+ La social-démocratie qui fait peur (LFI, L'Engagement, RS, GRS) - #EspritDeParti 12.
Collection de vidéos sur le positionnement idéologique des partis politiques français contemporains. Vidéos d'une chaîne orientée science politique / philosophie politique.
Elles sont complétées par d'excellentes infographies :
- Diagramme d'Euler des courants du socialisme ;
- Schéma historique des courants du socialisme fusionnés dans la SFIO de 1905 (dont le PS actuel se réclame) ;
- Arbre généalogique des partis politiques français depuis la moitié du 20e siècle (l'essentiel, il en manque). Permet de visualiser les mélanges de courants, les fusions et divisions, etc. ;
- Visualisation 3D des idéologies et des partis politiques français contemporains. Sur trois axes (égalité-élitisme, liberté-ordre, productivisme-anti-productivisme), dont le choix est expliqué ici. Penser à utiliser les boutons en bas à droite pour faire apparaître la dichotomie gauche / droite (selon l'auteur), le positionnement de l'auteur, faire disparaître toutes les idéologies ou tous les partis ou seulement certains, faire disparaître les cercles d'influence des idéologies ou des partis, etc.
Le tout est sous licence libre (CC BY-NC-SA), et les vidéos sont aussi diffusées via PeerTube. Que demander de plus ? \o/
Je recommande vivement le visionnage des vidéos et/ou la lecture des infographies, c'est très instructif.
Je suis d'accord avec l'essentiel de l'analyse, notamment sur l'orientation du PCF, de LFI, du Modem et du PS, qui ne sont pas celles admises par le grand public. C'est intuitivement la perception que j'en avais. Évidemment, il y a des erreurs, selon moi :
- Quand l'auteur feint de ne pas comprendre pourquoi EELV aime l'UE sauf à être des cathos de gauche c'est-à-dire issues de la démocratie chrétienne. Réponse possible : si l'on pense que l'UE est un casino libéral, alors il n'est pas délirant de vouloir agir à cette échelle pour espérer changer les choses et/ou pour amener une écologie de masse, et/ou rediriger les crédits (PAC, par ex.) ;
- Quasi-tout est pardonné à Méluche (sauf la géopolitique). Il est cynique (comme les autres politiciens), mais il l'assume, alors ça va. Il essaye d'inscrire ses actions dans une théorie politique (plus que certains politiciens, c'est sûr, mais autant que d'autres, selon moi), il expliquerait sa stratégie (je me souviens surtout de lapidaires « j'ai changé d'avis », mais soit) et ses astuces de comm'… mais plus depuis 2017 (adoption de la doctrine "ne jamais reconnaître une erreur" sous l'impulsion de Sophia Chikirou). Mouais, comme si les autres partis n'avaient pas de charpente idéologique… Quand Mélenchon est sénateur alors qu'il est opposé au Sénat (qui bride l'expression du peuple incarné dans l'Assemblée nationale), ce n'est pas par carriérisme, c'est pour avoir un porte-voix, d'après l'auteur. À la décharge de Méluche, l'auteur lui reproche d'avoir, en 2005, soutenu le libéral Fabius au motif qu'il était le seul éligible du PS à s'être opposé à la constitution européenne… en oubliant de rappeler que l'autre éligible était le tout aussi libéral DSK… peste, choléra, tout ça. Méluche est probablement autoritaire, il a tenté une stratégie bonapartiste en 2017, et il a des relents d'antisémitisme, mais sa promesse d'une 6e République est cool (quand bien même elle n'a aucune chance d'advenir, ni par vote au Congrès, ni par référendum), donc c'est OK ;
- Arguments de comptoir dont le paroxysme est le troll sur l'UPR (d'un autre côté, comment s'en empêcher ? :D) ;
- Décortiquer tel passé ou tel sigle / nom (si LR porte le sien aussi mal que le PS ou que le PCF, et si En Marche est un slogan, Reconquête ‒ de quoi ? ‒ ou France Insoumise ‒ à qui / à quoi ? ‒ ne sont pas mieux…), mais pas tel autre, passant ainsi sous silence les influences entre idéologies et la maturation de telle ou telle ligne politique ;
- Je perçois plusieurs teintes du bonapartisme, car les partis ont des objectifs différents, ils veulent voir re-advenir des versions différentes du passé. Sans ça, vu qu'ils sont d'accord sur le danger extérieur dont il faudrait se prémunir, alors ce serait juste une guerre de qui veut être chef. Ces nuances (conservatisme, réaction, etc.) sont insuffisamment mises en avant, je trouve ;
- J'ai du mal avec l'idée que l'extrême-droite voudrait revenir à une société passée par principe (et non pas en fonction d'objectifs rationnels), au motif qu'une remise en cause du passé est forcément une perversion, un déclin, etc. À ce jeu-là, on peut décréter, comme le font des observateurs politiques, que l'extrême-gauche veut du changement pour le changement (ou pour se frotter à l'autorité ou…) et que la gauche veut la réduction des inégalités par principe… Oui, il y a des études qui tendent à montrer que la réduction des inégalités réduit la violence dans la société, etc. mais jusqu'à quel seuil (y a-t-il une limite) ? Quelle est la marge de confiance ? Est-ce la seule cause et/ou le seul levier d'action ? Est-ce la seule manière de pacifier la société ? De même, les droiteux ont aussi des théoriciens et ils réalisent aussi des études, faut pas trop les prendre pour des idiots… Il n'y a pas qu'en écologie qu'un refus du changement et/ou un retour choisi à d'anciennes pratiques peuvent avoir du sens. Exemple : si je m'en cogne de la nouvelle fonctionnalité d'un logiciel, je peux préférer la stabilité ou qu'il ne change pas d'interface graphique tous les jours. Le changement pour le changement, ça va bien… ;
- Des informations, sur des personnalités politiques ou des courants (paroxysme : la démocratie chrétienne ou le PSU) sont réparties dans plusieurs vidéos, y compris là où on ne s'y attend pas, ce qui les rend difficiles à retrouver.
Mes notes
La durée cumulée de ces vidéos est de plus de 5 heures, le format vidéo ne permet pas des recherches textuelles (sauf à extraire les sous-titres auto de YouTube d'une qualité… discutable), et des infos sont disséminées dans plusieurs vidéos. Du coup, je publie les notes suivantes, y compris avec des identités (nom, prénom), et des noms de partis qui n'existent plus afin de faciliter des recherches ultérieures.
Plan :
Définitions
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Gauche / droite ? Gauche = projet de société qui n'a jamais été appliqué (à grande échelle géographique et temporelle). Droite = revenir à une organisation de la société qui a existé. Point de départ : la Révolution française (c'est là que les royalistes ont spontanément siégé à droite de l'Assemblée, et les libéraux à gauche). Une idéologique passe donc de gauche à droite à mesure de son application (ex. : le libéralisme), et la gauche et la droite n'ont pas de contenu idéologique fixe et intemporel ;
- Chacun ayant sa perception de la progression de l'application d'une idéologie, un parti politique d'envergure est scindé entre ceux qui veulent maintenir l'existant, les acquis qu'ils ont obtenus, et les personnes plus radicales qui veulent des conquêtes supplémentaires. Ça forme des courants. Quand un parti est démocratique, son programme est un assemblage des différents courants qui le composent ;
- Évidemment, chaque idéologie et parti fait des concessions aux autres : impossible d'exister dans une 5e République bonapartiste sans concession à cette idéologie (président fort, personnification, etc.), difficile d'exister sans concession à l'écologisme ou au libéralisme (qui sera le système en place en cas de victoire aux élections, duquel il faudra partir), etc. mais il s'agit alors d'une teinte, pas de l'essentiel d'une idéologie / d'un parti ;
- L'auteur a dédié plusieurs vidéos à ces thématiques : la Gauche et la Droite : les bases - #EC2 ; Gauche/Droite : les partis - #TE2 ; Gauche/Droite : les individus - #TE3 ; Histoire du clivage Gauche/Droite avec Histony, etc. ;
- Extrême-droite ? Un attachement plus viscéral à la liberté ? Laquelle ? Les droits LGBTQIA ? LOL. Défenseuse d'un libéralisme exacerbé, alors ? Anachronique : la droite s'est créée contre la Révolution, donc contre les libéraux. Définition : l'extrême-droite est la frange de la droite qui puise ses références le plus loin dans le passé, qui a été à droite dès l'apparition de ce clivage (à l'opposé, le libéralisme ne l'était pas), qui n'a jamais été de gauche. Ça englobe donc la réaction, le bonapartisme, le fascisme (qui n'est qu'un bonapartisme exacerbé par la loi du plus fort) et le nazisme (fascisme et confusionnisme exacerbés, d'où des emprunts purement rhétoriques de mots et de symboles à la gauche tel le national-socialisme + une obsession du passé + racisme). L'extrême-droite ne se limite donc pas au racisme : la noblesse était une supériorité de principe sur le bas peuple ; le bonapartisme l'a élargi à une ethnie, à une nation ; le nazisme a élargi cela à une notion de race ;
- Les écolos, qui veulent revenir à d'anciennes pratiques (agricoles, de production et de consommation, énergétiques, etc.), sont donc de droite ? Dans le passé, on renonçait à rien, on consommait à donf, mais on avait moins et on savait faire moins de choses. Les écolos proposent de revenir à ces pratiques par choix, pas par ignorance, ce qui est nouveau (nouvelle configuration de la société qui ne nous est pas imposée pas notre ignorance), ce qui les classe à gauche. Dire l'inverse revient à dire que les réactionnaires, qui refusaient le progrès scientifique (cf. le « retour à la terre » de Pétain) étaient écolos. La droite refuse tout changement, pas que les écologiques, par principe, sans rationalité, sans se baser sur la science. Bien entendu, certains écolos sont en fait réactionnaires et justifient leur vision de la société par une nature sacrée à préserver (culte de la Nature), que l'on retrouve dans l'écologie intégrale promue, entre autres, par le RN ;
- Attention aux intentions. Dire que la gauche est anti-libéralisme ni signifie pas que tout anti-libéralisme est de gauche. Les réactionnaires sont opposés aux libéraux, car ils refusent la Révolution qui les a amenés au pouvoir alors que la gauche regrette que la Révolution n'ait pas été plus loin dans le changement au point d'abolir l'exploitation des travailleurs. Les réactionnaires pensent également que le libéralisme rend les inégalités de naissance moins immuables et les destins plus hasardeux (là où la gauche est contre les privilèges de naissance). Ils sont contre le Parlement car c'est trop démocratique (ils voudraient concentrer le pouvoir), pas car ils voudraient plus de démocratie comme le réclame la gauche. Critiquer l'UE au motif qu'elle ne serait pas assez démocratique en se satisfaisant de la 5e République ? C'est le nationalisme qui parle : partager des droits (et des idées) avec des étrangers, quelle horreur. D'où un refus de toute refondation de l'UE : aucun dépassement de la France Éternelle n'est concevable.
