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——————————— Sunday 06, May 2018 ———————————

Et si Manuel Valls jouait milieu droit à Barcelone ? - Libération

Un autre de ses soutiens salue le «challenge» possible : «Qu’est-ce qui d’ordinaire s’offre aux anciens Premier ministre de la France, qui sont souvent un peu tricard lorsqu’ils sortent de Matignon ? questionne-t-il. Un rôle de vieux sage ? Un strapontin au Quai d’Orsay ? Qu’un ancien Premier ministre d’un pays se porte candidat dans une grande ville européenne d’un autre pays, c’est l’Europe dans cinquante ans ! C’est quelque chose d’atypique qui peut aussi plaire !»

Cette Europe sera sans moi. Car son existence signifierait qu'on aura été plus loin que jamais dans l'aristocratie : on aura acté, de manière encore plus forte qu'aujourd'hui, qu'il y a des gens bien plus compétents que d'autres pour piloter un pays et que la France ou l'Espagne ou l'Estonie ou la Grece, ça ne change pas grand'chose, ça se gère bien pareil, rien à faire des spécificités locales. Cela signifie que cette classe-là sera uniquement là pour avoir le pouvoir et se comporter en gestionnaire. Il n'y aura plus de politique, c'est-à-dire plus d'envie commune, plus de projet partagé. On sera dans la gestion tout ce qu'elle a de plus froide : des chiffres et de la rentabilité.

On a déjà ce jeu des chaises musicales dans l'administration française : un jour t'es au service comptabilité, le lendemain t'es aux ressources humaines, le surlendemain t'es à la direction des achats, etc. Un jour t'es à Radio France, le lendemain au CSA, le surlendemain à l'IGAS, etc. Ça permet de faire durer des carrières, au détriment de la qualité du travail accompli.

Non, décidément, une internationale des élites qui joue aux chaises musicales à l'échelle de l'Europe, ça ne me tente pas.

Via le Canard enchaîné du 25 avril 2018.

Des maires réinventent le vote… en version farces et attrapes

Rebaptisés “votations citoyennes”, les référendum bidon ont la cote. Anne Hidalgo en a même fait une spécialité parisienne.

Chez les élus locaux, cette nouvelle mode fait fureur. Une décision à prendre sur un sujet qui fâche ? Une petite panne de popularité ? Allez, hop ! une « votation citoyenne » ! Dernier exemple en date : pour tenter de faire oublier ses récents couacs, Anne Hidalgo a prévu. d’organiser, fin mai, un scrutin sur sa politique de lutte contre la pollution à Paris…

La maire ne court pas grand risque : l’appellation « votation citoyenne » ne recouvrant aucune réalité juridique, les organisateurs ont toute latitude pour définir la composition du collège électoral, les questions soumises au vote, voire l’organisation du scrutin (en mairie, dans la rue, sur Internet, au bistrot du coin…). Aucun recours n’est possible pour les mécontents. Les maires peuvent même décider de s’asseoir sur tout ou partie des résultats si ceux-ci ne leur conviennent pas. Open bar !

Electorats sur mesure

Ces derniers mois, ces votations citoyennes ont été accommodées à toutes les sauces, a droite comme à gauche. Les maires de Metz, de Nancy, du Grand-Quevilly, de Creil ou de Thionville en ont organisé pour régler la délicate question des rythmes scolaires. D’autres, à Paris ou à Grenoble [NDLR : ou à Rennes ou à Strasbourg ou à… ], y ont eu recours pour mettre en œuvre des « budgets participatifs » (les citoyens sont invités à proposer des projets qui seront financés et mis en œuvre par la ville). A Nantes, les projets d’urbanisme de la métropole vont être soumis à la même procédure.

J'ai déjà exposé pour quelles raisons je trouve les budgets participatifs fondamentalement anti-démocratiques.


