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  • Facebook investit 2 millions d’euros dans la presse locale française

    Après son programme de chasse des fake news (qui a rapporté 245 000 € à Libération pour 49 articles vérifiés) et son programme de production de vidéos destinées à Facebook Live / Watch, Facebook va financer et former la presse locale et régionale afin qu'elle alimente la section "actualité locale" du réseau d'asociaux.

    Quelle bonne idée ! Facebook se renforce en devenant toujours plus l'interface par laquelle les gens accident à tout, ce qui lui permet de trier, hiérarchiser et censurer les contenus tout en augmentant son audience donc ses revenus publicitaires pendant que la presse augmente sa dépendance à Facebook, financièrement et structurellement (ils adaptent leurs pratiques, leur "mode de production", à Facebook, ce qui les rend captifs et les éloignent d'une partie de leur lectorat). Le citoyen, lui, continue de se faire fliquer durant ses lectures (oui, parce que quand tu vois le nombre de mouchards sur les sites web des grands journaux…).

    Facebook lance un programme d’accélération de 2 millions d’euros à destination de la presse locale et régionale française. L’objectif est « d’aider les éditeurs de la presse locale et régionale française à identifier et développer des modèles économiques qui reposent sur les abonnements », peut-on lire sur le communiqué de presse publié le 16 septembre 2019.

    […]

    Parmi tous éditeurs de presse locale et régionale en France, les 11 sélectionnés pour participer au programme sont : Ouest France, Sud Ouest, La Dépêche du Midi, La Voix du Nord, La Provence, Groupe EBRA, Paris-Normandie, La Nouvelle République du Centre, Centre France, Le Courrier Picard, Sud Presse.

    « Pendant 12 semaines, les médias et groupes de presse participants se rencontreront une fois par mois et recevront des conseils d’experts en abonnements numériques. Ils participeront également à des séances de formation hebdomadaires sur une sélection de sujets imaginés pour les aider à augmenter le nombre de leurs abonnements numériques, y compris via l’utilisation de Facebook et d’autres réseaux sociaux », détaille Facebook.

    […]

    Cet investissement s’inscrit dans le cadre d’un plan de 300 millions de dollars de soutien de nouvelles initiatives d’éditeurs de presse du monde entier jusqu'en 2022. Le Facebook Journalism Project (FJP) est piloté par Tim Griggs, ancien dirigeant du New York Times et du Texas Tribune.

    Via le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 21:08:59 2019 - permalink -
    - https://www.01net.com/actualites/facebook-investit-2-millions-d-euros-dans-la-presse-locale-francaise-1768415.html
  • Trump à qui Perse gagne…

    Suite de faire mumuse dans le détroit d’Ormuz. Cette fois-ci, l'Arabie Saoudite s'est fait poignarder deux sites de production de pétrole par on ne sait trop qui. On notera que, contrairement à ce qu'en dit la croyance populaire, les attaques prétendument anonymes ne se déroulent pas exclusivement sur Internet. ;) Le système pétrolier de l'Arabie Saoudite est aussi sensible et exposé que nos centrales nucléaires françaises, pas de jaloux. Trump, à défaut d'être contraint de la boucler est contraint à la modération dans son expression, et ça, c'est pas mal.

    Le jour J, l'info en continu (on devrait plutôt dire l'intox en continu) annonçait la paralysie de l'économie mondiale à cause du manque d'énergie fossile… alors que des réserves de pétrole brut déjà extrait existent, que le Canada et les USA disposent eux-aussi de pétrole et auraient été ravis d'en distribuer au prix fort et que l'Arabie Saoudite a mis tout le monde sur le pont pour tout réparer en moins de deux semaines. Le cours du pétrole est revenu à la normale, pas de fin du monde, merci.

    Un nuage de drones ou une dizaine de missiles de croisière ? Tirés depuis le nord du Yémen par les rebelles houthis, soutenus par Téhéran, ou par une milice chiite pro-iranienne depuis le sud de l’Irak, peut-être en représailles indirectes à un bombardement israélien ? Difficile de faire la lumière sur la mystérieuse attaque-éclair qui a frappé, le 14 septembre, l’Arabie saoudite au cœur et au coffre, paralysant deux sites clés du système d’exploitation pétrolier saoudien, qui s’est révélé très fragile. La production quotidienne de barils du royaume a baissé de moitié (soit 5 % de la production mondiale) et a provoqué une flambée de 10 à 15 % des cours du brut…

    C’est une humiliation pour le royaume saoudien, dont la défense aérienne a été percée comme du gruyère, alors qu’il est le premier acheteur d’armes — notamment en provenance des Etats-Unis — du monde. Et un choc en retour au visage de Trump, dont les rodomontades guerrières vis-à-vis de l’Iran semblent avoir attisé le feu. Renaud Girard, dans « Le Figaro » (17/9), souligne le paradoxe d’« une guerre asymétrique » menée de façon anonyme et intraçable : tout indique que l’Iran, via ses conseillers militaires, est derrière cette attaque sans doute partie d’un autre territoire. Mais, comme il est difficile de l’établir formellement, il est risqué pour Trump de décider de sanctions ou de représailles devant l’opinion américaine, échaudée par les fausses preuves présentées à l’ONU en 2003 pour déclencher la guerre en Irak. D’autant que le président américain a envie de tout sauf d’ouvrir un nouveau front au Moyen-Orient.

    Malgré cet acte de guerre délibéré, Trump se retrouve donc en position de faiblesse, comme pris dans un piège où il se débat. Et il tweete des messages toujours plus contradictoires. Le 15 septembre, au lendemain de l’attaque : « Nos armes sont chargées et prêtes à tirer, mais nous attendons que le royaume nous dise qui, selon eux, est derrière cette attaque. » Et de se défausser de la décision sur les Saoudiens, eux-mêmes affaiblis ! Puis il se déclare toujours prêt à rencontrer le président iranien, Rohani, qui, lui, refuse. Le 16, il rappelle dans un tweet que l’Iran, en juillet, avait menti sur le drone américain abattu « soi-disant dans leur espace aérien » : « A présent, ils disent qu’ils n’ont rien à voir avec l’attaque en Arabie saoudite. On verra ? » Voilà qui sonne comme un aveu d’indécision.

    Résumé de Ben Rhodes, ex-conseiller adjoint à la Sécurité nationale d’Obama, sur Twitter : « La politique catastrophique de Trump nous a placés, de manière prévisible, au bord d’une guerre encore plus vaste. »

    Les indécisions de Trump c’est un peu comme le pétrole : c’est volatil, mais ça peut aussi se révéler inflammable !

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 21:05:39 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?h8T4VA
  • Officiel : Pierre Gattaz n’était pas un comique !

    Le 28 août 2019, le nouveau patron du Medef pavoise : l'INSEE annonce 933 000 emplois créés depuis 2014, et c'est grâce aux mesures de compétitivité prises sous Hollande, comme l'avait promis l'ancien patron du Medef. Formidable ! Sauf que…

    • Ce chiffre ne dit rien sur la qualité des emplois créés. Non, parce que bon, l'emploi précaire / tournant sous-payé, ça va deux minutes ;

    • Le rapport 2018 du Comité de suivi du CICE maintient son évaluation des années précédentes d'environ 100 000 emplois créés ou sauvegardés grâce au CICE. Il maintient aussi la difficulté d'évaluation des bénéfices du CICE ;

    • Libération use d'autres arguments : Le chiffre de l'INSEE est provisoire, car le dernier trimestre est une évaluation ; l'INSEE calcule que les mesures de compétitivité ont créées environ 300 000 emplois bruts entre 2013 et 2017 ; L'OFCE estime que l'ensemble des mesures dites de compétitivité prises sous Hollande ont permis de créer environ 240 000 emplois nets entre 2013 et 2018 (emplois nets : en prenant en compte les effets macroéconomiques) ; Rien permet d'affirmer que le « pognon de dingue » du CICE et du Pacte (environ 40 milliards d'euros) n'aurait pas été plus judicieusement dépensé dans une relance par la demande ou par une politique de réduction du temps de travail. La légitimité du choix politique reste critiquable : les politiciens ont choisi de favoriser les gros actionnaires via une relance par l'offre, cela reste un fait ;

    • Au final, seulement 26 % des emplois créés sur la période 2013-2019 sont imputables aux mesures de compétitivité exigées par le patronat et mises en œuvre par Hollande.

    Bref, les patrons du Medef peuvent continuer de promettre puis de pavoiser : les faits demeurent et les contredisent. Dommage que ce soit avec notre pognon et qu'on risque de repartir pour un tour vu l'incantation, reportée ci-dessous, de Gattaz à l'attention de Bézieux. :(

    Il avait fait bien rigoler Pierre Gattaz, alors patron du Medef, quand il avait promis, en septembre 2014, « petit livre jaune » et pin’s à l’appui, de créer 1 million d’emplois en cinq ans ! Eh bien, c’est chose faite, à en croire l’Insee, qui a publié le 10 septembre le chiffre des créations d’emplois au deuxième trimestre 2019. Il en ressort que 933 000 postes ont vu le jour depuis la promesse de Gattaz. Et ça continue au rythme de 65 000 emplois nouveaux par trimestre. Fin septembre, on devrait donc en être à 1 million tout rond.

    « La recette était simple », a déclaré modestement Gattaz au « Figaro » (11/9) : réduire les prélèvements sur les entreprises et assouplir le Code du travail. Comprenez CICE-Pacte de responsabilité et loi El Khomri. Et Hollande qui n’est même plus à l’Elysée pour goûter pleinement cet hommage…

    Gattaz en remet donc une couche et exhorte son successeur, Geoffroy Roux de Bézieux, à viser 2 millions de nouveaux emplois au cours des cinq ans à venir.

    Et l’extinction totale du chômage vers 2027 ? Ah non, on ne va pas recommencer à se moquer de Gattaz !

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 20:42:36 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?JxVEXA
  • Des endives, oui, mais transgéniques !

