Cher fils, tu m'as dit : « Té tua ! » En ce moment, tu répètes tout. Tu ne l’as sûrement pas entendu de papa. Le stéréotype de la femme bavarde est ancré dans les esprits et dans le dictionnaire (« Pipelet : le plus souvent au féminin, pipelette »). Maintes recherches ont pourtant montré qu'il était faux. Papa dit que cela ne s'applique pas chez nous. Pour une fois, il a raison. Maman fait partie de ces femmes qui mettent les ovaires sur la table. (C'est quoi, les ovaires ? Des grosses bulles !)
Partout, l'homme parle davantage. À la maison, au travail, à la radio (notamment aux heures de grande écoute). À la télé, il parle deux fois plus que les pipelettes, surtout sur les chaînes culturelles. Dans les réunions, une femme parle entre trois et dix secondes, l'homme entre dix et dix-sept [ NDLR : je trouve ce chiffre bizarre… De quelles réunions parle-t-on, de réunions à xxx personnes ? :O ]. Pipelets dès le plus jeune âge ! Une étude de Graddol & Swann (il n'y en a pas eu d'autres, va savoir pourquoi !) montre que les garçons, en classe, parlent en moyenne trois fois plus que les filles et répondent huit fois plus souvent sans avoir demandé la parole. Pour le même comportement, les filles sont réprimandées [ NDLR : ou pas… ]. Selon d'autres statistiques, les patientes sont plus fréquemment interrompues par leur médecin quand celui-ci est un homme, alors que ce sont généralement les patients mâles qui interrompent les femmes médecins. La femme demeure femme avant tout ! La plupart des chevauchements (plus nombreux que dans le lit) et des interruptions sont dus aux hommes (96%), avec des « hmm » et des « mouais» grommelés au moment le plus propice pour signaler à leur locutrice qu'ils se désintéressent totalement de ce qu'elle dit.
Mon bébé, ne te réjouis pas. Les enfants reçoivent de la part des hommes le même traitement dans la conversation. Mais les pipelettes semblent la boucler davantage que les gosses. La conservation de l'espèce « Homo Pipelet » est assurée. Nous ne sommes invitées dans la causerie que pour valider le discours du mâle. On est la, avant tout, pour être vues. Pas étonnant que toute parole, au-delà du simple soupir, soit considérée comme LA parole de trop. J’aimerais lâcher un « Vaffanculo ! » bien senti. Je me contenterai de soupirer en italien. Nous, les commères, les concierges, les bavardes, continuons à travailler pour votre épanouissement parce que, au fond, une femme restera toujours une mère. Alors, mon ange, on ne dit pas « Té tua » à maman. C'est elle qui t‘a mis au monde. Ah, tiens! Ça doit être pour ça que vous nous en voulez. On vous « fait » ! D'où votre besoin compulsif d'exister. Bon. Au moins, pendant neuf mois, c'est vous qui la bouclez.
Dans le numéro de mai 2019 de Siné Madame.
La merkin est une perruque pubienne.
Utilisées par les prostitués pour masquer des lésions et éviter les morpions, puis par l'ensemble des femmes pour se débarrasser des morpions, des poux, etc., puis par les actrices à qui l'on demande des scènes de nues, et aujourd'hui par ""effet de mode"".
Via le numéro de mai 2019 de Siné Madame.
C'est une statistique austère mais qui explique bien des ratés. Sur 50 rapports que l’exécutif aurait dû transmettre au cours de la législature 2017-2018 au Parlement, 27 seulement ont été remis.
Ces chiffres sont extraits d’un rapport d’information réalisé par la sénatrice Valérie Létard et titré : « Bilan annuel de l’application des lois au 31 mars 2019 ».
Plus étonnant encore, comme le souligne Valérie Létard :
« Votre rapporteur regrette d’autant plus ces non-transmissions qu’elles concernent parfois des rapports que le gouvernement a lui-même demandés. »
Des rapports qui sont justement supposés aider le pouvoir à vérifier la bonne application et l’utilité d’une loi, une fois qu’elle est votée.
Comme si, après l’adoption d’un texte, l’effet de son application sur les citoyens n’avait plus aucun intérêt…
Oui, les rapports commandés par le Parlement au gouvernement permettent au Parlement, représentant du citoyen, de vérifier l'utilité, la proportionnalité, etc. d'un bout d'une loi, notamment quand celui-ci a suscité de vifs débats et interrogations lors de son adoption. Mais, quand le gouvernement ne veut pas admettre une erreur voire une faute politique (loi liberticide, loi détournée de son objectif, remède pire que le mal, etc.), il a aucun intérêt à rendre un rapport… Ceci explique cela.
Dans le Canard enchaîné du 19 juin 2019.
Les délits d'injure et de diffmation, dont le deuxième sert trop souvent à entraver les journalistes qui font leur boulot, doivent-ils êtres sortis de la loi sur la liberté de la presse ? Quid de la garantie des droits des citoyens et des journalistes ? Quid de l'octroi, au pouvoir exécutif d'une main mise sur les médias par le biais des procureurs ?
Quelle mouche a piqué Nicole Belloubet ? Il suffit que des députés, une association ou quelques magistrats émettent une proposition incongrue sur la liberté de la presse pour que la garde des Sceaux la prenne au sérieux, donne une interview au « JDD » (16/6) et demande à la Commission nationale consultative des droits de l’homme de plancher sur la question.
Avec quelques-uns de ses collègues LR, le député Eric Ciotti a déposé un amendement à une proposition de loi LRM pour « lutter contre la haine sur Internet » qui doit être discuté ces jours-ci au Parlement. Au nom de la lutte contre le racisme, ces élus envisagent de passer à la moulinette la loi de 188l sur la liberté de la presse.
Reprenant une suggestion de la Licra, Ciotti et ses amis réclament que les injures diffusées par voie de presse (ce qui inclut les réseaux sociaux) ne relèvent plus de la loi de 1881 mais des procédures ordinaires. Dans une tribune parue dans « Libération » (6/6), la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, réclame qu’il en aille de même pour la diffamation.