La plupart du temps, la participation à ces consultations est très faible. Dans le XIXe arrondissement de Paris. le réaménagement de l’avenue de flandre a été décidé par 1 900 votants… sur plusieurs dizaines de milliers de citoyens concernés. En 2015, à Valenton (Val-de-Marne), 871 personnes (sur 15 000 habitants) se sont prononcées sur une sombre histoire de découpage administratif. Une poignée d’électeurs qui a suffi au maire PC pour faire fléchir le gouvernement… A Paris, Anne Hidalgo espère entre 100 000 et 150 000 votants sur… 2,2 millions de résidents. Sauf que des petits grains de sable menacent de gripper la machine. Une équipe municipale vient de tester les bulletins qui seront proposés aux Parisiens sur les marchés et dans les rues. Les résultats sont cruels.

Mauvais argument du Canard car à ce jeu-là, je peux prétendre que les dépûté⋅e⋅s actuels ont été élus par moins de 29 % des habitant⋅e⋅s de France… Ça élude les non inscrit⋅e⋅s et les abstentions…


Plébiscites en loucedé

Dans un rapport rendu le 9 avril, les fonctionnaires reconnaissent que certains cobayes interrogés ont eu — quelle idée ! — l’« intuition d’un coup de com’politique ». D’autres ont souligné que ce vote avait « perdu de son sens », puisque l’Hôtel de Ville leur demandait de se prononcer sur des dossiers déjà tranchés par le Conseil de Paris. lnsupportable, cette suspicion…

Les budgets participatifs ont aussi cette caractéristique…


Les mauvais coucheurs n’ont pas apprécié non plus de ne pouvoir répondre par oui ou par non, comme cela est d’usage dans un vrai référendum.

La Mairie les a juste invités à indiquer les actions qu’ils jugeaient prioritaires parmi celles que la Ville avait déjà décidées (alimentation, économies d’énergie, gestion des déchets, interdiction à terme des véhicules polluants).

En gros, ils peuvent choisir entre « Bravo ! » et « Encore ! ». C’est la démocratie pour les nuls…

Gros gros gros +1.

Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018.

Fillon a-t-il aspiré les fichiers de la presse française?

La Lettre A a découvert que dans la dernière ligne droite, jusqu’au 21 avril 2017, 2 jours avant le premier tour, le camp Fillon a aspiré les bases de données de la presse française dans l’espoir un peu fou de renverser la tendance. En tout, ils ont dépensé un peu moins de 50 000 euros pour collecter 3,5 millions d’adresses mail.

Techniquement, ils ont loué les fichiers de grands médias nationaux. Ca vous est sûrement déjà arrivé : en souscrivant un abonnement à votre journal préféré, vous avez mécaniquement coché la case “recevoir les offres partenaires”. […]

La société française The Optin Machine, qui a réalisé l’opération, assure avoir agi en conformité avec les règles édictées par la CNIL, la commission nationale informatique et libertés. Traduction : si vous avez été noyé sous les mails fillonistes, c’est que vous étiez plus ou moins d’accord. […]

A qui envoie-t-on les mesures du programme liées à la famille ? Pif, La Croix, 100 000 adresses de lecteurs âgés de 45 ans et plus. La santé ? Paf, Le Figaro Santé et Top Santé, 750 000 personnes. Qui s’intéresse à nos propositions sur la gestion des comptes publics ? Probablement les lecteurs du Figaro, des Echos et de l’Obs. 600 000 adresses supplémentaires. Le pouvoir d’achat ? Aux 190 000 lecteurs de moins de 35 ans de 20 Minutes. Plus inattendu, 500 000 abonnés de 50 ans et plus du site de Météo France ont reçu le programme de Fillon sur la sécurité… Il faudra demander quelques explications à Marie-Pierre Planchon.

Ça fait quand même bizarre, ce genre de chose… Du marketing politique en fonction des lectures… Oui, les publicités sur le Net fonctionnent sur le même principe donc rien de neuf, mais quand même…

Via le Canard enchaîné du 25 avril 2018.

Un témoin à qui l’on veut du bien

Emmanuel Elong, syndicaliste dans les palmeraies camerounaises contrôlées par le groupe Bolloré, avait osé dénoncer les conditions de travail au sein de ces plantations dans l’enquête « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ? ». Diffusé en 2016 par France 2, le reportage avait été couronné du prix Albert-Londres et… attaqué en diffamation par l’industriel.

