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——————————— Sunday 25, November 2018 ———————————

Médocs sans stock

Les pénuries de médicaments continuent, et c’est même de pire en pire : 530 médocs ont été en rupture de stock en 2017, soit dix fois plus qu’il y a dix ans ! Et on ne parle pas de pastilles pour la gorge. Des médicaments traitant des cancers ou la maladie de Parkinson (le Sinemet) manquent à la pelle. Mais comment est-ce possible ?

En 2016, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait pourtant pris le problème « à bras-le-corps ». Et sorti un décret imposant à l’industrie pharmaceutique de mettre en place des « plans de gestion de la pénurie ». Las ! leur contenu est resté plan-plan. Résultat : l’industrie, que l’on sait torturée par le bien public, continue de produire à moindre coût, c’est-à-dire à flux tendu. Exemple : MSD ne possède qu’une seule usine dans le monde produisant le Sinemet, et celle-ci a un problème de mise aux normes…

Un rapport du sénateur Jean-Pierre Decool (apparenté à droite) vient donc de proposer 30 mesures supplémentaires. Un arsenal maniant la carotte — des exonérations fiscales — et le bâton : nationaliser la production de quelques médicaments vitaux, qui seraient confiés aux pharmacies des armées ! Un crime de lèse-business dont le lobby pharmaceutique ne veut pas entendre parler.

Il faut peut-être arrêter de lui demander son avis ?

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

Jupiter ne voyage pas en solitaire

Un gorille surgit dans l’église de Verdun, le 6 novembre, et brandit sa plaque de flic pour ordonner d’accélérer la messe d’enterrement. Motif : l’arrivée imminente du Président, en « itinérance mémorielle », obligeant la maréchaussée à neutraliser la rue. Pour ne pas gêner le cortège présidentiel, même les morts doivent se mettre « en marche » !

En six jours, la caravane élyséenne, forte d’une quarantaine de véhicules, a sillonné neuf départements de l’est et du nord de la France. « Le Président avait exclu l’emploi de l’hélicoptère, trop dispendieux. On a donc slalomé pour éviter les ”gilets jaunes” », raconte un participant du Macron Tour.

On reparle d'écologie (est-ce que cette consommation d'énergie fossile et cette pollution au CO2 sont justifiées ou même justifiables) ? :))))


A chaque étape, rameutées des quatre coins du pays, pas moins de six unités de CRS (65 hommes chacune, et une vingtaine de véhicules) étaient chargées de tenir à distance les grincheux et autres contestataires. Des troupes locales — jusqu’à 200 poulets et pandores — s’occupaient de la circulation et faisaient le vide autour de Jupiter. Sans compter les poilus du Président : une soixantaine d’hommes du GSPR, chargés de lui filer le train, ainsi que des membres de la CRS 01 et les tireurs d’élite du Raid et du GIGN, perchés sur les toits. Ça en fait, du monde, dans la tranchée !

On reparle du « pognon de dingue » ? :))))))


Fausse nonne, vrai kebab

Si le dispositif n’a pas empêché Macron de se faire chahuter, ses poulets se sont montrés impitoyables. A Pont-à-Mousson le 5 novembre, ils ont plaqué au sol une fausse nonne qui entendait exorciser Emmanuel. Il s’agissait en fait d’un étudiant de 20 ans qui, après être passé à confesse, a été relâché.

Le lendemain, à Reims, une écolo a écopé d’une garde à vue. Son crime ? Avoir tagué sur les marches de la mairie : « On veut des coquelicots, halte au pesticide glyphosate. » Le procureur, ayant jugé l’affaire de la plus haute importance, a convoqué la protestataire en janvier.

Le 8 novembre, enfin, sans doute impatient de voir ressortir Macron de l’hôtel de ville d’Arras, un citoyen a vociféré : « Va te faire égorger, fils de pute ! » Aussitôt dit, aussitôt interpellé ! Montant dans le fourgon, l’impudent a juste eu le temps de lancer à sa moitié : « Prends mon kebab, je pars en garde à vue. »

Finalement, c’est lui qui a dégusté !