    Fusion cellulaire : coupler deux plantes d'espèces sexuellement incompatibles. Le résultat doit être déclaré comme un OGM. En pratique, les endives qui sont couplées avec du tournesol ne sont pas déclarées comme OGM. Le comité en charge de conseiller le gouvernement à ce sujet serait noyauté par les semenciers, qui n'auraient pas intérêt à déclarer les endives OGM.

    Qui l'eût cru ? Chaque ménage français avale en moyenne 5 kilos d'endives par an. Ce qui fait du chicon comme on l'appelle dans le Nord, le sixième légume le plus consommé chez nous. Il faut dire que, avec 528 000 tonnes récoltées année après année, notre pays est le champion mondial de l'endive. Une performance que l'on doit en grande partie à la fusion cellulaire. Quèsaco ? Une technique très répandue qui permet aux semenciers d'améliorer les rendements agronomiques d’une plante en la « fusionnant » avec une autre espèce pour former un hybride.

    Lorsque les deux végétaux fusionnés proviennent d'espèces sexuellement compatibles, la manip n'a pas besoin d'être homologuée par les autorités sanitaires, elle est iuste protégée par un brevet commercial. Mais, si la fusion cellulaire est réalisée entre des espèces « incompatibles », alors la semence obtenue est considérée par Bruxelles comme un organisme génétiquement modifié. Autrement dit, elle doit taire l'objet d’une autorisation de mise sur le marché après une évaluation scientifique, et toute la récolte doit être dûment étiquetée « OGM ». Là où ça pèche, c'est qu'une grosse partie des endives que l'on trouve dans les étals sont issues d'une fusion cellulaire avec du tournesol, un partenaire qui, dans la nature, ne mélange pas ses gènes avec l'endive. Un caractère transgénique que les semenciers se sont bien gardés de déclarer aux autorités.

    Résultat : depuis des années, le consommateur croque de l’OGM sans le savoir. Un oubli dénoncé par un syndicat agricole, la Confédération paysanne, qui défend les producteurs d'endives non hybridées et alerte depuis des mois le ministère de l'Agriculture. Celui-ci, avant de mettre un coup de tampon sur toute nouvelle semence, recueille l'avis du Comité technique permanent de la sélection (CTPS), une instance qui, selon la Confédération paysanne, n'a jamais cherché de noises à la fusion cellulaire parce qu'elle serait « noyautée » par les semenciers. « La moitié des membres sont des représentants des tabricants de semences, et son vice-président est le patron de l’interprofession des semenciers », s'insurge Guy Kastler, qui siège au nom de la Confédération paysanne au CTPS. Et de déplorer le même manque de curiosité à la Répression des fraudes, pourtant chargée de traquer dans les étals les OGM cachés.

    C'est à vous rendre amer… comme une endive ?

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 20:09:24 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?ITKG9w
  • Ce docu qui passionne le Qatar

    Le Qatar semble faire pression pour limiter la diffusion d'un reportage sur les financements qataris de mosquées europénnes éventuellement destinées aux Frères musulmans (islam radical, port du voile obligatoire, conflits ouverts avec des États laïcs arabes, etc.).

    Programmé sur Arte en première partie de soirée le 24 septembre, le documentaire « Qatar, guerre d’influence sur l’islam d’Europe », dû au tandem de journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, montre comment la fondation Qatar Charity, dirigée par un cousin de l’émir, finance en sous-main la construction de dizaines de mosquées de prestige à travers l’Europe. Dont une à 25 millions d’euros, qui pourra rassembler 1 500 fidèles, à Mulhouse. Ou une autre, tout aussi vaste et design, à Poitiers, dont le petit nom est « Pavé des martyrs », du nom donné en arabe à la bataille perdue face à Charles Martel en 732…

    Le faux nez des vrais Frères

    Le Qatar servirait-il de bras financier aux Frères musulmans cherchant à s’implanter en Europe ? Les imams ou recteurs des mosquées en question commencent toujours, face caméra, par nier ou minimiser le financement qatari, avant de le reconnaître, confrontés aux factures. Et de lâcher : « Nous, les musulmans, nous sommes tous frères ! » Ce doc, qui donne la parole aux officiels qataris, rappelle aussi le rôle joué par le prédicateur égyptien Al— Qardaoui, réfugié à Doha et très proche de la famille régnante, dont les talk-shows sur Al-Jazira à destination des pays arabes répandent la bonne parole sur tout sujet, y compris le « châtiment » divin appliqué par Hitler aux Juifs…

    Les autorités qataries se montrent vivement préoccupées par ce documentaire, déjà diffusé en Suisse et en Belgique. Le 25 août, l’ancienne policière Sihem Souid, devenue la communicante officielle du Qatar en France, envoie un mail à Fabrice Puchault, responsable des documentaires d’Arte. Glosant sur la « malhonnêteté » des journalistes, elle met clairement en garde contre ce film nocif : « Sa diffusion ferait de fait participer la chaîne Arte aux déstabilisations du Qatar orchestrées par les Emiratis et, par là même, porterait atteinte à la crédibilité de la chaîne. » Un plaidoyer en termes déjà quasi juridiques et un rien menaçants, auquel Arte n’a pas donné suite.

    Quant à la chaîne Al-Jazira, appartenant à l’émir du Qatar, elle cherche avec insistance à acquérir les droits de diffusion internationaux du documentaire. Sûrement pour mieux en faire la promo !

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 19:54:49 2019 - permalink -
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  • Ferrand et les juges dans une course d'escargots

    Richard Ferrand est mis en examen dans l'affaires des locaux brestois des Mutuelles de Bretagne. Pour s'en défaire, Ferrand va user de deux arguments, semble-t-il : prescription des faits et qualification juridique des faits erronée. Le premier semble être du bluff (j'ai suivi attentivement le débat parlementaire de 2016-2017 qui a changé le délai de prescription en matière de délits financiers cachés). Je n'ai pas d'avis sur le deuxième. Je me suis toujours demandé pourquoi l'affaire est dans la juridiction de Lille. J'ai la réponse.

    Depuis sa mise en examen, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, assure qu’il n’a aucune raison de démissionner tant qu’un tribunal ne l’aura pas déclaré coupable. Ce n’est pas demain la veille : même dans l’hypothèse la plus sombre — celle d’une condamnation —, Ferrend devrait pouvoir rester au perchoir au moins jusqu'aux législatives de juin 2022.

    Comme l’avait révélé « Le Canard » en mai 2017, l’élu est soupçonné d’avoir utilisé ses anciennes fonctions de directeur général des Mutuelles de Bretagne pour permettre a sa compagne, Sandrine Doucen de se constituer un patrimoine immobilier. Il s’agissait, en l’occurrence, d’un local commercial de 378 m2, situé dans le centre de Brest. Son achat, en 2011 — pour 420 000 euros —. avait été financé à 100 % par un crédit bancaire dont les mensualités etaient couvertes a l’euro près par le loyer que les Mutuelles s’étaient engagées à régler.

    Calendrier élastique

    Avant d’être jugé sur le fond, le dossier doit encore en passer par de nombreuses étapes. A commencer par la clôture de l’enquête. Les trois juges d’instruction de Lille ont indiqué à la défense que celle-ci ne pourrait intervenir avant la fin de 2020. Dans plus d’un an. Les avocats de Ferrand auront alors tout loisir de déposer des demandes d’actes supplémentaires et de saisir la chambre de l’instruction, puis la Cour de cassation. Vu l’embouteillage constaté dans ces juridictions, l’affaire devrait encore traîner jusqu’aux derniers mois de 2021. Dans deux ans.

    Une fois ces recours purgés, la rédaction des réquisitions du parquet et d’une éventuelle ordonnance de renvoi en correctionnelle s’étaleront encore sur de nombreux mois. En pratique, aucun procès ne pourra se tenir avant la fin de 2022. Dans trois ans.

    Le dossier, il est vrai, s’est baladé de tribunal en tribunal par la faute de certains magistrats. Le 13 octobre 2017, déjà, le procureur de Brest avait décidé de le refermer après un examen express qui lui avait valu d’être qualifié de « procureur qui classe plus vite que son ombre ».

    Gaffe magistrale

    L’affaire avait ensuite atterri au parquet parisien, après le dépôt d’une plainte par Anticor, association anti-corruption dont l’un des dirigeants était lui-même… vice-président du tribunal de Paris ! Cette incongruité avait permis à la défense d’obtenir le dessaisissement de cette juridiction. Finalement, l’instruction a été dépaysée à Lille et a pris deux années de retard… Richard Ferrand dispose aujourd’hui de deux arguments pour tenter d’obtenir l’annulation pure et simple de l’enquête et de sa mise en examen. Primo : les faits seraient prescrits. Les juges d’instruction lillois n’ont pas repris cette thèse à leur compte, estimant, en l’état qu’il pourrait s’agir d’un « délit caché », lequel annule les règles habituelles de la prescription.

    Deuzio : la qualification de prise illégale d’intérêts ne tiendrait pas, car elle ne s’applique qu’aux institutions exerçant une mission de service public. Les avocats soutiennent que les mutuelles n’entrent pas dans ce cadre et que, faute d’autres qualifications possibles, toute poursuite serait, de fait, impossible.

    Une remarquable stratégie de défense…

    ÉDIT DU 09/09/2023 : en octobre 2022, la Cour de cassation a confirmé la prescription de l'action publique. L'avis de l'avocat général retrace le parcours : Ferrand présente une requête (82-3 CPP), le juge d'instruction la rejette car il veut enquêter sur une éventuelle dissimulation, Ferrand ont fait appel de cette décision, la chambre de l'instruction a validé la prescription, Anticor s'est pourvue en cassation. FIN DE L'ÉDIT.