Le 3 avril dernier, Elong s’est présenté au tribunal correctionnel de Paris pour témoigner en faveur de cette enquête. Le 24 avril, de retour au Cameroun, il écrit au préfet de sa région pour lui demander d’assurer sa sécurité. Dans son courrier, Elong se dit « victime d’intimidations, de surveillance illégale et de menaces », puis évoque le mauvais souvenir du procès parisien : « Avant mon départ pour la France, j’ai fait l’objet de tentatives de corruption et de dissuasion pour me faire abandonner ce projet. A mon arrivée en France, Tristan Wakekx, journaliste et coauteur du reportage [de France 2], qui devait m’accueillir à l’aéroport, a été curieusement victime d’un cambriolage de son appartement, la nuit précédente. Sa serrure endommagée, il n’a pas pu venir m’accueillir. » Waleckx — qui a porté plainte — a confirmé l’affaire au « Canard ». Ce jour-là, France Télévisions avait préféré payer un garde du corps pour accompagner Elong de l’aéroport au tribunal…

Dans le Canard enchaîné du 2 mai 2018.

On va se gaver !

C'est énervant, tous ces clients sans le sou qui, à la fin du mois, ont les poches vides. De plus en plus vides : les dépenses alimentaires en France viennent — c’est une première — de connaître un léger recul.

Le groupe Casino, après avoir calculé que, chaque dernière semaine du mois, son chiffre d’affaires baissait de l0 % (et que les clients commençaient à être dans le rouge de plus en plus tôt), et eu cette idée lumineuse : réinventer l’ardoise.

Même désargentés, les clients de Casino pourront continuer de claquer. Ah, s’offrir le luxe de s’endetter dès 20 euros de courses alimentaires ! Et ne rembourser qu’un mois plus tard. Mieux, si, par bonheur, ils sont gourmands et dépensent plus de 50 euros, ils auront jusqu’à trois mois pour rembourser (en quatre fois).

Attention, il ne s’agit pas pour Casino de mettre en cause la juste lutte contre le surendettement et de pousser à la consommation, surtout pas, mais d’« accompagner ses clients dans tous les tracas de la vie ». Un geste humanitaire, en quelque sorte. De la pure générosité. La preuve, ce crédit sera gratos

Les pauvres vont pouvoir se goinfrer de Nutella !

Dans le Canard enchaîné du 2 mai 2018.

L'éternelle réforme du Livret A

C'est reparti pour un tour ! Bruno Le Maire vient d’annoncer la énième réforme de la formule de calcul du taux d’intérêt du Livret A (« Les Echos », 21/4). Motif : l’actuelle est — comme les précédentes — inapplicable quand les taux descendent trop bas et que le résultat est contrariant pour les quelque 56 millions de détenteurs. « Chaque fois qu’on modifie le taux, on est obligés de déroger à la règle », a reconnu le ministre des finances.

Pour satisfaire à la fois les épargnants — qui veulent garantir leur bas de laine — et les offices HLM — qui veulent un financement bon marché —, le taux sera désormais la moyenne entre l’inflation et le taux du marché à court terme (Eonia).

Mais, attention, à partir du début de 2020 seulement. Les prévisions de hausse des taux annoncent, à cette date, un Li— vret A à 1,1 %. C’est—à,—dire ap— paremment supérieur au 0,75 % actuel. Pas question de braquer les petits épargnants, même si ce taux sera inférieur aux 2,25 % qu’aurait procurés la formule actuelle. Gain pour les HLM : 675 millions par an.

Le ministre des finances conservera le droit de déroger à l’application de la formule si le résultat ne lui convient pas. Exactement comme aujourd’hui.

Tout changer pour que rien ne change ?

