Un audit vient confirmer ce que l'on avait appris fin 2017 : Comment la police marseillaise dégonfle les statistiques de la criminalité. Minoration des délits et de la délinquance à Marseille. Il s'agirait d'une interprétation erronée d'une note de service (lol) de 2014, soit 3 ans de bidouillage statistique reconnus. C'est ces chiffres qui servent à effrayer ou à rassurer le citoyen à l'approche d'une campagne électorale ou du vote d'une loi liberticide. ;)
Cet audit confidentiel qui dormait depuis janvier 2018 dans les tiroirs de la sécurité publique (SP) était censé y rester. Son destinataire, Jean-Marie Salanova, qui dirigeait alors tous les flics en tenue des Bouches-du-Rhône, est devenu depuis directeur central de ladite SP.
En sept pages, le document détaille la bouillabaisse des chiffres de la délinquance à Marseille. Une enquête commandée en toute discrétion après que « Le Canard » (13/11/17 [N.D.L.R : sic ! ]) avait publié les témoignages de poulets marseillais écœurés par le bidouillage des stats. A l’époque, la direction de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône avait dénoncé auprès des médias locaux des informations non fiables distillées par des policiers en conflit avec leur hiérarchie…
Las ! le doc confirme l’ampleur de la triche. D’où l’angoisse du directeur central de la sécurité publique, promu à ce poste au vu, notamment, de ses bons résultats… à Marseille ! Les auteurs de l’audit relèvent « une minoration des faits délictuels de délinquance de voie publique ». Et pointent « un nombre non négligeable de tentatives de vol par effraction et de tentatives de vol à la roulotte (…) requalifiées en dégradations contraventionnelles ». En clair : une façon astucieuse de minorer artificiellement le nombre de délits.
Pigeon vol
Ainsi, de 2015 à fin 2017, les tentatives de vol par effraction comptent pour 29 % des faits de délinquance à Lille et à Lyon, mais seulement pour 8,5 % à Marseille… Du côté des vols commis dans les véhicules, autre singularité provençale : ils ne représentent que 3 % des plaintes, contre 12 % à Lyon et 17,7 % à Lille. Encore un constat : « Les vols de téléphones portables arrachés des mains des victimes sont trop souvent qualifiés ou requalifiés en vols simples. » Magique !
Plutôt que de parler de tricherie, l’audit évoque pudiquement l’« interprétation erronée » d’une « note de service » émise par la sécurité publique des Bouches-du-Rhône. Datée de 2014, celle-ci a « conduit à des pratiques non conformes à la méthodologie d’enregistrement statistique ». Une précision : « [Ces pratiques] n’ont cependant pas modifié la photographie de la délinquance constatée sur Marseille ces dernières années. »
Défense de rire.
Dans le Canard enchaîné du 13 novembre 2019.