- Démocratie : délibération collective dans laquelle chaque participant exprime ses besoins et ses intérêts pour dégager une décision par consensus. Un éventuel vote ne sert qu'à vérifier que le consensus convient au plus grand nombre. La démocratie, ce n'est pas le vote, ni choisir qui décidera seul pendant 5 ans (ça, c'est une monarchie élective, la majorité des rois dans le monde ont été élus, y compris en France jusqu'à Philippe II), ni des référendums, y compris citoyens, car le choix d'une question révèle son importance (ex. : un référendum sur l'immigration suppose qu'elle est un problème, alors que c'est cette qualification elle-même qui fait débat) ;
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Corporatisme : doctrine de l'Ancien Régime dans laquelle les patrons d'un secteur définissent les règles du métier, qui a le droit ou non d'exercer, et représentent les salariés et les patrons qui auraient les mêmes intérêts (d'où un rejet des syndicats). Le capitalisme familial est toléré. Le patron est un catho bon teint qui aime ses salariés comme ses enfants ;
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Républicanisme : abolir la monarchie, les privilèges et le catholicisme comme religion d'État, au profit d'une République, du suffrage universel et de la laïcité ;
- Radicalisme (comme dans « Parti radical ») : droite sincèrement républicaine, laïque, démocratique (parlement, dialogue permanent, etc.) qui défend ces valeurs.
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Socialisme : aller plus loin que le républicanisme en abolissant aussi l'exploitation des travailleurs par les bourgeois, soit par la révolution (anti-autoritaire ou non), soit par des réformes successives (social-réformisme / socialisme réformiste). Les sous-courants sont polysémiques, il existe des désaccords sur l'idéal à atteindre, la méthode pour y parvenir, etc. Schéma simplifié.
- Socialisme à visage humain : printemps de Prague (1968) = allégement de la répression et ouverture du régime tchèque, notamment au libéralisme, impulsé par le parti communiste local. Endigué par l'invasion de l'armée soviétique.
- Communisme (aka Marxisme) : analyse spécifique de la société par Karl Marx nommée matérialisme historique (toute l'histoire humaine découle de rapports économiques donc d'une lutte entre des classes définies économiquement, et d'un enchaînement de systèmes économiques : féodalisme, capitalisme, etc.) et projet pour abolir le capitalisme par la révolution nommé socialisme scientifique (par opposition au socialisme utopique qui regroupe les courants qui ont précédé Marx). Le communisme est, pour Marx, le prochain système économique, sans classes sociales ni État. Il s'atteint après une phase transitoire nommée dictature du prolétariat : subversion de l'État bourgeois par les prolétaires pour contrer les bourgeois par la nationalisation, la planification de l'économie, etc. Le communisme s'atteint par la discipline (d'où Marx exclut le meneur des anarchistes, Bakounine, de la 1ère internationale). Par abus, on nomme communisme la phase transitoire telle qu'elle a existé en URSS. Marx nomme aussi « socialisme » sa phase transitoire et qualifie aussi d'« anarchisme » son idéal communisme, ce qui le rend difficile à suivre… ;
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Marxisme-léninisme : déclinaison du communisme adapté à l'URSS faiblement capitaliste et fortement paysanne (pour Marx, il faut passer d'abord par le capitalisme et les ouvriers pour accéder au communisme). Théorisée par Lénine. Un parti d'avant-garde révolutionnaire permet aux prolétaires d'acquérir la conscience de classe nécessaire, et prépare le terrain. En URSS, ce sera le parti bolchevique / communiste ;
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Social-démocratie : renoncement au socialisme impulsé par les partis socialistes allemands et scandinaves, qui n'avait pas un parti communisme puissant à leur gauche pour les talonner. Partisans d'une économie mixte c'est-à-dire des services publics développés et une économie privée régulée par l'État, les syndicats, les lois et l'implication des salariés dans leur entreprise, une correction des inégalités par l'impôt redistributif, et des assurances collectives obligatoires. Auteur dans ce courant : Keynes ;
- Social-libéralisme : social-démocratie. Mais pas la même naissance conceptuelle : social-démocratie : des socialistes acceptent un bout de libéralisme ; social-libéralisme : les libéraux acceptent des droits sociaux économiques, une régulation du marché, etc. et se voient comme une aile gauche du libéralisme ;
- Attention : social-démocratie et social-libéralisme sont aussi utilisés à tort pour exprimer un refus de la régulation étatique, des services publics, de la répartition des richesses, etc., alors que cela se nomme libéralisme, ou pour désigner un politicien favorable au libre marché qui est aussi favorable à l'immigration, aux droits LGBTQIA+, etc., alors que les vrais libéraux sont ouverts sur ça, ils n'en font pas un sujet. Si les prétendus partis libéraux européens s'opposent à cela, c'est qu'il s'agit avant tout de partis conservateurs / bonapartistes convertis, temporairement ou non, intensément ou non, au libéralisme.
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Démocratie chrétienne : les chrétiens, suivant les doctrines du Vatican, sont opposés à la Révolution, à la République, à la démocratie, à la laïcité, etc. Ils étaient donc réactionnaires, et ils avaient interdiction de participer à la vie politique. En 1891/2, face à la prise de conscience que la monarchie absolue ne reviendrait pas et que le socialisme et le nationalisme, tous deux athées, ce qui effrayait l'Église, se développaient, le pape Léon 13 reconnaît la souffrance des ouvriers exploités et invite les chrétiens à s'investir en politique pour pousser des politiques sociales et démocratiques. Mais le pape dicte aucune doctrine, aucune idéologie précise, donc la démocratie chrétienne est un fourre-tout de l'extrême-gauche à l'extrême-droite en passant par la social-démocratie, le libéralisme, etc. Mais l'extrême-droite ayant une idéologie adéquate, la réaction, et l'extrême-gauche décidant de ne pas distinguer leurs convictions des autres idées de gauche (de ne pas en faire une identité propre, quoi), de s'y fondre, cf. chrétiens de gauche, il reste républicanisme, libéralisme et social-démocratie ;
- Malgré tout, il y a des points communs : une vision de la politique centrée sur l'individu et ses droits (hors LGBTQIA+, etc.), proche de la notion de droits naturels des libéraux ou des réactionnaires ; une acceptation de l'écologie sous l'angle de la protection de la divine création (comme les réactionnaires) ; la volonté d'une Europe fédérale (le partage d'une identité chrétienne commune permet d'avoir plus de poids), qui sera refusée par De Gaulle. La démocratie-chrétienne a construit l'UE avant que les libéraux n'y voient l'opportunité d'un casino géant et que les sociaux-démocrates y voient un levier internationaliste pour construire une Europe sociale ; libéralisme teinté de charité ;
- Aujourd'hui, c'est surtout le centre qui a conservé l'étiquette démocratie chrétienne.
