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  • La retraite cordiale de Bayrou et Philippe

    Réforme des retraites. Le premier sinistre promet (ça engage que ceux qui y croient) que rien de ce qui a été cotisé ne sera transformé en point ni perdu. Il accepte un garde-fou de la valeur du point. Le bas de laine des complémentaires retraite des professions libérales ne sera pas dérobé pour équilibrer le futur système de retraite ou le budget global de l'État, mais ceux des salariés du privé et des commerçants/artisans le seront…

    Je note que la priorité de Bayrou, c'est pas le petit peuple, mais les avocats, les médecins, etc. Je note également qu'il se fait enfumer. Il ne faut pas confier la valeur du point de retraite à une « autorité indépendante dans laquelle les partenaires sociaux doivent figurer », car alors, pour supprimer le garde-fou ainsi institué, il suffit de créer une structure vide dans laquelle l'État et le patronat sont majoritaires. C'est l'État qui déséquilibre l'assurance-chômage et l'assurance-maladie, donc il ne faut pas le laisser gérer les retraites.

    C'est désormais l’entente cordiale entre François Bayrou et Edouard Philippe. Pour preuve, les deux hommes se sont affichés ensemble le 29 septembre à l’université de rentrée du MoDem, à Guidel (Morbihan). Le Premier ministre participait pour la première fois à cette petite sauterie, et, s’il a un peu hésité à venir à cause du décès de Chirac, il n’a pas voulu prendre le risque de fâcher son nouvel ami Bayrou. Poussant même la délicatesse jusqu’à le ramener à Paris dans son propre avion. Les deux hommes se sont d’ailleurs livrés à un joli numéro de duettistes à propos des retraites, qu’ils avaient soigneusement mis au point avant de prononcer leurs discours respectifs devant les militants centristes.

    Premier acte : le chef du MoDem confie la veille (28/9) aux journalistes — qui ne se sont pas pressés pour l’événement, ils n’étaient que… huit — les réserves fondamentales que lui inspire la réforme.

    « Il faut garantir, leur dit-il, que les acquis sont acquis » (non, Bayrou ne bégaie plus : c’est une formule). Mais aussi : « Le sentiment de spoliation serait très dangereux et injuste. »

    Une thèse qu’il développe le lendemain dans son discours à la tribune, en insistant sur trois points. Primo : il réaffirme que « les droits acquis doivent être acquis ». Deuzio : il propose que la valeur du point soit « confiée a une autorité indépendante dans laquelle les partenaires sociaux doivent figurer ». Tertio : il réclame que les bénéfices engrangés par certaines caisses professionnelles (avocats, médecins…) soient garantis.

    Miracle ! Dans son discours, le Premier ministre cède sur toute la ligne aux revendications de lou Bayrou. Ces « trois accents toniques me vont parfaitement bien », assure-t-il. Ainsi,selon lui, rien de ce qui a été cotisé ne sera perdu, et cela vaut pour tous les régimes spéciaux. Rien de ce qui y a été déjà versé ne sera transformé en points. Voilà pour les droits acquis.

    Ensuite, Philippe accepte le principe d’un garde-fous pour qu’un futur gouvernement n’ait pas l’idée saugrenue de diminuer la valeur du point pour des raisons budgétaires. Enfin, il s’engage à garantir que les fonds capitalisés dans les régimes de certaines professions libérales (celles qui ont manifesté le 16 septembre) ne serviront pas à équilibrer l’ensemble du système.

    Un triomphe sur toute la ligne pour le maire de Pau, qui en a bien besoin pour continuer à exister. Et, surtout, des concessions très importantes faites en direction des syndicats et des professions électoralement sensibles. Malheureusement, à l’exception d’une brève dans « Les Echos », ce double message est passé totalement inaperçu dans la presse, trop occupée par le décès de Chirac.

    Bayrou a d'autant plus besoin de continuer à exister que l'UDI pourrait remplacer le MoDem comme nouvel allié des Marcheurs en vue des municipales et des sénatoriales.


    Le patron du MoDem avait pourtant insisté sur l’importance de l’enjeu.

    « Depuis des années, j’ai beaucoup travaillé sur la retraite par points, et cette réforme peut échouer, avait-il expliqué. Si on claque brutalement les régimes spéciaux, on est morts ; si on touche aux capitaux accumulés par les professions libérales, on est morts ; et, si on touche à la valeur du point sans le laisser décider par une instance indépendante où siègent les syndicats, on est morts. »

    Bayrou, lui, est bien vivant. Il ne lui reste plus qu’à empêcher Bercy de siphonner les 71 milliards de réserves des régimes Agirc-Arrco. Et, après avoir tant œuvré pour les forces laborieuses, il pourra prendre une retraite bien méritée.

    Dans le Canard enchaîné du 2 octobre 2019.

    Sun Oct 27 11:59:31 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?4DUTcA
  • Une fumée, des fumeux

    Usine Lubrizol de Rouen. Avant d'affirmer que tout va bien, la préfecture a analysé la présence dans l'air de produits classiques… On ne sait pas ce que contenait l'usine (et, en application de la lutte contre le terrorisme, on ne le saura pas). Certains des produits stockés n'ont pas de "fiches d'identité", d'après le Canard enchaîné du 9 octobre 2019. La dernière inspection de la Dreal, datant de 20 jours avant l'incident, n'a rien relevé. La mise en application du plan de mise en sûreté du rectorat a totalement foiré (SMS envoyé aux directeurs d'école après le début habituel des cours et bien après le déclenchement des sirènes d'alarme de la ville) d'après un autre article du même numéro du Canard. Je passe sur la précipitation habituelle du gouvernement en manière de communication qui l'a conduit à déclarer, à la presse, 5 200 tonnes de produits envolés puis 9 000 tonnes, par exemple…

    Cela me fait penser à l'incendie de Notre-Dame suite auquel l'Agence Régionale de Santé et l'Institut National de l'Environnement industriel et des risques sont incapables, 6 mois après, d'exposer où est retombé le plomb qui a flambé (source : le Canard enchaîné du 16 octobre 2019. J'ai bien conscience que c'est difficile : peu de capteurs, calculs théoriques dépendent du vent, des obstacles, du poids des particules, etc. Je constate que, que ce soit du nucléaire (pollution des sols et de l'eau toujours en cours suite à Tchernobyl, par exemple), de l'industrie chimique (AZF et Lubrizol) ou un banal incendie, la prévention des risques sur les populations et les plans de sûreté mis en œuvre après coup sont un échec. Que faire ? Est-ce une question de manque de moyens ? Faut-il tout miser sur les mesures pour éviter des incidents ?

    Ils sont fous, ces Normands ! Depuis l’incendie à grand panache noir de l’usine chimique de Lubrizol, ils sont « dans la défiance ». Ils ne croient plus en la parole des politiques. Ils « cèdent à la psychose ». Ils veulent qu’on prenne en compte leur « ressenti ». On a beau les rassurer, leur promettre, comme l’a fait Edouard Philippe, l’« absolue transparence », ils doutent. L’ excellent Pierre-André Durand, préfet à casquette tout droit sorti des années 60, a beau leur affirmer que la situation est « normale », que l’atmosphère est dépourvue de toute « toxicité aiguë » et que les 137 écoles fermées pendant trois jours ont bel et bien été nettoyées (lire p. 3), ils manifestent, montent des collectifs, portent plainte, s’énervent, accusent tous azimuts.

    Certes, le toxicologue André Picot relève que les analyses livrées par la préfecture sont « hors de propos », qu’ayant cherché dans l’air « des produits classiques comme le dioxyde d’azote qu’émettent les moteurs Diesel » elle ne risquait pas de trouver des taux différents de la normale, qu’on ne sait toujours pas exactement ce qui a brûlé au sein de l’entreprise, qu’il est fort possible qu’il y ait des organophosphorés — lesquels sont neurotoxiques (« Paris Normandie », 30/9).

    On saura peut-être jamais tout ce qui était stocké puisqu'une circulaire du 6 novembre 2017 prévoit qu'au nom du risque terroriste, le nom des substances et leur volume doivent être gardés secret. Les informations sont « non communicables » mais elles peuvent « être consultées selon des modalités adaptées et contrôlées », stipule la circulaire.


    Certes, l’expert judiciaire Gabriel Ullrnann, qui a été consultant environnement pour Lubrizol dans les années 90, fait remarquer que, profitant de la fameuse loi macronienne d’août 2018 dite Essoc — pour « un Etat au service d’une société de confiance » (sic) —, qui assouplit les contrôles au nom de la « simplification », les patrons de Lubrizol ont obtenu dernièrement du préfet une augmentation de la production et du stockage sur leur site.

