Les ordonnances Macron, ça marche déjà ! Quelques semaines après sa parution au JO, le 27 décembre, le texte autorisant les entreprises à recourir à des ruptures conventionnelles collectives fait un carton. En Ile-de-France, la Direction des entreprises et du travail a dénombré une bonne douzaine de boîtes ayant conclu un accord permettant un dégraissage « indolore ».
Au total, plus de 4 000 salariés vont être poussés vers la sortie grâce à cette brillante trouvaille sociale. Laquelle, sous réserve d’un accord majoritaire avec les syndicats, dispense les employeurs d’élaborer un plan de licenciements. Volontaires ou jetés dehors, ils sont directement inscrits à Pôle emploi et touchent les allocations de chômage.
La Société générale a decaissé la première : plus de 2 000 employés sur un total de 40 000 vont se retrouver dans le rouge. Le groupe Peugeot a embrayé grâce à l’accord de FO et de la CFE-CGC avec la direction. « Le Figaro », « Les Inrocks » et IBM, dernier en date, ont suivi. Même le célèbre Office chérifien des phosphates (devenu « OCO ») envisage d’alléger ses effectifs français avec, bien sûr, le blanc-seing des syndicats. Externaliser les ennuis pour royaliser les bénéfices… Mohammed VI peut dire merci à Emmanuel Ier.
Ha ouais, que des PME au bord de l'asphyxie… Je croyais pourtant que c'était elles que ces magnifiques ordonnances (comme les précédentes réformes du Code du taff) devaient aider. Nos élu⋅e⋅s m'auraient donc menti ?! :O
Une autre macronade est passée incognito dans les soutes de l’ordonnance 6, officiellement destinée à opérer des « ajustements techniques » entre les cinq premières. Un amendement à la loi d’habilitation de cette ordonnance adoptée par le Sénat, mercredi 14 février, permet aux employeurs d’imposer aux cadres un « forfait jour », que ces derniers doivent accepter, sous peine de licenciement.
L’heure des leurres
Quêsaco ? Un dispositif aux termes duquel le cadre touchera le même salaire quel que soit son temps de travail. Finis les versements d’heures sup, les récup et, surtout, les kyrielles de plaintes à l’Inspection du travail et aux prud’hommes. Pour les pa- trons voyous. c’est la fête. Le salarié rétif sera considéré ipso facto comme démissionnaire. François Hommeril, président de la CFE-CGC, s’en étrangle : « On nous avait annoncé de simples ajustements, et on nous balance un coup bas. C’est dur, de faire confiance à des gens qui vous mentent. »
Touchante, cette candeur syndicale…
Dans le Canard enchaîné du 28 février 2018.