Peu banale, l’enquête préliminaire ouverte en janvier au parquet de Paris. Elle porte sur une étrange perversion et concerne des dizaines de femmes sur plusieurs années. L’une des victimes a raconté au « Canard » sa mésaventure. En 2014, elle répond à une petite annonce d’emploi passée par le ministère de la Culture. Elle y est reçue par un imposant responsable des « relations humaines » qui, gentiment, lui offre un café. Elle trouve le breuvage « dégueulasse », mais le boit par politesse. Et hop !
Monsieur lui fait faire le tour du propriétaire. Une longue promenade permettant d’admirer les superbes installations de la Rue de Valois. Trop longue ? Au bout d’un moment, la jeune fille, malgré sa gêne, se résout à demander : « Où sont les toilettes ? » « Oui, oui, bien sûr, lui répond son hôte, ne vous en faites pas, mais on continue la visite. » Au bout d’une heure et demie, et après d’autres demandes restées vaines, elle finit, au désespoir, par se pisser dessus. Il faut imaginer l’état d’esprit d’une jeune fille venue chercher un travail et terminant son entretien d’embauche dans cet état, « humiliée comme jamais dans [sa] vie » !
Miction impossible
Rentrée chez elle, la malheureuse se demande si le responsable qui l’a reçue « ne lui a pas collé quelque chose dans le café », parce que cette envie si « terrible », quand même…
Ses proches lui conseillent de déposer une main courante relatant son histoire. Ce qu’elle fait, en fille avisée. Puis elle l’oublie. Cinq ans plus tard, donc, elle est recontactée par la direction régionale de la police judiciaire. Une policière lui annonce que l’enquête a avancé, que les victimes se comptent par dizaines et que l’examen de l’ordinateur du ponte du ministère de la Culture a révélé un tableau Excel. Il y notait ses multiples rendez—vous et les situations dans lesquelles des jeunes femmes se retrouvaient avec lui, obligées de se planquer derrière un mur, un meuble, un buisson, ou de se précipiter aux toilettes… « Il semble que sa jouissance soit d’entendre les autres faire pipi », confie un enquêteur… Pour assouvir sa passion, l’homme glissait un diurétique dans les boissons qu’il offrait.
« Administration de substances nuisibles », « atteinte à l’intimité de la vie privée », « violences aggravées », voilà les faits qui le visent et peuvent lui valoir plusieurs années de taule. Il en répondra lorsqu’il sera entendu. En attendant, prudence quand un futur employeur vous propose une boisson…
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Ce qui me surprend le plus, c'est la réaction des candidates : depuis quand on se pisse dessus afin de ne pas vexer son futur employeur ? Quand on est un gamin face à une maîtresse un peu vénère, passe encore, mais après… Depuis quand est-il possible de pisser derrière un meuble ou un mur en plein entretien en tête à tête ? Ça me semble peu crédible…
Dans le Canard enchaîné du 29 mai 2019.