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——————————— Sunday 17, November 2019 ———————————

Jamais mieux Servier que par soi-même

Au procès du Mediator, les experts défendant l'inocuité du coupe-faim sont rémunérés par Servier. Plusieurs d'entre eux ne savent pas ce qu'est la norfenfluramine, le principe actif du médoc' qu'ils défendent. Guignols.

Enfin un peu de justice ! Après cinq semaines d’audiences accablantes pour Servier au procès du Mediator, des témoins en faveur du laboratoire ont défilé à la barre, la semaine dernière. Petite particularité ces témoins parfaitement objectifs étaient tous payés… par Servier ! Le laboratoire n’a pas trouvé de témoins gratuits ?

Comme l’a raconté « Le Monde » (2/11), Charles Joseph-Oudin, l’un des avocats des victimes, s’est amusé à poser la même question à chacun de ces 11 experts au CV ronflant, venus pour la plupart… des Etats-Unis : « Combien avez-vous été rémunéré par Servier pour votre travail ? » L’une, spécialiste de l’obésité, affrétée de Bâton-Rouge, a empoché « 600 euros l’heure ». Une autre, spécialiste du diabète à New York, a eu droit à « 500 euros l’heure », soit 25 000 dollars au total pour « un rapport, la préparation et le témoignage ». Quant à Jean-Pol Tassin, ancien directeur de recherche de l’Inserm, il a touché « 300 000 euros » environ de Servier depuis 2011. Le talent n’a pas de prix !

A la barre, tous ces experts de choc ont expliqué que le Mediator n’était même pas un anorexigène (un coupe-faim) et que Servier n’avait donc pas fauté en le laissant sur le marché quand les autres coupe- faim avaient été interdits, en 1997. Une thèse totalement démontée par les 700 pages de l’expertise judiciaire menée par des scientifiques indépendants. Mais nos pontes chouchous de Servier, eux, s’y connaissent beaucoup mieux.

Quand la présidente du tribunal a projeté la photo d’une valve cardiaque abîmée par le Mediator, l’un d’eux a été incapable de reconnaître ce qu’il voyait… « Et plusieurs ne savaient même pas ce qu’était la norfenfluramine (le principe actif dangereux du Mediator) ! daube Me Oudin. C’était un peu ridicule mais très révélateur de ce que Servier a fait pendant des années, en payant des experts et des leaders d’opinion. »

Vivement la suite du procès !

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Macron, nouveau parrain d‘un quotidien régional

À Rouen, le candidat LREM aux municipales, Jean-Louis Louvel, utilise le journal Paris Normandie dont il est le patron, le club de rugby local dont il a pris le contrôle et sa société commerciale afin de verdir sa façade et tacler les candidats concurrents. C'est du propre… Ça se range avec les rachats de Nice-matin et d'Azur-TV pour, semble-t-il, des motifs électoralistes.

Un patron de presse peut-il s’engager en politique sans nuire à l’image de sa publication ? Non, a répondu Frédérick Cassegrain, le directeur de « Paris Normandie » — le quotidien régional hégémonique à Rouen. Mauvaise pioche : la semaine dernière, le propriétaire du journal l’a viré sans ménagement. Jean-Louis Louvel, qui a pris le contrôle de « Paris Normandie » en 2017, s’est en effet senti pousser des crocs au début de l’été. Objectif : chiper la mairie de Rouen au maire socialiste sortant. Fin août, Louvel a obtenu l’investiture de LRM.

Galeries la Palette

Cette allégeance au parti macroniste ne l’a pas empêché de se dépeindre, le 29 août, comme le grand défenseur de l’indépendance de la rédaction. « Mes journalistes (sic) ne peuvent pas être plus libres qu’ils le sont maintenant », affirmait-il à un site local, avec ce sens de la propriété fleurant bon la Normandie de Maupassant.

Il évoquait aussi « ses » salariés d’une boîte de fabrication du palettes et, surtout. « ses » joueurs du club de rugby de Rouen, dont il a également pris le contrôle. Utiliser ce club pour ferrailler, via les colonnes de « Paris Normandie », avec les maires de gauche de l’agglomération rouennaise ? Pas de ça chez lui ! Ce même 29 août, il assurait qu’il plaquerait bientôt ses fonctions ovalistes, histoire de ne pas tomber dans un vulgaire conflit d’intérêts.