Autant dire qu’il ne resterait presque plus rien du texte fondateur sur la liberté de la presse. Contrairement à ce que suggèrent Belloubet, Ciotti et des juges déboussolés, la loi de 1881 n’assure aucune impunité aux excités du clavier. Elle se contente de poser un cadre strict qui permet de savoir si les propos en question relèvent de l’injure ou de la diffamation, de vérifier — le cas échéant — l’exactitude des faits rapportés et de s’assurer de l’absence de volonté de nuire de leur auteur.
Pour comprendre intégralement ce point, il faut se souvenir, qu'actuellement, les parquets se contentent d'effectuer des vérifications de forme (le délai de prescription est-il dépassé ? : les propos litigieux sont-ils cités dans la plainte ? etc.) avant de renvoyer systématiquement les plaintes devant un tribunal (dit autrement : la mise en examen est systématique). Cela permet à des juges indépendants de prendre le temps de la réflexion, d'étudier les pièces des uns et des autres, et d'émettre un jugement dont la finesse est requise par la subtilité des propos humains, tout simplement.
Il est vrai que les tribunaux prennent leur temps pour juger ce genre d’affaire (il faut compter plus d’un an à Paris)… Mais la loi de 1881 n’est pas responsable du manque de moyens accordés à la justice. Cette pénurie chronique pousse depuis des lustres les ministres et les hauts magistrats à vouloir alléger sans cesse des procédures censées garantir les droits des justiciables…
Traiter les délits de presse comme s’il s’agissait de délinquance ordinaire reviendrait, de surcroît, à octroyer aux procureurs — qui ne sont pas indépendants — un pouvoir exorbitant sur les médias. Cette réforme donnerait au parquet la possibilité d’engager lui-même des poursuites sous prétexte de diffamation ou d’injure.
La loi de 1881 avait sagement réservé ce droit aux seules victimes, histoire de limiter les pressions du pouvoir sur la liberté de la presse. Sûrement une vieille lune…
Dans le Canard enchaîné du 19 juin 2019.
Fragiles, vandalisées, fabriquées en Chine dans les mêmes conditions précaires et douteuses que tout le reste, reposant sur des métaux dont nous manquerons un jour et qui sont extraits sans respect de l'environnement et des droits humains, mises en circulation par des sociétés commerciales qui ont recours au micro-travail précaire et sous-payé pour les recharger… Joli paysage.
Ne sont-elles pas merveilleuses, ces trottinettes électriques qui, depuis un an, déferlent sur Paris et les grandes métropoles ? Elles filent sans bruit à 25 km/h. Elles se faufilent sur les trottoirs, les couloirs de bus, les pistes cyclables. Elles sont silencieuses. Elles nous font retomber en enfance. Ah, les sourires ravis des adultes chevauchant leur engin sur le méchant bitume de la ville ! Paris en compte actuellement dans les 20 000, et ce n’est qu’un début — le double est prévu avant la fin de l’année. Bien sûr, pour s’en servir, il faut disposer d’un téléphone portable. Mais qui n’en a pas, à part trois olibrius égarés ?
Vous téléchargez l’appli de l’opérateur de votre choix (à Paris, pas moins de douze sociétés se disputent le marché). Elle vous indique la trottinette la plus proche. Un peu de marche à pied, quelques tapotages, et hop ! pour 1 euro, la voilà débloquée et, pour 15 à 25 centimes par minute, vous circulez où bon vous semble. Le trajet est fini ? Vous la flanquez dans un coin, et adios ! Le bonheur.
Le hic, c’est que, derrière leur apparence « fun, ludique et résolument tendance », se cache une réalité plus dérangeante. Pas seulement en matière de sécurité et de santé publique (les accidents à foison, les deux morts à Paris, la timide reprise en main par les pouvoirs publics, avec amende de 135 euros pour qui fonce sur un trottoir, et casque obligatoire pour les 8-12 ans)…
Toutes ces trottinettes sont fabriquées en Chine, pays où ne s’épanouissent guère, comme on le sait, le dialogue social et les salaires confortables. Toutes ont une durée de vie des plus courtes. Pas plus de trois mois, après quoi elles filent à la casse, comme l’a relevé une récente étude du Boston Consulting Group. Un vrai record d’obsolescence ! Un peu gênés, les opérateurs jurent qu’ils vont s’efforcer de les faire durer au moins, tenez-vous bien, neuf mois…
Je suis surpris par ce chiffre. J'ai vérifié : les causes de cette obsolescence sont la fragilité inhérente de la trottinettes et le vandalisme. J'aimerais bien avoir les stats des vélos partagés, pour comparer. Notons qu'une trottinette parisienne est amortie en 3,8 mois en moyenne (source)… soit après sa durée de vie, ce qui fait que les opérateurs ne sont pas à l'équilibre financier… Aux États-Unis, la durée de vie moyenne d'une trottinette partagée est de 28 jours. :O
Toutes fonctionnent avec des batteries lithium-ion, lesquelles s’altèrent rapidement, et dont les 3 kilos (au minimum) sont composés d’un savant mélange de nickel, cobalt, aluminium, lithium, cuivre, manganèse, — métaux dont les conditions d’extraction ne sont généralement pas un modèle de respect de l’environnement. Bref, la trottinette électrique n’a rien d’écolo.
L'extraction de ces métaux n'est pas non plus un modèle de respect des droits des salariés… Sur ces deux points, (re)voir Cash investigation - Les secrets inavouables de nos téléphones portables, par exemple.
Ce n’est pas tout : pour recharger les batteries, les opérateurs font appel à des particuliers. Tous sont des travailleurs précaires qui, chaque soir, embarquent des trottinettes pour les emmener dans un local où ils les rechargent pendant trois heures — avec de la bonne électricité nucléaire. « Libération » (ll/5) a raconté leurs folles cadences quotidiennes, les centaines de camions qui tournent dans Paris entre 18 heures et 3 heures du matin, leurs guéguerres… Et tout ça pour des clopinettes.