    En janvier, feu vert pour 1 598 tonnes de production de plus. En juin, feu vert pour 600 tonnes de stockage de plus. Et ce en contournant le plus légalement du monde l’autorité environnementale, laquelle a pour mission de mener sur ce genre d’équipement des études de danger décisives. L’exemple même, selon cet expert, du saucissonnage qui permet de faciliter les projets industriels dangereux au détriment de l’environnement et du principe de précaution.

    Certes, la dernière inspection menée chez Lubrizol, il y a vingt jours, par la direction régionale de l’environnement (Dreal) avait conclu que « le risque d’incendie sur le site [était] d’une fois tous les 10 000 ans ». C’est ce qui s’appelle avoir du pif…

    Mais, bon, tout va bien. A la question : « Ç’aurait pu être plus grave ? », le pédégé de Lubrizol répond : « Oui, l’usine aurait pu être détruite à 50 % . » Ouf.

    Dans le Canard enchaîné du 2 octobre 2019.

    Sun Oct 27 11:29:04 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?M_-_CQ
  • "Violation du secret" : l'ex-garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas condamné à un mois de prison avec sursis

    Jean-Jacques Urvoas, alors sinistre PS de la Justice avait transmis à Thierry Solère, alors député LR, sa fiche d'action publique, c'est-à-dire une note qui fait le point sur l'enquête pour fraude fiscale et corruption qui le visait. Pour le procureur, Urvoas a agit ainsi pour s'attirer les faveurs Solère, « un copain de Macron » (d'après le Canard enchaîné du 2 octobre 2019) en vue des législatives de 2017.

    La Cour de Justice de la République n'a pas retenu une violation du secret de l'instruction, un ministre de la Justice n'y participant pas, mais elle a condamné l'ancien sinistre à 1 an de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende pour violation du secret professionnel, ce qui est dérisoire.

    Rappelons que le sinistre de l'Intérieur dispose également de remontées d'informations sur les enquêtes en cours : perquisitions, gardes à vue, mises sur écoute, etc.

    Notons que la transmission du document s'est faite via Telegram, la messagerie chiffrée, mais Solère a conservé le message… qui a donc été lu par les flics en perquisition. Cela nous rappelle l'une des bases de la sécurité informatique : ça sert à rien de protéger les communications si l'un ou l'autre des correspondants ne respecte pas les bonnes pratiques de sécurité ou si l'équipement d'un des correspondants est compromis / piraté / sous écoute.

    Souvenons-nous que Solère a aussi été illégalement mis sous écoute par la DGSE avant les législatives de 2012, alors qu'il était face à Guéant, alors sinistre de l'Intérieur. Il s'agirait d'une erreur isolée d'un analyste de la DGSE.

    Via les Canard enchaîné du 25 septembre 2019 et du 2 octobre 2019.

    Sun Oct 27 10:20:02 2019 - permalink -
    - https://www.europe1.fr/politique/violation-du-secret-lex-garde-des-sceaux-jean-jacques-urvoas-condamne-a-un-mois-de-prison-avec-sursis-3922688
  • Disparition des distributeurs de billets, enquête sur un phénomène qui touche aussi l’Ile-de-France - Le Parisien

    Pour de prétendues raisons de rentabilité (pourtant, d'après la Banque de France, les frais bancaires ont augmenté de 166 % entre 2012 et 2017), les DAB disparaissent des campagnes, des petits centres urbains et des quartiers populaires, mais pas des départements riches. Moins 3 000 DAB en 3 ans d'après la Banque de France. Pourtant, le liquide est moins traçable, il enlève des dépendances économiques et technologiques aux commerçants et il permet aux personnes précaires de mieux gérer leur budget (le palpable permet de visualiser concrètement ce qu'il nous reste). Les banques se font prier pour revenir : la ville qui les sollicite doit payer les travaux et des pénalités en dessous d'un nombre de retraits convenu à l'avance.

    On inaugure même les distributeurs de billets (DAB)! A Persan (Val-d'Oise), ville de 13 000 âmes, les habitants ont rendez-vous le samedi 28 septembre près du conservatoire pour un verre de l'amitié. Pour quel heureux événement? Célébrer un nouvel automate de la Société Générale. Le résultat d'un combat de longue haleine pour l'équipe d'Alain Kasse, le maire (DVD) qui a vu fermer les uns après les autres, les points de retraits d'argent dans sa ville. Et sans sommation. La Caisse d'Epargne, le Crédit Lyonnais... tous partis. Il ne restait plus que La Poste et le Centre Leclerc. «Sans ce DAB, le marché forain et ses 60 commerçants a bien failli être tué dans l'œuf », indique-t-on en mairie de Persan.

    Pas si anodin que ça, le guichet automatique bancaire pour la vie d'une commune. Et cette vague de départs inquiète. « La situation s'aggrave, elle ne touche plus seulement la ruralité mais aussi les zones urbaines », constate ainsi Serge Maître, porte-parole de l'Association française des usagers de banques (Afub). Pour lui, la vitalité économique des villes est en jeu.

    […]

    […] En France, ce sont 3000 distributeurs qui ont fermé en trois ans, selon le rapport de la Banque de France rendu public en juin 2019. Seule la Banque postale a augmenté son parc de 2%.

    Banquiers, syndicats, élus sont à peu près tous d'accord sur l'explication de cette situation, qui tient en un mot : rentabilité. «Nous allons vers une réduction de services, trop chers à mettre en place, auxquels s'ajoutent le coût du transport de fonds et le temps passé à exploiter les dépôts ou charger le DAB», estime Mireille Herriberry, secrétaire fédérale de la section FO banques. […]

    [ N.D.L.R : je décris l'infographie présentée par le journal ] Selon Mastercard, il y a 0,06 DAB par km² dans l'Oise, 0,26 dans l'Essonne, 1,69 en Seine-Saint-Denis, 3,19 dans les Hauts-de-Seine, 10,77 à Paris, etc.

    […]

    Ce qui n'est pas fait pour rassurer les commerçants, qui voient ainsi s'échapper une partie de leur clients, plus enclins à faire leurs courses là où ils trouvent de l'argent liquide. Même si certains commerces acceptent des petits paiements en carte bleue, c'est un frein à l'économie locale.

    […] « Ici, dans les quartiers populaires, le liquide, c'est culturel, poursuit le commerçant. Quand on tire les billets en début de mois, on gère mieux son budget qu'avec une carte bleue. »

    […]

    A Clichy-sous-Bois, un nouveau DAB devrait voir le jour, là aussi, au prix de longues négociations. Avec le soutien du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), dont le directeur général Eric Lombard avait écrit à plusieurs banques pour les alerter de cette situation inégalitaire.

    La BNP a accepté de revenir, non pas avec une agence, mais avec un simple automate. Le maire Olivier Klein (PS) se souvient encore d'un échange un peu vif avec un représentant de cette banque qui lui tendait sa carte de visite à une cérémonie de vœux... « Moi, j'étais plutôt en colère, les banques étaient parties les unes après les autres (NDLR : Lyonnais, BNP, Caisse d'Epargne) », se souvient l'élu, par ailleurs président de l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru). A la BNP, on indique attendre que le conseil municipal délibère sur les modalités de fonctionnement de ce futur automate.

    « Les services se sont mis d'accord. La ville fait les travaux, la BNP paye le DAB, l'installation, s'assure du remplissage… Un forfait est fixé en fonction du nombre de retraits », détaille le maire, qui espère bien une mise en service à Noël. Selon nos informations, le seuil de rentabilité de ce distributeur a été fixé à 44 750 retraits par an. En deçà, la ville devrait payer 57 centimes d'euro par retrait manquant. Mais si c'est un succès, au-dessus de 65 000 retraits, ce serait à la banque de verser 28 centimes d'euros par retrait.

    Via le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 20:57:23 2019 - permalink -
    - http://www.leparisien.fr/economie/disparition-des-distributeurs-de-billets-enquete-sur-un-phenomene-qui-touche-aussi-l-ile-de-france-19-09-2019-8155200.php
  • [ Coût des voitures et chauffeurs des ex-Présidents de la République ] Question n°16794 - Assemblée nationale

    Coût des voitures et chauffeurs des ex-Présidents de la République en 2018 : 3 821 165 €.

    J'ai mis à jour les derniers coûts connus pour les ex-Présidents de la République, des ex-Premier ministres et des ex-ministres de l'Intérieur. Environ 12 millions par an.

    Wed Oct 23 20:40:50 2019 - permalink -
    - http://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-16794QE.htm
  • Au nom des “hors-la-loi” !

    490 marocaines ont publié une tribune pour réclamer la légalisation des relations sexuelles hors mariage. En 2018, 14 503 personnes ont été poursuivies pour relations sexuelles hors mariage et 3 048 incarcérées pour adultère. Entre 600 et 800 avortements sont aussi pratiqués chaque année. Ça permet de mettre des chiffres sur les propos de la journaliste et sociologue Sanaa El Aji qui affirmait que l'interdit légal est rarement appliqué. La journaliste évoquée par le Canard et son fiancé ont pris 1 an de cachot, son gynéco a pris deux ans, un anesthésiste et une infirmière ont pris du sursis.