Cadrage-dêbordement deux mois plus tard : le patron de « Paris Normandie », Jean-Louis-Louvel, offre une pleine page à Louvel Jean-Louis, le rugbyman. Lequel tape sur le maire communiste d’une cité de la communauté d’agglomération Rouen-Métropole, dont il convoite aussi la présidence. L’insolent avait refusé d’engager sa commune de 2 500 habitants dans la construction d’un stade de rugby neuf, de 10 000 places assises et couvertes. Entre patron de presse, président de club et candidat macromiste, il faut bien s’entraider…

Et, surtout, ne pas oublier le riche fabricant de palettes ! Celui-ci lancera ces prochains jours une opération consistant à planter des arbres. Ce projet écolo, qui valorisera le candidat à la mairie, sera porté par le journal. Les chanceux lecteurs de « Paris Normandie » vont pouvoir, avant les élections, admirer régulièrement la binette de Louvel dans leur quotidien favori. Les journalistes chargés de couvrir les municipales vont se régaler.

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Piscine à ”débordements" pour la députée LRM

Comment prolonger facilement sa parcelle de terrain avec un terrain public réservé ? Demander un permis de construire pour une piscine qui dépasse sur la parcelle désirée, ne pas s'assurer de la non-opposition, puis demander une régularisation au Conseil municipal dont on est membre en plus d'être députée.

Le conseil municipal de Nîmes va, le 16 novembre, se prononcer sur une épineuse question : la vente à Françoise Dumas, membre du conseil en question et députée LRM du Gard, d’une parcelle de 323 m² appartenant à la ville. Le but ? Régulariser une situation devenue fort gênante pour l’élue, patronne de la commission de la Défense à l’Assemblée…

Le maire a retiré ce point de l'ordre du jour.


L’emprise de sa piscine, construite à côté de son domicile nîmois, déborde en effet, sans autorisation, sur un terrain municipal.

En mars 2012, Dumas, alors conseillère régionale (PS), depose une demande préalable pour la « construction d’une piscine traditionnelle enterrée de 12 x 3 mètres » avec local de 3 m² et « plage » de béton de 50 m².

Malgré le refus de la ville, la députée lance ses travaux quelques mois plus tard… au-delà, donc, de sa propriété. Aujourd’hui, elle tombe des nues : « Vous m’apprenez l’existence de ce refus, je n’ai reçu aucun courrier. Dans le contexte de la campagne législative qui me mobilisait alors, les travaux ont été engagés sur la base de la déclaration demandée. » Et de reconnaître, après coup, « un manque de diligence », tout en pointant une négligence de la ville, qui, à l’en croire, n’aurait pas effectué de « bornage délimitant les deux propriétés ». La ville passe les bornes…

À sa décharge, le droit à un permis de construire tacite (sans réponse de l'administration pendant 2 mois) est troué par plein d'exceptions. Mais nulle n'est censée ignorer la loi. Au Canard, elle dit découvrir l'existence de ce refus. Dans un autre journal, elle déclare en être informe depuis 2017… Méga crédible.


Le conseil municipal du 16 novembre est donc prié d’écluser tout ça… Un comble, quand on sait que le terrain de la ville victime de l’empiètement de Françoise Dumas était classé « emplacement réservé » pour accueillir un réservoir d’eau ! A usage collectif ou privé ?

Du moment que personne n’est mouillé…

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

L’Incroyable Histoire du pacs

Le Pacs a 20 ans. Origines : les militants gays voulaient préserver la protection sociale et le maintien dans le logement pour le conjoint d'un défunt du sida en vogue à l'époque. Le RPR est contre. Le PS est plutôt contre. Toubon (le Défenseur des Droits actuel), la députée Boutin (et oui…) et Chirac femme s'y opposent. Le Grand Remplacement homosexuel agité à l'époque n'a pas eu lieu : 96 % des Pacs portent sur un couple hétéro. La seule critique pertinente du Pacs qui demeure encore est que, contrairement au mariage, il n'impose pas un engagement dans le temps, un soutien mutuel, etc.

(critique du livre L'Incroyable Histoire du pacs écrit par Patrick Bloche, Jean-Pierre Michel et Denis Quinqueton (Kero))

Il y a vingt ans était promulguée la loi créant le pacs (pacte civil de solidarité). C’est peu de dire que son accouchement fut long et douloureux : huit ans de polémiques, de diatribes homophobes et d’hystérie bienpensante.

En 1991, des militants gays lancent l’idée d’un contrat d’union civile, alors que les ravages du sida laissent de nombreux concubins sans guère de protection sociale et sans droit au maintien dans le logement du compagnon disparu. Comme le rappellent les auteurs (trois socialistes), le PS va réserver un accueil fort frileux à cette proposition, au point de déserter l’Assemblée en 1998 pour laisser à l’opposition le soin de rejeter un premier projet. Finalement, le pacs sera voté en 1999, avec l’appui du Premier ministre, Lionel Jospin.