La trottinette cache bien son jeu…
Dans le Canard enchaîné du 19 juin 2019.
Mimie Mathy, l'héroïne de « Joséphine ange gardien », n'a pas de tabou à propos du cachet de 250 000 euros qu'elle touche à chaque épisode (Huffingfon Post, 16/6) : « Je tiens à préciser que, pour que la série continue, je [l]’ai baissé (…). Plutôt qu’arrêfer et mettre toute une équipe au chômage (…). Il a été divisé par deux. »
Heu ? T'as probablement accepté une diminution contraite par les audiences qui entraînent avec elles les gains publicitaires… Stop la fausse générosité…
Rien à dire, on reste très loin d’un Mimi saiaire !
Dans le Canard enchaîné du 19 juin 2019.
En Turquie, signer une pétition militante t'ouvre les porte de la prison, comme à la majorité de ton millier de co-signataires. :O
Les turcs savent honorer leurs hôtes de marque. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été accueilli le 13 juin à Ankara par la condamnation à 2 ans et demi de prison de la Franco-Turque Noémi Lévy-Aksu pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » (le PKK).
Cette brillante historienne, spécialiste de l’Empire ottoman, enseignait à l’université du Bosphore, à Istanbul, et avait signé en 2016 la « pétition pour la paix dans les régions kurdes ». C’est la peine la plus sévère prononcée jusqu’ici dans les 740 procédures en cours contre les 1 128 universitaires qui ont osé signer cette pétition…
Lors du procès in absentia de Noémi Lévy-Aksu devant la 26e chambre criminelle d’Istanbul, l’un des juges a fait une subtile comparaison : « Est-ce que faire l’apologie d’une organisation terroriste relève de la liberté d’expression ? Est-ce que, si on viole cette femme, c’est de la liberté d’expression aussi ? » L’historienne, désormais prof à la London School of Economics, s’est aussi vu reprocher, en tant que Française, le « génocide en Algérie ». Une vraie leçon de droit pénal !
On peut se moquer, mais je rappelle que la même question (sur l'apologie du terrorisme) s'est posée en France ces cinq dernières années et que ça s'est terminé par des lois toujours plus répressives et bancales (notamment sur la définition de ce qu'est l'apologie)…
Arrêté alors qu’il était venu voir sa famille en vacances, Tuna Altinel, maître de conférences en mathématiques à l’université Lyon-1, dort, lui, en prison depuis le 11 mai, pour avoir signé la même pétition et avoir participé au rassemblement d’une amicale kurde à Villeurbanne en février. Il attend son procès pour le 80 juillet.
Il a été incarcéré trois jours après la professeure de sciences politiques à la retraite Füsun Ustel, qui, elle, a été condamnée à 15 mois d’emprisonnement. Cette dernière est une figure bien connue de l’université francophone Galatasaray, fondée en 1992 par les présidents Özal et Mitterrand, qui est censée témoigner des bonnes relations entre les deux pays…
Droit à la taulérance
Le député mathématicien Cédric Villani (LRM) a interpellé Le Drian le 11 juin à l'Asemblée sur le sort d’Altinel et d’Usel, juste avant son deplacement. Le ministre a juré dans l’hémicycle : « Nous mettons tout en œuvre pour obtenir les libérations que vous avez souhaitées », mais il n’a pas dû insister bien longtemps auprès de son homologue Mevlüt Çavusoglu, avec qui il était surtout venu causer de la « crise des missiles » russes que la Turquie s’apprête à se faire livrer, en juillet, ce qui fait mauvais genre pour un pays de l’Otan…
Quant au cas de Noémi Lévy-Aksu, le ministre Le Drian semble n’avoir même pas été mis au parfum par ses services. C’est ce qu’expliquent des mauvaises langues au Quai d’Orsay. Au demeurant, l’ambassadeur en poste à Ankara, Charles Fries, en attente d’une nomination dans un autre pays, ne tient pas à faire de vagues.
Le ministre Le Drian avait pourtant hautement proclamé, le 11 juin : « Les principes sont essentiels : il faut affirmer la liberté d’expression, la liberté universitaire, et il faut souhaiter que la Turquie respecte ses obligations. »
Mais les principes sont une chose, la realpolitik en est une autre.
Dans le Canard enchaîné du 19 juin 2019.
Après onze années de règne à la tête de la Fédération française de l’assurance (FFA), Bernard Spitz a été obligé de renoncer à candidater à un quatrième mandat. Comme l’a raconté « Le Canard » (12/06), les représentants de grosses assurances (Axa, Generali, Allianz) ne soutenaient plus le conseiller d’Etat, lui préférant une femme, Florence Lustman, actuelle directrice financière de La Banque postale. Elle avait une meilleure assurance… Mais Bernard Spitz n’a pas tout perdu ! Pas chiens, les assureurs lui ont offert un parachute doré de 800 000 euros, soit l’équivalent de dix mois de salaire. Le lobbyiste en chef des assureurs gagnait en effet 960 000 euros par an, soit quasiment deux fois plus que le patron d’EDF !
Présider une fédération patronale, c’est quand même drôlement bien payé !
‒ Pourquoi ma prime d'assurance a encore fait un bond cette année ?
‒ Mon bon monsieur, vous savez bien que nous avons toujours plus de risques à assumer. Regardez les événements climatiques, la malbouffe, la pollution, tout ça… Enfin, voyons !
‒ N'est-ce pas un peu aussi pour arroser votre patron (comme chez les mutuelles) et votre structure de lobbying ainsi que pour être en mesure d'assumer le risque des produits financiers irréels et irréalistes, donc pourris, que vous assurez sur les marchés ?
‒ Grand dieu, non ! Pas du tout ! Non, non, non ! Pas du tout !
‒ Buuuuuuuullshiiiiiiiit !
Dans le Canard enchaîné du 19 juin 2019.
Non, les urgences ne sont pas débordées par les petits bobos du quotidien… Ceci est une bêtise, comme les autres annonces de la ministre de la Santé sur le sujet.