- Chrétiens de gauche (aile gauche radicale de la démocratie chrétienne) : originellement, des socialistes hors marxiste (pré-Marxisme, réformistes, anti-autoritaires, autogestionnaires, démocratie directe dans les entreprises, etc.), à cause du rejet des chrétiens par les marxistes, qui trouvaient dans leur foi des raisons d'abolir le capitalisme. Ex. : la CFDT (ex-CFTC, Confédération française des travailleurs chrétiens), qui, dans les années 70, était le parangon de l'auto-gestion ;
- Deuxième gauche : anarchistes devenus sociaux-réformistes + chrétiens de gauche. Anti-colonialisme, auto-gestion, sensibilité écolo (le premier candidat écolo à la présidentielle, René Dumont, c'est eux) et considérant les luttes sociales (LGBTQIA+, etc.) comme des oppressions distinctes du capitalisme, par opposition à l'universalisme du socialisme. Exemple de parti : le Parti Socialiste Unitaire (PSU). Cette deuxième gauche s'est ensuite ralliée au PS (ex. : Michel Rocard passe du PSU au PS libéral et la CFDT se met à accompagner les réformes). Ils sont passés du modèle de l'entreprise auto-gérée (PSU) à celui ou tout le monde devient entrepreneur et petit actionnaire, ce qui est… le libéralisme (des petits commerçants en concurrence, pas de salariat, et des capitalistes actionnaires et/ou prêteurs de deniers).
Partis / groupes de partis
Anarchisme / libertaires / socialisme anti-autoritaire
Fédération anarchiste (FA), Union des Communistes Libertaires (UCL), Confédération nationale du travail (CNT), CNT Association internationale des travailleurs (CNT-AIT), CNT Solidarité ouvrière (CNT-SO), Coordination des groupes anarchistes (CGA), Alternative Libertaire (AL).
- Positionnement : gauche (expériences ponctuelles et localisées, donc idéologie irréalisée). Liberté, égalité, anti-productivisme. Courant du socialisme (anti-autoritarisme / socialisme anti-autoritaire), aujourd'hui influencé par l'écologie ;
- Les anarco-primitivistes et les anarco-capitalistes (courant du libéralisme) sont pour le maintien de l'organisation sociale existante ou pour un retour dans le passé. Ils sont donc de droite ;
- Définition : système politique organisé (il y a des règles) démocratiquement (démocratie directe ou délégués révocables) autour de l'égalité, de la liberté, de la justice, de l'indépendance des individus (individu > structures), de l'auto-gestion, etc. Extrême méfiance envers les ambitions personnelles ;
- Libertaires != libertariens. Libertarianisme = frange radicale du libéralisme, qui ne partage pas les autres valeurs de l'anarchisme (égalité, démocratie, justice, etc.), qui voit son salut personnel (alors que les anarchistes sont plutôt fraternels) dans la propriété privée, le marché économique dérégulé, etc. du libéralisme ;
- Pas électoralistes ;
- FA : anarchisme synthétique (synthèse des différents courants) ;
- UCL : fusion de la CGA et de l'AL. Communisme libertaire, c'est-à-dire une idéologie qui trancherait (c'est tellement peu abouti que j'y crois pas) sur une organisation économique là où les autres idéologies anars sont silencieuses : « à chacun selon des moyens, à chacun selon ses besoins » de Louis Blanc, mais aussi autogestion, etc. (hé non, rien à voir avec le communisme, les anars se sont fait jetés de la 1ère internationale par Marx, donc il y a animosité) ;
- CNT* : anarcho-syndicalisme c'est-à-dire syndicalisme organisé sur les principes de l'anarchie afin de parvenir à une société anar par les luttes sociales ;
- Réseau No Pasaran : antifascisme libertaire. Absence de projet politique.
Monarchistes / réactionnaires
Alliance Royale (AR), Groupe d'Action Royaliste (GAR), Action Française (AF), Civitas, et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (ces deux derniers se concentrent sur l'anti-laïcisme et le rétablissement du catholicisme intégral, cf. ci-dessous). L'auteur classe la Nouvelle Action Royaliste parmi les bonapartistes.
- Positionnement : droite (+ que le libéralisme, le fascisme, etc.). Élitisme, ordre, anti-productivisme (léger). Liens avec les bonapartistes et les fascistes. Autoritaires / disciplinaires ;
- Définition : opposés à la Révolution et à tout ce qui en découle. En faveur de la monarchie, des privilèges de naissance, d'une économie corporatiste et du catholicisme comme religion d'État ;
- Pas électoralistes, sauf l'AR (cf. européennes de 2019 ou législatives 2017) ;
- On distingue les ultras, défendant la monarchie absolue, des modérés, défendant la monarchie constitutionnelle et des bouts de libéralisme (sans le libre-échange mondialisé qui donne des opportunités à n'importe qui bien au-delà des privilèges de naissance immuables) ;
- Légitimistes (ultras), orléanistes (modérés), et fusionnistes = querelle dynastique. Les légitimistes réclament le trône pour la branche aînée des Bourbons. Les Orléanistes… la branche cadette des d'Orléans. Quand Charles X abdique, les modérés font monter Louis Philippe I plutôt que Louis XIX (fils de Charles X), car il était plus libéral. Fusionnisme : quand Henri V meurt sans descendance, la majorité des légitimistes rallie les orléanistes, c'est l'orléanisme fusionniste. Le monarchisme libéral disparaît. Les légitimistes radicaux veulent le retour au trône de la branche des Bourbons antérieure aux d'Orléans. Les orléanistes refusent car ils ne veulent pas d'étrangers sur le trône (cette branche est d'origine espagnole). Le nationalisme du bonapartisme a déteint sur eux : dans les règles dynastiques, les trônes européens s'échangeaient… ;
- Charles Maurras : partisan d'une union des droites (bonapartiste et réactionnaire) teintée d'antisémitisme dans la première moitié du 20e siècle. Fonde l'Action Française (AF). Partisan du fusionnisme (mais soutien les orléanistes…). Il a influencé le bonapartisme (dont le gaullisme) et le fascisme. Il soutient Pétain et qualifie la défaite face aux nazis de « divine surprise » permettant d'abolir la République. Son antisémitisme passait après son nationalisme, d'où il acceptait l'invasion allemande. La haine de la République et des Juifs a créé des ponts entre réactionnaires et nazis. De Gaulle était aussi royaliste et maurrassien (avant de s'en éloigner), mais plus nationaliste (xénophobe) qu'antisémite, d'où son opposition à l'invasion allemande ;
- Pierre-Joseph Proudhon était sexiste, antisémite, conservateur sur les mœurs et il défendait la petite propriété. C'est à ce titre qu'il plaît à l'AF, pas pour ses idées anars ;
- 1962 : Vatican II. L'Église, surtout catho, cesse de s'opposer radicalement à la république, à la démocratie, à la laïcité, à la messe en autre chose que le latin, et purge sa doctrine des éléments les plus antisémites. Le catholicisme intégral s'oppose à ces changements.
Trotskisme
Lutte Ouvrière (LO), Révolution Permanente, Ligue communiste révolutionnaire (LCR) => Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti Ouvrier Indépendant, Parti Ouvrier Indépendant Démocratique.
