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  • La fabrique éditions | À nos amis

    Deuxième livre du Comité invisible après L'insurrection qui vient et avant Maintenant, qui distille une doctrine révolutionnaire basée sur une analyse du monde et des récents mouvements sociaux défaits (comme le mouvement des places).

    Comme pour le premier tome, on retourne dans du pompeux, de l'abstrait à outrance, et de la grandiloquence. L'intello-branlette parle à l'intello-branlette. Morceaux choisis : "le local existe uniquement par contraire du global, car c'est quand on a été privé d'un attachement qu'on souhaite le retrouver" ; "la terre rend possible l'existence du peuple, le peuple donne du sens à la terre" ; "on n'est pas libre, on est, tout simplement. Se dire libre, c'est avoué être lié à une réalité qui nous dépasse", "la détox technologique est une sottise car l'expérience est avant tout vécue comme une projection mentale du moment de la reconnexion, donc ça sert à rien" ; etc.



    Pour comprendre les parties les plus arides du bouquin, qui sont les mêmes que celles de L'insurrection qui vient, il faut situer le Comité dans le courant de pensée de la destitution. Celle-ci a deux sens :

    • Le premier c'est de retirer notre légitimité aux personnes, entités, et processus que nous jugeons ne pas être dans le vrai, l'éthique, le juste, comme un parlement de pantins ou des services sociaux de contrôle social. Exemple iconique : Stallman a porté un badge « Destituons Dieu ». C'est aussi une idée qui ressort d'une lecture de La Boétie : délégitimer un tyran lui retire son pouvoir. Le Comité va jusqu'à affirmer que rien de juste et d'innocent peut être incarné (sous-entendu : tout doit être destitué). Concrètement, il s'agit d'ignorer / de rire des entités, de faire différemment de ce que fait l'institution en charge (ce qui aura pour effet de la vider de sa substance), et de fuir le pouvoir au lieu d'en opposer deux à deux (rue versus gouvernement, par ex.) dans l'espoir que l'un remplace l'autre ;

    • Le deuxième sens, c'est que toute institutionnalisation est forcément un acte violent (puisqu'on définit ce qui est accepté ou non, ce qui est dedans ou dehors, ce qui vaut ou non) qui fait naître une volonté de la destituer et ainsi d'entretenir indéfiniment un cercle vicieux destitution ‒ institutionnalisation. Auteur : Giorgio Agamben. D'où une volonté chez certains, comme le Comité, de ne pas vouloir d'institutions et de s'en remettre à une harmonie spontanée ("écouter nos cœurs plutôt que penser, on chiffre l'écocide au lieu de le pleurer"), à l'expérience sensible de l'ici et maintenant que l'on nomme alors le réel, les humains vont se respecter, se coordonner, comme ça, de nulle part et il n'y a point de violence sociale, émanant de nos désirs, à gérer.

    Partant de là, on arrive à plusieurs des idées défendues dans ce bouquin : les mouvements sociaux des places (type Nuit Debout, mais ça existait avant en Espagne) sont voués à l'échec ; nous ne devrions pas articuler nos causeries sur les institutions à instaurer mais sur la forme de vie désirable (l'intendance suivra…) ; l'insurrection doit grandir en chacun (sinon la tête qui dépasse sera retournée contre le mouvement par le pouvoir en place, cf. IRA entre 1969 et 1972) ; les liens affectifs sont supérieurs à ceux codifiés (syndicat, parti, etc.) ; il n'y a pas à gérer les biens communs, juste à partager un rapport commun à ce que l'on ne veut pas s'approprier ; il y a des formes (langage, amour, habitudes, etc.) dans ce qui vit, donc il est inutile de les codifier, la vie elle-même est institution ; on ne gère pas la vie, on ne gouverne pas, on devine (sic) ce dont un groupe humain ou une période a besoin pour se développer ; la démocratie est l'expression d'une angoisse : celle qu'advienne quelque chose en dehors de toute procédure prévisible, qu'un événement nous dépasse, etc. ; il ne faut ni hégémonie ni organisation, juste « l'intelligence de la situation » pour trouver des solutions aux obstacles. Bref, tout s'organiserait par magie.

    Je ne crois pas à cela. Tout groupe social a des formes institutionnelles, sauf peut-être de très petits groupes extrêmement homogènes qui peuvent se réguler par un « on se comprend ». Pour le reste, il y a toujours des règles (y compris implicites), un cadre, un substrat commun, etc.



    Reproches adressés aux mouvements des places (type Nuit Debout, qui, même s'il n'avait pas eu lieu à la sortie de ce livre, prendra sa dose dans Maintenant) :

    • La centralité des AG laisse à penser que rien n'existe sans une validation préalable alors qu'une idée fait consensus si plusieurs personnes trouvent les moyens de la mettre en œuvre, tout simplement ;

    • Les AG sont un théâtre, un mensonge qui casse la sincérité et la spontanéité ;

    • Se rencontrer pour se donner du courage se transforme en une impuissance collective devant le constat que tout le monde souffre sans rien faire ;

    • On passe des États à une gouvernance souple… qui reste du gouvernement, c'est-à-dire guider le troupeau loin de la liberté (cf. la destitution ci-dessus). Toutes les sociétés humaines n'ont pas eu de gouvernement. Plus les individus sont isolées et se sentent vides à l'intérieur, plus il faut un gouvernement coercitif pour les faire tenir ensemble.

    Fragments de stratégie révolutionnaire :

    • Le combat ne se poserait plus en termes de société (qui serait le nom que l'État donnerait à la répartition de ses servants pour justifier ce qu'il est : État guerrier, État-providence, État néo-libéral, État théocratique, etc.), mais en termes d'occupation des territoires, précisément car le projet serait désormais de le fragmenter toujours plus afin de prendre, partout et au plus près, ce qu'il y a à prendre pour renforcer la domination. Les projections, notamment Territoires 2040 de la DATAR (aménagement du territoire français) parleraient toutes d'un monde structuré à la Hunger Games : les grandes régions métropolitaines seraient en compétition pour attirer les talents, les métropoles secondaires s'en sortiraient via la spécialisation, les zones rurales pauvres attireraient les citadins en manque de nature, des zones agricoles / de préservation de la nature alimenteraient les autres, et des zones de relégation seraient "laissées" (sous contrôle) aux "autres" (inemployables, etc.). Pour être précis, la DATAR semblait évoquer (ça ne figure pas dans le PDF daté de 2018) un « glissement progressif de la conflictualité du champ du social vers celui du territorial » et plutôt décrire un déplacement du conflit des villes vers la campagne, précisément car les villes sont aseptisées (le Comité analyse bien cela). Sans compter que faire tout un film d'une prospection qui, par nature, a vocation à étudier tous les scénarios possibles, c'est un peu ballot… ;

    • Les Bridages rouges voulaient tuer les tenanciers de l'États pour prendre le contrôle du gouvernement ; le patronat est organisé au niveau mondial ? soyons-le avec une internationale des travailleurs ; le parti tsariste était organisé, politico-militaire, discipliné, et hiérarchisé ? Le Parti Communiste devait l'être. Aujourd'hui, face à l'empire diffus organisé en réseaux mais ayant aussi des centres de commandement, il faudrait opposer des multitudes organisées en réseau mais dotées d'une bureaucratie qui pourra remplacer celles des commandements qui tomberont sous le contrôle des révolutionnaires. On trouve cette idée d'élite de rechange chez Fakir, Mélenchon et le RN. Mauvaise stratégie pour le Comité (cf. la destitution ;) ). Podemos et Syriza, qui ont voulu remplacer l'existant, ont été défaits (ils sont devenus des relais des dominants, assenant la doctrine néo-libérale à leurs concitoyens) ;

    • Un mouvement révolutionnaire c'est 1) de la spiritualité (théorie, littérature, art, etc.) ; 2) une préparation à la guerre (en défense ou en attaque) ; 3) une abondance de moyens et de lieux. Quand tout ça n'est pas réuni, on a soit une garde éclairée, soit une secte de théoriciens, soient des entreprises alternatives qui changent rien.

    Le chapitre sur le numérique est à la fois intéressant et navrant :

    • L'humain est-il défini par des données personnelles et/ou les interactions de celles-ci ? Je réponds oui à la première question, c'est précisément pour ça qu'elles sont considérées comme un attribut de la personne en droit de l'UE. Pour la deuxième, je sèche ;

    • Hackerspaces : économie du partage qui prolonge l'économie de marché (réparer gratos les merdes du capital, ce qui fait économiser aux grandes multinationales) ou vraie émancipation par le savoir ? Le Comité rejette les imprimantes 3D et les kits pour construire des maisons écolos ;

    • Le progrès consisterait à hiérarchiser les techniques afin de configurer le futur selon le désir de la classe dominante. La technologie serait la mise en réseau des techniciens pour tenir un discours permanent sur les techniques, analyser tous les problèmes sous l'aspect technique et les résoudre sous cet angle-là, et lisser les techniques les plus rentables, ce qui conduit à une perte de savoir-faire. Mouais… Pas tous les techniciens : certains prônent la diversité des pratiques, une technologie choisie au service d'une vision politique, etc.

    • Le reste, sur le Cloud (qui servirait à rendre l'infra résistante… comme si on avait attendu le Cloud) ou sur la cybernétique dont on nous rabat les oreilles depuis des décennies sans en avoir vu un début de commencement), ou sur OpenData / OpenGov, etc., est loufoque, sauf sur l'aspect surveillance et marchandisation de l'attention (même si le Comité ne sait pas nommer ainsi ce qu'il observe et même s'il ne fait pas la différence entre nos usages néfastes actuels et des contraintes intrinsèques à la technologie). "On a amoindri l'expérience de la vie au point de rendre désirable une modélisation numérique de celle-ci, comme le tourisme est la version atrophiée du voyage rendue désirable par le capitalisme".

    Divers :

    • La crise (cf. la doxa néolibérale appliquée à la Grèce, etc.) et le changement permanent (accès aux aides sociales, lois, etc.) sont un mode de gouvernement qui, parce qu'ils bouleversent les conditions d'existence des individus, leur ponctionnant par là du temps de cerveau, permettent de défaire les citoyens ;

    • La fin de la civilisation serait déjà là car l'Occident s'est perdue en chemin : prise de distance avec la nature et dans le rapport à l'autre, la volonté de tout passer au crible de l'ingénierie (que le Comité, comme d'autres, confond avec la maximalisation de la productivité), le travail contre-nature, recréer ce qu'on a détruit, etc. Mouais… Tout comme certains voient la fin dans la chute du christianisme ou dans l'art moderne, c'est très subjectif. D'un autre côté, le Comité nous explique que l'humain comme centre du monde (d'où les ravages sur la nature et autrui) est le projet de l'Occident (on retrouve ça en philo, en effet, mais pas que) et qu'il faut y mettre un terme (sous-entendu l'Occident n'est pas mort) ;

    • Le but d'une prophétie n'est pas d'avoir raison dans le futur, mais d'opérer sur le présent, de faire prospérer ici et maintenant l'attente, la passivité, et la soumission ("à quoi bon ?"). Mouais… Je ne vois pas en quoi les mythes de l'an 2000 (robots partout, voitures volantes partout) ont rendu passifs les gens des années 1970-2000. Il en va de même avec les mythes actuels autour de l'IA, du transhumanisme, de la conquête de Mars (est-ce vraiment l'attente de Musk, notre sauveur, qui nous fait ignorer le dérèglement climatique ?) ;

    • La bestialité humaine en cas de crise serait un mythe afin de préserver l'ordre et la propriété bourgeoise qui ne se constaterait pas en situation de crise (guerre, événement météorologique, etc.). On retrouve cette idée chez Kropotkine. Mouais… Face à un événement climatique, il y a des intérêts convergents. Mais, dans un tel événement ou durant une guerre, les dominants marchent à contre-courant et cherchent à en profiter. Bref, ce n'est pas spontané, il y a toute une organisation à adopter, et vu que le Comité s'y refuse (cf. destitution)… Surtout, ce n'est pas le sujet : au-delà de la bestialité, l'humain est un être de pulsions / passions / désirs ; nos sociétés actuelles les canalisent (bien ou mal) genre l'amour sert à encadrer les pulsions sexuelles, le débat intello sert à présenter, sous une forme acceptable, une mise à mort (quand tu démontes une théorie mathématique ou physique, ça pique), etc ; toute société humaine devra toujours canaliser ces pulsions humaines, ça sert à rien de le nier (comme le fait le courant de pensée autour de la destitution). Par ailleurs, et c'est bien étrange, le Comité expose qu'une guerre (au sens large, guerre de gouvernance, guerre de communication, guerre d'estime, guerre pour définir un contrat social) peut ne pas être un carnage si l'on a l'art de la mener (et comment faire sans une ritualisation convenue à l'avance ?), et que le pacifisme peut être une tactique de temporisation quand un clan n'est pas prêt à mener le combat ;

    • « J'y suis pour rien » est un affect de supériorité morale qui énonce mon impuissance dans un événement et ma revendication de droits en tant que victime ;

    • On retrouve l'idée centrale du premier livre, la domination par les infrastructures (Google, nucléaire, routes, etc.) et une vision par flux. Ainsi, une usine ce n'est qu'un flux entrant, une transformation, et un flux sortant qui serait dénué de tout savoir-faire à cause, entre autres, de la division (verticale et horizontale) du travail. Une métropole est une station de production et de circulation du capital (boarf… cette unité est-elle encore pertinente avec la financiarisation ?) ;

    • À Athènes, au 5e siècle, le citoyen se se serait conçu comme un prolongement du guerrier, et les assemblées démocratiques comme un prolongement des assemblées guerrières. Était citoyen le soldat. Le Comité évoque les hoplites / phalanges, mais Wikipédia hésite entre un rite de passage ou un service militaire. Rien n'a beaucoup changé : l'acquisition de droits en France était conditionnée au service militaire et désormais à la JAPD (qui a changé de nom depuis) ;

    • La figure du radical violent jusqu'au-boutisme est la nouvelle échelle de notation des révolutionnaires qui les épuise ;

    • La lutte sociale aurait fait naître la classe ouvrière (l'idée du Comité est, là encore, que le mouvement a créé, de nulle part, ce qu'il refuse de nommer des institutions). Mouais… Œuf et poule, à mon avis… L'émergence d'une classe sociale est aussi une réponse au besoin de s'opposer à la domination ;

    • Commune : au 11e siècle, cela se rapprochait d'un pacte de solidarité, une envie de tenir ensemble, de s'entraider, et une envie de compter sur soi pour la préservation de sa liberté. Le Comité nous propose ce modèle pour l'après.