La droite et l’Eglise vont se déchaîner. Qui se souvient de Jacques Toubon, garde des Sceaux, déclarant en 1995 que « l’ordre public s’oppose » au pacs ? de Christine Boutin brandissant la Bible depuis son banc de députée ? de Bernadette Chirac s’enflammant contre le « risque d’une banalisation du couple homosexuel » ? Aujourd’hui, c’est le pacs qui est banalisé : il concerne à 96 % des couples hétéros.

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Notre secrétaire d'État à l'éducation et à la jeunesse : « Les associations ne sont pas un coût mais une chance. Elles représentent aussi des « coûts évités » pour l’État »

Le 30 octobre 2019, lors de son audition par la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, Gabriel Attal, le secrétaire d'État à l'éducation et à la jeunesse, a déclaré (source) :

Je remercie par ailleurs Mme Sandrine Mörch, qui a mis le doigt sur une dimension extrêmement importante, trop peu souvent soulignée, en signalant que les associations n’étaient pas un coût ni un « boulet », mais une chance. Les associations rapportent en outre économiquement, avec 1,8 million d’emplois non délocalisables, en créant des richesses. Elles représentent également des coûts évités pour les pouvoirs publics. Nous ne le disons pas suffisamment.

Les Restos du Cœur rassemblent ainsi 70 000 bénévoles réguliers. S’il s’agissait de permanents payés au SMIC par l’État, cela représenterait un coût de plus de 200 millions d’euros par an. C’est aussi une économie. Je suis donc favorable à ce discours insistant sur les coûts évités que représentent les associations pour les pouvoirs publics. Il faudrait le tenir plus souvent.

L'une des missions d'un État est de veiller au bien-être de sa population. La lutte contre la pauvreté en fait partie. Cela devrait être un service public. À quoi bon une société humaine si c'est pour crever la dalle dans un coin ? Autant retourner chasser, cueillir et crever en solitaire ! À quoi bon lever l'impôt puisque tout peut se faire gratos ?!

En 2019, on a donc un secrétaire d'État qui se gargarise de la carence, de l'échec de l'État. Il est fier de refourguer le travail de solidarité, d'humanité, de soin, d'empathie, l'un des piliers d'un État, à des bénévoles afin de limiter les dépenses de l'État. Les bénévoles cumulent ce travail gratuit avec un autre emploi et leurs autres vies familiales, amicales, etc. Ces personnes doivent supporter une charge mentale et affronter des troubles psychologiques (supporter la misère humaine volontairement maintenue, le stress, le désespoir du "ça changera jamais", le poids de l'échec quand une personne décède de froid ou de faim).

Ce travail utile à la collectivité devrait être rétribué ! C'est là qu'un salaire de base ou un salaire à la qualification (Bernard Friot) prend tout son sens ! Mais il faut être cynique pour être fier du travail gratuit sur des missions d'intérêt général…

C'est bien triste de déclarer, en somme « tant que y'aura des pigeons pour aider », l'État ne fera rien. Rapporter des valeurs humaines, des engagements, etc. à des histoires de fric, comme si c'était le plus important…

Le lendemain, Gabriel Attal a cru bon de se justifier en ces termes (source) :

Cet argument chiffré vient d’une étude réalisée par les Restos eux-mêmes, pour mettre en évidence l’impact réel de leur action, complémentaire à l’État (8 milliards d’€ sur le plan pauvreté). C’est donc un argument en + pour défendre assos et bénévoles, je l’assume pleinement !

Il faut être ignorant ou cynique pour déclarer cela… Cela se nomme une valorisation extra-comptable. Cela permet de justifier les actions menées auprès des élus, des donateurs et des partenaires, en mode « avec vous 300 € de dons, on a fait ceci, c'est cool, non ? », afin de choper des crédits. Cela permet aussi de chiffrer la carence étatique afin d'exposer qu'il ne faudrait pas grand-chose, en comparaison de notre PIB, pour résorber telle situation jugée problématique. Stricto-sensu, la valorisation associative n'est pas une composante comptable.

Au passage, le secrétaire d'État nous indique que l'objectif 2020 du SNU est de formater 150 000 jeunes contre 2 000 en 2019. Ha, pour cette machine à préparer le sombre futur qui nous attend (emplois précaires, guerres, etc.), là y'a du pognon ! Le gouvernement veut rendre le SNU obligatoire dès 2026. Plus d'infos : |une critique globale du SNU et de ses effets sur la société](/?qY1kcw).