Waooouh, je me rends compte que je ne savais rien sur le livret A, en fait ! :O

  • Il a été créé en 1818, en même temps que les caisses d'épargne (oui, oui, le groupe bancaire privé), pour éponger les dettes laissées par Napoléon ;

  • Seuls le groupe caisse d'épargne et La Poste pouvaient en ouvrir avant 2009 ;

  • L'argent placé sur un livret A est collecté en majorité (65 %) par la Caisse des Dépots et Consignations (en échange d'une commission pour la banque collectrice). Comme le LDD ou le LEP ;

  • À quoi sert l'argent collecté par la CDC ? Une partie, 45 % en 2010, est joué sur les marchés financiers par la CDC : dettes d'États, obligations, actions, etc. En 2010, 55 % de l'argent servait à financer le logement social et la politique de la ville (rénovation urbaine) c'est-à-dire à accorder des prêts à taux avantageux aux organismes de logements sociaux et aux collectivités territoriales, entre autres ;

  • À quoi sert l'argent conservé par les banques privées ? À accorder des crédits aux PME.

Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Livret_A et https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20120222trib000684383/ou-va-vraiment-l-argent-du-livret-a-.html

Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018.

Un droit social sauce Safran

Quatre syndicalistes de l’inspection du travail de Seine-et-Marne viennent de se voir menacés par leur direction de sanctions disciplinaires. Manquements aux règles du droit du travail ? Pas vraiment. Ces représentants ont eu le toupet de protester — en des termes jugés excessifs — contre une étrange initiative de leur hiérarchie.

Le 13 février, celle-ci organisait une journée de « convivialité » et de travail dans les locaux d’une grande entreprise privée de Melun : au musée aéronautique et spatial Safran, propriété du groupe de défense éponyme, numéro 1 mondial de la fabrication de moteurs pour avions civils. Le musée, fermé, était mis à la disposition de l’administration.

D’où les questions intempestives des syndicalistes, du type : « A l’avenir, pourra-t-on contrôler librement une entreprise qui nous rend de tels services ? » ou « Et la neutralité de la fonction publique ? On en parle ? », etc.

Les organisateurs ont très mal pris ces insolences, et le ton est monté, les perturbateurs se faisant même traiter de « bande de cons », Aujourd’hui, ce sont eux qui risquent des bricoles, pas leur direction, trop polie pour refuser les petits cadeaux de l’un des plus gros employeurs de la région.

Ha, ouais, quand même… On en est là quoi… L'inspection du taff qui fait amie-amie avec une société qui emploie beaucoup de monde dans une zone géographique… Bon sang…

Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018.

Des juges encagoulés ?

Les trois magistrats de la chambre sociale de la Cour de cassation qui ont eu les honneurs du « Canard » pour avoir un peu mélangé les genres (lire p. 3) n’ont vraiment pas de bol. A quelques mois près, ces dégourdis auraient pu rester anonymes et passer entre les gouttes. L’article 19 du projet de loi de réforme de la justice prévoit que les noms des juges (mais aussi ceux des greffiers, des avocats et des autres personnes physiques) pourront désormais être occultés dans les décisions de justice pénale ou administrative.

Plus question de savoir si tel ou tel juge est une « peau de vache », tel autre un piètre professionnel ou, au contraire, un magistrat compréhensif. Et impossible, bien sûr, de découvrir ses éventuels conflits d’intérêts

Cette disposition, appliquée dans des pays aussi démocratiques que la Russie de Poutine, n’a qu’un précédent connu en France : les sections spéciales de sinistre mémoire mises en place par Vichy. Seule était alors rendue publique l’identité du greffier, du procureur et des avocats.

Aujourd’hui, les magistrats se remettent à rêver d’anonymat. Au nom de la « sécurité » et du « respect de [leur] vie privée ». Le Conseil d’Etat a bruyamment approuvé cette mesure, réclamée également par l’Union syndicale des magistrats (majoritaire). A croire que les juges n’ont plus aucune confiance dans l’Etat de droit et dans la loi qu’ils sont chargés d’appliquer…

Mais le gouvernement se montre bien trop timoré. « Le Canard » le proclame haut et fort : pour assurer pleinement la sécurité et la tranquillité des magistrats, la garde des Sceaux doit aller plus loin et ajouter un codicille à son projet de loi en imposant le port de la cagoule — voire de la burqa — dans toutes les audiences.

Ou remplacer les juges par des robots…

Cette revendication de l'USM fait suite à la loi pour une République numérique qui prévoit la publication des décisions de justice en Open Data (mesure toujours pas en vigeur car le décret correspondant n'a toujours pas été édicté).