    P.-S. : j'ai lu ce livre à la fin de 2019, après avoir visionné une entrevue de jz.

    Wed Aug 2 17:27:47 2023 - permalink -
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    fiche-lecture
  • L’Amour sous algorithme - Éditions Goutte d'Or

    Le point de départ de ce livre est la note de désirabilité que Tinder aurait attribué à ses clients (on en apprendra rien, l'auteure n'a pas réussi à en savoir plus ni à récupérer la sienne via l'exercice de son droit d'accès RGPD), puis il s'élargit autour d'une prise de conscience que notre manière de consommer l'amour engendre des conséquences néfastes dont nous sommes tous responsables, avant de présenter quelques-uns des algorithmes potentiellement utilisés par Tinder (je divulgue : le fameux document de 27 pages qui « contient de quoi faire trembler Tinder » annoncé dans la 4e de couverture n'est que l'un des brevets rachetés par la marque, rien de neuf ni de transcendant).

    Consommer l'amour et turpitudes :

    • L'auteure relate quelques-unes des pulsions humaines sur lesquels jouent les sites web de rencontre et leurs effets : peur de la solitude ; besoin de se sentir désiré ; dont l'extrême est le narcissisme (je plains autant ? \o/) ; capture de l'attention et récompense aléatoire ; hiérarchisation des profils (à ne pas confondre, comme je l'ai longtemps fait, avec le tri : que je décide d'exclure de ma recherche les mères et celles qui veulent le devenir, c'est du tri, et ça me regarde, mais qu'un site web décide de ma comptabilité avec quelqu'un avant de me le présenter, c'est discutable) qui renforcerait nos stéréotypes et nous enfermeraient dans une bulle… (Je ne suis pas convaincu sur ce point : tout comme AFK, on cherche ce qui nous ressemble : à partir de 68 likes d'une personne, on peut déduire sa couleur de peau, son orientation sexuelle, son orientation politique, etc.) ;

    • Les sites web de rencontre transforment l'amour en marché économique sur lequel les femmes veulent l'exclusivité afin de se sentir aimées, d'où elles privilégient la qualité (en ne remplissant pas leur profil ? :)))) ), alors que les hommes veulent se mettre en avant par leur nombre de conquêtes, et privilégient donc la quantité. Ce cliché… Source : la sociologue Eva Illouz. J'ajoute que la dernière enquête sur la sexualité des Français confirme ce biais. Mais, puisqu'il s'agit d'un marché, d'une construction sociale, cela signifie que la dèche amoureuse est socialement construite par une société humaine, comme l'est la pauvreté (cf. Marx). Étrangement, l'auteure s'étonnera par ailleurs que Tinder Gold (boost du profil) est une solution mercantile à un problème de visibilité induit par le classement algorithmique de Tinder… Oui bah, comme d'hab, le capitalisme vend un problème et sa solution ;

    • Turpitudes de l'auteure :

      • Elle a besoin de se sentir unique donc elle exige un début de conversation original. Mais… Personne ne va faire un effort pour que tu ne répondes pas ou que tu refuses la converse… C'est normal… Perte de temps… D'abord on initie la converse avec la politesse de base, puis on amène des choses originales, comme lors d'une causerie AFK. En plus, comment être original quand on ignore les connaissances et les intérêts d'une personne (surtout que la majorité des femmes ont un profil vide, pour rappel). Le sommet de l'absurde est de reprocher à ses matchs de lui faire en blague en rapport avec la blague Blablacar de son profil… De quoi veux-tu qu'ils te parlent ?! ;

      • L'auteure se plaint d'avoir des réponses de queutards… alors qu'elle initie la conversation par « je sors d'une longue relation, je cherche de nouvelles expériences, à réaliser mes fantasmes »… … … Mensonge pour tromper l'autre. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ;

      • En date, un mec l'informe qu'il ne donnera pas suite car il espère « trouver mieux ». L'auteure est offensée, blessée, comment peut-on classer les gens, je suis moins bien que « mieux », blablabla… On peut sortir d'une relation et vouloir retrouver un partenaire similaire. On peut aussi avoir plusieurs critères, dont des obligatoires et des facultatifs et laisser une chance, ou non, s'ils ne sont pas remplis mais qu'on sent que ça peut le faire malgré tout ;

      • L'auteure, déçue par ses rencards et matchs sans intérêt, est paumée et cynique. Elle fini par envoyer des phrases-types, par ne plus répondre aux messages, etc. c'est-à-dire par se comporter comme elle ne veut pas qu'on se comporte avec elle… Elle en prendra conscience en lisant les 802 pages de réponse de Tinder à son droit d'accès RGPD, et notamment les converse avec ses matchs (y'a du dalleux et de l'impoli, mais aussi des gentils et originaux qu'elle a laissé en plan et aussi des personnes autant paumées qu'elle). Hé oui, tout le monde est responsable de cette situation merdique.
    • À mes yeux, l'auteure ne fait pas la part des choses entre les effets intrinsèques de Tinder et les effets de nos pratiques tout medium confondu.

    Techniques brevetées de mise en relation :

    • Il ne suffirait pas de faire se rencontrer les gens. Il faut écarter les "indésirés" afin que les profils de haut du panier ne fuient pas (dit autrement : maintenir un minimum de qualité dans le réseau social, minimum qui dépend de chaque individu). Il faut provoquer la rencontre. Etc. ;

    • Amazon Rekognition était (est ?) utilisé pour "remplir" les profils vus qu'ils sont souvent vides (une guitare apparaît ? hop, tag "loisirs créatifs") ;

    • Mots clés en commun ;

    • Faire croire à la destinée : même lieu de naissance ou université ou initiales. Observation de l'auteure : "comme quand mes copines et moi apposions le nom de famille d'un mec à notre prénom pour voir si ça sonnait bien […] nous sommes de grands enfants manipulés" ;

    • Niveaux d'expression compatibles déterminés par des tests comme les Flesch–Kincaid readability tests ;

    • Success rate d'une photo (50 % = vu/swipé une fois sur deux présentations du profil). Tinder avait (a ?) une option SmartPhoto qui présente à tour de rôle les photos du profil puis uniquement celle qui fait le plus de vues ;

    • Outrepasser la distance en fonction de l'attractivité (genre quelqu'un avec le même âge, diplôme, niveau de revenus pourra être présenté même s'il est hors de la zone de recherche), car on sait que les personnes mises en relation sont susceptibles de faire un effort supplémentaire dans ce cas-là ;

    • Mettre en relation des hommes plus vieux avec des femmes plus jeunes, moins diplômée et disposant de revenus moindres. Les chiffres de l'INSEE montrent qu'en moyenne, il y a 4 ans et 42 % de revenus d'écart entre homme et femme dans un couple français (dont la majorité n'ont pas eu recours à un site web de rencontre, hein ;) ). Pour l'auteure, c'est la démonstration que Tinder fait perdurer / inscrit dans le marbre le méchant modèle patriarcale… Pas convaincu ;

    • Contrairement à l'auteure, je vois rien de scandaleux dans tout ça. Nous faisons la plupart de ces tests également lors d'une rencontre AFK, y compris inconsciemment… Après, chacun est libre de croire qu'AFK il donnerait sa chance alors qu'un site web de rencontre ne présentera même pas le profil, blablabla. L'auteure qui s'indigne sur Tinder Select alors que l'écrasante majorité des soirées AFK sont sur invitations et rassemblent des personnes au profil démographique proche…

    Divers :

    • En 2014-2015, les associations de consommateurs et l'ICO (CNIL britannique) se seraient déclarées incompétentes pour assister l'auteure dans l'obtention de ses données personnelles Tinder, dont la fameuse note de désirabilité. Concernant l'ICO, je suis étonné…

    • Le summum du navrant de ce livre : l'auteure, déçue, désespérée, swipe à tout va avant de se branler le gland du clito avec le revers d'une brosse à dents… ;

    • Débuter une enquête : contacter toutes les personnes qui ont bossé ou bossent sur le sujet (journaliste, avocat, universitaire, activiste, etc.).

    P.-S. : j'ai lu ce livre en 2020 et je l'ai pris en compte pour rédiger mon avis sur les sites web de rencontres amoureuses.

    Wed Aug 2 10:13:34 2023 - permalink -
    - https://editionsgouttedor.com/catalogue/lamour-sous-algorithme/
    fiche-lecture
  • Comment je suis devenue anarchiste , Is... | Editions Seuil

    Un livre écrit par Isabelle Attard, ancienne députée 2012-2017 EELV puis Nouvelle Donne (apparenté écolo) qui avait fait le pont avec les défenseurs des libertés à l'heure du numérique (exemple) avant d'exposer ses désillusions sur notre système démocratique (regarder ça et/ou ça).

    Elle ambitionne de réhabiliter le mot anarchie en nous le faisant découvrir progressivement à travers un résumé de son parcours intellectuel et politique. Ce bouquin n'est pas une autobiographie.

    Définitions :

    • Anarchie : organisation politique visant l'égalité, la liberté, la justice et l'indépendance (la structure ne prime pas sur l'individu). D'où l'absence de chef, l'autogestion (tout le monde participe à la prise de décision), le féminisme inclus de base, etc. Elle peut se mettre en œuvre à plusieurs échelles, du micro-local (société commerciale, association, etc.) au national. Il s'agit d'un système organisé, il y a des règles. Synonymes : libertaire (pas libertarisme qui est un courant de pensée de droite libérale) ou communisme-libertaire ;

    • L'étatisation du socialisme de l'URSS est critiquée dès 1917 (par l'auteur Voline, par ex.). Trotski était opposé à ceux qui, comme l'anarcho-syndicaliste Makhno, voulait que l'intégralité du pouvoir revienne aux soviets c'est-à-dire aux conseils ouvriers locaux ;

    • Écologie sociale : courant proche de l'éco-anarchisme ;

    • Des auteurs anars usuels sont cités : Emma Goldman, Élisée Reclus, Murray Bookchin, Errico Malatesta, etc.

    Le déjà-là anarchiste :

    • Les communistes espagnols étaient d'accord avec les libéraux pour écraser la révolution anarchiste qui s'est déroulée pendant la guerre d'Espagne (1939) au motif que la priorité était la démocratie bourgeoise ;

    • Mandchourie (Chine) écrasé par les Japonais et Staline ;

    • 2 millions d'Ukrainiens anars écrasés par l'armée rouge ;

    • Rojava (Syrie) : communalisme, c'est-à-dire communes locales fédérées + communes thématiques (jeunesse, cinéma, etc.) + assemblée nationale et exécutif. Les femmes participent à l'effort de guerre et éduquent, y compris les hommes, à la place des femmes dans l'histoire ;

    • Chiapas (Mexique) : communautés + commune (conseil municipal élu) + fédération par zone + fédération "de bon gouvernement" (aucune idée de ce que c'est). Consensus, allers-retours entre les strates hautes / de pouvoir et les strates basses (boulot à la con), droit coutumier ;

    • Les communautés libres à la fin du 19e / début du 20e siècle auraient échoué en partie car tout le monde n'adhère pas à l'amour libre ;

    • Mon avis : c'est toujours les quelques mêmes exemples qui reviennent. Or, ils se placent chacun dans un contexte éco / géo / politique particulier (zone de guerre, absence de matières premières, etc.), une temporalité éphémère ou courte, et à une échelle micro-locale (donc l'intégralité de la division du travail n'est pas assumée, donc le développement sera limité). Pas sûr que ce soit transposable… Le Chiapas permet à Coca-Cola d'extraire 100 millions de litres d'eau par an… alors que 12 millions d'habitants n'ont pas accès à l'eau potable (source), donc on est loin de l'égalité et de l'indépendance.

      • De même, l'autogestion d'une société commerciale coopérative ne remet pas forcément en cause le capitalisme, la compétitivité, etc., car les salariés voudront se dégager un salaire (et ne pas perdre de plume si participation au capital) donc être rentables, donc ils décideront ce qui va dans leur seul intérêt, sans respecter ce que veut le client ou les exigences du territoire. De même, comme dans toute entité, il y a des personnes plus responsables que d'autres déclarées aux autorités et qui assumeront les risques juridiques, donc celles-ci vont contraindre les actions afin de se protéger. C'est moins pire, ça permet de pratiquer le communisme-libertaire, donc de voir ce qui marche ou non, mais ce n'est pas une alternative en soi, car le problème est systématique.

