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——————————— Sunday 04, March 2018 ———————————

INFO OUEST-FRANCE. Lactalis publie enfin ses comptes… mais de façon partielle

C'est un bon début. :)

Néanmoins, ce qui me fait enrager, c'est l'inégalité de traitement : le⋅a citoyen⋅ne ou la petite société commerciale du coin, si elle s'amuse à ce genre de pratiques et que ça se sait, il ne faudra pas un mois avant que la sanction prévue par la loi soit appliquée quoi qu'il arrive. Alors que pour une multinationale, il ne se passe environ jamais rien. Dans le cas présent, il a fallut une plainte de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires + une enquête de Cash Investigation + le reste de la presse en caisse de résonance + une pression du gouvernement + un contexte de lait contaminé qui met la pression à cette société pour que la loi commence à être environ respectée ! On marche sur la tête !

Via le Canard enchaîné du 21 février 2018.

Le Frexit judiciaire d‘un magistrat parisien

« La convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ne relève pas de la compétence du juge judiciaire… » Cette phrase, qui figure en toutes lettres dans la décision d’un juge rendue le 9 février, a provoqué un gros embarras au sein de la cour d’appel de Paris. Car, à moins que la France ne sorte de l’Europe, les traités internationaux qu’elle a ratifiée s’imposent à tous les magistrats, y compris cette convention…

L’aberration juridique s’est produite à Paris, au « 35 bis », surnom donné (en référence à un article du Code de l’entrée et du séjour des étrangers) à la juridiction dans laquelle un juge décide, seul, de la légalité de l’arrestation et de la rétention des sans-papiers. Marge de manœuvre quasi nulle, audiences menées à une allure sidérante, migrants défilant à la chaîne par dizaines… tout est réuni pour que le jugement confirme le maintien en rétention.

De fait, c’est presque toujours le cas. Et les bourdes juridiques y sont légion. Mais tout le monde s’en balance, hormis les intéressés, des associations et des avocats engagés…

Ce 9 février, l’étrange arrêt de la cour d’appel concernait une jeune Ivoirienne de 21 ans et sa fille de 2 ans. Le préfet, qui entendait les réexpédier en Italie, où la mère avait été enregistrée, réclamait au juge la prolongation de leur rétention jusqu’au début du mois de mars.

Sa fille a un 1 et 2 mois depuis fin février 2018.


Boulettes et insouciance

La convention européenne, ont rétorqué les avocats, s’impose si peu « au juge judiciaire » que la France a été sévèrement condamnée, par trois fois, pour avoir infligé « des traitements inhumains et dégradants » à des gamins, sous la forme de séjours en centre de rétention. La Cour de Strasbourg avait souligné « le bas âge des enfants, la durée de leur rétention et le caractère inadapté des locaux concernés à la présence d’enfants ».

La bévue du 9 février 3. finalement fait beaucoup de bien à la mère et à son enfant : devant le scandale, elles ont été libérées !

Le Canard enchaîné du 21 février 2018 ne raconte pas la deuxième partie de l'histoire : la phrase relative à la convention européenne a été supprimée de la version de l'ordonnance envoyée dans la base JuriCa pour mise à disposition du public alors que la version non expurgée a été notifiée à l'intéressée.

Indépendance de la presse, énièmes contre-démonstrations

Dans le Canard enchaîné du 21 février 2018 :

Après Wauquiez, intervenu en janvier auprès de la direction de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes pour faire déprogrammé un reportage qui ne vantait pas assez ses actions, c’est au tour de France 3 Normandie de ravir les notables du coin. Le 15 février, ils ont eu la joie d’apprendre le licenciement du confrère Jean-Marc Pitte, ex-reporteur de guerre et enquiquineur local réputé, pour « faute simple », notamment des… entorses au Code de la route. Dans un communiqué, les syndicats (CFDT, CGT, FO, SNJ) ont demandé l'annulation, pour « absence de motif », de ce licenciement, lequel, selon eux, est davantage dû aux sorties journalistiques du limogé contre Frédéric Sanchez, le patron PS de la métropole Rouen-Normandie, qu’à ses sorties de route.

Dans les stations de France 3, qui veut aller loin ménage sa voiture.



Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018 :

Pour couvrir le Salon de l'agriculture, Public Sénat a choisi, cette année, de s’installer au cœur du gigantesque stand de… la FNSEA ! Une proximité qui a fait tousser certains confrères de la chaîne parlementaire, lesquels craignaient de voir l'image de leur indépendance éditoriale… dans les choux.

Interpellé par la société des journalistes, Emmanuel Kessler, le patron de la chaîne, s'est voulu rassurant : « La FNSEA est plus une institution du Salon qu'un syndicat du monde agricole (sic). » Et d'assurer qu'une « convention écrite » avec le dircom’ du syndicat assurait une « liberté éditoriale totale »…

Avec ou sans glyphosate ?