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 19:40:02 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?JRKGGw
  • Les entreprises raflent l'oseille avec leurs grosses mains vertes

    Exemples de sociétés commerciales qui tirent profit des mesures écolos au lieu d'en répercuter le gain (soit en baissant les prix, soit en améliorant le service, soit en rémunérant mieux leurs salariés). L'éventuelle écotaxe sur les bouteilles en plastique, payée par les consommateurs, permettra d'exempter les industriels de la taxe qu'ils payent déjà. Demander à ne pas nettoyer sa chambre permet aux hôtels d'encaisser sur la facture d'eau, celle de renouvellement du linge et les salaires des employées de ménage déjà pas ouf. Les sacs d'une épaisseur suffisante ne sont pas interdits (contrairement aux plus fins) et peuvent être vendus aux caisses. Les banques économisent sur le papier, les frais d'expédition, les guichets et les distributeurs automatiques (leur nombre diminue de 2 % chaque année, ce qui simplifie le flicage).

    A bas l’écologie punitive, vive l’écologie lucrative ! Nombre d’entreprises tirent habilement parti des mesures en faveur de la transition énergétique pour arrondir leurs bénéfices. Sans que leurs clients
    en profitent… Mais qui se plaint, quand l’environnement est en jeu ?

    L’exemple vient d’en haut. Les débats liés à la crise des gilets jaunes, l’hiver dernier, ont révélé que l’essentiel de la prétendue fiscalité verte perçue par l’Etat servait en réalité à financer tout autre chose. Le CICE de Hollande, par exemple - et ses 20 milliards de baisse fiscale pour les entreprises —, a été en partie alimenté par la hausse des taxes sur l’essence.

    Voir : Le hold-up de l'État sur la fiscalité ”verte”. La magouille avec le CICE est connue depuis janvier 2018, au bas mot.


    Quelques exemples de cette lucrative protection de la planète…

    Consigne des bouteilles : santé !

    Le projet de loi sur l’économie circulaire, examiné à partir du 24 septembre par le Sénat, prévoit d’intégrer au prix des bouteilles en plastique et des canettes une « éco-taxe » payée par le consommateur, afin de financer leur recyclage : 15 centimes de plus à partir de 2021. Le client qui rapportera ses contenants vides au magasin se verra rembourser autant de fois ses 15 centimes. Les industriels, eux, y gagneront dès le départ : fini le « point vert », cette taxe de 1 centime destinée à payer le recyclage de chacune des 16 milliards de bouteilles ou canettes qu’ils mettent annuellement en rayon. Gain pour eux : 160 millions par an. Mais ils peuvent espérer davantage encore.

    Si, comme en Allemagne, 10 % des acheteurs ne rapportent pas leurs bouteilles, ce sont 240 millions par an qui ne seront pas remboursés. Qui récupérera ce pactole ? Le gouvernement évoque la mise en place d’un éco-organisme qui gérerait les consignes non-remboursées. Le Collectif boissons (Coca, Danone, Nestlé, etc.) cherche a en obtenir la gestion.

    Ses membres transformeraient ainsi la taxe de 160 millions qu’ils règlent aujourd’hui en une redevance de 240 millions… payée par les consommateurs : des profits jusqu’à plus soif !

    L'hôtellerie dans de beaux draps

    Pour contribuer au développement durable, le groupe Accor (5 000 hôtels dans le monde) multiplie, comme bien d’autres, les « bonnes pratiques ». La plaquette « Inutile de faire ma chambre » que le client est invité à accrocher à la poignée extérieure de celle-ci permet, souligne Accor, d’« économiser l’eau et de diminuer l’empreinte carbone. »

    Petite compensation pour le client qui accepte ce « ménage allégé » : 100 « points de récompense » donnant droit chaque jour à une réduction de 2 euros sur la future location d’une chambre.

    Mais, pour Accor, la « récompense » est bien supérieure : selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), l’économie sur le renouvellement du linge s’élève à 30 % et la consommation d’eau est (grâce, aussi, aux réducteurs de pression) divisée par deux… Quant aux femmes de ménage, leur salaire est évidemnment diminué à proportion des chambres non faites.

    En route vers le développement durable des profits !

    Plus d'un tour dans le sac

    La loi de 2015 pour la croissance verte interdit la distribution gratuite de sacs en plastique par les magasins. Selon la Commission européenne, ce sont 850 tonnes de pétrole et 150 millions de tonnes de COZ en moins chaque année.

    Sauf que seuls sont concernés les sacs fins « à usage unique ». Les sacs d’une épaisseur supérieure à 50 microns (0,05 millimètre), eux, restent pour l’heure en libre distribution. A condition, précise le ministère de la Transition écologique, de « porter un marquage indiquant qu’ils peuvent être réutilisée et ne doivent pas être abandonnés dans la nature (…). Avant l’interdiction, 5 milliards de sacs en plastique fin étaient donnés chaque année (…). Aujourd’hui, la grande distribution met en circulation environ 1 milliard de sacs réutilisables ». Lesquels sont évidemment payants et rapportent environ 300 millions d’euros aux commerçants. De vrais sacs à malice.

    Gras papiers

    Avec le développement du numérique, c’est désormais le client qui imprime (ou stocke sur son ordinateur) les documents que lui délivraient naguère l’administration, les banques ou les compagnies d’assurances. L’exemple des banques montre que l’opération est rentable. A en croire un document de la Fédération bancaire française datant de la fin de 2017, la « priorité du digital » (téléchargement des relevés de compte, opérations en ligne, etc.) a permis aux banques d’ « économiser de 15 % à 25 % de leur consommation de papier ».

    En tête du classement, la BNP a réduit cette dernière de 41 % entre 2012 et 2018. Quelque 4 000 tonnes de moins, pour une économie de plus de 6 millions par an.

    Encore plus lucrative, la baisse des frais d’expédition et de traitement manuel de ces opérations. En dix ans, la numérisation a ainsi provoqué la fermeture de 2 000 agences bancaires (sur 87 000), et le mouvement s’accélère. De même, le nombre de distributeurs de billets, concurrencés par les paiements électroniques, diminue de 2 % par an. Autant d’économies dont les clients ne voient pas la couleur : selon la Banque de France, les frais bancaires ont augmenté de… 166 % entre 2012 et 2017.

    Il ne peut pas y avoir que des gagnants…

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 19:18:28 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?duijOg
  • Un "Fort Trump” à l‘Est face à la Russie

    La Pologne, qui achète des armes US à tour de bras, veut aussi héberger une base américaine.

    La Pologne a été ainsi surnommée par des officiers français chargés des relations internationales et stratégiques à l’état-major des armées. C’est, en effet, le pays européen qui reçoit le plus d’assistance militaire de Washington, celui qui achète énormément d’armes aux Etats-Unis et prévoit de dépenser 47 milliards de dollars, d’ici à 2026, pour ce genre d’emplettes. Autre dépense envisagée : le Premier ministre polonais a annoncé que son gouvernement pourrait investir 2 milliards de dollars dans le but d’aménager une base où 4 500 Américains viendraient camper en permanence et disposeraient d’un terrain d’entraînement, d’équipements tout confort et de dépôts d’armes.

    Mais cela ne saurait suffire, comme l’ont appris les services français de renseignement : un financement de l’Otan, s’élevant à 230 millions d’euros, pourrait s’ajouter à ces 2 milliards de dollars investis par la Pologne. La France, qui contribue naturellement au budget de l’Otan, serait donc impliquée, sans vraiment l’avoir voulu, dans cette installation d’une base américaine non loin de la Sainte Russie. Reste un souci diplomatique pour Washington : Poutine tolère sans trop grogner la présence par intermittence de militaires US non loin de chez lui, mais pas plus…

    A Paris, la Pologne est désormais considérée comme un client « captif » des Etats—Unis, et les vendeurs d’armes l’ont d’autant plus mauvaise que les généraux de Varsovie sont insatiables, comme le prouvent les informations recueillies par la Direction du renseignement militaire. Quelques exemples : leur intention est d’acheter 32 F-35, l’avion de combat US le plus cher sur le marché mondial, car il a été conçu pour échapper, en principe, aux radars adverses. Le contrat en discussion prévoit que l’industrie aéro-nautique polonaise fournirait certaines pièces détachées au constructeur de ces F-35, le groupe Lockheed Martin. Mais,à Varsovie comme à Washington, d’aucuns suggèrent plutôt un achat moins onéreux au même fabricant : 32 avions F-16, qui s’ajouteraient aux 46 appareils du même type que possède déjà l’armée polonaise.

    Emplettes au Pentagone

    Le 3 septembre, toujours selon les services français, des responsables polonaisse se sont rendus au Pentagone afin de faire connaître leurs besoins. Parmi la liste des achats envisagés : deux batteries antiaériennes et antimissiles Patriot, 185 missiles antichars Javelin avec 60 postes de tir, 5 avions-cargos C-180 Hercules, des hélicoptères, des sous-marins et des drones. Si, une fois qu’ils disposeront de cet arsenal, les Polonais ne sont pas rassurés et les Russes pas terrorisés, c’est à douter de l’intérêt qu’il y a de posséder une pareille quincaillerie militaire.

    Face à cette gourmandise en armes de Varsovie, les industriels européens et français n’en finissent pas de se lamenter. Le groupe italien Leonardo est en pourparlers pour la vente d’une trentaine d’hélicoptères de combat. Quant à la firme européenne MBDA (dont l’Etat français est actionnaire à 37 %), elle espère pouvoir fournir aux Polonais des véhicules à chenilles dits « tueurs de chars » et armés de missiles sol-air. Quelques miettes que les Américains n’ont peut-être aucune envie d’abandonner à leurs concurrents.

    Mais pourquoi Macron se désolerait-il de voir ses vendeurs d’armes éconduits dans cette Pologne qui craint et déteste Poutine, collectionne les armes US et veut accueillir bientôt une base américaine ? Il devrait plutôt se réjouir de n’être en rien associé à ce « Fort Trump », au moment où il entame son « virage russe » avec l’espoir de parvenir à un rapprochement diplomatique et politique avec Moscou.