    Parcours politique d'Attard :

    • Des huissiers de l'Assemblée nationale, le bâtonnier de Paris, et autres la prenne pour une assistante. D'autres, surtout des mecs la cinquantaine passée, se montrent impolis avec ses collaboratrices (et les prennent de haut) alors qu'ils sont tout mielleux avec elle (elle les recadre) ;

    • Ça a été une tannée pour participer à l'Assemblée lorsqu'elle s'est retrouvée temporairement en fauteuil roulant suite à un accident ;

    • Elle a distribué sa réserve parlementaire à des projets choisis par des citoyens tirés au sort (parmi bien peu de volontaires) ;

    • Elle percevait à la fois de la défiance des citoyens (à Nuit debout, par ex.) et des politiciens (ses prises de position sur l'état d'urgence, le numérique, l'usage des deniers publics, etc. l'en éloigne), au point de se demander quelle était sa place ;

    • Désillusions : mésusages des frais de mandat (IRFM) ; Assemblée = chambre d'enregistrement de l'exécutif ; logiques des partis (je vote pour sauver ma prochaine investiture) ; chiffon rouge (insérer un article scandaleux dans un projet de loi afin d'exciter tout le monde et d'occuper le temps de parole) ; logique de la maigre avancée (dans un projet de loi, insérer une disposition clé des oppositions afin qu'elles votent le texte au nom de cette petite avancée alors que tout le reste est une régression) ; cirque / théâtre permanent (prises de parole, mais tout est joué d'avance, etc.) ; désillusion aussi sur Nouvelle Donne (choix opaque des statuts, gestion calamiteuse des salariés et de la thune) et sur la possibilité d'existence d'un parti réellement démocratique ;

    • Malgré tout, elle se présente à un deuxième mandat en 2017. Cela m'a fait tiquer à l'époque : au début, elle avait dit se présenter pour un unique mandat, et revenir sur sa parole n'est généralement pas bon signe. Elle s'en justifie dans ce livre : elle voulait donner de la voix aux conventions citoyennes pour élaborer la loi et à des projets locaux. Mouais…

    Quelques pratiques d'autogestion :

    • Pas de sachant. Un capitaine tournant afin de donner confiance en soi et de développer la réflexion et l'analyse. Ne pas rabaisser. CNV. Rôles tournant dans une réunion (gardien du temps, animateur, pousse-décision, coach, etc. Laisser le temps (les collègues ne vont pas participer tout de suite). Avec le recul (et une légère pratique), je ne suis pas convaincu : au final, le dernier mot va au chef, il est responsable de l'équipe, et si la solution proposée ne répond pas aux besoins ou objectifs définis par son chef, il la retoquera… Du coup, impossible de s'opposer à une décision idiote ou contre-productive, les sous-fifres pourront juste arrondir les angles ;

    • Ne pas obéir aveuglement, travailler moins, saboter, boycotter.

    Baratin :

    • Athènes au 5e siècle serait une vraie démocratie, blablabla. Réfutation ici et là ;

    • Attard nous ressort le mythe du nuage de Tchernobyl qui s'arrête aux frontières. Aucun officiel français n'a dit ça ;

    • Attard nous joue Calimero : "c'est difficile de parler d'anarchie, la preuve, quand je l'ai fait, à la fin de mon mandat, de potentiels employeurs m'ont boudé". Mouais, ça me semble être une conséquence à plusieurs facteurs : d'autres députés ont eu du mal à retrouver du taff ; Ça dépend aussi du taff recherché (directrice de musée = peu de places, la place est cher, les élus locaux ont toujours quelqu'un à caser), du carnet d'adresses politique (et de sa volonté ou non de le faire fructifier), de la capacité de l'employeur à admettre qu'un unique mandat politique ne signifie pas être nul, etc.

    Divers :

    • Carnet B : principal fichier de surveillance de la 3e République française. Tous les perturbateurs de l'ordre public donc antimilitaristes, anars, etc. ;

    • Droit d'accès à la nature : droit, dans les pays nordiques, de profiter de la nature et de ses fruits sans respecter la propriété privée, sous conditions (loin des habitations, ne pas saccager, etc.) ;

    • Stuga : maison secondaire suédoise soi-disant pour faire des retraites nature, mais Wikipédia laisse à penser que l'aspect "strict nécessaire" a disparu ;

    • Servir, c'est plus qu'obéir, c'est devancer les désirs, c'est donner des gages, c'est recevoir les ordres avec gratitude ("trop content que tu me demandes ça"), c'est sur-obéir ;

    • Emma Goldman à propos des poseurs de bombes anars durant la propagande par le fait (1890-1914, attentats ciblés contre les chefs d'État, les patrons, les magistrats, etc. afin de convaincre les ouvriers de la nécessité d'une insurrection) : personnalités excessivement sensibles qui ne peuvent vivre dans l'indifférence face à la misère et à l'iniquité humaine et dont le déchirement de leur âme torturée se traduit par un acte violent.

    P.-S. : j'ai lu ce livre en 2020.

    Tue Aug 1 18:15:01 2023 - permalink -
    - https://www.seuil.com/ouvrage/comment-je-suis-devenue-anarchiste-isabelle-attard/9782021440355
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  • Libérez-vous de votre smartphone - Korben

    Livre du blogueur Korben qui se veut être un guide pratique pour réduire son utilisation de son smartphone.

    Korben serait passé par là suite à une hausse de son niveau de stress liée à une surcharge de travail. Or, comment se poser quand on reçoit des notifs en permanence ? Bien sûr, on ne vient pas à bout d'une surcharge de travail et de son mal-être en mettant simplement son smartphone de côté, et tel n'est pas mon propos ni celui de l'auteur (qui s'organise mieux, qui a pris du recul sur son travail, qui s'est mis au sport et à une nourriture plus saine, etc.).

    Ça donne un livre illustré, direct (pas de circonvolution), et structuré sous forme d'un tutoriel progressif (car on ne stoppe pas "l'addiction" d'un seul coup net). Sur le fond, j'aurais rien à dire puisque je n'ai jamais eu besoin de me désintoxiquer de mon smartphone.

    Pourquoi réduire son utilisation de son smartphone ? Santé physique (vue, cou, articulations, sommeil) et mentale (déprime, angoisse, peur de manquer / de l'ennui / de la solitude), perturbation des relations sociales (on zieute son smartphone au lieu d'écouter, de vivre l'instant présent), baisse de la mémoire (car à force d'avoir tout dans son agenda, carnet d'adresses, blablabla, pipeau !), un potentiel cancer lié aux ondes qu'il vaut mieux prévenir que guérir (… … …).

    Certains des conseils peuvent également être appliqués par les non-accrocs ou les voyageurs : désinstaller un max d'appli, au besoin utiliser la version web (effort supplémentaire, moins de flicage) ; tél et SIM bas de gamme en vacs pour limiter le préjudice d'un vol ou d'une perte ; personne n'a obligation de se rendre disponible dans l'immédiat ; restreindre l'accès à ses réseaux sociaux / trier ses "amis".

    Plusieurs sous-chapitres sont redondants (un appareil par usage = remplacer son smartphone par 1) téléphone, 2) agenda papier, 3) montre, 4) réveil, 5) une prévision de ses itinéraires ; mode avion = éteindre son téléphone pour se concentrer = couper la data et le wifi = éloigner son téléphone) et un même conseil revient dans plusieurs sous-chapitres.

    Conseils :

    • Suivre son activité, sur quelles applis passes-tu le plus de temps ? (Android et IOS proposent un tableau de bord) ;

    • Trier ses applications sur son bureau (et dans la barre de menu) afin de ne pas avoir sous les yeux les plus addictives (mouaaaais, elles vont émettre des notifs ou tu iras les chercher) ;

    • Désactiver les notifs pas pertinentes (Uber = pertinent durant une course) ;

    • Mode ne pas déranger sauf certains numéros ;

    • Désactiver le répondeur vocal (dépiler prend du temps et peut angoisser quand on ne comprend pas et que l'interlocuteur n'est pas joignable) ;

    • Choisir un forfait avec une faible quantité de données mobiles (mouais… attention au hors forfait, les addictions sont tenaces) ;

    • Parler de sa dépendance pour sensibiliser son entourage et déculpabiliser ("si je ne réponds pas, c'est que je me soigne") ;

    • Mettre un fond d'écran "profite de l'instant présent" (ou autre) ou mettre un code de déverrouillage compliqué ou un chronomètre qui tue une application après un temps défini afin de tenter d'interrompre un geste machinal ou, à défaut, d'en prendre conscience ;

    • Pas de tél dans la chambre (l'électrosensibilité est évoquée à nouveau… … …), lire, adopter un réveil ;

    • Ne pas se connecter dès le réveil, s'octroyer du temps pour une activité ;

    • Ne pas sortir avec son smartphone pour de courtes distances ou des tâches simples (j'approuve, y'aura toujours quelqu'un pour prêter un tél en cas d'urgence) ;

    • En soirée / restau, défier ses amis ("le premier qui zieute son tél paye la tournée") ;

    • Essayer la détox (plus de smartphone durant X jours consécutifs) ;

    • Définir des créneaux quotidiens (ou une limite) d'utilisation du smartphone pour tel et tel usage ;

    • Utiliser un objet par fonction (mp3, réveil, agenda, etc.), ça évite d'être attiré par un autre usage du smartphone ;

    • Se déplacer sans chargeur / batterie supplémentaire afin de se forcer à limiter son usage (y'a vraiment des gens qui se trimballent H24 un chargeur ou une batterie ? :O ) ;

    • Faire garder son smartphone afin de ne plus y avoir accès (… … …) ;

    • Configurer son smartphone pour afficher en niveaux de gris (c'est possible sous IOS) afin de le rendre moins attractif ;

    • En loisir (sport randonné, etc.), considérer son smartphone comme un outil de dernier recours pour se sortir de la panade, pas comme un outil de confort ;

    • Mesurer sa progression (d'où le suivi des usages), se récompenser (restau après le franchissement de tel cap), combler par d'autres activités ;

    • Séparer les usages pro et perso.

    P.-S. : j'ai lu ce livre en 2020, donc j'ai la version auto-éditée de 2019 (couverture bleu clair), et j'en avais fait un très concis résumé dans mon article « (Presque) trois ans sans smartphone ».

    Mon Jul 31 19:03:58 2023 - permalink -
    - https://www.librinova.com/livres-vendus/korben/liberez-vous-de-votre-smartphone
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  • Cyberminimalisme , Karine Mauvilly, Sci... | Editions Seuil

    Un livre qui se veut pratique pour prendre de la distance avec le numérique.

    Pourquoi réduire son utilisation du numérique ? Écologie (déchets, minerais rares), flicage (point assez peu développé), sécurité (fuites de données via, par exemple, les objets connectés), économie de l'attention, baisse de nos facultés comme notre mémoire, notre sens de l'orientation, ou notre empathie (ces points ne seront pas argumentés), et absence d'un aspect humain du numérique (ce n'est pas explicité autrement que comme la préservation du petit commerce et des rapports sociaux, alors que le numérique a pour lui de gommer une partie des handicaps).

    Là encore, beaucoup de baratin :

    • L'auteure emploie le mot « digital » à gogo. Plusieurs définitions sont erronées : hacker, fin du RTC qui forcerait l'usage d'une box (le problème est ici l'interopérabilité des flux TV et téléphonie). Point culminant : la box Internet convertirait un signal téléphonique en signal web ‒ sic ‒) ;

    • Plusieurs points peinent à me convaincre : l'auteure fait comme si la diffamation, l'injure, la désinformation, les mauvaises rencontres, etc., n'existaient qu'AFK (qu'Internet prolonge H24 le pouvoir de nuisance de harceleurs, je suis d'accord, mais ce n'est pas tout à fait la même chose) ; il faudrait veiller à sa réputation en ligne, c'est contraignant (ha, il ne faut pas faire de même AFK ? Quelle est la limite entre contrôler sa réputation et la pudibonderie ? ‒ tout le monde a déjà fini torché ‒) ; contrairement à l'écriture manuscrite, la saisie rapide au clavier n'est pas une reformulation, donc on n'assimilerait pas les notions (parce qu'en classe, avec un stylo, on reformule le baratin du prof ? Le clavier oblige à ne pas reformuler ? Certaines personnes ne mémorisent-elles pas plus efficacement en écoutant alors que d'autres y parviennent en écrivant ou en lisant ?) ; rien ne serait aussi efficace que la conversation ou le jeu pour apprendre (du coup, l'école ? :)))) Le numérique permet également d'expérimenter plus facilement genre devenir rédacteur d'un journal avec un peu d'audience) ; les écrans impacteraient les résultats scolaires (je vois une corrélation, mais pas de causalité, ça me semble être une conséquence à plusieurs facteurs) ; les intermédiaires techniques pourraient abuser (oui, comme la librarie du coin, ce n'est pas une spécificité d'Internet, c'est plus une question de taille) ;

    • Plusieurs des solutions référencées font vieille France : toute la maison téléphone via un fixe situé au milieu de la maison (et la vie privée ? T'as vraiment envie de savoir quand ta gamine va se faire troncher ?) ; le numérique devrait venir en récompense (de résultat scolaire)… pire moyen d'éduquer… ; pratiquer un maximum d'activités en famille genre film ou musique (à moins d'avoir des parents tolérants, ça va conduire à du conformisme) ;

    • L'auteure peine à faire la part des choses entre les conséquences négatives intrinsèques à la technologie et celles liées aux usages, notamment formatés par une économie capitaliste. Une sortie du numérique est préférée par rapport à des ressources numériques éthiques (Mutins de Pangée, radios associatives diffusées sur le web, réseaux sociaux libres, etc.). De même, l'auteure préconise l'achat d'objets dédiés à une seule fonction (appareil photo disjoint du téléphone, par ex.), car ça limite de facto la possibilité de se laisser harponner par une appli / un autre usage (source). Or, la convergence numérique, qui, certes, peut entraîner des impacts néfastes, permet, à l'heure actuelle, de consommer moins de minerais rares et de produire moins de déchets ;

    • D'après une étude danoise de 2015, des personnes qui ont quitté Facebook se déclarent heureuses. Sauf que l'étude dure une semaine, que c'est déclaratif, et que l'échantillon n'est pas représentatif.

