Le prétendu attentat contre Macron annoncé en novembre 2018 était un scénario exagéré. Deux membres du prétendu commando ont été libérés (mais ils restent mis en examen), le couteau en céramique et la cache d'armes se révèlent introuvables et les membres du prétendu commando ignoraient l'itinéraire de Macron ainsi que leur lieu de repli. Bref, il s'agit d'exictés, de grandes gueules, pas de terroristes. Ça n'empêche pas nos services de renseignement de continuer à revendiquer un millier d'activites d'ultradroite mélangés à des survivalistes (on met tout dans le même sac sans s'occuper des nuances… méga crédible, hein ?).
Il y a moins d'un mois, on apprenait que Castaner avait (encore) parlé trop vite en affirmant que la France a échappé à son 11-Septembre…
Deux illustrations supplémentaires qu'on ne peut pas faire confiance aux gouvernements, français ou américain même combat, quand ils annoncent avoir déjoués des attentats dans l'optique de faire adopter de nouvelles lois qui restreignent les libertés sans contrepartie.
Tuer le Président, rien de moins ! Il y a un an tout juste, le 6 novembre 2018 au lever du jour, les poulets de la Direction générale de la sécurité intérieure tombent sur le paletot de quatre loustics. Un informateur a avisé les cadors du Renseignement que « des militants d’extrême droite étaient résolus à mener une action violente à l’encontre du président de la République ». Allez, hop ! au trou !
A la clé, une retentissante mise en examen pour « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d’un ou de plusieurs crimes d’atteinte aux personnes ». En chœur, les médias annoncent « un nouvel attentat de l’ultra-droite contre le chef de l’Etat déjoué ». Las ! après un an d’instruction, les dangereux terroristes ne le sont plus vraiment. Deux des quatre membres du « commando » ont été libérés, et, au vu des éléments de l’enquête consultés par « Le Canard », le scénario macronicide se dégonfle. Un policier de haut rang l’admet : « Certes, les mecs reconnaissent être motivés par la haine de l’étranger, tout particulièrement des musulmans. Et il y a le début d’exécution de quelque chose. Mais à part ça… »
Pas fine lame
A part ça, le couteau en céramique qui devait servir d’arme du crime (histoire de tromper les portiques de sécurité) se révèle introuvable. Idem pour la cache d’armes datant de la dernière guerre mondiale : l’arsenal se résume à un vieux couteau de chasse trouvé dans la tiré d’un retraité soupçonné — c’est beaucoup dire — d’être le cerveau. La veille du prétendu attentat, les « terroristes » ignorent le trajet de la caravane présidentielle. Et n’ont aucune idée d’un « bunker de repli » d’où, après l’assassinat de Macron, ils auraient pu piloter l’« insurrection nationale » ! Comme l’a reconnu l’un de ces Pieds-Nickelés lors de sa garde à vue, ils n’étaient « pas prêts ». Faut pas être aussi dur avec soi-même…
Fachos bouillants
L’histoire est branquignolesque, mais n’a pas empêché les pouvoirs publics de la comptabiliser comme l’un des trois attentats d’extrême droite dejoués depuis 2017. Pourtant, la nébuleuse « néopopuliste » existe. « Faire de la com’ à des fins politiques sur le danger terroriste d’extrême droite, c’est banaliser un risque réel », déplore un chef enquêteur.
Selon les services de renseignement, un millier d’activistes d’ultradroite sont actuellement fichés. Parmi eux, pensent les flics, 200 cintrés susceptibles de passer à l’acte. « Ce qui nous préoccupe, c’est le profil facho solitaire, poursuit le même poulet. Des adeptes de la tuerie de masse comme Anders Behring Breivik, en Norvège, ou Brenton Tarrant à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. » Le mois dernier, les gendarmes de Pau ont serré une petite dizaine de groupies du tueur norvégien, qui viennent d’être mis en examen pour apologie du terrorisme.
Comme eux, sont particulièrement surveillés les survivalistes, ces « fanas mili » obsédés du treillis et de la gâchette fréquentant les clubs de tir sportif. Ce « terrorisme d’ultra-droite » attire davantage depuis 2015, précise un rapport parlementaire de juin 2019, et « cible les représentants des pouvoirs publics et les personnes de confession musulmane ».
En un an, les services de renseignement ont vu surgir dans leurs radars une centaine de gilets jaunes radicalisés, susceptibles de commettre des attentats. Alors que la date anniversaire du début du mouvement approche, un groupe inquiète particulièrement la DGSI… Ces « ultrajaunes » sont racistes, anti-impôts, anticapitalistes et violents.
Du jaune qui vire au brun. ..
Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.