Cet article illustre une toute partie du problème qu'il y a à désigner, par suffrage, un homme (ou une femme) providentiel censé nous guider, nous protéger, décider en dernier ressort en plus haut-lieu : cette désignation, par sa conception même, le met à l'écart des autres, au-dessus des autres, il est quelqu'un d'exceptionnel qui mérite une protection renforcée, une attention particulière, un service aux petits soins alors qu’il est juste une petite merde de plus parmi 7 milliards d’autres. La déconnexion des élites commence comme ça. Il serait temps de réviser notre conception du pouvoir et surtout la manière de l'incarner (ou non).

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

Les fruits amers de la “piste agricole”

Une friche. Voilà à quoi ressemblent la police et la justice antiterroriste après vingt ans passés à exploiter la pseudo-piste agricole dans l’affaire Erignac.

La cour d’appel de Paris a confirmé, le 6 novembre, le jugement, rendu le 27 mars 2017, condamnant l’Etat à indemniser plusieurs personnes mises en cause à tort dans l’assassinat du préfet de la Corse. Un non-lieu général avait été prononcé le 30 juin 2016, dix-huit ans après l’ouverture de l’enquête.

Sitôt la mort brutale du préfet, le 6 février 1998, le patron de l’antiterrorisme, Roger Marion — surnommé par ses hommes « Eagle 4 », pour « Il gueule fort » —, avait vendu au ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, cette piste agricole : un réseau de paysans nationalistes. Il en avait également convaincu la juge antiterro Laurence Le Vert, chargée de l’instruction.

En tout, 31 personnes seront mises en examen dans cette procédure hors norme. Perquisitions, interrogatoires, incarcérations, mesures de contrôle judiciaire : rien ne sera épargné aux terroristes supposés comme à leurs proches. Pas même la découverte inopinée d’un sachet d’explosifs dans une bergerie au milieu d’un domaine de 900 hectares. Lors de l’enquête, le gardien dudit domaine avouera avoir déposé le paquet à la demande de Marion. Toutes ces péripéties et autres invraisemblances n’empêcheront pas la juge Le Vert de rendre son ordonnance de non-lieu, quelques jours seulement avant son départ à la retraite, alors qu’aucun acte d’instruction n’est intervenu depuis seize ans.

Quant à Marion, convoqué en mars au titre de témoin assisté par un magistrat, l’ex-superflic, devenu préfet honoraire, est soupçonné de « dénonciation calomnieuse » dans cette histoire de fausse piste agricole.

Une nouvelle affaire qui va s’embourber ?

Entre le mythe du groupe terroriste d'extrême-gauche dit de Tarnac et ça, existe-t-il, en France, une chasse aux sorcières antiterroriste qui n'a pas mal tourné vers le n'importe quoi absolu ? :O

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

EDF gagne du terrain

C’est en catimini qu’EDF est en train d’acquérir des terrains aux abords de ses centrales nucléaires : 140 ha près de celle de Belleville, 116 ha à Saint-Laurent-des-Eaux, 120 ha à Chinon…

Pourquoi pareille frénésie foncière (relevée par le Réseau Sortir du nucléaire, le 31 octobre) ?

Pour préparer le démantèlement des réacteurs, des opérations exceptionnelles de grand carénage… et le « développement des nouveaux moyens de production décarbpnnée » (« Le Parisien », 7/11), explique benoîtement EDF.

En clair, pour accueillir les six EPR que l’électricien rêve de construire avant 2050. Rêvons : d’ici là, l’EPR de Flamanville, dont la construction a commencé en 2007 et dont le chantier n’en finit pas de ne pas finir, aura peut-être produit son premier kilowattheure…

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

Un projet d‘attentat bien emballé

La nouvelle a tourné en boucle sur les radios et les chaînes d’info continu, la semaine demière : Macron venait d’échapper de justesse à un attentat. Sous le sceau du secret-défense, la Place Beauvau expliquait aux journalistes que, ce 7 novembre, la DGSI avait démantelé « un groupe paramilitaire d’ultradroite » qui s’apprêtait à attaquer le Président, en pleine « itinérance mémorielle » du côté de Charleville-Mézières (Ardennes).