Pour taxer les régions, la SNCF est pleine d'entrain

Excellent article qui pointe une partie des causes du déficit structurel de la SNCF.

Le pédégé Guillaume Pepy embellit ses comptes en surfacturant les services aux petites lignes.

Boxeur amateur, Edouard Philippe a transformé en punching—ball le pédégé de la SNCF, Guillaume Pepy, dans les coulisses de sa conférence de presse du lundi 26 février. Raison de ce courroux : Pepy avait convoqué les journalistes pour le lendemain, afin de leur présenter les résultats 2017 de la boîte. Or l’excellent résultat de sa marge opérationnelle (1,8 milliard) pouvait donner à penser que le gouvernement se précipitait inutilement. Heureusement pour la réforme, le fardeau de la dette est intact et produit des frais financiers catastrophiques (1,3 milliard) ! Les intérêts liés à la dette — un gouffre de 50 milliards — mangent donc le tiers des bénéfices. Avec de tels chiffres, Pepy peut affirmer qu’il fait bien son métier mais que ses résultats sont plombés par l’Etat. Celui-ci a, en effet, creusé la dette en imposant des investissements colossaux, notamment sur les lignes TGV.

Le « bon » résultat de 2017 rend plus difficile la tâche du gouvernement, engagé, à l’entendre, dans une réforme profonde. La ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, ne souhaitait pas, d’ailleurs, que le Premier ministre se batte sur plusieurs fronts. Message reçu : Philippe a finalement renoncé à se mettre à dos les élus locaux en fermant les 9 000 km de petites lignes déficitaires pointés dans le rapport Spinetta.

Sur le front syndical, la réforme du régime de retraite des cheminots est renvoyée à 2019. Mais il faudra quand même en passer par un conflit lourd avant d’exclure du « statut des cheminots » tous les nouveaux embauchés.

Horreur d’aiguillage

La guerre n’est pas totalement évitée avec les conseils régionaux. Depuis qu’il préside les Hauts-de-France, Xavier Bertrand n’a de cesse de crier « gare à l’arnaque ». Tout y passe : quand la SNCF vend aux régions des autocollants pour améliorer la signalétique dans les gares, elle prend au passage 14 % de frais d’ingénierie. Si elle commercialise en Europe de l’Est les antiques rames de TER mises au rebut par les conseils régionaux, elle prélève 15 % de commission sur le prix de vente. Une caméra de surveillance coûte trois fois plus cher dans une gare que dans un lycée. Le « pelliculage » d’un train aux couleurs de la région est facturé pas moins de 100 000 euros. Un petit dernier pour la route : quand la Picardie a décidé de retirer à la SNCF la gestion de la ligne Saint-Quentin-Ofigny pour la confier à Socorail, la facture régionale est tombée de 600 000 à 345 00 euros.

Plus facile d’arrêter un TGV lancé à 300 km/h que Xavier Bertrand quand il accable de reproches la société nationale. Mais il lui concède quand même une excuse : « Ça fait trente ans que l’Etat ne lui a jamais donné les moyens de réinvestir. Il ne faut pas s’étonner que la SNCF use de son instinct de survie pour faire ses fins de mois. »

Un expert gouvernemental confie ainsi au « Canard » que les TER représentent 28 % du total des dépenses des régions. Dans certaines, ce poste budgétaire est supérieur à celui des lycées. Quant au rapport qualité-prix, il est lui aussi calamiteux. Selon ce même expert, 5 000 ralentissements (jusqu’à 30 km/h…) sont recensés actuellement sur les lignes secondaires. Mais voilà : « Pendant des années, les gouvernements ont imposé des dépenses sans en avoir les moyens. Ce sont donc les régions qui ont dû payer. » Alain Rousset, le président de la Nouvelle-Aquitaine, peste contre un devis établi par la SNCF pour la réfection du tronçon Libourne-Périgueux. « En un an, ce devis est passé de 45 à 80 millions. Et, en plus, la région va devoir faire l’avance de la part que doit l’Etat. » Quel pingre !

Au total, selon l’expert qui se confie au « Canard », l’an dernier, l’Etat a déboursé 2,2 milliards pour les transports en régions, alors qu’aux termes des contrats qu’il a signés avec les conseils régionaux pour l’entretien des petites lignes, il aurait dû verser 3 milliards. « Bercy freine », râle ce même expert.

Arrêt Pepy

Sans attendre l’ordonnance Macron sur l’ouverture au privé, plusieurs régions affichent leur volonté de renégocier les contrats avec la SNCF. Laurent Wauquiez s’est même offert un coup de com’ en annonçant la prochaine prise de contrôle d’une ligne d’Auvergne-Rhône-Alpes par le conseil régional puis le transfert de sa gestion au secteur privé.

Il s’agit d’une petite ligne touristique d’une quarantaine de kilomètres, Saint-Gervais-Vallorcine, en passant par Chamonix, qui est bondée pendant les vacances. Le plus nul des patrons ne réussirait pas à la mettre en faillite. Mais Wauquiez a montré ses muscles.

