Depuis sa création, en 1976, par le regretté Lionel Stoléru, le Genepi reçoit des subventions du ministère de la Justice. C’est bien le moins. Car cette bande d’étudiants, bénévoles, donne son temps et dispense des cours aux prisonniers. Hélas, depuis quelque temps, c’est la grosse bagarre avec l’administration pénitentiaire.
Déjà, en 2016, Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, avait sucré une partie de sa subvention, avant de se raviser devant le tollé, et voilà que Nicole Belloubet s’y met, comme l’a révélé « Le Monde ». finie la manne du ministère ! Dans une lettre adressée en avril au cabinet de Belloubet, le directeur de la pénitentiaire étalait ses griefs. A commencer par cette campagne, intitulée « La prison nuit gravement à la santé ». Difficile à contredire et pourtant, les reproches furax fusent, du genre : « On ne mord pas la main qui vous nourrit. »
Punis pour insolence
Les impudents ont tenu bon et la ministre s’arc-boute : « Le Genepi développe des thèses très hostiles à la politique publique… » Certes, mais il n’est pas le seul. Les surveillants ou les travailleurs sociaux aussi, dont les syndicats, très virulents, ont la critique bien plus dure que le Genepi. Tout le monde s’en mêle ! Même Taubira, qui a demandé à Belloubet de rétablir la subvention. Et des tas d’associations et de personnalités, alarmées de ce « mauvais signal pour l’engagement des jeunes », soutiennent les jeunes profs.
La conseillère justice de Macron tente de trouver une sortie. En attendant, les portes des taules se claquent au nez des « genepistes », qui continuent de revendiquer leur indépendance, « choqués qu’un partenariat avec l’administration puisse être conditionné par l’absence de critique et de réflexion sociétale ».
Les taulards vont adorer !
Une illustration supplémentaire qui me permet d'alimenter mon moulin d'appel à la prudence concernant les subventions et les réductions d'impôts dans le milieu associatif.
Dans le Canard enchaîné du 14 novembre 2018.