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  • Anonymat sur Internet, CEDH et CJUE

    « Le considérant 14 de la directive e-commerce précise que « La présente directive ne peut pas empêcher l’utilisation anonyme de réseaux ouverts tels qu’Internet. » La CJUE rattache également ce droit à naviguer anonymement sur Internet aux articles 7 (droit à la vie privée) et 8 (droit à la protection des données personnelles) de la Charte UE des droits fondamentaux : « Ainsi, en adoptant cette directive [e-privacy n° 2002/58], le législateur de l’Union a concrétisé les droits consacrés aux articles 7 et 8 de la Charte, de telle sorte que les utilisateurs des moyens de communications électroniques sont en droit de s’attendre, en principe, à ce que leurs communications et les données y afférentes restent, en l’absence de leur consentement, anonymes et ne puissent pas faire l’objet d’un enregistrement. » (CJUE, gr. ch., 6 octobre 2020, La Quadrature du Net e.a., aff. C-511/18, C-512/18 et C-520/18, pt. 109 [ arrêt relatif aux données de connexion). Par ailleurs, la CJUE parle d’anonymat, et non de pseudonymat.
    […]
    La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) considère, au visa de l’article 10 de la CESDH qui protège le droit à la liberté d’expression, qu’il existe un principe de droit à l’anonymat sur Internet (CEDH, gr. ch., 16 juin 2015, Delfi AS c. Estonie, n° 64569/09, § 147). Ce droit à l’anonymat est également issu du droit à la vie privée de la [ CESDH ] puisque la Cour considère qu’un internaute conserve une attente raisonnable relative au respect de sa vie privée lorsque son adresse IP est traitée lors de sa navigation en ligne, alors même que l’adresse IP est, dans ce contexte, une donnée personnelle rendue publique par la navigation (CEDH, 24 avril 2018, Benedik c. Slovénie, n° 62357/14, §§ 100–119). »

    D'un autre côté, dans son arrêt Breyer contre Allemagne de 2020, la CEDH valide la collecte de données d'identification des détenteurs d'une carte SIM prépayée car l'ingérence est nécessaire et proportionnée. Donc, tout dépend de l'objectif poursuivi et des modalités de mise en œuvre.

    Concernant la dangerosité de l'anonymat sur le ternet, je ressors ça : Pourquoi la levée de l'anonymat sur Internet ne mettra pas fin aux délits en ligne (une expression agressive dépend plus de l'implication dans un sujet, de la position sociale de l'auteur, et de l'acceptation sociale de tels propos).

    Source : Projet de loi SREN et accès au porno : identifier les internautes ne résoudra rien.

    Sun Oct 15 10:47:29 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?mQiAsw
  • ARJEL = ANJ = blocage administratif + déréférencement

    L'ARJEL a été renommée Autorité Nationale des Jeux (ANJ) en 2020.

    Avant 2022, elle devait passer par un juge judiciaire pour obtenir le blocage, par les FAI, d'un site web non-agréé par l'État. Désormais, blocage administratif + déréférencement. Idem pour la pub (ou les cotes) pour un tel site. Article 49 de la loi 2022-296 visant à démocratiser le sport en France.

    Pour l'instant, la liste des sites web bloqués ou déréférencés est publique.

    Source : Le blocage de site sans juge et le projet PJLSREN du gouvernement.

    Sun Oct 15 10:33:46 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?9Ub5dQ
  • CSAR / Chat Control / CSAM

    Règlement européen « responding to Child Sexual Abuse Material (CSAM) » en cours de discussion. Suite de la dérogation à ePrivacy de 2021.

    Fait partie de la stratégie de l'UE « pour un meilleur Internet pour les enfants » (ça fait penser au Online Safety Act du Royaume-Uni, j'vais y revenir).

    • Faire surveiller par les hébergeurs et les opérateurs / fournisseurs, les publications, les magasins d'applis, et les messageries privées (côté client, donc avant chiffrement) afin d'identifier le pédoporn (plus largement les violences sexuelles sur mineur). LQDN considère que les chats dans les jeux vidéo sont concernés. Contrairement au DSA, pas d'exemption en dessous d'un seuil (CA, nombre d'utilisateurs, etc.) ;

    • Plusieurs étapes obligatoires :

      • Un opérateur / fournisseur ou hébergeur doit évaluer le risque d'utilisation de son service pour du CSAM. Indices : âge des utilisateurs (vérif' ou, à mon avis, analyse en douce des propos), ce qui, avec les lois interdisant les réseaux sociaux aux jeunes (loi 2023-566 instaurant une majorité numérique et luttant contre la haine en ligne, est déjà en route ; comparer son service à un autre ; possibilité, pour des adultes, de discuter avec des mineurs ; etc. ;

      • Atténuation du risque identifié : équipe de modération adéquate, coopération avec les signalements, contrôle parental (car les FAI sont aussi concernés par le CSAR), etc. ;

      • Si le risque est important, une injonction ciblée, judiciaire ou administrative, de surveillance généralisée du CSAM peut être émise à l'encontre d'un service. Temporaire (12 à 24 mois si vrai pédoporn ou nudité ou…) mais renouvelable sans limite. Les critères sont flous (comparaison avec des services similaires, par ex.), d'où une crainte de surveillance généralisée (la compréhension française de l'injonction prônée par le CJUE en matière de rétention de données de connexion est une injonction générale, appliquée à tous les FAI, par ex.). La détection porte sur des contenus connus (liste d'empreintes fournies par les autorités instituées par ce règlement, entraînement des outils maison sur du CSAM déjà identifié hors données biométriques ‒ visage, voix ‒, etc.) ou inconnus ainsi que sur les propos qui amorcent les abus. Détection côté client, sur les terminaux, donc le chiffrement de bout en bout est contourné ;
    • Un « Centre de l'UE » sera le coordinateur des autorités nationales (comme l'EDPB ou le BEREC). Il fera des préconisations sur les techniques et les outils utilisables par les fournisseurs / opérateurs et les hébergeurs (hahaha, le bon vieux temps de HADOPI et de la sécurisation des accès à Internet avec un outil magique qui n'a jamais existé ni, de fait, été labellisé :') ). Il collectera les signalements des fournisseurs de services, les qualifiera et s'il y a lieu, les transmettra à Europol ;

    • Demande, judiciaire ou administrative, de retrait d'un contenu publié ou son blocage par les FAI, sous 24 h ;

    • Comme avec le DSA, le lambda (ou le fournisseur) devra pouvoir signaler un contenu, contester une décision (signalement au Centre de l'UE, blocage, retrait, etc.). Extra-territorialité, représentant légal en UE, etc. ;

    • Sanctions similaires à celles du DSA (6 % CA mondial), autorités nationales, plaintes des victimes sous forme d'un semblant de guichet unique sauce RGPD. Les victimes peuvent demander où elles apparaissent et si un contenu litigieux a été retiré (je trouve ça insuffisant mais pertinent). Partage entre les autorités ;

    • Critiques : solutionnisme technologique plutôt que prévention / éducation. Faux positifs (sexto et autres photos dénudées genre vacs, etc.). Les vrais pédocriminels utilisent d'autres modes opératoires (archives chiffrées, darknet, etc.). La CJUE a retoqué la conservation généralisée des données de connexion hors menace réelle, actuelle ou prévisible sur la sécurité nationale, donc une analyse des contenus pour identifier des comportements qui ne sont pas tous des infractions (sexto entre mineurs par ex.)… (Je pense que ça va passer, en jouant sur l'émotion, les chtits nenfants tout ça c'est triste.)



    Récemment, Apple s'est fait mousser en annonçant renoncer à détecter les contenus pédoporn sur iCloud. Comme le rappelle LQDN : « Néanmoins, il faut relativiser cette prise de position dès lors que la firme continue d’expérimenter une technologie similaire dans une fonction facultative dénommée « Communication Safety » qui recherche de la nudité directement sur les terminaux. ». On constate cela dans les articles de Wired et d'Ars Technica.



    Sources :

    • Lutte contre les abus sexuels sur des enfants : le futur règlement CSAM ligne par ligne (1re partie) et Lutte contre les abus sexuels sur des enfants : le futur règlement CSAM ligne par ligne (2de partie) ;

    • La Commission européenne veut surveiller l'intégralité du web, des mails et des messageries chiffrées ;

    • Pédocriminalité : des juristes de l'UE taclent le projet de surveillance des messageries chiffrées ;

    • Règlement CSAR : la surveillance de nos communications se joue maintenant à Bruxelles.