Via le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Des barjots veulent mettre une ultradroite à Macron

Le prétendu attentat contre Macron annoncé en novembre 2018 était un scénario exagéré. Deux membres du prétendu commando ont été libérés (mais ils restent mis en examen), le couteau en céramique et la cache d'armes se révèlent introuvables et les membres du prétendu commando ignoraient l'itinéraire de Macron ainsi que leur lieu de repli. Bref, il s'agit d'exictés, de grandes gueules, pas de terroristes. Ça n'empêche pas nos services de renseignement de continuer à revendiquer un millier d'activites d'ultradroite mélangés à des survivalistes (on met tout dans le même sac sans s'occuper des nuances… méga crédible, hein ?).

Il y a moins d'un mois, on apprenait que Castaner avait (encore) parlé trop vite en affirmant que la France a échappé à son 11-Septembre

Deux illustrations supplémentaires qu'on ne peut pas faire confiance aux gouvernements, français ou américain même combat, quand ils annoncent avoir déjoués des attentats dans l'optique de faire adopter de nouvelles lois qui restreignent les libertés sans contrepartie.

Tuer le Président, rien de moins ! Il y a un an tout juste, le 6 novembre 2018 au lever du jour, les poulets de la Direction générale de la sécurité intérieure tombent sur le paletot de quatre loustics. Un informateur a avisé les cadors du Renseignement que « des militants d’extrême droite étaient résolus à mener une action violente à l’encontre du président de la République ». Allez, hop ! au trou !

A la clé, une retentissante mise en examen pour « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d’un ou de plusieurs crimes d’atteinte aux personnes ». En chœur, les médias annoncent « un nouvel attentat de l’ultra-droite contre le chef de l’Etat déjoué ». Las ! après un an d’instruction, les dangereux terroristes ne le sont plus vraiment. Deux des quatre membres du « commando » ont été libérés, et, au vu des éléments de l’enquête consultés par « Le Canard », le scénario macronicide se dégonfle. Un policier de haut rang l’admet : « Certes, les mecs reconnaissent être motivés par la haine de l’étranger, tout particulièrement des musulmans. Et il y a le début d’exécution de quelque chose. Mais à part ça… »

Pas fine lame

A part ça, le couteau en céramique qui devait servir d’arme du crime (histoire de tromper les portiques de sécurité) se révèle introuvable. Idem pour la cache d’armes datant de la dernière guerre mondiale : l’arsenal se résume à un vieux couteau de chasse trouvé dans la tiré d’un retraité soupçonné — c’est beaucoup dire — d’être le cerveau. La veille du prétendu attentat, les « terroristes » ignorent le trajet de la caravane présidentielle. Et n’ont aucune idée d’un « bunker de repli » d’où, après l’assassinat de Macron, ils auraient pu piloter l’« insurrection nationale » ! Comme l’a reconnu l’un de ces Pieds-Nickelés lors de sa garde à vue, ils n’étaient « pas prêts ». Faut pas être aussi dur avec soi-même…

Fachos bouillants

L’histoire est branquignolesque, mais n’a pas empêché les pouvoirs publics de la comptabiliser comme l’un des trois attentats d’extrême droite dejoués depuis 2017. Pourtant, la nébuleuse « néopopuliste » existe. « Faire de la com’ à des fins politiques sur le danger terroriste d’extrême droite, c’est banaliser un risque réel », déplore un chef enquêteur.

Selon les services de renseignement, un millier d’activistes d’ultradroite sont actuellement fichés. Parmi eux, pensent les flics, 200 cintrés susceptibles de passer à l’acte. « Ce qui nous préoccupe, c’est le profil facho solitaire, poursuit le même poulet. Des adeptes de la tuerie de masse comme Anders Behring Breivik, en Norvège, ou Brenton Tarrant à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. » Le mois dernier, les gendarmes de Pau ont serré une petite dizaine de groupies du tueur norvégien, qui viennent d’être mis en examen pour apologie du terrorisme.

Comme eux, sont particulièrement surveillés les survivalistes, ces « fanas mili » obsédés du treillis et de la gâchette fréquentant les clubs de tir sportif. Ce « terrorisme d’ultra-droite » attire davantage depuis 2015, précise un rapport parlementaire de juin 2019, et « cible les représentants des pouvoirs publics et les personnes de confession musulmane ».

En un an, les services de renseignement ont vu surgir dans leurs radars une centaine de gilets jaunes radicalisés, susceptibles de commettre des attentats. Alors que la date anniversaire du début du mouvement approche, un groupe inquiète particulièrement la DGSI… Ces « ultrajaunes » sont racistes, anti-impôts, anticapitalistes et violents.

Du jaune qui vire au brun. ..

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Cinq centimes pour le fisc !

Comment ne pas légalement payer les frais d'enregistrement (inclus dans les frais de notaire) lors d'une vente immobilière ? Racheter la SCI qui possède le bien immobilier pour 1 € symbolique. Payer les droits d'enregistement sur cet euro. Verser le reste du prix du bien en prétendu remboursement de créances. Égalité devant l'impôt, qu'ils disent… Il y a des personnes plus égales que d'autres, rétorquerait Coluche.

