Depuis février 2018 (environ), je n'ai plus de téléphone portable. Enfin…
En 2018, mon téléphone mobile restait à la maison, mais il était allumé en permanence.
Depuis début 2019, il est dans un coin, batterie retirée.
Pourquoi me passer d'un smartphone ? Quels bénéfices ? Quelles limites ?
Je n'avais pas de téléphone fixe. Je n'utilise pas la ligne SIP fournie dans mon abonnement à Internet + téléphone + TV + … Je n'avais pas de ligne SIP sur mon ordinateur.
Mon téléphone mobile était toujours en silencieux (ni sonnerie ni vibreur).
J'utilisais peu de logiciels : ni réseaux sociaux, ni application de ma banque, ni jeux vidéos, ni service de diffusion de musique ni… L'écrasante majorité d'entre elles réclame des permissions inutiles et démesurées, fliquent leurs utilisateurs, tout ça pour être uniquement une encapsulation d'un site web qui fonctionne pourtant très bien depuis un navigateur web mobile. Un tel logiciel rend plus difficile le blocage des pisteurs et autres merdes présentes sur l'écrasante majorité des sites web.
Conséquence de ce qui précède : je ne vais pas parler des applications mobiles conçues pour piéger les utilisateurs dans différents biais cognitifs comme la peur de rater un événement, la récompense aléatoire procurée par le déroulement d'une timeline, les notifications incessantes pour garder le chaland en ligne, etc. Bref, de l'addiction et du détournement de l'attention. J'ai toujours désactivé les notifications de mon client emails, de mes différentes messageries instantanées, etc.
De même, j'ai jamais ressenti l'angoisse bien moderne d'être à court de batterie.
J'ai la flemme de remplacer mon téléphone défectueux.
En effet :
J'ai acheté d'occasion ce téléphone en mai 2017 et il était déjà foutu en 2018 !
Pour bien faire, il faudrait donc que je cherche un téléphone compatible LineageOS (c'est important, je veux avoir un minimum de contrôle, même si, en vérité, c'est la puce GSM qui commande, pas le CPU principal) avec une batterie amovible (c'est très important) d'occasion. Peu de modèles. Aller sur Le Bon Coin ou autre. Trouver un vendeur dans l'coin. Prendre rendez-vous. Se déplacer. Galérer à installer LineageOS. Un système pas à jour. Etc. Trop chiant, ça sera sans moi, merci.
Sans compter qu'aucun ordiphone répond à tous mes critères : logiciel libre jusqu'au bout (Replicant) ? Logiciel libre modéré (LineageOS, /e/) ? Logiciel libre et un minimum de contrôle matériel (Librem encore au stade expérimental, le mort-vivant Neo9000) ? Qu'apporte la possibilité de désactiver physiquement la puce GSM par rapport à une batterie amovible ? Matériel prétendument éthique (il y a que quelques mines de métaux rares autour de la planète, donc…) et facilement réparable (Fairphone) ?
Si tu crois percevoir un petit côté écolo dans ce qui précède, détrompe-toi : il est là uniquement pour masquer ma flemme.
Bref, le remplacement de mon ordiphone actuel a un coût, il faudrait que ce remplacement amène des bénéfices afin que le ratio bénéfice / coût soit positif et que je me motive à me sortir les doigts. Or, il y a aucun bénéfice. C'est ce que je vais détailler.
Très peu de personnes me contactaient par téléphone. En fait, il y avait mes parents et deux amis.
Je ne souhaite plus échanger avec mes parents car ils s'en foutent de ce que je raconte. Je pourrais leur dire que je me suis fait violer par un manchot unijambiste atteint du sida lors d'un déplacement pro en Afrique du Sud qu'ils me répondraient "ha, c'est bien ! Sinon, le voisin, ce con, tu sais pas ce qu'il a fait l'autre jour ?!". Ou alors ils parlent au chien. Ou alors je suis censé règler leur problème du moment parce que je « comprends les choses » (bizarrement, c'était pas le cas quand j'étais ado :)))) ). Merci, la vie du chien ou du voisin ou cracher sur l'état du monde sans être force de proposition m'intéresse assez peu.