- Positionnement : gauche (la réalisation du communisme en URSS fait débat). Égalité, ordre, productivisme (ou neutre, comme le NPA). Communiste de fait (LO), voire écosocialisme (socialisme, écologie, contre le capitalisme et le productivisme) ou social-démocrate (NPA) ;
- Se servent des élections comme d'un porte-voix (mais ils ne sont pas opposés aux chefs, à une hiérarchie, etc. tant que le chef n'est pas trop payé, qu'il a un mandat court et révocable, etc.) ;
- Léon Trotski rejette la bureaucratie exploiteuse des travailleurs instaurée en URSS par Staline à la mort de Lénine (« État dégénéré », dit-il). Pourtant, Trotski fut chef de l'armée rouge sous Lénine et il a défendu la terreur, la répression, les goulags, etc. y compris quand cela visait les anars et les autres courants du socialisme, ainsi que les conditions d'adhésion à l'internationale communiste rédigées par Lénine (« discipline de fer confinant à la discipline militaire », « organisme central […] muni de larges pouvoirs » et d'une « autorité incontestée », etc.) ;
- On se revendique trotskiste soit pour dire qu'on est marxiste anti-autoritaire (anti-Staline, en vrai), soit pour signifier que l'on approuve la lettre de Trotski et donc sa version du marxisme-léninisme autoritaire qu'il a laissé prospérer en URSS ;
- LO est très attaché à la lettre de Trotski (purisme). Convaincu d'être le vrai parti d'avant-garde (cf. la définition du marxisme-léninisme), mais se sachant trop petit pour l'incarner, il se voit comme un conservateur de la flamme, une sorte d'avant-garde de l'avant-garde. Internationaliste. Rassemble beaucoup d'ouvriers (et se voit comme le véritable parti des travailleurs, les moteurs de la révolution). Il agit sur le terrain (entreprises, luttes sociales). Le pilote de l'ombre était Robert Barcia aka Hardy, pas Arlette Laguiller (qui était candidate). Discipline et culture du secret. L'auteur sous-entend que LO ne prône plus ouvertement l'abolition du capitalisme par la révolution alors que Nathalie Arthaud déclarait l'inverse lors de la campagne 2022. Les élections sont un porte-voix, le vrai travail se fait en organisant les travailleurs ;
- Le NPA a un courant trotskiste qui ne s'attache pas à la lettre de Trotski. Alain Krivine. Intello maison : Daniel Bensaïd, qui a adapté le marxisme au temps moderne (aussi nommé trotskisme à la française). Internationalisme. Il voit les luttes sociales (écologie, féminisme, LGBTQIA+, etc.) comme des luttes spécifiques / distinctes de l'abolition du capitalisme (ce qui va à l'encontre de la lettre de Marx pour qui le capitalisme est à l'origine de tous les maux). Beaucoup de fonctionnaires et d'intellos. Ne prône pas l'abolition du capitalisme par la révolution prolétarienne. Il est donc plus social-réformiste voire social-démocrate. C'est un programme d'urgence en attendant la révolution, dit-il. À mes yeux, l'exclusion de Révolution Permanente (courtant trotskiste) en 2021 puis la scission de 2022 (lire) confirment l'abandon de la démarche révolutionnaire et une orientation social-réformiste / social-démocrate ;
- Le POI est en majorité (c'est le merdier, ça se divise, ça reprend un nom existant, ça fusionne, etc.) l'ex-OCI (Organisation Communiste Internationaliste) / Parti Communiste Internationaliste) / Mouvement pour un parti des travailleurs (MPPT) / Parti des travailleurs (PT), c'est-à-dire une scission du PCI premier du nom (celui de 1944) dirigée par Pierre Boussel aka Pierre Lambert. Le POI est dirigé par Daniel Gluckstein et Gérard Schivardi (ancien du PS) et il regroupe des trotskistes (venus du PCI), des socialistes (venus du PS ou Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement et Max Gallo), des communistes (venus du PCF) et des anarcho-syndicalistes. Ce parti pratique massivement l'entrisme dans les autres partis pour tenter d'infléchir leur ligne, d'où l'usage de pseudos (en sus de la répression anti-coco d'antan type SAC). De ce fait, le lambertisme a été le courant le moins connu du trotskisme mais le plus influant. Quitte à se faire corrompre (ex. : Lionel Jospin qui, passé au PS, ne dénonce pas le tournant de la rigueur de 1982 comme le lui ordonne Lambert, et qui dirige le gouvernement de la gauche plurielle (97-2002), etc.) ;
- POID : scission du POI par ses principaux dirigeants et élus. Comme le POI, il prône la sortie de l'UE car ça empêcherait l'émergence du socialisme. Est-ce du nationalisme contracté au contact de la gauche du PS ? Ça les distingue de LO et du NPA, en tout cas ;
- L'Union Nationale des Étudiants de France (UNEF), autrefois contrôlée par les lambertistes, est passée sous la houlette du PS quand Cambadélis et ses amis sont passés au PS (1986).
Bonapartisme
Nouvelle Action Royaliste (NAR), Comité Central Bonapartiste (uniquement en Corse), Les Patriotes, Union Populaire Républicaine (UPR), Debout la France (DLF).
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Positionnement : droite (défend une organisation sociale qui a déjà existé). Élitisme, ordre, productivisme. Conservateurs, et ont des liens avec les réactionnaires et les fascistes ;
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Définition du bonapartisme :
- Mutation des réactionnaires qui font mine de renoncer à la monarchie, aux privilèges de naissance, et au corporatisme en changeant le sens des mots et les symboles (Napoléon prétendait défendre la République en se sacrant empereur… de la République… en son nom). On dit président au lieu de roi. Sa légitimité est le soutien populaire (via, entre autres, des plébiscites) qui viennent couronner son intelligence, son charisme, sa force, son efficacité, etc. Il protégera le peuple tels ses enfants contre un immense danger que lui seul perçoit (étrangers, complot, politiques corrompus, etc.). Ce danger doit faire stopper toutes les divisions internes : il n'y a plus de clivage gauche / droite, ni de lutte des classes, car tout le monde à intérêt à se ranger derrière le chef afin d'éviter le danger. C'est le confusionnisme : ni de droite ni de gauche ou de droite et de gauche (comme Chevènement en 2002) ;
- Les privilèges de la noblesse font place à ceux de la nationalité : roman national, peuple national > *, donc xénophobie. L'immigration est tolérée à petite dose et si l'immigré fait preuve de loyauté, de reconnaissance, voire d'actes héroïques (cf. les coupures de presse sur les étrangers qui reçoivent les félicitations des plus hautes instances pour avoir sauvé des vies dans des incendies & co…), ce qu'on ne demande pas aux gens qui ont le "bon" sang. Les bonapartistes sont peu attachés aux règles dynastiques, même s'ils ont cherché le mariage avec des familles royales européennes ;
- Oui au libéralisme, mais avec des limites : protéger l'intérêt supérieur de la nation, et le patron protège ses salariés comme un père (d'où, là encore, une remise en question du rôle des syndicats, puisque le patron est paternel et qu'il partage les mêmes intérêts que le patron) ;
- Aux préoccupations de la droite (autorité, ordre, liberté de commerce, loi du plus fort, etc.), le bonapartisme ajouterait du social… ;
- Les bonapartistes ont retourné les symboles de la Révolution : contestation de son aspect révolutionnaire ; le peuple se serait ligué contre les étrangers au lieu de la noblesse ; la garde nationale n'a pas aidé la Révolution selon eux ; etc. ;
- Cette stratégie (tout le monde doit se rassembler au-delà des clivages pour éviter un danger / ennemi identifié par un chef, dans une sorte de "nous contre eux") peut aussi être utilisée pour faire advenir une idéologie de gauche, cf. populisme de gauche.
- Souverainisme : mot creux de bonapartistes visant à rendre secondaire la question de savoir qui dirige (qui est souverain) pour la substituer par un refus de partager le pouvoir avec des étrangers (UE, instances internationales, etc.). C'était le miel du Rassemblement pour la France (RPF) de De Villiers et de Charles Pasqua, et de Chevènement (présidentielle 2002). Florian Philippot passe du Rassemblement pour l'indépendance et la souveraineté de la France (RIF) au FN et mettra en avant le courant bonapartiste de ce parti avant d'en être exclu et de fonder Les Patriotes. François Asselineau a fait le même chemin avant de fonder l'UPR ;
- La NAR veut le retour à la monarchie absolue par référendum. Vu que la 5e République est déjà une monarchie élective, l'auteur les classe dont comme bonapartistes, ce qui est discutable…
Ensemble !
- Positionnement : gauche. Égalité, liberté, anti-productivisme. Influencé par l'anarchisme, le socialisme, l'écologie, et la démocratie chrétienne. Influence sur la gauche dite radicale (LFI, PCF, etc.) ;
- Objectif : unité de la gauche anti-libérale et écologique avant tout, d'où des alliances systématique engendrant leur invisibilité médiatique. On voit ici une écologie dissoute dans une identité de gauche, pas distincte (en opposition aux Verts, par ex.) ;
- Fusion de Les Alternatifs, de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE), de Convergences et alternative (courant du NPA), de la Gauche Unitaire (idem), de la Gauche Anticapitaliste (idem), afin de peser dans le Front de Gauche face au Parti de Gauche (Méluche) et au PCF. Tout ce beau monde est issu des collectifs anti-libéraux de 2007 qui faisaient suite au référendum de 2005 sur une constitution européenne, t'sais, les candidats José Bové, Marie-George Buffet et Olivier Besancenot en 2007 ;
- Leur programme est donc celui des collectifs anti-libéraux de 2007 puis celui du Front de Gauche (qui est issu des collectifs) en 2012, puis celui de La France Insoumise (LFI) en 2017.
Rassemblement national (RN)
- Positionnement : droite (dominance du courant bonapartiste, à l'heure actuelle), le conservatisme n'est jamais loin. Élitisme, ordre, productivisme ;
- Vitrine et carrefour des courants d'extrême-droite (cf. la définition), d'où Jean-Marie Le Pen satisfaisait chaque courant par une provocation ? ;
- L'anti-communisme était le ciment de l'extrême-droite dans les années 70 et 80, ce qui explique la déclaration d'amour de Jean-Marie Le Pen au libéralisme : une cause commune (sans compter l'héritage de la moitié des ciments Lambert) ;
- Marion Maréchal (Le Pen) se dit légitimisme, ligne de Patrick Buisson (bonapartiste).
Parti Communisme Français (PCF) et satellites
Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF), Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), Parti Communiste Français Marxiste-Léniniste-Maoïste (PCF MLM).
