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  • Benjamin Bayart sur Twitter : [ manifestation = convention sociale permettant l'expression bon-enfant d'un conflit ]

    Grmbl. Ce bout de texte est... Voyons... De travers. Bien entendu que c'est un jeu, figurez-vous !

    Parce qu'en fait, soit c'est un jeu (la ritualisation des conflits, pour pouvoir les traiter autrement que par la lutte armée), soit il faut faire la guerre. Alors, oui, faire une manif avec des banderolles, c'est un jeu. C'est une forme rituelle du conflit, qui permet d'exprimer le conflit autrement que par la violence physique et la lutte armée. Évidemment que c'est un jeu, et c'est très bien que ce le soit. C'est une convention sociale. On dirait que tu ferais une manif pour montrer que t'es pas content, et on dirait que je ferais très attention à ton mécontentement, pour que surtout le conflit rituel ne devienne pas un conflit réel.

    Toute la question est de savoir qui a cessé de respecter cette convention sociale. Et donc a rendu le traitement rituel du conflit impossible. Et donc a forcé le conflit à redevenir ce qu'il est : un conflit. Qui a cessé d'écouter les manifs d'un "C'est pas la rue qui gouverne" ? Bien entendu que les manifs Bastille-Nation, c'était un jeu. Tant que tout le monde jouait le même jeu, selon les mêmes règles, ça pouvait fonctionner. Sitôt qu'un des deux camps ne respecte plus les règles, ça redevient un conflit. Et c'est dangereux. Nous avons besoin de ritualiser les conflits. Et le respect de ces rituels, c'est la garantie que notre société peut fonctionner sans qu'on se foute sur la gueule. Manifestement (ah ah), ça ne fonctionne pas.

    Si ça se trouve, c'est ce qu'explique Lordon dans les phrases qui suivent, d'ailleurs. Mais être outré de constater que c'est un jeu, c'est... terrifiant. Parce que ça veut dire qu'on trouve que seule la violence et la peur sont légitimes comme outils de lutte. Pour ma part, je suis hyper favorable au jeu. Si tout le monde joue le même. Ce qui en fait un jeu sérieux.

    Sun Feb 3 23:49:15 2019 - permalink -
    - https://twitter.com/bayartb/status/1089973655189274624
  • Censure antiterroriste : à marche forcée

    Lundi 28 janvier, nous avons publié un article pour faire le point sur le projet de règlement européen contre la propagande terroriste en ligne. Depuis le début ce texte nous inquiète, mais les dernières nouvelles ne sont pas rassurantes du tout.

    Si vous avez raté les épisodes précédents, rappelons que le texte veut obliger les hébergeurs à supprimer en une heure (1 h) les contenus signalés comme étant illicites, pour propagande terroriste en particulier. Cette obligation pose deux problèmes : la décision de suppression est purement administrative et n'est validée par aucun juge, et les moyens techniques et humains pour la mettre en oeuvre sont tellement coûteux que cela revient à donner les clés du web aux grandes plateformes, qui seront seules capables de gérer de telles masses de contenus grâce à leurs algorithmes et à leurs armadas de cliqueurs sous-payés (à lire ici : https://www.laquadrature.net/2018/11/14/censure-antiterroriste-macron-se-soumet-aux-geants-du-web-pour-instaurer-une-surveillance-generalisee/).

    Pour éviter de confier la police du web à Google et à Facebook, il faut bloquer cette mesure.

    Mais la commission LIBE du Parlement européen, chargée d'étudier le texte, semble bien décidée à laisser passer cette mesure désastreuse. Daniel Dalton, le député européen nommé rapporteur du texte, est un citoyen britannique : poussé dehors par le Brexit, il veut à tout prix porter un texte fort avant de quitter le Parlement européen.

    Notre article du 28 janvier s'adressait à lui : pourquoi défendre ce texte ? Travaillez-vous pour Google, ou bien n'avez-vous pas lu les nombreuses alertes lancées par les associations de défense des droits dans toute l'Europe ?
    À lire sur notre site : https://www.laquadrature.net/2019/01/28/d-dalton-rapporteur-sur-le-reglement-antiterroriste-est-sur-le-point-dautoriser-la-censure-de-masse/.

    Mais ce n'est pas tout. Le mardi 29 et le mercredi 30 janvier, Arthur et Martin, les deux juristes de La Quadrature, sont allés à Bruxelles rencontrer les parlementaires de la commission LIBE, dont Monsieur Dalton. Piqué par l'article, il leur a pourtant parlé sans hostilité. Sur certains points, le désaccord est entier : il est persuadé que le terrorisme s'attrape par Internet. Mais sur d'autres, l'accord est surprenant : il ne veut pas non plus de la censure automatisée !

    Alors, pourquoi la défendre ? Parce que d'un point de vue politique, il a besoin d'un texte fort, et que la formule « retrait en une heure » frappera les esprits. Bref, on marche à cloche-pied sur la tête.

    Les prochaines étapes pour le texte sont pour l'heure difficile à connaître : il y aura un vote pour avis dans deux autres commissions du parlement (IMCO et CULT, de leur petit nom), dont l'une a pour rapporteure Julia Reda, qui a des positions proches des nôtres. Ensuite, après un vote aux alentours du 21 mars probablement, la commission LIBE et Daniel Dalton soumettront leur texte au Parlement. Tout cela doit aller très vite, avant les élections de mai, voire avant le Brexit. Si nous ne faisons rien, difficile d'imaginer que le texte ne puisse pas être adopté dans sa pire version, installant une censure administrative et privée de l'ensemble du Web. La situation est aussi grave...

    Notre lettre à Daniel Dalton, rapporteur du règlement contre la propagande terroriste en ligne : https://www.laquadrature.net/2019/01/28/d-dalton-rapporteur-sur-le-reglement-antiterroriste-est-sur-le-point-dautoriser-la-censure-de-masse/

    Sur la liste de discussion de La Quadrature du Net.

    Sun Feb 3 23:38:12 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?jGA91Q
  • Grand débat: les secrets d’un hold-up - Page 1 | Mediapart

    Deux excellents articles de presse qui déconstruisent la prétendue volonté du gouvernement d'organiser un débat public, d'écouter réellement les citoyens, etc. On le devinait, mais c'est toujours mieux d'avoir des échanges d'emails, une chronologie, une explication de texte, etc. bref, des faits concrets sur lesquels s'appuyer. Le grand débat est donc une opération de communication d'un gouvernement errant qui cherche à limiter la casse aux élections européennes et, qui, à mon avis, prépare l'opinion publique à l'inévitable violence du prochain echelon de sa risposte anti-Gilets jaunes qui sera légitimée par un refus des Gilets jaunes de rentrer chez eux après ce grand débat qui sera présenté comme étant vertueux, comme étant l'écho de la voix du peuple donc comme une incontestable fin de partie. D'où il est important de rétablir la vérité sur la véritable nature de ce grand débat.


    Et quand Chantal Jouanno annonce ce 9 janvier qu’elle reste présidente de la CNDP mais qu’elle n’assumera pas, contrairement à ce qui était prévu, le pilotage de ce grand débat national, l’opinion retient que c’est cette polémique sur sa rémunération qui est à l’origine de cette embardée catastrophique pour le pouvoir.

    […] Et nul ne se doute que cette mise en retrait de Chantal Jouanno est surtout l’aboutissement ultime de très vives tensions entre la CNDP d’un côté, et l’Élysée et Matignon de l'autre, sur la manière de conduire ce grand débat national.

    […]

    L’histoire commence donc au début du mois de décembre. Emmanuel Macron a alors annoncé son intention d’ouvrir un grand débat national pour tenter de désarmer la colère des gilets jaunes et leur apporter la preuve qu’il est à l’écoute.

    Le 5 décembre, Chantal Jouanno, qui préside la CNDP, dont la mission est précisément d’être le garant de la neutralité et de l’impartialité de tous les débats publics organisés dans le pays, est donc approchée. Dans un premier temps, c’est Damien Cazé, conseiller au cabinet du premier ministre, qui lui demande si elle accepterait de piloter le grand débat. Mais la demande est curieusement formulée : son interlocuteur lui demande si elle accepte de le faire « à titre personnel ». Réponse de Chantal Jouanno : c’est impossible ! Si le gouvernement veut la saisir, cela ne peut être qu’ès qualités, comme présidente de la CNDP. Il faut donc que le gouvernement respecte les procédures et fasse une saisine officielle de la CNDP.

    Le sous-entendu est très clair : la CNDP est régie par des règles. Et si le gouvernement veut faire appel à elle, il devra les respecter. Comme dans tous les débats organisés par la CNDP, il ne peut y avoir de « lignes rouges », c’est-à-dire de sujets interdits. La neutralité et l’impartialité des débats devront être assurées, et c’est la CNDP qui en est nécessairement le garant – et non un ministre ou un responsable politique. Tous les intervenants dans le débat sont égaux : en clair, la parole d’un président de la République, s’il intervient, ne peut pas peser plus que celle d’un autre citoyen. Ou alors, si le président ou un ministre participe, ils ne peuvent présider la séance ni être sur une tribune ou au centre de la salle, de sorte que tous les participants soient égaux. Quant aux restitutions et au compte-rendu final des débats, c’est aussi la CNDP qui doit en avoir la maîtrise, de sorte qu’ils ne soient pas biaisés par quiconque. Toutes ces règles, la puissance publique les connaît évidemment, et le premier échange ne fait qu’y faire allusion.

    Alors pourquoi Damien Cazé demande-t-il à Chantal Jouanno de piloter le grand débat « à titre personnel » ? Le gouvernement souhaite-t-il obtenir la caution de la présidente de la Commission, mais sans saisine officielle, c’est-à-dire en s’émancipant des procédures démocratiques de la commission ? Ce même 5 décembre, un autre indice peut le suggérer. Il transparaît du courriel (voir ci-dessous) que Chantal Jouanno adresse au même Damien Cazé mais aussi à Thomas Fatome, qui est le directeur adjoint de cabinet d’Édouard Philippe. Chantal Jouanno leur signale que deux ministres, Jacqueline Gourault et Muriel Pénicaud, « rencontrent demain les organisations syndicales et associations d’élus ». Et la présidente de la CNDP d’ajouter : « Elles envisagent de définir et valider avec eux la méthode et l’organisation du débat. Ceci n’est pas en cohérence avec la volonté affichée de confier à une autorité indépendante cette organisation pour en garantir la neutralité. »

    Le 11 décembre, […] Dans la soirée, Damien Cazé lui apporte une drôle de réponse. Ou plutôt, il revient vers elle pour lui poser une question : « Chantal, on peut mobiliser les équipes sans saisine formelle ? Car on risque d’avoir une gouvernance un peu compliquée… » Le message, cette fois, n’est plus allusif : la formule de « gouvernance un peu compliquée » suggère que le gouvernement cherche un moyen pour ne pas effectuer de saisine de la CNDP et donc, pour échapper aux contraintes démocratiques que cela imposerait.

    Le 13 décembre, le ton commence à monter. Une réunion a lieu ce jour-là à l’Élysée, avec une délégation de la CNDP conduite par Chantal Jouanno, la secrétaire générale adjointe de l’Élysée Anne de Bayser, le conseiller spécial de Macron Ismaël Emelien, le directeur adjoint de cabinet du premier ministre et divers autres conseillers. Un premier sujet de conflit apparaît. Ismaël Emelien veut qu’il s’agisse d’un débat fermé, avec des sujets hors débat – ce qui est contraire aux principes de la CNDP. Un second sujet de désaccord apparaît quand un conseiller évoque le nécessaire « filtrage du rapport final ». Ce qui est pour la CNDP tout aussi inacceptable car les données, dans leur intégralité, doivent pouvoir être accessibles à tous, de sorte que chacun puisse vérifier la sincérité de la restitution, à la fin du débat.

    […]

    Dans sa lettre à Chantal Jouanno, Édouard Philippe utilise en effet ces formules : « Je souhaite que la CNDP accompagne et conseille le gouvernement dans l’organisation de ce grand débat, et que vous assuriez personnellement cette mission. » Qui donc pilotera le grand débat : la CNDP ou le gouvernement ? La formule choisie peut signifier que la CNDP n’aura qu’une mission d’assistance et que c’est le gouvernement qui sera le pilote, ce qui serait une remise en cause du principe de neutralité.

    La formule selon laquelle Chantal Jouanno assurerait « personnellement cette mission » peut aussi suggérer qu’elle ne le ferait pas forcément és qualités de présidente de la CNDP mais à titre personnel, d’autant qu’elle pourrait s’appuyer pour conduire cette mission « sur une équipe interministérielle »**.

