Suite de Un futur bac à la carte… de rationnement.
Un baccalauréat dépoussiéré, qui ne range plus la jeunesse dans des cases ! Pierre Mathiot, l’inspirateur du nouveau dispositif — qui s’appliquera dès la rentrée prochaine à tous les élèves de première —, en a déjà dressé un bilan satisfaisant.
Certes, « 51 % des élèves [de seconde] ont fait des vœux qui ressemblent aux séries des bacs S, L et ES. Mais 48 % des élèves ont fait des vœux de spécialités qui cassent la logique des séries, s’est-il félicité sur France Inter (9/5). Dès la première année, ça me paraît plutôt être une bonne nouvelle ! »
C’est oublier que les élèves de seconde ont été invités à piocher leurs trois futures spécialités au cœur d’un menu (de onze matières au mieux, six au pire) parfaitement théorique. Et qui risque d’être chamboulé lors du conseil de classe du troisième trimestre, à l’heure du choix définitif.
Mission impossible pour un chef d’établissement, en effet, que de faire coïncider le grand nombre de combinaisons de spécialités demandées par les élèves avec les contraintes d’emplois du temps.
Ça ne vaut pas triplette
Résultat : les choix de « triplettes » (ensemble de trois spécialités) les plus atypiques (par exemple : sciences économiques et sociales/arts/numérique et sciences informatiques) risquent d’être sacrifiés, d’ici à la fin de l’année, au profit des triplettes les plus demandées, à savoir celles qui retrouvent la logique des précédentes séries (comme le célèbre trio maths/physique-chimie/sciences de la vie et de la Terre). Retour à la case départ !
Exemple dans l’Essonne, au lycée Rosa-Parks de Montgeron. Parmi les 575 élèves de seconde ayant exprimé des vœux pour entrer en première générale, 91 triplettes différentes ont été réclamées ! Dont 62 % demandées par… quatre élèves seulement, ou moins. « L’éparpillement est tel que ne surviuront que les triplettes les plus classiques », prédit Sophie Vénétitay, responsable académique du Snes.
D’après une enquête de ce syndicat (le premier dans le secondaire) auprès de 2 800 élèves de seconde dans dix lycées, les deux tiers des élèves se concentrent sur 20 % des triplettes. Là aussi, la loi du plus fort devrait l’emporter, et beaucoup d’originaux n’auront d’autre choix que de revoir leur copie.
« Il faut que tout change pour que rien ne change. » La maxime de l’écrivain Lampedusa ferait un bon sujet de philo pour le nouveau bac à la sauce Blanquer…
Tellement prévisible.
C'est ça, la startup-nation : de la révolution en permanence, c'est-à-dire, étymologiquement parlant, un retour en arrière, au même point, et tout ça, en permanence. Mais, comme disait ma grand-mère : « faire et défaire, c'est toujours du travail », donc ça va, c'est acceptable, et puis ça permet d'éviter de se concentrer sur les vrais problèmes. :))))
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.
Peu banale, l’enquête préliminaire ouverte en janvier au parquet de Paris. Elle porte sur une étrange perversion et concerne des dizaines de femmes sur plusieurs années. L’une des victimes a raconté au « Canard » sa mésaventure. En 2014, elle répond à une petite annonce d’emploi passée par le ministère de la Culture. Elle y est reçue par un imposant responsable des « relations humaines » qui, gentiment, lui offre un café. Elle trouve le breuvage « dégueulasse », mais le boit par politesse. Et hop !
Monsieur lui fait faire le tour du propriétaire. Une longue promenade permettant d’admirer les superbes installations de la Rue de Valois. Trop longue ? Au bout d’un moment, la jeune fille, malgré sa gêne, se résout à demander : « Où sont les toilettes ? » « Oui, oui, bien sûr, lui répond son hôte, ne vous en faites pas, mais on continue la visite. » Au bout d’une heure et demie, et après d’autres demandes restées vaines, elle finit, au désespoir, par se pisser dessus. Il faut imaginer l’état d’esprit d’une jeune fille venue chercher un travail et terminant son entretien d’embauche dans cet état, « humiliée comme jamais dans [sa] vie » !
Miction impossible
Rentrée chez elle, la malheureuse se demande si le responsable qui l’a reçue « ne lui a pas collé quelque chose dans le café », parce que cette envie si « terrible », quand même…
Ses proches lui conseillent de déposer une main courante relatant son histoire. Ce qu’elle fait, en fille avisée. Puis elle l’oublie. Cinq ans plus tard, donc, elle est recontactée par la direction régionale de la police judiciaire. Une policière lui annonce que l’enquête a avancé, que les victimes se comptent par dizaines et que l’examen de l’ordinateur du ponte du ministère de la Culture a révélé un tableau Excel. Il y notait ses multiples rendez—vous et les situations dans lesquelles des jeunes femmes se retrouvaient avec lui, obligées de se planquer derrière un mur, un meuble, un buisson, ou de se précipiter aux toilettes… « Il semble que sa jouissance soit d’entendre les autres faire pipi », confie un enquêteur… Pour assouvir sa passion, l’homme glissait un diurétique dans les boissons qu’il offrait.
« Administration de substances nuisibles », « atteinte à l’intimité de la vie privée », « violences aggravées », voilà les faits qui le visent et peuvent lui valoir plusieurs années de taule. Il en répondra lorsqu’il sera entendu. En attendant, prudence quand un futur employeur vous propose une boisson…
:O :O :O
Ce qui me surprend le plus, c'est la réaction des candidates : depuis quand on se pisse dessus afin de ne pas vexer son futur employeur ? Quand on est un gamin face à une maîtresse un peu vénère, passe encore, mais après… Depuis quand est-il possible de pisser derrière un meuble ou un mur en plein entretien en tête à tête ? Ça me semble peu crédible…
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.
Dures sanctions et renforts militaires : Trump ne cesse de menacer l’Iran, a la grande joie d'Israël et des Saoudiens.