    Plus fort que le Manifeste des 343 salopes françaises qui, dans les années 70, avouaient avoir avorté, celui des 490 marocaines « hors la loi » qui revendiquent avoir « violé » les lois de leur pays en matière de mœurs. 490 femmes de tous bords, en référence à l’article 490 du Code pénal marocain, qui punit de prison les relations sexuelles hors mariage.

    Toutes ont paraphé une tribune publiée, le 24 septembre, dans « Le Monde » pour demander l’évolution de la législation de leur pays : « Nous sommes hors la loi. Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n’ont plus lieu d’être. Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d’un avortement. » Le texte, corédigé par la romancière Leïla Slimani, rappelle que, en 2018, 14 503 personnes ont été poursuivies pour relations sexuelles hors mariage au Maroc, et 3 048 incarcérées pour adultère. Entre 600 et 800 avortements sont aussi pratiqués chaque année.

    « Nous croyons que la société marocaine est mûre pour le changement, et pour que soient entérinés le respect de la vie privée et le droit de chacun à disposer de son corps », affirment les signataires. Changer la loi pour qu’elle ne soit plus un « outil de vengeance politique », ajoute aussi le texte, dont la publication coïncide avec le procès à Rabat de Hajar Raissouni pour « avortement illégal » et « débauche ».

    La reporter du quotidien arabophone « Akhbar al-Yaoum » risque 2 ans de prison (« Le Canard », 18/9). Arrêtée, le 31 août, à sa sortie d’une clinique de Rabat, elle est devenue le symbole du combat pour l’IVG, la liberté sexuelle et la… liberté de pensée. Elle est persuadée d’être poursuivie pour des raisons politiques. Elle est journaliste et la nièce de deux intellectuels peu appréciés du pouvoir chérifien.

    Un hasard ?

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 20:35:44 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?k4xilw
  • Le coup de fil de trop de Trump ?

    Trump demande une enquête sur son rival aux présidentielles de 2020 au président ukrainien. Les témoignages affluent : deux agents de la CIA (l'un deux est la première source des médias), le chef de cabinet de la Maison-Blanche, un représentant spécial à Kiev, etc. La transcription (ou plutôt les notes et souvenirs) publiée par la Maison-Blanche fait apparaître une demande, mais je n'y vois pas de pression, et personne y voit une condition à l'aide militaire contre les pro-russes… Affaire à suivre. Je ne crois pas à la destitution : aucun président a été destitué, ça fait partie des gadgets pour amuser le bon peuple.

    Nouvel ouragan sur la côte est américaine, qui dévaste le Capitole et la Maison-Blanche. Voilà désormais Trump accusé d’avoir fait pression avec insistance sur le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pour qu’il déclenche une enquête pour corruption visant l’ex-vice-président Joe Biden, son rival pour 2020, ainsi que son fils Hunter, qui était employé à partir de 2014 du groupe gazier ukrainien Bursima…

    Au cours d’un long coup de fil à son homologue ukrainien, le 25 juillet, Trump aurait fait huit fois allusion aux Biden père et fils ! Et il aurait même mis en balance l’aide financière américaine, cruciale pour que l’Ukraine se défende contre les incursions des séparatistes pro-russes… Or 391 millions d’aide US à l’Ukraine ont bel et bien été gelées sur ordre de Trump avant ce coup de fil.

    Pressé de questions dans les couloirs de l’ONU le 23 septembre, Trump a nié : « Je n’ai pas lié l’aide, je ne l’ai pas fait. » Puis il a lâché, en sens inverse : « Pourquoi verseriez-vous de l’argent à un pays que vous estimez corrompu ? »

    Cette nouvelle affaire relance plus fortement que jamais la possibilité d’une procédure d’impeachment contre Trump, qui pourrait se voir invalider comme président pour avoir exercé des pressions sur une puissance étrangère afin de nuire à un adversaire politique : 143 parlementaires démocrates se sont d’ores et déjà déclarés favorables à cette procédure solennelle. Et les élus exercent désormais un bras de fer pour que l’administration Trump publie le compte rendu in extenso de la conversation du 25 juillet.

    Mais, attention, Trump n’est jamais meilleur que dos au mur, retournant la situation comme au catch !

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 20:22:09 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?y_btOg
  • Mediator de se gêner

    Le procès du Mediator a débuté et durera 6 mois. Servier a-t-il dissimulé, depuis les années 70 les propriétés de son médoc' (un anorexigène - coupe-faim -, l'Aminorex, avait fait des centaines de victimes) ? A-t-il ignoré les signaux de 1995 sur l'isoméride (un autre anorexigène) ? Pourquoi Servier a-t-il ignoré les résultats d'une étude interne de 1993 montrant que le Mediator se métabolise en une substance toxique aux mêmes doses que l'Isoméride ? A-t-il influencé, entre autres, l'agence du médicament, poursuivie elle aussi, afin de vendre son coupe-faim comme un antidiabétique dénué des effets néfastes des anorexigènes sus-cités interdits partout dans le monde) ? Entre 1 500 et 2 100 morts et entre 1 700 et 2 400 malades opérés. La fille de Brest est un docu-fiction qui relate le combat d'Irène Frachon, la lanceuse d'alerte du Médiator (mon avis sur ce film). La source des infos qui apparaissent dans ce résumé, mais pas dans l'article est un article publié dans le Canard enchaîné du 23 octobre 2019 qui relate un bout du procès du Mediator.

    Il disait quoi, déjà, Jacques Servier, en 2013, un an avant de casser sa pipe ? « On s’en fout du procès » du Mediator ! Et quoi d’autre, en 2011, lors de vœux devant ses troupes ? « Y a peut-être que trois personnes qui sont mortes sous ce médicament. (…) Cette histoire est inconsistante. » Oui, bon, c’était une autre époque, celle où Papy Servier yoyotait. « Il a eu des mots d’une maladresse extrême », « Il avait aussi son âge », toussote aujourd’hui l’un des avocats du groupe, Jacques-Antoine Robert (France Info, 23/9).

    Ce ne serait plus le genre de Servier de proférer des énormités pareilles. Avant l’ouverture, le 23 septembre, du procès du Mediator, la nouvelle et fine équipe de Servier a bastonné une autre défense : « On n’a trompé personne », a matraqué le pédégé du labo, Olivier Laureau, dans « Challenges » et le « JDD » (22/9). « Il n’y a pas en tromperie », ont répété en boucle les avocats du labo. L’un d’eux, François de Castro, a même osé aller plus loin : « Il n’est pas apparu de signal de risque identifié (sur le Mediator) avant 2009. » Au secours ! C’est « un insupportable déni », s’est étranglé Irène Frachon. Les signaux sont, au contraire, remontés dès 1995 , conduisant à l’interdiction, deux ans plus tard, de coupe-faim comme l’lsoméride. Sauf que Servier ne présentait pas le Mediator comme un coupe-faim mais comme un… [ N.D.L.R : anti-diabétique ] C’est toute la tromperie dont le groupe est accusé et qui sera jugée pendant les six mois d’audience.

    Dans leur ordonnance de renvoi, les juges d’instruction ont flingué : « Le groupe Servier et ses dirigeants ont, dès le début des années 70, sciemment caché les propriétés pharmacologiques réelles du médicament. » Et cette « volonté de dissimuler sera maintenue coûte que coûte malgré les risques connus à partir de 1995 ». Une dissimulation facilitée par « un vaste réseau » d’influences qui vaut à l’agence du médicament d’être poursuivie pour homicides involontaires.

    Selon l’expertise judiciaire, le médoc a fait entre 1 500 et 2 100 morts, sans compter 1 700 à 2 350 malades opérés à cœur ouvert. On se pince, on n’arrive plus à compter.

    Mais le laboratoire Servier, lui, n’est pas mort. Depuis l’éclatement du scandale, en 2010, il n’a pas sombré, n’a pas été démantelé ; il n’a même pas daigné changer de nom. Il continue de couler des jours prospères, avec 4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Et, quand, en juin, le labo a posé la première pierre, à Saclay, d’un institut dédié à la gloire de sa recherche, tous les élus du coin étaient là pour applaudir, à commencer par le député Cédric Villani.