La vente par les Saoudiens, pour 9,3 millions d’euros, du château Rothschild aux Français de Novaxia a donné lieu au paiement au Trésor de droits d’enregistrement de… 5 centimes. Au lieu des 465 000 euros normalement exigibles au taux de 5 %, sur le prix de cession.

Pour réaliser ce miracle légalement, Novaxia a d’abord acquis pour un euro symbolique la société Jogo, qui possédait le château, et les droits ont été réglés sur cette maigre base. Puis la société française a versé les millions manquants à une boîte luxembourgo-hollandaise, assurant qu’il s’agissait là d’un « remboursement de créances » du même montant (qui n’était, lui, nullement taxable).

Simple, efficace et imparable…

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Le Crémieux est l’ami du bien

En 1870, deux décrets accordent la nationalité françaises aux juifs et aux musulmans résidant sur le territoire algérien. En 1940, les Français d'Algérie non-juifs, plutôt pro-Maréchal, appliquent la loi sur le statut différencié des juifs et obtiennent, de Vichy, par la plume de Peyrouton, ministre de l'Intérieur de Laval, la fin d'un des décrets, celui accordant la nationalité aux juifs d'Algérie, dit décret Crémieux.

(critique du livre L'Année des dupes, Alger 1943 écrit par Jacques Attali (Fayard))

Surtout, détourner le regard, oublier ce passé qui, sinon, ne passerait pas — d’ailleurs, a-t-il même existé ? C’est évident, on parle bien peu de ce qui s’est déroulé en Algérie pendant l’Occupation, surtout de novembre 1942 à novembre 1943. Quel zèle ! Car on est passionnément, furieusement maréchaliste, à Alger, durant ces années sombres.

Dès le vote de la loi « portant statut des Juifs », celle-ci est aussitôt appliquée, et avec la plus grande fermeté, en Algérie avant même sa publication, trois semaines plus tard. Sans aucune demande du Reich. Comme l’expliquera l’historien américain Robert Paxton, « c’est Vichy qui subit les pressions d’Alger, et non l’inverse. En particulier, les Français d’Algérie (non juifs) font pression sur Vichy pour obtenir ce dont ils rêvent depuis soixante-dix ans : l’abrogation du décret Crémieux ». Voté en 1870, ce célèbre décret accorde la nationalité française aux Juifs d’Algérie. Il passe mal, ce décret, il gratte, il démange. Dès 1871, on tente de l’abroger. Le 8 octobre 1940, c’est chose faite. Les Juifs d’Algérie redeviennent des « indigènes », ce que, pour certains, ils n’auraient jamais dû cesser d’être.

Le décret est de nouveau aboli en 1943 ! De Gaulle, à la tête du Comité français de Libération nationale, décide de republier le fameux décret… sans donner de date. Les « Israélites » n’ont qu’à attendre. Jusqu’à octobre 1943, date de son rétablissement.

Derrière l’incroyable double abrogation du décret Crémieux, on trouve le même homme, Marcel Peyrouton. Acquitté par la Haute Cour de Justice en 1948, ce haut fonctionnaire du ministère des Colonies, ministre de l’Intérieur de Laval, résident général en Tunisie, puis au Maroc, a fini ses jours peinard à Saint-Cloud en 1983. Il a pris grand soin à la rédaction de ses Mémoires, pour l’édification des jeunes générations. Tranquillou.

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Dommage, Tunisie

Le nouveau président de la Tunisie depuis septembre 2019 est un conservateur. Lors du Printemps arabe, les Tunisiens n'ont pas divorcé de leur culte, donc, la libération de la parole qui a suivi a permis l'expression des idées religieuses les plus extrêmes et l'expansion de la religion au sein de la démocratie. Coup raté ? Trop tôt pour l'affirmer.

(critique du livre Dommage, Tunisie écrit par Hélé Béji (Gallimard))

L'élection présidentielle tunisienne du 15 septembre a porté au pouvoir le très conservateur Kaïs Saïed. Ecrit avant cette date, ce court essai avait vu juste : la révolution est en effet glacée. Professeure de littérature, écrivaine, Hélé Béji fait un bilan désenchanté de l’après-Ben Ali : « En 2011, les Tunisiens n’ont pas divorcé de leur culte ni de leur foi, comme les Français en 1789. » Immense était pourtant l’espoir. Et la surprise :« Comment un peuple paisible et douillet, plus doué pour la vie de quartier que pour les idées de gloire, a-t-il pu accomplir la première révolution du XXIe siècle ? » Bourguiba, « voltairien », « despote éclairé » — eh oui ! —, avait préparé le terrain « en séparant la politique de la religion ». Résultat : à la faveur d’élections libres, les islamistes d’Ennahdha sont une force majeure de la politique tunisienne.

