Le lolilol du jour : toi aussi apprend à parler le TrouDuc avec General Electric. C'est navrant… Le renoncement à toute forme d'humanité, jusque dans la manière de nous exprimer… Ça peut seulement créer des situations explosives.
Toujours faire croire aux interlocuteurs que la négo est ouverte, ne surtout pas dévoiler de décisions au couperet déjà arrêtées… Dès l’été dernier, le patron de la direction travail et emploi de General Electric pour toute l’Europe, Nick Thomas, qui est basé à Londres, a fait passer à ses directeurs, dans chaque pays, un édifiant petit manuel du bien-parler (rédigé en anglais). Il souhaitait tirer au plus vite les leçons de la condamnation aux prudhommes de la directrice française des ressources humaines de la filiale GE International, pour délit d’entrave. Car un manageur en avait imprudemment trop dit sur le « projet automne », déjà ficelé, consistant à externaliser des experts fiscaux maison en direction de PricewaterhouseCoopers…
Transmis par e-mail le 20 juillet 2018, ce document, intitulé « Règles pratiques de communication », enseigne l’art du double langage en donnant des exemples de formulation « OK » et « pas OK »… Ne dites pas : « Les notifications de licenciement seront transmises aux employés concernés une fois notre analyse achevée… », mais : « Nous allons nous engager dans un processus d’information et de consultation avec les représentants des salariés, au niveau requis, dès que nous aurons une proposition concrète à discuter… » Ne dites pas : « Nous avons decidé… », mais : « Notre intention préliminaire est de… » Ne dites pas : « Nous vous confirmerons votre statut individuel dans trois à quatre semaines », mais : « Nous pensons être en mesure de vous fournir une mise à jour sur notre progression au troisième trimestre… »
De l’art de noyer le poisson avant de bazarder les salariés.
Dans le Canard enchaîné du 12 juin 2019.