De l’info puisée à la meilleure source, mais à prendre avec des gants. Entre eux, les flics du Renseignement intérieur appellent ça le « cadeau de bienvenue » : lorsqu’un nouveau patron prend la tête de la boutique, ses hommes lui offrent sa petite affaire. Il y a dix ans, l’histoire de Tarnac, montée à la hâte au moment de la création de la DCRI, avait saturé les médias sur le thème du « terrorisme d’ultragauche »… avant de finir en eau de boudin.

Fachos fêlés

Nicolas Lerner n’a pas dérogé à la tradition : trois semaines après son arrivée à la DGSI, le 17 octobre, il y a eu droit. Un joli paquet-surprise avec, cette fois, la mention « terrorisme d’ultradroite ».

Quatre zinzins se revendiquant « survivalistes », que nos contre-espions surveillaient gentiment, ont donc été opportunément interpellés puis déférés pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».

Le prétexte de la DGSI pour réaliser le coup de filet du 7 novembre ? Le cerveau de la bande, un retraité de 62 ans, avait annoncé ses intentions sur les réseaux sociaux et quitté son domicile de l’Isère pour retrouver ses complices, à une heure de route de la caravane présidentielle. A l’intérieur de la 406 Peugeot des suspects : trois sacs de couchage, des matelas de camping, une paire de gants en cuir noir et un couteau de cuisine en céramique, censé servir d’arme pour attaquer Macron.

Le nouveau secrétaire d’Etat à l‘Intérieur, Laurent Nuñez, qui, pour avoir dirigé seize mois la DGSI, connaît la musique, a préféré la jouer très modeste (le « JDD », 11/11) : « Il faut rester prudent, car l’enquête est en cours, mais il semble que le président de la République était pour eux une cible potentielle, même si le projet n’était pas abouti. » On a connu plus convaincu.

Lui-même, en juin 2017, avait reçu comme cadeau de bienvenue le démantèlement d’un groupuscule, déjà qualifié d’« ultradroite », qui menaçait de s’en prendre à Mélenchon et à Castaner, alors porte-parole du gouvernement.

Des zozos utiles, ces fachos ?

Je suis dubitatif : si tout le monde connaît la combine (quand elle est publiée dans un journal national à grand tirage, on peut aisément estimer qu'elle est connue de longue date par tout le gratin politicien et journalistique), quel en est l'intérêt ? Le⋅a politicien⋅ne sait que c'est du flan (donc le nouveau dirlo en poste ne peut pas se faire mousser), le⋅a citoyen⋅ne aussi (donc l'effroi se dissipe rapidement)…

Interpréter les propos de l'ex-patron de la DGSI dans le sens qui arrange alors qu'il y a toujours une prudence dans l'expression de ces gens-là tant que l'enquête est en cours (sauf quand le terroriste est musulman, mais c'est un autre problème), c'est pas fameux non plus.

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

Hêtre ou ne pas être

D’un côté, les lecteurs font fête à « La vie secrète des arbres », qui raconte comment ceux-ci communiquent entre eux par leurs racines et s’envoient des messages par champignons interposés. De l’autre, les pouvoirs publics donnent partout le feu vert (si l’on peut dire) aux ratiboisages massifs : haro sur le bois Lejuc pour y creuser, près de Bure, la plus grande poubelle nucléaire du monde ; sur la forêt de Kolbsbeim, près de Strasbourg, pour y faire passer une nouvelle autoroute ; sur la forêt de Roybon, dans les Alpes, pour y installer un Center Parcs rutilant et chacune de ces forêts devient un « territoire en lutte » (1)…

D’un côté, on clame partout que les forêts sont les amies du climat puisqu’elles absorbent moult quantités de C02. De l’autre, le gouvernement fait tout pour transformer l’ONF, qui gère un quart des forêts françaises, en une entreprise qui sacrifie tout à la rentabilité, notamment ses missions de service public (entretien, prévention des incendies, information du public), pour se concentrer sur la production et la vente de bois, planter des douglas (résineux à pousse rapide) partout et, au passage, rendre la vie impossible à ses 9 000 salariés (une cinquantaine de suicides depuis 2005) et mieux les virer (226 postes supprimés l’an prochain) (2)…

D’un côté, le gouvernement s’apprête à lancer à grand tapage le plan d’une — attention les yeux — « stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée » (SNDI), qui ambitionne de faire en sorte que nous autres Français ne soyons plus responsables de la destruction annuelle de 14,8 millions d’hectares de forêt tropicale : le soja dont se nourrissent nos bovins, l’huile de palme dont sont farcis nos aliments, le caoutchouc de nos pneus, etc., tout cela vient de terres conquises sur la forêt (3). De l’autre, ce même gouvernement autorise le champion du CAC 40 Total à importer jusqu’à 550 000 tonnes d’huile de palme dans son usine de La Mède (Bouches-du-Rhône).