Quant à mes amis, ils connaissent mon adresse emails. Le fait qu'ils veulent me causer uniquement quand ils sont aux chiottes ou dans les transports en commun (c'est le cas d'un des deux), c'est-à-dire pour "rentabiliser" des moments creux de leur vie, donne une idée de l'importance que j'ai à leurs yeux. De même, les conversations étaient très superficielles. Merci, mais non merci.
Dans ce contexte, un téléphone a un intérêt très réduit.
Le téléphone est un moyen de communication synchrone, ce qui impose la disponibilité simultanée des parties prenantes (dans la théorie, le SMS est asynchrone, dans la pratique, une réponse rapide est souvent exigée). Or, ce n'est pas à toi de décider de ma disponibilité. J'aime prendre du temps pour moi. Pour lire. Pour écrire. Pour rêvasser. Bref, pour me concentrer, faire avancer des choses et prendre du temps pour ma pomme. Je n'ai pas envie que tu foutes tout en l'air pour m'expliquer que ta vie c'est de la merde (je suis au courant, c'est le cas de toutes les vies). D'autant que je suis hyper lent pour reprendre mon activité, encore plus si ce que tu m'as dit me fait cogiter (ce qui est souvent le cas).
C'est pour cela que je ne veux pas non plus de téléphone fixe.
L'ordiphone avait un aspect hypnotique : bien qu'il était en silencieux, je regardais souvent si quelqu'un m'avait écrit / téléphoné. Peur de rater un truc ? Conséquence du dressage des darons pas contents quand on ne répond pas ? Trouver une échappatoire à une activité ennuyeuse ? Un peu de tout ça.
À chaque fois que l'écran indiquait un SMS ou un appel manqué, je ressentais une petite angoisse. Quelle merde allait encore me tomber dessus ? Quel service allais-je devoir encore rendre ? Qu'est-ce qui n'allait pas chez quelqu'un que j'apprécie (empathie) ? Je suis bien content de m'être débarrassé de cela. Les emails (hors listes de diffusion) me font également cet effet-là, mais comme j'en reçois quasiment aucun, c'est gérable.
J'arrive à conceptualiser deux solutions :
Ce qui m'intéresse, ce n'est pas d'échanger compulsivement mais intensément. Je veux échanger sur le temps long : « tu voulais faire ça, telle activité, tel projet, ça en est où ? T'as buté sur quoi ? ». C'est de l'expérience des autres que l'on apprend comment fonctionnent les choses (genre l'amie qui a rejoint une CAE afin de lancer son activité qui nécessite de respecter trouzemilles contraintes réglementaires…), que l'on découvre de nouvelles possibilités, que l'on rêve, que l'on envisage de nouvelles choses pour sa vie, etc.
Or, j'ai l'impression que ce type d'échanges n'est pas le plus représentatif de ce qui se raconte par téléphone / SMS. Je trouve que le format "simple et court" des SMS est aussi peu adapté à cet usage que le format Twitter : le moyen de communication conditionne le message. Avec un appel, un SMS, une messagerie instantanée, on a tendance à se focaliser sur le présent, sur la contrariété du moment. Je constate que je parviens à faire abstraction de pas mal de choses lorsque j'écris un email ou un shaarli ou une lettre.
Ne parlons même pas de la frime permanente sur les réseaux d'asociaux.
J'ai l'impression que cela nous rend fainéants : nous peinons à lire de gros pavés et encore plus à en écrire. Mais peut-être que ça met en lumière un phénomène qui a toujours existé mais qu'on ne pouvait voir (à l'époque des Grecs ou de Rousseau une infime portion de la population savait écrire et avait la possibilité de s'émanciper du travail par la rente) ?