    « Il ne s’agit pas d’oublier (le scandale), a balayé le maire LR de Gif-sur-Yvette dans “Le Parisien” (19/6). Mais il n’est pas question non plus de le rappeler à tout bout de champ. » En effet, ce serait vraiment très exagéré…

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 19:58:04 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?RsRKPw
  • Un bloqueur de téléphone complètement bloqué

    Moins de 800 sociétés commerciales respectent leur obligation d'expurger leurs listes de prospects des numéros inscrits sur Bloctel. Pourquoi ? Le coût, proportionnel à l'usage ne me paraît pas déconnant. En revanche, pour éviter les fuites, Bloctel ne communique pas la liste des numéros, donc la société commerciale qui veut prospecter doit filer, à Bloctel, tous les numéros de téléphone de sa campagne puis faire correspondre son listing avec le listing expurgé de toute info personnelle par Bloctel comme le veut la loi… Du coup, ça fait une surcharge de travail, et ça demande une confiance en Bloctel (qui pourrait revendre des listes de prospects toutes faites). Des contrôles rares et une sanction pas élevée achèvent l'inefficacité du dispositif.

    Cela devait être la solution miracle. Sur sa page d’accueil, le ministère de l’Economie promet encore aujourd’hui aux abonnés à des lignes fixes :« Trente jours au plus tard après avoir validé votre inscription sur Bloctel, les numéros que vous avez inscrits seront protégés contre le démarchage téléphonique. » Mais, rien à faire, y a l’téléfon qui son et qui débloque à fond !

    Avant toute campagne de marketing téléphonique, les entreprises ont l’obligation de s’assurer que leurs fichiers clients ne contiennent pas de numéros inscrits sur Bloctel. Or « à peine 800 entreprises » satisfont à cette obligation, indique le Conseil national de la consommation (CNC) dans son rapport du 22 février. « Ce chiffre explique à lui seul le manque d’effectivité du dispositif » Les raisons : les boîtes contrevenantes risquent une amende dérisoire (75 000 euros), et en plus les contrôles sont rares…

    Si les sociétés « démarcheuses » ne se branchent pas sur Bloctel, c’est, à en croire le CNC, la faute à des tarifs prohibitifs. Pour les particuliers, le service est gratuit. Les entreprises, en revanche, doivent s’acquitter d’un forfait annuel allant de 700 euros (pour le contrôle de quelques lignes) à… 40 000 euros (pour les gros appétits).

    Dans d’autres pays européens (Belgique, Espagne, Royaume-Uni), l’abonnement n’excède pas 5 250 euros. « Nos tarifs ont été fixés par arrêté », rétorque au « Canard » Eric Huignard, le président d’Opposetel, la société privée chargée par Bercy, depuis le 25 février 2016, de gérer cette liste d’opposition. Et d’assurer : « Nous ne gagnons pas d’argent avec Bloctel. » Une assertion impossible à vérifier, Opposetel ne déposant pas ses comptes au greffe du tribunal de commerce. Hypothèse : si 800 entreprises souscrivent à la formule à 40 000 euros, on parle tout de même de 32 millions d’euros par an !

    On décroche

    « La désaffection des entreprises n’est pas liée à cette tarification, insiste Eric Huignard, mais à la complexité du système. » Ne tenant pas à ce que les boîtes utilisent ce listing à bon compte, Bloctel ne met pas directement le fichier des numéros bloqués à leur disposition. La société adhérente doit envoyer son fichier clients à Bloctel, qui se charge d’y rayer les numéros interdits.

    Simple comme un coup de gomme ? Pas tout à fait. A la demande de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, l’entreprise doit retirer du fichier clients toutes les informations autres que le nom, le numéro de téléphone et l’adresse. Résultat : quand le listing revient, expurgé par Bloctel, dans les ordinateurs de l’entreprise, il convient de l’harmoniser avec le précédent fichier. Pour les sociétés qui n’excellent pas en informatique, mieux vaut pratiquer la pub dans les boîtes aux lettres…

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 19:42:48 2019 - permalink -
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  • Macron et les Qataris lorgnaient "Le Monde”

    Les journalistes du monde peuvent désormais empêcher la prise de contrôle d'un actionnaire unique et ils peuvent s'opposer à l'arrivée d'un nouvel actionnaire… à condition d'en proposer un autre sous 6 mois (droit d'agrément). Mouais, c'pas fou-fou.

    En 2018, Niel+Pigasse+Bergé+Prisa possédaient 72,5 % des actions du Monde. Elles sont logées dans une holding (Le Monde Libre) dont Bergé, Niel, Pigasse et Prisa détiennent des parts : 26.66 % pour Bergé, 26,66 % pour Niel, 26,66 % pour Pigasse et 20 % pour Prisa. En octobre 2018, Pigasse a cédé 49 % des parts de sa société qui, elle-même, détient 26,6 % des parts de LML à Kretinsky, un industriel tchèque qui veut investir dans les centrales à charbon françaises et dans Casino (d'où son intérêt pour les outils d'influence que sont Le Monde et Marianne), en garantissant de lui vendre les 51 % restants (source : le Canard enchaîné du 18/09/2019). Donc, actuellement, les parts sont ainsi réparties : 26,66 % pour Bergé, 26,66 % pour Niel, 26,66 % pour Pigasse+Kretinsky et 20 % pour Prisa.

    Bergé étant décédé, ses parts dans LML devraient être réparties à égalité entre Pigasse et Niel… D'ici à 2021.

    Pigasse aurait racheté les parts de Prisa. Il le dit, mais je trouve aucune autre source…

    Niel et Pigasse sont co-gérants du Monde grâce à une commandite simple. Apparemment, être majoritaire en parts ne donne pas automatiquement droit à un co-contrôle, mais il y aurait des possibilités juridiques pour que Pigasse+Kretinsky fassent tomber la commandite (source : le Canard enchaîné du 18/09/2019), d'où Niel va probablement racheter 50 % des parts de Prisa : afin d'être le contrepoids de Kretinsky et que Le Monde ne passe pas sous pavillon tchèque. Cela va évidemment donner un statut de chevalier blanc à Niel et renforcer son influence…

    Au final, on aurait donc : Niel = 50 % (26,66 % actuel + 13,33 % Bergé + 10 % Prisa) et Kretinsky+Pigasse = 50 %. Les rachats des parts de Bergé, de Prisa et des parts de la société de Pigasse par Kretinsky seront soumis au droit d'agrément

    C'est incroyable le nombre de mensonges et de retournements de veste dans cette histoire. :O Pigasse écrit au pôle indépendance du Monde qu'il ne tentera plus d'opération capitalistique puis se lance dans l'achat des parts de Prisa (voir ci-desous). Pigasse signe une version différente du droit d'agrément que celle paraphée par Niel,

    Bref, l'actionnariat du Monde est toujours aussi opaque pour le citoyen qui essaye d'en savoir plus sur ses journaux afin de leur octroyer sa confiance… Dommage.

    Au printemps, un cheikh conseillé par Rothschild voulait racheter les parts de Prisa.

    Tout « Le Monde » il est beau, tout « Le Monde » il est gentil ! Xavier Niel et Matthieu Pigasse. qui ne s’étaient pas vus depuis un an et demi, ont mis en scène une magnifique réconciliation. Les premières embrassades ont eu lieu lundi soir : les coactionnaires ont rencontré le pôle d’indépendance pour signer le droit d’agrément qui permet aux journalistes de s’opposer à l’arrivée d’un nouvel actionnaire et de disposer de six mois pour en trouver un autre.

    Tchèque barré

    Les confrères ont aussi obtenu un second droit de veto pour bloquer toute prise de contrôle d’un actionnaire unique. Pigasse, lui, a désormais la garantie de vendre à bon prix s’il claque la porte un jour. Quant à Niel, il a trois mois pour allonger 7,5 millions d’euros et racheter la moitié des 20 % de l’espagnol Prisa, ce qui le mettrait à l’abri d’une OPA désagréable de Pigasse et de son nouvel ami Daniel Kretinsky (« Le Canard », 18/09). Mardi 24, les deux patrons du « Monde » ont même posé pour une belle photo dans « Le Figaro » et ont expliqué qu’ils allaient étudier la possibilité de sanctuariser « Le Monde » dans une fondation. Sortez les mouchoirs !

    Ce bel épilogue laisse, pour un temps, le Tchèque Kretinsky sur la bande d’arrêt d’urgence. Et il devrait mettre « Le Monde » à l’abri des convoitises les plus originales. Car, il y a six mois, les parts du vendeur Prisa avaient déjà failli passer sous pavillon… qatari, un gage de liberté de la presse !

    A l’époque, Niel avait refusé catégoriquement d’aligner 15 millions : trop cher pour ce grand économe. L’éditeur du quotidien « El Pais » s’est alors tourné vers sa banque conseil — la maison Rothschild, ancien employeur d’un certain Emmanuel Macron.

    L’esprit d’escalier

    Les banquiers ont trouvé la solution : vendre les 20 % de Prisa au businessman qatari Khalid bin Thani Abdullah AlThani, président de la Qatar International Islamic Bank, ci-devant propriétaire d’une parcelle de Prisa (6,63 %). Mais, tel Zorro, le tandem Pigasse-Kretinsky lui a coupé l’herbe sous le pied. Chez Rothschild, les associés contactés par « Le Canard », un brin gênés, reconnaissent les faits.