    Le reste est correct :

    • Il n'y a pas de fatalité liée au numérique et aux smartphones. Plein d'initiatives permettent d'exercer une forme de contrôle (LQDN, Framasoft, logiciels libres, Écran Total, etc.) ;

    • L'auteure égrene les effets néfastes du numérique (j'ai déjà listé ici la plupart de ceux liés à la marchandisation de l'attention) : les écrans retardent le sommeil et en affectent la qualité ; les écrans ne véhiculent pas les émotions ; rêvasser, ce qui suppose de stopper les interruptions incessantes, permet de créer et/ou de réfléchir ; le fait de faire plusieurs choses simultanément nous fatigue et nuit à notre productivité (dans le sens on a tous besoin d'accomplir chaque jour des tâches afin d'en retirer une satisfaction).

    Solutions :

    • Collectives : exiger que les services publics demeurent en présentiel et en papier ; favoriser la réparation de nos bidules électroniques ; proposer de la formation ; adopter un droit à la non-connexion (l'auteure rêve complet, à mon avis) ;

    • Individuelles : renouveler son matériel en fonction des besoins, pas de la mode ; acheter d'occasion ; acheter en présentiel afin de préserver les commerces des centre-villes et de ne pas transformer tous les emplois en emplois dans un entrepôt ; limiter le temps devant les écrans, surtout avant de dormir ; pas de téléphone ni d'ordinateur individuel avant 15 ans (d'où sort ce chiffre ? pourquoi pas 14 ou 16 ans ?) ; utiliser des logiciels et systèmes libres ; ne pas évaluer un service / une personne à tour de bras ; profiter de la vie sans être un VRP de soi donc sans raconter toutes nos sorties sur le web ; renoncer aux applications facilitatrices de sorties et se laisser vivre ; réduire sa liste d'amis (nombre de Dunbar : un humain ne pourrait pas entretenir des relations avec plus de 100 à 230 personnes ; au-delà, plus de confiance ni de comm', donc le fonctionnement du groupe n'est pas assuré ‒ ceci dit, veut-on que nos amis fonctionnent ? l'analyse de Dumbar est-elle pertinente dans ce contexte ? ‒, il faudrait ajouter une hiérarchie et des règles pour piloter le groupe) ; se méfier du faux collaboratif, de la fausse économie du partage, qui cache celle de la précarité (louer un gardien ou un cuisinier) ; refuser la numérisation de données personnelles à l'école (notes, absences, devoirs), à l'hosto (refuser le Dossier Patient Informatisé, le codage, etc.), au travail (entretien annuel), etc. (bon courage, c'est juste impossible !).

    Notes :

    • La différence entre le téléphone au volant et une causerie avec un passager : le téléphone requiert une attention continue (un silence vaut relance), alors qu'un passager s'adapte à la situation routière, à la météo, à la fatigue du conducteur, etc. ;

    • Un bureau (le mobilier, pas la pièce) Lean / règles des 5S japonaises (minimalisme, froid / pas de personnalisation, interchangeable) réduirait la productivité de 15 à 30 % par rapport à des bureaux enrichis par les salariés. Attention, il s'agit du résultat d'une unique étude (de 2010, de l'université d'Exeter), donc prudence ;

    • Quand tout est facile, notre vie se résume à agencer des activités interchangeables.

    P.-S. : j'ai lu ce livre en 2020 et j'en avais fait un très concis résumé dans mon article « (Presque) trois ans sans smartphone ».

    Mon Jul 31 15:15:03 2023 - permalink -
    - https://www.seuil.com/ouvrage/cyberminimalisme-karine-mauvilly/9782021402612
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  • La civilisation du poisson rouge (Grand format - Broché 2019), de Bruno Patino | Grasset

    Un livre consacré à la marchandisation de l'attention à l'ère du numérique (je rappelle que la vente du temps de cerveau humain disponible est antérieure aux réseaux sociaux numériques).

    Ce bouquin alterne entre le baratin et le vrai…

    Commençons par le baratin :

    • Le titre lui-même est pipeau. D'après Google, le « temps d'attention » / « temps de concentration » d'un poisson rouge serait de 8 secondes alors qu'il serait de 9 secondes chez les milléniaux (génération Y). Sur le web, on trouve un autre couple de chiffres relayé par Microsoft : poisson rouge = 9 secondes, milléniaux = 8 secondes. Mettez-vous d'accord ? L'attention / concentration n'est pas définie : est-ce la réaction à un stimuli extérieur ? Est-ce la capacité à se concentrer sur un sujet qui nous passionne ? Etc. D'autres personnes ont déjà souligné l'absence de crédit scientifique de ce chiffre : 1, 2 ;

    • Tim Berners-Lee, déçu par sa création (le web), créerait un « contre-Internet ». Sans plus de précision. Qu'il s'agisse du projet Solid ou d'autre chose, il n'y a point de contre-Internet (ni conceptuellement, ni en pratique) ;

    • Une étude publiée dans le Journal of Social and Clinical Psychology évalue à 30 minutes/jour le temps maximal d'exposition aux réseaux sociaux et aux « écrans d'Internet » (sic) au-delà duquel apparaît une menace pour la santé mentale (quelle menace ?). Pipeau : faible échantillon, faible durée de l'étude, déclaratif ;

    • On ressort le vieux cliché du quai de gare où tout le monde a les yeux rivés sur son smartphone, plus personne se cause ni se regarde olala c'est la fin de la civilisation. Mouais, il y a un siècle, les journaux remplaçaient les smartphones. Bien sûr que l'ingénierie derrière les sites web consultés avec le smartphone actionne, d'une façon nouvelle, des pulsions humaines, et c'est de ça dont il faut parler ;

    • L'auteur utilise les mots « hackers », « expérience utilisateur », « post-vérité », « post-information », « web 1.0 », « web 2.0 », « web sémantique », etc. sans les définir ou sous leur seul aspect négatif. De même, plusieurs grands mots creux sont utilisés pour appuyer le propos mais sans être définis, comme data-capitalisme ou technocapitalisme (olala, ça impressionne) ;

    • Internet entraînerait la fin des mythes collectifs, donc la destructuration de la société. Olala, ça fait peur. Quid des complots ou des histoires écrites collectivement (backrooms, par ex.) ou des mèmes récurrents que l'on trouve en masse sur le web ? Ce n'est pas forcément les mêmes mythes qu'avant, donc ça peut être déconcertant, mais de là à déstructurer une société humaine… ;

    • On terminera par le transhumanisme, l'IA (pourtant plutôt bien défini dans le premier chapitre), etc. qui vont nous faire des choses fortement désagréables mais on ne sait pas encore quoi (olala, ça fait peur).

    Sur le reste, ce livre vise juste :

    • Il rappelle quelques-uns des effets des techniques de capture de l'attention mises en œuvre par des multinationales capitalistes afin de maximiser leur gain : "addiction" liée à la récompense aléatoire qui découle de la présentation des contenus, du scroll infini et des notifications incessantes, approbation-récompense par les likes / commentaires (et mal-être quand on en a moins), anxiété devant des contenus toujours plus angoissants (plus que la presse, notamment les chaînes d'info en continu ?), peur de manquer / de paraître ignorant (c'était si facile de savoir, pourquoi suis-je à la bourre ?), moins d'oubli (qui harmonise les relations humaines), les interruptions incessantes qui nuisent au besoin de compléter des tâches "complexes" afin d'en tirer satisfaction, uniformisation des contenus, biais de conformation par l'effet de bulle de filtres (pour moi, il est inhérent à tout groupe social ‒ la famille, les amis, les profs, sont de très bons prescripteurs ‒ et à toute recherche, précisément car on la débute par ce qu'on connaît d'un sujet), biais de représentativité, biais de répétition, impatience (on veut une réponse immédiate à une qustion précise sans étudier le sujet attenant), fausses nouvelles (pour moi, rien de neuf : tous les gouvernements mentent partiellement et tous les journaux présentent les faits d'une manière erronée ou partielle qui sert leur ligne éditoriale, d'où la nécessité de la pluralité), effet Rashōmon : plusieurs récits d'un même fait font disparaître la vérité (rien de neuf, on pensera à la vérité alternative de Trump mais aussi à tous les contre-feux médiatiques des façonneurs d'image dont les efforts titanesques de l'industrie du tabac), etc. ;

    • L'auteur explicite qu'il ne s'agit pas d'un problème avec la technologie, ni d'une perte de culture, mais d'une mutation d'un système utopique (ainsi est présenté Internet) vers l'économie de l'attention. Il s'agit d'un choix politique (organisation de la vie en commun). Il ne peut y avoir d'éthique tant que le paramétrage des algorithmes s'explique par des considérations économiques (dégager un max de revenu publicitaire) ;

    • La fin se veut légèrement plus posée que le baratin qui la précède immédiatement : le transhumanisme et l'IA sont encore au stade du blablabla, les algorithmes déçoivent, le refus de l'économie de l'attention n'équivaut pas à un refus du numérique, ce modèle économique est néfaste, mais il en existe d'autres, etc.

    L'auteur propose majoritairement des solutions systémiques (= pas basées sur des gestes individuels) :

    • Régulation : champ et application des algorithmes (afin de différencier contenu et pub, de ne pas jouer sur les pulsions humaines, etc.). Je pense que c'est illusoire : le moindre journal, la moindre prise de parole joue sur les émotions (tristesse, nostalgie, colère, dégoût, etc.) ;

    • Trouver un cadre juridique entre le statut de l'hébergeur et celui de l'éditeur. Bon courage, y'en a qui réfléchissent depuis des décennies… ;

    • Offres alternatives à l'économie de l'attention. L'auteur ne pense pas à des solutions techniques (comme la décentralisation), à part une « IA écologique » (sic et lol) ou des algorithmes émancipateurs (lol), mais à des solutions politiques (comme les médias publics ont été un contre-pied aux puissances d'argent) ;

    • Créer des lieux géographiques et des moments sans sollicitation numérique. J'avoue que les relous qui dégainent leur tél quand tu leur causes, ça a toujours été un no-go pour moi ;

    • Éduquer. Ouais, ça atténuera la portée et l'emprise des mythes et du bullshit (transhumanisme, transnational, IA, etc.), hein ;) ;

    • Modération personnelle de son usage des plateformes qui capturent l'attention.

    P.-S. : j'ai lu ce livre en 2020 et j'en avais fait un très concis résumé dans mon article « (Presque) trois ans sans smartphone ».

    Mon Jul 31 09:55:10 2023 - permalink -
    - https://www.grasset.fr/livre/la-civilisation-du-poisson-rouge-9782246819295/
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  • Il est où, le bonheur

    Énième livre de François Ruffin pour lequel il n'y a pas de lutte climatique sans lutte des classes et sans lutte sociale. Le réchauffement climatique éteindrait la guerre des classes au nom d'un intérêt humain supérieur ? Sur les revenus, la fiscalité, etc. les dominants se moquent du sort commun, ils font sécession, mais il faudrait être écolos tous ensemble ? Cette fois-ci, ils vont accepter les nouvelles règles du jeu ?

    Les arguments sont éculés (les riches polluent plus, etc.), sauf un : pour remporter la lutte climatique, il faudra au préalable changer d'imaginaire / de mentalité : adieu la société de consommation / de l'abondance, etc. Le sociologue Veblen a constaté qu'une classe sociale envie la classe immédiatement supérieure (un temps, Ruffin illustrait ça par les nobles français qui suivaient la mode impulsée par le roi). C'est en cela que la classe supérieure doit donner l'exemple : pour impulser le changement.

    Ruffin propose de ne pas se fissurer sur les prolos pas écolos (ils voudraient le carburant pas cher, ils ne voudraient pas isoler leur maison, blablabla), car on a besoin des prolos et des intellos de gauche. Quand les Goodyear veulent préserver leurs emplois dans un secteur climaticide, bien sûr qu'ils pensent à leur gueule, et c'est le rôle des intellos et des politiciens d'accompagner la lutte, de parler de réduction du temps de travail (à rémunération égale ? Ruffin ne le dit pas) par ex., ce qui n'a pas été fait, et a donné une image individualiste à leur mouvement social. Quelles solutions (carotte et bâton) apporter pour initier le changement systémique ? Quelle direction, quel horizon ? Parce que si c'est pour avoir une taxe carbone sur les carburants qui n'est même pas affectée à des mesures pro-climat…

    Ruffin pose également les premières briques de ce qu'il développera dans Fakir durant et après le Covid : quel est le sens de l'existence, qu'est-ce que le bonheur ? Découle-t-il du progrès technique ou de la consommation ? L'ONU, comme d'autres, rappelle que, si les premières étapes du développement économique procurent le bonheur, au-delà de 20-30 k$ de revenu national par habitant, il n'y a plus d'effet sur l'espérance de vie ni sur le ressenti (sondages "êtes-vous satisfait de votre vie ?").

    Gramsci écrivait que, quand une classe est dominante par la coercition, c'est que le peuple ne croit plus en son idéologie. Ce qui fait dire à Ruffin que plus grand-monde ne croit à la croissance, à la compétitivité, à la mondialisation, etc. Reste l'hypothèse d'un système qui nous embarque tous, alors ?

