Niel, en rachetant les parts de Nethys, il se retrouve aussi avec 11 % dans La Provence. Avec le projet d'un rapprochement ? À voir. D'aucuns évoquant le patron de CMA-CGM pour s’investir au sein du canard de Bernard Tapie.

    De fait, à mesure que les municipales s’approchent, les esprits s’échauffent. En atteste la grosse colère cet été du LR Bruno Gilles face à l’édito en faveur de la candidature de Martine Vassal dans La Provence de Franz-Olivier Giesbert. Pendant ce temps, à Aix, la patronne de Zibeline Agnès Freschel parle « culture » à l’ université du PCF. Et quand ce n’est pas La Marseillaise qui accueille la réunion de rentrée du « Pacte démocratique », ce prolongement des États Généraux de Marseille, c’est son ex-directrice Audrey Garino qui négocie au nom du PC au sein du « Rassemblement inédit ». Le journalisme, ça mène à tout, à condition de s'en sortir…

    Dans le numéro de septembre 2019 du Ravi, journal satirique en PACA

    Tue Nov 12 21:17:21 2019 - permalink -
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  • Engagez-vous, qu’ils disaient…

    Une réflexion plus globale autour du Service National Universel (SNU) que le gouvernement veut rendre obligatoire à partir de 2026. Il est une erreur stratégique : le brassage social et la diminution des violences et du désespoir viendront de la réduction des inégalités et de la fin des discriminations. Au contraire, le SNU cultivera un esprit d'obéissance aux règles qui perpétuera les inégalités et les injustices de la société alors qu'il nous faudra sortir des sentiers battus pour éviter la destruction climatique. De même, le SNU n'apprendra pas aux jeunes l'empathie ni le pacifisme et la non-violence raisonnés. Le SNU reconnaît comme valable uniquement les engagements labialisés par l'État alors que les jeunes s'engagent déjà dans plein de luttes dont le sauvetage climatique. Les gamins remplaceront des emplois en étant moins rémunérés et protégés. Une façon de les préparer à leur future vie d'employés précaire et corvéable. Le SNU est le contraire de l'espoir, d'un monde vivant. Il apparaît quand la société a rien de plus enthousiasmant à proposer à sa jeunesse…

    Pour Christian Mahieux, ancien objecteur de conscience, l'un des fondateurs de Sud Rail et syndicaliste à Solidaires, le Service national universel ne répond à aucun besoin social : c'est une arme idéologique.

    Au printemps, le gouvernement a lancé sa campagne pour le Service national universel (SNU). Même s’il ne s’agissait cette année que de volontaires quelques incidents ont montré que ce n’était pas aussi idyllique que la propagande le laissait entendre. Quant au « brassage social » tant vanté, ce n’est que de la poudre aux yeux. L’égalité sociale, ce n’est pas se retrouver au même endroit quelques semaines dans toute la vie. Ça passe par la fin des discriminations et des inégalités, la reconnaissance des méfaits du patriarcat, du colonialisme, des racismes et exclusions (sic), de la captation par une minorité des moyens de production et d’échanges et de l’exploitation de la majorité qui en résulte… Pas vraiment le programme du SNU ! Au-delà des conditions matérielles, non négligeables, le Service national universel que le gouvernement veut rendre obligatoire, à compter de 2026, pour les jeunes de 16 ans, c’est :

    - Une opération de soumission de la jeunesse : il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes… Qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société. Cette volonté de soumission passe aussi par un contrôle renforcé, notamment à travers la mise en fiches de tous les jeunes de 16 à 25 ans. On sait comment ce genre de fichier peut être utilisé ! Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît comme « engagement » des jeunes que les dispositifs étatiques.

    - La remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses : les jeunes du SNU seront utilisés pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employés qui ont un salaire, une convention collective ou un statut, la possibilité de s’organiser syndicalement, des droits individuels et collectifs. Avec le SNU, chaque année, 800 000 jeunes seront exploités, sans aucun de ces droits, pour des durées variables. Ils seront très vivement encouragés à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité.