    Le 17 décembre, la CNDP rend sa décision, qui est publiée comme le veut la loi par le Journal officiel : « Article 1 – La Commission, autorité administrative indépendante, accepte la mission d’accompagner et de conseiller le Gouvernement dans l’organisation du Grand débat national et désigne sa Présidente, Madame Chantal Jouanno, pour qu’elle assure personnellement cette mission. Cet accompagnement se poursuivra jusqu’au lancement du débat. Article 2 – La poursuite de cette mission jusqu’à la rédaction du rapport final suppose un engagement du Gouvernement à respecter pour ce débat public les principes fondamentaux de la Commission nationale du débat public. »

    […]

    La formule a de quoi inquiéter Chantal Jouanno car le même jour, peu avant, une réunion a eu lieu, toujours à Matignon, au cours de laquelle on lui a dit que la CNDP piloterait le grand débat, mais qu’elle serait assistée de personnalités faisant office de garants. Ce que Chantal Jouanno a refusé, toujours pour la même raison : le garant, le seul, ne peut être que la CNDP, puisque c’est précisément sa raison d’être.

    Pour lever toutes les équivoques, la CNDP transmet d’ailleurs au gouvernement ce 18 décembre « une proposition de méthode pour la conduite du Grand Débat National » (proposition qui, parmi d’autres documents, figure dans le rapport final de la CNDP, que nous examinerons plus loin).

    Dans le lot de ces recommandations figure celle-ci : « Nous déconseillons fortement de préciser publiquement avant le débat les “lignes rouges”, c’est-à-dire les propositions que le gouvernement refusera quoi qu’il advienne de prendre en compte, et plus encore les sujets dont il ne veut pas débattre. L’expérience de la CNDP lui permet d’affirmer qu’afficher une telle position avant l’ouverture du Grand Débat National en videra les salles ou en radicalisera plus encore les oppositions. Un débat qui ne permet pas d’aborder l’option zéro d’un projet, c’est-à-dire son abandon, est systématiquement un échec. Par contre, il ne vous sera jamais reproché de répondre négativement et de manière argumentée. Nous déconseillons également très fortement d’utiliser les mots de pédagogie, d’explication, ou tout autre terme qui laisse à penser que les décideurs n’écoutent pas et se placent toujours dans une position de supériorité. Plus généralement, l’expérience de la CNDP permet d’affirmer que la seule pédagogie acceptable lors d’un débat est la “pédagogie réciproque” et non unidirectionnelle. Un débat renseigne toutes les parties prenantes des points de vue, des arguments et des informations dont chacun dispose. Enfin le débat ne sert pas à faire accepter les projets, mais à faire émerger leur condition de faisabilité. »

    Au chapitre « Neutralité et écoute pendant le Grand Débat National » figure cette autre recommandation : « Pendant le Grand débat national, les membres du gouvernement comme les parlementaires doivent s’engager à adopter une posture d’écoute active […]. La posture d’écoute active implique de ne jamais prononcer de discours en ouverture, en clôture ou depuis une estrade, mais de répondre éventuellement aux questions posées. »

    […] Par une lettre adressée ce 21 décembre à Édouard Philippe, elle lui fait donc savoir qu’elle ne peut pas se livrer à cet exercice. C’est un épisode qui était jusque-là inconnu, car on avait toujours pensé que la décision de se mettre en retrait avait été prise par Chantal Jouanno bien plus tard, le 9 janvier, dans le prolongement des polémiques sur sa rémunération. Or non : dès ce 21 décembre, Chantal Jouanno refuse la mission, telle que le gouvernement la conçoit.

    […]

    Panique à Matignon ! À peine la lettre arrive-t-elle à Matignon que le directeur de cabinet d’Édouard Philippe, Benoît Ribadeau-Dumas, adresse un SMS à Chantal Jouanno la priant instamment de ne pas se retirer. Et le directeur adjoint de cabinet lui téléphone, lui disant en substance : « Ne fais pas cela ! Tu vas nous ruiner. On va trouver une solution… »

    […]

    Le 28 décembre, elle a pourtant très vite la confirmation que son espoir est vain. Sur le site du gouvernement qui annonce le grand débat, deux phrases ont été retirées du projet initial. Un retrait lourd de sens, puisque les deux phrases disparues disaient ceci : « Le compte-rendu [du grand débat] sera réalisé par la Commission nationale du débat public » ; « C’est la Commission nationale du débat public (CNDP) qui assure la coordination opérationnelle et garantit la neutralité de l’ensemble de la démarche ». Aussitôt, Chantal Jouanno fait part au directeur de cabinet de Matignon de son inquiétude.

    Le 4 janvier, Chantal Jouanno adresse un courriel au directeur de cabinet de Matignon, Benoît Ribadeau-Dumas, pour lui expliquer dans le détail les contours que pourrait prendre le grand débat national, et elle lui joint une note de travail. Mais en préalable, elle lui demande (voir ci-dessous) si le gouvernement a clarifié la question du rôle de la CNDP et de la mission […]

    […]

    Le 7 janvier, La Lettre A sort son « indiscret » sur la rémunération de Chantal Jouanno, et des sources gouvernementales multiplient les attaques contre la présidente de la CNDP.

    Le 8 janvier dans la soirée, Chantal Jouanno en vient donc à la conclusion que rien n’a changé depuis sa lettre de mise en retrait du 21 décembre, adressée à Édouard Philippe, et que le gouvernement ne veut pas être contraint par les procédures du débat public. Elle annonce donc au gouvernement qu’elle met en application ce qu’elle annonçait au premier ministre ce 21 décembre.

    Le 10 janvier, une réunion de passation du dossier a lieu entre la CNDP, dont la mission s’arrête, et le Service d’information du gouvernement (SIG). La rencontre se passe mal, et les membres de la CNDP comprennent que toute la méthodologie mise au point va voler en éclats. Alors que la CNDP défend un débat avec « des thèmes ouverts, et pas de lignes rouges », le SIG veut une « fermeture des thèmes ». Et tout est à l’avenant. Alors que la CNDP défend « une posture d’écoute du décideur », le gouvernement veut confier à deux ministres, qui seront donc juges et parties, la gestion et le pilotage du grand débat, etc. Jusqu’à la restitution qui aurait été transparente, sous la responsabilité de la CNDP, et qui va passer sous le filtre du gouvernement, au risque d’être orientée…



    Suite : https://www.mediapart.fr/journal/france/020219/sous-le-grand-debat-la-manipulation-macron

    D'abord, il y a donc « l’indépendance ». En clair, pour qu’un débat soit honnête, il ne peut pas être piloté par un responsable public – élu, ministre, chef de l’État – qui aura ensuite à tirer les enseignements du débat. […]

    Or, dans le cas présent, avec le grand débat, nulle indépendance ! C’est Emmanuel Macron qui, de bout en bout, est à la manœuvre. Et, pour piloter le grand débat, le gouvernement a choisi de remplacer Chantal Jouanno par Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, et Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales

    […]

    La seconde valeur d’un débat public honnête, telle qu’elle est définie par la CNDP, c’est la « neutralité » […]

    Or, de cette « neutralité », Emmanuel Macron n’a jamais voulu entendre parler – et c’est précisément pour cela que le gouvernement a refusé de faire une saisine officielle de la CNDP qui l’aurait contraint à respecter ces procédures. La neutralité aurait en effet voulu que les citoyens mettent sur la table tous les sujets qu’ils souhaitent, sans que le débat ne soit constamment orienté, encadré, et pour tout dire cadenassé. Cela s’est senti dès le début quand, lançant le grand débat, Emmanuel Macron a écrit sa « Lettre aux Français ».

    Car cette lettre n’invitait pas à un débat ouvert. Non, d’emblée, le débat a été fermé – ou plutôt enfermé dans la doxa libérale, suggérant que, quoi qu’il se passe, le gouvernement ne changerait pas de politique (lire ici). « Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ? », demandait ainsi ingénument Emmanuel Macron. Comme s’il était hors de question de demander le relèvement de certains impôts, comme ceux sur les revenus du patrimoine et du capital.

    « Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? », poursuivait le chef de l’État, suggérant ainsi qu’il serait hors de propos de plaider pour des mesures allant à l’encontre de la politique d’austérité. « Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? », demandait-il encore, jouant perpétuellement des mêmes thématiques néolibérales.

    En bref, le grand débat a été lancé, dès le premier jour, sur un registre contrevenant à ce principe de neutralité. Et chaque jour qui passe apporte de nouvelles illustrations de cette violation du principe de neutralité. Alors que selon les règles de la CNDP, les responsables publics auraient dû être dans une posture d’écoute, sans peser d’aucune manière sur le débat, ni préjuger de ses conclusions, chaque ministre a son mot à dire. Tant et si bien que dans les médias « mainstream », privés comme publics, ce sont même les ministres qui monopolisent la parole.

    Un jour, c’est le ministre du budget qui se prononce pour la suppression définitive de la taxe d’habitation ; le lendemain, c’est le premier ministre qui se dit favorable à un sixième taux pour l’impôt sur le revenu ou qui lâche à propos du référendum d’initiative citoyenne : « Le RIC, ça me hérisse »…

    […]

    Enfin, dans les règles de la CNDP, il y a encore une autre valeur, qui est celle de « l’égalité de traitement » […] Traduction : dans un débat public digne de ce nom, tous les citoyens sont égaux, quelles que soient leurs fonctions. Simples citoyens, ou maires, ou députés, ou même président de la République, ils ont tous le droit d’intervenir, mais dans les mêmes conditions. Aucun n’est au-dessus de l’autre. Il n’y a donc pas de responsable public qui domine le débat de la tribune, ou qui se met au centre du débat. Il n’y a aucun responsable public qui ouvre le débat ou qui le conclut : l'égalité doit être totale.

    […] Dans d’innombrables réunions, ce sont les deux ministres qui ont distribué la parole à leur guise. Et souvent, ce sont des personnes préalablement désignées par les préfets des départements concernés qui ont eu accès aux micros.

    C’est même plus grave que cela. Dans d’innombrables cas, quand Emmanuel Macron a fait intrusion dans le débat public, l’égalité de traitement a été violée pour céder la place à un « One man show » présidentiel.

    Il s’agit d’une photo prise le 24 janvier lors du débat avec les habitants de Bourg-de-Péage. Mais s’agit-il d’un débat ? En réalité, la vidéo qui retrace les échanges montre clairement qu’il ne s’agit pas d’un débat où tous les participants sont égaux. Non, le chef de l’État est au centre de tout. C’est lui qui distribue la parole, c’est lui qui parle, c’est lui qui répond. Ce n’est pas un grand débat, c’est un meeting de campagne, très proche des scénarios dont raffolait Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle.

    Car, en vérité, lorsque l’on examine toutes les péripéties du grand débat, tout conduit à la même conclusion : si Chantal Jouanno a été mise sur la touche et si sa commission n’a pas été saisie, c’est qu’Emmanuel Macron a pris prétexte d’un supposé grand débat pour entrer en campagne. Non pas pour consulter les Français et les écouter, mais pour se jeter dans la mêlée, à quelques mois des élections européennes, et battre les estrades à son unique profit.

    Au mépris des règles du débat public, Emmanuel Macron a décidé de mobiliser les moyens de l’État, en même temps que l’argent public, pour se financer à bon compte une campagne avant l’heure. Et si tel est le cas, il est important d’observer comment les rouages démocratiques ont fonctionné – ou dysfonctionné – pour interdire ou favoriser cette manipulation du débat public.

    […]

    Il y a d’abord le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Car depuis que le grand débat a commencé, c’est un véritable rouleau compresseur qui s’est mis en branle dans tous les médias, privés mais aussi publics. Il n’est pas un média « mainstream » qui n’applaudisse et salue le succès de l’initiative. […]

    […] Non sans raison, le parti Les Républicains a d’ailleurs interpellé l’autorité indépendante dès le 28 janvier, pour lui enjoindre de faire respecter « l’équilibre des temps de parole ». « Nous sommes en effet assez étonnés des one-man-shows successifs » du chef de l'État, a déclaré l'un des porte-parole de LR, Gilles Platret, lors d'un point-presse. « Le monopole de la parole présidentielle, en tout cas en direct, sur un grand nombre de médias en information en continu – non pas que les médias soient en cause – nous interroge, et nous nous permettons de formuler vis-à-vis du CSA des interrogations sur le respect de l'équilibre de la parole publique. »

    Mais jusqu’à présent le CSA est resté muet, sans faire savoir les suites qu’il entendait donner à cette interpellation.

