En décembre 2018, j'ai aidé une collègue de travail à installer des décorations de Noël dans les locaux de notre service. Je conchie une bonne partie des aspects de Noël : l'aspect mercantile, l'aspect sacré et l'aspect "se retrouver entre gens qui ne s'apprécient pas afin de faire bonne figure". Donc, les années précédentes, j'aurais tout simplement refusé d'installer des décorations de Noël tout en faisant un laïus sur la stupidité de cette action. J'ai donc voulu me justifier à moi-même mon changement de comportement de cette année. Des personnes m'ont également interrogé (« comment quelqu'un comme toi qui rejette la société de consommation peut-il… ? », « n'est-ce pas contradictoire ? »), et je constate que mon nouveau raisonnement leur a ouvert les yeux. C'est pour cela que je le partage ici, même s'il n'a rien de neuf…
Il y avait rien d'officiel ni d'obligatoire. Rien était imposé par la hiérarchie ni par la société (comprendre : les gens, je considère que je forme une micro-société humaine avec les collègues de mon service). J'ai accepté cette invitation par "amitié", pour passer un moment agréable.
La première question qui vient est : est-ce que je n'aurais pas pu passer un agréable moment avec cette collègue sans pour autant faire cela ? Nan parce que bon « passer un moment agréable » permet de justifier n'importe quelle activité y compris la plus contestable, la plus violente, la plus… La réponse est : sans aucun doute, mais, visiblement, nous n'avons pas su trouver, ni fabriquer de tels moments (en vrai, si, mais je simplifie). Donc, pourquoi s'interdire de se greffer sur un moment prévu / prémâché connu par une majorité de personnes ? C'est peut-être le seul avantage des traditions, à mes yeux. De toutes façons, ce point n'est pas le plus important.
L'important, c'est de passer un agréable moment sans renoncer à ses valeurs et à son éthique. Qu'est-ce qui me pose un problème avec Noël ?
Je n'ai pas renoncé à mes valeurs et à mon éthique, donc, tout va bien. La seule exception fût d'allumer une guirlande électrique pendant quelques heures. Tout comme les guirlandes de rue, je trouve que ça va trop loin car ça constitue une consommation électrique inutile pour le seul plaisir des yeux qui peut, de surcroît, polluer notre monde (centrale nucléaire, centrale à charbon, etc.). Je me suis néanmoins permis ce privilège d'occidental durant quelques heures.
Ce que je veux illustrer par ce shaarli, c'est qu'il faut examiner un choix en détail. On ne va pas loin en restant bloqué sur l'aspect mercantile de Noël. On va plus loin en participant sans entrer dans le jeu du commerce. On ne va pas loin en utilisant l'esprit sacré d'une tradition pour s'isoler quand vient Noël. On va plus loin en choisissant effectivement et finement les activités et les personnes avec lesquelles on vit Noël. Tu conchies les hypocrites ? Choisis mieux tes hôtes ou tes invités. Bref, il faut regarder dans le détail. Rejeter en bloc quelque chose, c'est quand même un peu simpliste.
Au final : non, aider à l'installation de décorations de Noël, ce n'est pas donner un blanc-seing à tout ce que Noël englobe dans l'imaginaire collectif (sur-consommation, gaspillage, pollution, hypocrisie, etc.).