Mieux encore : ce plan a toutes les chances de n’être qu’un catalogue de vœux pieux, comme le redoute Clément Sénéchal, de Greenpeace (« Le Monde », 26/8). Ayant consulté sa première mouture, il note que, contrairement à son engagement auprès de l’ONU consistant à mettre un terme à la « déforestation importée » en 2020, le gouvernement a repoussé l’échéance de dix ans. Pratique : en 2030, il ne sera plus aux manettes ! Il note que, en plus, ce plan, qui se gargarise de « finance verte », ne prévoit aucune sanction, aucune mesure réglementaire, ne fixe aucun calendrier de réduction de notre dépendance au soja, n’évoque même pas la baisse de la consommation de viande et de produits laitiers : « Ce texte condense tous les vices classiques des tentatives écologiques en milieu ultralibéral, pour aboutir, in fine, à une démission lamentable de la puissance publique. » Auprès de mon arbre…

(1) « Etre forêts, habiter des territoires en lutte », par Jean-Baptiste Vidalou, Zones, 2017.

(2) « Nos forêts en danger », par Alain-Claude Rameau, Atlande, 2017.

(3) Le WWF vient de sortir un rapport accablant sur la « Déforestation importée ».

Un condensé de quelques compromissions que certain⋅e⋅s osent encore nommer « compromis ».

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

Des observatoires pas très regardant

Incroyable mais vrai ! Une des annexes au projet de loi de finances pour 2019 donne quelques occasions de sourire : celle qui détaille, en 55 pages, le coût de fonctionnement et le nombre de réunions des 887 « commissions et instances consultatives placées directement auprès du Premier ministre ou des ministres ».

Le lecteur y apprend ainsi que l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales, composé de 16 membres, ne s’est réuni qu’une seule fois l’an dernier. Coût de fonctionnement annuel dela commission : 210 000 euros. Ça fait cher les retrouvailles.

Dans le même genre, les 47 membres de l’Observatoire national de la politique de la ville ne se sont concertés que deux fois en 2017, pour un coût de fonctionnement de 310 000 euros — en augmentation de 82 % par rapport à 2016, où l’instance s’était pourtant réunie quatre fois.

Quant à la commission interministérielle des données d’origine spatiale, rattachée au Premier ministre, dont le coût de fonctionnement pour l'année 2017 a été évalué à 19 000 euros, elle n’a pas jugé utile d’organiser la moindre réunion en 2017. A moins que ses 5 membres aient eu la tête dans la lune…

Les 10 membres de l’Observatoire des jeux — dont le coût de fonctionnement atteint 90 000 euros — se sont, eux, surpassés, puisqu’ils se sont retrouvés à trois reprises en 2017. Tout comme les 26 membres de l’Observatoire national de la vie étudiante. Coût de fonctionnement de leur instance : 327 000 euros. Pour bien observer, rien ne vaut la prise de recul !

A se demander pourquoi la « commission centrale des appareils à pression » (ça a existé) ainsi que la « commission des phares » ont été supprimées. Elles en faisaient vraiment beaucoup moins que les autres ?

Je propose la création d'un observatoire sur les observatoires Théodule. \o/

Je note néanmoins de la mauvaise foi dans cet article : le nombre de réunions d'un groupe ne permet pas d'exprimer la quantité de travail produite en amont par ledit groupe, une réunion sert souvent à se mettre d'accord sur des détails et à trancher les différends.

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

De mal en Génepi

Depuis sa création, en 1976, par le regretté Lionel Stoléru, le Genepi reçoit des subventions du ministère de la Justice. C’est bien le moins. Car cette bande d’étudiants, bénévoles, donne son temps et dispense des cours aux prisonniers. Hélas, depuis quelque temps, c’est la grosse bagarre avec l’administration pénitentiaire.