Amer constat : « En libérant la parole, la Révolution a ouvert les écluses du torrent idéologique religieux et de ses extrémismes (…). Voilà donc ce qui n’était pas prévu : l’expansion du religieux au cœur de la démocratie (…). Nul ne sait encore si la démocratie parviendra à séculariser la religion ou si la religion, au contraire, ne va pas se servir de la démocratie pour y forger sa domination. » Désemparée, Hélé Béji attend le prochain épisode (« Maintenant nous sommes face à ce que nous avons engendré : les élites avec leur suffisance, le peuple avec ses idolâtries. »). Les optimistes doivent-ils prendre le maquis ?

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

« Immigration économique », « sortir tous les gens qui n'ont rien à faire là », réduire l'accès aux soins, etc.

Ça y est, dans Valeurs actuelles, Macron parle de « sortir tous les [ étrangers ] qui n'ont rien à faire là », c'est-à-dire ceux qui ne font pas « partie de l'immigration économique ».

Ben ouais, on va réaliser une intégration par le travail, tu vois. Faut dire qu'on a tellement bien intégré les Portugais, les Italiens, les Algériens et les autres qui nous ont fait, entre autres, du BTP à l'œil après la Seconde Guerre mondiale, ce qui a permis l'enrichissement de quelques-uns. On les a parqués dans des cités populaires mornes avec d'autres gens de leur espèce. Superbe intégration, non ? De même, actuellement, notre intégration par le travail fonctionne niquel dans les métiers « en tension » (dixit Macron) comme la logistique (exemple : d’après le numéro d’octobre 2019 de Siné mensuel, Chronopost travaille avec des agences d'intérim qui emploient des sans-papiers et fait miroiter des régularisations) ou l'agriculture. Ces gens sont précaires et exclus, pas intégrés. Comment mieux nourrir un sentiment de désespoir et d'exclusion, donc de rejet de la France ?

Ne pas s'interroger non plus sur les causes des « besoins que l'on n'arrive pas à pourvoir ». Peut-être faudrait-il rémunérer décemment le travail ? Peut-être faudrait-il valoriser les métiers socialement utiles ? Mais non, on va faire de l'immigration économique. Tu sais, précariser toujours plus de monde et augmenter la concurrence entre les précaires. Les coûts de production vont diminuer ça va ruisseler… de bulletins FN dans les urnes !

On va instaurer un délai d'accès à la protection universelle maladie et on va restreindre l'aide médicale d'État. Pourtant, quand on l'interroge sur le nombre d'abus de ces dispositifs, leurs montants, et la proportion que cela représente dans les budgets, la majorité présidentielle est incapable de répondre. D'un côté, les étrangers voudraient nous grand-remplacer, et d'un autre côté, ils voudraient juste se soigner puis repartir. Gné ? D'un côté, ils voleraient nos emplois, et, d'un autre côté, ils pilleraient notre assurance-chômage. Ils sont forts, ces étrangers.

Mais on va faire de l’immigration économique. C'est d'une tristesse… Tout ça pour obtenir le pouvoir absolu (Présidence + Assemblée + Sénat + collectivités territoriales) et le conserver… C'est désespérant.

Via le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Delevoye et Pénicaud, double peine pour les retraités et les chômeurs

La réforme des retraites prévoit que chaque année de cotisation compte, plus seulement les 25 meilleures années. Les chômeurs indemnisés devraient (c'est même pas sûr) cotiser des points de retraite. Sauf que la réforme 2019 de l'assurance-chômage rabote les périodes d'indemnisation et le nombre de bénéficiaires (depuis le jour de l'entrée en vigueur, 850 000 chômeurs ne devraient plus percevoir leur allocation), donc, avec la future réforme des retraites, les chômeurs cotiseront moins pour leur retraite. Je note que les malades et les parents ne bénéficieront pas du tout de points de retraite. ÉDIT du 02/12/2019 À 14 H 05 : le rapport Delevoye a toujours prévu l'attribution de points de retraite aux parents et aux personnes invalides ou malades. Au temps pour moi. FIN DE L'ÉDIT.

Je mets à jour ma liste de griefs contre la réforme des retraites :


C'est l’une des angoisses des syndicats, et peut-être un casus belli : la future réforme risque de répercuter sur les retraites l’intégralité des accidents de carrière. Jusqu’ici, le régime général calculait les pensions sur les vingt-cinq meilleures années. Les débuts de carrière chaotiques (petits boulots, périodes de chômage, etc.) et les imprévus (maternité, licenciement, maladie) pouvaient donc être neutralisés dans le calcul de la période de cotisation.