La région Sud (ex-Paca) va, elle, lancer un appel d’offres « blanc ». Il s’agit, là encore, d’un coup de com’ destiné à montrer que la privatisation, ça marche. Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, et l’italien Thello sont priés de faire des propo- sitions. Objectif : faire peur à la SNCF pour qu’elle réduise sa facture. Pepy doit être terrorisé.

Oui, c'est la bonne vieille stratégie habituelle : on assèche financièrement tout en demandant de nouveaux produits ou services, puis on fait constater que "le public, ça ne fonctionne pas et ça coûte cher" alors que ce coût élevé provient de la non mutualisation et de l'écart entre investissement et besoins exprimés, puis on vend à prix cassé au privé qui n'améliore pas la qualité du service mais se contente de le maintenir dans son état actuel voire de supprimer les produits et services non rentables tout en encaissant les bénéfices issus de la vente à prix cassé, des subventions et de techniques de gestion des salarié⋅e⋅s inhumaines. Au final, l'usager⋅e perd en confort voire il voit sa ligne être supprimée, le⋅a citoyen⋅ne perd un service public et les conditions de travail de plusieurs milliers de personnes deviennent invivables. Bien joué.

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

Unédic : le DSI était un fraudeur… à l’assurance chômage - GuiGui's Show

Selon nos confrères, l’affaire a été découverte en novembre 2013 par… les subordonnés même du DSI. Lors d’une consultation du fichier Aude (Application unique de la demande d’emploi, le fichier recensant tous les chômeurs indemnisés), un informaticien serait en effet tombé sur le nom de son patron. En octobre 2013, plus d’un an après son embauche, ce dernier touchait encore près de 5 000 euros d’indemnités chômage. Nos confrères expliquent que le DSI prétendait en effet effectuer un emploi à temps partiel au sein de l’Unédic : moins de 15 heures ne lui rapportant que 1 050 euros par mois.

[...]

Si Pierre Lachaize a depuis été mis à pied, puis licencié en toute discrétion (via une rupture conventionnelle qui a tout de même couté 160 000 euros à l’Unédic… ouvrant droit à des indemnités chômage), le lanceur d’alerte – l’informaticien qui a découvert le pot aux roses – a, lui, été également remercié par l’organisme. Et de façon sèche, selon le Canard enchaîné. La raison ? Selon la direction de l’Unédic, cet informaticien « n’avait pas fait une demande de consultation du fichier à sa hiérarchie » ! Ce salarié plaidera sa cause le 21 mars prochain devant les Prud’hommes. »

Et voilà... Pas de rupture conventionnelle à 160 k€ pour le salarié lanceur d'alerte mais un licenciement en bonne et due forme... Ce n'est jamais ceux et celles qui magouillent qui tombent mais ceux et celles qui mettent le doigt sur le dysfonctionnement. Après tout, ces dernier-e-s empêchent le monde de tourner rond donc ils/elles l'ont bien mérité, non ? (ironie).

Le Canard enchaîné a été définitivement condamné en diffamation par un arrêt de la Cour d'appel de Paris du 20 décembre 2017 pour cette info donc je corrige ici aussi :

  • Oui, l'ex-DSI de l'Unedic voulait savoir comment se comportait le traitement automatisé des chômages partiels en ayant en tête des stats tendant à montrer que cette catégorie de chômeur⋅euse⋅s concentre pas mal d'erreurs ;

  • Oui, sa direction n'a jamais autorisé la création de comptes de test, d'où l'ex-DSI a utilisé son compte personnel Pôle Emploi ;

  • Oui, il a fait ça durant un mois, un seul mois et il a remboursé l'allocation perçue. Ce n'était donc pas une arnaque sur plusieurs mois, mais un simple test d'informaticien consciencieux. C'est sur ce point que la Cour a condamné le Canard enchaîné : la temporalité ;

  • Oui, sa direction n'a pas apprécié d'avoir été contournée (cf deuxième point) et a engagé une procédure de licenciement. Pierre Lachaize ayant menacé d'alerter la CNIL du mauvais usage du fichier Aude (fichier de Pôle Emploi qui regroupe les données sur les demandeur⋅euse⋅s d'emploi) effectué par l'un⋅e ou plusieurs de ses subordonné⋅e⋅s afin de balancer son cas à Pôle Emploi, le licenciement devient une rupture conventionnelle.

Plus d'infos : Pierre Lachaize, ex-DSI de l’Unédic : « Je ne suis pas un fraudeur » chez Silicon.

Dessin : Améliorer le service

‒ Est-ce que, si on lui retire le statut de cheminot, les trains arriveront à l'heure ?
‒ Il faut tenter le coup…

Je trouve que ce dessin, publié dans le Canard enchaîné du 21 février 2018 résume bien les choses : expliquer que le salut économique de la SNCF viendra de la suppression du statut des cheminots, c'est désigner un bouc émissaire du genre "moi pas content que mon train n'arrive pas à l'heure donc je vais me soulager en grognant, en rabaissant, en ayant de mauvaises intentions envers une personne ou un corps de métier".