    - Des dépenses considérables : 6 milliards d’euros/an, selon un rapport sénatorial. 1,5 à 2 milliards dit aujourd’hui le gouvernement. Ces milliards seraient bien plus utiles pour le service public de l’Education qu’aux mains des militaires !

    - Le renforcement de la militarisation : encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde. Sans surprise, il n'est nullement question dans le programme de pacifisme, de non-violence, ni de remise en cause du rôle de l’armée.

    Le gouvernement nous dit : « Il faut que les jeunes s'engagent. » Mais c’est déjà le cas ! Ils s’engagent pour lutter contre le racisme, pour que cesse la destruction de la terre, pour défendre leur droit à étudier, pour le partage des richesses, pour le droit au logement, pour l’égalité des droits et contre les discriminationss. Ce n’est pas à l’Etat de les forcer à s’engager ! Comment peut-on parler d’apprendre la citoyenneté, lorsqu’on confie l’encadrement à l’armée (qui, par ailleurs, n’était pas demandeuse) ? Non au SNU ! Abrogation du SNU !

    Dans le numéro de septembre 2019 du Ravi, journal satirique en PACA.

    Tue Nov 12 20:40:34 2019 - permalink -
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  • Mixité buissonnière

    Une école de Marseille dédiée à une seule résidence riche. Une autre pour une cité pauvre. Une école ZEP en préfabriqués depuis 15 ans qui fait face à une école privée rutilante. Chaud. :O « L’école est a l’image de la société qui l’entoure ». Forcément, les parents contournent la carte scolaire avec des enseignements spécifiques ou une fausse adresse.

    Le manque de place et les conditions déplorables dans certaines écoles amènent beaucoup de parents à contourner la carte scolaire. Un jeu d'enfants !

    Il y a un risque très probable du une nouvelle école de bobos », en plein milieu du 3ème arrondissement de Marseille, tristement célèbre pour concentrer la pauvreté. C’est la crainte de Frédéric Bertet, directeur d’école et secrétaire général adjoint au SNUipp— FSU 13. La Friche de la Belle de Mai a lancé la construction d’une nouvelle école élémentaire pour la rentrée 2022. Son directeur Alain Arnaudet, conscient de la pénurie de places qui touche de plein fouet cet arrondissement (certains enfants sont même repoussés vers les 14ème et 15ème), clame sa volonté « que l’école s’inscrive dans la carte scolaire ». Point que confirment la mairie centrale et le rectorat. Mais l’orientation artistique de l’enseignement et les futurs instituteurs triés sur le volet laissent Frédéric Bertet « très dubitatif ».

    Enseignement linguistique spécifique, classes à horaires aménagés musique, écoles internationales… Quand les parents ne mettent pas tout simplement leurs enfants dans le privé, les prétextes pour contourner la carte scolaire sont légion. L’idéal étant d’avoir un contact au service éducation et jeunesse d’une mairie qui reçoit un nombre de demandes de dérogation impressionnant. La dernière solution exaspère Séverine Gil, présidente du Mouvement des Parents d’Élèves du 13 : « À Marseille, le sport national c’est les fausses déclarations d’adresse ! » Cette dernière se console en espérant que cela colmate la fuite vers le privé. Mais Anne Pfister, membre du collectif Écoles publiques du 3ème, voit les choses en gris depuis son arrondissement . « Ça revient au même, ça ghettoïse nos écoles. »

    Ce manque de mixité sociale provient également d’une politique d’urbanisme défaillante. « L’école est a l’image de la société qui l’entoure », souligne le syndicaliste Frédéric Bertet. Au hasard, les écoles du très select Roy d’Espagne (8ème arrondissement) n’accueillent que les enfants de la très aisée résidence du même nom. Autre exemple, la cité Air Bel, îlot de pauvreté du 11ème arrondissement, héberge une école primaire en son sein. Le secteur qu’elle couvre n’englobe que la cité, pour la mixité on repassera. Dans son mémoire de sociologie sur les écoles du 3ème, Marion Lis évoque le cas des écoles maternelles et élémentaires Ruffi. Côté pile, la future école « Antoine de Ruffi » devrait ouvrir ses classes à la rentrée 2020.