- Positionnement : gauche-droite (PCF), gauche (PCOF), droite pour les autres. Égalité (ou neutre), ordre (ou neutre), et productivisme. Socialisme / écosocialisme, social-démocratie (PCF) ;
- Origine du PCF : la première internationale (dite internationale socialiste) regroupe tous les socialistes. La deuxième internationale (dite aussi socialiste) regroupe les socialistes hors anars (exclus par Marx de la 1ère, ce qui avait causé sa cessation d'activité). La troisième internationale (dite l'internationale communiste dite Komintern) gravitait autour du parti coco de l'URSS. Vers 1920, les socialistes du monde entier doivent choisir entre la 2e internationale (socialiste) ou la 3e (communiste) et obéir à Moscou. La SFIO (socialistes français hors anars) accepte l'IC et se renomme SFIC (Section Française de l'Internationale Communiste) puis PC-SFIC puis PCF. La minorité de la SFIO fonde… la SFIO de 1920 (socialistes hors anars et cocos) qui deviendra le PS. (La quatrième internationale était trotskiste, fondée en France en 1938 par Trotski, suite à l'exclusion des opposants de la 3e et de l'impossibilité de militer sous Staline) ;
- Centralisme démocratique du marxisme-léninisme : interdiction de créer des sous-courants et de critiquer la ligne du parti à l'extérieur. On discute la ligne en interne, puis on l'applique sans discuter une fois adoptée. D'où les purges régulières ;
- Moscou exige de tous les partis coco d'entretenir, en sus de la façade, une organisation clandestine destinée à lancer des révolutions, mais le PCF n'en fait rien, et de chanter les louanges de l'URSS qui serait le paradis des travailleurs à reproduire partout… au lieu d'être la phase transitoire théorisée par Marx… ;
- Le PCF accède au pouvoir par les élections (1944-1947, 1981-1983, 1997-2002, + élections locales) et applique des réformes que l'auteur qualifie de social-démocrates. Si je suis d'accord pour 81-83 et 97-2002, il me semble que l'impulsion d'après guerre (statut de la fonction publique, régime général de sécu, etc.) avait une tonalité de réformes visant à abolir à terme le capitalisme. Le PCF a soutenu le Front Populaire (1936, PCF + SFIO + Parti Radical) mais n'y avait pas envoyé de ministres. Le PCF cesse donc d'être révolutionnaire (carriérisme, bonjour), en opposition avec les exigences de l'Internationale, et Staline le savait ;
- 1976 : afin de faire du pied au PS, le PCF passe temporairement à l'euro-communisme (l'URSS n'est plus un modèle de communisme, prise de distance avec le stalinisme, etc.). Il efface la dictature du prolétariat, idée centrale du communisme, de sa doctrine. Elle ne reviendra jamais ;
- 1994 : le PCF se dispense du centralisme démocratique de Lénine et se sépare de son logo avec la faucille ;
- Du coup, le PCF, qui se réclame de Marx et de Lénine, qui a cessé d'être révolutionnaire puis de vouloir la dictature du prolétariat est-il vraiment communiste ? Il ne vise même plus à abolir le capitalisme : son programme est inspiré de celui des collectifs anti-libéraux de 2007, comme celui du Front de Gauche et fr LFI… Sans compter les déclarations pro-salariat de Fabien Roussel. Aucune spécificité économique ni stratégique (pour remplacer la dictature du prolétariat). Plutôt social-réformiste ou social-démocratique, du coup ;
- Ceci dit, le PCF garde de Lénine l'interdiction officielle des courants (qui existent en douce), la discipline et l'ordre (cf. les mesures sécuritaires soutenues ou annoncées par Roussel), et le culte du parti (refus de fusion, refus des adhésions directes au Front de Gauche, cessation des alliances, etc.) au point d'exister… pour exister… telle une avant-garde léniniste… ;
- PCOF : stalinisme orthodoxe avant de devenir altermondialistes / gauche anti-libérale, de soutenir le Front de Gauche puis Mélenchon ;
- PCF MLM : maoïsme / théorie des trois mondes de Mao, c'est-dire une version du communisme adaptée à la Chine et au tiers-monde ;
- PRCF : nationalisme (UE = cause de tous les maux), bonapartisme (s'est rapproché de l'UPR et a soutenu Méluche durant sa stratégie bonapartiste de gauche de 2017). Il est agacé par le PCRF, se proclamant être la véritable avant-garde et rappelle que son nom est déposé à l'INPI :D ;
- PCRF : reproche moins au PCF son acceptation de l'UE mais plus son abandon du centralisme démocratique et de la dictature du prolétariat.
Les Républicains (LR) et Reconquête
Rassemblement du peuple français (RPF), Union pour la nouvelle République (UNR), Union des démocrates pour la Cinquième République (UD-V) => Union des démocrates pour la République (UDR), Rassemblement pour la République (RPR) => Union pour la majorité présidentielle => Union pour un mouvement populaire (UMP).
- Positionnement (LR) : droite (réaction / bonapartisme). Élitisme, ordre, productivisme (plus ou moins). Teintures de bonapartisme (gaullisme), de conservatisme et de libéralisme. N'est pas le Parti Radical donc peu radicaliste d'où un nom peu pertinent ;
- Conservatisme : réactionnaires qui, sans revenir à l'Ancien Régime, veulent empêcher les avancées nouvelles (au-delà des apports de la Révolution) d'émerger ou de d'installer dans la durée ;
- Soutiens de De Gaulle : PCF, SFIO (socialistes) et Mouvement républicain populaire (MRP, chrétiens démocrates issus du Parti démocrate populaire et de la Ligue de la Jeune République, le reste s'est fondu dans le PSU). Par conviction bonapartiste, De Gaulle démissionne en janvier 1946 pour s'opposer à la république parlementaire voulue par les autres ;
- Le RPR s'assumera de droite pour contrer Mitterrand et fera systématiquement alliance avec l'Union pour la Démocratie Française (UDF, libéraux, radicaux et démocrates-chrétiens) dans « la droite et le centre unis face à la gauche » ;
- UMP : droite autoritaire décomplexée impulsée par Sarkozy (à l'opposé d'un « ni de droite ni de gauche » de bonapartiste), donc les réactionnaires le rejoignent pendant que le RN devenait bonapartiste (se réclamant du gaullisme). Sarkozy aura Patrick Buisson (royaliste, en faveur de l'union des droites du RPR au FN) comme conseiller durant son mandat ;
- LR : conservateur + libéralisme avant d'osciller aujourd'hui entre réaction et bonapartisme ;
- Reconquête d'Éric Zemmour : réaction, fasciste (au point que l'Action Française, fondée par l'antisémite Maurras, soutient le Juif qu'il est au motif qu'il réhabilite des antisémites…). Il fait du christianisme une composante essentielle de l'identité française… sans être chrétien… comme Maurras. Allons-nous vers une union des droites sur une ligne réactionnaire désirée en son temps par Maurras ?
Parti Socialiste (PS) et satellites
Gauche Républicaine et Socialiste (GRS), Génération⋅s, Nouvelle Donne, Place publique.
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Positionnement : de la droite (PS) à la gauche (Génération⋅s et Nouvelle Donne). Ce beau monde oscille entre plutôt neutre sur l'égalité, plutôt favorable à la liberté (ça se discute puisque primeur est faite au libéralisme autoritaire, cf. la présidence Hollande), plutôt productivisme à égalité, liberté et anti-productivisme (pour Génération⋅s et Nouvelle donne). Influencés par le libéralisme et le radicalisme ;
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Le PS se réclame de la SFIO de 1905 (regroupant tous les courants du socialisme hors anarchie), c'est-à-dire du fourre-tout entre anars et républicains qui deviendra le PCF. En faire un descendant de la SFIO de 1923 (socialistes hors anars et cocos) ne change rien aux propos. Pour l'histoire de la SFIO de 1905, voir ce schéma. Quelques notes pour faciliter des recherches ultérieures :
- Fédération du Parti des Travailleurs Socialistes de France (FPTSF) en 1878 pour rassembler les courants socialistes ;
- Parti des Ouvriers Français de Jules Guesde et de Paul Lafargue (gendre de Marx). Guesdisme = collectivisme révolutionnaire à la Marx (prise de l'État bourgeois par les prolétaires et nationalisations) comme idéal (pas comme une phase transitoire) ;
- Comité Révolutionnaire Central (CRC) d'Edouard Vaillant qui se revendique du Blanquisme (Auguste Blanqui), c'est-à-dire d'un socialisme révolutionnaire utopiste / pré-Marx couplé à un parti d'avant-garde (léninisme avant l'heure) qui établira une dictature temporaire et le collectivisme, avant de remettre le pouvoir au peuple. De nombreux adhérents sont siphonnés par le général Boulanger (boulangisme) dans le Comité central socialiste révolutionnaire (CCSR). Le CRC deviendra le Parti Socialiste Révolutionnaire en 1898 en fusionnant avec l'Alliance Communiste Révolutionnaire (ACR), scission du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR) lui-même scission de la FTSF et nommé parti allemaniste (Jean Allemane) prônant la décentralisation et l'action syndicale pour récupérer la direction des entreprises ;