    ÉDIT DU 21/12/2023 :

    Fin novembre 2023, les différents groupes politiques du parlement se sont mis d'accord sur une position commune refusant les injonctions généralisées de surveillance d'un acteur. Une surveillance ciblée, sur injonction judiciaire, d'individus et de groupes (genre tout un canal de discussion) sur lesquels pèserait une suspicion resterait possible. Restera à voir les détails quand la nouvelle monture du texte sera publiée genre comment cela sera-t-il fait si chiffrement de bout en bout ? La vérification de l'âge demeure (nouveautés : pas de conservation des "justificatifs" et trucs du même genre, vérification proportionnée pouet-pouet, etc.)

    Suite ? Gérer le dissensus avec le Conseil (co-législateur UE). Rien n'est encore joué.



    Concernant le Online Safety Act anglais : il concerne l'automutilation, les menaces, le harcèlement, les fausses infos (kézako ? Tout gouvernement, collectif ou individu en diffuse en permanence…), la pub pour des escroqueries (tout le marketing n'est-il pas une escroquerie ?), l'accès au porn par les mineurs et donc l'impossible question de la vérification de l'âge. Il a un côté DSA : il concerne aussi les adultes, il vise les grands acteurs numériques, il exige d'eux des évaluations de la menace, il prévoit de lourdes sanctions, etc. Comme le règlement CSAR, il prévoit l'analyse des messages interpersonnels mais le gouvernement a promis qu'il n'obligera pas les acteurs à compromettre le chiffrement ni à utiliser des techniques qui n'existent pas (encore heureux), et, c'est bien connu, quand un gouvernement promet, on est rassuré. :))))

    FIN DE L'ÉDIT DU 21/12/2023.

    Thu Oct 12 18:29:13 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?rWZV4w
  • DMA et DSA

    Paquet législatif européen de deux textes extra-territoriaux complémentaires.


    Digital Markets Act (DMA)

    Règlement européen 2022/1925 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique aka règlement sur les marchés numériques. Préparation entre 2020 et 2022. Entrée en application progressive entre mai 2023 et mars 2024.

    Règlement plutôt axé concurrence, B2B (plateformes qui permettent à des entités utilisatrices d'attendre des consommateurs finaux), etc.

    • Définition de fournisseurs de services de plateforme essentiels aka contrôleurs d'accès aka gatekeepers dans nombre de domaines (intermédiation, messagerie, moteurs de recherche, système d'exploitation, navigateur web, publicité, cloud, etc.). CA annuel dans l'UE > 7,5 milliards d'euros ou valorisation boursière > 75 milliards d'euros + présence dans au moins trois pays de l'UE ou 45 millions d'utilisateurs finaux européens actifs mensuels (ou 10 k pro), durant 3 années. Évidemment, les techniques de segmentation pour échapper aux seuils sont caduques (article 13). La Commission pourra décider d'inclure ou d'exclure sur d'autres critères comme l'effet réseau, la captivité, le gain tiré des DCP, etc. Granularité par service (une même entité peut posséder plusieurs plateformes essentielles), d'où Apple et Microsoft négocient déjà pour certains de leurs services. De même, Apple négocie pour que l'ouverture à autre chose que l'Apple Store ne soit effectif que sur iPhone, les autres systèmes n'atteignant pas le seuil d'utilisateurs ;

    • Réduire la captivité : interdiction des dark patterns, interdiction de coupler des services (ex. : obliger Apple Play dans un jeu dispo sur l'Apple Store ou compte Google pour YouTube), permettre la désinstallation d'applications préinstallées, interdiction de référencer ses services plus favorablement que ceux des clients et de saboter le service rendu par une société commerciale utilisatrice. Ce dernier point vaut aussi pour des applis iPhone de base, pour les navigateurs web, les moteurs de recherche, et ouvre donc la voie à l'installation de magasins d'applis alternatifs (pour éviter ce genre de comportement). Côté ricain, depuis 2020, la question du magasin d'applis obligatoire se discute dans les tribunaux ;

    • Interopérabilité entre systèmes et applis. Interopérabilité des messageries (2 à 4 ans pour s'adapter après leur désignation comme gatekeeper) dont le chiffrement de bout en bout s'il existe (il est explicitement prévu dans le texte). Je ne comprends pas les critiques sur la faisabilité technique : il est possible de définir des normes, comme email + PGP, XMPP + OMEMO, SMSSecure / Silence (dans chaque cas, il y a bien plusieurs fournisseurs / opérateurs et plusieurs logiciels de messagerie, excepté Silence / SMSSecure). Je n'identifie pas de danger nouveau (les données de connexion doivent déjà être collectées et partagées). L'obligation est asymétrique (les messageries peu utilisées ne sont pas obligées de s'ouvrir aux grosses, ce qui permettra de ne pas étouffer les premières sous les changements incessants des secondes), d'où (entre autres) on risque de se retrouver avec des API plutôt qu'avec un protocole standard / commun (mais alors, quid du chiffrement de bout en bout également protégé par le texte ?) ;

    • Obligation renforcée de transparence, de rendre compte (à la CE), de subir des audits (y compris sur les techniques de profilage) ;

    • Une plateforme doit donner accès en temps réel aux données produites par son client (générées par ses activités genre performance, marketing genre infos sur les pub qu'elles financent) et ne pas utiliser les données non publiques d'un client pour lui faire concurrence (Next Inpact dit que mamazon a déjà pratiqué ça)… ;

    • Je ne comprends pas en quoi plusieurs dispositions constituent un apport nouveau. Pas de réutilisation de DCP ni de traçage (y compris pub ciblée et combinaison de journaux entre services d'une même entité) sans consentement (la CJUE est arrivée à la même conclusion quasi en même temps), maximum une demande de consentement pour la pub ciblée par an, portabilité effective des données, tout ça est prévu par le RGPD… ;

    • Sanctions : jusqu'au 10 % du CA annuel mondial (20 % en récidive, 1 % pour défaut de communication d'infos), cessation d'activité, etc. Qui ? Gus dédié à la conformité, Commission, autorités nationales de la concurrence, « groupe de haut niveau » (BEREC, EDPB, EDPS, réseau européen de la concurrence, ERGA, réseau européen de protection des consommateurs), etc. mais on sent que le pouvoir est concentré dans la CE (notamment dans son groupe de travail DMA).

    Sources :

    • Comment le Digital Markets Act va-t-il se mettre en place ? ;

    • Que va changer le Digital Markets Act en pratique ? ;

    • Tout comprendre au DSA : la loi européenne qui encadre les géants du web, chapitre « Quelles différences avec le DMA […] » ;

    • Numérique : que sont le DMA et le DSA, les règlements européens qui visent à réguler internet ?


    Digital Services Act (DSA)

    Règlement européen 2022/2065 relatif à un marché unique des services numériques aka règlement sur les services numériques. Préparation entre 2020 et 2022. Entrée en application entre août 2023 (acteurs essentiels) et février 2024 (source).

    Règlement plutôt axé contenus, citoyens (B2C), harmonisations des législations nationales (sur le retrait de contenus, par ex.), etc.

    • Fournisseurs de services intermédiaires (transmission / accès à un réseau de communication, hébergeur, CDN, places de marché, etc.). On sent une volonté de combler le manque entre hébergeur, éditeur et FAI. Les plateformes sont des hébergeurs qui stockent et diffusent au public des informations à la demande d'un de ses utilisateurs. Les moteurs de recherche sont définis à part (c'est bien un service intermédiaire, mais ni d'hébergement ni de transport ni de CDN) ;

    • Obligations additionnelles pour les très grandes plateformes et moteurs de recherche (> 45 millions d'utilisateurs européens actifs mensuels), TGP, qui sont aussi qualifiés de VLOP (Very Large Online Platforms) ou de VLOSE (Very Large Online Search Engine). Contrairement au DMA, rien n'est dit concernant la segmentation pour échapper au seuil. Les petites entités (< 50 salariés, CA annuel < 10 millions d'euros) échappent aussi aux rapports de transparence ;

    • Beaucoup d'obligations existantes ou qui semblent aller de soi : désigner un représentant dans l'UE et un délégué à la conformité (ce deuxième point est uniquement pour les TGP), rapports de transparence (dont le contenu est cadré), modération (outils de signalement, signaleurs de confiance comme PHAROS en France, transparence dans la modération), contestation d'un retrait / blocage / suspension en interne et "médiateur" externe, retrait des contenus / produits (pas sur simple notif', il faut que ça soit motivé, pas de délai mais une « diligence raisonnable », pas de pro-activité), limiter les signalements abusifs, etc. Bref, aucun changement sur la responsabilité des intermédiaires techniques (par rapport à ce qu'on a en France) ;