    Il y a enfin une autre autorité indépendante qui pour l’instant brille par son silence. La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques […]

    Or cette campagne de communication, organisée de bout en bout pour permettre à Emmanuel Macron d’essayer de reprendre pied, et de surmonter la crise des gilets jaunes, va coûter une véritable fortune. S’il s’agissait d’un véritable grand débat, honnête et impartial, on ne pourrait que s’en réjouir. Mais comme il s’agit d’une campagne de com’ qui ne dit pas son nom, cette utilisation des deniers publics à des fins personnelles retient pour le moins l’attention.

    […]

    En réalité, le gouvernement ne communique que très peu d'informations, arguant que toutes les données financières ne sont pas encore connues et qu’elles seront rendues publiques en temps et en heure. Ce qui est certain, c’est que le grand débat, organisé pour le profit exclusif d’Emmanuel Macron, va porter « sur un coût estimé entre 10 et 15 millions d’euros », soit une somme pas très éloignée de ce que le candidat Emmanuel Macron a dépensé pour sa campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle, soit 16 698 320 d’euros

    Et encore ! Cette somme de 10 à 15 millions d’euros devrait comprendre l’ensemble des dépenses prévues pour ce grand barnum, sauf celles engagées pour les shows… d’Emmanuel Macron qui, compte tenu de l’importante logistique engagée, vont aussi coûter très cher.



    Je trouve que Mediapart sacralise trop la CNDP qui, dans le passé, a montré les limites de sa vigilance portant sur la neutralité des débats. Voir, par exemple, l'excellent dossier de Reflets.info sur le débat public autour d'Europacity.

    Sun Feb 3 21:59:37 2019 - permalink -
    - https://www.mediapart.fr/journal/france/260119/grand-debat-les-secrets-d-un-hold
  • Des barbouzes prises dans la Toile

    Le Comcyber, le Commandement de la cyberdéfense française, créé en 2017 et placé sous l’autorité du chef d’état-major des armées, peut se vanter d’avoir fait des débuts prometteurs sur Internet. Nos vaillants pioupious du Net se sont ainsi dotés pour communiquer d’une adresse Gmail, propriété du géant américain Google !

    Rien d'étonnant : le sinistère de la Défonce a signé un contrat open-bar Microsoft depuis 2009. De même, la direction centrale des directions interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information pousse à l'utilisation de logiciels privateurs depuis plus de 5 ans…


    x0rz — pseudo d’un spécialiste de la sécurité informatique très actif sur les réseaux sociaux — vient de faire cette découverte en épluchant le compte Twitter du Comcyber, et il s’est empressé de populariser la nouvelle sur la Toile. La boulette est d’autant plus étonnante que les liens entre les barbouzes américaines de la NSA et les géants US de l’informatique sont de notoriété publique. Bonjour le secret-défense…

    Au contraire, ceci n'explique-t-il cela ? ;) Après tout, les ricains ne sont-ils pas nos grands amis et alliés (ironie inside) ?


    Mais l’exemple vient de haut. Macron possède lui-même une adresse Gmail, qu’il utilise depuis de nombreuses années et qui semble avoir été piratée en juin 2017, peu après son installation à l’Elysée (le « JDD », 20/1 ). Pour le dédouaner, l’entourage du chef de l’Etat affirme que cette adresse — diffusée très largement — ne sert que pour des correspondances banales ou familiales.

    Pour désamorcer tous les soupçons, qu’attend Donald Trump pour créer une adresse sur « laposte.net » ?

    Dans le Canard enchaîné du 23 janvier 2019.

    Sun Feb 3 20:40:23 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?LBBHag
  • Jeu, set et menaces

    Dans le monde du tennis, un sport de gentlemen, il y a les stars, qui passent à la télé et gagnent des millions sur la pelouse de Wimbledon ou la terre battue de Roland-Garros, et puis il y a les autres, qui tapent la balle dans les gymnases de Bressuire, gagnent des clopinettes et finissent au poste de police.

    Classés entre la 200e et la 600e place mondiale, ces forçats de la raquette rament dans les tournois secondaires de la planète pour ramasser quelques centaines d’euros qui leur paient à peine le voyage et l’hôtel. Ce petit monde-là se divise encore en deux catégories : ceux qui acceptent entre 1 000 euros et 10 000 euros pour perdre un point, un set ou un match, sous la pression des mafias des paris en ligne, et ceux qui refusent, menaces à la clé.

    Depuis que la tentaculaire affaire de matchs truqués a éclaté à Bressuire, il y a quinze jours, les témoignages édifiants sur cette violence planquée pleuvent comme des smashs. La copine du Belge Yannick Mertens, 522e joueur mondial, reçoit de doux messages sur son compte Facebook après les défaites de son compagnon (TF1, 19/1) : « Ton copain Mertens, je vais lui casser les jambes et la tête ! » Le Français Hugo Nys, 434e à l’ATP, décrit son quotidien réjouissant (« L’Equipe », 16/1) : « On te dit qu’on va violer ta copine, qu’on te souhaite d’avoir un cancer. C’est incroyable, on subit ça et personne ne fait rien. »

    Même régime chez les filles, avec Constance Sibille, que des gugusses ont accostée lors d’un tournoi en Roumanie, il y a cinq ans déjà, alors qu’elle était 265e mondiale (« L’Est républicain », 18/1) : « J’ai déjà reçu des menaces de mort parce que j’avais fait perdre de l’argent à des parieurs. C’est devenu banal. » Pour Marine Partaud, 417e mondiale (« L’Equipe Magazine », 2/11/18),ça continue : **« On est sûres de recevoir des messages horribles, des injures, des menaces de mort, toutes les semaines, sur tous les tournois (…). C’est dangereux pour notre sécurité (…), ils commen- cent à venir nous menacer. On va attendre qu’une joueuse se fasse tabasser pour réagir ? »

    A part mettre des vigiles sur tous les terrains, la réaction risque de se faire attendre, vu le fonctionnement des paris en ligne sur ces matchs secondaires, interdits depuis la France mais autorisés partout ailleurs. Le joueur Hugo Nys résume bien l’absurdité du système : « Comment ça se fait qu’un mec puisse parier en Ouzbékistan sur un premier match de qualif en Turquie ? »

    C’est le monde merveilleux du blé et de l’Internet…

    Dans le Canard enchaîné du 23 janvier 2019.

    Sun Feb 3 20:28:42 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?2bJ6RQ
  • Procès d'une mort si prévisible…

    La condamnation, le 18 janvier à Cahors, de Jean-Paul Gouzou (67 ans au moment des faits) à 25 ans de prison pour le meurtre de son épouse, Djeneba (37 ans), a conclu une triste affaire de féminicide (109 femmes tuées par leur mari, leur ex ou leur compagnon en 2017), mais aussi de divagations judiciaires. Comme l’avait raconté « Le Canard », le procureur de l’époque et son adjointe avaient méchamment envoyé bouler les amis de Djeneba, et même la déléguée interministérielle aux droits des femmes, qui les alertaient du danger que représentait Couzon. Expédiés quelques jours avant le crime, leurs courriels, plutôt gênants, ont été produits à l’audience.

    « Le parquet n’a pas vocation à être le bureau des pleurs », affirmait le proc, soutenant son adjointe, qui, pour sa part, avait qualifié ces appels de « fatras de doléances », encombrant « les boîtes mail des magistrats ».

    Moche indifférence

    Les magistrats n’apprécient guère qu’on attaque leur chère institution, et la cour de Cahors ne fait pas exception. Le président et l’avocat général se sont agacés, lors du procès, qu’« une bonne âme ait transmis ces mails au “Canard” ». Achevant de les exaspérer, Anne Bouillon, l’avocate de la Fédération nationale solidarité femmes, a également découvert que le juge aux affaires familiales s’était planté en rédigeant l’« ordonnance de protection ». Cette dernière interdisait au mari d’approcher Djeneba durant quatre mois, alors que la loi avait changé et étendait cette durée à six mois puis la prolongcait indéfiniment dès la demande de divorce, déposée en juillet 2016.

    Quant aux courriels si aimables de l’ancien procureur et de son adjointe, ils sont desormais « en cours d’analyse » à la Chancellerie…

    N'est-ce pas ce qu'on nomme pompeusement non assistance à personne en danger ?

    Dans le Canard enchaîné du 23 janvier 2019.

    Sun Feb 3 20:19:29 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?99hI6g
  • Macron ressuscite les RG pour ficher les gilets jaunes

    Nom, antécédents judiciaires, “implications associatives”… le Renseignement territorial veut tout savoir sur les “meneurs” des ronds-points.

    C'est une instruction secrète qui a été transmise, début janvier, par le ministère de l’Intérieur à ses troupes, chargées du Renseignement territorial : autour des ronds-points, les poulets ont mission de recenser systématiquement et nonminativement les « meneurs du mouvement des gilets jaunes ». Le Service central du renseignement territorial (SCRT), qui dépend de la Direction générale de la police nationale, est chargé de ce fichage très sensible.

    Comme le stipule un document en possession du « Canard », le SCRT et ses agents doivent repérer « les personnalités exerçant une réelle influence sur le mouvement ou se signalant par des discours ou des commentaires vindicatifs ou subversifs trouvant de l’écho sur les réseaux sociaux ». Et d’affiner le trait : « des individus qui, aujourd’hui, jouent un rôle réel par leur présence constante, par le caractère fédéateur de leurs actions, par le fait qu’ils ont un potentiel pour être des interlocuteurs des pouvoirs publics ou, au contraire, sont entrés dans une forme de radicalité ». Ça en fait, du monde !

    Catho ou franc-mac ?

    Pour chaque « personnalité », on demande aux flics de remplir une fiche informatisée. Y figurent, outre sa photo et un état civil complet (pseudo inclus), une foultitude de renseignements : son adresse, son téléphone, sa profession, son véhicule et son immatriculation. Mais aussi, précise le document de l’Intérieur, « ses antécédents et procédures judiciaires », « son implication associative », « son influence et son activité sur les réseaux sociaux », « son implication médiatique », « ses liens avec des éléments ou mouvements radicaux » et le « financement » du mouvement. Et rien sur la couleur de son gilet ?

    Onze ans après leur suppression par Sarko, revoilà donc les bons vieux RG et leur parfum de police politique ! Un retour aux sources qui suscite un malaise au sein de la maison poulaga et chez certains préfets. « A la rubrique “Implication associative”, on indique quoi ? “Franc-maçon” ? “Va à la messe” ? » s’inquiète un gradé du Renseignement.

    Ben, non, car il y a des activités mieux vues que d'autres qu'il n'est donc pas nécessaire de noter. C'est pourtant simple, voyons ! :P


    La Cnil court-circuitée

    D’autant que, une fois bouclée cette collecte de terrain, tous les renseignements sont récupérés par la Place Beauvau, à Paris. Vérification faite par « Le Canard », ce fichage qui ne dit pas son nom n’a fait l’objet d’aucune déclaration à la Commission nationale de l’informatique et des libertés. Et la loi ? C’est pour les chiens (policiers) ? Pris en flag, le ministère de l’Intérieur fait savoir au « Canard » que « les services font leur travail avec les moyens juridiques autorisés par la loi ».

    En constituant ce fichier clandestin, le SCRT et l’Intérieur poursuivent un double objectif : d’abord, mieux surveiller les gilets jaunes et identifier ceux qui pourraient basculer dans la violence ; ensuite, interpeller des meneurs pour tenter d’en faire des balances. Au chapitre « Observations », on peut en effet lire : « L’intéressé a-t-il fait l’objet d’un contact avec le service, avec des administrations ? Un contact est-il envisageable ? » Pour faire des « jaunes » (traîtres)… sans gilet ?

    D'un côté, qu'une des parties à l'œuvre dans un conflit cherche à se renseigner sur ses adversaires, c'est la base. D'un autre côté, je trouve cela glaçant : de par les informations collectées (notamment l'appartenance associative, liens et financement), on perçoit que ce fichage perdurera au-delà du mouvement des Gilets jaunes afin d'assurer d'autres objectifs… Souhaitons-nous qu'un État dispose de ces informations et puissent agir dans le futur contre des mouvements naissants ?

    Dans le Canard enchaîné du 23 janvier 2019.

    Sun Feb 3 20:11:37 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?Gd0aCg
  • "On ne comptait pas un seul jeune" : aux réunions du grand débat national, les seniors ont le pouvoir - Le Hollandais Volant

    Oui c'est ça, tapons encore sur les jeunes. C'est la faute aux jeux vidéo, j'imagine ?