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 18:53:49 2019 - permalink -
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  • Jupiter is watching you

    Un tableau de bord, c'est-à-dire des chiffres, mutualisé entre le gouvernement et le président, afin de suivre l'avancement des réformes. Évidemment, le président n'est pas suivi. Les membres du gouvernement peuvent embaucher un collaborateur supplémentaire pour suivre ces indicateurs…

    Les indicateurs sont une hérésie, je l'ai déjà exposé. La vie ne se résume pas à des chiffres. C'est des actions, des expériences, des ratés, des retards, des accélérations brusques, des retournements, etc. Les chiffres sont réducteurs : ceux du chômage (prétendument en baisse pour la catégorie A) ne disent rien de la précarité, par exemple. Ces chiffres ont pour effet de décharger les décideurs de leurs responsabilités, de ne plus faire de politique, c'est-à-dire d'effectuer des choix, pas toujours faciles ni agréables, pour la vie en commun. La politique, ce sont des choix difficiles, quand il n'y a pas de réponse toute-faite à une problématique, quand aucun choix est évident. Baisser les chiffres du chômage, ça ne devrait pas être synonyme de trouver un boulot de merde à chacun. L'utilité sociale, la qualité du service rendu, etc. disparaissent derrière des chiffres.

    Vouloir stimuler les personnes, fut-elles ministres, à faire des choses, c'est le mirage de la ludification. Non, toute activité n'est pas attrayante, mais il faut la pratiquer (ou quitter ton poste), surtout si t'as pris un engagement. Transformer des tâches en jeux est un échec moral qui déresponsabilise l'être humain, qui met de côté la réflexion au profit des bas instincts (comme la compétition), et qui retire une partie de la liberté de l'humain à travers une coercition douce. Il nous faut rester capable de résoudre des problématiques sans qu'elles aient été transformées en jeux au préalable. L'humanité n'a pas avancé (en sciences, en arts, en littérature, en sport, etc.) en contemplant des chiffres.

    Voir les indicateurs et la ludification arriver au sommet de l'État m'inquiète au plus haut point, car c'est annonciateur du pire. :(

    On n'arrête pas le progrès dans la « start-up nation » ! Le professeur Macron tient à le claironner : il vient de se doter d’un joujou informatique pour contrôler le travail de ses ministres (lire aussi p. 2). Un « tableau de bord de la transformation publique », qui suit l’avancée des belles réformes macronistes, faisant remonter les infos de chaque administration et établissant des statistiques, ministère par ministère. Attention, Macron consulte régulièrement cette comptabilité depuis son téléphone portable !

    Alors, il en est où, l’élève Blanquer ? Il a fait 53 % de ce qu’il avait promis ? Pas mal, tableau d’honneur ! Et Buzyn ? Elle se réveille, aux urgences ? Allez, peut mieux faire. Et le Riester ? Sa grande réforme de l’audiovisuel, c’est pour Noël ou pour Pâques ? Avertissement ! Et Brigitte ? Combien de couvertures de magazines pipoles cette semaine ? Ah non, pardon, les performances de la première dame ne sont pas contrôlées…

    On ne contrôle pas les perfs du Président, non plus ? Ça aurait été cool, de surveiller le surveillant.


    « Le Figaro » (16/9) raconte que ce sont trois zélés de la République qui sont à l’origine du nouvel outil numérique : le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, le dircab de Matignon, Benoît Ribadeau-Dumas, et Thomas Cazenave, délégué interministériel à la transformation publique, dont les services sont chargés d’alimenter chaque jour le tableau de bord du chef de l’Etat. Aucun doute, ces trois-là auront droit à un exemplaire dédicacé de « Révolution », le bouquin de Macron, le jour de la remise des prix…

    Dans les rangs des fliqués contents de l’être, certains devraient également être récompensés, à l’image du jeune ministre de la Ville, Julien Denormandie, qui a eu ce commentaire courageux (RMC, 16/9) : « Je crois que c’est une très bonne politique que d’avoir un président qui soit orienté sur les résultats et qui soit le pied sur le ballon pour voir si les résultats sont bons. »

    C’est bien, mon petit, deux bons points et une image du Président pour toi. Au bout de cinq images, tu auras le droit de rester au gouvernement…

    Gros +1 avec cette dernière phrase, c'est tellement ça. Il s'agit d'une approche tellement scolaire, comme si ça avait fait ses preuves…


    Noël en septembre

    Les ministres ont reçu, lors du séminaire gouvernemental du 11 septembre, une bien curieuse plaquette : un « tableau de bord de la transformation publique », avec des OVQ de toutes les couleurs…

    Les OVQ, ce sont, en langage macronien, les « objets de la vie quotidienne des Français », qui permettront de mesurer l’état d’avancement des réformes : une couleur verte pour dire qu’elles sont appliquées , une couleur orange pour signifier que des améliorations sont à apporter. Un tableau accessible via une application mobile, qui est censée stimuler les ministres et les inciter à faire passer tous les voyants au vert.

    La ludification arrive au gouvernement… On arrive au point où il faut motiver les ministres pour qu'ils fassent ce qu'ils sont censés faire… La régression intellectuelle intégrale…


    « Beaucoup de réformes ont été lancées, depuis deux ans et demi, a expliqué Macron. Il faut maintenant qu’elles soient bien exécutées et perceptibles dans le quotidien des Français. »

    Surprise, le chef de l’Etat a annoncé dans le même élan que, pour assurer le suivi des OVQ, chaque ministre et secrétaire d’Etat avait le droit d’embaucher un collaborateur de plus. Onze au lieu de dix pour les ministres, six au lieu de cinq pour les secrétaires d’Etat.

    « C’est Noël avec trois mois d’avance ! » s’est exclamé un membre du gouvernement.

    Sans que ses collègues sachent vraiment s’il se moquait ou pas…

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 17:30:50 2019 - permalink -
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  • Hidalgo et son milliard baladeur

    Afin de baisser artificiellement son taux d'endettement, Paris confie plusieurs milliers d'appartements à des bailleurs sociaux en exigeant qu'ils lui règlent d'avance l'intégralité de l'ardoise. Ainsi, les bailleurs sociaux s'endettent, ils seront plus exigeants dans le choix des locataires (car un nombre significatif de retards de loyer les rend vulnérables face à leur banque) et la mairie se prive de leviers d'action en matière de logement social (comment sanctionner quelqu'un qui t'a rendu service ?). Une opération géniale…

    Pour une fois, Anne Hidalgo et ses opposants sont d’accord sur un constat : la dette de la Ville de Paris a augmenté d’au moins 50 % depuis les dernières élections municipales. Elle est ainsi passée de près de 4 milliards à environ 6 milliards d’euros entre mars 2014 et fin 2018. Après cette grosse flambée, l’ardoise représente 2 835 euros par Parisien et devrait encore grimper cette année.

    Mais ce chiffre ne représente pas la totalité de la dette, car la Mairie a utilisé une savante astuce pour mettre sous le tapis environ 1 milliard supplémentaire. Hidalgo et ses adjoints ont utilisé la filière HLM. En 2015, plusieurs milliers d’appartements propriétés de la Ville ont été reclassés comme logements sociaux et confiés en location de très longue durée (de 55 à 65 ans) à des bailleurs municipaux.

    Les organismes HLM ont ensuite été priés de régler d’avance l’intégralité des loyers ! Leur trésorerie étant insuffisante pour assurer le paiement de ce milliard (étalé sur cinq ans), ils ont dû tous souscrire des emprunts.

    Ce petit jeu de bonneteau, autorisé par Bercy à l’époque de Hollande, a permis à l’équipe Hidalgo de faire baisser artificiellement le taux d’endettement municipal et de ne pas fâcher les agences de notation, qui font la pluie et le beau temps sur les marchés financiers. Mais de là à passer entre les gouttes…

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.

    Sun Oct 20 16:22:08 2019 - permalink -
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  • Je compense et puis j’oublie

    Une étude conduite par le Muséum national d’histoire naturelle met en lumière l'inefficacité connue de la compensation en matière de travaux. 1/4 de la surface est compensée grâce à des astuces et des dérogations. La compensation se fait sur des terrains éclatés, ce qui ne favorise pas la biodiversité. Aucun travail de restauration n'est effectué. Le suivi des compensations est anecdotique et on compense parfois une surface qui compense elle-même une autre surface…

    Quand on bétonne un espace vert, on doit compenser les dégâts. En théorie.

    Chez les bétonneurs, les amis des espèces protégées et les fonctionnaires spécialisés, c’était un secret de polichinelle : que la compensation, c’est-à-dire l’obligation pour un maître d’ouvrage de compenser la destruction d’un espace vert où vivent moult animaux et végétaux par la restauration d’un autre site, relève de l’enfumage caractérisé, voilà qui leur sautait aux yeux (« Le Canard », 24/7). Encore fallait-il que cela fût scientifiquement établi. Depuis l’étude menée par l’équipe de Fanny Guillet, du Muséum national d’histoire naturelle, et que vient de publier la revue spécialisée « Biological Conservation », c’est chose faite.

    Les chercheurs ont étudié à la loupe 25 projets d’aménagement (des routes et des autoroutes, une voie ferrée, des lignes électriques). Lesquels ont artificialisé, bétonné, stérilisé un total de 2 451 ha (dans deux régions, l’Occitanie et les Hauts-de-France). Question : ces destructions ont-elles occasionné, comme la loi l’y oblige, « zéro perte nette, voire un gain de biodiversité » ?