    • BDD anonymisée des retraits de contenu à disposition de la Commission (afin d'identifier, si elle le souhaite, les abus de la modération) + une plateforme doit alerter les autorités des États membres des potentielles infractions graves (mise en danger vie ou sécurité d'autrui) ;

    • Protocole pour réagir (renforcer la modération ? quoi d'autre ?) lors de crises liées à la sécurité ou à la santé publiques (forte désinformation liée à un événement, par ex.). Flou complet. Uniquement les TGP ;

    • Pour les TGP : transparence des algo de pub / recommandation + proposer au moins un système de recommandation qui ne se base pas sur le profilage (mais c'est à l'utilisateur de l'activer…). Pour toutes les plateformes : stats sur la pub accessibles au public (identité de l'annonceur, nombre de visionneurs, durée de la campagne, public visé, etc.) ;

    • Interdiction de la publicité ciblée pour les mineurs (< 18 ans) + (considérant 69) ces plateformes « ne devraient pas » présenter de pub ciblée via des DCP sensibles (renvoi à l'article 9 du RGPD donc opinions politiques, convictions religieuse ou philosophique, appartenance syndicales, orientation sexuelle, santé, etc.) ;

    • Interdiction des dark patterns, comme le DMA (trololo, faudra voir lesquels car les réseaux d'asociaux en regorgent) ;

    • Une place de marché « devrait déployer tous les efforts » pour vérifier les informations d'un vendeur (identifiant pro, email, IBAN, etc.) dans les bdd officielles, par ex. (considérant 73). Elle devra en tout cas les détenir et afficher les plus pertinentes ;

    • Les TGP doivent s'auto-analyser annuellement et réduire les risques systémiques qu'ils font peser (on a un parallèle dans le RGPD et on voit l'absence de résultat…) et subir des audits indépendants (à leur charge) ;

    • Sanctions : 6 % du CA annuel mondial, injonction, bannissement, etc. Qui ? CE (elle se réserve les TGP, via une redevance versée par elles), Autorités nationales (ARCOM en France) rassemblées dans un comité européen (comme le BEREC ou EDPB). L'État membre compétent est celui où l'entité a déclaré son établissement principal ou son représentant, donc l'Irlande…

    Sources :

    • Que change le Digital Services Act en pratique ? ;

    • Le Digital Services Act expliqué ligne par ligne (articles 1 à 24) et Le Digital Services Act expliqué ligne par ligne (article 25 à 74) ;

    • Tout comprendre au DSA : la loi européenne qui encadre les géants du web (attention, certains points sont présentés comme une obligation alors qu'ils sont rédigés au conditionnel et présents uniquement dans les considérants) ;

    • Numérique : que sont le DMA et le DSA, les règlements européens qui visent à réguler internet ?


    Point commun

    Comme dans d'autres domaines, une partie du droit national de chaque État membre est ainsi délégué à l'UE. Il faut donc informer la CE et ne pas légiférer au niveau national (ça reviendrait à fragmenter les règlements européens, qui ont justement un objectif d'application uniforme à travers l'UE, d'harmonisation des législations).

    La Commission européenne avertit la France qu'elle ne peut pas aller au-delà de ses règlements (à propos du bannissement des harceleurs des réseaux d'asociaux) :

    « Si les États membres veulent ajouter des nouvelles obligations supplémentaires à celles prévues par le DSA, ils peuvent le demander, mais il faut un consensus au niveau européen. Elles ne doivent pas être incluses dans des lois nationales qui vont revenir à fragmenter l’application du DSA. Si la France le fait, qu’est-ce qui empêchera demain Victor Orban ou la Pologne de demander à un hébergeur de retirer des contenus LGBT ? »
    […]
    La Commission européenne a déjà rappelé que les États-membres ne devaient pas, sur un « domaine réservé » déjà traité par Bruxelles, édicter des règles plus strictes. […] Les États membres devraient s’abstenir d’adopter des législations nationales qui feraient double emploi avec ces règlements ou qui créeraient des dispositions plus strictes ou plus détaillées dans les domaines réglementaires concernés […]

    Ainsi, je me demande dans quelle mesure le DSA et le DMA limiteront le concours perpétuel de la meilleure idée liberticide. Quelle proportion des mesures proposées en France sera en conflit avec les règles européennes (dont l'essentiel porte sur les géants du numérique) et torpillée de ce fait (et des mesures ne visant pas les géants seront perçues comme inutiles…) ? Dans quelle mesure la France convaincra l'UE (comme sur les données de connexion) ?



    Premier effet chez Microsoft en novembre 2023. Sur YouTube, ça donne la désactivation par défaut des recommandations, d'où une page d'accueil blanche.

    Thu Oct 12 12:36:44 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?26d_bg
  • Pass sanitaire, géopolitique de la Data, copie privée ? Benjamin Bayart et Marc Rees [EN DIRECT] - Thinkerview

    Causerie Thinkerview en juin 2021. Retranscription.



    Données personnelles (DCP, en vrai) et géopolitique :

    • L'ordinateur est fatal (inéluctable). N'existe que ce qui est implémenté (ex. : sans Unicode, des dialectes et des langues ne pouvaient être écrites avec un ordi). Rigidifie le monde (il faut entrer dans les cases prévues, et ajouter des cases après-coup pour rattraper ce qu'on nommera une bourde dans le modèle de données, ne suffit pas : il pourra toujours y avoir des cas imprévus, la multiplication des cas ajoute de la complexité, etc.). La réalité ne rentre pas forcément dans les cases. Contraint l'agent administratif comme l'usager (il a le même logiciel). Plus de négociation possible. Forte contrainte sur les individus : quand un 06 est exigé jusqu'à l'absurde, quand on ne centre pas la médecine sur le patient, etc. ;

      • D'un autre côté, un guichetier peut être incompétent, mal luné, malhonnête, il peut refuser le service au faciès ("ce n'est pas possible"), proposer des solutions sans issue, etc. et un Cerfa n'est pas moins rigide (car il s'agit d'un fichier). Exemple : l'accueil des victimes de viol par les flics. Selon la description du sociologue Max Weber, même sans ordinateur, la bureaucratie a pour but de favoriser l'égalité par la division verticale (celui qui décide n'est pas celui qui est face à l'usager), la mise à distance de l'usager (qui s'apparente à la réification évoquée par Benjamin), une procédure qui se veut invariable, stricte, rigide, etc. Même avant la numérisation de l'administration que nous avons connue, je n'ai pas le souvenir d'avoir eu des conseils pertinents ou un traitement exceptionnel de la part d'un guichetier. Au mieux on m'a proposé un contournement refusé par ceux qui ont traité le formulaire par la suite… Aucun intérêt.
    • Tout fichier est une maltraitance potentielle, car il institue une relation d'humain à objet, chosification (réification). Le contre-exemple qui me parle le plus, qui n'est pas donné par Benjamin, mais par Fakir, c'est le PDG de France Télécom qui, se déplaçant sur un site et rencontrant ses salariées (il sort donc d'une représentation sous forme de fiche de ses salariées), renonce à le fermer (source) ;

    • En UE, les DCP font partie des droits de la personne, pas de la propriété privé. Elles nous définissent, tels les attributs d'un objet en POO. D'où toute entité qui manipule des DCP d'Européens doit appliquer le RGPD et qu'il n'y a pas besoin d'établir un préjudice économique pour démontrer une atteinte aux droits (c'est pas faux mais tu vas pas au pénal +/- le civil pour une broutille non plus, et branche administrative dépend de la CNIL dont Benjamin évoquera l'inefficacité…) ;

    • Si l'on additionne les 3 points précédents, un fichier de DCP revient à maltraiter, sans recours, des personnes. D'où c'est encadré ;

    • Le point essentiel du cloud souverain est : quel droit s'applique ? Schrems II illustre un conflit de lois entre FISA et RGPD (comme il en existe en fiscalité et dans tant d'autres domaines). Une géopolitique ambitieuse dépend de la volonté des États membres. Actuellement, manquante. Absence de politique économique dans la présentation du cloud souverain par Bruno Lemaire (école, filière, débouchées, commande publique, etc.) ;

    • La CNIL a adopté ses lignes directrices cookies mi-2019 pour une application à partir de mi-2020 (après la publication de recommandations). Donc, jusqu'à mi-2020, la poursuite de la navigation valait consentement, comme avant l'entrée en vigueur du RGPD. Le RGPD a été voté en 2016 et est entré en application en 2018 justement pour laisser le temps de définir les nouvelles règles, de s'adapter, etc. Il est inacceptable que la CNIL, de son propre chef, prolonge ce délai d'adaptation. Mais le référé de LQDN avait échoué ;

    • Health Data Hub / Système national des données de santé (SNDS) : vrai intérêt pour la recherche ; risques induits par la centralisation et la concentration de beaucoup de données sensibles de toute une population ; risque de mésusages ; la mise en œuvre sans consentement est contestable, une médecine centrée sur le patient aurait été préférable (il choisit à qui il donne, il révoque, etc.).