C'est à Mao Tsé-Toung, qui a longtemps été pris pour un aimable poète militaire, que l’on doit cette affirmation péremptoire. Mais, au moment où Donald Trump multiplie les sanctions économiques, les menaces contre l’Iran. et envoie des troupes et des avions au Moyen-Orient, on aurait envie d’y croire. A Paris, des généraux et des analystes des services de renseignement s’alarment à l’idée qu’un conflit puisse survenir « par accident, par malentendu ou mauvaise évaluation de la situation dans le Golfe », selon un expert militaire.
Cette inquiétude n’est pas sans raison, à en croire les informations que transmettent à Paris les attachés militaires français en poste à Washington. Exemple : un élu républicain à la Chambre des représentants, Mac Thornberry, a récemment révélé que le patron du Pentagone (Patrick Shanahan), le secrétaire d’Etat (Mike Pompeo), le chef d’état-major interarmées (Joseph Dunford) et la cheffe de la CIA (Gina Haspel) ont tout récemment fait le procès de l’Iran Avec l'assentiment de Donald Trump, évidemment, ils accusaient la République islamique d’être responsable d’incidents dans le détroit d’Ormuz — sabotage de navires des Emirats — et « d’exemples précis d'exactions, menaces et autres harcèlements dont les Iraniens se rendent coupables vis-à-vis de leurs voisins ».
Des généraux modérés ?
Autre signe de tension, selon le « New York Times » : le Pentagone a présenté, lors d’une réunion avec John Bolton, conseiller spécial de Donald Trump et faucon de qualité supérieure, une série de mesures militaires. Sous le nom de code « Nitro Zeus », quelques généraux américains sont chargés de préparer l’envoi de 120 000 hommes au Moyen-Orient, au cas où l’Iran ne serait pas sage et relancerait un programme nucléaire. Maniaques de la précision, les cerveaux du Pentagone prévoient de 37 à 112 jours pour mettre ce plan en application. Plus rassurant se veut le général britannique Chris Ghika, le numéro deux de la coalition antiterroriste dirigée par les Etats-Unis au Proche et au Moyen-Orient : « Il n’y a pas d’aggravation de la menace [représentée], en Syrie et en Irak, par les forces pro-iraniennes », affirme-t-il. Et ce militaire de Sa Majesté nie être inquiet.
A Washington, le patron de l’inspection générale du Pentagone, Glenn Fine, se montre, lui aussi, bien plus mesuré que Donald Trump: « Les milices chiites inféodées à l’Iran a-t-il écrit dans un rapport public, ne manifestent pas l’intention d’attaquer les forces américaines. » Rien de fatal, alors, et Mao avait parfois raison !
Jusque-là, tout va bien ?
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.
Indemnité chômage dégressive pour les cadres… puis pour tous les salariés ?
Fini, la trêve électorale ! Les cadres — qui, selon les sondages, ont massivement voté pour la liste Renaissance, aux couleurs d’Emmanuel Macron — risquent d’être les dindons de la farce. La réforme de l’assurance-chômage, concoctée par Muriel Pénicaud sous la surveillance de l’Elysée, prévoit en effet de rendre les allocs dégressives au-delà d’un certain revenu. Le principe est le suivant : après un laps de temps durant lequel l’indemnité du bénéficiaire restera intacte, elle commencera à baisser. L’objectif est d’inciter les feignasses à reprendre le boulot au plus vite.
Dans son livre-progamme « Révolution », sorti six mois avant son élection à l’Elysée, Emmanuel Macron s’était pourtant prononcé contre cette pénalisation (p. 131) : « Je ne crois pas du tout au débat lancé par nombre de responsables politiques sur la dégressiuité des allocations de chômage », avait-il écrit. Et de brocarder ces médisants qui « sous-entendent (…) que les chômeurs le sont plus ou moins par leur faute ».
Les temps changent. Muriel Pénicaud a rabâché aux syndicats, ces dernières semaines, que le taux de chômage des cadres était tombé à 8,5 %, soit « un quasi-plein emploi ». Ses conseillers ont répété qu’il fallait moins de temps à un cadre pour trouver un boulot qu’à un patron pour recruter un cadre. Bref, ceux qui chôment le veulent bien, et méritent la guilletine sociale.
Malus malaisé
La mesure, hélas, ne suffira pas pour réaliser les 3,9 milliards d’euros d’économies que le gouvernement veut imposer sur trois ans à l’assurance-chômage. Les syndicats prêtent donc des projets très noirs au chef de l’Etat. « Il commence par les cadres, pour évaluer les réactions mais, à terme, tout le monde y passera », s’inquiète l’un des représentants des masses laborieuses.
Un autre souhait du Président figure en bonne place dans le catalogue des prochaines mesures préparées par la ministre : un système de bonus-malus pour les boîtes abusant des contrats de travail hypercourts. Dans certains secteurs, tel celui de la grande distribution, ces contrats, souvent d’une journée, voire moins, encombrent désormais les files d’attente des prud’hommes. Macron, qui, depuis les gilets jaunes, commence à découvrir l’avantage de faire ami-ami avec les syndicats, a promis d’y mettre bon ordre.
La crise des ronds-points aura au moins servi à ça !
Un grand philosophe (Chirac), a déclaré que les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.
Soixante pour cent. C’est — excusez du peu ! — le pourcentage de ministres de l’équipe d’Edouard Philippe redressés par l’administration fiscale en 2018. Un enseignement inattendu du rapport d’activité pour l’année 2018 de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Rappelant qu’elle a « pour mission de superviser ia vérification fiscale des membres du gouvernement » menée par la Direction générale des finances publiques, la HATVP dresse le bilan des contrôles fiscaux effectués l’an dernier. La conclusion s’impose : les ministres gagneraient à feuilleter « Les impôts pour ies nuls » avant d’envoyer leur déclaration !
« Sur les 35 dossiers (de ministres) clôturés, 21 ont donné lieu à des rectifications, est-il en effet écrit. A l’exception d’un cas, tous les contribuables concernés étaient de bonne foi. » Tant que le mouton noir n’était pas le ministre des Comptes publics…
Sur les 21 dossiers en question, les ministres se sont ainsi vu réclamer, en moyenne, la coquette somme de 11 930 euros, comprenant rappels d’impôt et pénalités (de retard, notamment). Précision : les contrôles ne portaient pas uniquement sur la dernière déclaration fiscale des intéressés, mais — a minima — sur les trois dernières.