    Premier constat : la superficie totale des terrains (garrigues, forêts, champs cultivés, prairies, etc.) qu’ils ont pris en charge pour compenser leurs dégâts n’est que de 577 ha. Ils n’ont protégé que le quart de ce qu’ils ont détruit ! « La logique est celle-ci, dit Fanny Guillet. Si un terrain de 50 ha abrite 300 espèces dûment inventoriées, dont 40 sont protégées, et dont 12 sont menacées ou emblématiques, on ne prend en considération que ces dernières. Comme leur habitat ne s’étend pas sur la totalité des 50 ha, mais seulement une petite partie, on ne compense que cette partie. »

    Deuxième constat : ces surfaces de compensation sont souvent éclatées en plusieurs parcelles, ce qui ne favorise pas la biodiversité. Les 25 projets ont été compensés sur 89 sites, une moyenne de 3,88 sites par projet…

    Troisième constat : en théorie, le maître d’ouvrage doit proposer de vrais travaux de restauration dans la surface compensatoire : dépolluer, aménager des habitats spécialisés et des corridors biologiques, éliminer les espèces invasives, planter une végétation adaptée aux espèces menacées, etc. Dans la pratique, il se contente d’acheter un espace naturel ou semi-naturel (garrigues, forêts, prairies) et de le faire entretenir quelques années. Seulement 3 % des surfaces de compensation, vraiment dégradées (terrains vagues, friches industrielles, canaux), ont exigé une véritable remise en état. Et 20 % d’entre elles ont nécessité une légère restauration (anciens champs cultivés, prairies, vignes). Pour les 80 % restants, le maître d’ouvrage s’est tourné les pouces ! *il n’y a donc tout simplement aucune compensation dans 80 % des cas**. Bref, sur le papier, la pipistrelle chassée d’ici est contente de savoir qu’ailleurs l’œdicnème criard a trouvé un nouveau gîte. En réalité, tous deux peuvent aller se rhabiller.

    Petit rappel : chaque année, 60 000 ha sont bétonnés. En août, le Conseil national de la protection de la nature a été saisi de 30 demandes de compensation. Et 32 en juillet, 85 en juin, 31 en mai… Une par jour.

    Ça n’arrête pas !

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.

    Sun Oct 20 15:56:11 2019 - permalink -
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  • Ça se bouscule dans le cockpit

    Ce qui fait la valeur d'une compagnie aérienne en faillite (qui ne dispose que d'un sol avion en propre, le reste étant de la location), c'est les créneaux d'atterrissage et de décollage qu'elle détient auprès d'aéroports. Je ne le savais pas.

    Quatorze offres de reprise — totale ou partielle — ont été présentées, lundi, à l’administrateur judiciaire qui gère le dossier Aigle Azur. Il faut dire que la compagnie [ aérienne, N.D.L.R. ] possède une jolie pépite : 10 000 droits de décollage et d’atterrissage par an (14 par jour) à Orly, soit 4 % des capacités de l’aéroport. Une aubaine inédite depuis la faillite d’Air Lib, en 2003. « Le trafic aérien est en pleine expansion, et tout le monde cherche à acquérir des créneaux supplémentaires », explique le patron d’une compagnie qui a déposé une offre.

    Pour cette même raison de trafic en hausse, « les compagnies manquent de pilotes, de mécaniciens et de personnel navigant, ajoute le connaisseur en question. Il ne devrait donc pas y avoir de problème majeur de reclassement ». En cumulant les offres les plus crédibles — Air France pour les moyen-courriers, Air Caraibes pour les long-courriers —, il resterait quand même 150 salariés sur le carreau. Mais ces offres « sont à parfaire », y compris sur les salaires. « Elles ne seront sûrement pas au niveau en vigueur chez Aigle Azur, parfois supérieur à celui d’Air France », précise ce candidat repreneur.

    Le comité d’entreprise examinera les dossiers vendredi 13, avant une audience du tribunal de commerce lundi 16. Bon vol !

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.

    Sun Oct 20 15:49:12 2019 - permalink -
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  • Le virage russe de Macron fait grincer des dents

    En 2021, plus aucun État nucléarisé ne sera contraint sur sa production et sa détention d'armes atomiques. Aucun traité est en cours de négociation pour remplacer ceux existants / dénoncés par les USA et la Russie. Dans ce contexte, entre autres, Macron se rapproche de la Russie. Je trouve plutôt sain de pas dépendre uniquement des États-Unis, même si une France indépendante serait beaucoup mieux… Forcément, ce rapprochement ne plaît pas à tout le monde au ministère des Affaires étrangères, entre ceux qui veulent tout miser sur les États-Unis et ceux qui veulent une France indépendante.

    Au Quai d’Orsay, où s’agitent des “néoconservateurs” à la mode américaine et dans certains ministères, des membres de l’appareil d’Etat estiment extravagante toute négociation avec Vladimir Poutine.

    Nouvel échange téléphonique entre Poutine et Macron, dimanche 8 septembre. Et, les jours suivants, Jean-Yves Le Drian, patron du Quai d’Orsay, ainsi que florence Parly, ministre des Armées, ont rencontré leurs homologues à Moscou. C’était « une étape importante », s’enflamme un conseiller de l’Elysée, dans la réorientation des relations franco-russes, déjà bien ébauchée avec Vladimir Poutine, aimablement reçu au fort de Brégançon le 19 août, peu avant le G7. Alors, tout va bien ? Non, car ce « rapprochement diplomatique et politique » avec le Kremlin est plutôt mal perçu en Macronie. Au Quai d’Orsay, au ministère des Armées et « au sein de l’appareil d’Etat en général, affirme un diplomate, le virage russe de Macron est souvent contesté et mal digéré ».

    Au programme des discussions que les deux ministres français allaient avoir à Moscou — s’ils en avaient le temps… — figuraient les rapports conflictuels entre la Russie et l’Ukraine, l’interminable guerre de Syrie, l’Iran, la Libye et les sanctions européennes, dont Macron souhaite voir la fin. Un autre dossier délicat devait, en principe, être abordé : celui des armes nucléaires. Selon l’analyse que des diplomates et des généraux font, à Paris, de la situation actuelle, « la planète sera en absence totale de régulation (sic), à partir de 2021, sur les armes stratégiques, [et] l’Europe sera nue par rapport aux deux super-puissances nucléaire [sans compter] la montée en capacités de la Chine ».

    Traduction de cette vision peu réjouissante de notre avenir : en 2021, ni les Etats-Unis ni la Russie ne seront plus tenus par un quelconque traité bilatéral de réduction des armes nucléaires. Le dernier en date a été dénoncé par Washington, il n’était guère respecté par Moscou, et aucun autre traité ne sera désormais négocié… sauf, miracle. C’est ce message inquiet, « validé » par Macron, que Florence Parly a transmis, en substance, à Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, quand elle lui a téléphoné, le 3 septembre, durant plus d’une heure.

    A en croire un expert du ministère des Armées qui a accès aux dossiers géopolitiques de l’équipe Macron, la situation est, en effet, « périlleuse » : en 2021 — année maudite, décidément —, plus aucun Etat nucléaire ne se sentira « bridé » et empêché de développer son arsenal : « Ce sera, dit-il, une foire d’empoigne caractérisée sans précédent [et plus grave que celle du temps de] la guerre froide Est-Ouest, parce qu’elle sera généralisée. » Et de conclure qu’ « il faut sortir de ce statu quo de défiance » vis-à-vis du Kremlin et de la Maison-Blanche. Avec Pékin, on verra plus tard ?

    Mouais… À part le Pakistan, la Corée du Nord et Israël, les acteurs restent inchangés depuis la guerre froide, mais oui, ça représente 50 % d'augmentation (6 pays -> 9 pays).


    Une “secte” diplomatique

    Cette volonté de raccrocher les wagons avec Moscou et de rechercher, selon l’Elysée, les « pistes de coopération possibles pour éviter une aggravation du désordre international » est de plus en plus contestée. Notamment au sein du ministère des Affaires étrangères et, plus modérément, au ministère des Armées. Au Quai d’Orsay, les plus hostiles sont ceux que l’on qualifie à juste titre de « néoconservateurs ». Ces diplomates sont opposés à tout réchauffement des relations avec la Russie ou avec l’Iran, mais ils refusent de se déclarer « atlantistes et alignés sur les Etats-Unis », comme s’en défend l’un d’eux, qui, en revanche, admet que tous soutiennent « le plus souvent la politique israélienne ». Faucons en diable, ils occupent au ministère des postes à haute responsabilité, et les diplomates qui ne les aiment guère les ont baptisés « la secte » (selon une enquête de « Marianne », 12/7).

    Leur égérie fut, jusqu’à son décès, voilà sept ans, Thérèse Delpech, une experte reconnue des questions nucléaires et stratégiques. Au moment où Bush s’apprêtait à envahir l’Irak, en 2003, cette éminente collaboratrice du Commissariat à l’énergie atomique avait voulu convaincre deux journalistes du « Canard » que Saddam Hussein était à deux doigts de posséder l’arme nucléaire. Croyait-elle vraiment à cette justification de la guerre qu’allait mener la Grande Amérique pendant seize ans ? Toujours est-il que cette tentative d’entraîner « Le Canard » sur ce terrain douteux n’était pas glorieuse.

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.

    Sun Oct 20 15:40:05 2019 - permalink -
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  • Des nouvelles de Steve

    Donc :

    • La principale info du rapport de l'IGPN, la dernière localisation du téléphone de Steve, qui provenait de l'unité locale de la sécurité publique, était fausse car l'IGPN n'avait pas l'autorité pour la vérifier auprès de l'opérateur téléphonique ;

    • Il semble que le sinistre de l'Intérieur n'ignorait pas ce fait lors de son point presse, mais bon, ce n'est pas la première fois qu'il dégaine sans tourner sa langue dans sa bouche au préalable (couou, l'histoire de la Pitié Salpêtrière où, au final, un étudiant a été poursuivi dans sa résidence universitaire et frappé par les flics, en plus du tabassage de manifestants par les flics) ;

    • Steve était bien allongé en bordure de quai. Les témoignages recoupent la preuve technique du point précédent. Réveil en sursaut ? Mouvement de foule ? On ne saura pas, bien que le mouvement de foule suite à l'intervention policière brutale avec gaz et LBD (pour faire stopper une fête de la musique, pour rappel) semble être confirmé ;

    • La chaîne de commandement, notamment préfectorale, était au dodo au lieu d'être dans le centre de commandement ;

    • L'IGPN traîne à entendre les 89 autres personnes qui se plaignent de l'intervention policière… ;

    • Sans compter ce que l'on savait déjà : 8 personnes tombées à l'eau, présence de poulets de combat de la BAC, un commissaire adepte de la force, ordre de cesser l'usage de la force pas respecté, non-respect des règles de l'art en matière de maintien de l'ordre, etc.