Depuis mi-octobre 2020, je dois saisir un code reçu par SMS afin d'entrer dans mon espace sur le site web de ma banque. Demain, ça sera l'application mobile obligatoire pour ce faire. Je détecte cette tendance à l'application mobile un peu partout : carte vitale dématérialisée, carte de transports en commun dématérialisée, espèces dématérialisées, réservation dématérialisée des machines dans une salle de sport, etc.
Et ça, ça me donne envie de lutter contre la société qui va me chasser, me mettre à l'écart (car oui, rêve pas, ami libriste : ça sera un ordiphone verrouillé avec les services Google / Apple). J'aime avoir l'esprit de contradiction, encore plus pour que demeure vivante une alternative en attendant que les consciences se réveillent et/ou que les choses soient bien faites. On est à l'ère du tout-numérique dématérialisé pouet-pouet ? Je réclame du papier, du concret, du palpable. On peut solliciter n'importe quelle société commerciale ou administration par Twitter / email ? J'utilise des LRAR. Le nombre de distributeurs de billets diminue d'année en année ? Je tire encore plus d'espèces. Tant que ce n'est pas une privation douloureuse, je ne vois pas de problème.
Qu'est-ce que « les choses bien faites » selon moi ? Ne pas faire chier. Exemples : osef de valider le titre de transport à chaque voyage, on fait un vrai service public de transport urbain puis on arrête de compter ; Former à l'usage des gestionnaires de mots de passe et au phishing plutôt que de mettre en œuvre de la double authentification à la con. En matière de téléphonie : avoir plus de fabricants, imposer le découplage matériel / logiciel, imposer la vente de systèmes respectueux de l'utilisateur, lever les contraintes réglementaires sur les puces GSM, imposer une durée de vie minimale (avec mises à jour), etc.
Le contre-argument qui revient le plus, c'est : « OMG, mais comment tu gères les urgences ?! »
Simple : je n'ai pas d'urgences. Je n'ai pas d'astreintes professionnelles. Je n'ai pas fait l'erreur de forniquer avec une femelle en chaleur (de mes observations, il ne se passe pas une semaine sans qu'un parent se fasse téléphoner pour venir récupérer son lardon à la crèche / école parce que ceci ou cela). Je n'échange pas avec des proches mais si c'était les cas, je leur donnerai un conseil : si t'as besoin de soins immédiats, téléphone au SAMU / pompiers, pas à moi ! Si t'as besoin de protection, téléphone aux flics, pas à moi ! Tout le reste peut attendre.
Et si c'est une urgence dans la rue ? La loi de Murphy s'applique : la seule fois où ça m'est arrivé (grand-mère s'est cassée le bras en tombant dans la rue), je n'avais pas mon téléphone mobile. On trouve toujours un passant ou un commerçant qui veut bien prêter un téléphone (dans l'temps, il y avait les cabines téléphoniques, mais c'est plus d'actualité et elles étaient éparses).
Et si je suis en balade au milieu de nulle part ? Tant pis, pas la peine d'être un flippé de la vie, il faudra improviser, se débrouiller, être patient, etc. Inutile de se faire peur en exagérant un risque quasi nul…
On est dans une société de l'urgence, dans laquelle tout doit être fait rapidement, dans laquelle il faut se tenir à disposition d'autrui en permanence. Je dis stop. Mon agenda, ma temporalité m'appartient. Ma priorité, c'est moi. Le reste vient après. Beaucoup essayent de faire croire que leur gueule est prioritaire (genre le père qui te téléphone et râle que tu ne répondes pas car t'es dans les transports en commun, « un téléphone mobile c'est fait pour être joignable en permanence »). Pas grand chose est réellement urgent, il faut juste péter un coup.
J'avoue que j'ai encore beaucoup de mal à ne pas faire chier inutilement ceux qui ont un téléphone mobile. Là pour poser une question à un collègue alors qu'on est en pause et que ma question est tout sauf urgente, c'est juste moi qui en fait une urgence car je travaille actuellement dessus et j'aimerais bien torcher le sujet. Là pour prévenir un autre collègue durant notre pause qu'il y a tel évènement cet aprem donc qu'il faudra surveiller telle fragilité de l'infrastructure. Là pour demander des précisions à un collègue sur la commande de bouffe dont je suis l'intermédiaire. Tout ça peut attendre ou on peut faire sans (genre tant pis le collègue aurait eu du ketchup au lieu de sauce blanche, ça passe).