Avec le système par points, cet escamotage des « jours sans » n’est plus possible. Les points, en effet, sont attribués pour toutes les années, bonnes ou mauvaises. Histoire d’apaiser les craintes des syndicats, Jean-Paul Delevoye a donc prévu un petit correctif : l’appel à la solidarité nationale. Des points gratuits pourraient être attribués pour les périodes perturbées, et pour le principal fléau, bien sûr : le chômage.

Mais il y a un hic : les points gratos dans ce dernier cas ne seront offerts que pour les périodes de non-emploi indemnisé ! Or la réforme Pénicaud de l’assurance-chômage, entrée en vigueur le 1er novembre, ratiboise considérablement les indemnisatiens. Et ce n’est pas exactement un détail.

Gare aux nasses populaires

Primo, la moitié des sans-emploi, soit 2 millions et demi, ne percevaient pas un fifrelin d’allocations avant la réforme Pénicaud de l’assurance-chômage. Deuzio, cette réforme va provoquer une véritable hécatombe parmi les « privilégiés » qui touchent une alloc : selon la simulation officielle de l’Unédic, 850 000 chômeurs ne percevront plus leur indemnisation et 710 000 verront leurs droits diminués. Et ce chaque année. Les « victimes » de la réforme vont donc être frappées par un sympathique effet double lame : la première va couper leurs allocations de chômage, la seconde amputer leur retraite.

Pour les rescapés de cette double peine, une troisième lame — secrète — a été prévue : les caisses de retraite du régime principal (Sécurité sociale) et des complémentaires (Agirc-Arrco) disposaient jusqu’à présent d’un petit bas de laine de 750 millions, dans ,lequel elles pouvaient piocher afin de gérer les cas les plus douloureux. Cette réserve semble condamnée : l’Etat devrait s’embourber les 750 bâtons d’aide sociale.

Ce ne sont pas des aides sociales, mais des cotisations, payées par les travailleurs !


Mais il y a toujours les Restos du cœur…

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

Baisse prévue des effectifs à la DGCCRF, à la DGAL, à l'agence de l'environnement, aux agences de l'eau, à l'agence pour la biodiversité, etc.

Le projet de loi de finances 2020 prévoit 1 073 suppressions d'emplois dans les administrations qui dépendent du ministère de la transition écologique : Météo France, agences de l'eau, agence de l'environnement, office pour la biodiversité, etc. Les syndicats calculent une baisse supplémentaire des effectifs de 5 % jusqu'à la fin du quinquennat. Qui pour piloter la transition ? Qui pour s'occuper des parcs nationaux ? Externalisation / privatisation. Le même projet de loi prévoit 274 suppressions d'emplois à la DGCCRF et 213 à la direction de l'alimentation alors que leurs effectifs respectifs ont déjà fondu de 20 % et de 11 % sur les 10 dernières années. Le nombre de contrôles sanitaires a diminué de 24 % sur la même période. Bref, la protection du consommateur et l'environnement ne sont toujours pas prioritaires.

On pourrait commencer par ranger le bazar. La DGCCRF et la DGAL ont des périmètres communs (lait en poudre = DGCCRF, lait liquide = DGAL). Il serait sain et efficace qu'une même agence gère l'intégralité de ces périmètres communs. Il faudrait aussi ranger les DDCSPP, agrégation des Fraudes, des vétos et de la jeunesse créées par le gouvernement Fillon : il faudrait instituer une même autorité de tutelle et rétablir l'autorité de la DGCCRF en région afin de renforcer ce protecteur des consommateurs.


Le ministère de l’Ecologie en voie d’extinction ?

La preuve que, désormais, « priorité est donnée à l’action écologique », c’est que, l’an prochain, le budget du ministère de la Transition écologique va augmenter, selon Elisabeth Borne, de 831 millions d’euros. Soit 2,6 % en plus. Beau geste, sauf que personne ne sait vraiment si ces sommes supplémentaires serviront la transition écologique (« Libération », 4/11). Pire : en même temps, le gouvernement prévoit d’y supprimer 1 073 emplois — d’après le projet de loi de finances 2020 publié le 27 septembre…

Vent debout, les syndicats du ministère notent que, « depuis cinq ans au moins », le ministère écolo subit des réductions d’effectifs. Francis Combrouze, de la CGT : « Nos services deviennent exsangues. » Et de prédire, à ce rythme, l’« extinction » du ministère. On n’y est pas encore, mais les syndicats (CGT, FO, CFDT et SNE-FSU) ont calculé que, d’ici à la fin du quinquennat, 4 961 postes supplémentaires seront supprimés, soit 5 % des agents de l’Etat et des établissements publics dépendant du ministère.