Les décisions de justice sont rendues au nom du peuple, ça ne peut relever de la vie privée, tout comme le travail de tous nos élu⋅e⋅s et leur armada de conseiller⋅e⋅s… Ces gens-là travaillent au nom du collectif, au nom de chaque citoyen⋅ne. Que ces décisions soient publiées dans des revues spécialisées ou en Open Data ne fait pas de différence à mes yeux.

Entre les box sécurisés dans les salles d'audience qui nuisent à la défense, les audiences à distance d'une qualité sonore contestable qui nuisent à la défense et à la qualité des débats et maintenant ça, sale temps pour la justice… :(

Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018.

Crime de lèse-Rothschild à l‘Assemblée

C'est une banderille dont la maison Rothschild se serait bien passée. Chargée d’enquêter sur la cession de fleurons industriels français à des pays étrangers, une commission parlementaire a formulé une proposition assez perverse à l’adresse des banques d’affaires. Olivier Marleix (LR), son président — en accord avec le rapporteur Guillaume Kasbarian (LRM) —, préconise, dans un rapport rendu public le 20 avril (« Le Canard », 25/4), d’élargir le statut juridique qui s’impose aux lobbyistes et autres « représentants d’intérêts ». Il entend ainsi contraindre les professionnels des fusions-acquisitions à détailler leurs activités auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Au secours, les ennemis de la finance reviennent !

Sauvetage inespéré

Pourquoi ? La commission Marleix a découvert qu’Alstom avait déboursé « 300 millions d’euros d’honoraires » pour un deal de 8,2 milliards d’euros (« Le Canard », 21/3). Une rémunération très au-dessus de la moyenne. Parmi les heureux bénéficiaires, la banque Rothschild, conseil à la fois d’Alstom et de son actionnaire de référence, Bouygues.

La loi Sapin 2 de décembre 2016, relative à la transparence et à la lutte contre la corruption, avait offert une définition claire des obligations imposées aux représentants d’intérêts susceptibles d’exercer une influence sur des membres du gouvernement ou de cabinet ministériel. Mais, par un incroyable tour de passe-passe, le décret d’application, pris le 9 mai 2017 (juste avant le départ de François Hollande), avait exonéré les banquiers d’affaires. Au nom du secret des affaires…

« La transparence appliquée à un métier comme le nôtre devient très rapidement un nid à embrouilles », avait déclaré David de Rothschild devant la commission d’enquête, le 22 mars. « Evidemment, nous avons des conversations avec l’Etat, avait-il renchéri. Mais nous ne vendons pas. Le représentant d’intérêts fait le tour de toutes les administrations pour obtenir le maximum de soutiens. Nous travaillons pour nos clients sur des opérations un peu complexes qui nécessitent de dialoguer. » Un dialogue susceptible de rapporter plusieurs millions.

L’ancien banquier d’affaires Emmanuel Macron en sait quelque chose…

Dans le Canard enchaîné du 2 mai 2018.

L’égalité en héritage

L’affaire n'a pas fait grand bruit au-delà du port de la Goulette, mais près de 2 000 personnes — des femmes, en grande majorité — ont défilé, le 10 mars à Tunis, pour réclamer l’égalité des sexes en matière d’héritage. Comme dans d’autres pays musulmans, la femme tunisienne n’a droit, en effet, qu’à une demi-part successorale. « Au garçon, la part de deux filles », commande ainsi le Coran. Une disposition « sacrée » que la Commission des libertés individuelles et de l’égalité, en Tunisie, pourrait remettre en question.

Ce séisme législatif est dénoncé comme une hérésie par les conservateurs et pourrait, ainsi que l’écrit le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud, constituer « la plus grosse révolution juridique dans le monde dit arabe depuis des siècles » (« Le Point », 19/04. Car, comme le rappelle le vice-président du Conseil français du culte musulman, « les versets du Coran, révélation divine, s’ils peuvent être interprétés, ne peuvent être abrogés » (« Le Monde », 24/4). Et sont donc défendus par des traditionalistes qui jongleht entre legs testamentaire (« wasyya »), héritage transmis par la loi (« warth ») et donation de son vivant (« atyya ») pour dire que l’héritage coranique est égalitaire, car l’homme a payé la dot et prend en charge le foyer.