- La CGT d'alors rassemble les allemanistes, les blanquistes et les anars ;
- Fédération des Travailleurs Socialistes de France (FTSF) : FPTSF sans les guedistes ni les blanquistes / boulangistes. Doctrine de Paul Brousse, anar devenu réformiste (on disait « possibiliste » à l'époque. Obtenir l'abolition du capitalisme en fragmentant cet objectif en étapes à conquérir par la lutte sociale et les élections. Priorité donnée aux coopératives ouvrières et aux mutuelles, inspirées par la doctrine de Proudhon ;
- Conférence des Socialistes Indépendants (CSI) : élus républicains en rupture avec leur ancien parti, comme Jean Jaurès et Alexandre Millerand. Réformisme, démocratie républicaine appliquée à l'entreprise (dans laquelle, ce ne doit plus être la propriété privée qui décide), d'où Jaurès disait que le socialisme, c'est la République jusqu'au bout (on retrouve cela chez Mélenchon et François Ruffin). (L'aura de Jaurès se développera après son assassinat, la SFIO étant plutôt pro-guerre jusqu'en 1916.) ;
- Dans les années 30, la SFIO exclura les courants communistes et les néo-socialistes du Rassemblement National Populaire (RNP) de Marcel Déat qui dérivera vers la collaboration et le fascisme (comme le Parti Populaire Français, PPF, de l'ex-PCF Jacques Doriot dans lequel Pierre Lambert refusera l'entrisme) ;
- La SFIO vote les crédits de guerre (pour la 1ère) dans l'union sacrée contre l'Allemagne. Les guesdistes et les blanquistes deviennent des ministres d'un gouvernement de droite (qui incluait jusqu'aux réactionnaires), puis au Front Populaire (PCF + SFIO + Parti Radical), puis à la sortie de la guerre, puis… Ils ont viré carriéristes (comme le PCF) ;
- Dès les années 50, la SFIO est social-réformiste malgré ses textes qui la disent révolutionnaire ;
- L'objectif d'abolir le capitalisme sera oublié à partir du tournant de la rigueur de 1983, mais jamais avoué ;
- Dans les années 1990, même un programme social-démocrate semble utopiste. Les partis de centre-gauche au Royaume Uni, en Allemagne, et aux États-Unis d'Amérique rallient le néolibéralisme (TINA) : il faut défaire les lois travail, la protection sociale et les services publics, ainsi qu'émanciper les pauvres par l'esprit d'entreprise. Le PS fait une déclaration de principe : il n'est plus révolutionnaire et il veut une économie mixte (de social-démocrate, donc)… alors que c'est là que le parti devient libéral au pire, ou démocrate chrétien (libéralisme avec charité) au mieux ;
- Les mesures sociétales (plutôt qu'économiques, qui n'existent plus depuis les années 90) sous Hollande (mariage pour tous) fait devenir conservateur le PS (plus rien à proposer), donc de centre-droite. Ni nouveauté, ni retour en arrière, qui s'incarne en un « président normal ». De quel parti deviendra-t-il le satellite pour conserver ses mandats (inertie, le Parti Radical de Gauche et le Parti Radical existent toujours 50 ans après) ? ;
- Tous les votes internes du PS sont truqués ;
- Génération⋅s : social-démocrate teinté d'écologisme. Benoît Hamon. A soutenu EELV (Jadot) en 2022 ;
- GRS : idem. Fusion du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC, suite du Mouvement des citoyens de Chevènement), et de APRÉS de Marie-Noëlle Lienemann, ex-PSU autogestionnaire déçue du Rocard libéral. Co-fondateur : Emmanuel Maurel (ex-PS). A rejoint Montebourg (cf. la section sur LFI) puis le PCF ;
- Place publique : social-démocrate, Europe sociale (celle promise par le PS depuis les années 80). Raphaël Glucksmann ;
- Nouvelle Donne : écosocialisme (socialisme, écologie, contre le capitalisme et le productivisme). Pierre Larrouturou. Ex-Isabelle Attard.
Le centre
Mouvement démocrate (MoDem), Union des démocrates et indépendants (UDI), Agir, Résistons!, Parti radical de gauche, Les radicaux de gauche, Parti Radical de Gauche (PRG), Alliance Centriste, Parti Radical, Les Centristes, Centre national des indépendants et paysans (CNIP), Parti Chrétien-Démocrate (PCD) => Via, Mouvement républicain populaire (MRP).
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Positionnement : droite. Plutôt élitisme, variation sur l'axe ordre-liberté, productivisme. Regroupe la démocratie chrétienne (cf. la définition), les libéraux-conservateurs, et les républicains (radicalisme). Social-démocratie, libéralisme, républicanisme. Par leur histoire, lien avec les réactionnaires, les bonapartistes, les conservateurs, etc. Fourre tout et flou idéologique ;
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Il se conçoit comme étant entre la droite et la gauche, au milieu. Pas au-dessus de ce clivage, ce n'est pas du bonapartisme. C'est donc un positionnement subjectif qui varie avec le temps. Mais ça fini par tomber au centre-droit ou, plus rarement, au centre-gauche, puis à faire uniquement des alliances à droite (cf. UDF-RPR) ;
- Illustrations de ce boxon : au milieu du 19e siècle, les libéraux, favorables à une monarchie parlementaire censitaire (afin que le pouvoir reste entre les mains des bourgeois), étaient perçus comme le centre, car il était entre monarchie absolue et République. Puis, les libéraux sont passés à droite (leur idéologie étant massivement adoptée), tandis que les républicains devenaient centristes. Quand les libéraux ont accepté la République et le suffrage universel, et que le point important du débat semblait être l'économie, entre coco / socialistes qui voulaient redistribuer et les réactionnaires qui promouvaient le patriotisme économique et la protection de l'élite, les libéraux se voyaient comme centristes. Ça n'a pas pris en France où le libéralisme était déjà bien développé, mais en Allemagne ou en Espagne, là où les conservateurs sont moins libéraux, c'est passé.
- Si les républicains du Parti Radical se considèrent centristes, c'est qu'ils ont gagné sur la République et la laïcité et qu'ils voient désormais la nécessité d'un compromis entre un État providence de gauche et le laisser-faire économique des libéraux ;
- Petits bourgeois locaux. D'où ça prêche pour la décentralisation ? ;
- Forte influence sous la 3e République (période des grandes-lois sur la presse, l'association, la laïcité, etc., mais aussi de l'expulsion des religieux, paradoxalement) ;
- Beaucoup de scissions et de fusion, beaucoup de reprise de noms existants, et beaucoup d'influence sur d'autres partis, cf. ce schéma ;
- Le Mouvement Lrépublicain populaire (MRP) était défavorable à la décolonisation. Après sa démission en 1946, De Gaulle pensait avoir son soutien pour revenu, mais le bonapartisme n'était pas la tasse de thé du MRP, donc non ;
- Giscard venait des libéraux du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) ;
- Union des démocrates et indépendants (UDI). Fondé par Jean-Louis Boorlo. Regroupe le CNIP, l'Alliance Centriste (fondu dans LREM), Le Parti Radical, et ce qui deviendra Les Centristes, etc. dans l'objectif de refaire une UDF à l'ancienne. Alliance avec le MoDem, notamment en 2017. Jean-Christophe Lagarde ;
- Parti Radical de Gauche : scission du Parti Radical (de droite) qui rejoint le programme commun de la gauche dans les années 70. Les Radicaux de Gauche : refus de la fusion avec un courant de l'UDI (pour former le Mouvement Radical, qui a éclaté en Parti Radical et Parti Radical de Gauche) ;
- Le Forum des Républicains Sociaux est issu de l'Union pour la Démocratie Française (UDF) avant d'être un courant de l'UMP avant de devenir le Parti chrétien-démocrate (PCD) renommé Via, la voie du peuple. Réactionnaires. Christine Boutin. Jean-Frédéric Poisson (Les Amoureux de la France avec Dupont-Aignan, se retire en 2022 pour soutenir Zemmour, etc.) ;
- Agir (ex. Agir, la Droite Constructive) : libéraux juppéistes de LR / UDI qui déplorent le tournant de LR vers une ligne réactionnaire et qui veulent soutenir Macron sans rejoindre LREM. C'est un peu l'annulation de la fusion de Démocratie Libérale dans l'UMP en 2002. Représente le large spectre des alliances UDF-RPR d'antan : démocratie chrétienne, républicanisme, libéralisme, conservatisme, bonapartisme, et réaction ;
- Résistons ! : parti de Jean Lassalle (ex-MoDem). Bonapartisme (berger du terroir qui va sauver le monde sans vraie stratégie), réactionnaire (justifie tout par le retour à la nature, les traditions, etc.), mais programme démocrate-chrétien classique.
Europe Écologie Les Verts (EELV) et satellites
Génération Écologie, Cap Écologie, Mouvement Écologiste Indépendant, Mouvement Écologique => Mouvement d'Écologie Politique => Les Verts => EELV.