    Vieux cons.

    Vous voulez savoir ?
    Voici quelques raisons :

    • dans une économie ruinée par vos soins, les jeunes bossent en stage 12h par jour 500€/mois dans une boîte différente tous les mois.
    • à force de voir votre génération dormir dans les hémicycles, n'espérez pas qu'ils vous fassent confiance.
    • quand le jeune s'exprime, on dit dit constamment "t'es trop jeune, tu peux pas comprendre"
    • plus généralement, on nous a toujours dit "tais toi et écoute" : c'est pas avec un speech à la télé qu'on connard qui dit qu'il y aura un débat va pouvoir pousser tout le monde à parler.
    • quand ils marchent dans la rue, votre génération évite la leur. Ne venez pas faire de leçons de confiance.
    • ils savent que le monde est perdu : emploi, climat, société, pauvreté... Il n'y a que deux choses qui peuvent changer ça : la fin de l'humanité et la fin du modèle societal actuel (une révolution, quoi). Vous avez prouvé qu'un compromis est impossible.

    Enfin les jeunes (et pas que) s'activent ailleurs : on prend un velib ou une trottinette, pas un 4x4 en ville pour montrer "tavu j'ai bossé toute ma vie pour ruiner ce qui reste de celle des autres" ; on monte des petites boîtes ou des associations (dans un monde où y'en a que pour les vieux du cac40, c'est pas simple) ; on se met au libre, au hacking (pas seulement informatique), on combat l'obsolescence programmé, on aide ses prochains et pas son compte en banque (qui est vide de toutes façon).

    Bref, on essaye de se passer de vous parce que tout ce que vous avez fait ou faites ne fait qu'empirer les choses, année après année, jour après jour.

    Votre génération, en particulier en politique et en entreprise, est celle qui a ruiné et détruit le monde et qui continue de le faire.

    Vous êtes attachés à vos erreurs et continuez de les faire "parce qu'on a toujours fait comme ça", et rejetant d'un revers de la main toutes les idées d'un jeune parce que "ta gueule tu peux pas comprendre (bis)" (demandez à mon ex-patron pourquoi je me suis tiré de la boîte plutôt que continuer à bosser comme à l'âge de pierre).

    On sait pertinemment qu'on ne peux pas compter sur vous pour résoudre les problèmes. Du coup on essaye de survivre malgré ce parasite sur notre dos.
    On verra quand le vase débordera franchement.

    (ps : ce message n'est pas contre les vieux en général, il est contre cette classe sociale qui a tout eu (de l'essence à 3 Francs, une croissance à 2 chiffres, de l'immobilier pas cher, une retraite depuis 57 ans et de la place pour vivre, et j'en passe) et qui donne des leçons sur tout (typiquement la population d'un hémicycle). Elle se trouve être composée majoritairement de vieux (cons).

    Je n'ai pas de mots assez forts pour abonder dans le sens de ce texte. Et oui, l'injonction faites aux jeunes de se rendre aux urnes et de participer au grand débat national sont deux moyens de s'assurer que rien changera, de s'assurer que la jeunesse sera bien formatée comme il faut pour se taire tout en croyant avoir la parole.

    Sun Feb 3 14:18:44 2019 - permalink -
    - https://lehollandaisvolant.net/?id=20190201095220
  • Jérémie Zimmermann : 1984, un manuel d'instructions ? [EN DIRECT] - Thinkerview

    Bonne entrevue avec Jérémie Zimmermann. Une transcription intégrale est disponible chez l'April. Ce genre d'entrevue est très reposant : on se pose, on prend de la hauteur, on décortique les mots et les concepts bullshit éculés, on essaye de revenir à une réflexion sur l'essentiel, loin des paillettes. C'est très appréciable. Merci jz.

    Je retiens 4 points clés :

    • Moi, de plus en plus, j’ai l’impression que penser l’informatique et l’usage des ressources – ordinateur, réseaux, tout ça – en termes de ce qui est facile et pas facile, ce qui est confort et pas confort, user-friendly ou pas user-friendly, c’est en fait un piège intellectuel. Que quand quelqu’un te dit « vas-y clique ici, ça marche tout seul, c’est user-friendly », en fait il est en train de t’arnaquer. Et penser que des outils aussi complexes que les ordinateurs et les réseaux qui les lient puissent être simples, en fait c’est une erreur intellectuelle. Et de la même façon qu’on va dire « tu cliques ici pour parler espagnol ». Non ! Tu sais que tu vas devoir passer quelques centaines d’heures voire quelques milliers d’heures avant de parler espagnol ! « Clique ici pour savoir jouer du violon ! » Eh bien non, ce n’est pas du violon ; c’est peut-être Guitar Hero avec quatre boutons, mais ce n’est pas une vraie guitare. Et personne ne va être choqué à l’idée de se dire qu’il faut passer des centaines d’heures avant de savoir jouer de la guitare. Je ne dis pas que chacun devrait passer des centaines d’heures à apprendre l’informatique avant d’utiliser l’informatique, mais le fait est que si tu ne prends pas le temps d’essayer de comprendre et d’utiliser des choses qui peuvent te sembler un petit peu arides, eh bien il y a de très fortes chances que tu te fasses arnaquer. Donc au lieu de penser d’un côté en termes user-friendly et de l’autre côté « oh c’est trop compliqué parce que, tu comprends, moi j’ai autre chose à faire », on devrait plutôt penser en termes de : une politique qui permette aux gens de s’émanciper, de s’organiser et d’agir librement versus une politique du contrôle qui capture les gens, leurs données et leur vie.

    • Le luddisme est un mouvement qui a souvent été décrit comme des gens qui étaient contre les machines et qui étaient contre le progrès. En réalité c’est issu de mouvements très structurés de travailleurs, d’employés, qui s’organisaient contre les abus de pouvoir de leur patron. Des gens qui s’organisaient contre l’exploitation, qui ont vu les machines arriver comme un outil de l’exploitation et qui se sont opposés aux machines comme une des formes d’opposition à l’exploitation. Donc le luddisme ce n’est pas juste des gens, des crétins qui vont aller casser les machines ; ce n’est pas du tout ça. Ce sont des gens qui ont eu un recul et une analyse politique du rôle des machines dans les interactions entre les humains et qui ont dit « si les machines doivent être utilisées comme ça, alors on ne veut pas les utiliser ». Ce qui est intéressant aussi c’est que les luddites ont été écrasés par l’armée. Ils ont tellement fait peur au pouvoir en place qu’on a envoyé l’armée écraser les mouvements luddites, pour dire à quel point ils étaient perçus comme une menace et peut-être pour dire à l’époque combien le pouvoir en place était main dans la main avec les industriels. Donc l’histoire des luddites je crois que ça en dit long sur l’histoire des mouvements sociaux, sur l’histoire des mouvements de résistance, sur l’histoire des mouvements qui contestent quelque chose qui nous est imposé comme étant « c’est le progrès, c’est l’innovation donc on doit tous l’accepter » ; allez hop ! tous une puce dans le cou, tous les empreintes digitales, tous des caméras partout, tous des machins. Des gens qui vont dire « attends, wait ! On souffle un coup, on réfléchit et on se pose la question : est-ce qu’on veut ça, oui ou non ? » Je ne sais pas ce que nos amis les internets entendent par néo-luddisme mais qu’il y ait partout dans le monde, dans tous les milieux et pas seulement dans telle ou telle petite niche politique, des gens qui se posent aujourd’hui la question de notre rapport aux machines, de nos interactions avec les machines et entre nous humains au travers des machines et qui se demandent s’il n’y a pas, peut-être, une forme d’urgence à reprendre le contrôle ou d’urgence à sortir de l’urgence, je pense que c’est quelque chose de très sain.

    • […] Avec une bande d’amis on a créé un truc tout à fait informel qui s’appelle Hacking With Care. C’est une espèce de jeu de mots ; hacker au sens originel de bidouiller, hacker avec le care, mais en même temps hacker le care ; care que l’on comprend comme les façons que l’on a entre humains de prendre soin les uns des autres, de partager de la bienveillance, de la bonté et, quelque part, de voir ce care comme autant de technologies que l’on peut s’approprier, que l’on peut hacker, que l’on peut partager. […] L’idée c’était de partager ses compétences, de partager ses technologies et c’est aussi bien le massage que le yoga, que la méditation, que certains soins par les plantes. Et réfléchir ensemble à comment on peut penser, pour le coup vraiment en dehors de la machine, mais réfléchir à l’humain en même temps que l’on réfléchit à la société, à la politique, au combat, etc. […] Le massage des mains pour tous, un petit livre qui ressemble au fucking manual de Read the fucking manual que tu peux imprimer, laisser traîner dans ton hackerspace, dans ton bureau avec tes copains, etc. ; le massage des mains comme un truc qui se donne, comme un cadeau et qui, en même temps, crée un espace d’intimité dans lequel on se retrouve, dans lequel on se parle comme on se touche ; on a perdu l’habitude un peu de se toucher dans un monde super individualiste. Retrouver des espèces de canaux de communication entre les individus, je pense que c’est directement connecté à tout ce dont on a discuté sur la façon de s’organiser, sur la façon de se retrouver, sur la façon de reprendre le contrôle de nos vies et ne plus se voir comme des unités autonomes, individualistes, randiennes, performantes, algorithmiques, etc., mais comme des gens, des humains faits de chair et d’os, de forces et de faiblesses, de moments difficiles et apprendre dans nos vies mais aussi dans nos structures, dans nos mouvements, dans nos modes d’organisation à gérer ces descentes, ces moments difficiles et à ne pas dire « non, non, lui il est fou de toute façon. De toute façon, lui, c’est un connard, machin », mais prendre soin des autres, s’ouvrir sur les autres.

    • Donc quelque part peut-être apprendre à reprendre le contrôle de nos vies, de notre temps, de nos pensées et par là, peut-être, redécouvrir ou découvrir tout court, si on en a été privé assez tôt, nos humanités. Le fait d’être un humain en face d’un autre humain, avec du gibolin ou pas, avec une bonne assiette de fromage ou des graines ou je ne sais pas quoi, mais ce qui nous connecte, ce qui nous met en face et qui n’a pas des ordinateurs en chemin ; des trucs sans les écrans, sans les claviers, sans les réseaux, mais où on se sent être les uns avec les autres ; où on se sent en lien, où on se sent en solidarité, où on se sent en capacité ; où on partage l’expérience ensemble et de là se demander, en fait, ce qu’on veut faire maintenant. Sans les « du passé faisons table rase » et autres slogans éculés ; sans pensées préconçues, sans idéologie.



    Le reste des points abordés n'est pas nouveau :

    • Un fonctionnement démocratique de l'UE telle qu'elle est actuellement est impossible : processus législatif avec dernier mot au Conseil de l'Union Européenne (composé de ministres de chaque État membre), consultations bidons organisées par la Commission européenne, les traités fondateurs doivent être modifiés à l'unanimité des États membres (ce qui est impossible dans le fatras politicien actuel). Je comprends la désillusion de jz, mais c'est bien pareil en France : par qui sont élus les sénateurs ? Les exécutifs locaux. Et le dernier mot va à l'exécutif à coup de 49.3. Les consultations bidons et les budgets participatifs, ça nous connaît aussi ;

    • Le RGPD ouvre des opportunités commerciales, mais à part ça, les comportements prédateurs des grosses sociétés commerciales qui officient dans le commerce de données personnelles (Facebook, Google, Apple, etc.) ne changeront pas, car ils savent qu'ils pourront réécrire ce règlement européen à leur faveur avant qu'une décision de justice contraignante soit prise. En attendant, ils jouent avec le flou du texte, comme la notion d'intérêt légitime qui permet de faire sauter les protections des citoyens. J'avais le même avis dès mars 2018… ;

    • L'infrastructure (télécoms, autoroutes, énergie, etc.), c'est le pouvoir. Les sociétés commerciales qui œuvrent dans ces secteurs font plier les États. Les pouvoirs publics ont capitulé face à elles ;

    • Le Comité invisible a publié d'autres livres que L'insurrection qui vient qui a été médiatisé durant le procès du groupe dit de Tarnac : À nos amis et Maintenant. D'après jz, le premier est aussi théorique que L'insurrection qui vient (il théorise notamment que les détenteurs d'infrastructures ont le pouvoir). Le deuxième proposerait des actions concrètes, comme la destitution de tout (de l'État, de l'assurance bidule, de l'industriel truc, …), ce qui me rappelle le Discours de la servitude volontaire ;

    • […] Et on comprend tous pourquoi. La surveillance, tout le monde se dit : hou là, je n’ai pas envie d’être surveillé. Peut-être que la surveillance c’est justifié de temps en temps, mais moi je n’ai pas envie d’être surveillé ! Alors que protection, tout le monde a envie d’être protégé. Donc on voit comment le sens des mots est utilisé pour neutraliser la capacité à penser. […] Tu as parlé de Google et le fait de dire Fuck off Google à des gens ; leur expliquer que Google c’est cette bande de gens qui, au travers du programme des drones US, aide à identifier et suivre des cibles ; que Google fonde l’évasion fiscale à hauteur de milliards d’euros par an ; que Google c’est la surveillance de masse. Tu leur dis ça et ils sont là « ah oui, mais Google ! » Tu vois comme dans 1984 on dit « mais on a toujours été en guerre avec l’Eurasie » ; ces mantras qu’on a tellement entendus qu’on les a intériorisés : « mais Google, c’est Google ! Comment tu veux te passer de Google ! »

    • Quand c’est une entreprise qui, par définition, est transnationale, elle a beau avoir son siège en Silicon Valley, elle a des conseils stratégiques qui lui viennent de la Virginie où se trouvent les espions ou de Washington où se trouve le Pentagone. Elle a un siège social en Irlande qui vend de la propriété intellectuelle à son siège en France, qui va revendre ses bénéfices à la filiale néerlandaise, ce qu’on appelle un double Irish Dutch sandwich qui permet à Google, par exemple, de faire évacuer 60 milliards de dollars aux Bermudes et de ne payer quasiment aucun impôt sur les sociétés en Europe. Donc ces machins-là n’ont même pas de centre ; il n’y a même pas un endroit où tu peux tourner le regard et te dire : là il y a un problème et là c’est l’ennemi.

