Dures sanctions et renforts militaires : Trump ne cesse de menacer l’Iran, a la grande joie d'Israël et des Saoudiens.
C'est à Mao Tsé-Toung, qui a longtemps été pris pour un aimable poète militaire, que l’on doit cette affirmation péremptoire. Mais, au moment où Donald Trump multiplie les sanctions économiques, les menaces contre l’Iran. et envoie des troupes et des avions au Moyen-Orient, on aurait envie d’y croire. A Paris, des généraux et des analystes des services de renseignement s’alarment à l’idée qu’un conflit puisse survenir « par accident, par malentendu ou mauvaise évaluation de la situation dans le Golfe », selon un expert militaire.
Cette inquiétude n’est pas sans raison, à en croire les informations que transmettent à Paris les attachés militaires français en poste à Washington. Exemple : un élu républicain à la Chambre des représentants, Mac Thornberry, a récemment révélé que le patron du Pentagone (Patrick Shanahan), le secrétaire d’Etat (Mike Pompeo), le chef d’état-major interarmées (Joseph Dunford) et la cheffe de la CIA (Gina Haspel) ont tout récemment fait le procès de l’Iran Avec l'assentiment de Donald Trump, évidemment, ils accusaient la République islamique d’être responsable d’incidents dans le détroit d’Ormuz — sabotage de navires des Emirats — et « d’exemples précis d'exactions, menaces et autres harcèlements dont les Iraniens se rendent coupables vis-à-vis de leurs voisins ».
Des généraux modérés ?
Autre signe de tension, selon le « New York Times » : le Pentagone a présenté, lors d’une réunion avec John Bolton, conseiller spécial de Donald Trump et faucon de qualité supérieure, une série de mesures militaires. Sous le nom de code « Nitro Zeus », quelques généraux américains sont chargés de préparer l’envoi de 120 000 hommes au Moyen-Orient, au cas où l’Iran ne serait pas sage et relancerait un programme nucléaire. Maniaques de la précision, les cerveaux du Pentagone prévoient de 37 à 112 jours pour mettre ce plan en application. Plus rassurant se veut le général britannique Chris Ghika, le numéro deux de la coalition antiterroriste dirigée par les Etats-Unis au Proche et au Moyen-Orient : « Il n’y a pas d’aggravation de la menace [représentée], en Syrie et en Irak, par les forces pro-iraniennes », affirme-t-il. Et ce militaire de Sa Majesté nie être inquiet.
A Washington, le patron de l’inspection générale du Pentagone, Glenn Fine, se montre, lui aussi, bien plus mesuré que Donald Trump: « Les milices chiites inféodées à l’Iran a-t-il écrit dans un rapport public, ne manifestent pas l’intention d’attaquer les forces américaines. » Rien de fatal, alors, et Mao avait parfois raison !
Jusque-là, tout va bien ?
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.