La condamnation, le 18 janvier à Cahors, de Jean-Paul Gouzou (67 ans au moment des faits) à 25 ans de prison pour le meurtre de son épouse, Djeneba (37 ans), a conclu une triste affaire de féminicide (109 femmes tuées par leur mari, leur ex ou leur compagnon en 2017), mais aussi de divagations judiciaires. Comme l’avait raconté « Le Canard », le procureur de l’époque et son adjointe avaient méchamment envoyé bouler les amis de Djeneba, et même la déléguée interministérielle aux droits des femmes, qui les alertaient du danger que représentait Couzon. Expédiés quelques jours avant le crime, leurs courriels, plutôt gênants, ont été produits à l’audience.
« Le parquet n’a pas vocation à être le bureau des pleurs », affirmait le proc, soutenant son adjointe, qui, pour sa part, avait qualifié ces appels de « fatras de doléances », encombrant « les boîtes mail des magistrats ».
Moche indifférence
Les magistrats n’apprécient guère qu’on attaque leur chère institution, et la cour de Cahors ne fait pas exception. Le président et l’avocat général se sont agacés, lors du procès, qu’« une bonne âme ait transmis ces mails au “Canard” ». Achevant de les exaspérer, Anne Bouillon, l’avocate de la Fédération nationale solidarité femmes, a également découvert que le juge aux affaires familiales s’était planté en rédigeant l’« ordonnance de protection ». Cette dernière interdisait au mari d’approcher Djeneba durant quatre mois, alors que la loi avait changé et étendait cette durée à six mois puis la prolongcait indéfiniment dès la demande de divorce, déposée en juillet 2016.
Quant aux courriels si aimables de l’ancien procureur et de son adjointe, ils sont desormais « en cours d’analyse » à la Chancellerie…
N'est-ce pas ce qu'on nomme pompeusement non assistance à personne en danger ?
Dans le Canard enchaîné du 23 janvier 2019.