Attention, conclusion hâtives et mauvaise source/méconnaissance du droit monétaire... Je cite :
Difficile aujourd’hui d’évoquer une sortie de l’euro sans être catalogue extrémiste démagogue ou crétin irresponsable. Même en italie, la coalition populiste violemment anti-euro pendant la campagne s’est empressée d’écarter cette perspective dantesque sitôt arrivée au pouvoir. Un retour à la lire, forcément dévaluée, aurait fait exploser une dette publique libellée en euros qui culmine déjà à plus de 130 % du PIB
Et bien en fait non pas du tout ! Pourquoi quitter l'euro ne fera-t-il pas grimper la dette italienne à cause d'une lire trop faible ? À cause de la Lex Monetae. En droit international, une créance est toujours établie en nombre d'unités monétaires du pays où le contrat de créance s'exécute. Et s'il y a changement de devises, le taux de change appliqué est toujours de 1 pour 1.
D'ailleurs, lorsque nous sommes passés du Franc à l'Euro personne n'a souffert du changement de devise ? Les créanciers n'ont pas hurler, mais comment était-ce possible ??? Avec la hausse de l'Euro par rapport au Franc, ces créancier auraient du perdre de l'argent, puisque le Franc s'est déprécié aussitôt que l'état a décrété qu'il allait disparaître !!?
Indice, les créances ont été converties en Euros et ne sont pas restées libellées en Francs et C'ÉTAIT À CAUSE DE LA LEX MONETAE !
C'est dur à force de devoir encore et toujours démonter des inepties autour des Brexit like.
Eh bien, en fait, on ne sait pas vraiment.
Il semble que l'écrasante majorité (94 %) de la dette publique italienne a été contractée sous le droit italien (même chose pour la France - 97 %). Donc, en vertu du principe lex monetae, l'Italie devrait pouvoir imposer le remboursement de cette majorité de sa dette dans la monnaie de son choix, avec un ratio 1:1 (2 322 milliards d'euros deviennent 2 322 milliards de lires), comme tu l'expliques. Il lui restera à payer le reste de sa dette en euros, en changeant sa monnaie nationale, ce qui implique l'application d'un taux de change et l'application des effets de la dévaluation de la monnaie nationale, soit quelques dizaines de milliards. Ce n'est qu'un mauvais passage afin de réparer une erreur passée, je peux en convenir.
Sauf que…
Ce principe juridique (lex monetae) n'a jamais été mis à l'épreuve devant un tribunal italien (ou français) ou européen. C'est ballot. Les partisans de cette approche sont si sûrs d'eux, que, quand on leur expose cela, ils pensent déjà au bras de fer "on dira aux créanciers que c'est soit un remboursement dans notre monnaie nationale, soit on ne paiera pas la dette". Quitte à partir vers un bras de fer, autant ne pas argumenter avec la lex monetae… Et si le principe de lex monetae était validé judiciairement mais que le pays se retrouvait à devoir payer des indemnités de réparation du préjudice subi ? On aura bien appliqué la lex monetae, mais il y aura exigence d'une compensation… Même résultat.
Si le pays sort de la zone euro, mais pas de l'UE, quelle lex monetae s'applique ? Les créanciers pourront-ils poursuivre la France devant la CJUE ? Incertitudes.
Exposer que l'on a déjà appliqué la lex monetae lors du passage à l'euro ne me convainc pas : cela a eu lieu dans un contexte légal (des règlements européens ont été édictés et votés pour ce faire), et les créanciers n'étaient pas perdants puisque l'euro était plus fort que le franc, donc ils avaient aucune raison de râler… Quand ils se sentent lésés en pareille matière, ils n'hésitent pas à attaquer, souvenons-nous des fonds d'investissement états-uniens qui ont contesté jusqu'au bout la restructuration de la dette publique de l'Argentine (certes, ils ont dû consentir à une ristourne… ridiculement faible). De plus, les humains sont très forts pour changer l'interprétation d'un texte au fil du temps selon leur bon vouloir (le Conseil constitutionnel et le Conseil d'État français se sont illustrés à plusieurs reprise en cette matière)…
On pourrait aussi s'interroger sur la pertinence de ce débat d'applicabilité de la lex monetae dans le contexte de la sortie d'un pays pilier de la zone euro (comme la France, l'Allemagne, etc.)… Disparition de l'euro ? Incertitude ? Déstabilisation durable des marchés financiers. Augmentation du service de la dette dès l'annonce de la sortie du pays et avant la conversion en monnaie locale donc jeu perdu (ce ne fût pas le cas lors du passage à l'euro, comme tu le mentionnes, car le ciel était radieux et les financiers le savaient). Etc.
Alors, oui, on a le droit d'espérer que les créanciers ne chercheront pas la petite bête et/ou qu'un jugement sera favorable au pays en partance de la zone euro. Oui, d'une manière générale, il vaut mieux essayer que de se laisser faire sans rien dire. Mais, il faut toujours espérer le meilleur et préparer le pire, donc je préfère tenir compte a minima de la lex monetae et ne pas afficher de certitudes convenues.