Pour ne rien arranger, un ministre — non cité — n’a pas respecté ses obligations fiscales en 2018. La Haute Autorité, comme c’est sa prérogative, en a informé le président de la République et le Premier ministre. « il s’agissait du premier cas d’information pour non-respect, par un ministre, de ses obligations fiscales », est-il précisé. Il faut un début à tout…
Trois ministres ont tout de même sauvé l’honneur : ils ont été trop généreux avec l’administration fiscale ; celle-ci leur a restitué 7 740 euros, en moyenne.
Toutes nos félicitations à ces valeureux patriotes !
Chaud… Statistiquement, avoir des mauvais payeurs dans le gouvernement est normal, car il y a de telles personnes dans toutes les franges de la population. Mais, on pourrait s'attendre à une certaine exemplarité des personnes qui occupent de tels postes publics et avec un tel niveau de responsabilités…
On peut en déduire que ces personnes ont une diversité de revenus (jetons de présence, placements financiers, immobilier, etc.), sinon il leur aurait suffi de reporter le chiffre indiqué sur leur dernière fiche de paye de l'année… Bref, ce n'est pas le train de vie de M. ToutLeMonde. Il sera donc ardu, pour le pékin lambda, de venir m'expliquer que si déjà les ministres n'arrivent pas à affronter la complexité de la fiscalité française, c'est impossible pour le citoyen de base. D'autant que je ne crois pas à l'erreur : ces personnes ont des conseillers à gogo, y compris pour s'occuper de leurs petites affaires privées.
Les montants réclamés qui semblent exorbitants ne le sont pas. D'abord car il s'agit d'une moyenne, pas de la médiane, ensuite car le niveau des rémunérations sur ce type de poste est plus élevé que sur les métiers du commun des mortels. Inutile, donc, d'hurler à la mort concernant des super fraudeurs fiscaux, ce sont juste des fraudeurs qui ont des revenus plus élevés. S'il y a quelque chose à discuter, c'est la cause, c'est-à-dire le montant des rémunérations associées à ces postes.
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.
Je lis un article de presse, Charlotte Girard quitte La France insoumise: le mouvement plus que jamais au bord du gouffre. Dès le début de l'article, un même paragraphe me propose trois liens externes… vers Facebook…
Les bras m'en tombent…
La « sortie de Jean-Luc Mélenchon » est également disponible sur le blog de celui-ci : Une respiration à Bruxelles. Le nom de domaine est français, l'hébergeur est français et j'utilise des réseaux de télécommunications français pour accéder à ce contenu (ayant désactivé OCSP dans mon navigateur web, je passe sur l'autorité de certification américaine, plus d'infos ici sur les problèmes de vie privée que pose cette organisation devenue majoritaire).
Pourquoi diable voudrais-je informer une multinationale (premier grief) irrespectueuse de la vie privée (deuxième grief) de ma lecture d'une prose de Mélenchon ?! Pourquoi la journaliste met-elle en avant le contenu publié sur Facebook alors qu'il est également mis à disposition d'une manière plus saine ?! C'est la même histoire que de faire la promo des supermarchés versus la vente en vrac, les AMAP, etc. C'est cette orientation dans la communication qui transforme la société ou qui maintient le statu-quo.
Les deux autres proses, celle de Manon Le Bretton et celle de Manuel Bompard, ne semblent pas être disponibles ailleurs que sur Facebook. Pourquoi des personnalités politiques s'expriment-elles uniquement sur un média étranger ?!
Pourquoi la communication politique française dépend-elle d'une multinationale américaine ?! Pour causer politique en France, on dépend d'un média étranger… Où est passé le bon sens ?!
Depuis quand est-il devenu acceptable de m'imposer de me faire détrousser de mon intimité, de ma vie privée, par une organisation qui ne respecte pas les lois européennes en vigueur censées me protéger avant même de pouvoir participer à la vie politique de mon pays ?! Laissez-moi au moins la liberté de choisir qui me renifle le derrière en publiant sur plusieurs médias, sur plusieurs plateformes, sur plusieurs réseaux (comme le fait Mélenchon dans ce cas précis).
C'est très excluant, en fait… Comme si toute la population était sur Facebook… Scoop : non, notamment ceux qui n'ont pas de téléphone ou qui ne veulent pas en distribuer le numéro à une quelconque multinationale. C'est un peu comme dire rejoins-nous ou va mourir. Rejoins-nous, discute avec nous ou subis.
Je passe sur la monétisation de la vie politique française induite par la présence de publicité sur Facebook et sur le fait que ma visite enrichie mon profil publicitaire qui sera réutilisé entre pubards pour m'afficher de la pub' sur d'autres sites web… Dans ce contexte comme d'autres, je trouve cela fabuleux de monétiser la fabrication du vivre-ensemble, l'organisation de notre vie en commun…
Les pages Facebook sont peu voire pas indexées par les moteurs de recherche, à commencer par le plus utilisé d'entre eux… Des morceaux de la vie politique française sont donc seulement disponibles sur un média privé étranger qui a une définition à géométrie variable de la liberté d'expression telle qu'on la conçoit en France. Comment assurer la circulation et la pérennité de ces morceaux de la vie politique française ?
Pour notifier les prétendus insoumis de la publication d'une prose, les flux RSS feraient très bien l'affaire. Pour les retours de la base vers le sommet, nul besoin d'outils, car elle n'est pas écoutée, Facebook ou pas, FI ou pas, c'est seulement une illusion.
Bref, une fois de plus, je me sens bien seul avec mes questions de vieux con… Ce coup de gueule a rien d'original, mais il reste d'actualité, et c'est problématique.
Non, ça n'est pas plus facile pour les femmes de coucher que pour les hommes, une petite explication s'impose.
J'entends et je lis de plus en plus d'hommes dire ça, parce qu'ils grandissent dans le schéma sociétal : homme demandeur et femme qui accepte ou pas, depuis qu'ils sont nés. Aussi parce que la société patriarcale éduque les filles au culte de la virginité et on nous apprend que le sexe est seulement dénigrant pour la femme mais que les hommes sont des champions quand ils baisent souvent. Bref, tout un historique, qui a été expliqué mille fois ici si vous cherchez bien, et qui me prendrait beaucoup trop de tweets à bien expliquer.