Soit on vise plus d'égalité dans la société et alors on supprime tous les régimes spéciaux et tous les privilèges, notamment ceux des élu⋅e⋅s, soit on vise une remise à flot de la SNCF donc on s'attaque aux vraies causes du déficit structurel de ce service public (gaspillages, désengagement de l'état, obligation d'ouverture à la concurrence, etc.) plutôt que de jeter des boucs émissaires en pâture dans les médias dans le but assumé de faire monter la tension entre les citoyen⋅ne⋅s

Les tablettes de la loi

La police chinoise modernise la chasse au faciès, grâce à de nouvelles « lunettes de soleil à reconnaissance faciale, connectées à des tablettes recensant 10 000 personnes suspectêes de délits et de crimes », rapporte « Le Point » (15/2), qui explique : « Quand un policier croise le regard de l'une d’entre elles, il reçoit une notification en un dixième de seconde. »

Prochaine étape : commander un drone et pulvériser le suspect.

+1… Triste monde…

Dans le Canard enchaîné du 21 février 2018.

Salaire protégé à la Société protectrice des animaux

Directeur de la SPA entre 2014 et 2016, Jean-Benoît Sangnier n’avait pas qu’un os à ronger. A l’époque, l’association avait rigoureusement démenti le montant de son salaire « secret-défense », publié dans un article du « Canard » (21/5/14)… et qui vient d’être confirmé devant la justice.

Viré il y a deux ans, Sangnier a saisi les prud’hommes. Et, lors d’une discrète audience, qui s’est tenue le 8 février, ses rémunérations ont été divulguées et ont laissé le tribunal pantois : en plus d’un salaire fixe annuel de 90 000 euros, porté ensuite à 110 000 euros, la SPA lui avait accordé, grâce à un montage, un bonus annuel de « 35 000 euros minimum », selon l’avocate de Sangnier — en 2014, il s’est même élevé à 47 000 euros. Pas vraiment 3un salaire chihuahua : après de savants calculs, le président des prud’hommes de Paris a estimé que la rémunération moyenne de Sangnier avait été de 12 083 euros brut par mois. L’ami des animaux savait se payer sur la bête !

Ainsi, le bougre réclamait des fortunes d’indemnités à la SPA, dont le budget est costaud comme un saint-bernard {45 millions d’euros de recettes par an) : pas moins de 290 000 euros de préjudice matériel ainsi que 145 000 euros de préjudice moral. Soit 435 000 euros en tout. Commentaire du président des prud’hommes : « Je n’ai jamais vu ça en trente ans. »

Il a mal regardé alors : 45 millions d'euros de préjudice moral avait été octroyé à Bernard Tapie, ne l'oublions pas.


Las ! le tribunal a finalement condamné la SPA a verser 141 000 euros à son ancien dirlo. Autant d’argent en moins pour nos amies les bêtes.

Les 162 000 donateurs de la SPA apprécieront…

Les gens comme ce directeur n'ont aucune décence… Un tel salaire pour de l'associatif… Il en va de même pour les personnes qui accordent ce genre de salaire ! De même, comment le salaire d'un dirigeant d'association pouvait-il être secret, c'est-à-dire ignoré de l'assemblée générale de l'association ?!

Je ne crache pas sur l'indemnité accordée par le tribunal : elle est forcément indexée sur le salaire, l'ancienneté, tout ça. Le tribunal n'a pas eu d'autre choix que de tenir compte de tout cela. La faute se situe en amont.

En tout cas, je comprends mieux pour quoi certains refuges de la SPA sont en manque de thune et pour quoi la SPA n'arrive pas à traiter tous les signalements qui lui parviennent… Rien que le salaire du patron, c'est 6 salarié⋅e⋅s de plus, alors si l'on prend en compte les autres gabegies potentielles…

Dans le Canard enchaîné du 21 février 2018.

Les chinoiserîes d’Apple

La firme à la pomme est prête à tout pour conserver son deuxième plus gros marché derrière les Etats-Unis : la Chine. Apple a cédé aux exigences du gouvernement de Pékin et va stocker en Chine (et non plus aux Etats—Unis) les clés des comptes iCloud de ses clients chinois (« Le Figaro », 27/2).

Les autorités chinoises pourront dès lors utiliser leur propre système juridique - particulièrement peu respectueux des libertés individuelles — pour demander à l’entreprise de leur communiquer les documents, données, vidéos, photos, etc., stockés par des Chinois dans le cloud. Selon le PC, il s’agit de lutter contre le terrorisme Les disidents ont leur idée sur la question…

Apple est un récidiviste en la matière : à la demande de Pékin, il avait déjà retiré l’application Skype et près de 670 autres permettant de naviguer sur des sites bloqués par la censure.