Il aura donc fallu trois mois et la mise en grève d’une centaine de services d’urgences pour que la ministre Agnès Buzyn consente à recevoir en personne les syndicats, le 14 juin. La semaine précédente (le 6 juin), alors que la pression médiatique était déjà montée d’un cran, elle s’était contentée de dépêcher son directeur de cabinet auprès des grévistes. Et de commander un énième rapport pour le mois… de novembre à Pierre Carli, le patron du Samu de Paris, qui en a déjà pondu un sous la ministre précédente, Marisol Touraine.
Ruer dans les brancards
Blague supplémentaire : afin de rephosphorer sur la question, Carli se voit flanqué du député En marche ! Thomas Mesnier, qui a lui-même remis un rapport sur les urgences à Agnès Buzyn en… mai 2018 ! « Pas besoin de commander un nouveau rapport, il n’y avait qu’à fusionner les deux », raille l’urgentiste Gérald Kierzek. Et l’urgence de gagner du temps, alors ?
Quant aux 70 millions annoncés par Buzyn pour financer une prime aux soignants et l’embauche d’intérimaires, « c’est une goutte d’eau et un miroir aux alouettes. Il n’y a pas de rallonge budgétaire, donc ce sera financé en supprimant des postes et des moyens dans les autres services », prévient Patrick Bourdillon, de la CGT-Santé.
Histoire de faire passer la pilule, la ministre de la Santéa a repris son refrain habituel : si les urgences sont débordées, c’est à cause des petits tracas de santé bons pour le généraliste (la « bobologie », en jargon carabin) et d’« un problème d’organisation » avec la médecine de ville. Trop facile : « Il faut arrêter avec ce discours qui culpabilise les patients, bondit Gérald Kierzek. Le vrai problème, ce n’est pas la bobologie, c’est le manque de lits. »
La littérature scientifique internationale abonde en études sur ce phénomène d’engorgement (overcrowding, en bon français), qui est loin de ne concerner que l’Hexagone. Et les analyses sont unanimes : « La cause numéro un de la saturation, c’est le manque de lits dans les services, qui empêche d’hospitaliser les patients dans un délai raisonnable, explique le Pr Yonathan Freund, urgentiste à la Pitié Salpêtrière. Vous mettez 50 patients dans une salle d’attente qui ont le nez qui coule, ils vont vous prendre cinq minutes chacun, ce n’est pas le problème. Par contre, si on a cinq malades graves qu’il faut surveiller, à qui on ne trouve pas de place et qui restent sur un brancard pendant 24 heures, on déborde. Quand vous en avez 20 ou 25, c’est l’enfer. »
Repérer une seringue dans une botte de foin est souvent plus facile que de dénicher un lit d’aval… Selon les chiffres de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), pas moins de 80 000 lits d’hospitalisation ont en effet été supprimés entre 2000 et 2017. « On a cru que les besoins diminueraient avec le virage ambulatoire (médecine de jour), mais on n’a pas anticipé le vieillissement de la population, qui a explosé ces vingt dernières années », soupire un chef de service de gériatrie.
Outre des créations de postes, l’intersyndicale reçue par Buzyn a réclamé « un moratoire » sur ces suppressions de lits, dont le rythme ne faiblit pas. Réponse lapidaire de la ministre : « Le mot ne meconvient pas (sic). Ce n’est pasà l’ordre du jour. »
Un dialogue de malade !
Dans le Canard enchaîné du 19 juin 2019.
Ce docu qui circule pas mal est plutôt une blague.
Je résume : les collapsologues sont des gens réalistes, ha, heu, non, ce sont des irréalistes, ha, heu, non, ce sont des guignols (ils font pousser leur bouffe eux-mêmes et ils sont obligés de créer un groupe Facebook dédié pour parvenir à niquer, les pignoufs !), ha, non, ce sont des terroristes qui veulent saboter les infrastructures vitales (à titre perso, je ne vois pas d'intérêt à ce type d'action : les humains reconstruiront lesdites infrastructures jusqu'à rencontrer une impossibilité technique), ha, non, ce sont des malades (éco-anxiété / solastalgie, pessimisme, égoïsme/mise en avant de soi, quête d'un sens à leur vie, etc.)… Ça donne envie, hein ? Lolilol.
Quelques remarques :
Je n'ai pas changé d'avis sur tout ça : osef de ma disparition, de celle de l'humanité, de celles des espèces animales. Rien dit que l'on doit impérativement vivre. L'humain est insignifiant à l'échelle de la planète, la planète est insignifiante à l'échelle de l'univers. Des espèces animales ont déjà disparu dans le passé. Il faut avoir un égo démesuré pour penser que nous avons plus de légitimité qu'elles à survivre. Si ça se trouve, tout se passe """"comme prévu"""".
[…] Au vu des missions de service public des députés et du Parlement, la haute juridiction administrative confirme que la CADA et le TA [ Tribunal Administratif, NDLR ] sont parfaitement légitimes à se prononcer sur une demande de communication de documents administratifs parlementaires, validant ainsi les arguments que nous défendions sur ce point : la séparation des pouvoirs ne saurait s’opposer à la transparence démocratique.
[…]
[…] En effet, le Conseil d’État estime que puisque les frais de mandat sont destinés à couvrir des dépenses liées à l’exercice du mandat de député, ils se rattachent à leur statut de députés, et relèvent donc de l’exercice de la souveraineté nationale, écartant de fait toute obligation de transparence et de redevabilité. Reposant ainsi sur ce seul argument d’autorité, cette décision est une nouvelle atteinte au droit de savoir assez alarmante.
Elle met en effet en danger le cadre juridique, déjà très bancal, de la gestion de l’argent public alloué aux députés : si le statut du député empêche les citoyens de connaître de l’usage fait des deniers publics, en est-il désormais de même lorsqu’un différend émerge de l’usage de ces ressources ? Le conseil des prud’hommes pourrait-il se voir opposer le même argument de souveraineté nationale lorsqu’il juge des différends entre un député et ses collaborateurs ? Les tribunaux sont-ils toujours aptes à arbitrer du conflit entre un député et le propriétaire de sa permanence parlementaire ?