J'ai envie de vous parler de pourquoi, moi, fille pas trop moche, je peux me retrouver en manque de cul alors que, visiblement, il suffirait de claquer des doigts pour ça.
Déjà : la sécurité. En partant du principe que je cherche un plan cul, je ne peux pas m'assurer que le mec ne me fera pas de mal. On vit dans une société où les femmes se font violer, tuer, ou blesser par des hommes de leur entourage ou des inconnus. J'aimerais faire confiance à Sébastien, mec de tinder mignon qui me dit que je peux venir chez lui pour des câlins, mais qui me dit que Sébastien ne va pas me découper et me mettre dans son congélateur ?
Les stats de la criminalité illustrent que les hommes, qui constituent la majorité des tueurs, tuent majoritairement d'autres hommes. Alors, oui, ces stats mélangent les règlements de compte entre malfaiteurs et les homicides pour autres motifs, donc ça fausse un peu la mesure puisqu'il y a plus de malfaiteurs masculins, mais, d'un autre côté, les chiffres présentés incluent les homicides sur mineurs de moins de 15 ans, dont les auteures sont majoritairement des femmes, d'où je me permets de penser que ça s'équilibre. Les viols et les agressions sexuelles, c'est bien souvent des gens connus… Pour le reste des violences possibles, je n'ai pas d'avis.
Ensuite : les hommes n'ont pas appris à respecter les femmes qui baisent. Et ça, c'est cause de l'historique que je survole plus haut. Pendant l'acte ou après l'acte (ou les deux) une grande partie des plans cul en plus de ne pas être performants, sont extrêmement impolis avec les femmes, voir méchants. Soit parce qu'ils pensent que vous avez moins de valeur et moins le droit au respect parce que vous aimez le sexe, soit à cause de la fameuse légende selon laquelle les femmes tombent amoureuses facilement après le sexe…
Point intéressant complété dans une réponse :
Je rajouterai aussi (sur la méchanceté pdt l’acte), que la culture porno, qui a tendance à banaliser la domination sexuelle, donne également à bcp de mecs l’impression que des comportements […] sont communément acceptés et qu’il n’y a aucune nécessité d’en discuter.
Et tout ça, ça crée une espèce de domination dans les rapports sexuels qui n'est pas saine et que je fuis comme la peste. ça donne des filles qui ont peur d'être "trop collantes" si elles rappellent (wtf c'est qu'un coup de tel) ou qu'on calcule plus carrément… Et pourquoi on nous rappelle pas ? Parce que la croyance veut que la femme donne quelque chose pendant le rapport sexuel, et que l'homme lui prend. En gros l'homme nous a volé quelque chose, qu'on ne possède plus… Plus besoin de nous revoir. Alors que souvent ce qu'on m'a pris c'est du temps et mon espoir de jouir…
Le côté "collant" dans une relation (amicale, professionnelle, plan cul, homme-homme, homme-femme, femme-femme), c'est réciproque, je pense. En tout cas, j'ai déjà vécu des situations où un simple coup de fil reloutait mon interlocuteur⋅rice (et c’était pas dans un contexte d’amour ou de cul).
Sur l'aspect « plus besoin de nous revoir », pourquoi se revoir si c'était convenu à l'avance que c'était juste pour baiser une fois ? On se rappelle quand on est pote ou collègue ou…, mais je ne vais pas imposer mon contact à quelqu'un⋅e dont il était convenu qu'on faisait un truc ensemble une et une fois. En revanche, si la porte était clairement ouverte, des deux côtés, pour, peut-être, se revoir plus d'une fois, alors là, oui, je suis d'accord que ne pas rappeler est idiot.
Donc moi ça me fait rire toutes ces histoires de "misère sexuelle", qui serait propre aux hommes, parce que nous on se fait soi-disant soulever en traversant la rue…
Je baise genre 2 fois par an quand j'ai trouvé un mec qui comprend les enjeux du féminisme, qui me rappelle, qui me respecte, qui (a priori) est à jour sur le consentement. Et, encore, des fois, je me fais avoir, c'est finalement un gros con.
Donc éduquons nos garçons à respecter TOUTES les femmes et à baser leur respect des gens sur leur gentillesse, leur intégrité, leur franchise… etc.
Et les mecs, éduquez-vous. Vous vous plaignez du fait que les filles ne sont pas ouvertes aux plans cul, une grande partie d'entre nous c'est pour ces raisons. Vous pouvez commencer par ne pas applaudir vos potes quand ils traitent une fille de pute parce qu'elle a couché.
Je trouve cet avis intéressant. Si je résume, les freins à des plans cul à l'initiative des femmes viennent d'une auto-restriction liée à la culture et à leur évaluation négative du plaisir qu'elles en retireront et de l'atteinte à leur image selon la culture en vigueur. Les freins à des plans culs à l'initiative des hommes viennent d'un refus féminin causé par l'évaluation négative féminine sus-citée. Effet miroir, quoi. Évidemment, cela exclu les facteurs communs, comme les standards de beauté, l'attrait ou non pour cette pratique, etc.
ÉDIT DU 22/07/2019 À 20 H 35. Cette conclusion contient une faute qui est expliquée dans un autre shaarli. FIN DE L'ÉDIT.
Entretien avec Edwy Plenel, journaliste et fondateur de Mediapart.
Je suis fasciné par l'optimisme de cette personne. Des idéaux malgré les échecs / déceptions qu'il a connus… Il n'y a pas de fatalité, mais ce que nous faisons… « Il faut se battre sinon à quoi bon avoir vécu »… Il ne faut pas avoir de ressentiment (sur les riches, par exemple), même si une bataille est bien réelle. Je suis répulsé par ses "moi je, moi j'ai", "nous Mediapart, on a" permanents. C'est vraiment très pénible d'entendre cela pendant 1 h 30, surtout de la part d'une personne qui dit « il faut se méfier des personnes qui ne s'autorisent que d'elles-mêmes ».
Mes notes :
Je suis en désaccord sur plusieurs points :
Entretien avec quelques journalistes de l'association de journalistes indépendants Extra-Muros.