    Passe sanitaire :

    • Une obligation vaccinale s'entend, mais pourquoi la coupler avec du contrôle policier et d'identité par le moindre tenancier d'un bistrot qui accédait à masse de DCP ? Les contrôles de vaccination contre les maladies tropicales sont limités dans la temporalité et la quantité de contrôleurs ;

    • Le MODEM voulait que des DCP soient retirées du passe avant de voter le texte. Le gouv' a cédé… tout en appliquant ce qu'il avait prévu au départ, c'est-à-dire ce qui a été retiré de la loi. Problème de séparation des pouvoirs. LQDN avait contesté ce trop-plein de données perso : son référé liberté avait été rejeté par le Conseil d'État.



    Redevance copie privée (RCP) :

    • Indemnité compensatrice de la liberté de copie privée. Ce n'est pas une taxe, ni une rémunération ;

    • Opacité de la commission administrative qui fixe le barème, l'assiette, etc. Répartition des voix : 12 pour les ayants-droits, 6 pour les consommateurs, 6 pour les équipementiers. Ce sont les ayants-droits qui financent les études d'usages (qui servent à fixer le barème) ;

    • L'industrie se gargarise de la baisse de la vente de supports physiques et du P2P, et de la hausse du streaming légal… Mais la RCP reste constante. Incohérence ;

    • Les pros, qui acquièrent des supports de stockage pour faire autre chose que des copies privées peuvent se faire rembourser la RCP. C'est lourd. Très peu de commerçants proposent une facture mentionnant la RCP. Si on avait voulu que ça fonctionne, ça fonctionnerait, comme la TVA (aux USA, y'a la TVA fédérale et celle de l'État, et ils y arrivent) ;

    • 25 % de la RCP va aux sociétés de gestion collectives pour financer des études ou des festivals et autres événements, qui, de fait, constituent un levier d'influence auprès des élus (vote dans mes intérêts sinon pas de festival dans ta circonscription) ;

    • RCP sur les biens reconditionnés alors que l'enjeu était d'en diminuer le prix le plus possible pour inciter. Elle a déjà été payée à l'acquisition initiale (ça me fait penser aux gobelins dans Harry Potter pour qui un achat est une location, donc il faut restituer un objet au décès d'une personne quitte à ce que les descendants le rachète aux gobelins). Pétition bidonne signée par des directeurs, des administrateurs, une juriste, ou le directeur général de la SCAM, société de gestion collective et qui visait Back Market… qui est une place de marché qui, de fait, n'est pas soumise à la RCP.



    Macro-économie :

    • « Tout euro d’importation se traduit par une montée du chômage et que tout euro d’exportation » ;

    • Protectionnisme économique douanier ou réglementaire (comme le RGPD ou le format des prises électriques).
    Tue Oct 10 18:03:24 2023 - permalink -
    - https://videos.thinkerview.com/w/wggpYdGbBrqdgW7Dw2mfyd
  • Réponse à la consultation de l'ARCEP concernant le projet de décision modifiant la décision n° 2012-0366 relative à la mise en place d’une collecte d’informations sur les conditions techniques et tarifaires de l’interconnexion | Fédération FDN

    Ma dernière contribution à une réponse de la FFDN à une consultation de l'ARCEP (après quoi j'ai arrêté de pisser dans un violon).

    Mon principal apport est la problématique des CDN que des FSI (Netflix, Valve/Stream, Google/YouTube, etc.) déploient chez les FAI (terminologie : off-nets CDN). Ils sont accessibles, et donc améliorent la qualité de service, de ces seuls abonnés, favorisant ainsi ces FAI au détriment d'autres (surtout les plus petits).

    De même, seules quelques entités (FSI, opérateur de CDN) bien établies peuvent construire et opérer une telle machinerie, ce qui entraîne une concentration du marché voire une éviction des nouveaux entrants.

    Cette restriction d'accès en fonction de l'IP source (ou destination) pourrait être regardée comme une atteinte à la neutralité du net. Le reproche n'est pas d'héberger des machines dans le réseau d'un FAI, mais la manière, restrictive, d'interconnecter ce nœud avec le réseau du FSI et du FAI. Il ne s'agit pas d'une offre conventionnelle d'hébergement, puisque l'apport réel est une route privilégiée entre deux réseaux qui profite uniquement à deux entités (FAI et FSI), c'est-à-dire une interconnexion privilégiée.

    Un CDN on-net (dans le réseau du FSI, ou off-net sans route privilégiée) bien réparti avec des interconnexions qualitatives vers les FAI ne présente pas ces inconvénients et permet une délimitation franche (chacun son réseau, échange de trafic entre réseaux / opérateurs, etc.). C'est encore mieux si la "mutualisation" s'effectue sur des points d'échange (là encore, ça évite aux gros FAI ou FSI de graisser la patte de l'autre ou de l'entraver).

    Une mini-étude sur ces CDN externalisés.

    Je me demande dans quelle proportion la généralisation de cette pratique a freiné les bastons autour des interconnexions entre opérateurs réseaux (gratuite ou payante, combien, etc.) qui étaient fréquentes il y a 10 ans. (Un CDN hébergé chez un FAI désengorge ses interconnexions.)

    Tue Oct 10 15:22:46 2023 - permalink -
    - https://www.ffdn.org/fr/etude/2017-11-20/reponse-la-consultation-de-larcep-concernant-le-projet-de-decision-modifiant-la
  • [ Directive européenne sur le droit d'auteur et les droits voisins dans le marché unique numérique ]

    Directive européenne 2019/790. Improprement nommée « directive copyright » (régime juridique différent du droit d'auteur qui existe uniquement en droit anglo-saxon).

    À l'époque, deux dispositions avaient fait grand bruit : un droit voisin de 20 ans pour la presse, et une obligation de conclure des accords avec les ayants-droits ou, à défaut, de mettre en œuvre un filtrage automatisé des contenus publiés par les utilisateurs.

    Au final, on est loin du cataclysme annoncé : le droit voisin ne concerne pas les liens ni les usages perso / non-commerciaux, et le droit de citation prévaut ; le filtrage auto n'est exigé que d'entités ayant un chiffre d'affaires conséquent et/ou un nombre d'utilisateurs actifs conséquent et/ou une certaine ancienneté, et le droit de citation, revue, parodie, critique, prévaut. Je rejoins l'analyse de Calimaq selon laquelle ces critères sont utiles et pertinents pour défendre un Internet acentré à taille humaine (qui, pour moi, passe, entre autres, par l'entrave des géants).

    En avril 2022, dans son arrêt C-401/19, la CJUE a validé le filtrage automatique en insistant sur le fait que le contenu doit être manifestement illégal (les FSI n'ont pas à en apprécier de manière autonome ‒ cela vaut aussi pour les plaintes des ayants-droits qui devront être précises ‒), qu'il convient de limiter les faux-positifs (entraves aux usages licites), et qu'un recours contre une censure doit pouvoir être exercé auprès d'une personne physique du FSI. J'observe que YouTube ne satisfait pas ces critères (il ignore les usages licites, et les recours sont automatisés).

    Tue Oct 10 12:19:11 2023 - permalink -
    - https://fr.wikipedia.org/wiki/Directive_sur_le_droit_d'auteur_dans_le_march%C3%A9_unique_num%C3%A9rique
  • Loi Renseignement 2 : nos arguments au Conseil constitutionnel – La Quadrature du Net

    + https://www.nextinpact.com/article/45632/reforme-loi-renseignement-pistes-senat (NI ne propose pas d'étude de la version finale du texte).

    Loi 2021-998 du 30 juillet 2021 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement. Prise en urgence après l'assassinat d'une flic à Rambouillet. Mon court shaarli sur cette loi.

