Je lis un article de presse, Charlotte Girard quitte La France insoumise: le mouvement plus que jamais au bord du gouffre. Dès le début de l'article, un même paragraphe me propose trois liens externes… vers Facebook…
Les bras m'en tombent…
La « sortie de Jean-Luc Mélenchon » est également disponible sur le blog de celui-ci : Une respiration à Bruxelles. Le nom de domaine est français, l'hébergeur est français et j'utilise des réseaux de télécommunications français pour accéder à ce contenu (ayant désactivé OCSP dans mon navigateur web, je passe sur l'autorité de certification américaine, plus d'infos ici sur les problèmes de vie privée que pose cette organisation devenue majoritaire).
Pourquoi diable voudrais-je informer une multinationale (premier grief) irrespectueuse de la vie privée (deuxième grief) de ma lecture d'une prose de Mélenchon ?! Pourquoi la journaliste met-elle en avant le contenu publié sur Facebook alors qu'il est également mis à disposition d'une manière plus saine ?! C'est la même histoire que de faire la promo des supermarchés versus la vente en vrac, les AMAP, etc. C'est cette orientation dans la communication qui transforme la société ou qui maintient le statu-quo.
Les deux autres proses, celle de Manon Le Bretton et celle de Manuel Bompard, ne semblent pas être disponibles ailleurs que sur Facebook. Pourquoi des personnalités politiques s'expriment-elles uniquement sur un média étranger ?!
Pourquoi la communication politique française dépend-elle d'une multinationale américaine ?! Pour causer politique en France, on dépend d'un média étranger… Où est passé le bon sens ?!
Depuis quand est-il devenu acceptable de m'imposer de me faire détrousser de mon intimité, de ma vie privée, par une organisation qui ne respecte pas les lois européennes en vigueur censées me protéger avant même de pouvoir participer à la vie politique de mon pays ?! Laissez-moi au moins la liberté de choisir qui me renifle le derrière en publiant sur plusieurs médias, sur plusieurs plateformes, sur plusieurs réseaux (comme le fait Mélenchon dans ce cas précis).
C'est très excluant, en fait… Comme si toute la population était sur Facebook… Scoop : non, notamment ceux qui n'ont pas de téléphone ou qui ne veulent pas en distribuer le numéro à une quelconque multinationale. C'est un peu comme dire rejoins-nous ou va mourir. Rejoins-nous, discute avec nous ou subis.
Je passe sur la monétisation de la vie politique française induite par la présence de publicité sur Facebook et sur le fait que ma visite enrichie mon profil publicitaire qui sera réutilisé entre pubards pour m'afficher de la pub' sur d'autres sites web… Dans ce contexte comme d'autres, je trouve cela fabuleux de monétiser la fabrication du vivre-ensemble, l'organisation de notre vie en commun…
Les pages Facebook sont peu voire pas indexées par les moteurs de recherche, à commencer par le plus utilisé d'entre eux… Des morceaux de la vie politique française sont donc seulement disponibles sur un média privé étranger qui a une définition à géométrie variable de la liberté d'expression telle qu'on la conçoit en France. Comment assurer la circulation et la pérennité de ces morceaux de la vie politique française ?
Pour notifier les prétendus insoumis de la publication d'une prose, les flux RSS feraient très bien l'affaire. Pour les retours de la base vers le sommet, nul besoin d'outils, car elle n'est pas écoutée, Facebook ou pas, FI ou pas, c'est seulement une illusion.
Bref, une fois de plus, je me sens bien seul avec mes questions de vieux con… Ce coup de gueule a rien d'original, mais il reste d'actualité, et c'est problématique.