    • J'ai déjà écrit à propos des mauvais choix éthiques de l'application Signal et d'une alternative crédible :

      J’ai arrêté d’utiliser un machin qui s’appelle Signal, que beaucoup d’activistes utilisent aujourd’hui, qui est une messagerie dite sécurisée ; j’ai arrêté de l’utiliser parce que l’auteur, Moxie, a interdit aux gens de le distribuer sans son autorisation et de le distribuer autrement que par Google. Donc la question est-ce que c’est vraiment un logiciel libre se pose. Tu dis « mon truc c’est un logiciel libre donc tout le monde a le droit de l’utiliser, de le copier, de le modifier et de l’étudier », mais si tu dis ça et que tu dis au passage « au fait les gens n’ont pas le droit de le modifier », qu’est-ce qui se passe vraiment ? Donc il y a ça, il y a le fait que Signal t’oblige à donner ton numéro de téléphone ; pas juste d’avoir un nickname ou un machin jetable. Non ! Tu es obligé d’avoir un numéro de téléphone. […] Signal centralise toutes les métadonnées sur son infrastructure à lui qui repose sur Amazon et sur Google ( NDLR : ce n'est plus le cas depuis 2017, à ma connaissance ] et au passage Signal, comme beaucoup de projets qui sont dans le domaine de la sécurité, de la protection de la vie privée, etc., a un financement en grande partie par le gouvernement US. Donc voilà ! Signal ils ont fait des choix d’enlever de l’interface le fait de vérifier la clef de chiffrement de ton correspondant. Avant, dès que tu ouvrais un truc dans Signal ils faisaient « attention, le truc n’est pas vérifié, cliquez ici. » Et puis tu allais voir : est-ce que c’est la bonne personne ? Tu passes un coup de fil « dis donc c’est bien toi 3AB28 ? » Eh bien ça ils l’ont enlevé de l’interface ; maintenant il faut aller dans « menu, clac, bidule, en bas, option, clac, tu déroules, en bas, tu cliques, vérifier. » Ah ! C’est bizarre ça ! Parce que si tu enlèves ça, ça rend plus facile le fait de s’introduire dans les communications de quelqu’un, même si c’est chiffré. Mais ils l’ont juste poussé, poussé, poussé. Ils l’ont poussé pourquoi ? Tu sais pourquoi ? Pour rendre ça plus user-friendly, plus agréable, plus facile, plus simple d’accès. Un monde plus doux, plus simple plus joli, plus tout ça !

    • Le livre L'aberration du solutionnisme technologique traite très bien le sujet de la techno-béatitude, de la course au progrès pour le progrès.

      il y a une espèce de techno béatitude… […] Blockchain voilà. Ah ben tiens, la démocratie ne marche pas, on n’a qu’à faire une démocratie sur la blockchain et ça va marcher ! Right ! Donc il y a une forme de techno béatitude. On nous a dit « oui liquid democracy, machin, tu vois, tu cliques ici ». […] Donc il n’y a pas un truc magique sinon ça ferait longtemps qu’on l’aurait exprimé et ce n’est pas le fait d’ouvrir les entrailles des institutions comme la NSA avec les machins de Snowden, ce n’est pas le fait d’exposer qui va magiquement changer les institutions, les transformer en quelque chose de meilleur.

    • Ne pas attendre la loi bidule, le règlement truc, ne pas se contenter de la place politique que l'on nous donne (consultations, budgets participatifs, grand débat national, etc.).
    Sat Feb 2 23:22:09 2019 - permalink -
    - https://videos.thinkerview.com/w/1TEkm7pDHpSZmM7bht7FaA
  • Ubuntu 18.10 + ldapsearch = « Can't contact LDAP server (-1) »

    Version courte : à partir de sa version 3.6.0 incluse, la bibliothèque GnuTLS, l'une des implémentations de TLS (entre autres choses), ne prend plus en charge l'algorithme de signature SHA-1. Ainsi, les logiciels qui se reposent sur elle, comme les outils de manipulation LDAP (ldapsearch, ldapmodify, etc.) ne peuvent plus valider les certificats x509 signés avec SHA-1.

    Version longue :

    Nous avons un serveur LDAP OpenLDAP 2.4 configuré pour écouter en TLS (port dédié et STARTLS). Le certificat x509 utilisé par ce serveur est signé par notre autorité de certification interne/privée. Nous sommes en mesure d'effectuer des requêtes LDAP protégées par TLS (ldaps://). Une nouvelle informaticienne n'y parvient pas, elle obtient l'erreur « ldap_sasl_bind(SIMPLE): Can't contact LDAP server (-1) ». Elle utilise Ubuntu 18.10. Pourtant, cela fonctionne avec Ubuntu 18.04 et Debian Stretch.

    J'active le mode debug (« -d 5 ») des outils de manipulation LDAP :

    $ ldapsearch -d5 -x -LLL -H ldaps://monserveurldap.exemple:636 -b ou=people,dc=monorganisation,dc=fr
    ldap_url_parse_ext(ldaps://monserveurldap.exemple:636)
    ldap_create
    ldap_url_parse_ext(ldaps://monserveurldap.exemple:636/??base)
    ldap_sasl_bind
    ldap_send_initial_request
    ldap_new_connection 1 1 0
    ldap_int_open_connection
    ldap_connect_to_host: TCP monserveurldap.exemple:636
    ldap_new_socket: 3
    ldap_prepare_socket: 3
    ldap_connect_to_host: Trying 192.0.2.1:636
    ldap_pvt_connect: fd: 3 tm: -1 async: 0
    attempting to connect: 
    connect success
    TLS: peer cert untrusted or revoked (0x102)
    TLS: can't connect: (unknown error code).
    ldap_err2string
    ldap_sasl_bind(SIMPLE): Can't contact LDAP server (-1)

    La ligne importante est « TLS: peer cert untrusted or revoked (0x102) ». Notre autorité de certification privée/interne ne met pas en ouvre les mécanismes permettant à un logiciel de vérifier si un certificat est révoqué, donc la deuxième partie de ce message d'erreur est sans fondement. En revanche, la première partie indique que le logiciel ne parvient pas à valider le certificat x509 présenté par le serveur LDAP durant l'échange TLS. Cela peut être normal, puisqu'il s'agit d'une autorité de certification privée / interne qui ne fait donc pas partie des autorités fournies dans les magasins de certificats des systèmes d'exploitation (et des navigateurs web et autres logiciels).



    Je vérifie le contenu du fichier /etc/ldap/ldap.conf. Il y a bien la configuration requise pour utiliser une autorité de certification interne (et tout le reste est commenté), à savoir :

    TLS_CACERT      /chemin/vers/le/certificat/racine/de/notre/autorite.pem
    TLS_REQCERT     demand

    Je vérifie l'existence du certificat racine indiqué : OK. Je vérifie ses droits d'accès : lecture pour tout le monde. Je vérifie les droits des dossiers parents : lecture + possibilité de traverser pour tout le monde.

    Je vérifie la structure globale du certificat x509 avec openssl x509 -in /chemin/vers/le/certificat/racine/de/notre/autorite.pem -text -noout : il s'agit bien de notre certificat racine (les attributs « Subject » et « Serial » sont OK). De plus, un sha256sum de ce fichier certificat entre la machine défectueuse et une machine fonctionnelle nous retourne le même résultat, ce qui prouve que le fichier certificat est identique à celui d'une machine fonctionnelle.

    Je vérifie la chaîne de certification avec openssl s_client -connect monserveurldap.exemple:636 -CAfile /chemin/vers/le/certificat/racine/de/notre/autorite.pem | grep 'Verification'. J'obtiens « Verification: OK », ce qui confirme que toute la chaîne de certification est OK, ce qui renforce le doute sur les outils de manipulation LDAP.

    Le certificat x509 est OK.



    Je me dis que le fichier ldap.conf n'est pas lu / n'est pas pris en compte. Je remplace « TLS_REQCERT demand » par « TLS_RECERT none ». Cela a pour effet de désactiver la vérification du certificat x509 du serveur. Évidemment, cet état n'est pas souhaitable puisqu'il permet des attaques actives (MiTM) contre la confidentialité et l'intégrité mises en place par TLS… Je teste : ldapsearch fonctionne. Donc le fichier ldap.conf est lu et interprété.

    Le fichier ldap.conf est OK.



    Il y a donc un problème dans la manière dont les outils LDAP effectuent le dialogue TLS. En général, les logiciels n'implémentent pas TLS eux-mêmes, mais ils se reposent sur des bibliothèques de fonctions. Il existe plusieurs bibliothèques TLS (OpenSSL, GnuTLS, LibreSSL, PolarSSL, etc.). Sur laquelle se reposent les outils LDAP ?

    $ whereis ldapsearch
    ldapsearch: /usr/bin/ldapsearch /usr/share/man/man1/ldapsearch.1.gz
    
    $ ldd /usr/bin/ldapsearch | grep -i tls
    libgnutls.so.30 => /usr/lib/x86_64-linux-gnu/libgnutls.so.30 (0x00007fe2e1237000)

    Il s'agit de GnuTLS. Quelle version de cette bibliothèque est empaquetée dans la version Stretch de Debian ?

    $ apt-cache policy libgnutls30 | grep -i installé
    Installé : 3.5.8-5+deb9u4

    Et sur Ubuntu 18.04 ? 3.5.18. Et sur Ubuntu 18.10 ? 3.6.4. Hum… On change de version majeure.

    Quelles différences y-a-t-il entre la version 3.5.18 et la version 3.6.4 ? Pour le savoir, il faut lire la doc' : zless /usr/share/doc/libgnutls30/NEWS.gz. C'est copieux. Je soupçonne quelque chose en rapport avec x509 puis avec SHA-1 (dont la vulnérabilité est établie depuis mi-2017), donc je procède à une recherche par mot-clé avec zgrep. Bingooooo :

    * Version 3.6.0 (released 2017-08-21)
    […]
    ** libgnutls: SHA1 was marked as insecure for signing certificates. Verification
       of certificates signed with SHA1 is now considered insecure and will
       fail, unless flags intended to enable broken algorithms are set. Other uses
       of SHA1 are still allowed. This can be reverted on compile time with the configure
       flag --enable-sha1-support.

    SHA-1, l'algorithme de signature utilisé par notre autorité de certification x509 n'est plus pris en charge à partir de la version 3.6.0 de GnuTLS, la bibliothèque sur laquelle se reposent les outils LDAP…



    Néanmoins, comment être sûr que SHA-1 n'a pas été activé lors de la compilation dans Ubuntu / Debian ? Comment prendre connaissance des drapeaux positionnés lors de la compilation par les mainteneurs de notre système GNU/Linux ? La réponse est ici : il faut regarder les lignes « ./configure » ou « dh_auto_configure » (Debian-Helper configure ?) contenues dans le fichier « rules » du dossier « debian » du paquet contenant les sources du logiciel (pas celui contenant les binaires !).