Le deuxième contre-argument est : « OMG, mais comment tu gères l'organisation / annulation d'une activité entre potes ? Surtout que t'as pas Facebook… ».
Simple : j'ai très très peu de potes en local et d'activités en dehors du taff. Et ça me va très bien.
Les personnes qui mettent des dizaines de minutes à concevoir de jolis plans "on se retrouve ici à telle heure, ha non ici en fait car y'aura les bouchons, ha non là en fait car il faut aussi qu'on passe chercher machin et…" qui fonctionnent jamais et qui sont changés à la dernière minute me gonflent au plus au point. J'ai pas envie d'assister à la réflexion, dis-moi où on se retrouve et tiens-toi-y, point.
J'ai l'impression que, sous prétexte d'avoir prévenu au dernier moment, les téléphones mobiles permettent de blanchir les retards à un rendez-vous, et, de ce fait, les multiplie. Je n'ai pas besoin d'un appel téléphoniquee pour constater ton retard, je le constaterai, merci bien, et me prévenir au dernier moment, quand je serai déjà parti de chez moi, est inutile.
Je ne suis pas à ta disposition. Et quand je vois l'effet que provoque cette phrase sur mon interlocuteur, je me dis qu'il faut continuer dans cette voie-là, car beaucoup de personnes semblent prendre pour acquis que tout le monde doit être aux petits soins pour elles.
J'ai aussi arrêté le téléphone mobile afin de ne pas rejoindre le rang des connards (et connasses, la connerie est également répartie entre les sexes) qui :
Oui, au moins trois de ces comportements existent sans téléphone qui est alors une simple possibilité supplémentaire de faire chier son monde.
Oui, je suis d'accord qu'il faut éduquer les cons ou les fuir, avec ou sans ordiphone, mais c'est pas simple : ils sont nombreux + il vaut mieux mesurer 1 m 90 et être tout en muscles + on connaît tous des cons qu'on apprécie malgré tout.
Néanmoins, quand il y a autant de personnes concernées, toutes étant loin d'être connes et malpolies, j'ai du mal à croire que le smartphone n'influe pas sur les processus cognitifs.
Pour être en capacité de recevoir un appel / SMS, un téléphone mobile doit être connecté aux antennes-relais de l'opérateur mobile. Afin d'assurer le service durant un déplacement éventuel, il se connecte à plusieurs antennes. L'opérateur mobile sait donc où se trouve tel téléphone à telle heure, c'est de la simple triangulation. La conservation de cette information fait partie de ses obligations légales.
De même, les services Google déduisent la position d'un téléphone mobile à partir des réseaux Wi-Fi, ses voitures de cartographie (Street View) ayant scanné sans autorisation lesdits réseaux et conservé leur position GPS…
Les opérateurs de téléphonie doivent conserver le journal des SMS et des appels (qui téléphone à qui, quand, à quelle fréquence, combien de temps). Obligation légale. Reste à s'assurer qu'ils ne l'utilisent pas à des fins marketing (vu que les mêmes veulent attenter à la neutralité du net afin d'engranger quelques dizaines de millions d'euros de bénéfices sur un bénéfice qui s'élève déjà à quelques milliards) ou pour d'autres motifs discutables.
À côté de ça, on a la mesure d'audience des panneaux publicitaires et les commerçants qui veulent nous renifler le cul dans la rue (exemple du projet de traçage Wi-Fi à Rennes) et dans leur magasin afin de toujours mieux nous fourguer leur merde.