    Ces 77 minutes qui accablent la police des polices après la noyade de Steve

    L’enquête judiciaire contredit l’IGPN. Le téléphone du jeune homme “bornait” toujours quand les flics ont chargé !

    Au mieux, c’est une erreur ; au pire, un mensonge… Dans son « rapport de synthèse », rendu public le 30 juillet par Edouard Philippe et Christophe Castaner, l’IGPN, la police des polices, écrit, au sujet de Steve Maia Caniço, disparu la nuit de la Fête de la musique et retrouvé le 29 juillet noyé dans la Loire : « Le téléphone de la personne disparue déclenchait un dernier relais téléphonique à 3 h 16 le 22 juin 2019. » Sous-entendu : soit le téléphone n’avait plus de batterie, soit le jeune homme était tombé à l’eau avec son mobile, qui avait alors cessé d’émettre.

    Dans cette hypothèse, sa chute se serait donc produite plus d’une heure avant l’intervention musclée des forces de l’ordre sur le quai Wilson, à Nantes — manœuvre destinée à faire cesser la musique. L’un des principaux arguments permettant aux « bœuf-carottes » de l’IGPN de conclure, dans leur synthèse : « Il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de police de la DDSP 44 (…) et la disparition de M. Steve Maia Caniço. » Un sacré ouf de soulagement pour l’exécutif. Présentant le rapport depuis le perron de Matignon, le Premier ministre, flanqué de son ministre de l’Intérieur, reprend à son compte le 30 juillet les conclusions des bœuf-carottes : « Il n’y a pas de lien entre l’intervention de la police et la disparition » de Steve. Mais Edouard a dégainé trop vite.

    Le téléphone parle

    Selon les informations du « Canard », l’enquête judiciaire établit — et le fait est consigne noir sur blanc dans le dossier — que le portable de Steve a continué d’émettre jusqu’à 4 h 33… soit treize minutes après le début de l’intervention policière ! Plus de temps qu’il n’en faut pour tomber à l’eau, donc. Ce détail horaire a été obtenu par la police judiciaire auprès de l’opérateur téléphonique. L’IGPN, pour sa part, s’était contentée de retranscrire l’heure du dernier SMS envoyé par Steve. La PJ, de son côté, a récupéré l’ultime « ping » (les techniciens des télécoms désignent ainsi le signal qu’envoie régulièrement tout appareil, en mode veille, à la borne téléphonique la plus proche).

    En découvrant cet écart de 77 minutes entre les dires des bœuf-carottes et l’enquête de la PJ, les deux magistrats nantais chargés du dossier l’ont eu tellement mauvaise qu’ils ont demandé, et obtenu, leur propre dessaisissement. Une décision officiellement prise, a déclaré le procureur général de Nantes, pour « garantir la sérénité de l’information judiciaire et l’impartialité objective de la juridiction saisie ». Désormais, ce sont deux juges de Rennes qui mènent l’enquête.

    Le ping de 4 h 38 localise le jeune homme sur le quai Wilson, en bord de Loire. Depuis la publication du rapport de l’IGPN, la PJ a entendu un témoin clé. Ludovic affirme avoir laissé allongé en bordure de quai son ami Steve, avec la promesse de le retrouver plus tard. Peu de temps après, à 3 h 16, il a reçu le dernier SMS envoyé par son pote : « Je suis trop fatigué (…). On peut se retrouver ou quoi ? » Après la charge policière, Ludovic cherchera Steve, en vain.

    Les placards s’entrouvrent

    « Il y a peu de chances que l’on sache comment et pourquoi Steve est tombé à l’eau, reconnaît un enquêteur. On ne peut formuler que des hypothèses : a-t-il été pris de panique après un réveil en sursaut ? A-t-il été victime d’un mouvement de foule provoqué par le grenadage des forces de l’ordre ? Seule certitude : il dormait tout près du fleuve au moment de l’intervention. »

    Commandé par Matignon pour déterminer la responsabilité de chaque acteur public (pas seulement policier), le rapport de l’Inspection générale de l’administration ne devrait pas apporter de réponses. Il se contente de décortiquer les consignes données par la préfecture, cette nuit du 22 juin, leur application par les flics, la responsabilité de la mairie et du port autonome. Après plusieurs reports, il devrait être rendu public au plus tard le 15 septembre. Au moment du bouclage du « Canard », l’Intérieur, tenaillé entre l’opinion publique et les syndicats de police, hésitait encore sur la manière de sanctionner le commissaire commandant la troupe ce soir-là. Le sort du préfet de région, lui, était scellé : « remercié » à court ou moyen terme. Bienvenue au placard !

    En coupant des têtes, le gouvernement pensait éteindre définitivement la polémique qui couve depuis fin juin. Il va devoir assumer ses commentaires précipités et composer avec la très encombrante découverte de la PJ, désormais « cotée » au dossier d’instruction. Avec, en prime, un nouveau coup porté à la crédibilité de l’lGPN, dont le manque de zèle dans l’enquête sur les violences policières en marge des manifs de gilets jaunes, déjà, n’était pas passé inaperçu.

    Pour l’avocate de la famille de Steve, Cécile de Oliveira, « la précipitation du ministre de l’Intérieur à vouloir révéler les conclusions de l’IGPN est étonnante et inadaptée. On ne peut qu’attendre de la loyauté dans la recherche des causes de la mort tragique et vaine de Steve ».

    Y a encore du boulot !


    L'autre casserole des “bœuf-carottes”

    Une autre enquête de l’IGPN a été diligentée à la suite des 89 plaintes pour violences illégitimes déposées par les teufeurs du quai Wilson. Selon leur avocate, Marianne Rostan, seulement deux d’entre eux ont été entendus par les « bœuf-carottes ». Jérémie et Alexandre ont expliqué aux enquêteurs qu’ils étaient tombés à l’eau dès le début de l’opération policière, après l’usage de gaz lacrymogènes et le mouvement de panique qui a suivi.

    D’après leurs témoignages, ils étaient cinq à la baille à ce moment-là — mais seulement quatre à avoir été repêchés par un bateau de secours. Une disparition qu’ils ont immédiatement signalée aux secouristes. Le cinquième était-il Steve ? Alors que l’ensemble des plaignants dénonce la brutalité de la police, qui a canardé la foule au LBD et l’a copieusement enfumée à coups de lacrymos, l’IGPN, dans son premier rapport (administratif), n’avait presque rien vu. Tout au plus relevait-elle « des coups de matraque sur une personne au sol ». Et admettait-elle, du bout de la plume, que ceux—ci pouvaient « constituer (…) un usage disproporfi0nné de la force ».

    Hélas pour le commissaire qui commandait la troupe ce soir-là, l’Intérieur, moins indulgent, a décidé de le sanctionner pour manque de discernement.

    Faudrait savoir, chef !

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.


    L‘intérieur savait que le rapport de l‘IGPN clochait

    En découvrant, le 30 juillet, la synthèse du rapport de l’IGPN et les commentaires d’Edouard Philippe et de Christophe Castaner, les flics de la police judiciaire de Rennes sont tombés des nues. Depuis plusieurs jours, eux savaient déjà que le téléphone de Steve Maia Caniço - disparu dans la nuit du 21 au 22 juin à Nantes — « bornait » encore à 4 h 33, soit quelques minutes après le début de la charge policière sur le quai Wilson (« Le Canard », 11/9), et non « à 3 h 16 », comme l’écrivent les bœuf-carottes.

    Dès le 23 juin, l’unité locale de sécurité publique spécialisée dans les enquêtes est saisie pour disparition inquiétante. Aussitôt, elle demande à l’opérateur téléphonique de lui communiquer les derniers appels et SMS de Steve. Ses conclusions, très parcellaires, sont reprises telles quelles par l’IGPN, qui n’a pas, alors, le pouvoir d’interroger l’opérateur.

    Entre-temps, la justice a dessaisi la sécurité publique locale, jugée trop impliquée, au profit de la PJ de Rennes. Celle-ci ausculte fissa toute la téléphonie de Steve : non seulement ses appels et ses SMS, mais aussi le fameux « bornage ». Le jour du point presse organisé sur le perron de Matignon, l’Intérieur est donc en mesure de savoir que la principale information du rapport de l’IGPN était erronée. Mais peut-être Castaner a-t-il lu trop vite…

    Une bataille de casquettes

    Ne manquait plus que le rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA) pour caraméliser définitivement les bœuf—carottes… Le 13 septembre, l’IGA — censée débusquer les dysfonctionnements de la haute administration — cogne comme une sourde sur le commissaire C., chargé d’évacuer les teufeurs le 22 juin. Castaner n’a d’autre choix que de lui demander de décamper. « C’est dingue ! s’étrangle un chef flic. L’IGA s’est tapé le sale boulot qu’aurait dû faire l’IGPN. Les “bœuf” n’ont même pas évoqué le manque de discernement du commissaire dans la manière de gérer la dispersion. »

    Quant au préfet, malgré une salve de reproches émanant des deux inspecteurs généraux de l’Administration, il passe entre les gouttes. En tant qu’autorité investie du pouvoir de police, « la préfecture disposait de moyens réglementaires pour davantage prendre en compte la sécurité de l’événement », note pourtant l’IGA. Une différence de traitement qui a fait hurler les deux syndicats de commissaires. Lesquels ne se privent pas de souligner qu’en pareilles circonstances, d’ordinaire, « les autorités préfectorales sont dans les salles de commandement et/ou à l’écoute des ondes radio ». Et non dans leur lit.

    Message reçu par Castaner. Le commissaire fautif ne sera pas « muté d’office » - avec le sceau d’infamie, d’une sanction —, mais juste envoyé à Bordeaux, « dans l’intérêt du service ». Sa principale occupation, désormais ? Rédiger des rapports.

    Et pas pour l’IGPN.