Un financement participatif permet de concrétiser une enquête audiovisuelle inédite portant sur le mésusage d'au moins 2 milliards d'euros d'argent public miné de conflits d'intérêt. Ces journalistes ont l'habitude de bosser sur les marchés publics (notamment en matière de sécurité routière) et sur la corruption, donc ça me semble sérieux.
Mes notes :
La crise de confiance envers les journalistes.
… trois idées pour vous :
Que leur arrive-t-il ? Voilà que les Allemands réclament la semaine de 28 heures ! Pas n’importe quels Allemands, en plus : les 4 millions de métallos affiliés au syndicat IG Metall. Ils ont fait trois jours de grève, au tout début du mois : du jamais-vu, ou presque. Et ils ont gagné leurs 28 heures. Certes, en étant payés 28 heures. Certes, sur une période maximale de deux ans. Et, certes, leurs réclamations n’ont été qu’en partie satisfaites (4,3 % de hausse de salaire, au lieu des 6 % réclamés). Mais quand même, das ist die Chienlit !
Alors qu'elle avait perdu son poste de ministre de la Culture suite à ses constructions et aménagements illégaux, sa maison d'édition, Actes Sud remporte un quatrième prix Goncourt et accueille ses invités à une petite fiesta avec une affichette « Ici, les mezzanines »… L'abus du pouvoir, c'est être en capacité de te moquer des investigations judiciaires en cours contre toi comme si tu y étais immunisé…
J'avais complètement oublié cet épisode…
Le dimanche 8 juillet, Johan, un bébé de 1 an, faisait face à un juge de l’immigration de l’Arizona, aux USA. Sans ses parents, renvoyés au Honduras, il pleurait « de manière hystérique », rapporte le Huffington Post. « Je suis gêné de lui demander s’il comprend… » a glissé le juge.
Encore Johan avait-il la chance, si l’on ose dire, d’être accompagné d’un avocat… C’est loin d’être le cas des 2 300 gamins latines — dont 100 ont moins de 5 ans — arrachés à leur famille par la politique migratoire de Trump et emprisonnés dans des cages. Sanglots déchirants d’enfants et scandale ! Trump a dû se résigner à faire volte-face. Finies les séparations, place au rassemblement des séparés. A condition de retrouver les parents… Or, dans l’administration Trump, personne n’avait réfléchi à la question. Résultat : il faut effectuer des tests ADN pour savoir quel enfant encagé va retrouver quel parent expulsé ou libéré de rétention. Avec des semaines ou des mois de recherches en perspective.
Tant de générosité se paiera sûrement un jour…
Hulot a quitté le gouvernement à la fin août 2018, après avoir avalé une foultitude de couleuvres :
Mais, j'avais raté une dernière couleuvre : à la fin août, un rapport allait être publié. Commandé par Hulot et Le Maire, il allait prôner la construction de six nouvelles centrales nucléaires de type EPR d'ici à 2025…
Cette idée de prélèvement à la source de l'impôt a… 80 ans. Elle se nommait « stoppage à la source » entre 1940 et 1948, avant d'être abandonnée… puis déterrée par Debré en 1967… puis """"interdite""" dans les accords de Grenelle en 1968… avant de revenir en 1973… et d'être retoquée par le Sénat… avant d'être enterrée dans un rapport annexe de la Cour des Comptes publié en 2012 qui expose que le jeu n'en vaut pas la chandelle, le taux de recouvrement de l'IRRP en France étant de 98 %.
Mais, en 2015, Hollande veut calmer les frondeurs. Pour ce faire, il ressort une idée de son programme : fusion CSG et IRPP. Sauf que la première est prélevée mensuellement alors que la seconde est prélevée annuellement (au global). Faisons donc le PAS, qui est vendu, par Hollande, comme la première étape de la grande réforme fiscale qu'il a promis. Message sous-jacent aux frondeurs : fichez-moi la paix sinon je ne serai pas réélu et le PS en subira les conséquences en termes de promesses de campagne non tenues.
Les technocratiques de Bercy adorent ce genre de réforme qui leur donne du pouvoir sur les politiciens : eux seuls savent établir les formules de calcul, réaliser les simulations et tout ce qu'il faut pour la mise en place.
Je croyais que cette mesure avait été annulée, mais non : les cotisations salariales chômage et maladie pour les salariés du privé ont bien été supprimées en échange d'une hausse généralisée de la CSG à 1,7 %…
En anglais : trickle-down effect. En 1932, l'humoriste américain Will Rogers utilise cette expression pour la première fois afin d'ironiser sur la baisse d'impôt des riches décidée alors.
Ouai, il y a pleins de choses mais il manque la base. Faire en sorte que l'internaute puisse voir rapidement et facilement si le certificat est fiable.
Si tu es sur un réseau qui fait du MITM et que tu as une une autorité de certification maison d'installer sur ton PC, et bien ta sécurité par en fumé :-/
(cas en entreprise)
J'ai pas trouvé de plugin firefox pour avoir un hash en image d'un certif.
À quoi servirait une telle image dans le cas que tu exposes ?
Pour moi, le problème que tu exposes n'a pas de solution technique. À partir du moment où le réseau et l'une des extrémités se trouvent entre les mains d'une autre personne que toi, cette personne a un pouvoir intégral sur tes communications. Tout ce qui permet d'éviter l'interception des communications sera mis en défaut : TLS (injection d'une AC maison), TLS+HKPK (il "suffit" au boîtier d'interception de virer cet entête HTTP en plus d'injecter l'AC maison), TLS+DANE TLSA (il "suffit" de ne pas activer la validation DNSSEC sur les récursifs DNS de l'entreprise), etc. Les bases de la sécurité, c'est de comprendre que ce combat est vain. Le mieux est de chercher une solution humaine : syndicats, représentants du personnel, débat avec la hiérarchie du bien-fondé de cette démarche d'interception des communications, etc. À défaut : BYOD. À défaut : Tails. L'une et l'autre permettent de reprendre, en partie ou totalement, le contrôlé sur l'une des extrémités de la communication.