« Think different » (« pensez autrement »), le slogan libertaire d’Apple, n’est apparemment pas de mise pour les internautes de Chine…

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

Le silence vaut accord et emmerdements

Ah, l'accord tacite, quelle belle idée ! La loi du 12 novembre 2013, pondue sous Hollande et vantée par Macron, pose pour principe que « silence vaut accord ». Si l’administration ne répond pas dans les délais à une demande, c’est qu’elle donne son aval. Un particulier sollicite une autorisation de pêche à pied ? Si au bout de quatre mois la préfecture n’a pas répondu, il peut aller taquiner la palourde. Un promoteur veut défricher ? Si le préfet ne réagit pas à sa demande dans les deux mois, il peut sortir sa tronçonneuse. Ultra-simple.

Le 10 septembre dernier, Sources et rivières du Limousin, association de protection de l’environnement, fait une demande de renouvellement pour son agrément de « représentativité » (article L141-3 du Code de l’environnement) auprès de la préfecture de Haute-Vienne. Cet agrément, valable cinq ans, permet aux associations écolos qui en bénéficient de siéger dans les instances consultatives, de type conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques ou commission départementale de la chasse et de la faune sauvage… Au bout de quatre mois, pas de réponse. Qui ne dit mot consent ? Antoine Gatet, juriste de Sources et rivières du Limousin, veut s’en assurer. Dans un mail (17/1), la préfecture lui confirme que l’agrément « a été accordé de manière tacite ». Merveilleux ! Mais il y a un léger problème : « Quand on a un agrément, pour bénéficier de ses avantages, il faut pouvoir prouver qu’on l’a. » On doit donc décrocher un papier certifiant qu’on l’a, cet agrément. Et ce d’autant plus que, selon l’article R141—15 du Code de l’environnement, si l’association ne reçoit pas son agrément dans les six mois, c’est que celui—ci est refusé. Oups !

Heureusement, le législateur a tout prévu : selon l’article L232-3 du Code des relations entre le public et l’administration, il est tout à fait possible d’obtenir une chose délicieuse appelée « attestation de formation de décision implicite d’acceptation » (sic). L’association l’a obtenue le 6 février. Antoine Gatet soupire : « Avant, on envoyait un dossier et, en trois mois, on obtenait un agrément. Maintenant, il faut faire un dossier, au bout de quatre mois demander une confirmation d’accord tacite, puis une attestation écrite de formation de décision implicite d’acceptation ! »

La simplification est en marche…

LOL. :))))

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

Le bétail carbure aux bactéries transgéniques

« Il n'y aura jamais de bœuf aux hormones en France. » Macron l'a dit urbi et orbi devant un millier d'agriculteurs conviés, la semaine ernière, à ripailler à l'Elysée. L'Europe s'opposera à l’importation de barbaque shootée aux stéroïdes. Bravo ! Sauf que ce serait bien de balayer aussi devant notre porte. Deux jours avant le Salon de l'agriculture, on découvrait que la Répression des fraudes avait trouvé dans des aliments pour bovins, cochons et saumons des OGM interdits (« Le Monde », 20/ 2). Cette fois, il ne s'agit pas de tourteaux de soja mais de bactéries !

Mais pourquoi diantre mettre des bactéries dans la gamelle ? En fait l’Europe ne produit pas assez de protéines végétales pour son cheptel, ce qui l’oblige à importer massivement des tourteaux de soja d'Amérique. Or les protéines sont le carburant indispensable qui dope la production de viande et de lait.

C’est d'ailleurs pour tenter de réduire cette dépendance que l'Union européenne avait eu la riche idée d incorporer dans le menu des vaches, des porcs et des volailles, les fameuses « farines de viandes et d'os », fabriquées a partir des déchets récupérés dans les équarrissages et lies abattoirs. La suite, on la connaît. Les ruminants devenus cannibales ont développé la maladie de la vache folle et il a fallu leur interdire fissa les farines animales.

D'où cette trouvaille de génie : réduire la quantité de protéines végétales dans les rations, en compensant la perte de productivité par des acides aminés synthétisés a l'aide de bactéries, qui vont augmenter la performance. En clair, pour une même guantité d'aliments consommée, l'animal produit plus de viande ou de lait. Ce que les éleveurs appellent l’« indice de conversion ».

Et comme il n'y a pas de petits profits, ces bactéries, une fois qu’elles ont fait le boulot, sont zigouillées puis utilisées par l'agroalimentaire comme source de protéines bon marché pour les animaux d'élevage. Le numéro 1 mondial des additifs pour bétail, le japonais Ajinomoto, vient ainsi e se taire taper sur les doigts, pour avoir vendu des bactéries transgéniques produites dans l’une de ses usines en France, alors que le groupe n'avait pas encore reçu le feu vert de l'UE.

