On ne badine avec le respect dû aux grands serviteurs de la Macronie. L’Uniopss, union des organismes sociaux à but non lucratif, qui fédère une kyrielle d’établissements de santé ou de centres d’accueil et d’hébergement, vient d’en faire les frais. En mars, son président, Patrick Doutreligne, présente les comptes annuels devant le conseil d’administration. Ils sont très mauvais. Et pour cause : il y manque une subvention de 50 000 euros que le haut-commissaire gouvernemental à l’Economie sociale et solidaire, Christophe Itier, a rayé d’un trait de plume. Depuis une éternité, l’Uniopss percevait chaque année cette subvention afin de former les animateurs des institutions sociales qu’elle fédère.
Devant son conseil d’administration atterré, Doutreligne rapporte alors un entretien surréaliste qui s’est déroulé quelques mois plus tôt avec Itier. « Comment voulez-vous que je donne une subvention à quelqu’un qui a dit du mal de moi ? » avait lancé le haut-commissaire. Doutreligne lui avait reproché, près d’un an auparavant, de développer « souvent un discours très négatif sur les associations ». Et notamment de vivre dans le « vieux monde ». Qu’on se le dise : un responsable social, ça ferme sa gueule ou ça renonce aux aides de l’Etat.
Encore une énième illustration… Les gens, participez au financement de ce qui vous tient à cœur, bon-sang, ça limite grandement la dépendance ! Ne comptez sur personne d'autre que sur vous-même pour financer ce que vous aimez ! Personne le financera à votre place, ni l'État, ni les collectivités territoriales, ni les autres gens. Personne. Cela ne vaut pas dire pour autant que l'on doit laisser passer le genre d'actions dépeintes dans cet article, mais qu'il vaut mieux ne jamais s'être mis à genoux plutôt que d'avoir à s'en relever, car cela ne nécessite pas le même effort.
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.