- Positionnement : gauche pour EELV (social-démocratie), plutôt pro-égalité, plutôt neutre sur la liberté, anti-productivisme, programme à gauche mais confusionnisme réactionnaire, notamment chez les personnalités les plus radicales du parti (influence de la démocratie-chrétienne ?, cf. ci-dessous) ; droite pour les satellites (plutôt liberté, plutôt productivisme, plus d'élitisme) ;
- Les premiers mouvements intégralement écolo sont associatifs, comme Les Amis de la Terre. Le premier parti défendant une sensibilité écolo sera le Parti Socialiste Unitaire (PSU) dans sa période autogestionnaire des années 60 et 70. En 1974, les assos veulent présenter un candidat et soutiennent Charles Piaget proposé par la gauche du PSU. Le PSU soutiendra Mitterrand. Les assos proposent alors au démocrate-chrétien Philippe Saint-Marc (ex-MRP, théoricien de l'écologie humaniste) qui refuse et se rallie à Giscard. Elles proposent à Théodore Monod, biologiste protestant se réclamant de l'anarchisme chrétien qui refuse (âge). Elles proposent à René Dumont qui restera le premier candidat écolo de France. Le président des Amis de la Terre, démocrate-chrétien issu du PSU, Brice Lalonde, est son directeur de campagne. Cette candidature "politise" l'écologie et la structure sous forme de partis ;
- Clivage entre ceux, issus du PSU, qui pensent que l'écologisme est la base de la refondation d'une identité de gauche radicale (liens entre l'écologie et la lutte contre les oppressions, l'émancipation, etc.) et ceux, très souvent associatifs, comme les Amis de la Terre, qui pensent que l'écologie doit être une identité à part (ça formera le ME / MEP / Les Verts) ;
- Génération Écologie : issu des Amis de la Terre (son président, Brice Lalonde étant devenu ministre de Mitterrand, ça lui a donné des ailes), favorable au nucléaire, contrairement aux Verts, dérive à droite (pro-Chirac en 1995, puis accord avec Démocratie Libérale) puis mise en sommeil, puis Delphine Batho le ré-anime autour de la décroissance et du biodynamisme (réaction, ésotérisme, anthroposophie, Pierre Rabhi, Colibris, etc.) ;
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Cap Écologie : fusion de Cap 21 (de Corinne Lepage, a tenté de faire alliance avec l'UDF et le MoDem mais incompatibilité entre l'écologie et une dérégulation économique, se dit centriste) et de l'Alliance Écologiste Indépendante (Jean-Marc Governatori, se dit aussi écolo-centrisme). Alliance avec EELV bien qu'ils les considérent trop de gauche ;
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Les Verts :
- Ils se sont fait influencer par Les Alternatifs : la candidate PSU Huguette Bouchardeau en 1981 provoque une effervescence de bribes de la gauche radicale (PCF, PSU, trotskistes, maoïstes, anarchistes, etc.) qui se traduit par la candidature PSU + LCR de Pierre Juquin en 1988, puis par les regroupements successifs jusqu'à former Les Alternatifs. Les Verts et Les Alternatifs partageaient même leur orga de jeunesse (Chiche !) ;
- Ils refusent le libéralisme et bien qu'ils jugent que le reste de la gauche est productiviste, ils s'allient systématiquement avec la gauche radicale afin d'exister. Cela fera naître l'expression « rassemblement de la gauche et des écolos qui n'a pas de sens : la gauche serait-elle productiviste par essence ? Bien sûr que non ;
- Ils ont une culture auto-gestionnaire, donc une grande méfiance vis-à-vis des chefs, qui entraîne des candidatures de témoignage (profondes convictions) plutôt que des figures médiatiques, et donc des gamelles électorales : Alain Lipietz en 2002 avant de faire revenir Mamère en catastrophe ; Yves Cochet en 2007 avant Voynet ; Eva Joly plutôt que Hulot en 2012 ; l'inconnu Jadot en 2017 face à la médiatique Cécile Duflot, etc. ;
- En étant un parti de gouvernement sous la gauche plurielle de Jospin (97-2002), les cadres des Verts se droitisent (pas la base). Les Alternatifs leur font la tête ;
- Les Verts se renomment EELV pour les élections européennes de 2009 et s'élargissent à diverses assos, à Bové (à leur gauche) et à Hulot (à leur droite).
- Mouvement Écologiste Indépendant : scission des Verts en 1994 par Antoine Waechter pour garder une ligne ni droite ni gauche alors que, sous l'impulsion de Dominique Voynet, Les Verts font des alliances à gauche et s'étiquettent ainsi en vue de la présidentielle de 1995 ;
- Plusieurs lignes co-existent au sein d'EELV : Yannick Jadot est plutôt autoritaire / ordre républicain (participation à la manif pro-flics) et laïcité. Sandrine Rousseau est plutôt féministe et lutte contre les oppressions. Aujourd'hui, la ligne est plutôt sociale-démocrate teintée d'écologie : revenu de base, impôt redistributif, moins de pouvoir au président de la République, etc. Point de socialisme (abandon du capitalisme)… même par ricochet (les mesures proposées par EELV sont-elles compatibles avec lui ?) ? ;
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Pôle écologique = alliances locales entre EELV, Génération Écologie, Cap Écologie, Génération⋅s et le Mouvement des Progressistes (MDP, de l'ex-communiste Robert Hue, démocratie-chrétienne) ;
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Incohérence et inspiration réactionnaire : José Bové déclarait refuser toute manipulation du vivant pour contre-carrer la PMA. Mais alors… Quid de l'avortement ou de l'agriculture (la Nature, c'est la cueillette) ? Noël Mamère soutenait. Des militants et des cadres d'EELV justifient toujours leur rejet des pesticides, des OGM, de nucléaire, etc. par un culte de la nature plutôt que par des objectifs politiques fondés sur la rationalité (comme la préservation d'un écosystème compatible avec la vie humaine). À ce compte-là, pourquoi défendent-ils la médecine, la démocratie, etc. ? Y'a rien de Naturel dans tout ça. Bref : attention à l'argumentaire.
- Pour l'auteur, cela viendrait de l'influence de la démocratie chrétienne qui s'est rapprochée de l'anarchisme ou du socialisme utopique / pré-Marx chrétien du début du 19e siècle par sensibilité sociale (mais elle restait de droite sur le reste) en apportant son rapport "religieux" à la nature (divine, sacrée, etc.). Léon Tolstoï, anarchiste chrétien utilisait des arguments réactionnaires pour appuyer sa vision de l'anarchisme et de l'harmonie avec la nature. Ivan Illich était un prêtre catho. Jacques Ellul était théologien protestant.
La République en marche (LREM) et satellites
Les Nouveaux Démocrates, En commun, Territoires de progrès (TDP), Horizon, et Ensemble citoyens.
- Positionnement : droite. Élitisme, productivisme, plutôt pro-liberté. Mélange de démocratie-chrétienne, de libéralisme, de conservatisme et de réaction. Libéralisme et charité de démocrate-chrétien (souligner l'« humiliation » de la manif pour tous ou de Poutine, être mitigé sur la colonisation et y voir des « éléments de civilisation », etc.) ;
- Le fonctionnement du parti n'est pas usuel (pas de courants, pas de textes d'orientation, etc.). Il est centré sur l'avènement au pouvoir de Macron, qui se dit au-dessus du clivage gauche-droite. On pourrait penser à du bonapartisme, mais, d'habitude, il y a la dénonciation d'un danger extérieur censé rassembler, une conviction, un discours qui s'incarne dans un chef, alors que là, il n'y a qu'un plan marketing (pas de programme à quelques mois des élections de 2017). Difficile d'y voir le confusionnisme du bonapartisme ;
- L'auteur y voit une comparaison avec les pays d'Afrique : dépolitisation (entre autres car c'est toujours la même politique, quels que soient les politiciens, corrompus, notamment par des puissances ex-colonisatrices), partis de supporteurs achetés, aucun espoir qu'une autre idéologie parvienne au pouvoir, le seul changement est le nom du dirigeant (d'où l'expression « changement du personnel politique »). Pour l'auteur, le nom initial du parti, En Marche, serait un slogan publicitaire dénué d'idéologie et de sens. C'est vrai, il dit d'avancer, peu importe la direction (= absence de conviction), ce qui me semble très bien représenter la dépolitisation et le seul changement du personnel politique ;
- Le renommage de En Marche pour La République en marche serait une concession à LR ;
- Les libéraux ne sont pas démocrates : au milieu du 19e, ils voulaient la monarchie parlementaire censitaire ou un président fort (un roi sans couronne, quoi) ;
- Le PS, le RPR et l'UDF défendaient des nuances du libéralisme ;
- Les Nouveaux Démocrates : aile gauche de LREM, sociale-démocrate. Affilié à EELV pour son financement ;
- En commun : plaide sans succès pour des alliances entre LREM et sa gauche, type PS ou EELV ;
- Territoires de progrès – Mouvement social-réformiste : macronistes venus du PS. L'auteur dit qu'ils se présentent comme social-démocrates, alors que leur nom dit social-réformistes, et les classe simples républicains ou libéraux. Membres notables : Olivier Dussopt et Jean-Yves Le Drian ;
- Horizon : aile droite, version conservatrice voire bonapartiste du libéralisme et de la démocratie chrétienne de Macron. Édouard Philippe (LR) et émigrés de LR ;
- Ensemble pour la majorité présidentielle (ex-Ensemble citoyens !) : coalition regroupant LREM, le MoDem, TDP, En commun, Horizon, Agir. Impulsée par Bayrou qui poussait à un grand parti rassemblant les différentes composantes de la majorité (comme l'UDF pour Giscard) et validé par un Macron constatant le délitement de son fan club.
La France Insoumise (LFI) et satellites
- Positionnement : gauche. Plutôt productiviste (mais pour produire la transition énergétique), plutôt pro-égalité, plutôt neutre sur la liberté. Oscille entre écosocialisme (socialisme, écologie, contre le capitalisme et le productivisme) et social-démocratie tentée d'écologie.