Il était sûrement « aminé » de très bonnes intentions…

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

Du vent dans les voiles

La vidéo est devenue virale : le 22 février, une jeune iranienne s’est de nouveau juchée sur une armoire électrique, en plein centre de Téhéran, et a ôté son hijab pour protester contre le port obligatoire du voile. Accusée de « perturber l’ordre public », elle a été delogée par le coup de pied d’un policier monté dans un arbre voisin et s’est blessée au genou en tombant. Elle est, depuis, incarcérée dans la sinistre prison d’Evin…

Depuis que Vida Movahed a lancé ce mouvement de protestation publique, le 27 décembre, 30 jeunes femmes ont courageusement suivi son exemple. Mais le gouvernement iranien entend désormais sévir plus durement, ajoutant au chef de comportement « haram » le chef d’« encouragement à la corruption », passible de 10 ans de prison, depuis l’arrestation de Narges Hosseini, le 29 janvier, dont la famille a, en outre, dû débourser une caution de 10 000 euros…

Haut les cœurs et « bas les voiles ! », comme disait l’autre.

GG et respect, mesdames.

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

La course à pied nuit gravement aux espions

Lorsqu’ils pratiquent le jogging avec un appareil muni d’un GPS, les agents de la DGSE sont repérables. Et très facilement identifiables !

Avec une simple application gratuite pour Smartphone réservée aux adeptes du jogging, il est possible d’identifier puis de suivre à la trace plusieurs agents de la DGSE. Un comble pour « la Piscine », royaume du secret et de la parano ! De la même manière, un étudiant australien avait localisé, le 29 janvier, des bases militaires de l’armée américaine et française.

Joggeur à fausse barbe

L’application Strava permet aux fondus de course à pied ayant activé la fonction GPS de leur montre ou de leur portable de suivre, au jour le jour, l’évolution de leurs performances. En restant parfaitement localisables ! Il y a trois semaines, à la suite des révélations australiennes, le ministère de la Défense avait rappelé à tous les pioupious français l’impérieuse nécessité de « désactiver les fonctions de géolocalisation » de leur Smartphone et autres gadgets électroniques.

Avertissement entendu ? Pas du tout. Certains de nos espions sont benoîtement restés branchés sur Strava. Vu les tracés cartographiques ultra-précis de l’application, il était alors facile de repérer des joggeurs qui, le midi, quittaient et regagnaient en petites foulées des sites appartenant à la DGSE. Ensuite, en se fondant sur les « pseudos » utilisés par ces espions pour s’inscrire sur Strava, retrouver leur véritable identité n’était plus qu’un jeu d’enfant…

Explication : dans leur application, les agents archivent non seulement les temps et parcours de leurs footings quotidiens mais aussi les chronos accomplis lors de compétitions officielles, de type marathon de Paris. Sauf que les performances réalisées à l’occasion de ces épreuves sont disponibles sur Internet, avec les nom, date de naissance et photos des participants ! Dès lors, il suffit de les comparer à celles des pseudos (en ligne sur Strava) pour mettre un patronyme et un visage sur les sobriquets de ces fins espions. Ce n’est plus « Le bureau des légendes », mais « OSS 117 »…

Une fois l’identité du coureur connue, l’exploration des réseaux sociaux peut permettre de reconstituer tout ou partie de l’environnement amical, familial et professionnel de ces gaillards et gaillardes émergeant à la DGSE. Tel cet agent qui a pris comme couverture le nom d’un personnage de dessin animé et qui, depuis deux ans, met malgré lui sa vie en vitrine.

Le 26 décembre 2015, notre champion étrenne son cadeau de Noël, reçu la veille : une jolie toquante avec GPS intégré, connectée à Strava. L’appli affiche ses parcours autour du domicile de sa mère, lors des réveillons 2015, 2016 et 2017. Elle détaille aussi ses petites foulées encerclant le fort de Noisy-le-Sec (Seine-Saint—Denis), siège du Service action de la DGSE. Ses joggings du week-end, eux, trahissent l’adresse de son domicile francilien. Sa page Facebook, ouverte à son nom, est discrète mais interagit très régulièrement avec un autre compte : celui de sa femme, un peu moins discrète.

C’est rageant de renseignements !

Le pompon, c’est que notre agent active aussi son appli Strava quand il se trouve en mission. Ainsi, un mois durant, sa planque dans un bâtiment en Irak était aisément géolocalisable

La DGSE, contactée par « Le Canard » au sujet de ces trouvailles, ne lui a pas répondu. Mais elle aura sans doute pris le temps — on l’espère pour elle, et pour eux — de protéger un peu mieux ses agents. Parmi la joyeuse troupe de joggeurs à fausse barbe, certains se dégourdissent les jambes à Quélern, la base d’entraînement des nageurs de combat, ou encore au centre radioélectrique de Saint-Christol d’Albion, l’une des plus importantes stations d’écoute aménagées en France par les grandes oreilles.

Il est même possible, grâce à Strava, de géolocaliser une station d’écoute française en Afrique et, sur un autre continent, une base militaire dont l’emplacement précis est classé top secret.