En revanche, un hash visuel du certificat x509, ça pourrait être pratique pour lutter contre le phishing. Et encore… Demander aux utilisateurs de mémoriser une image par an pour chacun des sites web "critiques" de l'organisation, ce n'est pas gagné… Si l'on affiche le certificat de l'AC, on s'expose à un site web fake qui utilise un certificat signé par la même AC. Utiliser un certificat wildcard, c'est le mal. Reste un multi-domaines… avec tous les sites web de l'entreprise, même ceux inaccessibles de l'extérieur… ce qui donne des infos à un attaquant. Demander à ces mêmes utilisateurs d'afficher ce hash visuel sur leur smartphone et sur leur PC à la maison, c'est impossible alors que c'est pourtant sur ces engins qu'ils cliquent sur les emails de phishing…
Heureuse surprise : Nastassja Martin nous donne de ses nouvelles dans une longue interview parue dans « Libé » (19/5). On n’avait plus entendu parler d’elle depuis la sortie des « Ames sauvages », un livre puissant et habité. Cette jeune anthropologue y racontait ses longs séjours en Alaska, chez les Gwich’in, habitants indigènes des forêts subarctiques. L’hiver, la température avoisine les -40°C. C’est le pays des caribous, des aurores boréales, mais aussi du plus grand gisement de pétrole américain jamais mis au jour.
Les Gwich’in se retrouvent confrontés, d’un côté, à l’industrie pétrolière et ses forages, ses plateformes, ses coupes claires qui rapetissent la forêt, cette manne de dollars qui soudain s’est déversée sur eux, et sur laquelle comptent les promoteurs pour les assimiler, les faire entrer dans la logique de pensée qui préside à l’exploitation du monde.
D’un autre côté, ils doivent faire face à une emprise écologiste tout aussi redoutable : sacralisé, vu comme l’un des derniers bastions de la nature pure et inviolée, l’Alaska abrite désormais d’immenses parcs nationaux d’où les indigènes sont bannis. Or c’est par ces réserves que transitent les hardes de caribous qui depuis toujours font l’ordinaire de ces chasseurs-cueilleurs.
Là-dessus, le dérèglement climatique. Il les atteint de plein fouet. Hivers raccourcis qui déclenchent la fonte précoce des glaces, crues dévastatrices qui emportent leurs villages, étés trop secs qui font flamber les forêts et assèchent les lacs, glace qui s’amincit, animaux introuvables. Avec précision et empathie, loin des manichéismes, Nastassja Martin décrivait tout cela dans son livre : la vie d’un peuple dans un monde qui semble partir en lambeaux ; leur système de croyances, leur résistance face a l’Occident.
En Alaska, un jeune homme lui avait dit que, en cas de crise majeure, il quitterait son village « pour repartir en forêt sur les traces des animaux qui les maintiennent en vie ». Après avoir traversé le détroit de Béring, elle s’est souvenue de cette phrase. Chez les Evènes du Kamtchatka, elle est tombée sur un clan familial qui, après l’effondrement de l’URSS, s’est enfoncé dans la forêt, à 400 kilomètres de toute piste carrossable.
Elle les a étudiés de près (bientôt un livre et un film). Son diagnostic : « Ils sont, à bien des égards, mieux armés que nous et beaucoup plus réflexifs quant aux mutations écologiques. » Eux ne voient pas le monde comme stable et assuré, allant toujours vers plus de croissance. Ils vivent en relation constante avec les animaux, lesquels sont imprévisibles, incontrôlables. L’incertitude des êtres et des choses, ils connaissent. Elle est persuadée que « nous avons beaucoup à apprendre d’eux ». Et pas seulement en allant nous balader en forêt !
Intéressant. :O
Cela illustre aussi le fait que vouloir vivre d'amour et d'eau fraîche en reclus de nos sociétés malades est utopique : même si tu vis peinard dans ta forêt à l'autre bout du monde, les décisions des malades du monde moderne t'impactent. Quelles autres solutions, alors, que la lutte ? Sauf que, alors, tu ne comprends pas les codes du monde moderne (et inversement), donc le combat est asymétrique et ta défense sera immédiatement rendue caduque. Cela est très bien mis en scène dans le film Avatar : une barrière de la langue et des valeurs (donc facile à décrédibiliser), des arcs et des flèches contre des hélicoptères équipés de bombes incendiaires et de mitraillettes lourdes, etc.
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.
Les enfants manquent de calcium. Mais la solution est dans le fromage. C'est, en substance, ce que nous apprend une récente enquête du Crédoc, le Centre de recherche pour l'étude et l’observation des conditions de vie. « Entre 2010 et 2016, la part d'enfants de 3 à 5 ans qui ne couvrent pas leurs besoins en calcium est passée de 4 a 20 %. » Et le Crédoc d’en rajouter une louche : « Les besoins calciques sont de moins en moins couverts » chez les minots. En cause ? « La baisse de consommation de lait au petit déieuner, mais aussi de yaourts et de fromages en fin de repas. » Sauf que ladite étude est en fait un sondage réalisé auprès des parents de 784 enfants et financé par le groupe Bel, géant de la fromagerie industrielle avec des joyeusetés comme Babybel, Kiri ou La Vache qui rit. Voila un gage d'objectivité.
Le crédoc, c'est l'organisme qui, en 2009, a publié une étude tout aussi bidon sur l'usurpation d'identité en collaboration avec un consultant rémunéré par Fellowes, le fabricant de broyeuses à documents. Cash Investigation a démoli tout ça.
Cela fait longtemps que le lobby fromager a fait du manque de calcium son montra our nous inciter à consommer plus de frometon. Sauf que la dernière étude réalisée par les autorités sanitaires sur le sujet dit l'inverse. « D'après les données mesurées (…), la consommation de produits laitiers est globalement restée stable chez les enfants de 6-17 ans » peut-on lire dans le rapport publié en 2017 par l'agence nationale Santé publique France. Autre curiosité, dans l'étude commandée par Bel, la tranche d’âge passée à la moulinette, celle des moins de 6 ans est la seule pour laquelle Santé publique France ne dispose pas de chiffres sur la consommation calcique. Le Crédoc pousse aussi le bouchon quand il affirme qu'un enfant qui n'atteint pas les « apports nutritionnels conseillés » (ANC) en calcium est automatiuement carencé.
