La réforme des retraites prévoit que chaque année de cotisation compte, plus seulement les 25 meilleures années. Les chômeurs indemnisés devraient (c'est même pas sûr) cotiser des points de retraite. Sauf que la réforme 2019 de l'assurance-chômage rabote les périodes d'indemnisation et le nombre de bénéficiaires (depuis le jour de l'entrée en vigueur, 850 000 chômeurs ne devraient plus percevoir leur allocation), donc, avec la future réforme des retraites, les chômeurs cotiseront moins pour leur retraite. Je note que les malades et les parents ne bénéficieront pas du tout de points de retraite. ÉDIT du 02/12/2019 À 14 H 05 : le rapport Delevoye a toujours prévu l'attribution de points de retraite aux parents et aux personnes invalides ou malades. Au temps pour moi. FIN DE L'ÉDIT.
Je mets à jour ma liste de griefs contre la réforme des retraites :
C'est l’une des angoisses des syndicats, et peut-être un casus belli : la future réforme risque de répercuter sur les retraites l’intégralité des accidents de carrière. Jusqu’ici, le régime général calculait les pensions sur les vingt-cinq meilleures années. Les débuts de carrière chaotiques (petits boulots, périodes de chômage, etc.) et les imprévus (maternité, licenciement, maladie) pouvaient donc être neutralisés dans le calcul de la période de cotisation.
Avec le système par points, cet escamotage des « jours sans » n’est plus possible. Les points, en effet, sont attribués pour toutes les années, bonnes ou mauvaises. Histoire d’apaiser les craintes des syndicats, Jean-Paul Delevoye a donc prévu un petit correctif : l’appel à la solidarité nationale. Des points gratuits pourraient être attribués pour les périodes perturbées, et pour le principal fléau, bien sûr : le chômage.
Mais il y a un hic : les points gratos dans ce dernier cas ne seront offerts que pour les périodes de non-emploi indemnisé ! Or la réforme Pénicaud de l’assurance-chômage, entrée en vigueur le 1er novembre, ratiboise considérablement les indemnisatiens. Et ce n’est pas exactement un détail.
Gare aux nasses populaires
Primo, la moitié des sans-emploi, soit 2 millions et demi, ne percevaient pas un fifrelin d’allocations avant la réforme Pénicaud de l’assurance-chômage. Deuzio, cette réforme va provoquer une véritable hécatombe parmi les « privilégiés » qui touchent une alloc : selon la simulation officielle de l’Unédic, 850 000 chômeurs ne percevront plus leur indemnisation et 710 000 verront leurs droits diminués. Et ce chaque année. Les « victimes » de la réforme vont donc être frappées par un sympathique effet double lame : la première va couper leurs allocations de chômage, la seconde amputer leur retraite.
Pour les rescapés de cette double peine, une troisième lame — secrète — a été prévue : les caisses de retraite du régime principal (Sécurité sociale) et des complémentaires (Agirc-Arrco) disposaient jusqu’à présent d’un petit bas de laine de 750 millions, dans ,lequel elles pouvaient piocher afin de gérer les cas les plus douloureux. Cette réserve semble condamnée : l’Etat devrait s’embourber les 750 bâtons d’aide sociale.
Ce ne sont pas des aides sociales, mais des cotisations, payées par les travailleurs !
Mais il y a toujours les Restos du cœur…
Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.