    Pour ce faire, il faut activer la récupération des sources par apt, c'est-à-dire les lignes qui commencent par « deb-src » dans /etc/apt/sources.list. Ensuite : apt-get update. Puis : apt-get source libgnutls30. Enfin, nous pouvons ouvrir l'archive « gnutls28_3.5.5-2+deb9u1.debian.tar.xz » et constater par nous-même l'absence du drapeau « --enable-sha1-support ».



    Quelle conclusion ? Que doit faire notre informaticienne ?

    Changer de système d'exploitation ? :P

    Nous motiver à changer l'algorithme de notre autorité de certification ? Nous avons encore des logiciels qui ne prennent pas en charge SHA256, donc la transition va être longue. Sans compter qu'il faut re-signer tous les certificats émis (et, si l'on a perdu les requêtes de certification, il faut les générer à nouveau)…

    Ne pas utiliser TLS pour interroger notre LDAP ? Les données personnelles qui circulent en clair, ce n'est jamais sympa.

    Utiliser TLS en désactivant la vérification du certificat ? C'est pas top, mais elle travaille sur le même réseau que le serveur LDAP, donc le risque d'une attaque active est très faible (et si elle a lieu, peut-être que nous devrions focaliser notre attention sur ce fauteur de trouble), et, au moins, les données circulent de manière chiffrée, c'est un début et cela protège des attaques passives.

    Fri Feb 1 17:44:53 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?QlkyOw
  • Gouvernés par les nombres ? Échecs et maths. - #DATAGUEULE 76 - DataGueule

    Mes notes :

    • Fin des années 1980 : Robert Camp, ingénieur chez Xerox popularise le terme « benchmarking », c'est-à-dire identifier les bonnes pratiques chez les concurrents et éradiquer les mauvaises pratiques chez soi, tout en chiffrant le coût/bénéfice de chaque bonne pratique ;

    • 1992 : New Public Management : l'État est théorisé comme une société privée qui fournit des services à des citoyens devenus des clients ;

    • La loi américaine No Child Left Behind Act indexe les subventions des écoles et les salaires des profs sur la moyenne de chaque école obtenue lors d'un test annuel. Les écoles et les profs entrent en concurrence (adieu travail d'équipe, bonjour publicité pour inciter à scolariser son enfant ici plutôt que là). Les enfants apprennent à réussir le test plutôt qu'à apprendre. Le favoritisme, comme l'augmentation des notes des bons élèves afin de faire monter artificiellement la moyenne de l'école est de mise. L'objectif de la loi n'est pas atteint : des enfants sont toujours en échec scolaire. Tout cela est d'ailleurs illustré dans la série Les Simpson ;

    • Valeur de la Vie Statistique : en France, une vie vaut 3 millions d'euros. Cela permet par exemple de calculer si un équipement de sécurité routière est rentable (son coût doit être inférieur à la somme des vies qu'il pourrait sauver, sinon il vaut mieux indemniser les consommateurs et leurs familles en cas d'accident). Cela est parfaitement illustré dans le film Fight Club ;

    • Depuis 2006, avec l'entrée en vigueur de la Loi organique relative aux Lois de Finances de 2001, l'action publique française est découpée en 751 indicateurs ;

    • Les indicateurs simplifient une réalité plus complexe, car tout ce qui n'est pas mesurable est passé sous silence ;

    • Le pire étant les indicateurs qui se pilotent eux-mêmes et qui justifient, par leur simple existence, des décisions politiques sous le couvert d'une prétendue objectivité statistique. C'est le vieux rêve d'un État qui s'adapte en temps réel à la réalité sociale.

    Je ne perçois pas l'intérêt à être efficace / productif / peu coûteux / etc. Après tout, l'être humain est un animal comme un autre. S'attend-on à ce qu'un lion soit efficace ? Va-t-on compter le nombre de ses chasses ? Non. Lui non plus. Il s'en moque. L'humain n'a pas à être efficace, il doit être, c'est tout. Comme un lion ou un arbre. Il est là, il vit, il n'est plus là. Demander à l'humain d'être efficace et tout le tintouin, c'est transformer l'homme en moyen pour atteindre une fin, c'est donc de l'exploitation, car cette finalité-là profite à autrui. La seule finalité de nos actions devrait être de vivre. Le système monétaire devrait être un troc amélioré. Un emploi devrait avoir une utilité sociale stricte. Etc.

    Un indicateur déforme la question initiale en la simplifiant. « Est-ce que je rends tel ou tel service utile socialement ? » devient « est-ce que mes mesures montrent que je rends un service ? ». L'utilité sociale n'est pas mesurée.

    Un exemple pour illustrer ça : dans les universités françaises, on demande au service informatique de produire des indicateurs portant sur l'utilisation des salles de travaux pratiques (TP) équipée d'ordinateurs.

    Au premier abord, cela semble profitable : si ces indicateurs illustrent que des salles de TP sont inutilisées, on dirigera le budget dédié à leur maintenance et à leur remplacement vers d'autres activités, par exemple d'autres formes de pédagogie, non ? Non. Cela permettra d'aller parader au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche en mode "nous sommes en capacité d'économiser x centaines de milliers d'euros, nous sommes trop fort \o/". La pression sera mise sur les universités incapables de rivaliser avec cette prouesse, sans tenir compte des spécificités locales comme le fait que l’université se situe dans un bassin d’emplois sinistré dans laquelle une salle de TP se justifie quand bien même elle n’est pas utilisée 40 % du temps.

    Or, cette vision chiffrée ferme des possibilités : une salle de TP informatisée permet aux étudiants de suivre les cours sans investir dans un ordinateur portable, ce qui permet l'accès au plus grand nombre et aussi de ne pas polluer en produisant et commercialisant des machines qui seront inutilisées la plupart du temps par la plupart des étudiants (qui ne sont pas informaticiens). C'est les joies de la mutualisation.

    Si l'on constate l'inutilisation d'une salle de TP informatisée, on pourrait très bien décider de laisser cette salle en libre-service plutôt que de la fermer, ce qui permettrait à des non-initiés d'accéder au numérique à moindre coût et aux étudiants d'effectuer des recherches quand la bibliothèque universitaire est saturée (car les examens et les devoirs tombent tous dans une période de temps restreinte). Mais la force des chiffres, notamment la foi que nous plaçons en leur objectivité, nous pousse à conclure à l'inutilité et à fermer la salle de TP. Il s'agit d'un biais cognitif.

    Bref, le nombre de fois qu'un service est utilisé ne dit rien de son utilité sociale. Si une instance matérielle d'un service public est peu utilisée, ça ne veut pas dire qu'il a aucune utilité, cela veut dire qu'il y a un travail d'accompagnement vers la dématérialisation à accomplir afin de ne pas laisser les derniers utilisateurs sur le carreau ou qu'il fallait embaucher plus d'agents afin que le service reste à taille humaine, sans une attente démesurée, ce qui fait que le tout-numérique, au détriment de relations sociales, n'aurait pas percé (le détricotage d’un truc qui marche afin de pousser les gens à utiliser un truc déshumanisé plus rentable est monnaie courante). En somme, l'indicateur-ratio coût du service rapporté au nombre de prestations réalisées, c'est ce qui a tué les services publics, c'est ce qui se cache derrière la fermeture des bureaux de poste, des lignes de train, etc.

    Les tickets d'intervention en informatique sont aussi un bon exemple. Le principe est simple : une panne informatique, hop, tu ouvres un ticket pour demander au service informatique de réparer. Quel intérêt de produire des stats à partir de ça ? Savoir que xx % des demandes portent sur tel domaine, ce qui laisse à penser que ce domaine peut être amélioré a priori plutôt que d'attendre que les utilisateurs râlent et d'agir a posteriori ? Fort bien. Ça permet d'évaluer le coût de maintien de tel et tel secteur ? Fort bien.

    Pourtant, pour calculer tout ça, il n'y a pas besoin de connaître le nombre de tickets traités par personne. Alors pourquoi tous les outils de gestion de tickets, même ceux programmés en interne, collectent et calculent ce chiffre et que tous les DSI aiment à les regarder tout en prétendant leur accorder aucune importance ? Être viré pour un nombre insuffisant d'interventions, j'ai déjà donné.

    Sur le fond, ces indicateurs éludent le côté qualitatif : avons-nous bien répondu au besoin de l'utilisateur ? Qu'en savons-nous vraiment ? Seul le contact humain permet de prendre connaissance de cela, pas des chiffres du nombre d'intervention, de la durée moyenne d'intervention, etc.

    Tout n'a pas à être rentable. Le but d'une bibliothèque municipale, est de mutualiser des contenus (il est inutile que chacun de nous possède les mêmes ouvrages qu’il lira une seule fois en moyenne) et d'ouvrir le savoir et la beauté des lettres au plus grand nombre (via la beauté de la découverte).

    De même, si je te propose un choix entre deux pâtisseries, et que tu te mets à compter le nombre d'éclats de chocolats ou le nombre de calories, etc. tu cherches probablement le plus sain pour toi (ou tout simplement à compter des choses inutiles) au détriment de ton plaisir. C'est donc une simplification de la question initiale : tu choisis de manger sainement, pas de manger pour le plaisir alors qu’une pâtisserie dispose de ce seul attrait (enfin, il me semble).

    Sun Jan 27 23:01:17 2019 - permalink -
    - https://peertube.datagueule.tv/videos/watch/444ec9fb-6166-4291-973a-f9ae8a233ade
  • Aider à l'installation de décorations de Noël est-ce donner un blanc-seing à tout ce que Noël englobe dans l'imaginaire collectif ?

    En décembre 2018, j'ai aidé une collègue de travail à installer des décorations de Noël dans les locaux de notre service. Je conchie une bonne partie des aspects de Noël : l'aspect mercantile, l'aspect sacré et l'aspect "se retrouver entre gens qui ne s'apprécient pas afin de faire bonne figure". Donc, les années précédentes, j'aurais tout simplement refusé d'installer des décorations de Noël tout en faisant un laïus sur la stupidité de cette action. J'ai donc voulu me justifier à moi-même mon changement de comportement de cette année. Des personnes m'ont également interrogé (« comment quelqu'un comme toi qui rejette la société de consommation peut-il… ? », « n'est-ce pas contradictoire ? »), et je constate que mon nouveau raisonnement leur a ouvert les yeux. C'est pour cela que je le partage ici, même s'il n'a rien de neuf…

    Il y avait rien d'officiel ni d'obligatoire. Rien était imposé par la hiérarchie ni par la société (comprendre : les gens, je considère que je forme une micro-société humaine avec les collègues de mon service). J'ai accepté cette invitation par "amitié", pour passer un moment agréable.

    La première question qui vient est : est-ce que je n'aurais pas pu passer un agréable moment avec cette collègue sans pour autant faire cela ? Nan parce que bon « passer un moment agréable » permet de justifier n'importe quelle activité y compris la plus contestable, la plus violente, la plus… La réponse est : sans aucun doute, mais, visiblement, nous n'avons pas su trouver, ni fabriquer de tels moments (en vrai, si, mais je simplifie). Donc, pourquoi s'interdire de se greffer sur un moment prévu / prémâché connu par une majorité de personnes ? C'est peut-être le seul avantage des traditions, à mes yeux. De toutes façons, ce point n'est pas le plus important.

    L'important, c'est de passer un agréable moment sans renoncer à ses valeurs et à son éthique. Qu'est-ce qui me pose un problème avec Noël ?

