Suite de Un futur bac à la carte… de rationnement.
Un baccalauréat dépoussiéré, qui ne range plus la jeunesse dans des cases ! Pierre Mathiot, l’inspirateur du nouveau dispositif — qui s’appliquera dès la rentrée prochaine à tous les élèves de première —, en a déjà dressé un bilan satisfaisant.
Certes, « 51 % des élèves [de seconde] ont fait des vœux qui ressemblent aux séries des bacs S, L et ES. Mais 48 % des élèves ont fait des vœux de spécialités qui cassent la logique des séries, s’est-il félicité sur France Inter (9/5). Dès la première année, ça me paraît plutôt être une bonne nouvelle ! »
C’est oublier que les élèves de seconde ont été invités à piocher leurs trois futures spécialités au cœur d’un menu (de onze matières au mieux, six au pire) parfaitement théorique. Et qui risque d’être chamboulé lors du conseil de classe du troisième trimestre, à l’heure du choix définitif.
Mission impossible pour un chef d’établissement, en effet, que de faire coïncider le grand nombre de combinaisons de spécialités demandées par les élèves avec les contraintes d’emplois du temps.
Ça ne vaut pas triplette
Résultat : les choix de « triplettes » (ensemble de trois spécialités) les plus atypiques (par exemple : sciences économiques et sociales/arts/numérique et sciences informatiques) risquent d’être sacrifiés, d’ici à la fin de l’année, au profit des triplettes les plus demandées, à savoir celles qui retrouvent la logique des précédentes séries (comme le célèbre trio maths/physique-chimie/sciences de la vie et de la Terre). Retour à la case départ !
Exemple dans l’Essonne, au lycée Rosa-Parks de Montgeron. Parmi les 575 élèves de seconde ayant exprimé des vœux pour entrer en première générale, 91 triplettes différentes ont été réclamées ! Dont 62 % demandées par… quatre élèves seulement, ou moins. « L’éparpillement est tel que ne surviuront que les triplettes les plus classiques », prédit Sophie Vénétitay, responsable académique du Snes.
D’après une enquête de ce syndicat (le premier dans le secondaire) auprès de 2 800 élèves de seconde dans dix lycées, les deux tiers des élèves se concentrent sur 20 % des triplettes. Là aussi, la loi du plus fort devrait l’emporter, et beaucoup d’originaux n’auront d’autre choix que de revoir leur copie.
« Il faut que tout change pour que rien ne change. » La maxime de l’écrivain Lampedusa ferait un bon sujet de philo pour le nouveau bac à la sauce Blanquer…
Tellement prévisible.
C'est ça, la startup-nation : de la révolution en permanence, c'est-à-dire, étymologiquement parlant, un retour en arrière, au même point, et tout ça, en permanence. Mais, comme disait ma grand-mère : « faire et défaire, c'est toujours du travail », donc ça va, c'est acceptable, et puis ça permet d'éviter de se concentrer sur les vrais problèmes. :))))
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.