Le premier article que j'ai lu sur le sujet est celui de LQDN. À le lire, on pourrait penser que le groupe a été arrêté pour utilisation de Tails et de messageries chiffrées. Comme tout revenant d'un lieu de guerre, le prétendu leader est mis sous surveillance à son retour du Rojava (expérience anar, lutte contre Daech, etc.). Il y a aussi eu confection d'explosifs non utilisés et détention de fusils de chasse non déclarés. Le reste est pipeau : lectures révolutionnaires, idéologie révolutionnaire, utilisation d'outils de chiffrement, etc. Il n'y a aucun fait. Même les liens entre les membres de groupe sont flous (à part qu'ils connaissent tous le prétendu leader…). Ces absences sont le plus efrayant.
On reprochait au prétendu groupe de Tarnac le sabotage d'une infrastructure ferroviaire et des violences contre des flics lors d'un sommet. La qualification terroriste des faits a été écartée en janvier 2017 par la Cour de cassation qui n'a cependant pas argumenté sa décision. Manière de dire que les faits ne relevaient pas de la qualification terrorisme mais que d'autres faits pourraient un jour revêtir cette qualification ? De fait, le débat revient ici : quels faits relèvent du terrorisme ? La pêche paraît maigre…
Je ne partage pas la grille de lecture de LQDN : oui, c'est idiot de retenir l'utilisation d'outils de chiffrement comme éléments à charge, mais, à mes yeux, les flics anti-terro, les magistrats et les juges ont réagi comme ils l'auraient fait face à des lectures, idées, ou propos qui sortent de la norme qu'ils peuvent concevoir.Tout ce monde-là cherche à accuser en l'absence de faits, donc tout est bon à prendre. Dès lors, il me paraît imprudent de généraliser ou d'y voir une mise à mal du chiffrement. D'ailleurs, le prétendu groupe de Tarnac s'était vu reprocher des lectures…
ÉDIT DU 25/12/2023 : le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement le 22/12/2023. Sans surprise, il condamne pour association de malfaiteurs terroriste.
« Affaire du 8 décembre » : l’inquiétante condamnation de militants comme terroristes (via) :
[…] pour le tribunal, les actes des mis en cause « supposent une organisation, une stratégie » qui traduit « de manière univoque leur volonté à plus ou moins long terme de commettre des délits ».
Cette analyse s’applique « sans qu’il soit nécessaire d’avoir de projet, explique la présidente. [ ni que les individus se connaissent tous ]
« Le groupe a fait part de sa volonté à plusieurs reprises de porter atteinte à l’intégrité physique de policiers, explique-t-elle, de s’armer pour la lutte contre ’les chiens de garde’ et ’la violence d’État’ et de constituer une ’milice armée’. »
Le fait de vouloir s’en prendre à des véhicules de police au cours d’une manifestation peut désormais constituer une intention terroriste. C’est-à-dire que l’intention de commettre des dégradations matérielles au cours d’une manifestation constituera un acte de terrorisme.
Affaire « du 8 décembre 2020 » : sept militants d’ultragauche condamnés pour association de malfaiteurs terroriste, dans une ambiance tendue (sans paywall) :
Pour le tribunal, « le but de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur » est établi par « la volonté de porter atteinte à l’intégrité de policiers et de militaire, de s’emparer de leurs armes, de s’armer contre les “chiens de garde”, d’organiser une milice armée et de détruire des véhicules appartenant aux forces de l’ordre ».
[…] inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes, qui a des implications lourdes sur la vie des condamnés pendant au moins dix ans : obligations régulières de déclarations de domicile, obligation de déclaration pour tous les déplacements à l’étranger…
Ce deuxième article, comme d'autres, témoigne d'un plus grand chahut de la part de la salle (invectives, chants, etc.).
FIN DE L'ÉDIT DU 25/12/2023.