En juin, la Commission des libertés individuelles et de l’égalité dira si oui ou non une famille tunisienne peut équitablement répartir son héritage entre filles et fils. Comme l’écrit Daoud, il s’agirait alors de « sortir le Coran du législatif pour le reléguer à l’intime ».

Et de célébrer un vrai printemps arabe…

Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018.

Loi asile & immigration : non respect habituel de la Constipation

Vu de l’Elysée

« Il n’y a eu qu’un seul vote contre au sein de notre groupe » : c’est le commentaire de Macron après le débat sur le projet de loi Asile et immigration. Lequel a oublié que 14 députés En marche ! s'étaient abstenus également le 22 avril. Le sort du député frondeur Jean-Michel Clément a fait l’objet de toutes les attentions. Le patron du groupe, Richard Ferrand, a proposé à Clément une « mise en congé » du parti plutôt qu’une exclusion, qui aurait débouché sur « un procès en autoritarisme et refus du débat ».

« C’est un divorce temporaire par consentement mutuel », a expliqué Ferrand, dimanche soir à l’issue des débats, devant quelques députés à la buvette de l’Assemblée. Avec à la clé la possibilité pour Clément de revenir au groupe d'ici quelques mois.

Tout ça peut ça !

Ces gens-là se moquent du monde ! Une mise en congé n'est pas un signe d'autoritarisme et de refus du débat… Mais bien sûr ! Un divorce temporaire… Mais ouiiii, c'est c'laaaaa ! Consentement mutuel… Je ne doute pas que le député était aussi consentant qu'une plan cul de Weinstein ! Putain, lire ces idioties me procure des pulsions de meurtre ! :@


L’asile pour députés

Le ministère de l’Intérieur s’est donc félicité d’avoir « tenu » sa majorité lors du vote, à l’Assemblée le 22 avril, sur le projet de loi Asile et immigtatien. Un seul député Marcheur, on le sait, a voté contre Mais 99 des 312 députés de La République en marche se sent signalés par leur absence lors du débat final et n’ont même pas donné de procuration de vote à l’un ou l'autre de leurs cellègues.

En outre, 9 élus du « nouveau monde » ont voté contre l’amendement — le plus controversé — faisant passer la durée maximale de rétention pour un étranger en attente d’expulsion de 45 à 90 jours.

Sitôt fait, leur chef, Richard Ferrand, les a appelés un par un et les a invités à se « conformer au choix du groupe et à ses décisions collectives ».

Sinon. c’est la mise en rétention ?

Les propos de Ferrand et la sanction appliquée au député Clément sont une violation complète de l'article 27 de notre Constipation (oui, c'est voulu ;) ) : tout mandat impératif est nul. Un⋅e député⋅e n'a pas à voter selon les désidératas de son parti ou d'une portion de son électorat ou de qui que ce soit s'il⋅elle n'est pas en accord avec la position défendue. C'est un principe vital de notre République et il est sans cesse baffoué par les partis politiques quelle que soit leur orientation politique ! Et nous nous laissons faire !

Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018.



ÉDIT DU 7 MAI 2018 À 21H55 : hop, petit mail envoyé à Richard Ferrand et à Macron (mais ça a foiré, l'adresse mail en ma possession permet seulement d'émettre des mails, pas d'en recevoir (oui, ça casse le principe d'horizontalité des échanges sur Internet, mais on n'est plus à ça près)) :

Bonjour Richard et Emmanuel (si le présent mail vous parvient…)

J'écris ceci en tant que citoyen.