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 15:13:19 2019 - permalink -
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  • Les bonnes surprises du budget

    Quand un sinistre invente de l'argent magique basé sur des recettes fiscales passagères, une croissance économique pas encore avérée et des taux d'intérêt bas afin de te vendre l'équilibre de son budget 2020…

    « On a de bonnes nouvelles, la chance sourit aux audacieux » : c’est ainsi que Gérald Darmanin résumait, mardi, l’équation budgétaire de 2020 devant des députés de la majorité, à une semaine de la présentation du budget en Conseil des ministres.

    Explication du ministre des Comptes publics : « On a d’abord des rentrées fiscales qui sont bonnes, on n’a pas de baisse du rendement fiscal. L’impôt à la source, c’est une divine surprise, parce que cela rapporte 1,5 milliard de plus que ce qui était prévu, et 800 millions de plus que ce qui était escompté avant l’été (700 millions). »

    Ça ne va pas durer, car il s'agit principalement de recettes fiscales temporaires. Cumul de l'impôt 2019 et de l'impôt exceptionnel 2018 (qui n'était pas une année blanche pour ceux qui ont eu des revenus exceptionnels), avance de trésorerie (les crédits d'impôts sont versés en cette fin d'année alors que l'impôt est collecté depuis janvier), fin des retardataires (dans l'ancien système, environ 1 milliard d'euros arrivait avec un an de retard voire plus, ce qui n'est plus possible avec le prélèvement à la source), etc.


    Autre point positif, selon Darmanin : « Des taux d ’intérêt très très bas, voire négatifs, donc on gagne de l’argent. On arrive même à gagner de l’argent en empruntant. Ce qui va nous faire au moins 1,5 milliard d’économies en 2020. »

    Ce qui augmente notre dépendance vis-à-vis des marchés financiers et qui va faire exploser le service de la dette lorsque les taux vont remonter, ce qui justifiera des coupes sombres dans les budgets sociaux, comme d'hab'. Mais, oui, pour l'instant tout va bien.


    Et d’ajouter : « Par ailleurs, la croissance se confirme à 1,4 %, alors que l’on tablait il y a encore deux mois sur 1,3 %. 0,1 point de PIB, c’est 2 milliards de PIB en plus. Les recettes sur 2 milliards, c’est à peu près la moitié. Ce qui nous fait récupérer 1 milliard. »

    Sauf que le calcul du PIB devient définitif au bout de 3 ans. Dans 3 ans, nous saurons si nous sommes véritablement à 1,4 % de croissance (la croissance étant le nom d'une variation positive du PIB). En attendant, il s'agit de prévisions, donc de flan.


    Conclusion du ministre :

    « Si on fait l'addition de tout, on est même au dessus des 3 milliards d'économies que l'on cherchait pour boucler le budget. »

    Bravo ! Le gouvernement va pouvoir être plus généreux avec les urgentistes et associés.

    En résumé : il faut être idiot ou manipulateur pour tenir les propos débités par notre sinistre de l'Action et des Comptes Publics.

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.

    Sun Oct 20 14:55:38 2019 - permalink -
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  • Des nouvelles des municipales 2020 : ça va (encore) voler très bas

    Une alliance semble se former entre les Marcheurs et l'UDI en vue des municipales. La majorité renforcerait donc son emprise locale (dans les villes) puis au Sénat puisque les maires participeront, avec d'autres locaux, à l'élection sénatoriale de 2020. Si cette alliance parvient à rafler une majorité au Sénat en plus de l'Assemblée, la deuxième moitié du quinquennat sera douloureux puisque Macron aura toute latitude et aucune opposition pour faire voter des textes liberticides, destructeurs de la protection sociale (chômage, santé, services publics) et réducteurs de la démocratie (comme la réforme de la Constitution).

    Macron est déjà en train de dévier à l'extrême-droite sur les questions de sécurité et d'immigration afin de rafler des voix aux RN. Et il tape fort d'emblée… Il s'agit d'être aussi démago et idiot que le FN tout en ressassant des évidences nichées au sein de propos creux, sans véritable solution, sauf celles qu'on a déjà essayées des centaines de fois.

    Bayrou en pleine guerre des centres

    Vedette américaine du « campus » du parti présidentiel, François Bayrou est arrivé à Bordeaux en fulminant, furieux de la façon dont la Macronie traite les candidats du MoDem aux municipales (lire plus loin). Il a toujours en travers de la gorge la désignation par Macron, contre son avis, de Sylvie Gouiard, ex-MoDem passée à l’UDI, comme commissaire européenne. Du haut de la tribune, il s’est contenu, se bornant à mettre en garde LRM contre ses mauvaises manières et à donner une leçon sur la fonction de maire, qui dépasse les querelles d’appareil et d’étiquettes.

    Mais il a tu — et on comprendra pourquoi — l’énorme contrariété qui l’étreint : l’élargissement de la majorité présidentielle. Passe encore que Laurent Hénart, du Parti radical, et que Franck Riester, avec Agir, aient rejoint la majorité. Passe encore que Jean-Yves Le Drian annonce comme imminente la constitution d’une aile gauche à En marche !. Ce que Bayrou a en travers du gosier, c’est l’arrivée très prochaine dans la majorité de l’UDI, son ennemie. Cette formation de centre droit, fondée par Jean-Louis Borloo, est aujourd’hui pilotée par Jean-Christophe Lagarde. Lequel est tout près de conclure un accord de gouvernement avec Macron soi-même, qui compte ainsi engranger le maximum d’élus en vue des sénatoriales. Ce ralliement paraît d’autant plus insupportable à Bayrou que l’UDI pèse plus lourd électoralement que le MoDem.

    L’UDI compte, certes, moins de députés (28, contre 38 au MoDem) mais davantage de sénateurs (11 contre 5). Et, surtout, beaucoup plus de mairies : l’UDI détient 1 ville de plus de 100 000 habitants (Amiens), 4 villes de plus de 20 000 habitants et 60 de plus de 10 000. Le MoDem ne détient que Pau (avec Bayrou) et 50 villes de 10 000 habitants.

    Autrement dit, Bayrou, qui s’attribue le mérite d’avoir fait élire Macron, est en passe de perdre son statut de partenaire privilégié.

    Et, pour tout arranger, les pompiers de Pau, qui réclament des primes et des renforts, lui empoisonnent sa vie de maire depuis des semaines…


    Un président régalien

    Le régalien, y a que ça de vrai ! C’est, en tout cas, ce que Macron veut mettre en avant dans la campagne… des municipales. Pour lui, le régalien, ce n’est pas les finances, la diplomatie, la Défense, la Justice mais l’Intérieur. Il a l’intention de mettre l’immigration et la sécurité au cœur de la campagne. Deux sujets sur lesquels il a, paraît-il, beaucoup travaillé, cet été, avec Castaner.

    Première oraison de Macron sur le sujet, au dîner de la majorité du 3 septembre.

    « La crise n’est pas finie, a-t- il de nouveau affirmé. La société reste fragile. Les gens ne se sentent pas écoutés. Il y a une crise à la fois sociale et démocratique. Si on ne parle pas des sujets régaliens, on les laisse à l’extrême-droite, et la présidentielle sera compliquée. On va au devant de nouveaux problèmes, on se prépare d’autres crises. »

    Pour résorber cela, ne faudrait-il pas plutôt conduire une politique sociale (réduire les inégalités, combattre les injustices, faire à nouveau de la protection sociale, etc.) ? Bah nooooon, donner à tout le monde l'envie de taper sur tout le monde, ça demande moins d'efforts et ça paie immédiatement… … …


    Devant l’ensemble du gouvernement réuni le lendemain en séminaire, le chef de l’Etat a remis le couvert.

    « Il faut investir le rêgalien, a-t-il lancé à ses ministres. N’imaginez pas que ce n’est pas une préoccupation des Français parce que ça ne fait pas la une des médias. »

    En tout cas, c’est une préoccupation de Macron.

    Macron était mûr pour les idées du FN (tout en utilisant des entourloupes verbales pour les exposer), l'attentat récent à la Préfecture de Police de Paris va lui donner l'occasion de faire un nouveau virage sécuritaire et de renforcement des communautarisme par agitation de la haine de l'autre. Super…

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.


    Immigration : le bourgeois Macron s'en prend aux bourgeois !

    Ne soyez pas naïfs ! L’immigration est un sujet qui préoccupe les Français. Le gouvernement doit s’en emparer et montrer que le FN n’a pas le monopole de cette question. » Depuis des semaines — et « Le Canard » s’en est fait l’écho —, Emmanuel Macron martèle ie même message à ses ministres et aux dirigeants de la maiorité. Lundi soir, ce sont les députés macronistes réunis au ministère des Relatiens avec le Parlement qui y ont eu droit. Agrémenté de quelques formules a l’emporte-pièce :

    « En prétendant être humanistes, nous sommes parfois laxistes. »

    Ou encore ;

    « Il faut regarder les choses en face. Les bourgeois de centre-ville, eux, sont a l'abri : ils ne sont pas confrontés à la réalité sociale. Réfugiés et immigrés vivent dans les quartiers populaires, là où les classes populaires rencontrent déjà le plus de difficultés (…). Il faut donc être lucides, un parti bourgeois n’a pas d'avenir, il nous faut ancrer notre projet et le partager avec les classes populaires. » Ces « classes populaires » qui — suivez son regard — placent souvent Le Pen en tête aux élections et risquent de mal voter aux municipales puis, surtout, en 2022.

    Le seul moyen d'obtenir une vraie mixité sociale, c'est une politique de réduction de la misère et des inégalités qui permettrait à des pauvres (qui ne le seraient donc plus autant) d'emménager dans les beaux quartiers actuellement réservés aux riches (qui ne le seraient donc plus autant) et inversement. La mixité forcée (logement sociaux dans les beaux quartiers, etc.) est une idiotie à long terme, on ne peut pas forcer des gens qui se pensent être différents et qui vivent des vies opposées, à vivre ensemble sur un même territoire.


    Après avoir rappelé son attachement au « droit d’asile sans naïveté », le chef de l’Etat a affirmé que le sujet était mal traité : « On accueille mal et en intègre mal (…). Il faut donc être plus humains mais aussi plus efficaces lorsqu’il s'agit de reconduire aux frontières. »

    Enfin, Macron a souligné que les demandes d’asile en France n’ont jamais été aussi élevées, alors qu’elles n’ont jamais été aussi faibles en Europe.