- Historique : Gauche Socialiste (premier courant de Méluche au PS qui pondra la Convention pour une 6e République, à ne pas confondre avec l'association du même nom fondée plus tard par Montebourg) puis Nouveau Monde (courant fondé avec Henri Emmanuelli), puis Trait d'Union, puis Pour la République sociale (éducation populaire), puis le Parti de Gauche et la coalition Front de Gauche (Parti de Gauche, PCF, courants de la LCR / NPA, la FASE, les Alternatifs) sur le modèle du parti allemand Die Linke ;
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Parti de supporteurs comme LREM ? Après tout, LFI est une coquille vide (pas de texte d'orientation), il subit les revirements de Mélenchon, ses militants défendent durement Méluche tels des groupies, etc. LFI est contrôlée par les cadres du Parti de Gauche (les assemblées tirées au sort vendues par Méluche dans la presse sont consultatives) dans lequel se déroulent toujours des votes d'orientation (comme celle du populisme de gauche pour 2017). Du coup, LFI est plutôt une vitrine du Parti de Gauche ;
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En 2017, la stratégie est celle de l'Ère du Peuple, qui est du populisme de gauche (théorisé par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe en observant les partis d'Amérique du Sud) sauce Mélenchon.
- Populisme de gauche : le PS et LR gèrent le système plutôt que de le changer, donc il faut dépasser le clivage gauche-droite par la conflictualité pour ramener, par opportunisme, les électeurs à un vrai projet de société de gauche. Un populisme de droite serait un bonapartisme : le clivage gauche-droite ne signifie plus rien, le nouveau clivage c'est nous, le peuple, la nation, contre eux, les élites cosmopolites, les immigrés, etc. Le populisme de gauche est un bonapartisme de gauche qui oppose nous, les "prolétaires" (pauvres, ouvriers, employés précaires, immigrés, LGBTQIA+, etc.) à eux, les bourgeois, afin de ramener les classes populaires vers un authentique projet socialiste d'abolition du capitalisme. Le choix de cette stratégie par LFI se voit dans un Mélenchon qui drague la police et l'armée et qui remplace l'Internationale et le drapeau rouge par la Marseillaise et le drapeau français, alors que le programme était toujours celui de 2012… ;
- Le populisme de gauche peut déraper. Le confusionnisme ("nous les prolétaires" peut vite devenir "nous la nation", et "eux les bourgeois" peut vite devenir "eux les banquiers Juifs") attire des gens d'extrême-droite et y envoie des gens (une passerelle, quoi). La ligne du parti peut basculer à droite. Mais LFI n'est pas démocratique (oligarchie du PG aux commandes), ce qui a évité ça. Les bonapartistes les plus en vue se sont fait dégager en 2019 pour devenir République Souveraine (on retrouve ce mot creux de bonapartiste, cf. la section sur le bonapartisme) ou pour rejoindre Montebourg (François Cocq, par ex.) ou le RN (Andréa Kotarac, par ex.).
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Depuis 2017, il ne s'agit plus d'abolir le capitalisme, y compris par la réforme (sur ce point, Mélenchon a toujours affirmé qu'il ne savait pas le faire en cinq ans, mais que c'était l'objectif, donc ça collait avec du social-réformisme). Le projet change pour une économie mixte, qui est un projet social-démocrate, comme celui du PS. Néanmoins, à mes yeux, LFI est quand même plus vénère sur l'écologie et les droits sociaux, en ligne avec le programme des collectifs anti-libéraux de 2007 qui fut celui des candidatures de 2012 et de 2017, et je me demande dans quelle mesure cela est compatible avec le capitalisme… ;
- Conséquence : si l'on ne sort plus du capitalisme, il faut dire quelle déclinaison du capitalisme on combat. Le travers antisémite historique de la gauche radicale (Proudhon, Marx, par ex.) n'est alors pas loin. Mélenchon déclarera à plusieurs reprises que le problème n'est pas les bourgeois commerçants, mais leur contrôle capitalistique par la finance. Mouais… Adam Smith, théoricien du libéralisme, disait pareil et Marx observait cela dans son Capital… Son motus « l'ennui, ce n'est pas l'immigré, c'est le financier » va ainsi attirer des antisémites pas futés ;
- Mélenchon :
- Parcours : adhérent de l'Union Nationale des Étudiants de France (UNEF) puis de l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI), deux structures trotskistes lambertistes. Il ne croit plus au concept d'avant-garde révolutionnaire et rejoint le PS de Mitterand (qu'il admire). Il rejette la deuxième gauche, puis il distingue les luttes sociales (LGBTQIA+, etc.) de la lutte contre le capitalisme, et il veut abolir le capitalisme par les réformes.
- En géopolitique, il défend "contre tous" le camp socialiste (donc tout régime vaguement socialiste) et il a un tropisme anti-ricains (lié à sa critique de l'impérialisme, de la nécessité d'être indépendant ‒ non aligné, qu'il dit ‒, etc.), ce qui le pousse aux déclarations les plus absurdes (sur la Russie, par ex.). C'est dangereux puisque la politique étrangère est le domaine réservé du président de la Répu ;
- Le principe socialiste d'indivisibilité des nations le pousse à repousser les indépendantistes (Tibet, Catalogne, etc.)… avant de s'allier aux indépendantistes corses au parlement français et de plaider pour l'autonomie des territoires d'outre-mer français. On l'entendra souvent déclarer qu'il faut laisser faire un dirigeant étranger au motif qu'il a été élu et qu'il incarne la souveraineté populaire ;
- Quitte à évoquer le caractère de Méluche (est-ce pertinent ?), je préfère les scènes posées à « La république c'est moi ! », je les trouve plus révélatrices (tout le monde peut s'énerver dans certains contextes) et moins pardonnables. Mes exemples préférés : 1, 2, 3.
Divers :
- François Mitterrand pousse à l'adoption de l'euro contre l'Allemagne en lui promettant une reconnaissance européenne de la réunification allemande. (C'est logique, faire une monnaie unique entre des épargnants ‒ nord de l'Europe ‒ et des dépensiers ‒ sud de l'Europe ‒, nécessite de trouver un équilibre… D'où les interminables négociations sur les plans de relance…). Méluche appelle à voter en faveur du traité de Maastricht (il croit en une augmentation des pouvoirs du parlement européen et à un arrêt des attaques du Franc par les marchés en s'appuyant sur le Deutsche Mark, via la monnaie unique), avant de changer de cap dès 1996 ;
- Hamon et Montebourg pousseront Manuel Valls premier ministre (en échange de ministères plus sérieux) avant de se faire dégager de ce gouvernement libéral (Valls…) quelques mois après ;
- En vue de 2022, Montebourg tentera une stratégie bonapartiste se revendiquant du populisme de gauche, mais prévoit des mesures réactionnaires. Lui aussi jouait avec le mot « souverainisme » sans le définir ;) ;
- Scientisme libéral : évaluation des candidats à la présidentielle sur le court-terme. Osef du projet politique, de prétendus experts jugent l'efficacité des mesures consensuelles visant à maintenir l'ordre établi (croissance, chômage, immigration, sécurité).
Parti pirate
L'auteur n'a pas traité ce parti dans ses vidéos, mais on le retrouve dans la visualisation 3D.
Social-démocratie. Écologie. Influences marginale de la démocratie chrétienne et du libéralisme.
Plutôt pro-égalité, plutôt productiviste, liberté.
Synthèse
Positionnement des idéologies politiques sur l'axe gauche-droite
<-- anarchisme -- communisme -- écologisme -- écosocialisme -- socialisme (y compris son aile droite : social-réformisme) -- social-démocratie -- démocratie chrétienne -- radicalisme -- libéralisme -- libertarianisme -- conservatisme -- bonapartisme -- réaction -- fascisme -->
L'auteur place la délimitation gauche-droite sur la social-démocratie et la démocratie chrétienne.
Le positionnement de l'écologisme se discute, en fonction de si l'on pense que l'abolition du capitalisme entraîne ou non celle du productivisme et si l'écologisme entraîne la fin du productivisme et donc du capitalisme ou s'il l'aménage… L'auteur considère que l'écologie doit aller plus loin que l'abolition du capitalisme.
Positionnement des partis politiques sur l'axe gauche-droite
Uniquement ceux médiatisés qui se sont présentés aux élections ces dernières années. Choix subjectif de ma part.
Pour définir le positionnement, je mélange parfois celui annoncé par l'auteur à ma sensibilité / perception politique. Un des problèmes des termes social-réformisme et social-démocratie, c'est que ça place le curseur uniquement sur l'abandon ou l'aménagement du capitalisme alors que, dans le même temps, il est admis que des objectifs (féminisme, droits LGBTQIA+, etc.) sont distincts de l'abolition du capitalisme. Deux partis sociaux-démocrates peuvent avoir un positionnement différent sur ces questions, tout comme sur l'intensité de leur aménagement du capitalisme. Je peux alors différer de l'auteur.
<-- communisme : LO -- social-réformisme / social-démocratie : NPA, LFI, EELV, Génération⋅s, PCF -- démocratie chrétienne / libéralisme / conservatisme : PS, MoDem, LREM, Horizon, Résistons !, LR -- bonapartisme : Les Patriotes, UPR, DLF, RN -- réaction : Reconquête, Via -->