    Notes :

    • Origine du CETA : table ronde de l'énergie (pétrolière) + 17 lobbies (pharma, chimie, etc.). Représentant : Jason Langrish. Les jeunes pour le climat (Youth for Climate) se seraient dégonflées sur le CETA : ils n'auraient rien eu à dire, c'est un sujet technique, etc. ; Tactique assumée : ne pas braquer ; ils se seraient fait impressionner lors d'une réception privée à l'Hôtel de Lassay ("le bon sens invite à sauver la maison commune") lors de la venue de Greta ;

    • Dans un salon, des yachts sont estampillés écolos. Ruffin demande en quoi ils le sont. Le carburant n'est pas pris en compte (car c'est de la responsabilité du proprio de faire un usage modéré du yacht, blablabla). Les plans sont conçus sur ordinateur, donc c'est vert :D ;

    • D'après le CRÉDOC, les voyages et le numérique plombent le bilan écolo des riches, et leurs gestes (consommer + de bio, - de viande, contrat électrique vert, etc.) n'y changent rien. Mouais… L'impact environnemental du numérique est encore très méconnu (les chiffres de l'ADEME sont pifométrique) et, par le passé, le CRÉDOC a surévalué les usurpations d'identité ;

    • Modèle prédictif HANDY qui tient compte des effondrements sociétaux précédents (romains, mayas, etc.). Des disparités économiques trop fortes et une sur-exploitation de la nature peuvent toutes deux, et indépendamment, entraîner un effondrement de la société. Mais, en l'absence de stratification économique, le tir est plus facile à rectifier.

    • Ruffin s'étonne des sondages qui mesurent en même temps une défiance envers les partis politiques, et une confiance envers un gouvernement informé pour prendre les bonnes décisions sur le climat. Pour moi, c'est la lâcheté habituelle : "laissons d'autres personnes faire le sale boulot, et tant que ce n'est pas fait, ne pas changer mes pratiques". C'est oublier que l'action politicienne ne suffit pas :

      • Le rapport Villermé, à l'origine de la première loi française de 1841 limitant le travail des enfants, n'a pas suffit ;

      • Ce sont les actions de 1904 (boycott, marches, vitrines brisées, patrons menacés, pillage, etc.) qui amènent la loi de 1906 abrogeant le travail le dimanche (Ruffin ne dit pas qu'elle est partielle, que plusieurs métiers ne sont pas concernés, qu'il faudra attendre 1919) ;

      • La première caisse sociale est née en 1906 suite à une grève dans un atelier. Ça part du bas, ça se professionnalise (1/3 de la population est couverte par des caisses privées avant la 2e guerre mondiale), le peuple arrive en haut par les urnes, Ambroize Croizat crée le régime général de sécu ;

      • Les grèves massives de 1934 permettent les actions du Front Populaire de 1936.
    • La démocratie, c'est autoriser le conflit, le ritualiser, l'organiser, pas feindre un consensus ;

    • Gary Becker, économiste néo-libéral, déclare, en 1993 : « Le droit du travail et la protection de l’environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en développement » ;

    • "Il faut attendre le retour de la croissance pour redistribuer" : rien dit que le gâteau sera distribué plus équitablement qu'aujourd'hui ;

    • Les petits gestes écolos vident l'écologie de sa substance avec pour finalité que chacun se dise qu'elle est du bullshit.

    P.-S. : j'ai lu ce livre en 2020.

    Sun Jul 30 16:49:32 2023 - permalink -
    - http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Il_est_o%C3%B9,_le_bonheur-586-1-1-0-1.html
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  • Utopies réalistes , Rutger Bregman, No... | Editions Points

    Ce livre présente la faisabilité de trois grandes utopies : fin de la pauvreté (par le revenu de base), réduction du temps de travail, et suppression des frontières. Pourquoi celles-ci plus que d'autres ? Aucune idée.

    Vu que les utopies présentées ne sont pas novatrices, on s'attend à de solides arguments, mais, rien de neuf (mais il y a des chiffres et des graphiques sourcés sur la réduction du temps de taff, l'absence de lien entre PIB et bien-être, les inégalités, etc.) :

    • Fin de la pauvreté : la pauvreté a un coût (services sociaux, flics, justice, médecine, y compris psychiatrique), elle abîme la société (défiance envers les politiciens, privation de talents trop occupés par leur charge du quotidien, réduction de la solidarité ‒ un humain est plus solidaire quand ça lui profite aussi, d'où la nécessaire inconditionnalité du revenu de base ‒, etc.), le PIB n'est pas synonyme de bien-être (hausse de l'instruction, réduction de la mortalité infantile, hausse de l'espérance de vie, baisse du taux d'homicides, de la dépression, de la population carcérale, de l'immobilité sociale, etc.), cf. étude de Wilkinson et Pickett ;

    • Réduction du temps de travail : ça réduit le stress, les inégalités, le chômage, ça émancipe, y compris les femmes (mouais, du travail pour tous ne signifie pas du travail de qualité pour tous…). Il faudrait taxer les bullshit jobs, taxer pour inciter à embaucher plutôt qu'à payer des heures complémentaires, taxer le capital (pour contrôler le progrès technique dont l'auteur ne dit rien de l'utilité et du contrôle social qu'il opère), réallouer les gains de productivité ailleurs que dans la consommation dans le but d'entretenir la production et donc les profits (en France, la productivité a aussi servi à réduire le temps de travail : au 19e siècle, on était en moyenne moins payé pour 3 100 heures/an de travail que pour nos 2 000 heures actuelles) ;

    • Suppression des frontières : ça restreindra les inégalités de richesses au niveau mondial (à mon avis : non, tout dépend de comment on l'organise, pour servir quels intérêts, etc., comme d'hab).

    Plusieurs arguments sont douteux :

    • L'Alaska aurait un revenu de base depuis bien longtemps… Non, ni en montant, ni en origine (pétrole, gaz) ni sur la méthode (bourse) ;

    • L'auteur évoque la loi de Speenhamland qui est un revenu complémentaire afin de garantir un minimum, pas un revenu de base inconditionnel qui émancipe du salariat. Il y a d'autres confusions du genre (comme la proposition de Nixon d'un revenu conditionné au retour à l'emploi) ;

    • Les exemples historiques de temps de travail ne sont pas forcément pertinents. 1 500 heures/an de taff en France dans les années 1300, mais le temps libre était beaucoup alloué à l'Église (il n'était donc pas une concession faites aux "travailleurs" ni aux loisirs), la diversité des activités productives était moindre, et il faudrait vérifier comment est calculé ce chiffre car une moyenne dans une société bipolaire (seigneurs / serfs) a peu de sens ;

    • Il y avait peu de frontières et de passeports avant la 1ere guerre mondiale. Peut-être car peu de gens voyageaient ? L'aviation grand-public, la voiture moderne, la réduction du temps de travail (congés), ont densifié les flux.

    Au final, ce livre ne traite pas d'utopies radicales (qui tentent de résoudre un problème à sa racine) : point de fin du salariat, point de communisme, point de fin de l'héritage patrimonial ou du crédit bancaire, etc. De même, les solutions proposées sont sociales-libérales (taxation, aides sociales dont revenu de base, etc.), donc mollassonnes. Le déjà-là peine à convaincre.

    Notes :

    • Nous avons bâti le pays de l'abondance, donc nous n'avons plus d'ambition ni de projet. Nous faisons des calculs économiques, nous réparons les problèmes techniques, nous satisfaisons nos exigences de consommation. D'où le vide ressenti : quel intérêt de se lever le matin ? La société de l'abondance était une utopie… que nous avons transformé en dystopie (obésité, dépression, surconsommation, taff dénué de sens, etc.) ;

    • Dans le cadre d'un sondage, 12 % des jeunes de 1950 affirment être spéciaux, contre 80 % de nos jours (attention aux biais habituels : représentativité de l'échantillon, etc., et, dans le cas présent, les sondages étant réalisés à plus de 60 ans d'écart, il faudrait vérifier que la question posée est la même, que le vocabulaire utilisé porte toujours le même sens dans l'esprit des gens, etc.) ;

    • Distribuer des aides sociales dans une société de consommation sert à rien, car, sans maîtrise des désirs, tout le monde voudra toujours acheter la dernière merde ;

    • La mondialisation a-t-elle freinée le progrès technique ? Travailleurs du clic, enfants de pays pauvres, etc. au lieu de robots ;

    • Il est difficile de changer d'opinion car ça consiste à changer de place dans un groupe social (Église, famille, amis, etc.) alors que l'humain veut froisser personne par peur de l'exclusion (cf. expérience d'Asch : les humains nient l'un de leur sens pour se conformer à un groupe, mais une voix dissonante suffit à les réveiller). Sans compter que ce changement d'opinion et de place induit une forme de changement d'identité.

    P.-S. : j'ai lu ce livre en 2020.

    Sun Jul 30 11:28:26 2023 - permalink -
    - https://www.editionspoints.com/ouvrage/utopies-realistes-rutger-bregman/9782757874097
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  • Comme un empire dans un empire de Alice Zeniter - Editions Flammarion

    Un roman centré sur une hackeuse spécialisée en doxing et un assistant parlementaire.

    L'une, qui aspire à changer les choses depuis la marge, nous parle d'Anonymous, d'Assange, de Snowden, du lulz, des zero-day, de la société de la surveillance diffuse (tout le monde surveille tout le monde, notamment entre conjoints), de la do-ocratie (qui est ici défini comme faire sans attendre et convaincre les autres uniquement si t'as besoin d'eux), de son boulot alimentaire de merde (domination, infantilisation, effet de groupe), de l'évolution des mouvements hackers et politiques autour d'Internet dans les années 2010, etc.

    L'autre, qui aspire à changer les choses de l'intérieur, nous parle de son désarroi, de sa lassitude, du cynisme, de la lâcheté et de l'inaction de son député PS de patron, de la petite politique, de l'amplitude horaire de son taff qui ne lui laisse pas l'opportunité d'écrire un bouquin, etc. Il y a une symbiose avec les désillusions d'Isabelle Attard et les propos de Ruffin sur "les députés sont des technocrates au service de l'exécutif, l'Assemblée nous étouffe, aucune vision politique, etc.".

    J'ai été déçu sur un point : la 4e de couverture dit « comment continuer le combat quand l'ennemi semble trop grand pour être défait ? ». Or, le livre n'apporte aucun début de piste, rien. Il se termine abruptement, dans une ferme de hippies (je caricature) sans qu'on sache ce que devient le mec de la protagoniste, un hacker arrêté par les flics après une action contre une société commerciale spécialisée dans la surveillance. Je suis resté sur ma faim et triste de quitter cette histoire.

    Ce livre est un coup de cœur. Les deux personnages centraux parlent du monde dans lequel j'ai évolué. De mes références culturelles et techniques (plutôt bien maîtrisées, on peut toujours pinailler sur la précision d'une vulgarisation, mais ça n'a aucun intérêt). De certains de mes combats. De mes désillusions politiques. De l'échec politique malgré les alliances entre les hackers et les politiciens dans la première moitié des années 2010. C'est très rare, donc appréciable.

    Divers :

    • Internet et l'AFK sont désignés par les mots « le dedans » et « le dehors » :) ;

    • Les aides sociales sont une idée conservatrice dont la finalité est d'acheter la paix sociale auprès des gens qui subissent les ravages du capitalisme mondialisé et qui seraient donc les plus à même de protester. Simmel traiterait de ça dans son livre Les pauvres de 1907 ;

    • ‒ [ Qu'est-ce qui pousse une jeune fille comme toi à se plonger dans les ordinateurs ? ]
      ‒ Si je faisais du piano, personne ne m'emmerderait à vouloir savoir pourquoi je fais du piano ».

    P.-S. : j'ai lu ce livre fin 2020 sur "conseil" de Fakir.

    Sat Jul 29 18:07:58 2023 - permalink -
    - https://editions.flammarion.com/comme-un-empire-dans-un-empire/9782081515437
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  • Des princes pas si charmants - Editions Massot

    Le dernier recueil de la série « un autre regard » de la dessinatrice Emma. (Je n'ai pas rédigé d'article sur les deux premiers tomes de la série car ils contiennent uniquement des BD publiées en ligne, sur lesquelles je m'étais déjà exprimé avant de lire les livres-recueils.)