Déjà, en 2016, Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, avait sucré une partie de sa subvention, avant de se raviser devant le tollé, et voilà que Nicole Belloubet s’y met, comme l’a révélé « Le Monde ». finie la manne du ministère ! Dans une lettre adressée en avril au cabinet de Belloubet, le directeur de la pénitentiaire étalait ses griefs. A commencer par cette campagne, intitulée « La prison nuit gravement à la santé ». Difficile à contredire et pourtant, les reproches furax fusent, du genre : « On ne mord pas la main qui vous nourrit. »

Punis pour insolence

Les impudents ont tenu bon et la ministre s’arc-boute : « Le Genepi développe des thèses très hostiles à la politique publique… » Certes, mais il n’est pas le seul. Les surveillants ou les travailleurs sociaux aussi, dont les syndicats, très virulents, ont la critique bien plus dure que le Genepi. Tout le monde s’en mêle ! Même Taubira, qui a demandé à Belloubet de rétablir la subvention. Et des tas d’associations et de personnalités, alarmées de ce « mauvais signal pour l’engagement des jeunes », soutiennent les jeunes profs.

La conseillère justice de Macron tente de trouver une sortie. En attendant, les portes des taules se claquent au nez des « genepistes », qui continuent de revendiquer leur indépendance, « choqués qu’un partenariat avec l’administration puisse être conditionné par l’absence de critique et de réflexion sociétale ».

Les taulards vont adorer !

Une illustration supplémentaire qui me permet d'alimenter mon moulin d'appel à la prudence concernant les subventions et les réductions d'impôts dans le milieu associatif.

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

Apocalypse loi !

A toute blinde et en moins de quatre heures, le vendredi 9 novembre, à la veille du week-end, les députés de la commission des Lois sont revenus à la version initiale de la réforme de la justice. Ils ont donc piétiné tout le boulot des sénateurs, apparemment plus soucieux des libertés qu’eux.

Camouflet supplémentaire pour les avocats en colère contre ce texte, la commission des Lois compte pas mal de leurs consœurs, dont la présidente LRM, Yaël Braun-Pivet, fervent soutien d’une réforme qui donne encore plus de pouvoir aux procureurs et aux flics. On dit : merci, maître ?

Réunis le 5 novembre, lors d’une conférence de presse, à Paris, bâtonniers et célèbres pénalistes ont hurlé contre cette « catastrophe », cette « régression jamais vue », « ce triomphe des procureurs ! ». Par avance, la ministre de la Justice avait traité leur colère de « postures ». Pourtant, difficile de leur donner tort, tant le texte semble dicté par le ministère de l’Intérieur.

Grands vainqueurs, les flics et les procs, qui, au détriment des juges indépendants, montent en puissance et acquièrent de nouvelles prérogatives, Dont la généralisation galopante des écoutes téléphoniques, des géolocalisations, des interceptions numériques et autres intrusions dans la vie de chacun.

Sur ce point, lire « Des perquisitions sévèrement contrôlées… par des fantômes ».


Sans trop de garde-fous : les enquêtes conduites par les procureurs sont facilitées. Or elles sont secrètes, sans accès au dossier ni recours. Au nom, sûrement, du respect des droits de la défense !

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

La puce US qui gratte Paris

Une simple puce électronique « made in USA » bloque depuis près d’un an la vente de 24 Rafale supplémentaires par la France à l’Egypte, explique « Challenges » (31/10).

Le comble, c’est qu’elle n’est même pas un composant de l’avion de Dassault mais de son armement. En effet, cette simple puce embarquée sur le missile français Scalp pour permettre son guidage par GPS est utilisée par l’administration Trump comme un levier stoppant toute la vente.

Ce stratagème résulte de la réglementation américaine draconienne Itar (International Traffic in Arms Regulation), qui permet à l’administration US de proscrire purement et simplement l’exportation de matériel militaire dans le monde entier, dès lors qu’une seule pièce est de conception américaine

Autrement dit, Itar, avec son nom de missile, est l’arme absolue, utilisée à discrétion par Washington pour torpiller les contrats des copains !

Et, singulièrement sous Trump, en plein bras de fer comercial, pour tordre le bras de ses alliés également vendeurs d’armes…

Impérialisme, j'écris ton nom.

Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.

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