    Cet épisode en rappelle un autre, tout aussi insolite. En 2010, « Le Monde » se trouvait au bord de la faillite. Macron, qui pantouflait chez Rothschild, avait gracieusement offert ses services aux journalistes. L’idée était de leur trouver des investisseurs pérennes susceptibles de préserver leur indépendance. Le 3 septembre 2010, Gilles Van Kote et Adrien de Tricornot, de la société des rédacteurs du « Monde », ont surpris Macron, « ce traître », sortant du bureau de l’homme d’affaires Alain Minc. Ils ont compris que le jeune associé de Rothschild roulait en sous-main pour Minc, et pour… Prisa, que ce dernier conseillait !

    Adrien de Tricornot a décrit avec drôlerie (StreetPress, 10/2/17) sa course-poursuite dans les escaliers avec le banquier… et futur chef de l’Etat. Neuf ans plus tard, cette scène digne de Marivaux éclaire d’un jour nouveau les querelles de pouvoir entre Nie1, devenu très proche de Macron, et Pigasse, qui, à l’époque, rêvait lui aussi de prendre l’Elysée sans passer par la case PS.

    Un authentique thriller…

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 18:21:04 2019 - permalink -
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  • L‘astronomique facture cachée qui plombe le nucléaire français

    En 4 ans, l'État a """"injecté"""" 7,5 milliards d'euros dans EDF, mais, devant le coût du nucléaire, EDF va être divisée en deux. Une partie commerciale et une structure de défaisance qui sera nationalisée afin que le contribuable éponge les dettes puisque Saint-Marché n'y parvient pas.

    Les EPR coûtent plus cher que prévu, les générateurs à vapeurs des centrales actuelles ont des défauts, EDF a provisionné un démantèlement a minima des centrales en espérant que le choix du nucléaire sera reconduit ad vitam æternam (ce qui n'est pas faux puisque deux nouvelles centrales, dites EPR 2, sont prévues), et la gestion des déchets serait sous-évaluée (je doute sur ce dernier point et j'attends la décision de l'ASN au sujet des défauts des générateurs à vapeur).

    5 milliards de plus pour l’EPR de Flamanville, 15 milliards de déchets non comptabilisés, 28 milliards pour démanteler les centrales…

    Huit soudures défectueuses sur l’EPR de flamanville, des défauts de fabrication sur 28 générateurs de vapeur de 9 réacteurs nucléaires, une sons-estimation chronique du traitement et du stockage des déchets… n’en jetez plus ! L’addition de ces négligences et imprévus — certains tout récents — se chiffre en milliards. Et risque de rendre les comptes d’EDF radioactifs.

    La direction du groupe a nommé Hercule le plan de scission de ses activités en deux filières — l’une atomique, l’autre commerciale ! Tel le demi-dieu romain avec ses écuries d’Augias, l’Etat, actionnaire d’EDF à 83,7 %, va nettoyer le groupe en confinant ses dettes au sein d’une structure de « défaisance » baptisée EDF Bleu. Cette dernière, nationalisée à 100 % et lestée de toutes les centrales nucléaires, devrait virer rapidement au rouge. Telle est la conclusion d’un Fukushima financier amorcé il y a une dizaine d’années.

    Depuis 2015, l’Etat a bien injecté 3 milliards d’euros dans EDF sous forme d’augmentations de capital et a renoncé à 4,5 milliards d’euros de dividendes, mais ce colmatage n’a pas suffi. Et le détail des dépenses à venir donne le tournis.

    EPR sous pression

    L‘EPR de flamanville devait être la nouvelle vitrine du savoir-faire nucléaire français. Las ! de retards en surcoûts, la facture du chantier normand, évaluée à 3,3 milliards d’euros en 2007, a déjà été multipliée par cinq !

    Cet EPR, comme d'autres, a été vendu à pas cher afin d'appâter de nouveaux clients. Sauf que les malfaçons, dues à une volonté politique de stopper le nucléaire après Tchernobyl qui a ralentit les filières en amont, et à un laisser-aller de l'État (le frère de Bolloré, ex-propriétaire du Creusot, fonderie des cuves défectueuses, a empoché 200 fois sa mise quand Areva a racheté l'usine pour palier à son incurie) ont fait se désister les futurs clients, ce qui a contraint EDF à augmenter le prix des EPR déjà contractualisés.


    Officiellement, la douloureuse s’élève désormais à 10,9 milliards d’euros. Sauf que ce montant ne tient pas compte des intérêts dits « intercalaires » (à acquitter avant de débloquer le prêt). Comme l’indique la note 22 en appendice du document de référence d’EDF, le véritable chiffre est de 12,48 milliards fin 2018. Le bilan des trois exercices précédents montre que le coût de flamanville augmente chaque année de 1 milliard d’euros.

    Or, consécutivement à la découverte de huit nouvelles soudures défectueuses, la livraison de l’EPR vient d’être reportée à 2022. Trois ans de plus, cela signifie 3 milliards d’euros supplémentaires… et une addition d’au moins 15,5 milliards à prévoir.

    Générateurs mités

    Bon pour 2022, l’EPR ? Rien n’est moins sûr ! Le 18 septembre, EDF a déclaré que des défauts de soudure avaient été détectés dans 23 générateurs de vapeur, dont 16 dans des centrales en activité (Bugey, Paluel, Dampierre, etc.) et 4 dans la future centrale de flamanville !

    « Les écarts constatés ne remettent pas en question l’aptitude au service des matériels et ne nécessitent pas de traitement immédiat », rassure EDF. Qui avait manié la même langue de béton armé au sujet du couvercle de l’EPR de flamanville. Lequel devra finalement être remplacé avant 2024 ! L’Autorité de sûreté nucléaire tranchera. Selon les experts, un générateur de vapeur coûte 50 millions d’euros en moyenne. S’il fallait tous les remplacer, la dépense atteindrait plus de 1 milliard d’euros. Pas étonnant que l’électricien ait des vapeurs…

    Déchets minés

    Le 10 septembre, Greenpeace a publié une étude sur les « coûts cachés des déchets nucléaires ». Selon l’ONG, la distinction opérée par EDF entre « déchets » radioactifs et « matières nucléaires » (uranium enrichi ou issu du retraitement de combustibles usés, etc.) fausse les calculs. Ces « matières », en effet, sont considérées comme potentiellement valorisables. EDF, indique Greenpeace, profiterait de ce flou réglementaire pour sous-estimer de 15 milliards d’euros le coût de la gestion et de l’entreposage de l’uranium.

    « Nous n’avons pas attendu Greenpeace pour faire les provisions nécessaires », s’agace Olivier Giraud, directeur de la gestion des déchets d’EDF. Ce que conteste l’ONG. Circonstance aggravante, l’abandon du projet Astrid, réacteur destiné a « brûler » les matières radioactives issues de la production des 58 réacteurs français (ainsi que le plutonium extrait des combustibles usés), laisse en plan pas mal de résidus nucléaires. Il faudra bien les entreposer quelque part, et ce ne sera pas gratuit…

    Nuisances sous le tapis

    Le rapport de la Cour des comptes consacré au cycle du combustible nucléaire, publié en juillet, critique vertement les manœuvres d’EDF pour se débarrasser de la gestion d’anciens déchets… En échange d’un versement de 1,14 milliard d’euros, l’énergéticien a refilé, en 2004, ces rebuts au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), une structure publique qui n’intéresse pas les marchés… Ce n’était pas un cadeau ! En 2017, le CEA a constaté que la gestion de ces déchets lui avait coûté 2,22 milliards d’euros, soit 60 % de plus que prévu ! Mais cela n’apparaîtra pas dans les comptes d’EDF…

    Hum… 1,14 + 60 %, ça ne fait pas 2,22 milliards. 1,4 + 60 %, ça fait 2,24. Une différence d'environ 300 millions. Était-il prévu, dès le début et sans évoquer le surcoût, que le CEA soit déficitaire de 300 millions d'euros dans cette manip' ?.
    ÉDIT DU 26/10/2019 À 21 H 50 : pour répondre à la plainte de Johndescs, j'utilise la véritable formule de calcul. Hum… 1,14 + 60 %, ça ne fait pas 2,22 milliards. 2,2 / 1,6 = 1.39 (environ). 1.39 - 1,14 = 250. Il y a donc une différence de 250 millions d'euros. Était-il prévu, dès le début et sans évoquer le surcoût de 60 %, que le CEA soit déficitaire de 250 millions d'euros dans cette manip' ? FIN DE L'ÉDIT.


