Documentaire datant de 2017, sous licence CC-BY-NC-ND, qui traite de l'acceptation de la surveillance de masse dans nos sociétés et qui argumente contre le fameux « je n'ai rien à cacher ». J'ai participé à son financement participatif et j'en suis satisfait, car je le trouve compréhensible par le grand public. Les personnes interrogées sont intéressantes : Louis Pouzin, Jérémie Zimmermann, Fabrice Epelboin, Thomas Drake (lanceur d'alerte de la NSA avant Snowden), Vera Lengsfeld (personne espionnée par la Stasi), Joël Domenjoud (activiste écologiste français assigné à résidence sans jugement lors de la tenue de la COP 21 à Paris suite à des notes extrêmement floues qui peuvent tout et rien dire provenant des services de renseignement, notes qu'il a pu récupérer), etc.
Ce film expose les arguments habituels contre le fumeux « je n'ai rien à cacher » : on dit « je n'ai rien à cacher » de peur d'avoir à admettre que la surveillance de masse existe vraiment et de passer ainsi pour un fou coiffé d'un chapeau en aluminium ; en moyenne, 60 % des gens d'une population enfreignent régulièrement la loi (oui, les entorses au code de la route, ça compte) ; la surveillance détruit l'intimité, ces moments où nous sommes vraiment nous-mêmes seul ou à plusieurs, où nous expérimentons, où nous créons, où nous vivons ; si ta vie actuelle est sans intérêt, peut-être que, demain, tu te révolteras contre un projet d'expropriation de tes terres ; la surveillance octroie un pouvoir démesuré aux États qui peuvent devenir des États policiers très rapidement.
Ensuite, ce documentaire soumet une personne quasi lambda à une surveillance d'un mois de son téléphone et de l'historique de navigation web de son ordinateur. Lorsqu'on lui dresse son profil une fois l'expérience terminée, cette personne semble déstabilisée et mal à l'aise. Pourtant, il n'a rien fait de foufou, en effet. Notons que cette personne a demandé à ce que son graphe social (avec qui il échange, quand, à quelle fréquence) n'apparaisse pas. Notons bien que quand c'est un service numérique ou un État qui te flique, tu n'as pas ce choix.
Enfin, le film dresse une petite liste des outils habituels pour se protéger (Signal, TOR Browser, Duck Duck Go, profiter du droit européen pour demander à une société commerciale de te communiquer toutes les données qu'elle détient te concernant, etc.).