Pervers comme ils aiment l’être, les magistrats de la Cour des comptes ont profité de leur rapport sur l’exécution du budget 2018 pour mettre quelques points sur les « i ». Contrairement à ce que Bruno Le Maire et Gérald Darmanin avaient claironné lors du vote du budget, le nombre de fonctionnaires de l’Etat n’a pas baissé… mais a augmenté de 206 postes en équivalent temps plein ! Soit, par rapport à l’objectif que s’était fixé le gouvernement — moins 324 postes —, un écart de 530 emplois !
Et encore, le gouvernement a été incapable de transmettre à la Cour l’évolution des effectifs des opérateurs de l’Etat qui, comme Pôle emploi, assurent des missions de service public. La loi de finances assurait que 1 200 emplois devaient disparaître, mais, faute de données fournies par l’Etat, les magistrats de la Cour ont dû reconnaître qu’ils étaient incapables de vérifier la réalité de cette suppression…
De toute façon, ces chiffres sont dérisoires par rapport au nombre de fonctionnaires d’Etat — 2,427 millions —, mais franchement comiques par rapport aux objectifs que s’était fixés le candidat Macron lors de la campagne électorale. Il s’était engagé à supprimer en cinq ans 120 000 emplois dans les trois fonctions publiques, dont 50 000 pour celle de l’Etat.
Et voilà pourquoi, lors de sa récente conférence de presse, le chef de l’Etat a laissé entendre qu’il abandonnait l’objectif de suppressions d’emplois publics. Il lui restait pourtant trois ans à l’Elysée pour réussir à tenir son engagement. Sans rire !
Cette chronologie est intéressante, en effet, mais je ne pense pas qu'elle explique en totalité l'annonce de Macron qui, pour moi, est un coup de com' temporaire destiné à calmer la populace, le diable se cachera dans les détails.
Dans le Canard enchaîné du 22 mai 2019.