    Démantèlement qui ment tellement…

    Dans leur rapport d’information du 1er février 2017 , les députés Julien Aubert et Barbara Romagnan avaient montré qu’EDF ne provisionnait que 350 millions d’euros pour le démantèlement d’un réacteur, soit 20 milliards d’euros pour les 58 tranches. Les exploitants européens, eux, estiment plutôt le coût entre 900 millions et 1,3 milliard d’euros l’unité. Pourquoi cet écart ? L’électricien veut croire que de nouvelles centrales repousseront sur ces sites. Il n’envisage donc qu’une décontamination a minima. « On constate que le coût global du démantèlement du parc français pourrait être 2,4 fois supérieur à l’estimation fournie par EDF », écrivaient les rapporteurs. Ce qui augmente la dépense de 28 milliards.

    Du moment que ce sont les générations futures qui paient…

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 17:26:48 2019 - permalink -
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  • Armes pour le Yémen : on a trouvé un coupable !

    Benoît Muracciole, de l’association Action sécurité éthique républicaines, poursuit l'État en justice au sujet des armes françaises exportées aux pays du Golfe et qui sont utilisées, entre autres, au Yémen. Pour démontrer ses dires, il fournit une note de la DRM (service français de renseignement militaire). Il est convoqué à la DGSI (service de renseignement intérieur), comme les journalistes de Disclose et de Radio France qui ont rendu publique cette note. La note est retirée du dossier judiciaire par le président du tribunal, ce qui permettra, à mon avis, de classer la plainte pour absence de preuve… En tout cas, notre gouvernement a menti une fois de plus : il ne pouvait pas ignorer que nos armes sont utilisées au Yémen, et encore moins après la publication de la note, sauf à démontrer qu'il s'agit d'un faux, ce qu'il n'a pas fait.

    Le 2 octobre, la DGSI a convoqué, pour « atteintes au secret de la défense nationale », Benoît Muracciole, ancien d’Amnesty International spécialisé dans le contrôle des ventes d’armes et président de l’association Action sécurité éthique républicaines (Aser).

    Son crime : avoir persisté à citer, dans une procédure en appel contre les exportations d’armes françaises à destination des pays du Golfe, une note secret-défense de septembre 2018 émanant de la Direction du renseignement militaire. Laquelle établit noir sur blanc, malgré les dénégations indignées de Macron, Le Drian et Parly, que des armements français sont utilisés dans la guerre sanglante menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis au Yémen.

    C’est précisément la divulgation de cette note, détaillant l’usage de canons Caesar, de chars Leclerc ou de Mirage 2000-9 au Yémen, qui avait valu à trois journalistes de Disclose et de Radio France d’être convoqués par la DGSI les 14 et 15 mai. Dans la foulée, le président du tribunal administratif de Paris a retiré d’autorité, le 27 mai, sur demande expresse de la secrétaire générale de la défense et de la sécurité nationale, cette note de la procédure. Circulez, y a rien à juger !

    La France portée ONU

    Depuis, un comité d’experts de l’ONU a souligné, le 3 septembre, la « responsabilité » de la France et des autres Etats pourvoyeurs d’armes dans la « multitude de crimes de guerre » commis au Yémen. Paris ayant ratifié en 2014 le traité sur le commerce des armes, qui interdit leur vente si elles risquent d’être utilisées pour commettre des crimes de guerre, « la légalité des transferts d’armes par la France (…) reste discutable et fait l’objet de procédures internes », écrivent les experts onusiens. Et de prier instamment le gouvernement français et les autres vendeurs complices de « s’abstenir de fournir des armes susceptibles d’être utilisées dans le conflit ».

    Or les chantiers navals de Cherbourg viennent de livrer un nouvel intercepteur à la marine de guerre saoudienne, alors qu’un reportage d’Arte, diffusé le 17 septembre, a montré qu’une frégate saoudienne et une corvette émiratie de conception française avaient été mobilisées dans le blocus maritime du pays.

    Mais ça ne mange pas de pain, et les Yéménites non plus.

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 16:52:56 2019 - permalink -
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  • Le show humaniste des Saoudiens à Paris

    La Ligue Islamique Mondiale, visage religieux du régime saoudien, organisait, à Paris (comme ailleurs), une conférence pour « la paix, la fraternité entre les peuples et la promotion d’un islam tolérant et humaniste » parainée par la Fondation de l'Islam de France fondée par Cazeneuve pour lutter contre le salafisme. La LIM, wahhabiste / salafiste (retour aux pratiques religieuses originelles), dont le patron a fait condamner le blogeur Raif Badawi, avait porté plainte contre Charlie. C'est mignon (positionnement et indignation variables de la France, tout ça).

    Un après le dépeçage du journaliste Jamal Khashoggi, et alors que les bombardements au Yémen se poursuivent, l’Arabie saoudite est en pleine tournée mondiale… de réhabilitation. Elle régale à tout-va. Des représentants de la Ligue islamique mondiale (LIM), bras religieux du régime, se sont rendus au Vatican, au Sri Lanka et en Russie. L’an prochain, ils visiteront Auschwitz.

    Le 17 septembre, leur « croisade pour la paix, la fraternité entre les peuples et la promotion d’un islam tolérant et humaniste » a fait escale à Paris. Sous les dorures du palais Brongniart se tenait une très ronflante « conférence internationale ». Son « excellence » Mohammed al-Issa, secrétaire général de la LIM, recevait Haïm Korsia, le grand rabbin de France, Mgr Defois, évêque émérite de Lille, et François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France — tous spécialement dépêchés pour une grande cause : la signature d’un « mémorandum d’entente et d’amitié » entre toutes ces religions. Le dialogue interreligieux à l’initiative d’un salafisme qui prétend aujourd’hui condamner le terrorisme et tout acte de violence perpétré au nom de Dieu ? On rêve, sûrement…

    Idéo-jolie

    La présence d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe avait même été annoncée pour couronner le placement en Bourse des Saoudiens, mais ces sommités, de même que le bouddhiste Matthieu Ricard et quelques universitaires, ont brillé par leur absence. Jack Lang, lui, était là.

    Il faut dire que la puissance invitante a quelques « malentendus » à lever. Fondée en 1962 par le prince Fayçal, la LIM — organisation phare de financement du wahhabisme et de sa vision si tolérante de l’islam — avait porté plainte en 2006 contre « Charlie Hebdo » à la suite de la publication de caricatures de Mahomet. Son patron, Al-Issa, ancien ministre de la Justice de la monarchie saoudienne, a, quant à lui, fait condamner en 2014 le blogueur Raif Badawi à 1 000 coups de fouet et à 10 ans de prison. L’homme est toujours incarcéré.

    Avancer mosquée

    Al-Issa est donc aujourd’hui le meilleur ami de la liberté de penser, et il est parrainé par la Fondation de l’islam de France (FIF), organisation laïque créée en 2016 par Bernard Cazeneuve avec l’idée de… « contrecarrer l’idéologie salafiste qui nourrit la violence des extrémistes djihadistes » ! « Pas étonnant que cela ait suscité une gêne au sein de la fondation », déplore l’imam d’une grande mosquée française. « Ça s’est fait dans notre dos !» s’insurge un membre des instances. Patron de la Fondation, l’islamologue Ghaleb Bencheikh se défend de jouer les « porte-parole » de la LIM. Juste son témoin de moralité, avec l’assentiment de l’Elysée ?

    La Fondation n’a pas sorti un sou — elle dit d’ailleurs ne pas connaître le montant du show parisien —, les Saoudiens ont tout réglé : la location du palais Brongniart, le cocktail et le dîner au pavillon Gabriel, non loin des Champs-Elysées, où se pressaient une centaine de personnalités, dont quelques députés LRM. « La France est engagée auprès de l’Arabie saoudite. On ne peut pas profiter du pétrole saoudien quand ça arrange et ne pas les recevoir quand ils veulent organiser un événement », assume un participant. Surtout quand « ils » arrosent.

    Deux jours plus tard, Al-Issa se trouvait a Lyon pour inaugurer, avec Christophe Castaner et Gérard Collomb, respectivement actuel et ex-ministre des Cultes, le nouvel Institut français de civilisation musulmane, jouxtant la mosquée de la capitale des Gaules. La LIM le finance à hauteur de 1,5 million d’euros. « Sans condition », selon son président, Kamel Kabtane.

    Il ne manquerait plus que les Saoudiens réclament une ristourne sur leurs achats d’armes françaises…

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 16:38:40 2019 - permalink -
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  • Des impôts locaux révisés au pifomètre

    Le fisc réévalue à distance les éléments de confort (WC, SdB, chauffage fixe, etc.) de 130 000 logements à partir de données fournies par les mairies et la détection de différences entre les déclarations portant sur des logements d'un même immeubles. Ce qui me choque, c'est l'aspect suspicion généralisée : le contribuable a forcément blousé le fisc, donc on va rectifier le tir sans vérifier sur place et sans en informer le contribuable. Alors, oui, cette manière de faire, sur si peu de logements, est sûrement plus économique que de payer des inspecteurs qui se déplaceraient, mais je n'aime pas ce monde de la suspicion.