Dire que, dans le budget 2018, les crédits de fonctionnement de la DGSE ont augmenté de presque 20 % ! Parmi les justifications invoquées, la difficulté croissante à garantir l’anonymat des agents.

Pour la discrétion, en tout cas, certains espions français peuvent toujours courir…

Rigolo. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est l'existence de tout un tas d'applications pour ordinateur de poche (smartphone) qui tracent leurs utilisateur⋅rice⋅s à leur insue. Quand tu utilises une application qui affiche tes parcours sportifs, tu te doutes bien que t'es localisable, sinon tu ne verrais pas le tracé de ton parcours… Quand tu utilises l'application d'un journal ou celle de ta banque (pourquoi veut-elle accéder à la caméra ? :O), tu t'attends beaucoup moins à être localisable… Solutions : 1) ne pas installer n'importe quelle application, surtout quand tu peux faire ce qu'elle propose via le site web habituel (comme consulter ton compte bancaire, par exemple) ; 2) se plaindre auprès des sociétés qui proposent ces applications fliquées à leurs client⋅e⋅s !

Dans le Canard enchaîné du 21 février 2018.

Dégraissages dans la loi et la bonne humeur

Les ordonnances Macron, ça marche déjà ! Quelques semaines après sa parution au JO, le 27 décembre, le texte autorisant les entreprises à recourir à des ruptures conventionnelles collectives fait un carton. En Ile-de-France, la Direction des entreprises et du travail a dénombré une bonne douzaine de boîtes ayant conclu un accord permettant un dégraissage « indolore ».

Au total, plus de 4 000 salariés vont être poussés vers la sortie grâce à cette brillante trouvaille sociale. Laquelle, sous réserve d’un accord majoritaire avec les syndicats, dispense les employeurs d’élaborer un plan de licenciements. Volontaires ou jetés dehors, ils sont directement inscrits à Pôle emploi et touchent les allocations de chômage.

La Société générale a decaissé la première : plus de 2 000 employés sur un total de 40 000 vont se retrouver dans le rouge. Le groupe Peugeot a embrayé grâce à l’accord de FO et de la CFE-CGC avec la direction. « Le Figaro », « Les Inrocks » et IBM, dernier en date, ont suivi. Même le célèbre Office chérifien des phosphates (devenu « OCO ») envisage d’alléger ses effectifs français avec, bien sûr, le blanc-seing des syndicats. Externaliser les ennuis pour royaliser les bénéfices… Mohammed VI peut dire merci à Emmanuel Ier.

Ha ouais, que des PME au bord de l'asphyxie… Je croyais pourtant que c'était elles que ces magnifiques ordonnances (comme les précédentes réformes du Code du taff) devaient aider. Nos élu⋅e⋅s m'auraient donc menti ?! :O


Une autre macronade est passée incognito dans les soutes de l’ordonnance 6, officiellement destinée à opérer des « ajustements techniques » entre les cinq premières. Un amendement à la loi d’habilitation de cette ordonnance adoptée par le Sénat, mercredi 14 février, permet aux employeurs d’imposer aux cadres un « forfait jour », que ces derniers doivent accepter, sous peine de licenciement.

L’heure des leurres

Quêsaco ? Un dispositif aux termes duquel le cadre touchera le même salaire quel que soit son temps de travail. Finis les versements d’heures sup, les récup et, surtout, les kyrielles de plaintes à l’Inspection du travail et aux prud’hommes. Pour les pa- trons voyous. c’est la fête. Le salarié rétif sera considéré ipso facto comme démissionnaire. François Hommeril, président de la CFE-CGC, s’en étrangle : « On nous avait annoncé de simples ajustements, et on nous balance un coup bas. C’est dur, de faire confiance à des gens qui vous mentent. »

Touchante, cette candeur syndicale…

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

Démission, piège à cons ?

C'était l'une des promesses phares de Macron durant la campagne présidentielle : l’ouverture des droits à l’assurance-chômage aux salariés démissionnaires. « Ce droit ne sera utilisable qu’une fois tous les cinq ans », était-il précisé dans le programme du candidat. Mais il s’agissait là de la seule limite fixée par Macron à l’application de la mesure.

Si un accord de principe a bien été trouvé, le 22 février, entre les partenaires sociaux sur la réforme de l’assurance-chômage, il ne s’est pas fait sans une réduction comme peau de chagrin de la promesse macronienne. Une promesse dont beaucoup, lors de la campagne présidentielle, avaient déjà souligné le coût exorbitant.

Les conditions pour pouvoir bénéficier de l’assurance-chômage en cas de démission apparaissent désormais draconiennes. Pour être éligible à la mesure, il faudra justifier d’une ancienneté minimale « ininterrompue » de sept ans dans son emploi et présenter un projet de reconversion qui réponde aux « besoins du marché du travail », dont le caractère « réel et sérieux » devra être validé par « une commission paritaire régionale ». Pôle emploi s’assurera ensuite de la mise en œuvre dudit projet, à travers une procédure à la complexité digne d’une usine à gaz.