« En fait, les ANC sont des valeurs repères, volontairement majorées pour englober l'ensemble de la population. A titre individuel, ne pas les atteindre ne signifie pas forcément que l'on est en déficit de calcium », s'agace un nutritionniste.
Ce que ne dit pas non plus le Crédoc, c'est que, du calcium, on n'en trouve pas seulement ans les produits laitiers. Une portion de chou frisé apporte l’équivalent de 2,3 verres de lait ; pour une demi-boîte de sardines, comptez deux verres ; et certaines eaux minérales sont trois fois plus chargées en calcium que le lait. En prime, le calcium dans les produits lactiques est parfois plus difficile à assimiler que celui contenu dans beaucoup de légumes.
Après La Vache qui rit, la vache qui ait la tête ?
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.
On ne badine avec le respect dû aux grands serviteurs de la Macronie. L’Uniopss, union des organismes sociaux à but non lucratif, qui fédère une kyrielle d’établissements de santé ou de centres d’accueil et d’hébergement, vient d’en faire les frais. En mars, son président, Patrick Doutreligne, présente les comptes annuels devant le conseil d’administration. Ils sont très mauvais. Et pour cause : il y manque une subvention de 50 000 euros que le haut-commissaire gouvernemental à l’Economie sociale et solidaire, Christophe Itier, a rayé d’un trait de plume. Depuis une éternité, l’Uniopss percevait chaque année cette subvention afin de former les animateurs des institutions sociales qu’elle fédère.
Devant son conseil d’administration atterré, Doutreligne rapporte alors un entretien surréaliste qui s’est déroulé quelques mois plus tôt avec Itier. « Comment voulez-vous que je donne une subvention à quelqu’un qui a dit du mal de moi ? » avait lancé le haut-commissaire. Doutreligne lui avait reproché, près d’un an auparavant, de développer « souvent un discours très négatif sur les associations ». Et notamment de vivre dans le « vieux monde ». Qu’on se le dise : un responsable social, ça ferme sa gueule ou ça renonce aux aides de l’Etat.
Encore une énième illustration… Les gens, participez au financement de ce qui vous tient à cœur, bon-sang, ça limite grandement la dépendance ! Ne comptez sur personne d'autre que sur vous-même pour financer ce que vous aimez ! Personne le financera à votre place, ni l'État, ni les collectivités territoriales, ni les autres gens. Personne. Cela ne vaut pas dire pour autant que l'on doit laisser passer le genre d'actions dépeintes dans cet article, mais qu'il vaut mieux ne jamais s'être mis à genoux plutôt que d'avoir à s'en relever, car cela ne nécessite pas le même effort.
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.
Les flics auteurs de violences contre des manifestants peuvent-ils se retrouver aux assises ? Question explosive alors que, depuis des mois de manifs, les bavures commises à l’encontre des gilets jaunes s’accumulent… Réponse : dans un réquisitoire du 27 février, le parquet de Paris propose de renvoyer en correctionnelle un policier pourtant accusé d’un crime.
Place de la République, le 15 septembre 2016, Laurent Théron, syndicaliste SUD-Santé, manifeste contre la loi Travail. Les CRS chargent ; après une déflagration, l’homme ressent une intense douleur à l’œil droit et ne peut plus l’ouvrir. Après son hospitalisation en urgence à l’Hôtel-Dieu, diagnostics et expertises s’enchaînent des mois durant, jusqu’à cette conclusion, le 22 mars 2017 : le voilà « définitivement aveugle de l’oeil droit ».
Le parquet sur les dents
Confiée à l’IGPN — la police des polices —, l’enquête établit que la blessure est due au lancer non conforme d’une grenade à main de désencerclement (GMD), effectué par un CRS qui n’en avait pas reçu l’ordre. Le parquet de Paris poursuit d’abord ce brigadier-chef pour avoir « volontairement commis des violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ». Un crime jugé aux assises et puni de 15 ans de réclusion criminelle lorsque l’acte a été commis par une personne dépositaire de l’autorité publique
Infirmité ? Mon œil !
Mais, le 27 février dernier, revirement du même parquet. Dans son réquisitoire définitif, pourtant très sévère envers le brigadier, il requalifie juridiquement les faits, « dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice ». En clair, et afin que le policier échappe aux infamantes assises, le procureur tempère : « aucune expertise n’a établi une incapacité permanente », et le syndicaliste aurait évoqué la « possibilité de se faire poser un implant ». La perte définitive d’un globe oculaire (remplacé par un œil de verre) ne serait donc pas « permanente » ?
« Je suis très étonné de ces réquisitions de pure opportunité », s’indigne Julien Pignon, l’avocat de Laurent Théron, qui, derrière le cas de son client, voit se profiler ceux des dizaines de gilets jaunes mutilés et des policiers qui les ont blessés…
Les deux juges d’instruction chargés de l’affaire ont décidé, le 22 mai, de ne pas suivre l’avis du procureur et de renvoyer l’affaire devant les assises…
Au final, cela termine bien grâce aux juges d'instruction indépendants, mais cela illustre, une énième fois, la laisse du pouvoir exécutif autour des cous des parquets pénaux ainsi que la volatilité de la farce que nous nommons « justice » (faiblement coupable un jour, lourdement coupable un autre jour, etc.).
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.
Soucieux d’appuyer le propos du ministre des Affaires étrangères, qui, le 10 mai, avait accusé deux otages français d’avoir pris « des risques majeurs » en se rendant dans le parc de la Pendjari (Bénin), le journal de France 2 n’a pas hésité à recycler des images d’archives. Et d’une drôle de manière…
Le lendemain de la sortie de Jean-Yves Le Drian, le jité de Laurent Delahousse propose un reportage choc : « Zones dangereuses : un tourisme qui fait polémique ». En manque d’exemples probants pour dénoncer ce tourisme irresponsable qui met en danger la vie de nos militaires, la chaîne publique ressort les images, tournées six mois auparavant, d’un couple de retraités lillois, Jean-Noël et Claudine, en goguette en Mauritanie. D’emblée, le décor est planté : « Des voyageurs français en quête d’aventure, loin du tourisme de masse, comme ici, en Mauritanie, une zone sous haute surveillance. Sur ces images, quatre brigades de gendarmerie se positionnent et assurent leur sécurité… » De vrais inconscients !