    • La consommation excessive de certains mets, comme si l'on était dans un concours de gloutonnerie, qui vide nos océans (entre autres) dans des conditions de travail inhumaines, ainsi que son corollaire : le gaspillage alimentaire. Aucun rapport avec le fait d'installer des décorations ;

    • Acheter à bas-coût des biens inutiles, non-durables et non-personnalisés confectionnés dans des conditions de travail inhumaines et dont la fabrication et le transport contribuent à l'amoindrissement des ressources naturelles et à la pollution de notre monde, biens que l'on présentera comme des cadeaux afin de faire passer la pilule. Aucun rapport avec le fait d'installer des décorations. Nos décorations ont été apportées sur notre lieu de travail il y a plus de 5 ans et proviennent du stock personnel plus ancien d'un collègue. J'aide à rentabiliser la pollution nécessaire à leur production et à leur transport. J'ai rien acheté de neuf ;

    • L'aspect sacré + cul béni « bonheur pour tous, Jésus est né » en pleine période de rejet de l'autre. Aucun rapport avec mon action. La collègue n'a pas prêché et elle ne m'a pas non plus demandé de croire à l'esprit sacré de Noël pour l'aider. Peut-être que, de son point de vue, mon aide signifie plus que passer un bon moment, mais elle ne l'a pas formulé, donc c'est un problème de son côté, car il s'agit de son interprétation de la situation, qui ne peut pas m'engager ;

    • Passer des moments contraints entre gens qui ne s'apprécient pas, notamment en famille. Aucun rapport avec mon action. Je n'ai pas forcé le trait, je n'ai pas été hypocrite, j'ai apprécié ce moment d'installation de décorations (n'exagère pas, lecteur, je n'ai pas écrit que c'était un moment extraordinaire non plus) et j'apprécie ceux et celles à qui ces décorations ont profité (c'est-à-dire les autres collègues) ;

    Je n'ai pas renoncé à mes valeurs et à mon éthique, donc, tout va bien. La seule exception fût d'allumer une guirlande électrique pendant quelques heures. Tout comme les guirlandes de rue, je trouve que ça va trop loin car ça constitue une consommation électrique inutile pour le seul plaisir des yeux qui peut, de surcroît, polluer notre monde (centrale nucléaire, centrale à charbon, etc.). Je me suis néanmoins permis ce privilège d'occidental durant quelques heures.

    Ce que je veux illustrer par ce shaarli, c'est qu'il faut examiner un choix en détail. On ne va pas loin en restant bloqué sur l'aspect mercantile de Noël. On va plus loin en participant sans entrer dans le jeu du commerce. On ne va pas loin en utilisant l'esprit sacré d'une tradition pour s'isoler quand vient Noël. On va plus loin en choisissant effectivement et finement les activités et les personnes avec lesquelles on vit Noël. Tu conchies les hypocrites ? Choisis mieux tes hôtes ou tes invités. Bref, il faut regarder dans le détail. Rejeter en bloc quelque chose, c'est quand même un peu simpliste.

    Au final : non, aider à l'installation de décorations de Noël, ce n'est pas donner un blanc-seing à tout ce que Noël englobe dans l'imaginaire collectif (sur-consommation, gaspillage, pollution, hypocrisie, etc.).

    Sun Jan 27 20:29:45 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?oZQTVQ
  • Réinstaller un hyperviseur dans une grappe Ganeti suite à une panne matérielle [Alsace Réseau Neutre] - GuiGui's Show - Librement Shaarli - GuiGui's Show

    Heu... J'aimerai savoir pourquoi 4 SSD flanchent d'un coup ?

    Alors… Cet épisode a désormais une suite…

    Le 14 décembre 2018, nous avons à nouveau perdu 4 SSD Samsung 850 Pro. Pour rappel, nous avons acheté 10 SSD en mai 2015 (en un seul coup, dans un même magasin, les numéros de série se suivent malgré quelques trous dans les séquences). Nous avons deux serveurs donc nous avons mis 5 SSD par serveur. Dans chaque serveur, 4 SSD sont actifs (RAID 5 logiciel Linux), et 1 SSD est inactif (hot spare).

    Début juin 2017, nous avons perdu 4 SSD le même jour dans l'un des serveurs. En décembre 2018, nous avons perdu 4 SSD le même jour dans l'autre serveur. C'est étrange : les SSD ont été mis en production le même jour et sont censées avoir le même nombre d'écritures puisque nous sommes en RAID et que DRBD écrit les mêmes données sur chaque serveur. Sur le serveur tombé en panne en juin 2017, je constate une variation de 10 To entre les SSD membres d'une même grappe RAID et je ne l'explique pas. Dans les détails, l'attribut SMART « Total LBA written » indique respectivement 37 To, 41 To, 43 To et 50 To.



    Que s'est-il passé lors de cette panne de décembre 2018 ?

    • Un premier SSD a été automatiquement retiré de la grappe par mdadm. Le SSD de réserve (hot-spare) commence a être écrit par mdadm ;

    • Environ deux heures plus tard, un deuxième SSD a été retiré de la grappe alors que la reconstruction de la grappe n'était pas terminée ;

    • Plus tard dans la soirée, nous éteignons la machine ;

    • Le lendemain, nous nous déplaçons au centre de données dans lequel sont hébergés nos serveurs. Nous allumons la machine et nous regardons la phase de démarrage sur l'écran : seulement 3 SSD sont détectés par le contrôleur SATA ;

    • Nous démarrons sur un live USB. Ce live USB ne dispose pas de smartctl ni de mdadm donc nous sommes en mesure de récolter que peu d'éléments, ce qui exclu le nombre de secteurs écrits…

    • Nous lançons un dd if=/dev/sdb of=/dev/null sur l'un des SSD restants. Après 94 Go de lecture, dd affiche « i/o error » et le noyau journalise « mpt2sas reset port » puis « mpt2sas removing unresponding device » ;

    • Nous lançons un dd similaire sur un des SSD survivants. 227 Go sont lus avant que le noyau journalise « critical error ». Il suffit de dd skip= 3 secteurs pour que la lecture reprenne et que tout le contenu (512 Go) soit lu (mais cela signifie que nous avons 3 secteurs endommagés…). On recommence… Toujours aucun problème pour lire le contenu, à l'exception des trois secteurs défectueux ;

    • Nous redémarrons la machine : 2 SSD sont détectés par le contrôleur SATA. Nous redémarrons encore : 1 seul SSD est détecté. Nous éteignons la machine et nous procédons à un démarrage à froid : toujours un seul SSD ;

    • Nous avons fait jouer la garantie 10 ans Samsung et nous avons reçus 4 SSD neufs durant les fêtes de fin d'année.



    Ce que l'on peut exposer :

    • Il n'y a visiblement pas que le nombre d'écritures qui importe, ce qui nuance un peu plus l'intérêt de superviser ce nombre d'écritures ;

    • Pour qu'un contrôleur SATA ne détecte plus un quelconque support de stockage, cela signifie quand même que le contrôleur interne du support de stockage foire complètement. On avait déjà mis ça en évidence en juin 2017, mais quand même.

    • Le contrôleur SATA et le backplane de notre ancien serveur sont innocentés… Ils n'ont pas envoyés de chocs électriques à nos SSD, ce qui aurait pu expliquer leur mort prématurée.
    Sun Jan 27 15:21:33 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?ADikOA
  • Gilets jaunes: pour encadrer les LBD, les caméras-piétons sont-elles vraiment adaptées?

    D'après la fiche technique du produit, la caméra-piéton choisie par les forces de l'ordre dispose d'une autonomie de quatre heures. Passé ce délai, il faut la recharger ou changer la batterie. Une opération qui peut s'avérer délicate lors d'un affrontement, dans le cadre de vacations qui peuvent durer plus de 12 heures.

    Par ailleurs, le modèle de caméra-piéton utilisé est, dans la plupart des cas, placé sur la poitrine des policiers. Ce qui pourrait empêcher l'appareil de capturer les images de l'usage du LBD. Pour utiliser cette arme, les fonctionnaires de police doivent en effet placer le viseur dans un axe différent de celui du haut de leur corps. Dans une telle situation, la caméra serait incapable d'enregistrer les images de la cible.

    D'après l'AFP, une première expérience menée à Bourg-en-Bresse lors de l'acte 10 des gilets jaunes a montré les limites de cette configuration. D'abord à cause du positionnement de la caméra, mais également en raison de la portée des LBD, bien supérieure à ce que peut capturer la caméra grand angle (127°), conçue pour filmer un individu placé à quelques mètres.

    Je pense qu'il ne faut surtout pas partir dans un débat technique inutile : les seules questions à se poser sont simples et d'ordre éthique : en tant que citoyens, voulons-nous que notre police et notre gendarmerie utilisent des armes de guerre comme des grenades avec effet de souffle et des fusils d'assaut contre nous, la population civile ? Si l'on répond oui, quel niveau de violence et quel contexte rendent légitime l'utilisation de telles armes et quels encadrements prévoit-on afin de limiter les dérives comme l'effet Lucifer ? Des dégradations matérielles sans atteinte directe à des personnes permettent-elles de justifier une riposte armée contre des personnes ? Est-ce proportionné (sans proportionnalité, il n'y a point de justice) ? Quid de la démonstration de culpabilité nécessaire à toute sanction ? Tout cela ne constitue-t-il pas pas un engrenage vers toujours plus de violence ?

    Notons que le même jeu de questions se pose avec les contrôles d'identité pour lesquels ces caméras ont été introduites initialement : elles permettent d'éviter de nous demander si nous tolérons vraiment des contrôles d'identité au faciès, et pour quelles raisons nos autorités en sont si friandes. C'est bien pratique de dissimuler sous le tapis ce qui ne nous convient pas.

    Ces caméras-piétons sont une mauvaise réponse à un vrai problème éthique. Elles vicient le débat : on ne va surtout pas discuter de l'utilisation d'armes de guerre contre des civils dans un contexte de maintien de l'ordre dans une République ni de la disproportionnalité de cette utilisation. Non, nous préférons contempler de telles utilisations en vidéo. Nous voulons obtenir des chiffres, un ratio du nombre de dérives rapporté au nombre d'actes policiers lors d'une manif' et si nous estimons que ce ratio est suffisamment bas, nous fermerons lâchement les yeux sur les victimes qui seront alors considérées comme des dommages collatéraux. Quelle inhumanité !

    Nous avons déjà des vidéos qui illustrent des utilisations impropres et abusives des LBD, celles réalisées par les manifestants. Bien sûr, elles peuvent être tronquées afin d'être partiales dans le but de servir l'intérêt des manifestants, mais les images enregistrées par les forces de l'ordre le seront tout autant puisqu'elles ne sont pas obligées d'allumer leur caméra en permanence. De même, qu'arrivera-t-il aux enregistrements qui pourraient mettre à mal la défense de nos flics et gendarmes ? Seront-ils effacés "par erreur" ?

    Méfions-nous du miroir aux alouettes, interdisons l'utilisation de ces caméras et recentrons le débat sur les vraies questions que les uns et les autres tentent d'éluder à l'aide de caméras.

    Sun Jan 27 13:30:38 2019 - permalink -
    - https://www.bfmtv.com/tech/gilets-jaunes-pour-encadrer-les-lbd-les-cameras-pietons-sont-elles-vraiment-adaptees-1618043.html
  • Superviser le nombre d'écritures sur un SSD Samsung

    Le nombre d'écritures sur un SSD est limité, car une cellule mémoire peut être réécrite seulement un certain nombre de fois. De plus, la garantie du constructeur s'applique souvent en-deça d'un certain seuil d'écritures (et/ou en deça d'un nombre d'années d'utilisation présumée). Je voulais savoir comment surveiller ça sur un SSD de marque Samsung.

    La première étape est de chercher le seuil prévu par la garantie, car il donne une bonne idée du nombre d'écritures que le constructeur accepte de prendre en charge, c'est-à-dire le nombre d'écritures qui lui semblent relever d'une utilisation conforme de son produit à ses estimations de durée de vie. Ce seuil se nomme « TeraByte Written » (TBW). Pour un Samsung 850 Pro 512 Mo, la garantie couvre jusqu'à 300 teraoctets écris.

    Comment récupérer ce TBW sur un SSD en fonctionnement ?

    Mon premier réflexe est de chercher les outils proposés par le constructeur. Il en existe un : Samsung Magician. Malheureusement, la seule version GNU/Linux proposée ne prend pas en charge mon modèle, un 850 Pro.