    • Pérenniser et étendre les boîtes noires de la loi renseignement 2015. On reprend le verbe de la CJUE, « menace grave pour la sécurité nationale actuelle ou prévisible », mais sans contrôle préalable effectif et avec une définition divergente de la sécu nationale ;

    • Changement d'architecture : on passe de boîtes noires dans les réseaux des opérateurs à une duplication du trafic vers une architecture de l'État ;

    • Les boîtes noires et la surveillance en temps réel des données de connexion portent désormais aussi sur les URL (« adresses complètes de ressources utilisées sur internet ») ;

    • Faciliter les échanges d'informations entre services de renseignements et entre eux et d'autres administrations (y compris les collectivités locales, les organismes de sécu et ceux chargés d'un service public). Permis par la loi renseignement de 2015 et élargis par une loi de prolongation de l'état d'urgence de 2016. LQDN avait attaqué ça (absence de cadre, la plupart des administrations n'ont aucun lien avec le renseignement et ses finalités, qu'est-ce qu'une « info utile » ?), la décision est rendue pendant les débats, la nouvelle loi en tient compte à la marge voire pas du tout ;

    • Conservation 5 ans des renseignements obtenus, à des fins de R&D ;

    • La loi renseignement de 2015 force la coopération des FAI et FSI, notamment pour les boîtes noires (ou les données de connexion ou la géolocalisation). Cette loi ajoute le recueil et la captation de données informatiques. Ces entités deviennent des acteurs de la compromission de leurs clients. Le périmètre est flou (donc large) et les débats parlementaires et les entrevues journalistiques laissent à penser à l'introduction de failles de sécurité dans les outils de chiffrement ou au contournement du chiffrement en siphonnant directement les données d'un smartphone (faille ? via la baseband ?) ;

    • Surveiller les communications satellitaires (sans trop de surprise vu le développement de Starlink et de mamazon) ;

    • Perquisitions : pour les autoriser, on passe de « menace d'une particulière gravité » à « menace grave », donc on élargit ;

    • Fermer les lieux qui dépendent de lieux de cultes (kézako ?) ;

    • Énièmes mesures de sûreté après une peine pour terrorisme ;

    • Croisement de fichiers liés à la psychiatrie, élargissement des personnes autorisées à consulter le résultat, etc. ;

    • Etc.

    Le Conseil constitutionnel a validé.

    Tue Oct 10 10:20:41 2023 - permalink -
    - https://www.laquadrature.net/2021/07/28/loi-renseignement-2-nos-arguments-au-conseil-constitutionnel/
  • Le Conseil d’Etat se refuse d’emboiter le pas au joueur de flûte de Karlsruhe*, par Jacques Ziller – blogdroiteuropéen

    Le Conseil d’Etat a catégoriquement rejeté l’argument selon lequel les tribunaux des Etats membres, en particulier leurs cours suprêmes (ou constitutionnelles), seraient habilités à contrôler un « ultra vires » des institutions européennes. La formulation de l’arrêt est une manière implicite de reconnaître qu’il existe un monopole de la Cour de justice de l’UE dans l’interprétation authentique du traité – contrairement à la Cour constitutionnelle fédérale allemande dans l’affaire Weiss. L’arrêt reprend également la jurisprudence (désormais classique) du Conseil d’Etat selon laquelle ce n’est que s’il n’existe pas en droit de l’Union un droit fondamental correspondant à celui garanti par le droit constitutionnel français que ce dernier doit prévaloir.
    […]
    Ce point de vue [ « ultra vires » ], défendu par une partie de la doctrine de droit public allemand, a été rejeté l’essentiel de la doctrine des autres États membres, ainsi que par la doctrine allemande de droit communautaire.
    […]
    Il s’agit d’une référence à la jurisprudence développée par le Conseil d’État depuis l’affaire Arcelor. Selon cette jurisprudence, qui peut être considérée comme une version française de la doctrine des contro-limiti de la Cour constitutionnelle italienne, s’il existe en droit de l’UE soit en droit primaire, soit comme principe général du droit, un droit fondamental équivalent à celui garanti par le droit constitutionnel français (dans l’affaire Arcelor, il s’agissait du principe d’égalité), le droit de l’UE tel qu’interprété par la Cour de justice doit être appliqué. Ce n’est que si un tel droit n’existe pas dans les deux systèmes juridiques (par exemple le principe de laïcité) que le droit constitutionnel français s’applique le cas échéant en n’appliquant pas une norme européenne.

    Pour ceux qui n'ont pas reconnu : l'arrêt qui est commenté, daté du 21 avril 2021, est celui par lequel le Conseil d'État a adapté le droit français en matière de données de connexion aux arrêts de la CJUE. L'arrêt Weiss de la Cour constitutionnelle allemande, qui a capoté, porte sur le rachat de la dette d'États sur le marché secondaire (entre organismes financiers par la BCE (programme PSPP, couramment nommé quantitative easing).

    Mon Oct 9 16:26:18 2023 - permalink -
    - https://blogdroiteuropeen.com/2021/04/23/le-conseil-detat-se-refuse-demboiter-le-pas-au-joueur-de-flute-de-karlsruhe-par-jacques-ziller/
  • Les mots et les concepts d'une époque

    Ces dernières années, chez les militants de tout poil (y compris les animateurs de causeries TV, donc), j'ai vu des mots inconnus apparaître de plus en plus souvent… J'y comprenais rien (et c'est toujours le cas). Et surtout, je pigeais pas l'apport de ces mots (et c'est toujours le cas). SJW, cancel culture, woke, essentialiser, anthropocène, classiste, validiste, masculiniste, transphobe, grossophobe, psychophobe, spéciste, etc.

    J'avais ouvert quelques onglets pour mener des recherches :

    • Cancel culture : des censeurs qui t'interdisent de lire ou voir ce que tu veux ou d'écouter qui tu veux, en pratiquant, entre autres, la réprobation sociale, le harcèlement, ou la violence physique. C'est pour ton bien, pour pas que tu sois heurté, pour diffuser à la place des idées qui feront progresser le monde, et pour pas que le fascisme revienne (trololo). Au début, je pensais que ça voulait dire « ignorer », du coup ça ne me choquait pas (tu peux me préconiser d'ignorer tel ou tel contenu tant que tu me laisses décider). Mais vu qu'il y a une organisation et des actes pour réprouver, harceler, interdire, ce n'est clairement pas de ça qu'il s'agit. Ceci dit, je vois rien de neuf… La censure a toujours existé à des intensités différentes (Index, interdictions ciblées de livres ou de spectacles, retouche d'œuvres pour ne pas choquer, pour virer la clope d'un fumeur invétéré, assassinats, etc.). Nous sommes actuellement dans une censure diffuse (le censeur = le voisin) de forte intensité, je dirais ;

    • Social Justice Warrior : un défenseur de la justice sociale et des droits humains qui en fait trop dans le but de s'organiser un fort pouvoir personnel, de récolter une gloire, tel le chef d'une révolution. Le woke joue dans la même catégorie, les aspects pouvoir personnel et gloire en moins ;

    • Pour classiste, j'ai disjoncté pour me préserver. Faut pas pousser… (Ceci dit, je comprends le message : oui, le nutriscore est un outil incitatif visant à changer les comportements plutôt que de traiter le problème de la malbouffe à la racine par une politique publique, la création d'une filière complète, du protectionnisme, etc. De là à parler de classiste et de grossophobe, je ne suis pas. Je viens de décrire le problème avec des mots existants, donc c'est faisable.) ;

    • J'ai toujours pensé que les mots suffixés par « -phobie » sont mal conçus. Je conçois que la peur soit l'une des origines du rejet, de l'aversion, de la volonté d'ignorer d'autres gens voire de limiter leurs droits et libertés, mais il n'y a pas que ça dans le cocktail, me semble-t-il. À l'opposé, « misogyne » me semble bien fichu (alors que femmophobe, qui semble exister, ne me parle pas). Et surtout, quels propos et comportements relèvent précisément de cette terminologie ? Quels propos et comportements relèvent d'un acte hostile envers une communauté (si je puis dire) ou à l'encontre d'une personne pour laquelle on a une liste de griefs objectifs ? L'indifférence est-elle phobie ? De plus, j'ai toujours du mal à qualifier d'homophobes les propos tenus dans les stades de foot, qui sont à la limite entre jurons et injures, je trouve. Bref, cette tendance à dénoncer tout comportement avec un mot en « -phobe » ne me convient pas ;

    • Anthropocène, c'est comme futurologue, je bute sur la sémantique. L'humain comme force géologique majeure entraînant l'écocide : la majorité des humains est donc responsable. N'est-ce pas plutôt une organisation économique et sociale qui l'est ? Certes, ce sont des humains qui la mettent en œuvre, mais soyons précis.