Et ce n’est pas tout : la mise en œuvre de l’engagement du candidat Macron ne devra pas coûter à l’assurance-chômage plus de 180 millions par an. Sachant que l’Unedic avait estimé le coût de cette mesure entre 140 et 680 millions en fonction des critères retenus, les partenaires sociaux ont donc opté pour la promesse à deux balles.

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

L’effeuille morte

L'ambiance s’est sacrément refroidie dans les funérariums chinois. Le gouvernement de Pékin vient de prendre des mesures radicales pour interdire les strip-teases qui viennent égayer… les enterrements (si, si !). Ces séances d’effeuillage, qui ont cours dans plusieurs régions rurales, étaient commandées comme « produit d’appel » pour attirer un maximum de monde dans les céré— monies funéraires, histoire d’« honorer » le défunt — à défaut de l’émoustiller — et de montrer la puissance de la famille éplorée…

« Les femmes vêtues de façon sexy et exhibant leur corps devant un écran affichant un portrait en noir et blanc du défunt avec un texte intitulé : “Nous offrons de sincères condoléances pour la mort de cet homme” font maintenant partie intégrante des funérailles », se lamente le « Global Times » (20/2), quotidien en langue anglaise du Parti communiste. Mais, à la fin février, le ministère chinois de la Culture a sifflé la fin des réjouissances et violemment dénoncé ces « performances obscènes et vulgaires [qui viennent] corrompre l’atmosphère sociale ».

Dans la foulée, les autorités ont annoncé leur intention de « punir sévèrement » les contrevenants. Mais les villageois concernés semblent n’avoir rien à battre de ces menaces. Et le « Global Times » de résumer le sentiment des campagnards : « Tant que tout le monde est heureux comme ça, tout va bien. » Vu de cette manière…

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

Ne Mélenchon pas tout

Complotistes de tous les bords, unissez-vous ! Jean-Luc Mélenchon, l’intraitable leader de La France insoumise (Lfl), prend furieusement la défense de Laurent Wauquiez, après la fuite dans la presse des propos flingueurs de ce dernier devant les étudiants de l’EM Lyon. Car les patrons de LR et Lfl ont un adversaire commun : le « parti médiatique », qui fait, comme de bien entendu, le jeu de Macron… De quoi réconcilier ces deux ennemis de classe !

Sur son blog « L’ère du peuple » (26/2) , Méluche vocifère donc contre la « pauvre cloche de journaliste à la manœuvre » qui a osé sortir le flingage en douce de tous ses petits camarades par Wauquiez. Et il se félicite que le patron des Républicains, en conflrmant ses propos sur BFMTV, ait « fortiflé son autorité » et se soit « débarrassé d’une nouvelle poignée de traîtres ». Attention, Lolo, il cherche à t’emmélenchonner !

A cette occasion, Méluche en remet une salve contre l’« équipe de bras cassés » de Radio France qui, sur demande de sa direction, bien sûr, a osé confirmer les dérives financières de sa campagne présidentielle. Et de dénoncer plus généralement les nuisances de la « CIA médiatique » : « Le métier [des journalistes], c’est d’empêcher les gens de penser et de les maintenir en rang dans le troupeau. » Autrement dit, « de détruire tous les autres “émetteurs” de pensée : parti, syndicat, autorité morale », etc.

Le fait est que la Commission des comptes de campagne a recalé 435 000 euros sur 10,7 millions de frais présentés par l’équipe présidentielle de Mélenchon. Tandis qu’un enquêteur, qui a démissionné, juge, lui, que 1,45 million de dépenses n’aurait pas dû être remboursé

Selon « Le Parisien » (26/2), qui reprend l’enquête, l’équipe du candidat LFI n’a versé en salaires que 8 000 euros en tout et pour tout (1,7 million chez Macron !), mais il a abusé du statut d’autoentrepreneur, que Mélenchon dénonçait pourtant comme de l’« auto-esclavage » ! Le porte—parole de campagne Alexis Corbière a facturé ses passages télé aux frais du contribuable… L’association ad hoc L’ère du peuple a refacturé 263 000 euros au mandataire financier de la campagne des « prestations intellectuelles » réglées 59 000 euros aux intervenants… Ou encore l’agence Mediascop — dont l’actionnaire unique est Sophia Chikirou, la dircom’ de Mélenchon — a empoché 1,16 million d’euros, dont une partie nettement surfacturée par rapport à sa propre grille tarifaire…

On comprend mieux, dès lors, cet adage de Mélenchon : « La haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine. » D’ailleurs , Le Média (unique), la chaine de Mélenchon sur Internet, qui est précisément dirigée par Chikirou, vient logiquement de se séparer de sa présentatrice Aude Rossigneux. Laquelle avait notamment pour défaut d’être journaliste…

Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.

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