Afin de baisser artificiellement son taux d'endettement, Paris confie plusieurs milliers d'appartements à des bailleurs sociaux en exigeant qu'ils lui règlent d'avance l'intégralité de l'ardoise. Ainsi, les bailleurs sociaux s'endettent, ils seront plus exigeants dans le choix des locataires (car un nombre significatif de retards de loyer les rend vulnérables face à leur banque) et la mairie se prive de leviers d'action en matière de logement social (comment sanctionner quelqu'un qui t'a rendu service ?). Une opération géniale…
Pour une fois, Anne Hidalgo et ses opposants sont d’accord sur un constat : la dette de la Ville de Paris a augmenté d’au moins 50 % depuis les dernières élections municipales. Elle est ainsi passée de près de 4 milliards à environ 6 milliards d’euros entre mars 2014 et fin 2018. Après cette grosse flambée, l’ardoise représente 2 835 euros par Parisien et devrait encore grimper cette année.
Mais ce chiffre ne représente pas la totalité de la dette, car la Mairie a utilisé une savante astuce pour mettre sous le tapis environ 1 milliard supplémentaire. Hidalgo et ses adjoints ont utilisé la filière HLM. En 2015, plusieurs milliers d’appartements propriétés de la Ville ont été reclassés comme logements sociaux et confiés en location de très longue durée (de 55 à 65 ans) à des bailleurs municipaux.
Les organismes HLM ont ensuite été priés de régler d’avance l’intégralité des loyers ! Leur trésorerie étant insuffisante pour assurer le paiement de ce milliard (étalé sur cinq ans), ils ont dû tous souscrire des emprunts.
Ce petit jeu de bonneteau, autorisé par Bercy à l’époque de Hollande, a permis à l’équipe Hidalgo de faire baisser artificiellement le taux d’endettement municipal et de ne pas fâcher les agences de notation, qui font la pluie et le beau temps sur les marchés financiers. Mais de là à passer entre les gouttes…
Dans le Canard enchaîné du 11 septembre 2019.