En affirmant la compétence du juge administratif en ce qui concerne la communication de documents relatifs aux frais de mandat, tout en opposant ensuite le statut de député comme un écran opaque à la communicabilité de ces documents, le Conseil d’État entérine une situation absurde par laquelle l’exercice d’un droit constitutionnel ne trouve pas d’application légale. Nous allons donc voir avec notre avocat, Maître Olivier Coudray, quelles suites donner à cette action, par exemple devant la Cour européenne des droits de l’homme, pour parvenir à rendre effectif le droit de chacun à la transparence de l’usage de l’argent public par les députés et au sein du Parlement.
Ce récit va parler de réseau informatique en fibre optique, de prestataires à tous les échelons, d'absence de matériel de rechange, d'absence de plateforme de test complète et d'enfermement dans des certitudes. Les joies de l'informatique réunies, en somme.
Je suis l'un des administrateurs réseaux d'un petit MAN c'est-à-dire un réseau informatique à l'échelle d'une ville regroupant plusieurs acteurs différents. Fibre noire (ça veut dire que c'est nous, les membres du réseau, qui éclairons la fibre, qui possédons le matériel qui le fait, la fibre nous est louée nue). Tout est niveau 2. Topologie en anneau pour la résilience avec RRPP comme protocole d'empêchement des boucles réseau.
Le prestataire mandaté pour intervenir sur les fibres optiques nous prévient d'une coupure dans le cadre de travaux de voirie. Le jour dit, à l'heure dite, deux liaisons fibres tombent (cessent de fonctionner, plus de signal reçu de part et d'autre), comme prévu. Quelques heures plus tard, les deux liaisons remontent. L'une retombe 45 minutes plus tard. L'autre reste opérationnelle. Le créneau horaire prévu pour la maintenance est dépassé de plusieurs heures et la fibre est toujours éteinte… Je previens le prestataire.
Le lendemain, en attendant le prestataire en déplacement, je regarde plus attentivement : l'interface d'un des switchs de terminaison de la liaison HS est up, l'autre est down. Ça me paraît évident : le prestataire a touché au jarretièrage (c'était prévu dans le cadre de la coupure) et a dû brancher, par erreur, notre paire de fibres avec une autre. Si le switch à l'autre bout a des tranceivers optiques avec des spécifications techniques identiques aux nôtres (laser/WDM, LR/ER, etc.), alors la liaison optique devient opérationnelle, c'est logique.
Pour les novices, qu'est-ce que le jarretièrage ? On n'installe pas une fibre optique entre un site géographique A et un site géographique B d'un seul tenant. On fait plusieurs arrêts dans des points stratégiques. Ce n'est pas pour régénérer le signal lumineux qui s'atténue avec la distance, il n'y a pas de matériel actif en ces points. Sur chaque site (généralement une armoire de rue), il y a un bandeau de brassage qui expose les 144 fibres qui viennent d'un tronçon, les 144 qui viennent d'un autre tronçon, etc. Le jarretièrage, ça consiste à relier la paire de fibre d'un tronçon à une autre avec un bout de fibre (dé)clipsable (pas de soudure). Le but est d'obtenir une grande flexibilité : en cas de travaux, on peut rediriger sur un autre tronçon (en faisant attention à la distance puisque la lumière, comme le signal électrique, s'atténue avec la distance) ; si demain, je ne souhaite plus me raccorder au site géographique B mais au site géographique C, il suffira très probablement de déplacer quelques jarretières et de tronçons optiques en tronçons optiques, je serai raccordé sans avoir à effectuer des travaux de voirie pour poser une fibre directe entre B et C. Un exemple illustré ? Le point de mutualisation (PM) d'un immeuble d'habitations est un bon exemple de panneau de brassage : on branche la fibre qui dessert un appartement sur la fibre d'un opérateur (Orange, SFR, etc.) en fonction du choix de l'occupant du logement. Ce branchement s'effectue avec une jarretière. C'est donc du jarretièrage.
Le prestataire fibre effectue des qualifications (des mesures de diagnostic), mais pas de bout en bout (pas d'une extrémité à l'autre de la liaison) et, pire, il ne mesure pas depuis la même armoire de rue (là où on effectue le jarretièrage, voir ci-dessus) : il mesure entre notre premier site géographique et une première armoire de rue, puis entre notre deuxième site et une deuxième armoire plus en amont… Il me dit qu'il a bien une continuité optique, donc ça ne doit pas venir de la fibre. Comme je n'ai pas une qualification de bout en bout, je continue de douter. En tout cas, à la fin de ses manipulations, les deux switchs voient la fibre down… Y avait-il malgré tout un problème de jarretièrage ? Cette question restera sans réponse.
Je me dis que, peut-être, le prestataire a inversé TX (l'émission) et RX (la réception) dans l'armoire de rue dans laquelle était prévue l'intervention. Ainsi, le laser émis par chaque switch n'arrive pas sur le récepteur de l'autre, mais sur l'émetteur, et donc, forcément, ça ne fonctionne pas. Je décide donc d'inverser TX/RX sur le bandeau de brassage de mon site géographique. Absence de résultat.
Après coup, je peux affirmer que les hypothèses ci-dessus sont fumeuses, car, si j'en crois le prestataire, le jour de la maintenance, il a débauché après avoir remis le jarretièrage dans son état initial, donc 45 minutes plus tard, quand la liaison fibre est tombée à nouveau, il n'était plus sur place, donc innocent. Mais, à ce moment-là de l'histoire, je n'avais pas pris en compte ce point.