    Au final, j'ai décidé de m'en foutre. Quand il faut un doctorat en charabia (ou dans une spécialité) pour comprendre des mots excluants qui servent à montrer qui est dans le coup et qui ne l'est pas et qui s'utilisent dans des débats de terminologie interminables (façon anars et marxistes-léninistes-trotskistes), c'est que les propos ne me sont pas destinés (comme quand des chercheurs en économie ou en sociologie ou en… échangent avec un vocabulaire précis ultra chiadé pour faire avancer leur science) et qu'ils ne seront jamais majoritaires (comme l'anarchisme et le communisme, précisément). Du coup, il est inutile de s'attarder.

    Sat Oct 7 17:05:37 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?okTznA
  • Droits voisins : les journalistes de 20 Minutes saisissent le médiateur pour un meilleur partage - 14/03/2023 - La Lettre A

    La presse a exigé des droits voisins pour la reprise en ligne de ses contenus (par Google News ou sur Facebook, par ex.). Les journalistes perçoivent les miettes que leurs journaux veulent bien leur laisser. Ce combat était donc celui de bourgeois possesseurs de journaux, quelle surprise.

    ÉDIT DU 30/06/2024 : suite. FIN DE L'ÉDIT.

    Sat Oct 7 16:18:05 2023 - permalink -
    - https://www.lalettrea.fr/medias_presse-ecrite/2023/03/14/droits-voisins--les-journalistes-de-20-minutes-saisissent-le-mediateur-pour-un-meilleur-partage,109923375-art
  • [ Hausse des pensions de retraite sans hausse des salaires = déséquilibre futur ]

    Cet été, nous avons voté la revalorisation des pensions de retraite de 4% afin d'aider nos aînés face à l'inflation […] Notre majorité @LaREM_AN reste pleinement mobilisée pour protéger le pouvoir d'achat des Français

    Si vous aviez voté la hausse des salaires (ou au moins une incitation sérieuse), alors les cotisations sociales auraient suivi. Là, vous avez creusé le trou dans le système de retraites. Et vous le savez. Et vous allez vous en servir pour justifier la réforme à venir.

    +1. C'est comme le MEDEF qui demandait l'exonération de toutes les « charges sociales » en cas d'une baisse subite de chiffre d'affaires durant le Covid (source). C'est reporter un problème à plus tard ou sur d'autres personnes, pas le résoudre…

    Sat Oct 7 16:06:27 2023 - permalink -
    - https://nitter.privacydev.net/bayartb/status/1568283036646604801
  • [ Limite à « l'indignation crée le sujet » ? ]

    VOUS ME SAOULEZ avec la vidéo de la députée LR qui veut interdire les danses aux mariages : vous êtes des gros débiles. Ils proposent n'importe quoi qui a 0 chance de passer, vous vous indignez comme des robots, et hop ce sujet envahit le débat public... Et la députée (que je ne nomme volontairement pas) ? Elle est ravie, mission accomplie : jusque là elle n'était connue que pour ne pas savoir tenir l'hémicycle quand elle préside, maintenant elle va avoir a une petite aura médiatique de droitarde et son entrée sur les plateaux.
    […]
    "Oui, mais ça aurait pu être voté". Non. Désolé de me la jouer expert, mais j'ai un accès permanent à l'hémicycle : je sais comment marche ce jeu. Alors faites confiance aux gens comme moi : on vous prévient quand il y a vraiment danger et qu'il faut monter au créneau.
    […]
    Surtout qu'au final, vous allez effectivement finir par transformer ça en truc voté. Exemple ? La proposition de loi Ciotti qui interdisait de filmer les flics : elle allait faire un flop total si personne ne l'avait relevée... Sauf que vous vous êtes tous indignés en pilotes automatiques, en face ils ont vu que ça mordait, ça a fait le tour des plateaux, résultat, 6 mois plus tard, elle se retrouvait dans la loi sécurité globale. Super vous vous êtes indignés, mais vous êtes contents du résultat ?
    […]
    on fait pas bien de la politique si on refuse de penser stratégiquement.
    […]
    Précision qui semble échapper à beaucoup : une députée LR n'est PAS l'Etat français, et n'est PAS son représentant. […] Quand c'est Macron ou un ministre qui tient ces discours (Blanquer, Vidal, Darmanin), là, il me semble que la réaction est importante, parce que ce n'est pas du tout la même chose.

    Je suis d'accord pour dire que c'est l'indignation qui fait crée et fait circuler les sujets et que les propositions de lois ont très souvent un but médiatique. Mais…

    Faire confiance aux experts, c'est non. Comment déterminer qui est expert ? LQDN ou Greenpeace, par ex., hurlent quasiment à chaque fois (exemple). Comment faire la part des choses (sauf à étudier soi-même chaque cas en détail) ? Comment dénoncer un comportement déplaisant d'élu sans citer d'exemple ? Ça serait aux politiciens d'être raisonnables, calmes, responsables, etc.

    Les propositions de loi "qui ont aucune chance de passer" sont des ballons d'essai, parfois poussés par le gouvernement, pour discuter de la faisabilité, pour récupérer les premiers contre-arguments pour étude, pour repérer les premiers soutiens, etc. et les idées de merde ne meurent jamais. Ça n'a rien à voir avec la publicité d'une idée. Même sans bruit médiatique, le point serait gagné. Y'a qu'à voir l'historique de l'instruction en famille… Toutes les lois que j'ai suivi ont eu une phase de maturation par des propositions de loi et/ou des amendements rejetés.

    Prétendre que c'est uniquement l'audimat qui transforme une idée absurde en loi est réducteur. La loi renseignement (2015), la loi séparatisme (2021), et autres lois ayant rencontrées une vive opposition argumentée ont été votées grâce à l'indignation, du coup ?

    Fri Oct 6 20:14:28 2023 - permalink -
    - https://nitter.privacydev.net/malopedia/status/1410619754285441029#m
  • [ Personne ne comprend l'écologie ]

    Tu fais des études (agriculture et environnement), tu apprends l'écologie scientifique, les exigences des espèces, tout - tu lis la biblio sur la disparition des oiseaux des villes qui met en avant la perte de bouffe faute de végétation spontanée mais le jour où une ville laisse volontairement pousser l'herbe sur trois pieds d'arbre en expliquant que c'est écologique, tout le monde gueule que "c'est pas possible, c'est une parodie, comment on peut être aussi ignorant de l'écologie".

    C'est pareil dans toutes les spécialités. Les épidémiologistes étaient en souffrance durant le Covid. Les experts en sécurité informatique le sont au quotidien sur des comportements banalisés. Etc. S'agirait de redescendre sur l'écologie : elle est autant maltraitée que les autres idées.

    De plus, je pense que la phrase « comment peut-on être aussi ignorant de l'écologie » a surtout pour objet de dénoncer que ce genre de petit geste changera rien, même si toutes les villes le pratiquent. Il y a d'autres priorités : sur-consommation, sur-production, accords internationaux, etc. On peut alors rétorquer que l'un n'empêche pas l'autre, qu'il faut jouer sur plusieurs tableaux pour avancer. Le problème est alors que les choix (comme les espaces de pleine terre) ne sont pas expliqués ni justifiés, la communication joyeuse et neutre remplace l'argumentaire.

    Fri Oct 6 19:23:20 2023 - permalink -
    - https://nitter.privacydev.net/Taigasangare/status/1380921666935652355?cursor=EwAAAPAEHBkWisC5lavKgqomJQISFQQAAA#r
  • Incompatibilité entre des propriétés du vote électronique

    Un vote peut avoir plusieurs propriétés / caractéristiques : confidentialité+anonymat (= secret du vote), résistance à la coercition, sincérité (qui se décompose en vérifier que mon vote est pris en compte et que le calcul du résultat à partir des votes est correct), éligibilité+unicité (= pas de bourrage, uniquement les membres de la liste électorale), disponibilité (accéder à l'urne électronique est compliqué en cas de déni de service), transparence, compréhensibilité. Toutes ces propriétés ne sont pas forcément nécessaires pour tout vote : certains votes sont à main levée. Tous les votes ne se valent pas : celui du club des jeux de cartes du village n'a pas besoin d'être fortement résistant à la coercition.