Un smartphone correctement configuré permet également de maintenir une personne sous l'emprise d'une autre. Parent / enfant. Mari / femme. Localisation. Activation à distance du micro et écoute discrète. Un régal. Sans aller jusque-là, j'ai vécu le père+mari possessif auquel il faut toujours répondre, annoncer son heure de retour à la maison, gaffe au retard (t'as parlé avec qui ?), etc. Je sais que ce n'est pas drôle : t'as toujours l'impression d'être suivi / espionné. C'est d'ailleurs ce qui m'avait fait arrêter d'utiliser mon premier téléphone mobile, quand j'étais ado.
Néanmoins, cette fois-ci, j'ai l'impression que, si le flicage a été l'une des raisons pour ne plus apporter mon smartphone partout avec moi en 2018, il n'est plus mon moteur actuel. J'aspire plutôt à une tranquillité décrite dans les sections précédentes.
Le non argument qui revient est que je lutte contre l'air du temps, que l'Histoire montre que l'humain a toujours voulu propager l'information toujours plus vite : écriture, imprimerie, télégraphe, téléphone, internet, mobilité, etc.
Je pense surtout que le lien social est indispensable, y compris pour se raconter des conneries (rumeurs, trucs sans intérêts, etc.). Or, nos modes de vie et l'organisation actuelle de nos sociétés (emploi salarié 7 h par jour avec des collègues imposés, métropolisation, commercialisation de tout échange, etc.) ont amoindri sa qualité. Dans ce monde inconfortable, avoir nos amis et nos proches dans notre poche nous rassure, nous fait nous sentir moins mal… au détriment d'une lutte pour changer ces choses déplaisantes. Damasio nomme ça le techno-cocon : la prison si douillette qu'on s'y complaît.
Je pourrais me plaindre des connards qui te téléphonent pour te vendre de la grosse merde, mais je dois reconnaître qu'Éric Dampierre m'a rarement téléphoné sur mon 06… Pas suffisamment pour que je m'en souvienne, en tout cas. De toute façon, je ne réponds pas aux numéros inconnus.
Haha, tu m'as pris pour qui ?! Non, j'en ai rien à foutre des ondes des téléphones, le Wi-Fi des reptiliens du FBI de la terre plate m'a fait pousser une deuxième teub, donc j'en redemande.
Ne plus avoir mon téléphone sur moi à longueur de journée pendant 10 mois en 2018 a été extrêmement facile. Je traitais les SMS et les appels le soir. Aucun problème. Aucun impact. Aucun manque.
La première année sans téléphone du tout, 2019, a été plutôt facile. Le plus pénible a été de prendre des rendez-vous : se déplacer pour prendre un rdv, c'est chronophage, chiant, et fatiguant. Surtout quand tu veux prendre rendez-vous avec des professionnels qui ne communiquent pas (pas de site web) et qui ne sont pas à leur poste toute la journée / aux horaires habituels. Rien d'insurmontable, mais quand même, j'avoue que le gain de temps dégagé par la prise de rendez-vous par téléphone est très satisfaisant.
La deuxième année sans téléphone, 2020, a été compliquée. Elle a commencé par un enchaînement de problèmes médicaux. À ce moment-là, dans la douleur, tu oublies bien vite ton éthique, de te déplacer pour prendre rendez-vous, etc. Elle s'est terminée par la nécessité de saisir un code reçu par SMS afin d'entrer dans mon espace sur le site web de ma banque. Avant de céder, j'ai adressé une LRAR à ma banque afin de savoir si un dispositif de connexion alternatif existe : rien avant mi-2021. Au milieu, le développement d'une amitié m'a rendu moins strict, j'ai accepté qu'on se téléphone pour fixer des rendez-vous, du problème du jour, tout ça… J'ai également recommencé à solliciter mes collègues en étant absent de mon bureau. Cette mauvaise manière n'avait donc pas disparu.
