Quand un sinistre invente de l'argent magique basé sur des recettes fiscales passagères, une croissance économique pas encore avérée et des taux d'intérêt bas afin de te vendre l'équilibre de son budget 2020…
« On a de bonnes nouvelles, la chance sourit aux audacieux » : c’est ainsi que Gérald Darmanin résumait, mardi, l’équation budgétaire de 2020 devant des députés de la majorité, à une semaine de la présentation du budget en Conseil des ministres.
Explication du ministre des Comptes publics : « On a d’abord des rentrées fiscales qui sont bonnes, on n’a pas de baisse du rendement fiscal. L’impôt à la source, c’est une divine surprise, parce que cela rapporte 1,5 milliard de plus que ce qui était prévu, et 800 millions de plus que ce qui était escompté avant l’été (700 millions). »
Ça ne va pas durer, car il s'agit principalement de recettes fiscales temporaires. Cumul de l'impôt 2019 et de l'impôt exceptionnel 2018 (qui n'était pas une année blanche pour ceux qui ont eu des revenus exceptionnels), avance de trésorerie (les crédits d'impôts sont versés en cette fin d'année alors que l'impôt est collecté depuis janvier), fin des retardataires (dans l'ancien système, environ 1 milliard d'euros arrivait avec un an de retard voire plus, ce qui n'est plus possible avec le prélèvement à la source), etc.
Autre point positif, selon Darmanin : « Des taux d ’intérêt très très bas, voire négatifs, donc on gagne de l’argent. On arrive même à gagner de l’argent en empruntant. Ce qui va nous faire au moins 1,5 milliard d’économies en 2020. »
Ce qui augmente notre dépendance vis-à-vis des marchés financiers et qui va faire exploser le service de la dette lorsque les taux vont remonter, ce qui justifiera des coupes sombres dans les budgets sociaux, comme d'hab'. Mais, oui, pour l'instant tout va bien.
Et d’ajouter : « Par ailleurs, la croissance se confirme à 1,4 %, alors que l’on tablait il y a encore deux mois sur 1,3 %. 0,1 point de PIB, c’est 2 milliards de PIB en plus. Les recettes sur 2 milliards, c’est à peu près la moitié. Ce qui nous fait récupérer 1 milliard. »
Sauf que le calcul du PIB devient définitif au bout de 3 ans. Dans 3 ans, nous saurons si nous sommes véritablement à 1,4 % de croissance (la croissance étant le nom d'une variation positive du PIB). En attendant, il s'agit de prévisions, donc de flan.
Conclusion du ministre :
« Si on fait l'addition de tout, on est même au dessus des 3 milliards d'économies que l'on cherchait pour boucler le budget. »
Bravo ! Le gouvernement va pouvoir être plus généreux avec les urgentistes et associés.
En résumé : il faut être idiot ou manipulateur pour tenir les propos débités par notre sinistre de l'Action et des Comptes Publics.
Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.