Désert compris
Problème : lorsque France 2 avait suivi ce couple et narré son périple, au début de l’année, c’était pour illustrer un propos totalement contraire ! Il s’agissait de saluer la réouverture au tourisme du « train du désert » reliant Nouakchott à Zouerate, au cœur du Sahara mauritanien. Et, dans ce sujet-là, Jean-Noël et Claudine n’étaient que de sympathiques globe-trotteurs profitant d’une région de nouveau ouverte ! Ambiance décontractée, musique orientale, décors de carte postale, soirées au coin du feu…
Train d’enfer
Dans le reportage diffusé le 14 janvier, la caméra filme « deux amoureux du désert ». Jean-Noël réalise son « rêve d’enfant », Claudine a les cheveux au vent, et France 2 s’émerveille : « Une jolie manière, pour notre couple, de célébrer ses quarante-six ans de mariage. » Mieux : « Ils sont sereins, bien loin d’un possible risque terroriste », précise le journaliste. Et de laisser la parole à Claudine, tout sourire : « A partir du moment où il a été décidé que ce circuit était ouvert, c’est qu’il y a de la sécurité. » Et, si les gendarmes locaux accompagnent la sortie pédestre, « c’est pour s’assurer que les touristes sont bien en sécurité. La balade peut commencer »… Tout va pour le mieux.
Changement radical de ton dans le reportage de mai 2019. Cette fois, les deux mêmes Lillois se montrent d’une imprudence choquante : « A bord de leur train, qui traverse le Sahara, ces touristes rencontrés en janvier dernier ne pensent pas au risque terroriste… »
Heureusement, France 2 est là pour le leur rappeler !
Énième confirmation que l'on peut faire dire ce que l'on veut à des images. :)
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.
Pervers comme ils aiment l’être, les magistrats de la Cour des comptes ont profité de leur rapport sur l’exécution du budget 2018 pour mettre quelques points sur les « i ». Contrairement à ce que Bruno Le Maire et Gérald Darmanin avaient claironné lors du vote du budget, le nombre de fonctionnaires de l’Etat n’a pas baissé… mais a augmenté de 206 postes en équivalent temps plein ! Soit, par rapport à l’objectif que s’était fixé le gouvernement — moins 324 postes —, un écart de 530 emplois !
Et encore, le gouvernement a été incapable de transmettre à la Cour l’évolution des effectifs des opérateurs de l’Etat qui, comme Pôle emploi, assurent des missions de service public. La loi de finances assurait que 1 200 emplois devaient disparaître, mais, faute de données fournies par l’Etat, les magistrats de la Cour ont dû reconnaître qu’ils étaient incapables de vérifier la réalité de cette suppression…
De toute façon, ces chiffres sont dérisoires par rapport au nombre de fonctionnaires d’Etat — 2,427 millions —, mais franchement comiques par rapport aux objectifs que s’était fixés le candidat Macron lors de la campagne électorale. Il s’était engagé à supprimer en cinq ans 120 000 emplois dans les trois fonctions publiques, dont 50 000 pour celle de l’Etat.
Et voilà pourquoi, lors de sa récente conférence de presse, le chef de l’Etat a laissé entendre qu’il abandonnait l’objectif de suppressions d’emplois publics. Il lui restait pourtant trois ans à l’Elysée pour réussir à tenir son engagement. Sans rire !
Cette chronologie est intéressante, en effet, mais je ne pense pas qu'elle explique en totalité l'annonce de Macron qui, pour moi, est un coup de com' temporaire destiné à calmer la populace, le diable se cachera dans les détails.
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.
Qu'on se le dise, les sénateurs prennent très au sérieux la question du harcèlement au travail… mais pour se protéger eux-mêmes ! En cas de litige avec un collaborateur parlementaire, le sénateur qui l’emploie n’aura pas un son à débourser pour sa défense. Ses frais d’avocat seront désormais pris en charge, à hauteur de 50 000 euros, au maximum, par une assurance maison. Tandis que le pauvre assistant parlementaire, lui, devra se débrouiller tout seul.
La bonne nouvelle a été annoncée le 10 mai aux élus par l’Association pour la gestion des assistants de sénateurs (Agas). Cette structure interne, qui établit les contrats et les fiches de paie des assistants parlementaires, a passé un marché avec une société d’assurance, la Smacl, offrant « une protection juridique au bénéfice des sénateurs en leur qualité d’employeurs ». Entré en vigueur le 1er janvier, le contrat donne des garanties en or aux sénateurs qui malmèneraient leurs salariés. En cas de litige, les parlementaires resteront libres de choisir leur avocat, mais la facture sera directement réglée par l’assureur. Avec une limite, tout de même : l’élu qui sera éventuellement condamné aux prud’hommes paiera lui-même l’amende.
Même pas mal
Plus formidable encore, annonce l’Agas dans son courrier, les sénateurs pourront bénéficier « des services d’un professionnel des relations publiques en vue de prévenir ou de réparer toute atteinte à la réputation suite à un litige et qui résulterait, par exemple, (…) d’articles de presse ». En clair, les élus auront droit à une campagne de com’ — de 5 000 euros, au maximum — pour redorer leur blason, même si les faits sont avérés ! Dernière douceur : l’assurance couvre les élus jusqu’à cinq ans après la fin de leur mandat. Qui dit mieux ?
Le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires s’est étouffé en découvrant ce joli marché. « C’est totalement inégalitaire, dénonce l’un de ses membres au “Canard”. Nous, les assistants, n’aurons jamais de tels moyens financiers pour nous défendre ! Et, en plus, cette protection des sénateurs est payée sur des fonds publics. »
Le progrès social au Sénat, ce n’est pas un vain mot.
Que c'est beau, que c'est propre… D'un certain côté, c'est la suite logique de la massification de la protection juridiques dans les contrats d'assurance de M. ToutLeMonde : viens pas me chercher des noises, surtout si t'es pas très argenté, car j'ai de gros biscottos, je me suis prémuni contre tout et tous ! Sortir les muscles en permanence afin de dissuader. Folie de notre époque…
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.
Vaaache le nombre de technos web dédiées à la sécurité qui ont fleuri cette décennie… :O
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