    Mon deuxième réflexion est d'effectuer une recherche sur le web. Le résultat le plus satisfaisant est How can I monitor the TBW on my Samsung SSD?. Je recopie ici le script présenté :

    #!/bin/bash
    
    #######################################
    # Variables                           #
    #######################################
    
    SSD_DEVICE="/dev/sda"
    
    ON_TIME_TAG="Power_On_Hours"
    WEAR_COUNT_TAG="Wear_Leveling_Count"
    LBAS_WRITTEN_TAG="Total_LBAs_Written"
    LBA_SIZE=512 # Value in bytes
    
    BYTES_PER_MB=1048576
    BYTES_PER_GB=1073741824
    BYTES_PER_TB=1099511627776
    
    #######################################
    # Get total data written...           #
    #######################################
    
    # Get SMART attributes
    SMART_INFO=$(sudo /usr/sbin/smartctl -A "$SSD_DEVICE")
    
    # Extract required attributes
    ON_TIME=$(echo "$SMART_INFO" | grep "$ON_TIME_TAG" | awk '{print $10}')
    WEAR_COUNT=$(echo "$SMART_INFO" | grep "$WEAR_COUNT_TAG" | awk '{print $4}' | sed 's/^0*//')
    LBAS_WRITTEN=$(echo "$SMART_INFO" | grep "$LBAS_WRITTEN_TAG" | awk '{print $10}')
    
    # Convert LBAs -> bytes
    BYTES_WRITTEN=$(echo "$LBAS_WRITTEN * $LBA_SIZE" | bc)
    MB_WRITTEN=$(echo "scale=3; $BYTES_WRITTEN / $BYTES_PER_MB" | bc)
    GB_WRITTEN=$(echo "scale=3; $BYTES_WRITTEN / $BYTES_PER_GB" | bc)
    TB_WRITTEN=$(echo "scale=3; $BYTES_WRITTEN / $BYTES_PER_TB" | bc)
    
    # Output results...
    echo "------------------------------"
    echo " SSD Status:   $SSD_DEVICE"
    echo "------------------------------"
    echo " On time:      $(echo $ON_TIME | sed ':a;s/\B[0-9]\{3\}\>/,&/;ta') hr"
    echo "------------------------------"
    echo " Data written:"
    echo "           MB: $(echo $MB_WRITTEN | sed ':a;s/\B[0-9]\{3\}\>/,&/;ta')"
    echo "           GB: $(echo $GB_WRITTEN | sed ':a;s/\B[0-9]\{3\}\>/,&/;ta')"
    echo "           TB: $(echo $TB_WRITTEN | sed ':a;s/\B[0-9]\{3\}\>/,&/;ta')"
    echo "------------------------------"
    echo " Mean write rate:"
    echo "        MB/hr: $(echo "scale=3; $MB_WRITTEN / $ON_TIME" | bc | sed ':a;s/\B[0-9]\{3\}\>/,&/;ta')"
    echo "------------------------------"
    echo " Drive health: ${WEAR_COUNT} %"
    echo "------------------------------"

    Utilisation concrète :

    $ ./monit_ecritures_ssd.sh /dev/sda
    ------------------------------
     SSD Status:   /dev/sda
    ------------------------------
     On time:      5,699 hr
    ------------------------------
     Data written:
               MB: 2,746,510.173
               GB: 2,682.138
               TB: 2.619
    ------------------------------
     Mean write rate:
            MB/hr: 481.928
    ------------------------------
     Drive health: 99 %
    ------------------------------

    Si j'effectue un dd de 1 Go à partir de /dev/zero, je constate que ce script calcule bien qu'un gigaoctet supplémentaire a été écrit.

    Néanmoins, je perçois plusieurs limites à ce script :

    • Atteindre (ou non) le TBW mentionné dans la garantie ne signifie environ rien (c'est toute la différence entre une valeur et une moyenne de valeurs), et surtout pas que le SSD est fichu. Illustration : Samsung 850 Pro SSD Reaches End of Life With 9100 TB Written. De même le comportement du contrôleur interne au SSD quand cette variable est atteinte est imprévisible ;

    • Contrairement à d'autres constructeurs, Samsung n'a pas prévu un attribut SMART pour présenter le TBW ou toute autre métrique permettant de juger de l'état de santé du SSD, donc le script présenté ci-dessus fait des déductions. Or, seul Samsung sait comment il calcule son TBW. Opacité powa ;

    • La signification de l'attribut SMART « LBA written » est soumise à précaution. D'abord parce que je ne sais pas ce qu'elle englobe. Exemple : englobe-t-elle les cycles d'effacement des cellules (qui entre en compte dans le calcul du TBW) ? De plus, cet attribut mesure au niveau logique (d'où son nom « Logical Block Addressing ») c'est-à-dire qu'il mesure ce que le système d'exploitation a voulu faire, pas ce qui a réellement été fait au niveau matériel. C'est ce qui est nommé « Write Amplification Factor (WAF) » c'est-à-dire le rapport entre le nombre d'octets réellement écrits sur le SSD et le nombre d'octets écrits vu du système. Enfin, quid du ratio de nouvellement de l'usure (Wear leveling, des cellules supplémentaires sont prévues pour palier à la défaillance de cellules) ? Tout cela influe sur le TBW (sources : lien wikipedia en début de ce shaarli + Using SMART Attributes to Estimate Enterprise SSD Lifetime) et nous ne le mesurons pas voire nous n'en avons pas connaissance quand il s'agit d'une valeur prévue par le constructeur (comme le WAF).
    Sun Jan 27 12:34:00 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?5eaCbA
  • OpenVPN, état « failure » dans systemd, « unable to fork: Resource temporarily unavailable (errno=11) »

    J'ai un serveur OpenVPN configuré pour accepter 32 clients. Un script est lancé lors de la connexion / déconnexion du client afin d'effectuer de la configuration particulière. Ces scripts lancent eux-mêmes des commandes. En réalité, je n'ai pas un serveur, mais 8 (la justification est exposée ici) : 2 protocoles IP (v4 et v6) x 2 adresses IP x 2 protocoles de transmission (UDP et TCP).

    Je constate que les OpenVPN les plus utilisés (UDP v4) crashent : leur état dans systemd est « failure ». De prime abord, il n'y a rien dans le journal. Je constate que cela se produit suite à une coupure partielle ou totale de mon accès à Internet. Un jour, j'arrive enfin à choper une erreur dans le journal : « openvpn_execve: unable to fork: Resource temporarily unavailable (errno=11) Exiting due to fatal error ».

    Cette erreur est la conséquence de l'atteinte du nombre maximal de processus qu'un utilisateur peut avoir simultanément (ulimit -p). Dans une unit systemd, cela est représenté sous cette forme :

    $ sudo systemctl show openvpn@.service | grep -i NPROC
    LimitNPROC=10
    LimitNPROCSoft=10

    Mes VPN sont tous exécutés avec les droits de l'utilisateur « openvpn ». J'ai donc 8 processus (les 8 instances OpenVPN). Il reste une marge de deux processus. Or, un utilisateur qui se connecte les occupe puisqu'un script est lancé (9) et que ce script lance lui-même plusieurs commandes de manière séquentielle (10). Je peux donc avoir un seul utilisateur qui se connecte en même temps : au-delà, la limite est atteinte et OpenVPN se ferme suite à cette erreur qu'il estime être fatale. Or, lors du rétablissement de ma connexion à Internet, plus d'un utilisateur tente de se reconnecter automatiquement en même temps, ce qui explique que la limite est plus fréquemment atteinte à ces moments-là. C'est un problème connu des devs OpenVPN.

    Pour résoudre ça, je pourrais changer la valeur de « LimitNPROC » dans l'unit systemd d'OpenVPN, mais je vais se retrouver avec une valeur sur-dimensionnée donc aucun contrôle effectif du nombre de processus. Je pourrais augmenter la valeur de « LimitNPROC » tout en limitant le nombre de tâches au sein d'une même unit systemd, c'est-à-dire au sein d'une même instance OpenVPN, car ce nombre-ci est connu : j'ai 32 clients OpenVPN au maximum par instance, et cela repose sur une limite physique : le nombre d'IPv4 disponible. Pour mettre cela en pratique, j'ai ajouté et modifié ce qui suit dans /etc/systemd/system/openvpn.service (qui est le fichier /lib/systemd/system/openvpn@.service dupliqué) :

    LimitNPROC=3897
    LimitNPROCSoft=3897
    TasksAccounting=yes
    TasksMax=30

    Pour que cela fonctionne, il faudra d'abord annihiler le générateur d'units systemd livré par le paquet OpenVPN.

    Sun Jan 27 11:19:57 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?eKyKig
  • Ganeti : en cas de crash de l'hyperviseur maître, impossible de migrer une seule machine virtuelle ?

    L'hyperviseur maître de mon cluster Ganeti tombe.

    Je migre la fonction de master sur l'unique secondaire afin de pouvoir piloter à nouveau le cluster.

    Maintenant, j'aimerais démarrer, sur l'hyperviseur restant, les machines virtuelles qui sont sur l'hyperviseur hors service. Afin de s'assurer que les données des machines virtuelles ne sont pas trop corrompues (car le master est HS suite à une panne de ses supports de stockage), je souhaite migrer, dans un premier temps, une seule machine virtuelle au contenu sans importance.

    Les commandes gnt-instance failover --ignore-consistency <nom> et gnt-instance replace-disks -p <nom> ne fonctionnent pas : elles sont bloquées sur l'impossibilité de parler avec l'hyperviseur HS.

    Je décide de déclarer que l'hyperviseur est hors ligne avec gnt-node modify -O yes <nom_hyperviseur_HS>, mais ça ne change rien. Désormais, les mêmes commandes retournent le message « Can't use offline node on node : Node is marked offline » et le message « Could not shutdown block device disk/0 on node : Node is marked offline ». Contrairement aux tutos que j'ai trouvé sur le web, cette erreur est bloquante, il ne s'agit pas d'un simple avertissement.

    La commande gnt-cluster verify ne relève pas d'erreurs, seulement des avertissements concernant la connexion SSH avec l'hyperviseur hors service.

    Au final, je me suis résigné à tester sur une seule machine virtuelle et j'ai effectué un gnt-node evacuate -n <nom_hyperviseur_restant> <nom_hyperviseur_HS> qui a migré toutes les machines virtuelles d'un coup avec succès. Ce résultat positif est étrange, car la documentation officielle nous informe que cette commande est similaire aux commandes gnt-instance failover et gnt-instance replace-disks que j'ai essayées au préalable sans succès…

    Sun Jan 27 10:47:17 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?xLMtLA
  • Radars de recul

    Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est finalement passé aux aveux : « Près de 60 % des radars ont été neutralisés, attaqués, détruits par celles et ceux qui se revendiquent [gilets jaunes]. » Soit près de 2 000 des 3 200 radars en fonction au bord des routes. Si la plupart des boîtes grises continuent d’enregistrer la vitesse des bagnoles, qui aurait augmenté de 30 km/h en moyenne, le Centre national de traitement des infractions routières de Rennes est dans l’incapacité de verbaliser les fous du volant, faute de photos claires et nettes.

    Inévitablement, les caisses de l’Etat vont se remplir un peu moins vite que prévu. Selon plusieurs sources gouvernementales, le manque à gagner pour l’année 2018 serait de 200 millions d’euros, sur une recette prévue de 1,2 milliard. Pour l’année qui vient de commencer, les mêmes pronostiquent un manque à gagner de 400 millions d’euros.

    A fond la caisse… vide !

    Dans le Canard enchaîné du 16 janvier 2019.

    Sat Jan 26 23:46:05 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?JIagWw
  • Bourse en folie

    Jean qui rit ou Jean qui pleure ? Les sociétés du CAC 40 ont distribué pour 46,5 milliards de dividendes, renouant ainsi, pour le plus grand bonheur des actionnaires, avec le niveau d’avant la crise des subprimes, en 2008. Des actionnaires qui font la grimace en faisant leurs comptes : en un an, la valeur de leurs titres a baissé de 14 %.

    A noter que plusieurs entreprises à participation publique (Orange, Renault, Engie) se montrent particulièrement généreuses, servant à leur actionnaire-Etat un dividende de 5 à 6,5 %. Mieux que le rendement moyen des actions du CAC 40 (4 %) et beaucoup mieux que le taux d’intérêt de 0,75 % généreusement accordé par les Caisses d’épargne.

    Quoi qu’il en soit, ces dividendes, à peine distribués, prennent la poudre d’escampette : les entreprises du CAC 40 — qui réalisent plus des trois quarts de leurs bénéfices hors de France — sont en effet possédées à plus de 50 % par des actionnaires étrangers, essentiellement des fonds de retraite. Une part beaucoup plus importante qu’à la Bourse de New York (environ 20 %) ou de Londres (environ un tiers).

    Le parti de l’étranger a encore frappé !

    Mince, moi qui pensais que si l'on remerciait grassement ces aventuriers des temps modernes que sont les actionnaires, du fric allait ruisseler à grand torrent tout partout en France. J'ai du mal comprendre… Visiblement, ça va même échapper à l'IRPP et à la TVA et à…

    Dans le Canard enchaîné du 16 janvier 2019.

    Sat Jan 26 23:40:59 2019 - permalink -
    - http://shaarli.guiguishow.info/?JxZC_Q
  • Dessin : Nouveaux médias, vieille habitude

    ‒ Y'a quoi sur Facebook ce soir ?

    Totalement d'accord sur le fond de ce dessin même si, sur la forme, j'aurais choisi Netflix.

    Dessin publié dans le Canard enchaîné du 16 janvier 2019.

    Sat Jan 26 23:34:45 2019 - permalink -
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