    Il contient 4 BD dont 2 sont disponibles sur le web :

    • « Les conséquences ». On a tous et toutes des charges mentales à porter (pro, etc.), mais, souvent, la charge mentale ménagère s'y ajoute uniquement pour les femmes. En parler avec son conjoint change environ rien : soit ils nient / s'en foutent (18 %), soit ils changent de comportement un court temps puis retour à la normale (39 %) soit y'a du changement mais lent (37 %). Les chiffres viennent d'un sondage Twitter d'Emma qui n'est pas représentatif (public plus conscient de la problématique et plus exigeant) ;

    • « C'est dans la tête ». Il y a quelques années, il y a eu tout un courant médiatique pour expliquer que la charge mentale ménagère n'est pas un problème d'organisation sociale, que ça relève du privé, du couple voire des femmes qui ont un besoin de tout contrôler. Bref, c'est un problème de femme (un de plus, dis donc). Telle une psychose, des livres, des psys, des coachs et autres sont apparus pour apprendre aux femmes à se soigner. Un problème = une solution commerciale, comme d'hab' ;

    • « Le dimanche soir » (attention, la version web est partielle). L'actuelle organisation du travail qui détruit les salariés (toujours plus, absence d'autonomie, humiliation, infantilisation, ne pas énoncer clairement les attendus et ce qui ne va pas, faire croire que s'impliquer c'est appartenir corps et âme à l'employeur, changement fréquent d'organisation pour embrouiller, etc.) est voulue, elle a été façonnée. La solution est habituelle : communisme donc mise en commun des outils de production, ne pas produire la merde consumériste donc travailler 2 h par jour, ne pas redouter l'automatisation (puisque la valeur produite n'est pas captée par le proprio de l'automate), etc. Il ne faut plus négocier les conditions de notre exploitation (réduction du temps de taff, formations, paiement des heures sup'…), mais la renverser ;

    • « Pour être sympa ». Sexisme ambivalent = sexisme hostile (bâton) + sexisme bienveillant (carotte). Exemples de ce dernier : la galanterie (qui est de la politesse dirigée vers les femmes comme tenir la porte, payer l'addition afin de marquer que sa compagnie à de la valeur, etc.), les compliments de rue ou en entreprise (tu égayes l'étage ; même si ce n'est pas dans ta fiche de poste, tu accueilleras les visiteurs car t'as un joli sourire ; votre candidature tombe bien, on manque de point de vue féminin, etc.), valoriser les taffs dévalorisés (par le salaire, l'absence de reconnaissance, etc.) qu'elles occupent (les tâches ménagères, élever les lardons, etc.), leur proposer sans cesse de l'aide en entreprise (pourquoi, elles sont incompétentes ?). Contrôle social qui ne mange pas de pain, en somme. Le sexisme bienveillant serait nécessaire car, si la politique, les médias, la religion, le salariat, etc. accordent structurellement des privilèges aux hommes, à moment donné ceux-ci ont envie / besoin de reproduire leur lignée, donc ils ne peuvent pas que dénigrer, il faut donc valoriser les femmes, mais uniquement dans les valeurs (douceur, sensibilité, gentillesse, etc.) et les tâches spécifiques qu'on leur a assignées. De même, ça permet de ne pas (trop) valoriser monétairement ces activités (cf. taff invisible, etc.).

    Fun fact : d'après une étude de 2012 de Elinder et Erixon, portant sur 18 naufrages de navires durant les trois derniers siècles, l'expression « les femmes et les enfants d'abord » est fausse : le plus haut taux de survie va aux membres de l'équipage (61 %) puis aux hommes (37 %) puis aux femmes (27 %) puis aux gosses (15 %). Le Titanic fait exception avec 70 % de femmes survivantes contre 20 % des hommes.

    Historique simplifié de l'organisation du travail :

    • Sociétés primitives : rythme lent, tout le monde contribue à la production des biens de première nécessité qui étaient mutualisés ;

    • Sédentarisation, agriculture et élevage permettent de produire de quoi survivre sans la contribution de toute la communauté (premiers gains de productivité de l'histoire :D ), d'où l'apparition de l'artisanat et du stockage et de l'échange des surplus ;

    • Privatisation des sols, des bétails et des outils. Division en groupes spécialisés aux intérêts divergents. Les chefs, les prêtres, les militaires, etc. accaparent les propriétés et la production ;

    • Exploitation des serfs par les seigneurs. Les serfs sont encore libres de choisir leur rythme et l'usage de la terre… tant qu'ils payent le droit d'usage (donc liberté très relative) ;

    • La navigation maritime, donc la découverte de nouveaux marchés, l'impérialisme, l'esclavage et le pillage, fait émerger la bourgeoisie. L'organisation féodale freine son développement. Tant qu'il percevait sa dîme, un seigneur se moquait de l'oisiveté de ses serfs et de leur organisation, mais s'ils bossaient plus, ça produirait un surplus de richesses… Les seigneurs perdent donc en influence. Apparition des manufactures en ville. Exode rural poussé par les famines, donc la bourgeoisie fixe les salaires et les conditions (journée de 12 h, etc.). Les progrès techniques permettent de fixer la cadence des ouvriers (d'où le mouvement luddiste), de maximiser les profits (temporairement) et de rendre la production indépendante de plusieurs facteurs (jour / nuit, météo) ;

    • La division verticale (séparer la conception / décision de la réalisation) et horizontale (découpage d'une tâche en sous-tâches spécialisées) du travail permet de retirer le savoir-faire et de rendre remplaçable les travailleurs ;

    • Emma n'évoque pas l'auto-exploitation (auto-entreprise, travailleur indépendant, etc.). Au 19e siècle, l'artisanat a été capté par la bourgeoisie prêteuse de deniers. C'est toujours le cas : il faudra être compétitif pour rembourser le prêt, etc. d'où une liberté très relative. La financiarisation, elle aussi passée sous silence, a également permis de tirer des profits d'un surplus de production ou d'une production inexistante.

    P.-S. : j'ai lu ce livre à sa sortie (fin 2019).

    Fri Jul 28 18:59:23 2023 - permalink -
    - https://massot.com/collections/des-princes-pas-si-charmants/
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  • Livre Manifestante | Futuropolis

    Je n'ai pas compris la trame narrative de cette BD. Une femme participe subitement à une manif' "comme ça" puis à une autre, puis elle participe à une action anti-pub puis elle sert le thé à des sans-abris puis elle file un coup de main dans une cantine populaire, puis retour en manif'. S'agit-il de montrer des actions concrètes dans lesquelles s'engager ? Pourquoi celles-ci plus que d'autres ?

    Je n'ai pas compris comment cette BD entend atteindre son objectif (de nous faire bouger) :

    • La protagoniste se fait gazer dès la première manif', elle reçoit un éclat de grenade de désencerclement dans la jambe à la suivante (un autre manifestant recevra un LBD dans l'œil), puis elle se détache de ses potes passives à qui le monde tel qu'il est convient bien et qui ne la comprennent donc plus, puis elle déprime devant sa prise de conscience que le monde ne tourne pas rond et qu'il ne semble pas y avoir de solution, etc. Le burn-out militant est également évoqué, tout comme le fait de s'impliquer au détriment d'autres choses (comme son couple). Il ne s'agit pas de vendre du rêve, mais là, cette BD me semble illisible pour quelqu'un qui n'a jamais milité et inutile pour un militant… ;

    • La protagoniste nous est dépeinte comme une personne lambda qui se moque du bruit du monde, alors qu'on découvre une personne déjà politisée. Du coup, cette BD ne traite pas des déclencheurs du passage à l'acte militant alors que le résumé de l'éditeur énonce « Comment en vient-on à passer le pas, et à sortir dans la rue pour exprimer sa révolte ? ». Déception.

    Pour nuancer, il y a bien quelques mots d'explication : manif' = rituel collectif pour se redonner de l'énergie ; « tout le monde est bienveillant [ dans une manif' ], je n'ai pas peur des autres manifestants [ sans pour autant aller jusqu'à nommer la violence policière qui est dessinée ] » ; « t'en as pas marre de subir ?! C'est facile de justifier sa flemme ou son indifférence en disant que les manifs servent à rien. Au moins, on essaie […]. On voit qu'on n'est pas seuls à vouloir autre chose ».

    Au final, cette BD est simplement descriptive (y a ci et ça qui se pratique, dans telles conditions, etc.). Ça permet de s'imprégner un peu du vocabulaire militant.

    Fri Jul 28 12:47:10 2023 - permalink -
    - https://www.futuropolis.fr/9782754832588/manifestante.html
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  • DES VIVANTS — 2024

    Une BD qui retrace l'histoire de résistants du Musée de l'Homme (entre autres) entre 1938 et 1942 (date du procès suite au démantèlement opéré par la Gestapo au début 1941 à la suite de dénonciations). Notamment des ethnologues pour qui le concept de race est infondé qui, dès 1938, et malgré l'air du temps, maintiennent leurs expositions afin de chasser l'obscurantisme, y compris lors de l'arrivée de l'armée allemande à Paris.

    Tous les propos prononcés par un personnage l'ont vraiment été (ils sont issus de lettres, journaux, procès-verbal, entretiens, rapports de résistance, etc.), seuls le contexte (tel propos dans tel lieu) et le récit (leur agencement) n'est pas garanti.

    Je n'ai pas accroché plus que ça : j'ai rien appris de neuf, le format BD délivre très peu d'infos en beaucoup de vignettes et de pages, et l'authenticité des propos conduit à de franches cassures dans le récit.

    Fri Jul 28 11:16:41 2023 - permalink -
    - https://www.editions2024.com/livres/des-vivants
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  • Dans le numéro 128 (juillet - septembre 2023) de Fakir

    • Durant la seconde guerre mondiale, les civils anglais ont gagné sept années d'espérance de vie, car tout le monde était rationné, donc tout le monde avait sa ration, y compris ceux qui ne l'avaient pas en temps normal. Mouais… Ça sent la conséquence aux causes multiples… ;

    • Ruffin nous dit que, pour lui, une économie dirigée n'est pas une économie nationalisée. Une société dans laquelle chacun ne serait qu'une cellule de l'État l'effraie. Il craint qu'un tel État n'engendre de la lourdeur bureaucratique, qu'il nous étouffe. L'économie dirigée, c'est une certaine vision de l'État, qui ne fait pas tout et à qui tout n'appartient pas. Ruffin croit en l'initiative privée, l'individu, les coopératives, etc. Parallèle avec le volontarisme politique de Roosevelt qui canalise les capitaux, la main-d'œuvre, les intelligences, etc. pour la 2e guerre mondiale (ainsi General Motors, contraint de construire des avions, n'a pas construit de bagnole pendant 4 ans comme il l'aurait voulu). J'ajoute que toutes les économies orientent / organisent / planifient (plan stratégique chinois sur 30 ans, lois d'orientation en France, etc.). Un des soucis de Ruffin, c'est comment parvenir à une société où règne l'émulation, qui prend en main son destin commun sans que tout n'arrive imposé par le haut. Mouais… Nombreux sont ceux qui se sont fracassés la tête sur cette énigme… ;

    • À une délégation venue lui soumettre des propositions de réformes, Roosevelt aurait répondu « vous m'avez convaincu, maintenant faites pression sur moi ». Ruffin y voit du recul sur lui-même et sa fonction : un président n'est qu'un accoucheur de l'histoire. L'accouchement ne peut pas se faire tout seul : même avec une césarienne, il faut pousser ;

    • D'après Challenges, la déduction d'impôt pour l'emploi de personnel à domicile serait drainée vers des services de confort (coach sportif, yoga, massages, sophrologie, etc.) qui représenteraient 50 % du coût de la mesure (contre 8 % pour la garde d'enfants et 28 % pour le soin aux vieux). Les 10 % des Français les plus riches se partageraient près de la moitié des crédits de cette aide. Je ne partage pas la classification du jardinage ou des cours particuliers comme des dépenses de confort : un vieux ou un handicapé moteur ne peut plus entretenir son petit jardin, so what? Mais oui, évidemment que cette aide a toujours profité aux bourgeois qui se payent des bonnes (et des jardiniers et des gardes d'enfant) pour s'éviter les corvées. Faut-il que cette aide bénéficie aux seules personnes dépendantes ? Des députés y songent ;

    • Mouvement des enclosures. Aux 16e et 17e siècles en Angleterre, appropriation, par les riches, des terres communes seigneuriales (mises en coopérative / communauté, mais propriétés du seigneur). Les terres sont désormais bordées par des clôtures (pour devenir nos actuels champs). Fin du droit d'usage. Fakir dit que c'est les tribunaux qui ont validé les méfaits des nouveaux propriétaires fonciers, mais Wikipedia dit que c'est une loi. Cet exemple est utilisé par Fakir pour illustrer que le droit et les juges sont du côté des dominants qui savent la tordre à leur avantage. Force sans justice est tyrannie, justice sans force est impuissance, écrivait Pascal. Kant ajoutait qu'une loi est juste si tout un peuple a pu y donner son assentiment (on notera que Fakir fait ici une boulette : assentiment = acquiescement implicite ou explicite, de gré ou de force, donc se plaindre que les lois sont adoptées en douce et « sans assentiment de la majorité » est un non-sens).
    Thu Jul 27 21:01:13 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?BcwtIA
  • Changer la taille de clé avec OpenDNSSEC (key length rollover / key size rollover)

    Durant le déménagement de l'un de des serveurs informatiques, j'ai utilisé l'outil Zonemaster de l'AFNIC et de son équivalent suédois afin de vérifier le bon fonctionnement de mes serveurs DNS qui font autorité.

    Zonemaster m'a informé qu'une clé RSA de 1024 bits est considérée comme trop faible de nos jours : « La clé (DNSKEY) avec le tag XXXXX utilisant l'algorithme 8 (RSA/SHA-256) a une taille (1024) plus petite que la taille recommandée (2048) pour cet algorithme. ».

    J'ai décidé de passer à 3072 bits pour ma KSK et à 2048 bits pour ma ZSK. 3072 bits sert à rien puisque info. utilise des ZSK RSA de 1024 bits et que la racine utilise des clés RSA de 2048 bits. La sécurité globale est celle du maillon le plus faible. Néanmoins, une taille différente me permet de distinguer très rapidement mes KSK de mes ZSK.

    Avec OpenDNSSEC, la taille des clés (et l'algorithme à utiliser, il n'y a pas que RSA, fr. utilise les courbes elliptiques, par ex.) est configurée dans la politique appliquée à une zone. Par défaut, son stockage se fait dans /etc/opendnssec/kasp.xml.

    Il suffit de modifier la valeur de l'attribut XML « length » des balises « Algorithm » dans l'arborescence « Keys ».

    Ensuite, il faut demander à OpenDNSSEC de relire la politique et de l'appliquer (le redémarrer ne sert à rien, la politique actuelle est sauvegardée et lue dans /var/lib/opendnssec/) : ods-enforcer policy import.

    Il n'y a pas besoin de forcer à la mano le roulement / renouvellement / rollover des clés. Normalement, OpenDNSSEC va s'occuper de tout.

    Si la soumission de la KSK à la zone parente est manuelle, il faudra appliquer la procédure habituelle (ds-seen, ds-gone, etc.).

