Qui pour devenir le nouveau directeur du numérique éducatif au sein du ministère dirigé par Jean-Michel Blanquer ? Le départ du précédent titulaire, Mathieu Jeandron, avait fait mauvais genre : l’homme avait en effet rejoint Amazon, ce géant du Net qui rêve de prendre des parts de marché (contenus, tablettes) dans l’Education nationale. Et le remplaçant de Jeandron, nommé par décret le 27 avril, a tout pour plaire, lui aussi, à la firme de Jeff Bezos !
Inspecteur général de l’administration de l’Education nationale, Jean-Marc Merriaux a dirigé les nouveaux usages numériques à France Education. Ephémère membre du Conseil national du numérique (CNNum), ce spécialistedu digital a également présidé aux destinées de Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogique), un opérateur public ayant à cœur de faire « entrer l’école dans l’ère du numérique ». Et c’est là qu’il s’est illustré…
Autoédition assistée
En mars 2016, il s’est mis à dos les syndicats d’éditeurs,de libraires et les enseignants. Il venait en effet de signer un partenariat — sans appel d’offres — pour former des enseignants aux services d’autoédition d’Amazon. Ces ateliers devaient permettre aux profs de fabriquer, mettre en pages et/ou en ligne leurs cours… sur la plateforme de l’enseigne. Assurer la promotion d’un ogre du Net à la veille de l’ouverture du Salon du livre, où se signent les commandes de manuels scolaires, il fallait oser !
Jean-Marc Merriaux, en guise de défense, avait souligné la nécessité, pour Canopé, de trouver des ressources propres — le réseau n’étant pas financé à 100 % par l’Etat. Il s’était toutefois refusé à révéler le montant de la prestation facturée à Amazon, bottant en touche lors de son audition par l’Assemblée nationale : « **Ce contrat ne va pas révolutionner le monde de l’édition : 50 000 euros, 60 professeurs sur l’ensemble du territoire, on est dans l’ordre du symbole. »
Car, c’est bien connu, Amazon se contente de « symboles »…
Dans le Canard enchaîné du 2 mai 2018.