Emmanuel Elong, syndicaliste dans les palmeraies camerounaises contrôlées par le groupe Bolloré, avait osé dénoncer les conditions de travail au sein de ces plantations dans l’enquête « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ? ». Diffusé en 2016 par France 2, le reportage avait été couronné du prix Albert-Londres et… attaqué en diffamation par l’industriel.
Le 3 avril dernier, Elong s’est présenté au tribunal correctionnel de Paris pour témoigner en faveur de cette enquête. Le 24 avril, de retour au Cameroun, il écrit au préfet de sa région pour lui demander d’assurer sa sécurité. Dans son courrier, Elong se dit « victime d’intimidations, de surveillance illégale et de menaces », puis évoque le mauvais souvenir du procès parisien : « Avant mon départ pour la France, j’ai fait l’objet de tentatives de corruption et de dissuasion pour me faire abandonner ce projet. A mon arrivée en France, Tristan Wakekx, journaliste et coauteur du reportage [de France 2], qui devait m’accueillir à l’aéroport, a été curieusement victime d’un cambriolage de son appartement, la nuit précédente. Sa serrure endommagée, il n’a pas pu venir m’accueillir. » Waleckx — qui a porté plainte — a confirmé l’affaire au « Canard ». Ce jour-là, France Télévisions avait préféré payer un garde du corps pour accompagner Elong de l’aéroport au tribunal…
Dans le Canard enchaîné du 2 mai 2018.