Dans ce livre de la série « un autre regard » de la blogueuse féministe Emma, je retiens deux bandes dessinées inédites que j'ai envie de résumer ici. L'une porte sur la charge émotionnelle, la suite de la charge mentale ménagère. L'autre porte sur le complexe partage du travail domestique gratuit et invisible.
Charge émotionnelle (lien vers la B.D. : Le pouvoir de l'amour):
- Travail émotionnel : moduler nos sentiments, nos attentes, notre emploi du temps en fonction de l'attente d'autrui. Exemple : tous les emplois au contact du public dans lesquels il faut rester calme et courtois quoi qu'il advienne ;
- Emma cite de nombreux exemples de travail émotionnel dans la vie quotidienne : s'intéresser aux autres ("t'as l'air soucieux" / "tiens, il faudrait que je prenne des nouvelles de X") ; se retenir de parler afin de ne pas vexer ; ne plus assister à des cours de danse afin de s'occuper des enfants, car quand c'est le conjoint qui s'en occupe, il est de mauvais poil ; apprendre l'existence d'un bien / service et penser à l'offrir à quelqu'un ; penser son emploi du temps en fonction de l'autre ("non, je ne viens pas picoler ce soir, mon mec avait l'air crevé, je vais rentrer pour l'aider à gérer le gamin) ; penser à l'enveloppe de départ d'un collègue ; penser à la décoration, y compris aux huiles essentielles qui réduisent les allergies ;
- Le but de tout cela est d'huiler les interactions sociales. Répondre négativement à une invitation ou penser à un cadeau de naissance même si la personne prétend avoir besoin de rien ou… Ce n'est pas le geste qui compte, mais l'intention (y avoir pensé) qui signifie que je compte pour toi, que nous ne sommes pas n'importe qui, ce qui nous insère et nous maintient dans un groupe social restreint, ce qui procure un sentiment de sécurité et de stabilité (bulle de confort) ;
- Quand le travail émotionnel est à sens unique, il devient une charge. Le temps qui y est consacré n'est pas consacré à autre chose. La personne donne sans recevoir, donc elle s'épuise ;
- Dans la grande majorité des couples hétéro, la femme prend soin de l'homme en sacrifiant ses besoins. L'homme s'en nourrit pour prendre sa place dans le monde extérieur au lieu de retourner les soins à sa femme. On pense aux "grands hommes" récompensés pendant que leur femme repiquait leurs fringues. Les femmes payent pour obtenir de petites attentions : esthéticienne, coiffeuse, etc. Il est vain de rétorquer qu'on a rien demandé aux femmes, qu'elles ont qu'à ne plus le faire, car ce travail émotionnel est nécessaire en cela qu'il permet aux humains de se sentir exister et d'avoir la motivation pour faire des choses ;
- La solution est un meilleur partage de ce travail émotionnel qui profite à tous ;
- J'ai du mal avec certains exemples présentés par Emma. La femme qui envoie des SMS à son homme dans la journée afin de prendre de ses nouvelles ou de lui demander conseil pour une robe, ça serait pour maintenir maladroitement la communication au-delà de la soirée TV ou de la logistique parentale. Perso, je trouve ça excessif et proche de la possessivité. Ne vaudrait-il mieux pas se créer des moments communs en dehors de la TV et des enfants ? Préparer un repas qui tient compte des ennuis de santé du moment (léger car il a trop mangé à midi, fenouil car problèmes digestifs, etc.), rappeler de prendre rendez-vous chez le dermato, renouveler la lingerie car l'actuelle à des trous, etc., c'est prendre soin à la place de la personne, ce qui transforme la femme en mère et l'homme en enfant. Emma l'écrit.
Répartition du travail productif et du travail reproductif (ÉDIT DU 06/10/2019 À 12 H 10 : lien vers la B.D. : Michelle. FIN DE L'ÉDIT.) :