    Thu Jul 27 19:15:00 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?JRPpSA
  • OpenDNSSEC : lister les tâches planifiées

    ods-enforcer queue.

    Thu Jul 27 19:14:22 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?wxpB4A
  • Dans le Canard enchaîné - juillet 2023

    05/07/2023

    • Le Sénat publie des statistiques sur les questions écrites soumises au gouvernement : taux de réponse (dans et hors délai), nombre de questions en attente, répartition temporelle et par ministère, etc. ;

    • Droit d'alerte économique : le CSE peut demander à la direction de fournir des explications sur des faits de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique d'une société commerciale de 50+ salariés ;

    • En 2014, Mobipel, la hotline de Free avait fait grève pour protester contre le management musclé. Free avait fait son cirque sur le thème "je suis le seul opérateur qui ne délocalise pas et voilà ce que je récolte, c'pas juste !". 315 salariés virés dans les 3 ans qui ont suivi pour motifs personnels et disciplinaires. Le centre est cédé à Comdata en 2018 avec l'assurance que le volume d'activité serait maintenu. Transféré à Gennevilliers. Le turn-over grimpe à 47 % en 2019 et à 82 % en 2020, soit plus du double de la moyenne du secteur. Au 1er trimestre 2023, le chiffre d'affaires s'est effondré de 60 %, et les effectifs sont tombés à 116 salariés (600 en 2014) ;

    • Une escouade des pompiers de Paris veillait sur l'ancien palais de justice (sur l'île de la Cité). En 2022, Lallement décide d'affecter ces pompiers à la surveillance du logement du préfet, son bureau, et ceux de ses services. Certes, cet amas de bâtiments est en rénovation, mais la Cour d'appel et celle de Cassation y siègent toujours. Le ministère de la Justice fait donc appel à une société privée pour s'occuper de la sécurité incendie. Celle-ci facture « bie plus cher » que les pompiers ;

    • MindGeek (Pornhub, YouPorn, Brazzers, etc.) a été rachetée par l'avocat pénaliste canadien Solomon Friedman via le fonds Ethical Capital Partners ;

    • Dans son livre Lettre aux ingénieurs qui doutent, un ex-ingénieur tente d'expliquer pour quoi très peu d'ingénieurs désertent. Aliénation, servitude volontaire, prétention à changer les choses de l'intérieur, argent comme outil de contrôle, les échappatoires (la boîte de nuit, comme les traders, par ex.), leurs narrations rationalisantes, et les stratégies d'évitement de la dissonance cognitive. S'il y a encore des avions à l'avenir, il faut travailler dessus aujourd'hui pour qu'ils soient moins polluants argumente un ingénieur d'Airbus… qui bosse sur la mise en place de nouvelles chaînes d'assemblage toujours plus optimisées visant donc à augmenter la productivité. C'est au politique ou au marché de créer la réglementation pour m'empêcher de faire ce pourquoi je suis payé dit un ingénieur qui automatise le transport de marchandises afin d'augmenter la productivité. Les innovations sont le moteur de l'histoire, pour le grand bien de l'humanité sinon on en serait encore à taper des cailloux pour faire du feu, non ? ;

    • Le MEDEF peut distribuer des strapontins : nomination à l'Unédic, l'Urssaf, Action Logement, etc.


    12/07/2023

    • D'après Challenges, le cumul des 500 premières fortunes atteindrait 1 170 milliards d'euros en 2023, contre 1 002 milliards en 2022. Les six premières détiennent plus de la moitié desdits 1 170 milliards. Les 4 premières fortunes françaises (Arnault, Hermès, Wertheimer et Bettencourt-Meyers) récoltent 148 des 168 milliards d'euros d'évolution entre 2022 et 2023 ;

    • Projet de Loi de Programmation Militaire (LPM) 2024-2030. Devant le Conseil constitutionnel. Budget des armées : 413,3 milliards d'euros sur 6 ans. Les dépenses progresseront plus vite dans les prochaines années avant de se tasser. Le fléchage du livret A vers 6 groupes et 4 000 PME de la défense (les sénateurs voulaient un livret dédié à la souveraineté, mais refus du gouvernement) a été retoqué par le Conseil constitu et re-tenté dans la loi de finances 2024 avec le même insuccès. Commission parlementaire d'évaluation des exportations d'armes (les sénateurs voulaient une commission parlementaire de vérification / contrôle, mais refus du gouv' et de Macron). Dissuasion nucléaire avec, entre autres, un nouveau porte-avion ;

    • Agence pour la diffusion de l'information technologique (Adit) : entité désormais privée d'intelligence économique, championne du renseignement privé (200 millions d'euros de CA annuel). Actionnaire : un fonds canadien qui a ouvert son capital au fonds souverain émirati. Défense Conseil International (DCI) qui, entre autres, dispense de la formation, surtout dans le contexte de guerre en Ukraine, attise la convoitise de l'Adit ;

    • Le Parlement peut commander des rapports au gouvernement. Les 16 rapports prévus par la loi de financement de la Sécu n'ont pas été remis dans le délai imparti. La réforme 2023 des retraites, adoptée sous forme de loi rectificative à celle-ci a peut-être tout retardé ? L'an dernier, aucun des rapports prévus par la loi de financement de la Sécu 2022 n'a été remis. Ces rapports sont souvent des amendements de replis ("je n'ai pas obtenu ce que je veux, donc je demande l'évaluation du dispositif voté pour tenter de montrer qu'il n'a pas atteint son objectif et/ou je demande l'évaluation de ma proposition", etc.). Exemples récents ? Étude d'un Livret Épargne Souveraineté (LPM 2024-2030 cf. ci-dessus) ; Justifier le caractère juste et efficace de la réforme des retraites 2023 (lors de l'étude du projet de loi LIOT du retour à 62 ans de juin 2023).


    19/07/2023

    • Inflation, profits, salaires. Dans son rapport sur l'emploi publié le 11 juillet, l'OCDE constate que, dans les pays de l'OCDE hors France et USA, depuis la fin 2019, les profits ont gonflé en moyenne de 21 % contre 15,6 % pour les « coûts de main-d'œuvre ». En France, les rémunérations ont progressé de 14 % contre 10 % pour les profits. À cause des 15 % de salariés au SMIC, indexé sur l'inflation, et dont la hausse pousse les autres à la hausse (personne ne veut subir un déclassement). Si l'on ajoute l'octroi de subventions et prestations sociales ainsi que le blocage des prix réglementés de l'énergie, le pouvoir d'achat n'a baissé que de 1,2 % en France contre 3,8 % en moyenne dans l'OCDE. Aux États-Unis, la progression plus forte des salaires sur les profits (14,2 % contre 13,5 %) s'explique par une reprise économique rapide qui a engendré une pénurie de main-d'œuvre, d'où une hausse des salaires. L'éternel débat amrché économique versus régulation. On constate tout de même que l'écart est plus prononcé dans l'état social. L'OCDE estime qu'il y a de la marge pour revaloriser les salaires sans craindre l'inflation ;

    • En 2014, après une série de bavures policières mortelles, le maire de New-York a ordonné la fin des contrôles d'identité de masse / sans raison. La criminalité a baissé, car les flics se sont concentrés sur la grosse délinquance. Je doute : 1) les chiffres de la criminalité sont souvent magouillés / pipeau ; 2) la petite délinquance n'est-elle pas celle qui se voit le plus et qui nourrit le sentiment d'insécurité qui justifie tout et nawak ? ; 3) la petite anecdote ne fait pas la généralité.


    26/07/2023

    • Depuis 2009, les Unions Régionales des Professionnels de Santé (UPRS) fédèrent les docs par spécialité (kinés, dentistes, etc.) et sont les interlocutrices des ARS. Elles sont financées par une contribution prélevée par l'Urssaf sur les honoraires de leurs adhérents (environ 42 millions d'euros). Comme partout ailleurs, ça magouille un peu : placements immobiliers, indemnités pour les dirigeants allant de 300 euros annuels pour un orthoptiste à 8 k€ pour un libéral (ça ne veut rien dire, je sais…), et compensations supplémentaires pour les mêmes dirigeants (président des pharmaciens des Hauts-de-France = 5 400 € annuels ; 3 k€ pour son trésorier). Une fois dans la place, certains dirigeants n'oublient pas leur syndicat, y compris financièrement, via la location d'un local, par ex. ;

    • Renault-Nissan. La part du capital de Nissan détenue par Renault va passer de 43 % à 15 % (vu le cours de bourse actuel, défavorable pour Renault, elles seront placées dans une fiduciaire). Nissan va avoir le droit de vote chez Renault (dont il détient 15 %, à égalité avec l'État français) et Renault va retrouver son droit de vote chez Nissan (suspendu dans le cadre d'un accord forcé intervenu en 2015 suite à la bévue de Macron de faire racheter par l'État et en douce des actions de Renault, générant de la suspicion japonaise d'une possible prise de contrôle). Nissan semble frileuse pour l'aventure Ampere (filiale de l'Alliance spécialisée dans la bagnole électrique, y compris les logiciels) : 10 % du capital au lieu des 15 % prévus, huit mois de négociation, une incertitude quant à l'apport de ses brevets et chercheurs, etc. ;

    • En Hongrie, nouveau décret gouvernemental ordonnant aux librairies situées à moins de 200 mètres d'une école ou d'une église de vendre sous film plastique les livres pour enfants qui abordent, de près ou de loin, l'homosexualité. De plus, les livres suspects ne doivent plus être exposés dans les rayons jeunesse. Les distributeurs s'interrogent sur le périmètre (Harry Potter = propagande gay ou on ? Alors que la saga n'arborde pas ce thème, seules des déclarations a posteriori de l'auteure dévoilent l'homosexualité de Dumby). Pour ne pas avoir emballé certains bouquins, le réseau de librairies Lira a écopé d'une amende de 32 k€. La chaîne Libri a été condamnée à une amende de 3 k€ pour des livres qui n'auraient pas dû se trouver dans le rayon jeunesse.
    Thu Jul 27 12:06:28 2023 - permalink -
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  • Dans le Canard enchaîné - juin 2023

    07/06/2023

    • Les navires stratégiques de la flotte russe sont protégés par deux brigades de dauphins militaires. D'où une inquiétude quand une baleine blanche équipée d'un harnais permettant de fixer une caméra a été repérée au large de la Norvège puis de la Suède ;

    • Le RN est à l'initiative de la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères dans la vie politique française. L'idée d'était d'afficher ceux qui fricotent avec la Chine, le Qatar, la Russie, etc. afin de banaliser les financements russes du RN. Par envie de briller, le RN a pris la présidence de cette commission alors que le vrai rôle de pouvoir, même s'il est ingrat, est celui de rapporteur, qui a été laissé à une macroniste… qui en a profité pour charger le RN, la « courroie de transmission efficace » de la Russie. Arroseur arrosé. :D Le Projet Arcadie apporte un éclairage complémentaire : « Le RN a tué la thématique des ingérences étrangères, en ne faisant absolument pas preuve de sérieux, avec la complicité bienveillante des députés, qui ont pratiqué la politique de la chaise vide. Tout cela, pour un rapport creux, aux recommandations superficielles […] ». Sans surprise ;

    • Les SPAC n'auraient plus la côte : 2MX Organic a raté ses cibles (Grand frais, groupe Delhaize, Casino) ; I2PO a vu son action trébucher après le rachat de Deezer ; en mai 2023, le patron d'Accor a annoncé à ses actionnaires qu'il renonce à son SPAC faute de prise ; Pegasus, SPAC le plus important du continent avec 500 millions d'euros collectés, a annoncé sa liquidation en juillet 2023 ;

    • Un détenu, y compris en attente d'un procès, peut contester ses conditions de détention, notamment leur dignité (surcharge, pas d'eau chaude, pas de vitre, des rats, etc.), et être libéré… en fonction de l'humeur de leurs juges, qui ont tendance à penser que prison = palace ;

    • Depuis mai 2022, les graisses et les huiles qui dépassent 2 milligrammes de MOAH par kilo sont interdites à la vente dans l'UE. 1 mg/kilo pour les autres aliments. En avril 2022, la France a pris un arrêté interdisant les MOAH dans les encres d'emballage qui fait l'objet d'un recours devant le Conseil d'État ;

    • Loi Garot : allègements fiscaux pour les supermarchés qui "donnent" leurs produits invendables ou invendus qui ont perdu leur valeur marchande.


    14/06/2023

    • Les assureurs rechignent à assurer les centres de tri à cause du risque d'incendie lié aux batteries omniprésentes. Le centre de tri de l'Aisne fonctionne sans assurance depuis janvier 2023. D'après le ministère de la transition écolo, le nombre d'accidents majeurs a quasi doublé entre 2014 et aujourd'hui pour attendre 70 par an.


