« Il n'y aura jamais de bœuf aux hormones en France. » Macron l'a dit urbi et orbi devant un millier d'agriculteurs conviés, la semaine ernière, à ripailler à l'Elysée. L'Europe s'opposera à l’importation de barbaque shootée aux stéroïdes. Bravo ! Sauf que ce serait bien de balayer aussi devant notre porte. Deux jours avant le Salon de l'agriculture, on découvrait que la Répression des fraudes avait trouvé dans des aliments pour bovins, cochons et saumons des OGM interdits (« Le Monde », 20/ 2). Cette fois, il ne s'agit pas de tourteaux de soja mais de bactéries !
Mais pourquoi diantre mettre des bactéries dans la gamelle ? En fait l’Europe ne produit pas assez de protéines végétales pour son cheptel, ce qui l’oblige à importer massivement des tourteaux de soja d'Amérique. Or les protéines sont le carburant indispensable qui dope la production de viande et de lait.
C’est d'ailleurs pour tenter de réduire cette dépendance que l'Union européenne avait eu la riche idée d incorporer dans le menu des vaches, des porcs et des volailles, les fameuses « farines de viandes et d'os », fabriquées a partir des déchets récupérés dans les équarrissages et lies abattoirs. La suite, on la connaît. Les ruminants devenus cannibales ont développé la maladie de la vache folle et il a fallu leur interdire fissa les farines animales.
D'où cette trouvaille de génie : réduire la quantité de protéines végétales dans les rations, en compensant la perte de productivité par des acides aminés synthétisés a l'aide de bactéries, qui vont augmenter la performance. En clair, pour une même guantité d'aliments consommée, l'animal produit plus de viande ou de lait. Ce que les éleveurs appellent l’« indice de conversion ».
Et comme il n'y a pas de petits profits, ces bactéries, une fois qu’elles ont fait le boulot, sont zigouillées puis utilisées par l'agroalimentaire comme source de protéines bon marché pour les animaux d'élevage. Le numéro 1 mondial des additifs pour bétail, le japonais Ajinomoto, vient ainsi e se taire taper sur les doigts, pour avoir vendu des bactéries transgéniques produites dans l’une de ses usines en France, alors que le groupe n'avait pas encore reçu le feu vert de l'UE.
Il était sûrement « aminé » de très bonnes intentions…
Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.