« L’écologie, ce n’est pas un service public mais une politique publique, se défend Bercy. Ce qui compte, ce n’est pas tant le niveau d’emploi que le budget » (« Le Monde », 13/9).

Et, bien sûr, une politique public se met en œuvre toute seule, sans pilotage et sans petites mains. :))))


Les syndicats du ministère, qui multiplient les actions depuis le printemps (manifestation, débrayage, rassemblement festif, die-in, pétition, etc.) et qui pourraient appeler à une nouvelle journée de mobilisation le 5 décembre, y voient, quant à eux, « un “verdissement” libéral » : « L’expertise technique, la connaissance et les données sont autant de marchés qui intéressent le privé. » Et d’ajouter que « la sous-traitance et le recours croissant à des contrats précaires deviennent la réponse aux problèmes d’efiectifs ».

Comme partout dans le public. Et, oui, c'est un problème.


D’un côté Météo-France vient d’acquérir un « supercalculateur » pour 144 millions d’euros, de l’autre on va lui supprimer près de 500 emplois dans les trois prochaines années, disent les syndicats. Le climatosceptique Trump, font-ils remarquer, « en supprime “seulement” 250 à l’agence météo US ». Les six agences de l’eau, quant à elles, en perdront 200. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, 75. Le futur Office français pour la biodiversité (DFE), qui naîtra le 1er janvier de la fusion entre l’Agence française pour la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, sera amputé d’au moins 60 postes d’ici à trois ans. N’en jetez plus ! Conséquence, parmi d’autres, de ces coupes claires : un 11e parc national, de 240 000 ha, vient d’être créé, à cheval entre la Champagne et la Bourgogne, alors que les effectifs des parcs nationaux, rattachés à l’OFB, resteront constants l’année prochaine. Il se gérera tout seul ?

Dans une circulaire adressée l’an dernier à ses ministres et aux préfets de région, Edouard Philippe clamait que le rôle de l’Etat devait être réaffirmé, notamment en articulant ses missions relatives à l’environnement avec celles des collectivités et des opérateurs « de manière plus efficiente ». C’est bien connu : plus on vire les gens, plus on est « efficient »…


Les Fraudes ne sont pas dans leur assiette

Les agents de la Répression des fraudes, chargés notamment de veiller sur la sécurité de notre assiette, vont bientôt savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Depuis la mi-avril, trois Inspections générales, celles des finances, des affaires sociales et de l’intérieur, planchent sur une réorganisation des contrôles sanitaires. Le rapport visant à tirer les leçons de l'affaire Lactalis aurait dû être déposé il y a un mois déjà sur le bureau des ministres. Mais l'objectif affiché de remettre a plat les contrôles pour améliorer la sécurité du consommateur s'est transformé en lutte de pouvoir entre la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui dépend de Bercy, et la Direction générale de l’alimentation DGAL), pilotée par le ministère e l’Agriculture. Chacune défendant bec et ongles son pré carré.

Prenez le contrôle du lait : la DGAL le surveille lorsqu'il est sous forme liquide la DGCCRF quand il est en poudre. Ce qui explique en partie pourquoi les services de l'Etat chargés es contrôles dans le dossier Lactalis se sont noyés dans un verre de lait. Pour bien compliquer les choses, le gouvernement Fillon a mis sur pied en 2009 une machine de contrôles d’une complexité unique au monde. Cocorico ! Depuis cette date, en effet, au niveau des départements, les Fraudes, les services vétérinaires et les inspecteurs de la Jeunesse et des Sports sont tous mélangés dans un même bouzin à l'acronyme imprononçable : DDCSPP, pour « Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations ». Résultat, les agents départementaux des Fraudes, même s'ils restent payés par Bercy, ne dépendent plus de la DGCCRF mais des préfets, tandis que leurs collègues vétos, rémunéres par le ministère de l'Agriculture, relèvent toujours, eux, de la DGAL, via un échelon régional, le SRAL… Comprenne quu pourra.

Pour couronner le tout, les effectifs fondent comme motte de beurre au soleil. Ces dix dernières années le nombre de contrôleurs s'est affaissé de 11 % à la DGAL et de 20 % à la DGCCRF. Avec à la clé une dégringolade de 24 % des contrôles alimentaires réalisés par l’Etat. Qu'à cela ne tienne, dans son projet de loi de finances pour 2020, actuellement en discussion au Parlement, le gouvernement prévoit de supprimer 213 emplois à la DGAL et 274 à la DGCCRF… Bon appétit !

Dans le Canard enchaîné du 6 novembre 2019.

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