    21/06/2023

    • Le rapport 2021 de l'Inspection Générale des Finances (IGF) sur les profits mirobolants des concessions autoroutes, publié par le Canard en mars 2023, préconisait, sur l'ensemble des réseaux ASF-Escota (aka Vinci) et (APRR-Area) aka Eiffage, qui représentent près de 2/3 des autoroutes concédées, une baisse des tarifs des péages de près de 60 % dès 2022 et jusqu'à la fin des concessions (2036). La rentabilité est proche de 12 % alors que la cible contractualisée est de 7,67 %. Les concessionnaires recevront 55 milliards d'euros de plus que prévu d'ici 2036 (au moins, vu que la hausse des tarifs va continuer). D'où les ristournes concédées cet été ? ;) ;

      • Un avis sur le raccourcissement de la durée des concessions ou une taxation supplémentaire a été demandé au Conseil d'État. Réponse : comme d'hab, contrats mal ficelés donc une résiliation anticipée déclencherait des dédommagements extrêmement élevés (le Conseil avait déjà dit et chiffré ça en 2021). Une surtaxe de 2 à 3 milliards d'euros d'ici à 2030 semble proportionnée. Mouais… Comme le note le Conseil, la baisse de l'IS (33 % -> 25 % au cours du premier quinquennat Macron) a déjà rapporté environ 8 milliards d'euros aux concessions autoroutières, donc cette surtaxe consiste à reprendre une partie de ce qu'on leur a rendu, et elle s'appliquera forcément à d'autres types de concession (dixit le Conseil), par égalité je présume, donc ça ne change rien au problème (hausse des tarifs des péages, au moins 55 milliards d'excédents imprévus, etc.) ;

      • La nouvelle taxe « infrastructures de transport de longue distance » a été ajoutée à la loi de finances pour 2024. Le Conseil constitutionnel a validé. Tout l'enjeu est de savoir si cette taxe est générique. Si elle est trop spécifique aux concessions d'autoroutes, celles-ci peuvent la répercuter sur le prix des péages. Or, d'après le Canard du 4 octobre 2023, elle devrait être payée à 85 % par les concessions, 15 % par Roissy et Orly, et pour mois de 1% par trois aéroports de moindre importance. RATP ? Trop locale. SNCF ? En dessous du seuil de rentabilité. Les grands ports ? Au-dessous du seuil de chiffre d'affaires. Les aéroports pourront la répercuter… Bref, ça sent la bricole ;

      • La taxe « infrastructures de transport de longue distance » a été contestée en mars 2024 par les 9 sociétés d'autoroutes et les 4 aéroports concernés. Le 12 juin 2024, le Conseil d'État a renvoyé leur QPC au Conseil constitutionnel.
    • Une réforme du marché carbone européen est en cours : taxe à l'importation / aux frontières qui servira à rembourser le plan de relance Covid, extension des quotas d'émission CO2 à d'autres secteurs de l'économie et aux particuliers, sur le chauffage (fioul, gaz) et le carburant (essence, diesel), en 2027. D'après la Commission, les émissions carbones des sociétés commerciales auraient diminuées de 43 % en 15 ans, donc autant continuer. Les Français payent déjà une telle taxe, celle dont l'augmentation annoncée en 2018 a déclenché les Gilets jaunes. Un plafonnement est prévu… jusqu'en 2030, et il est basé sur la distribution gratos de 2 % de quotas mis en réserve par la Commission (tu sens la distribution ardue car les membres de l'UE ne seront pas d'accord et/ou basée sur des critères foireux ou paperassiers ?)… Un Fonds social pour le climat doté de 86,6 milliards d'euros sera alimenté par une partie des recettes dégagées sur les quotas afin d'aider sur les passoires thermiques et avec des chèques énergies… Encore une usine à paperasse :( ;

    • Concernant la guerre en Ukraine, le Crédit coopératif se montre aussi froid et débile que les autres banques. Un virement bancaire d'une honorable ONG Suisse à l'ONG Safe (qui intervient en Ukraine) a été refusé. Un paiement d'un fournisseur pharmaceutique néerlandais par Safe a été bloqué 8 jours. La subvention de Safe par le ministère des Affaires étrangères pour un projet d'aide d'urgence à Zaporijia a été bloqué au motif que la région était occupée à 60 % par l'armée russe…


    28/06/2023

    • NBT : New Breeding Technologies / nouvelles techniques de sélection génétique.
      • OGM classiques = transgénèse = introduction d'un gène étranger. NBT = mutagenèse, aucun apport extérieur, obtenu soit en réagençant le génome (avec des ciseaux moléculaires), soit en le forçant à muter (à coup de radiation ou d'agents chimiques) ;

      • Selon l'agrochimie, la réglementation OGM européenne ne trouve pas à s'appliquer aux NBT puisqu'ils ne font qu'accélérer des mutations naturelles. En 2018, la CJUE avait partiellement retoqué cet argument. En février dernier, saisie à nouveau par le Conseil d'État à l'initiative de la Confédération paysanne, elle a précisé le cadre : une méthode de mutagenèse n'est pas concernée par la réglementation OGM sauf si elle va entraîner une modification du génome différente, par nature ou par fréquence, de ce que produirait une méthode de mutagenèse traditionnellement utilisée pour diverses applications et dont la sécurité est avérée.
    Wed Jul 26 20:33:32 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?mh909Q
  • Transferts de données vers les États-Unis : la Commission européenne adopte une nouvelle décision d’adéquation | CNIL

    Le 10 juillet 2023, la Commission européenne a adopté la nouvelle décision d'adéquation des États-Unis en matière de données personnelles : EU-US Data Privacy Framework (ou Trans-Atlantic DPF ou Cadre de protection des données). Les données personnelles peuvent donc à nouveau circuler librement entre l'UE et les É-U (à destination des seules entités ricaines auto-certifiées, pour être précis, cf. ci-dessous).

    Pour les définitions, les enjeux, et l'historique, lire ici.

    TL;DR : rien de sérieux, pas d'apport sur les points bloquants ayant entraînés l'invalidation de la précédente décision, l'UE a, une fois encore, baissé pavillon.



    Cette décision n'a pas d'effet rétroactif, donc les plaintes adressées antérieurement à la CNIL (et autres APD) ne sont pas caduques (cf. question 10). Depuis le 10 juillet :

    • les entités ricaines doivent à nouveau s'auto-certifier. Liste ici. Tant que ce n'est pas fait, des transferts de données persos ne peuvent pas reposer sur ce nouveau cadre ;

    • l'annulation des décisions antérieures a eu un effet rétroactif (cf. 3e paragraphe en partant de la fin), et tout semble indiquer que la nouvelle décision se fera invalider par la CJUE, donc, si le DFP est invalidé, ouvrir des plaintes sous son régime revient à faire constater un manquement au RGPD durant une plus longue période.



    L'avis du Comité Européen de la Protection des Données (CEPD), qui coordonne toutes les Autorités nationales de Protection des Données (APD) comme la CNIL, est mitigé :

    • Le décret ricain EO 14086 laisse intacte la surveillance de masse temporaire (koikecé ?), toujours nommée « collecte en vrac », qui ne fait l'objet d'aucun contrôle par une autorité indépendante, ni avant, ni après ;

    • Le prétendu tribunal permettant un droit de recours aux Européens est toujours un comité fantoche de l'exécutif ricain qui répondra toujours une réponse-type qui ne pourra pas faire l'objet d'un appel (comme avant, quoi) ;

    • Il faudra vérifier en pratique le sens donné aux mots utilisés dans le décret ricain (genre « nécessité » et « proportionnalité ») et l'application concrète du cadre. Ce qui est impossible sans compter sur un lanceur d'alerte comme Snowden… ;

    • Les exceptions permettant de sortir du nouveau cadre défini sont floues ;

    • Quand toutes les agences de renseignement ricaines seront-elles mises en conformité avec ce nouveau cadre (octobre 2023, d'après la promesse ricaine) ? ; Droit d'accès (indirect, je présume) très restreint ; Et de nombreux autres petits points qui ne font pas sérieux à mes yeux (je vais y revenir).



    Le Parlement européen a voté une résolution qui va dans le même sens : attendre que le nouveau cadre, qui n'a pas été assez amendé pour offrir une protection équivalente au RGPD, soit appliqué côté États-Unis avant d'adopter une décision d'adéquation. Une fois encore, on s'est torché avec la démocratie.



    La réaction de NOYB ne diffère pas de mon résumé de novembre 2022 pointé au début de ce shaarli.



    La section 702 de la loi ricaine FISA (qui autorise la collecte des données et des metadonnées des personnes ne disposant pas de la citoyenneté ricaine, voir ici, point 2) est caduque à la fin de l'année sauf renouvellement par le Congrès. En adoptant une décision d'adéquation avant ce débat, l'UE prive le parlement ricain et se prive de tout levier de négociation. Même si nous dépendons énormément des ricains au niveau technique cf. le bilan de mes plaintes CNIL, l'UE, c'est environ 450 millions de personnes, donc un sacré marché économique, donc il y avait moyen de peser. L'UE a renoncé à une vision géopolitique (une fois de plus). :(



    Comme d'autres, je trouve facile la critique des États-Unis quand nous, Français, pratiquons ce qu'on leur reproche. La réponse-type et l'absence de droit d'accès (ce que déplore aussi le CEPD), c'est ainsi que procèdent la CNIL, la CNCTR et le Conseil d'État dès qu'un citoyen veut savoir s'il est fiché par les renseignements ou les flics français (deuxième source). Seize (!) dossiers sont toujours devant la CEDH.

    Ce traitement vaut aussi pour les non-citoyens français surveillés par la France via sa loi de surveillance internationale de 2015 (voir 1 et 2).

    Que penser de l'absence de contrôle par une autorité indépendante quand, chez nous, la CNCTR, chargée de contrôler le renseignement, se déclare chaque année, et pas plus tard qu'en juin 2023, en manque de moyens et de compétences, ainsi qu'impuissante à contrôler les techniques de renseignement les plus intrusives ?

    Le refus d'accès au dossier d'instruction durant de longues années dans le cadre d'une affaire pénale (toute thématique confondue), c'est aussi une pratique bien établie (Canard enchaîné du 16/11/2022).

    Je ne suis pas en train de dire qu'il ne faut pas asticoter les États-Unis, mais qu'il faut aussi nettoyer devant notre porte.

    Fri Jul 21 21:21:24 2023 - permalink -
    - https://www.cnil.fr/fr/transferts-de-donnees-vers-les-etats-unis-la-commission-europeenne-adopte-une-nouvelle-decision
  • Suite : Bilan de mes plaintes CNIL - GuiGui's Show

    Conséquence de mes shaarlis précédents du jour, j'ai mis à jour le bilan de mes réclamations CNIL et ses statistiques.

    Pour résumer : j'ai déposé de nouvelles réclamations. À part ça, rien a évolué : mes réclamations, transmises au service des plaintes, n'ont pas reçu de réponse.

    Fri Jul 21 17:39:04 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?Wfb_Ig
  • Plainte CNIL portant sur l'usage de reCAPTCHA et autres par SFR

    L'accès à l'espace client de Red by SFR est conditionné par Google reCAPTCHA. Or, son utilisation n'est pas conforme au RGPD (voir), comme en atteste plusieurs décisions de la CNIL (1, 2, 3, 4).

    Le site web de Red by SFR incorpore plusieurs ressources web (images, scripts JavaScript) de sociétés commerciales états-uniennes et/ou qui sont hébergées par de telles sociétés : Google Tag Manager, Bing (Microsoft), Facebook, ups.analytics.yahoo.com (hébergement Amazon), analytics.tiktok.com (hébergement Akamai Technologies), smetrics.sfr.fr (Adobe Inc. marketing cloud dissimulé en tracker first-party), plusieurs dizaines de régies publicitaires et assimilées, etc. Ces ressources sont également téléchargées lors de la consultation de l’espace client, à l’exception des régies de pub et assimilées. Cela n'est pas conforme au RGPD (voir).

    Du coup, hop, réclamation déposée auprès de la CNIL il y a plusieurs mois.


    Réclamation

    Bonjour,

    Ce jour, j’ai accédé à mon espace client sur le site web de Red by SFR (https://www.red-by-sfr.fr/).

    La connexion à cet espace client nécessite l’utilisation de Google reCAPTCHA sans recueil du consentement (le refus des cookies dans le bandeau dédié n’empêche pas son chargement), cf. PJ 1. Cela n’est pas conforme au RGPD, cf. vos décisions passées contre l’IGPN, l’Assurance-Maladie, la première version de l’application StopCovid ou, plus récemment contre la société commerciale CityScoot (délibération SAN-2023-003 du 16 mars 2023).

    L’utilisation de Google reCAPTCHA génère également des transferts illégaux de données personnelles, dont l’adresse IP du client SFR et des données techniques concernant son terminal, vers la société commerciale états-unienne Google. Illégaux au sens des articles 44 et suivants du RGPD (Schrems II, aucune décision d’adéquation, absence de garanties, absence de mesures complémentaires suffisantes, etc.).

    Le site web de Red by SFR fait automatiquement télécharger un paquet de ressources web (scripts, images, etc.) propriétés d’entités de droit états-unien et/ou hébergées sur des serveurs détenus par de telles entités : Google Tag Manager, Bing (Microsoft), Facebook, ups.analytics.yahoo.com (hébergement Amazon), analytics.tiktok.com (hébergement Akamai Technologies), smetrics.sfr.fr (Adobe Inc. marketing cloud dissimulé en tracker first-party), plusieurs dizaines de régies publicitaires et assimilées, etc. Ces ressources sont également téléchargées lors de la consultation de l’espace client, à l’exception des régies de pub et assimilées. Ces téléchargements génèrent des transferts illégaux de données personnelles du client SFR (adresse IP, données techniques sur le terminal, etc.) vers un État tiers non adéquat.

    Je sollicite l’intervention de la CNIL afin qu’elle mette un terme aux infractions au RGPD référencées dans la présente, et qu’elle sanctionne SFR.

    Je vous rappelle l’arrêt TS 1039/2022 dans lequel le Tribunal Supremo espagnol a confirmé que l'exercice des droits (accès, opposition, etc.) n'est pas un pré-requis au dépôt d’une plainte auprès d'une APD en cas de violation du RGPD et qu'une APD peut donc agir même si la personne physique concernée par un traitement de données personnelles n'a pas (encore) fait valoir ses droits auprès du responsable du traitement en question.

    Bonne journée.

    Fri Jul 21 16:29:38 2023 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?HT7VEg
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