    Le calcul des impôts locaux était très compliqué ? Il peut même devenir inextricable ! Les avis de taxe foncière (TF) et de taxe d’habitation (TH), qui arrivent ces jours-ci chez les contribuables, montrent que le fisc calcule parfois au doigt mouillé. Mais, rassurons-nous, toujours à la hausse !

    Dans l’Isère, plusieurs milliers de contribuables viennent de découvrir une lettre de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) les avisant que, à la suite de la « mise à jour des bases des impôts locaux », l’augmentation de leur écot allait excéder celle, générale, de 2,2 %. Pourquoi ? Pas de réponse.

    « Nous avons reçu plus de 400 lettres de contribuables du département informés de cette augmentation, indique Pierre Hautus, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers. Pourtant, aucun n’avait déclaré la moindre amélioration de son logement pouvant justifier cette rallonge. » Et l’administration ne leur avait adressé nulle « vérification sélective des logements », base obligatoire de tout changement de la valeur d’un local — et donc des TH et TF que doit acquitter son propriétaire.

    Sévices fiscaux

    A l’origine de ces mystères, une opération répondant au joli nom d’« optimisation » de la fiscalité locale. Sollicitée par des élus locaux, la DGFiP a signé des partenariats avec quelque 130 collectivités pour mettre leurs données en commun. Une façon politiquement indolore d’augmenter le produit des impôts locaux : un maire en fin de mandat pourra toujours expliquer à ses administrés que, si leur ponction a augmenté, ce n’est pas à cause d’une hausse des taux décidée par son conseil municipal, mais de l’augmentation des valeurs locatives mise en œuvre par l’Etat.

    Un logiciel de Bercy — VisuDGFiP — permet de mouliner les données physiques et fiscales des logements afin d’« identifier [ceux apparemment] dénués de certains éléments de confort » et de les taxer d’office en supposant que leurs proprios n’ont pas déclaré ces éléments. Tordu… « L’administration ne se déplace pas, reconnaît un expert de Bercy. Quand un logement a, par exemple, une salle de bains, on en ajoute une à tous les appartements de l’immeuble. » Avec un risque d’erreur manifeste, comme dans cet immeuble du Xe arrondissement de Paris dont seul le bâtiment principal, sur rue, avait été rénové : le bâtiment sur cour s’est trouvé gratifié des mêmes améliorations alors qu’il était resté dans son jus.

    Pourquoi n’avoir pas indiqué aux contribuables isérois les critères précis justifiant leur augmentation de taxe ? « Les courriers qui leur sont envoyés, précise cet expert, sont des lettres types qui ne sont pas personnalisées. » C’est justement le problème !

    Au moins les contribuables isérois auront-ils la « chance » d’avoir été avertis — même imparfaitement — de la rallonge qui leur tombe dessus. Ce n’est pas le cas des quelque 22 000 contribuables des arrondissements du centre et de l’ouest de Paris. La DGFiP ayant décidé que les appartements d’un standing moyen étaient obligatoirement dotés d’un chauffage fixe, leur valeur fiscale a été augmentée d’autant en 2019.

    WC clandestins

    Rebelote pour l’année prochaine : cet été, certains logements ont été déclarés a priori dotés d’une salle d’eau et de WC intérieurs. Sans aucune question aux propriétaires ni vérification sur place, ils ont ainsi été « optimisés ». Tout comme les taxes qu’il s’agira d’acquitter en 2020 (et, cette fois, sans que le moindre courrier soit envoyé aux intéressés pour leur annoncer cette hausse).

    Fin 2018, des agents du fisc ont fait part à leur hiérarchie, par écrit, de leurs « doutes et interrogations sur la légalité (…) d’une réévaluation systématique des éléments de confort des locaux sans en vérifier au préalable la réalité ».

    A Bercy, on n’en fait pas un drame : « Ces opérations sont marginales. Sur 48 millions de feuilles d’impôts locaux, seuls 130 000 logements sont concernés chaque année. »

    Savoir qu’ils sont très minoritaires va sûrement consoler les intéressés.

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 16:19:37 2019 - permalink -
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  • La CMU dans le viseur

    La CMU-C, la mutuelle pour les pauvres (et pas que pour les étrangers) est dans le viseur de la majorité quand bien même celle-ci est incapable de démontrer qu’il y a des abus et quelle proportion cela représente !

    Je note également les discours contradictoires des uns et des autres : d'un côté, les étrangers voudraient nous grand-remplacer, et d'un autre côté, ils voudraient juste se soigner puis repartir. Gné ? D'un côté, ils voleraient nos emplois, et, d'un autre côté, ils pilleraient notre assurance-chômage. Gnéééé ? C'est pas fini de nous prendre pour des abrutis ?!

    Notons que, contrairement aux imbécilités qu'on trouve parfois sur le web, l'Aide Médicale d'État (AME) ne couvre pas la PMA ni les cures thermales. L'optique et le dentaire sont pris en charge au tarif Sécu, soit peanuts !

    La CMU-C, dont bénéficient immédiatement tous les étrangers (à la différence de l’AME, pour laquelle il faut attendre trois mois), est la première cible de Macron, qui veut la rendre moins attrayante.

    Explication du rapporteur LRM du budget de la Sécu, Olivier Véran :

    « C’est le cas des pays d’Europe de l’Est qui pose question. La France serait recherchée pour son excellent accès aux soins par des personnes qui détournent le droit d’asile pour avoir l’opportunité de soins gratuits avant de repartir. »

    Mais le député reconnaît dans la foulée qu’il ne dispose d’« aucune donnée permettant de savoir si c’est une situation fréquente ou anecdotique ».

    Après tout, ce serait pas mal, comme dit Philippe, d’y voir clair avant de prendre des décisions !

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 16:05:14 2019 - permalink -
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  • Un décret taillé sur mesure pour les ex

    Les futurs anciens premiers sinistres n'auront plus un secrétariat à vie payé par l'État, ça sera 10 ans max. Ils conservent voiture et chauffeur à vie. Les anciens premiers ministres ne sont pas concernés. Pour les coûts des anciens présidents, des anciens premiers ministres et des anciens ministres de l'Intérieur, c'est par là.

    Paru le 22 septembre au « Journal officiel », le décret qui réduit (à la marge) les avantages accordés aux anciens Premiers ministres ne va d’abord en concerner… aucun ! Il ne commencera à s’appliquer qu’en 2029.

    Si l’article 2 du décret leur permet de garder voiture et chauffeur à perpétuité, l’article 1 sonne l’heure d’une certaine austérité. Il prévoit que les ex-locataires de Matignon n’auront plus droit toute leur vie durant à un agent payé par l’Etat pour assurer leur secrétariat particulier : ils ne le conserveront que pendant dix ans après leur cessation de fonctions. Et cette aide cessera dès que les bénéficiaires atteindront l’âge de 67 ans.

    Mais l’article 4 rouvre le robinet. Il précise que « les anciens Premiers ministres dont les fonctions ont cessé avant la publication du présent décret » échappent à cette règle. Quels que soient leur âge et l’ancienneté de leur séjour à Matignon, ils continueront donc d’avoir droit à un se- crétariat particulier durant les dix prochaines années.

    Onze ex sont concernés. Comme le nonagénaire Edouard Balladur (qui a quitté son poste en 1995) ou les octogénaires Edith Cresson (en 1992) et Lionel Jospin (en 2002). Mais aussi des petits jeunots tels Laurent Fabius (parti de Matignon en… 1986), Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, François Fillon, Jean-Marc Ayrault ou Bernard Cazeneuve. Même Manuel Valls, qui a pourtant décidé de refaire sa vie politique en Espagne, aura droit, comme les autres, à son secrétariat jusqu’en 2029. Olé !

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 15:44:26 2019 - permalink -
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  • Ô Toulouse, déesse du Rhin !

    Le conseil des ministres franco-allemand s'est tenu à Toulouse afin de draguer le maire LR en vue des municipales. De vrais gamins… "Je t'ai amené Angela, alors tu rejoins mon mouvement pour les municipales, hein"… Affligeant…

    Ce sera la surprise du chef. A trois semaines du Conseil des ministres franco-allemand, le 16 octobre, personne encore ne sait où il se tiendra ! Emmanuel Macron avait pourtant choisi Strasbourg pour soutenir le statut, de plus en plus contesté, de la « capitale parlementaire de l’Europe ». Une belle occasion de moucher au passage l’héritière désignée d’Angela Merkel, l’impudente Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a osé réclamer un regroupement à Bruxelles des institutions européennes.