    « Il nous faudra regarder, a-t-il ajouté, quelles propositions jailliront du débat sur l’immigration qui va se tenir à l’Assemblée (et au Sénat) afin que notre pays rejoigne les standards européens et ne soit ni plus ni moins attractif que les autres. »

    Comment cette prise de position sur l’immigration a-t-elle été reçue par ses troupes ? Prudemment, Gilles Le Gendre a indiqué, lundi soir, qu’elle pourrait « irriter » certains députés macronistes.

    De toute façon, Macron n’a pas l’air de se faire d’illusions. Quelques jours auparavant, il avait confié à des visiteurs que « trop de gens se défilent sur cette question, même au gouvernement ».

    Et il avait conclu :

    « Il faudrait un Chevènement. On n’a plus personne de cette veine-là, de cette gauche chevènementiste, clemenciste. C’est donc à nous de nous emparer du sujet. »

    Ça, c’est une idée qu’elle est bonne : après tout, Chevènement n’a que 80 ans, seulement quatre de plus que Clemenceau quand il est revenu au pouvoir (mais pas pour s’occuper de l’immigration).

    Transmis à Castaner pour qu’il commence à faire ses valises…

    Dans le Canard enchaîné du 18 septembre 2019.

    Sun Oct 20 14:35:05 2019 - permalink -
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  • La Chine voile ses musulmans

    En Chine, camps d'enfermement pour environ 1 millions d'ouïghours (sunnites turcophones) et des rohingyas. L'opinion publique est faussement rassurée, les djihadistes sont légitimés dans leur victimisation. Tout va bien.

    Pour protester contre la répression exercée par Pékin au Tibet, il est de bon ton de porter la khata blanche du dalaï-lama — écharpe de soie offerte en signe de bienvenue — , comme le firent de nombreuses personnalités dans le monde, à commencer par Emmanuel Macron. A l’inverse, comme le relève « Libération » (5/9), « qui sait qu’en Chine des enfants sont séparés de leurs parents et enfermés dans des camps pour la seule raison qu’ils sont nés ouïghours ? ».

    En janvier 2018, en visite en Chine, le président français, interrogé sur le sort réservé à cette ethnie sunnite turcophone, avait refusé de s’exprimer, affirmant qu’il ne souhaitait pas « donner publiquement de leçons de droits de l’homme à la Chine » car « cela [était] totalement inefficace » (Huffington Post, 10/1/18).

    Dans la région du Xinjang, où vivent les Ouïghours, les autorités chinoises sont, elles, d’une efficacité redoutable. Ainsi, selon les chiffres des experts des Nations unies, près de 1 million de personnes sont internées dans des camps à des fins de « transformation par l’éducation », selon la jolie formule des autorités.

    Le 17 mai 2018, le « Washington Post » publiait les témoignages de détenus ouïghours soupçonnés de séparatisme ou de terrorisme par Pékin.

    Pour les hommes interrogés, violences physiques, barbe rasée de force, obligation de boire du vin, de manger du porc. Voile interdit pour les femmes. Prénoms musulmans prohibés pour les enfants.

    Même genre de sévices pour les musulmans rohingyas, qui ont fui l’ouest de la Birmanie par centaines de milliers après avoir été mis au ban de ce pays bouddhiste. Ou pour les 2 millions de musulmans de l’Etat d’Assam, déchus de la nationalité indienne et menacés d’être déportés au Bangladesh sans que la communauté internationale ose « donner des leçons de droits de l’homme ».

    En Birmanie, la militante autoritaire des droits des humains Aung San Suu Kyi a été contrainte de composer avec l'armée, sur ce sujet comme sur d'autres.


    Alors ? Realpolitik et intérêts commerciaux ? Pas seulement. Même s’il a reculé sur certains fronts, le terrorisme islamiste a remporté une victoire collatérale. Alors qu’une partie de l’opinion craint désormais que tout musulman soit un poseur de bombe — Ouïghours ici, Rohingyas là, Indiens apatrides ailleurs — et estime que les opprimer revient finalement à combattre le terrorisme, les djihadistes ont tout loisir de beugler que l’islam est persécuté partout dans le monde.

    Une autre façon d’égorger la vérité ?

    Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.

    Sun Oct 20 14:21:08 2019 - permalink -
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  • Les petits gestes | Grise Bouille

    Parce qu’il est toujours important de rappeler que le péril écologique est d’abord une affaire de responsabilités personnelles, et pas du tout un problème systémique nécessitant un renversement des structures de production et de pouvoir.

    Énorme +1 pour l'ironie.

    Fri Oct 18 13:37:38 2019 - permalink -
    - https://grisebouille.net/les-petits-gestes/
  • Brexit et chute du cours boursier de la livre sterling

    Dans son édito du 4 septembre 2019, le Canard enchaîné expose que le Brexit, entre autres (un ralentissement économique est aussi évoqué) serait à l'origine d'un décrochage du cours boursier de la livre sterling d'environ 20 %. Vu que j'ai déjà exposé cet élément, je voulais me repencher sur la question.

    D'un côté, on constate une chute du cours du change livre/euro après le référendum du Brexit. Ce décrochage se constate aussi sur le cours du change livre/dollar américain. Pourquoi ai-je choisi le dollar US ? Car il fallait une monnaie hors Union européenne et que les États-Unis sont, de loin, la première puissance économique mondiale, mais ce constat se confirme avec le cours livre/yen.

    D'un autre côté, on constate que le décrochage du cours livre/euro avait commencé en 2015, et surtout que ce cours était historiquement haut en 2014 (alors que Cameron était déjà en train de négocier avec l'UE), donc, inéluctablement, ça allait redescendre, et ça permet d'annoncer une baisse notable de 20 % du cours alors que, si l'on prend les valeurs d'avant ce pic historique, on mesure une baisse moins vendeuse de 2 à 10 %, qui, du coup, peut être totalement expliquée par une fluctuation de l'activité économique. On constate aussi un décrochage du cours du change de l'euro en dollar américain : - 20 % entre mi-2014 et 2015-2016 et 2019… Comme quoi, pas besoin d'un Brexit.

    Bref, cet élément me semble peu concret. Un cours boursier est basé sur une évaluation marchande et approximative de l'économie d'un territoire mêlée à une estimation de la confiance en l'avenir (car, dire que c'est la dèche ne signifie rien : si c'est la dèche mais que demain offre des opportunités, alors il est l'heure d'investir, au contraire). Un cours boursier repose sur trouzemilles abstractions. Difficile de démêler et d'isoler les différents facteurs.

    Mes images de cours de bourse proviennent de https://www.boursorama.com/ . Pourquoi ? Premier résultat dans un moteur de recherche.

    Wed Oct 16 19:50:16 2019 - permalink -
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  • Allemagne, année facho

    L'extrême-droite progresse dans les élections régionales allemandes. Dans le parlement du land de Sarre, l'AfD obtient 38 députés contre 45 pour la CDU (elle en avait obtenu 14 en 2014). Dans le Brandebourg, elle obtient 23 sièges contre 25 pour le SPD (11 en 2014). Jusque-là, tout va bien. Jusque-là, tout va bien. Jusque-là…

    Quelle baffe pour Angela Merkel ! La Chancelière, venue de l’Est, doit s’en mordre chaque jour les doigts. Dans un élan de générosité « Mutti » (maman) avait lancé, le 31 août : « Wir schaffen das » (nous y arriverons), sous-entendu à intégrer les migrants affluant sur le sol allemand. Les citoyens de l’ex-RDA, le pays disparu d’Angela, lui ont répondu trois fois « nein ». Le 1er septembre, les électeurs des Länder de Saxe et du Brandebourg ont voté à 27 % et à 23 % pour l’AfD (Alternative pour l’Allemagne). Deux ans plus tôt, le parti anti-euro, devenu parti anti-migrants, avait déjà expédié 93 députés au Bundestag avec un score de 12,6 %. Une première depuis 1933…

    La chrétienne-démocrate, qui dirige le pays depuis quatorze ans, n’a pas réussi à endiguer cette vague brune, malgré une situation économique florissante et un taux de chômage au plus bas. Le ressentiment des « Ossis » (Allemands de l’Est) à l’égard de celle qu’ils considèrent comme une « traîtresse » a toujours été palpable, y compris dans la ville où elle a grandi, Templin, au nord de Berlin.

    Cet argument est à double tranchant. D'un côté, le chômage est bas en Allemagne à cause des contrats courts et jetables qui précarisent les gens. Les chiffres étant maquillés, le taux de chômage n'est pas un indicateur fiable. Donc, oui, situation économique florissante, mais à quel prix et avec quel bonheur ? De l'autre, oui, les électeurs de l'extrême-droite sont essentiellement des personnes qui ont peur de perdre leur niveau de vie actuel, donc qui se replient sur elles. Des blessées de la croissance économique et de la régression de la solidarité, en somme.


    L’heure de vérité approche. Si les chrétiens-démocrates n’en sont pas encore à réclamer son départ, les sociaux-démocrates, eux, pourraient faire chuter le quatrième gouvernement Merkel. Le SPD, partenaire de coalition de la Chancelière, doit élire une nouvelle présidence. Les résultats de ce vote seront connus le 26 octobre, veille des élections régionales en Thuringe, un autre Land de l’Est, où le score de l’AfD est d’ores et déjà acquis.

    Pour remonter le moral de son amie Angela, à qui la ville de Leipzig a décerné un diplôme honoris causa, Christine Lagarde a loué son « sens du devoir » (le « JDD », 1/9). Réponse de la Chancelière : « Je ne savais pas que cet éloge funèbre serait précédé d’un processus d’évaluation scientifique. »

    Même à l’agonie, la dame de Berlin ne perd pas le sens de l’humour…

    Dans le Canard enchaîné du 4 septembre 2019.

    Mon Oct 14 22:59:24 2019 - permalink -
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