Je me dis que, peut-être, un transceiver a cessé de fonctionner. Les switchs identifient bien le transceiver et son absence quand il est retiré, mais ça, ça qualifie seulement le circuit électronique, pas l'émetteur/récepteur optique. Allons-y pour changer les deux transeivers (un à chaque extrémité de la liaison). Évidemment, on n'a pas de matériel de rechange sous la main. Imagine : du 10 Gbps, sur une distance entre 10 km et 40 km (ER), avec le format de transceiver XFP. En interne de nos sites géographiques, nous utilisons majoritairement du 1 Gbps, sur de courtes distances (donc SX/LX), avec des transceivers au format SFP+. Pour le MAN, nous avons bien un contrat de maintenance matérielle avec un autre prestataire afin de permettre un remplacement à flux tendu (sans stock inutilisé de notre côté). Sauf que le contrat ne prévoit pas de fournir des transceivers de test, il faut démontrer une panne matérielle (exemple : le transceiver n'est plus détecté par le switch). Bref, on se démerde comme on peut, on tombe d'autres liaisons fibre aux caractéristiques similaires afin d'emprunter leurs tranceivers. Résultat : la liaison fibre ne monte pas.
Le lendemain, le prestataire fibre intervient à nouveau à ma demande et, cette fois-ci, il effectue une mesure de bout en bout (de mon premier site géographique jusqu'au deuxième). Cette fois-ci, c'est indiscutable : il y a une continuité optique et l'émetteur d'un site est bien raccordé sur le récepteur de l'autre et inversement.
Je me dis que le port d'un des switchs est foireux : poussière, faux contact, etc., mais je peine à me convaincre puisque chaque switch identifie bien son transceiver…
Je me dis que c'est l'un des switchs qui foire. Je veux raccorder la fibre sur des switchs de test (pas raccordés du tout à la production). Sauf que nous n'en avons pas sur le deuxième site géographique… Allez, jouons avec le feu en utilisant un switch de prod'… Hé bah non, on n'a pas le format de transceiver qui va bien… Sur mon site géographique, je raccorde quand même la fibre sur un switch de test (l'autre extrémité est toujours le switch de prod') : la liaison monte instantanément. Donc le problème est sur mon site géographique. Cool, ça simplifie les choses.
Est-ce le switch qui foire ou la jarretière entre le bandeau de brassage et le switch (car j'en ai posé une nouvelle pour raccorder le switch de test) ? Je retire le transceiver du switch de test et je l'insère dans le switch de prod', en utilisant la même jarretière. La liaison reste down. C'est donc le switch… ou son module.
Ben oui, afin d'avoir plus de ports SFP+ (oui, de ce côté-là, le format des transceiver n'est pas XFP mais SFP+), nous avons ajouté des modules. Je ne crois pas trop en la panne du module car l'autre port de ce module fonctionne très bien pour une autre liaison optique. Je pourrais chercher si une commande permet de redémarrer seulement le module, mais ça serait vain. L'administration des switchs est déléguée à un troisième prestataire. J'ai donc seulement un accès en lecture, impossible de passer des instructions permettant une modification de la configuration ou de l'état du switch… Faire appel à ce prestataire est exclu : il est aux abonnés absents depuis plusieurs mois… C'est pour cette raison que je n'ai pas pu tester avec un autre port libre du switch : je n'ai pas les droits pour up logiciellement une interface (une interface réseau a au moins trois états : éteinte logiciellement (et donc physiquement), allumée logiciellement mais éteinte matériellement (c’était le cas de la liaison que je cherchais à réparer), et allumée logiciellement et matériellement donc opérationnelle)…
Depuis le début, je parle d'un switch, mais il fait partie d'une pile de deux switchs. Après un examen minutieux, je me rends compte que je peux redémarrer, sans impact, le switch qui porte cette liaison fibre grâce à la redondance (deux switchs par site géographique, topologie réseau en anneau + protocole RRPP). Allons-y pour un redémarrage électrique. Le switch démarre… … … et la liaison fibre redevient opérationnelle !
Bref, dans le doute, reboot. Un adminsys winwin aurait été plus brillant que moi pour réparer cette panne.
Nous installons un nouveau serveur openLDAP consumer. Il est répliqué sur le même serveur LDAP producer que tous nos autres serveurs LDAP consumers. La configuration est strictement identique, car intégralement gérée par Puppet.
Plus de 24 heures après son installation, nous lançons une recherche LDAP très classique : ldapsearch -xLLL -H ldaps://serveurldap.masociete.example -b ou=people,dc=masociete,dc=example monattribut=830
. Elle retourne 38 résultats quand c'est l'un de nos consumers déjà en place qui y répond et 30 résultats quand c'est notre nouveau serveur qui y répond.
Problème de réplication ? Non, un coup de ldapvi sur le producer et une recherche sur ce nouveau consumer montre qu'elle fonctionne. Notre script de supervision qui surveille la réplication LDAP le confirme. De plus, les 8 entrées qui constituent la différence ont été crées il y a plusieurs années !
Encore plus étrange : si l'on remplace le filtre de recherche (monattribut=830
) par monattribut=*830
ou monattribut=830*
ou même monattribut=*830*
, notre nouveau serveur LDAP retourne bien le bon nombre de résultats. :O
C'est cela qui m'a mis la puce à l'oreille. Le filtre « monattribut=830 » effectue une recherche exacte. Les autres filtres exposés ci-dessus effectuent une recherche de sous-chaîne. Or, nous avons créé, de longue date, un index pour la recherche exacte (« olcDbIndex: monattribut eq » dans la configuration), mais pas pour la recherche d'une sous-chaîne (qui s'écrit « sub »). Conclusion : l'index est foireux.
On force la (re)génération des index avec la commande sudo -u openldap slapindex
.
Problème réparé. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que la fonctionnalité d'indexation d'openLDAP a eu un comportement foireux…
OpenLDAP génère des statistiques (cf la documentation très incomplète du projet) : nombre de connexions, nombre de requêtes par type (ajout, suppression, modification, recherche, etc.), etc.. Un module fourni par défaut, back-monitor, permet de les exposer via une requête LDAP standard. Il suffit ensuite d'écrire un script de supervision / métrologie qui parse la sortie d'un ldapsearch.