Dans le Canard enchaîné du 25 avril 2018, page 2, j'ai lu les propos suivants :

  • « Le patron du groupe, Richard Ferrand, a proposé à Clément une « mise en congé » du parti plutôt qu’une exclusion, qui aurait débouché sur « un procès en autoritarisme et refus du débat » […] « C’est un divorce temporaire par consentement mutuel », a expliqué Ferrand, dimanche soir à l’issue des débats, devant quelques députés à la buvette de l’Assemblée » ;

  • « En outre, 9 élus du « nouveau monde » ont voté contre l’amendement — le plus controversé — faisant passer la durée maximale de rétention pour un étranger en attente d’expulsion de 45 à 90 jours. Sitôt fait, leur chef, Richard Ferrand, les a appelés un par un et les a invités à se « conformer au choix du groupe et à ses décisions collectives ». »

Je m'interroge : en plus d'être moralement inacceptables, ces pratiques ne sont-elles pas contraires à l'article 27 de notre Constitution ? Un⋅e député⋅e n'est pas obligé⋅e (et ne doit pas l'être) de voter ni de s'exprimer ni de conduire des travaux selon les instructions de son parti politique ou d'une portion de son électorat ou de qui que ce soit d'autre s'il⋅elle n'est pas en accord avec lesdites instructions. Certes, Richard n'a rien obligé, il a « juste » prévenu en amont et sévi en aval, nuance, probablement.

Je pense que l'interdiction du mandat impératif est un principe absolument essentiel pour la bonne santé de notre République. Or, il est sans cesse bafoué par tous les partis politiques… N'est-il pas temps que cela cesse ?

Sur la forme, je ne comprends pas en quoi une mise en congé est moins un refus autoritaire de débattre qu'une exclusion… L'insincérité (le « wording » devrais-je dire) actuelle, sans doute… De même, j'éprouve des difficultés à appréhender la notion de « divorce temporaire » qui m'apparaît être un oxymore. Enfin, je m'interroge à nouveau : le « consentement » du député Clément était-il aussi univoque que celui des femmes abusées par M. Weinstein ?

Il est temps d'arrêter de prendre les citoyens et les citoyennes pour des imbéciles… sur la forme comme sur le fond !

Bonne journée.

FIN DE L'ÉDIT DU 7 MAI 2018 À 21H55.

La danse du mammouth autour d‘Amazon

Qui pour devenir le nouveau directeur du numérique éducatif au sein du ministère dirigé par Jean-Michel Blanquer ? Le départ du précédent titulaire, Mathieu Jeandron, avait fait mauvais genre : l’homme avait en effet rejoint Amazon, ce géant du Net qui rêve de prendre des parts de marché (contenus, tablettes) dans l’Education nationale. Et le remplaçant de Jeandron, nommé par décret le 27 avril, a tout pour plaire, lui aussi, à la firme de Jeff Bezos !

Inspecteur général de l’administration de l’Education nationale, Jean-Marc Merriaux a dirigé les nouveaux usages numériques à France Education. Ephémère membre du Conseil national du numérique (CNNum), ce spécialistedu digital a également présidé aux destinées de Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogique), un opérateur public ayant à cœur de faire « entrer l’école dans l’ère du numérique ». Et c’est là qu’il s’est illustré…

Autoédition assistée

En mars 2016, il s’est mis à dos les syndicats d’éditeurs,de libraires et les enseignants. Il venait en effet de signer un partenariat — sans appel d’offres — pour former des enseignants aux services d’autoédition d’Amazon. Ces ateliers devaient permettre aux profs de fabriquer, mettre en pages et/ou en ligne leurs cours… sur la plateforme de l’enseigne. Assurer la promotion d’un ogre du Net à la veille de l’ouverture du Salon du livre, où se signent les commandes de manuels scolaires, il fallait oser !

Jean-Marc Merriaux, en guise de défense, avait souligné la nécessité, pour Canopé, de trouver des ressources propres — le réseau n’étant pas financé à 100 % par l’Etat. Il s’était toutefois refusé à révéler le montant de la prestation facturée à Amazon, bottant en touche lors de son audition par l’Assemblée nationale : « **Ce contrat ne va pas révolutionner le monde de l’édition : 50 000 euros, 60 professeurs sur l’ensemble du territoire, on est dans l’ordre du symbole. »

Car, c’est bien connu, Amazon se contente de « symboles »…

Dans le Canard enchaîné du 2 mai 2018.

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