Durant cette deuxième année, j'ai donc utilisé les téléphones fixes de mon travail. L'avantage, c'est que l'opérateur ne sait pas qui est derrière un numéro. J'administre notre serveur de téléphonie, donc je serai au courant d'une éventuelle demande de divulgation d'une association entre un numéro de téléphone + une date et une identité. Et si j'utilise le téléphone des salles de réunion, je suis quasiment intraçable. :)
Quand mon usage du téléphone pour émettre des appels s'est intensifié, j'ai souscrit une ligne SIP chez OVH que j'utilise sur mon ordinateur avec le logiciel Linphone. Pourquoi ne pas utiliser la ligne SIP de mon abonnement à Internet + téléphone + TV ? Car j'ai plus confiance en tonton Oles qu'envers les opérateurs téléphoniques dominants pour ne pas utiliser mes factures téléphoniques à des fins commerciales / pour pondre des bénéfices. Je ne suis pas aussi serein qu'avec un Fournisseur d'Accès à Internet associatif, mais c'est mieux que les opérateurs mobiles.
Contrairement à mon 06, je parviens très bien à lancer Linphone seulement quand j'en ai besoin. \o/ D'un autre côté, vu le peu d'occurrences, c'était pas difficile…
Si l'on résume la section précédente, les éléments perturbateurs qui m'ont fait utiliser mon téléphone en 2020 ont été (liste non ordonnée) :
Je reconnais aussi que quelques facilitateurs m'ont évité d'utiliser mon smartphone :
Après trois ans sans smartphone, je constate que je n'en ai pas besoin, sauf pour accéder à mon espace sur le site web de ma banque. Je constate que son absence a rien changé à ma vie, pas de manque, rien. En même temps, je n'étais pas drogué aux applications qui captent l'attention en permanence.
En revanche, je suis sceptique sur la possibilité de se passer d'un téléphone (tout court). J'y suis parvenu totalement une année, pas une deuxième. Si j'y parviens approximativement pour l'instant, je note que c'est la conséquence d'une vie solitaire. Dit autrement : je ne suis pas sûr que ça tiendra dans le temps.
Je vais continuer à laisser le smartphone à la maison, ça c'est certain. Il m'est d'aucune utilité à l'extérieur, sauf pour me fliquer.
Je vais devoir trouver un compromis sur l'utilisation du téléphone. Remplacer mon smartphone par une ligne SIP serait la meilleure idée (pas de SMS, appels sortants uniquement ou créneau téléphonique prévu, meilleure confiance envers OVH), mais ma banque ne le permet pas (un numéro de mobile doit impérativement être renseigné dans le dossier client afin de saisir un bénéficiaire de virement bancaire).
Du coup, il faudra réfléchir à un usage modéré de mon smartphone. Bloquer les gens avec qui je ne veux pas échanger afin de ne pas """"angoisser"""" / cogiter lorsque je reçois un groupe de SMS différés alors que je veux accéder au site web de ma banque (Free permet cela. On peut même bloquer toutes les communications sur des créneaux horaires / des jours) ? Réserver des créneaux pour causer par SMS / tél ? Cumuler échanges courts sans intérêt ("comment ça va ?") et échanges sur le long terme par emails / lettres ?
Je pourrais aussi mélanger smartphone (pour la banque) et ligne SIP pour le reste afin d'espérer un meilleur respect de ma vie privée.
J'ai lu 3 livres autour de ce sujet : Libérez-vous de votre smartphone, Cyberminimalisme et La civilisation du poisson rouge.
Le dernier se focalise essentiellement sur les mécanismes de captation de l'attention des réseaux d'asociaux et autres applications.
Le deuxième se concentre sur le numérique en général, il ne comporte pas spécialement de conseils concernant le téléphone (à part de ne pas en donner aux ados, de mettre le téléphone fixe de la maison dans une pièce à forte affluence afin que tout le monde surveille tout le monde, ce que je n'approuve pas).
Le premier est aussi orienté sur le détournement de l'attention par les réseaux d'asociaux. Les conseils sont bateaux : désinstaller les applications inutiles, désactiver toutes les notifications inutiles, suivre les usages des applis, posséder un téléphone sans appli, etc.). La description de ce que Korben ressentait (le trop-plein, l'angoisse, la pression) avant de freiner son utilisation de son smartphone est intéressante.