    La vérifiabilité individuelle (vérifier à tout moment que mon bulletin est dans l'urne) est antagoniste à la résistance à la coercition (c'est évident, mais je source quand même). Le système de vote Civitas résoudrait cela (via un faux identifiant qui permet de voter ce que le méchant demande et/ou de prouver son vote… qui sera ignoré, mais bonjour la complexité, et, surtout, le faux identifiant est aussi reçu par le votant, donc il peut tomber entre les mains du méchant…). Belenios n'assure pas la résistance à la coercition.

    Une étude (Chevallier-Mames et al.) démontre une incompatibilité formelle entre la vérifiabilité universelle (vérifier que le résultat a été correctement calculé à partir des votes individuels), l'anonymat et la résistance à la coercition. Source. Voir l'excellent schéma page 7. Comme d'hab, certains systèmes contournent en réduisant les exigences démocratiques ou en sacrifiant une propriété (tiers de confiance, supposer comme vraies des conditions inatteignables comme l'existence de canaux parfaitement anonymes, etc.). Le chiffrement homomorphe permet la vérifiabilité universelle mais pas l'anonymat (le papier l'affirme par les maths, mais il suffit de constater que la distribution des clés privés par les autorités laisse des traces et/ou la machine de vote donne un récépissé, etc.), d'où Belenios, qui l'utilise et qui garantit la vérifiabilité individuelle, ne garantit pas la résistance à la coercition.

    Le vote papier parvient à concilier ces propriétés par sa localité et sa temporalité. L'absence de résistance à la coercition dure uniquement tant que j'ai le bulletin en main, et la présence de public empêche de vérifier mon vote. La vérifiabilité individuelle se constate de fait puis en assistant au dépouillement. Vérifier qui je suis et que j'ai le droit de participer à l'élection est aussi plus facile. La vérifiabilité universelle est plus compliquée à vérifier : je peux vérifier que le résultat de mon bureau de vote est correct sur le site web du ministère de l'Intérieur, mais je dois faire confiance pour tous les autres bureaux.

    J'ignorais l'existence des preuves à divulgation nulle, qui permettent de prouver le contenu d'un vote chiffré (vote blanc ou pour l'un des candidats, rien d'autre, un seul vote, etc.) sans le déchiffrer.

    Fri Oct 6 18:53:52 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?F10AKw
  • [ Un référé mesures utiles / conservatoire est subsidiaire à un référé suspension ]

    Ainsi que les conclusions du rapporteur public qui rappelle que le référé mesures utiles est une procédure subsidiaire, et que dès lors, la suspension même temporaire de l'antenne ne pouvait avoir lieu que via le référé suspension.
    Au-delà de l'aspect dramatique du cas d'espèce (personne ne nie la détresse de l'éleveur), c'est un petit rappel : on ne peut se servir du référé mesures utiles pour shunter une procédure référé suspension

    Le référé mesures utiles permet de gérer les cas dans lequel l'urgence est incompatible avec la sollicitation d'une décision de l'administration que l'on attaque (ou son rejet implicite après 2 mois) ensuite en référé-suspension. Cela vient du principe qu'un référé-conservatoire / mesures utiles ne peut faire obstacle à l'exécution d'une décision administrative.

    Fri Oct 6 17:08:43 2023 - permalink -
    - https://web.archive.org/web/20231006150646/https://nitter.privacydev.net/AlexArchambault/status/1561698481475026945
  • [ « France = Russie = mon entreprise », « Macron = mon chef = Poutine », etc. ]

    "C'est pareil en France". "J'ai cru que vous parliez de la France". Ce commentaire que j'ai quasiment sur tous les posts où j'explique le fonctionnement du régime politique russe.
    […]
    D'une part, il y a une question cruciale de degré. Lorsque l'on décrit le socle du régime russe comme structuré par des loyautés personnelles, et qu'on me répond "autour de Macron, c'est pareil", cela montre juste une ignorance des politiques russe et française.
    L'existence de liens personnels dans les équipes politiques au pouvoir est caractéristique de tous les régimes occidentaux. On ne choisit pas une équipe dirigeante sur petites annonces; les carrières politiques se construisent dans des cercles et les liens perso comptent.
    La question cruciale n'est pas là. La question cruciale est: est-ce que ces élites exercent au sein d'institutions qui contraignent leur action, ou est-ce qu'elles remplacent les institutions? Nous avons observé le début de cette désinstitutionnalisation avec Trump mais aussi constaté la résistance des institutions à un exercice du pouvoir purement personnel. Dans le régime russe, les institutions sont vidées de leur substance. Le lien personnel est surdéterminant. Cette différence de degré est en réalité une différence de nature
    […]
    Cela fait un moment déjà que la science politique a renoncé à une délimitation claire entre démocratie et autoritarisme qui sont des idéaux-types impossibles à observer à l’état pur. D’un point de vue quantitatif, l’hybridité des régimes politiques est la norme. […] En tout cas, un certain nombre d’espaces autoritaires est normalement présent dans tout régime politique sans le disqualifier. […] Pour prendre la décision de décréter un confinement Covid, un pouvoir politique va s’appuyer sur un diagnostic d’experts plutôt que sur un référendum populaire. Les experts ne sont élus par personne mais cooptés. Le Conseil scientifique est une « enclave autoritaire ». Ce qui est intéressant, c’est notre réaction à ces espaces autoritaires, car en protestant lorsqu’ils paraissent injustifiés ou inadmissibles, nous définissons le bon dosage des espaces de décision démocratiques et autoritaires dans notre société au moment M.
    […]
    Les sciences sociales décrivent des logiques qui se rencontrent partout et à toutes les échelles. Exemples: la concentration ou la personnalisation des pouvoirs . La science politique est précisément la science de l’exercice du pouvoir. Elle utilise des concepts qui sont opérants dans beaucoup de contextes où le pouvoir s’exerce. Ce n’est pas pour autant que c’est « la même chose ». Le travail comparatif est le plus compliqué en sciences sociales. Construire une comparaison rigoureuse est mission quasi impossible

    Je me demande de plus en plus si la comparaison est une figure utile au discours. Si je qualifie une situation, une personne, un processus, etc. et que je suis obligé de recourir à la comparaison, c'est soit que mon interlocuteur n'a pas compris le problème ou ma qualification du problème ou la gravité à laquelle je conclue (pour attirer son attention, provoquer une réaction, etc.), soit qu'il s'en moque ou qu'il ne partage pas mon avis. La comparaison sert alors d'épouvantail, à forcer le trait pour expliquer en quoi ce que je décris est important et grave. Soit elle ne convaincra pas plus, soit elle convaincra sur des bases erronées et mon interlocuteur ne sera convaincu, par tromperie, qu'un temps. Dans les deux cas, je perds. D'autant que la comparaison nécessite que mon interlocuteur connaisse aussi la situation à laquelle je me réfère, et la qualifie pareillement que moi… Je complexifie donc mon argumentaire… pour quel résultat ?

    Peut-être faut-il uniquement qualifier une situation, et ne pas comparer ? D'un autre côté, faire des liens entre des sujets me paraît utile… précisément pour illustrer l'universalité d'une pratique et la remettre en question en tant que telle. Je peine à croire que les différentes déclinaisons de l'autoritarisme (famille, école, emploi, asso, gouvernement, etc.) soit une coïncidence, mais au contraire une caractéristique (tare ?) commune, sous-jacente à ses déclinaisons, qu'il serait illusoire de résoudre lieu après lieu.

    D'un dernier côté, les parallèles nuancés sont longs donc difficiles à mémoriser (pour ceux qui ne sont pas spécialistes du sujet, qui manipulent tous les jours avec les concepts) et tout autant à transmettre… Compliqué de faire avancer une de tes préoccupations avec ça.

    Fri Oct 6 11:56:11 2023 - permalink -
    - https://nitter.privacydev.net/colinlebedev/status/1501508319801921538
  • [ Incendie OVH 2021 et droit des contrats ]

    + https://web.archive.org/web/20231006084131/https://nitter.privacydev.net/AlexArchambault/status/1369583075211022336
    + https://web.archive.org/web/20231006084051/https://nitter.privacydev.net/AlexArchambault/status/1622570901366616064

    Droit des contrats B2B, responsabilité d'un prestataire, dans le cadre de l'incendie d'un centre de données OVH en 2021.