Il faut activer et configurer ce module de slapd :
Créer un fichier /tmp/ldap-activer-module-supervision.ldif avec le contenu suivant :
dn: cn=module{0},cn=config
changetype: modify
add: olcModuleLoad
olcModuleLoad: back_monitor
ldapmodify -Y EXTERNAL -H ldapi:/// -f /tmp/ldap-activer-module-supervision.ldif
Créer un fichier /tmp/ldap-configurer-module-supervision.ldif avec le contenu suivant (dans mon cas, l'utilisateur mentionné dans l'ACL existait déjà, sinon il convient de le créer d'abord) :
dn: olcDatabase={2}Monitor,cn=config
objectClass: olcDatabaseConfig
objectClass: olcMonitorConfig
olcDatabase: {2}Monitor
olcAccess: {0}to dn.subtree="cn=Monitor" by dn.base="cn=supervision,ou=ldap,dc=masociete,dc=example" read by * none
ldapadd -Y EXTERNAL -H ldapi:/// -f /tmp/ldap-configurer-module-supervision.ldif
Visualiser les informations disponibles : ldapsearch -xLLL -H ldaps://serveurldap.masociete.example -D cn=supervision,ou=ldap,dc=masociete,dc=example -W -b cn=Monitor -s sub +
Branches intéressantes (ou non) :
Quelques notes :
Mises à jour silencieuses sous Debian GNU/Linux :
# Rend muet apt-listchanges + debconf (saisie d'infos durant l'install d'un paquet genre URI de truc, mdp de bidule, etc.)
export DEBIAN_FRONTEND=noninteractive UCF_FORCE_CONFOLD=1
# -y = ne pas demander confirmation si :
# * des paquets supplémentaires à ceux explicitement demandés doivent être installés/supprimés ;
# * la signature d'un paquet ne peut pas être vérifiée.
# +
# Pas d'interaction en cas de conflit sur un fichier :
# * Si le fichier en conflit ne contient pas de changements locaux, l'écraser par la version contenue dans le paquet.
# * Si le fichier en conflit contient des changements locaux, conserver la version locale du fichier.
aptitude update && aptitude -y -o Dpkg::Options::="--force-confdef" -o Dpkg::Options::="--force-confold" safe-upgrade
unset DEBIAN_FRONTEND UCF_FORCE_CONFOLD
ÉDIT DU 29/08/2023 : ajout de « UCF_FORCE_CONFOLD » afin de prévoir tous les cas. Source. FIN DE L'ÉDIT.
Un résumé partiel (il manque la future loi sur la prétendue haine en ligne, par exemple) des tensions actuelles autour de la liberté d'expression (dont la liberté de la presse est seulement l'une des composantes).
Ce n’est pas parce que Franck Riester ressemble à un Monty Python, qu’il faut conclure qu’il a transformé le ministère de la culture en celui des « démarches à la con ». Même si, après l’audiovisuel public, voilà qu’il s’attaque à la distribution de la presse pour l’ouvrir à la concurrence. La CGT est vent debout. Ce qui explique le retard du Rani chez les marchands de journaux. Et qu’avec cette « reforme de la loi Bichet », notre titre pourrait carrément disparaître des kiosques.
Autre dossier sur lequel l’ancien concessionnaire automobile voudrait aller vite : la création d’un « conseil de presse », un organe de médiation chargé à l’heure de la défiance, d’arrondir les angles entre les médias et leurs publics. Un outil de dialogue où même les « sans grade » pourraient peut-être avoir voix au chapitre. A l’heure où nos collègues du média d’investigation Disclose se « voient convoqués pour la publication d’une note classée « confidentiel dèfense », pas facile d’y croire avec un gouvernement qui a consacré dans la loi le « secret des affaires »…
Police partout
Si la macronie se méfie des médias, que dire de la galaxie frontiste ? La défiance est telle qu’elle a ses propres organes. Et, à l’instar de certains casques, c’est pointu. Comme « Défense Police Magazine », émanation d’une association marseillaise dont le nom résume la ligne et le dernier numéro, consacré au « malaise policier », fait la part belle à la question médiatique.
L’édito — intitulé « implication des médias » — fait état des démarches de l’association pour alerter les autorités sur la dangerosité de la presse pour les forces de l’ordre, les reportages étant devenus « une source de renseignements wire une véritable aubaine pour les mafiats de tout poil, du petit délinquant au terroriste ».
Et de plaider pour une réécriture de la « loi fondamentale » avec, à l’article 1 : « Tout citoyen est tenu à un respect scrupuleux des policiers, des gendarmes, des pompiers »… En cas d’insultes, d’outrages ou pire ? « Cour de justice spéciale » et « prison ferme ». Et pour les médias « Tous les journalistes qui répandent la haine anti—flic seront poursuivis pour « incitation à la haine sécuritaire » et « attentat a la dignité et a l’honneur des défenseurs de l’ordre républicain »… » Du délire ? Peut-être.
En attendant, tandis que Gaspard Gianz, le fondateur de Taramis News, vient d’être arrêté et interdit de manif des gilets jaunes, Olivier Cyran, un ancien de Charlie et CQFD, lui, est convoqué pour un tweet où il évoquait, pour de rire, une « formation » au « savoir-brûler Pôle Emploi » ! Et un instit' d'être poursuivi par un syndicat policier pour avoir appris à ses élèves une chanson d’Aldebert où les mômes envisagent, « pour louper l’école », — de faire « pipi sur un policier ».
Pas de doute, les démarches à la con méritent bien un ministère !
Dans le numéro de mai du Ravi, journal satirique en PACA.
À la fin, ces printemps arabes nous fatiguent. Le dernier de la liste a fleuri le 11 avril, au Soudan, lorsque la rue a chassé le dictateur islamo-militariste Omar El Béchir (trente ans de règne), après des mois de manifestations. Jusque-là, tout allait bien. L’opinion internationale s’est souvenue que Béchir avait mené trois guerres. La première, contre les chrétiens du Sud (1983-2005 — 2 millions de morts). La deuxième, contre diverses ethnies du Darfour, dans l’Ouest, a débuté en 2003 et a causé plus de 300 000 morts, selon l’ONU. La troisième, en cours elle aussi, a éclaté en 2011 dans les régions méridionales du Kordofan et du Nil bleu, pour le contrôle des ressources pétrolières. Elle a fait des milliers de victimes et de déplacés.