    Le chef de l’Etat français a aujourd’hui d’autres priorités stratégiques, et il louche sur Toulouse, idéal à ses yeux pour positionner le rendez-vous binational. Evidemment, ce serait un peu loin du Rhin, mais si près du cœur du maire LR de la ville, Jean-Luc Moudenc, que LRM espère bien récupérer aux municipales…

    « Pour la com’, il n’y aurait plus qu’à emballer ce joli cadeau dans l’éroffe étoilée d’Airbus, préconise déjà un dirigeant d’En marche !. Le berceau du partenariat industriel franco-allemand, c’est un symbole kolossal, non ? »

    Et puis, à Toulouse, il y a aussi de la saucisse…

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 15:27:26 2019 - permalink -
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  • Rapport de force pour la réforme des retraites

    Le rapport de force pour la réforme des retraites semble se dessiner. Macron est sûr de lui : les gilets jaunes sont du passé, donc, si le gouvernement communique sur "réforme des retraites = fin des privilèges", la réforme passera tranquille, l'opinion se retournera contre les grévistes. Mais, en même temps, il semble avoir peur des blacks blocs et d'une convergence des luttes (urgences, pompiers, etc.). Donc, la stratégie à adopter me semble limpide : faire converger les luttes sectorielles, soutenir les grévistes plutôt que de penser à sa gueule à court terme, et soutenir une montée de la violence émancipatrice (la non-violence peut être un mirage).

    La réforme des retraites, c'est :

    • une perte de revenus pour les retraitées reconnue par le gouvernement ;

    • décaler l'âge de départ à la retraite à 69 ans ;

    • vider le bas de laine des complémentaires vieillesse du privé et des commerçants/artisans, c'est-à-dire dérober les cotisations versées jusqu'alors ;

    • entretenir le mythe de régimes déficitaires alors qu'ils sont excédentaires, voir point précédent. C'est tout aussi faux que de dire que l'assurance-chômage et la sécurité sociale sont déficitaires à cause des chômeurs et des malades.

    La rentrée dans le lard de Macron

    Après le 45e samedi de mobilisation des gilets jaunes, au sujet duquel l’exécutif avait assuré redouter le pire — surtout en pleines Journées du patrimoine -, Emmanuel Macron n’a pas caché son soulagement. Les « gilets » ont peu mebiiisé, et les incidents provoqués par les Black Blocs ont été circonscrits, même s’ils ont contrarié la Marche pour le climat.

    Devant ses collaborateurs, le 21 septembre, le chef de l’Etat a fait le point.

    « La rentrée n’est pas chaude, a-t-il affirmé, mais délicate. Indiscutablement, il y a une multiplication d’exigences catégorielles. Après les gilets jaunes, beaucoup ont le sentiment qu’on n’est pas à 1 milliard près. Ça, c’est le point noir. Le point positif, c’est l’échec de la relance du mouvement des gilets jaunes. »

    Et de préciser, d’un ton tranchant :

    « Les problèmes structurels demeurent et doivent être traités, mais chacun de nous voit bien que ces manifs ne servent à rien ni à personne, sauf aux casseurs. »

    Là-dessus, Macron a repris sa tirade favorite :

    « Rien ne serait pire pour nous que de nous mettre aux abris et d’arrêter les réformes. » Avant d’aborder le sujet le plus brûlant du moment, la remise en question des régimes spéciaux : « Les Français comprennent parfaitement qu’ils n’ont pas à payer par les impôts un système archaïque de maintien des privilèges. C’est pourquoi la CGT peut bloquer les transports pendant un an si elle le veut, ça n’empêchera pas la réforme des retraites. »

    Transmis aux usagers !


    Ministres démineurs

    Si Macron paie d’emblée de sa personne pour cette réforme des retraites, c’est parce qu’il craint (lire plus haut) les débordements lors des mouvements sociaux. Et qu’il prône à tout-va pédagogie et concertation.

    Ainsi a-t-il demandé à ses ministres, lors du Conseil du 18 septembre. d’être « attentifs », d’« anticiper les mouvements catégoriels » et de « poser rapidement les cadres de la discussion ».

    « Il faut, a-t-il ajouté, expliquer les principes de la réforme, ses invariants et les points sur lesquels on entame des discussions. »

    Moyennant quoi il a demandé après les premières manifs à Nicole Belloubet de rencontrer les avocats, à Blanquer de voir les profs et autres personnels de l’Education, et à Buzyn de se réunir avec les professionnels de la santé.

    Et, attention, il va surveiller ces rendez-vous sur son application spéciale…

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 15:19:30 2019 - permalink -
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  • Les sous-marins de Karachi ont encore de belles réserves

    L'affaire Karachi arrive devant la Cour de Justice de la République. Le ministère public n'est pas convaincu que les retrocommissions du contrat d'armement auraient alimenté le compte de campagne de Balladur. Pour l'instant, les prévenus nient en bloc. L'intermédiaire Takieddine, que l'on retrouve dans le supposé financement de la campagne de Sarkozy par Kadhafi et dans la fourniture de matos de surveillance des communications de tout un pays au même Kadhafi, revient sur ses aveux.

    Il y a vingt-cinq ans, la France vendait trois sous-marins « Agosta » au Pakistan. Il faudra attendre quatorze ans pour que la justice ouvre une information judiciaire, soupçonnant — comme la presse l’écrit déjà depuis des années — que ce contrat avait donné lieu à de juteuses rétrocommissions.

    Il faudra encore cinq ans de plus pour qu’Edouard Balladur, alors Premier ministre, 90 ans aujourd’hui, et son ministre de la Défense, François Léotard, 77 ans, soient renvoyés devant la Cour de justice de la République (CJR), soupçonnés d’abus de biens sociaux. Et la CJR a encore mis deux ans pour que sa commission de l’instruction décide enfin de se pencher sur le dossier. Aujourd’hui, c’est le procureur général de Paris, François Molins, qui fournit un nouvel épisode à ce feuilleton qui dure depuis une génération

    Molins, comme l’a révélé « L’Express », a en effet adressé, le 12 juillet, son réquisitoire à la CJR. Lequel, s’il charge lourdement Léotard, décharge Ballamou sur un point central. Selon l’accusation, les 10 millions de francs qui ont miraculeusement abondé son compte de campagne provenaient de rétrocommissions versées à la suite de la vente des sous-marins. Le procureur général balaie cette accusation, qui repose « sur une construction intellectuelle et non sur des preuves matérielles ». Mais Balla n’est pas tiré d’affaire pour autant : son explication, selon laquelle les sous « proviendraient de la vente de gadgets et de dons (lors de ses meetings) ne saurait emporter la conviction ». Et Molins de conclure : « Les remises d’espèces ont une origine frauduleuse, mais il reste à déterminer laquelle. »

    Ça risque d’être difficile : aurait-il abusé de la faiblesse d’une Liliane Bettencourt ? Aurait-il eu un compte secret en Suisse et à Singapour ? Voilà qui promet à la CJR encore quelques belles décennies de travail devant elle.

    L’essentiel est que les accusés aient — on le leur souhaite — la longévité de Jeanne Calment. Et que ladite Cour — dont la mort est régulièrement programmée depuis 2012 — tienne jusque-là !

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 14:54:47 2019 - permalink -
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  • La quête d’air pur encore plombée

    L'humanité est toujours à la recherche de l'énergie miraculeuse, celle qui lui permettra de préserver le mode de vie occidental alors qu'il est au-dessus des capacités de la planète. Aujourd'hui : le GNL. Autant de particules et 5 fois plus de NO² que les diesels. Y'a vraiment des gens qui espéraient que cramer du méthane allait produire un résultat positif (autre que financier) ?! L'humanité poursuit sa quête. C'pas possible d'être une espèce animale aussi idiote…

    C'était l’énergie propre du futur et la grande revanche des pétroliers : le recours au gaz naturel liquéfié (GNL) devait rendre plus écolos les moteurs de tous les camions européens. Las ! une étude de l’ONG européenne Transport et Environnement vient de torpiller ce doux rêve (« Le Monde », 20/9).

    Les poids lourds qui carburent au GNL étaient censés émettre 95 % de particules en moins que les diesels. A l’arrivée, ils en émettent autant ! Ils étaient également présumés produire un tiers de moins des très toxiques oxydes d’azote. En fait, c’est cinq fois plus.

    Autre tuile pour la lutte antipollution : sur les quais du métro parisien, l’air est encore plus irrespirable qu’on ne le pensait. Une autre enquête, menée cette fois par le CNRS et l’association Respire, montre que l’atmosphère y est saturée de particules fines. A certains endroits, comme le quai du RER A à la station Gare-de-Lyon, les enquêteurs en ont dénombré jusqu’à 800 millions par mètre cube. Une vraie soupe !

    La faute en revient d’abord au freinage des rames, qui soulève des nuages de poussière de métal ou d’autres composants nauséabonds. Un casse-tête de plus à résoudre pour les experts de la RATP. Ils peuvent toujours tenter de faire rouler le métro au GNL.

    Dans le Canard enchaîné du 25 septembre 2019.

    Wed Oct 23 14:34:54 2019 - permalink -
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