    Distinction obligation de moyens / obligation de résultat :

    D’un point de vue juridique, un contrat engage les parties, donc les obligations souscrites doivent être honorées. Point.
    Après, le diable étant dans les détails, tout est dans l’interprétation du périmètre des obligations et, surtout, de comment on les évalue / conteste
    Et c’est là qu’intervient la distinction obligation de résultat / obligation de moyens (qu’on assimile un peu hâtivement au best effort de la common law). En obligation de résultat, en cas de pépin, le débiteur d’une obligation est présumé avoir manqué à ses obligations
    Dit autrement, en obligation de résultat, la charge de la preuve de l’absence de manquement incombe au presta. Il peut s’en défaire en établissant le manquement de son cocontractant, le fait d’un tiers, la force majeure (sans que cela ne soit open bar, les juridictions veillent)
    A l’inverse, en obligation de moyen, en cas de pépin, le débiteur d’une obligation est présumé avoir respecté le contrat. Il appartient donc au client d’établir le manquement du prestataire à ses obligations contractuelles (et non à ses propres croyances)
    […]
    Donc en B2B, la quasi-totalité des contrats liants clients de prestations d’hébergement & cloud et hébergeurs sont en… obligation de moyens.



    Limitation de responsabilité en B2B :

    Ensuite, en B2B, le contrat peut tout à fait prévoir (une nouvelle fois, le droit, ce n’est pas la morale) un plafonnement de la responsabilité du débiteur d’une obligation en cas de manquement de ce dernier. Dit autrement, ok, on a planté, voici 6 mois d’abonnement en avoir. (6 mois, parce que c’est l’usage sur la plupart des contrats B2B bas de marché. Une nouvelle fois, rien n’interdit aux parties de négocier des seuils différents - par ex. X% du préjudice plafonné à Y Brouzoufs - ou + élevés, ce qui peut influer sur le prix).
    Enfin, en cas de pépin, en B2B le contrat peut également prévoir de limiter le périmètre de prise en compte du préjudice, par exemple en se cantonnant qu’aux seuls dommages directs, excluant donc les dommages indirects et pertes de données
    Sachant que lorsque ça part dans le décor, il n’est pas rare de voir le juge prendre en compte la faute de la victime, à plus forte raison lorsque cette dernières est professionnelle (genre SSII, webagency, etc…). Par exemple ne pas avoir redondé les sauvegardes Arrêt de la Cour d’Appel de Paris, en date du 25 janvier 2019 - 16/07746 sur la responsabilité d’un hébergeur en cas d’#AlertePelleteuse se traduisant par une perte de données d’un client n’ayant pas procédé à des sauvegardes. Pas de faute lourde.
    […]
    Par contre, ami hébergeur, à partir du moment où tu proposes une prestation de sauvegarde, *attention* à ce que tu écris. Si tu la vends comme l'option "tous risques", tu ne peux coller des clauses la vidant de toute portée. […] Dit autrement, si la tentation peut être grande (on ne sait jamais, sur un malentendu, cela peut marcher) de prévoir tout plein de cas où padbol spanou, c'est courir le risque de voir le juge écarter des clauses revenant à vider de sa substance l'obligation souscrite



    Dans les deux jugements en première instance de février et mars 2023 (frappés d'appel), ce n'est pas l'incendie qui a entraîné la responsabilité d'OVH mais d'autres erreurs :

    • Dans le premier cas, le client a souscrit à l'option de sauvegarde automatique proposée par OVH. OVH avait donc deux missions distincts : héberger et sauvegarder. La sauvegarde était dans le même centre de données. La clause du contrat qui dégage OVH de sa responsabilité étant trop générale, dégageant OVH de sa responsabilité en quasi tout sinistre, alors qu'une sauvegarde se défini comme un remède à un sinistre, a été réputée nulle. C'est celle qui entraîne la responsabilité d'OVH ;

    • Dans le deuxième cas, le client d'OVH effectue sa sauvegarde lui-même. Sur la foi des informations fournies par OVH… donc la localisation des serveurs (primaire et sauvegarde)… dont l'une était erronée… les serveurs étaient dans le même centre de données…


    [ Avec ] un contrat d'adhésion (rappel, en B2B, un contrat d'adhésion s'interprète en faveur [ du ] client), il faut faire super gaffe à ce qu'on écrit dans le contrat sur la portée de l'obligation. [ Il ] suffit de proposer plusieurs choix à ton prospect (1 € / plafonnement à 6 mois, etc… 1000 € pour 1 million € de plafonnement / etc) en l'invitant à choisir, documenter tout cela, pour écarter la qualification contrat d'adhésion

    Les contrats établis à l'avance, standardisés, dont un client ne peut négocier aucune clause, sont des contrats d'adhésion. Ainsi, un contrat qui propose des sauvegardes « physiquement isolées de l'infrastructure du client » doit être interprété en faveur du client, c'est-à-dire sauvegarde dans un centre de données différent.


    En outre, quand bien même la responsabilité du prestataire est engagée, on n'est pas aux 🇺🇸 avec des [ dommages-intérêts ] punitifs : il appartient au demandeur d'étayer ses demandes d'indemnisation par des éléments concrets, et se contenter de généralités ne suffit pas. Du coup, quand on peut étayer par des éléments concrets, on est indemnisé, intégralement quand c'est justifié. Quand on ne s'en tient qu'à des généralités, le tribunal ne suit pas. Quand c'est exagéré, le tribunal décide souverainement.

    Fri Oct 6 11:31:32 2023 - permalink -
    - https://web.archive.org/web/20231006084131/https://nitter.privacydev.net/AlexArchambault/status/1369576489713287170
  • Publication de l’instrument relatif aux marchés publics internationaux | economie.gouv.fr

    Le règlement (UE) 2022/1031 […] constitue un outil de politique commerciale visant à garantir aux entreprises de l’Union européenne un accès et des conditions de concurrence équitables au sein des marchés publics de pays tiers. L’IMPI vise ainsi à favoriser une plus grande réciprocité dans l’ouverture des marchés publics : s’il apparaît qu’un Etat tiers à l’Union européenne a mis en place des restrictions sérieuses et récurrentes à l'accès des entreprises européennes à ses contrats de la commande publique, les acheteurs et autorités concédantes européens devront eux-mêmes appliquer des mesures qui limitent l'accès des entreprises issues du pays concerné aux marchés publics et aux concessions de l'Union.
    […]
    L’IMPI s’applique aux marchés de travaux et aux contrats de concessions dont la valeur est égale ou supérieure à 15 millions d’euros HT, et aux marchés publics de services et de fournitures dont la valeur est supérieure à 5 millions d’euros HT.
    […]
    A cet égard, certains pouvoirs adjudicateurs pourront, à la demande d’un Etat membre et si cela est nécessaire et proportionné, être exemptés d’appliquer une mesure IMPI.

    Mouais… Donc saucissonnage, exemption, et sanctions pas folles (plomber la note d'un acteur ou l'exclure) après trouzemilles années de procédure, comme d'hab'.

    Fri Oct 6 10:30:25 2023 - permalink -
    - https://www.economie.gouv.fr/daj/publication-de-linstrument-relatif-aux-marches-publics-internationaux
  • [ Limite au principe de cohérence / faites ce que je dis, pas ce que je fais ]

    […] les gens de droite sont cohérents, ils défendent le système actuel et l'utilisent. Seuls les gens de gauche sont incohérents puisque, justement, ils veulent changer le système où on vit.
    […] il est plus facile d'être cohérent quand on est en phase avec le système en place, que quand on le critiquer tout en faisant partie, et en ayant souvent pas beaucoup d'alternatives efficientes.

    On revient à l'idée du pragmatisme "j'utilise ce qui existe / est à ma portée, quitte à améliorer ensuite, quitte à nourrir le système que je combats en attendant, tout en prêchant un nouveau système afin qu'il advienne". On revient toujours à savoir ce que je peux accomplir seul ou à ce qui nécessite une action collective voire sociétale, de la possibilité effective de faire autrement (une adresse email propre c'est plus facile que de ne pas recourir à un prêt bancaire), de l'intérêt de faire autrement (ne pas communiquer sur Twitter ou Facebook quand on critique les GAFAM, c'est demeurer confidentiel et refuser d'informer ceux qui en ont le plus besoin), de la fréquence (genre un McDo ou un Uber Eats pour dépanner, ce n'est pas pareil que d'y aller par "passion"), etc.

    Sun Sep 24 11:52:17 2023 - permalink -
    - https://nitter.privacydev.net/bortzmeyer/status/1577556081232027648
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