    Côté face, l’école Rep+ (nouvelles Zep) « Ruffi » tout court, et ses préfabriqués. Ce dispositif « temporaire » sert depuis maintenant 15 ans de classes et de dortoirs a 350 enfants issus de milieux très défavorisés. « Les nouveaux et bons élèves, partent à l'école privée Schuman à coté », apprend-on dans le mémoire. Le bâtiment en construction, lui, semble tout choisi pour accueillir les minots des nouveaux habitants du quartier d’affaires Euromed. Ceux d’entre eux qui n’auraient pas réussi à avoir une place à l’école catholique Schuman.

    Forte de ces constats démographiques, la mairie a la responsabilité de réviser la carte scolaire en conséquence. Quand elle daigne s’en occuper, elle le fait dans son coin. Elle ne joint les services de l’Éducation nationale que pour essayer de pallier les pénuries de places grâce au dispositif d’urgence des « classes accueillantes ». N’allant pas « jusqu'à parler de réussite », Dominique Truant, l’adjointe du directeur académique des Bouches du Rhône, note quand même une nette amélioration de la gestion des inscriptions par les services de la ville. Après six ans de refus et d’incapacité à utiliser Ondes, logiciel national consacré, elle s’y est finalement mise. À quelques mois du passage de flambeau de Gaudin…

    Dans le numéro de septembre 2019 du Ravi, journal satirique en PACA.

    Tue Nov 12 20:06:03 2019 - permalink -
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  • Prenez garde à la jeune garde !

    J'ignorais que le Mouvement des Jeunes Communistes de France (aka Jeunesse Communiste) est statutairement indépendant du Parti Communiste Français, contrairement aux jeunes du PS ou de La République En Marche. Ça leur permet d'être en désaccord franc sur la ligne politique : les jeunes veulent un parti plus révolutionnaire (lutte des classes), moins réformiste, qui rejette l'UE sous sa forme actuelle. Cette différence aurait toujours existé. Les jeunes n'ont pas soutenu Ian Brossat aux européennes. La Jeunesse Communiste 13 revendique 80 adhérents et se fédère avec celle du Bas-Rhin, de la Loire et de Lyon. La fédération 13 du PCF nomme sa jeunesse interne « collectif jeune »

    Le PCF 13 et les jeunesses communistes sont au bord de la rupture. Des tensions qui se répercutent jusqu'à la fête de l'Humanité.

    « Sincèrement, nos liens avec le parti communiste, c’est surtout pour des questions pratiques, assène Nicolas Testart, secrétaire fédéral des jeunes communistes des Bouches-du-Rhône. On n’a plus la même ligne, on veut être un parti de classe, révolutionnaire, ce n'est pas le cas du PCF » En juin, les militants des JC se sont pourtant encore réunis, pour leur traditionnelle fête avant l'été, dans le siège du parti centenaire à Aix-en-Provence. Parmi les présents, des militants de Lyon ou de Saint-Etienne - « des fédérations amies » selon Tina Friedrich, la responsable de la section des JC d’Aix-en-Provence — mais aucun responsable départemental du PCF.

    Du côté de la jeune garde, cela ne surprend personne. « On n’est pas ennemis mais on ne défend juste pas les mêmes choses », explique un militant. Le local réservé aux JC se distingue rapidement : il est le seul sans affiches, placardées sur les murs, de Ian Brossat, le candidat PCF aux dernières élections européennes. « Nous n'avons pas fait campagne pour lui. Nous sommes bien évidemment internationalistes, mais cette union-là, nous n’en voulons pas », affirme Nicolas Testart, 25 ans.