L’éviction du sanguinaire Béchir, longtemps sous la coupe des intégristes musulmans, protecteurs de Ben Laden, était plutôt réjouissante. Les manifestants réclamaient la démocratie et avaient fait d’une femme le symbole de leur soulèvement. Mais, depuis, le conflit dure et l’attention faiblit.
Début juin, les troupes paramilitaires du général Hemetti (tristement célèbre au Darfour) ont commencé à nettoyer les rues. Ses Janjawids ont torturé et liquidé les opposants dans des centres de détention secrets, jeté les cadavres dans le Nil (120 morts « officiels » à ce jour) et arboré, raconte « Le Monde » (7/6), les culottes des femmes violées. En Occident, les cris de protestation n’ont pas été perçants. Lassitude, donc, et gêne aussi : les Européens se sont souvenus qu’ils avaient conclu avec le Soudan un accord pour limiter l’immigration (« L’Humanité », 7/6). Et qui dirigeait les milices chargées de surveiller les frontières ? Hemetti.
Autre rappel : les « protecteurs » du conseil militaire de transition de Khartoum sont des partenaires de l’Europe, notamment de la France. Pas des amis, non, ni des démocrates ! Mais de bons clients pour nos industries d’armement : Egypte, Emrats arabes unis, Arabie saoudite.
Alors les regards se détournent, et on attend le clap de fin. Il faut savoir terminer une révolution. Pas trop salement, SVP.
Dans le Canard enchaîné du 12 juin 2019.
La loi d’orientation des mobilités, dont la maire de Paris attend impatiemment le vote, cette semaine, pour tenter d’endiguer l’invasion de trottinettes, comporte un volet « péage d’autoroute ».
L’idée d’Elisabeth Borne, selon « Le Journal du dimanche » (9/6), est de généraliser le « télépéage » et, ainsi, de rendre la « voie (…) libre pour entrer et sortir de l’autoroute ». C’est bien joli, mais l’hebdomadaire explique qu’il reste quelques détails à régler. D’abord, « comment dissuader automobilistes et poids lourds de passer à l’œil sans être enregistrés ? ». Pas de problème, on leur mettra, si on les rattrape, des prunes à 7 500 euros. Ensuite, qui paiera les nouveaux équipements de contrôle et la destruction des péages actuels, soit environ 1 milliard d’euros ? Pas de problème non plus, les usagers sont là pour ça.
Reste une petite question : au nom de quoi obliger les usagers occasionnels de l’autoroute à s’abonner au télépéage ?
Mouais… Donc des portiques pour lire un badge ou un smartphone ou scanner des vignettes ou des plaques d'immatriculation… Vu que le but est de fluidifier, ça sous-entend un scan sans arrêt donc ça exclu les badges et les smartphones, à mon avis car je pense que le RFID va galérer en présence d'un fort débit et/ ou d'une forte densité. Je sens plus le scan des plaques d'immatriculation rattachées à des dossiers clients chez chaque concessionnaire… Avec ou sans historisation des déplacements ? :)
Dans le Canard enchaîné du 12 juin 2019.
Nouvelle tendance réjouissante : les patrons de presse et de médias sont peu a peu remplacés par des fils de pub. A Europe 1, Constance Benqué, issue de Lagardère Publicité, a été choisie pour assurer l'intérim (et sûrement la succession) du journaliste Laurent Guimier. A RTL, pour diriger la station et remplacer le limogé Christopher Baldelli, le roupe vient de débaucher le chef de la pub de TF1, Régis Ravanas. Troisième exemple : à la direction des programmes de M6, Frédéric de Vincelles est viré, pour laisser place à Guillaume Charles, le directeur adjoint de la pub et du marketing.
Quand y a de la gêne, y a pas de plaisir !
Dans le Canard enchaîné du 12 juin 2019.
Le lolilol du jour : toi aussi apprend à parler le TrouDuc avec General Electric. C'est navrant… Le renoncement à toute forme d'humanité, jusque dans la manière de nous exprimer… Ça peut seulement créer des situations explosives.
Toujours faire croire aux interlocuteurs que la négo est ouverte, ne surtout pas dévoiler de décisions au couperet déjà arrêtées… Dès l’été dernier, le patron de la direction travail et emploi de General Electric pour toute l’Europe, Nick Thomas, qui est basé à Londres, a fait passer à ses directeurs, dans chaque pays, un édifiant petit manuel du bien-parler (rédigé en anglais). Il souhaitait tirer au plus vite les leçons de la condamnation aux prudhommes de la directrice française des ressources humaines de la filiale GE International, pour délit d’entrave. Car un manageur en avait imprudemment trop dit sur le « projet automne », déjà ficelé, consistant à externaliser des experts fiscaux maison en direction de PricewaterhouseCoopers…
Transmis par e-mail le 20 juillet 2018, ce document, intitulé « Règles pratiques de communication », enseigne l’art du double langage en donnant des exemples de formulation « OK » et « pas OK »… Ne dites pas : « Les notifications de licenciement seront transmises aux employés concernés une fois notre analyse achevée… », mais : « Nous allons nous engager dans un processus d’information et de consultation avec les représentants des salariés, au niveau requis, dès que nous aurons une proposition concrète à discuter… » Ne dites pas : « Nous avons decidé… », mais : « Notre intention préliminaire est de… » Ne dites pas : « Nous vous confirmerons votre statut individuel dans trois à quatre semaines », mais : « Nous pensons être en mesure de vous fournir une mise à jour sur notre progression au troisième trimestre… »
De l’art de noyer le poisson avant de bazarder les salariés.
Dans le Canard enchaîné du 12 juin 2019.