    Indépendance et dissidences

    « Des différences de lignes politiques, il y en a toujours eu pour les jeunes communistes et le PCF », précise Guillaume Quashie-Vauclin, historien des organisations de jeunesses communistes et membre du PCF. Depuis la fin des années 60, des jeunes dénoncent un parti qui serait devenu "trop réformiste" à leurs yeux. » Mais avec un interventionnisme moins fort des dirigeants du parti que dans les années 60, la critique s'exprime avec beaucoup plus de force : « En faisant campagne pour l'abstention aux européennes, une ligne rouge a été franchie par la JC des Bouches-du-Rbône, j'ai été assez surpris de l'absence de réponse de la direction », constate le spécialiste. L‘historien Roger Martelli, co-directeur du magazine Regards, mesure lui aussi une accentuation des dissensions « depuis la refondation avec Robert Hue dans les années 2000 ». Mais sans être étonné que les JC puissent s‘opposer radicalement sans réelles conséquences : « Le parti n’exclut plus et il n'y a plus vraiment de sanctions disciplinaires… »

    Le Mouvement des jeunes communistes de France est statutairement indépendant du PCF, ce qui le distingue par exemple des jeunes socialistes formellement liés au PS ou des « jeunes avec Macron », dépendants de la République en marche. « Qu’on adhère ou pas à la ligne des jeunes communistes des Bouches-du-Rhône, au parti, on n'a pas notre mot à dire, confirme Jérémy Bacchi, le secrétaire fédéral départemental du PCF. Lors de notre dernier congrès, nous avons décidé de nous adresser davantage aux jeunes, ils sont l'avenir de notre pays. » Malgré tout, il admet que « les stratégies différentes avec la JC » ne rendent pas très audible le parti auprès de la jeunesse. La « fédé 13 » a ainsi créé un « collectif jeune » pour les militants souhaitant s’impliquer dans le parti mais qui ne seraient pas sur la même ligne que les 80 adhérents revendiqués de la JC. « Ce collectif, pas vraiment structuré, n'a absolument pas vocation à supplanter les jeunes communistes », précise prudemment Jérémy Bacchi qui, comme la plupart des élus et responsables du PC, ont fait leurs armes aux JC…

    Retour aux fondamentaux de classe

    En attendant, les jeunes communistes des Bouches-du-Rhône ont rejoint une « inter fédération » avec leurs camarades du Bas-Rhin, de la Loire et de Lyon. « Il est temps désormais de mettre un terme à l‘impunité de la direction nationale, il est temps de revenir aux fondamentaux de classe du mouvement communiste, clame haut et fort Tina Friedrich devant ses troupes à Aix-en-Provence. Nous lutterons sans relâche contre l'opportunisme, le révisionnisme, le réformisme jusqu’à la victoire finale. » Même lors de la traditionnelle Fête de l’Humanité, du 13 au 15 septembre en Seine-Saint-Denis (93), les JC des Bouches-du-Rhône feront stand à part. « On peut se filer un coup de main bien sûr, mais on gère notre propre stand avec les camarades de Lyon et du Bas-Rhin », précise Nicolas Testart.

    Une alliance des jeunes communistes dissidents qui ne plaît pas beaucoup à la tête du Mouvement des jeunes communistes de France. L’an dernier, la banderole proclamant « pour la révolution et le socialisme : Organise ta colère ! » avait été arrachée dans la nuit. Pour les militants présents, pas de doute, ils auraient reconnu la voiture d'un des membres de la direction du mouvement… « Contre le rouleau compresseur Macron, on n’a pas d'autres choix que de lutter tous ensemble. Nous devons travailler main dans la main », espère toujours Jérémy Bacchi. Nicolas Testart est moins optimiste : « Face à toutes ces contradictions et ces différences politiques, je ne pense pas qu'on aille vers plus de lien entre nous. Mais bien évidemment, sur le terrain, dans les moments de lutte, on se retrouve… »

    Dans le numéro de septembre 2019 du Ravi, journal satirique en PACA.

    Tue Nov 12 19:46:26 2019 - permalink -
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