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——————————— Sunday 13, October 2019 ———————————

Consultation publique sur un projet de décret et un projet d'arrêté relatifs aux mesures de protection des personnes lors de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques à proximité des zones d'habitation - Les consultations publiques du ministère de la Transition écologique et solidaire

Une consultation publique sur la distance minimale entre des zones habitées et l'épandage de pesticides. Publiée le 9 septembre, pour une durée de 3 semaines et demi.

Qui en a entendu parler ?

Une consultation de 3 semaines en septembre, pile quand tout le monde a autre chose à faire et est en surcharge d'informations (reprise du boulot, rentrée scolaire, rentrée médiatico-politicienne, etc.).

Ça permet de s'assurer que seuls les lobbies des filières industrielles concernées et les écolos radicaux répondront car ils ont des salariés rémunérés pour répondre à ce genre de choses. Je ne suis pas sûr que ça débouche sur un juste milieu.

Du coup, la messe est dite : on aura de l'épandage de pesticides à 3, 5, 10 mètres des habitations / lieux publics (genre une école) avec des chartes à la con non contraignantes pour régir tout ça. C'est beau.

Bref, « la démocratie, c'est cause toujours ! », comme disait Coluche.

Les petites mains d‘Apple avaient de grandes oreilles

Apple transmet des enregistrements audios réalisés par Siri (iPhone, HomePod, iWatch, etc.), la liste des contacts et la localisation de ses clients à des sous-traitants polonais précaires. Évidemment, c'est uniquement pour améliorer le service rendu à l'utilisateur en augmentant la compréhension de Siri, Apple le jure, donc c'est forcément vrai. Évidemment, un nombre « élevé » d'enregistrements a lieu sans que l'utilisateur prononce la phrase d'activation « Dis Siri », donc des parties de jambes en l'air, des rendez-vous chez le médecin ou chez l'avocat sont enregistrés et écoutés par des oreilles bien humaines. L'occasion de rappeler que tous les géants du numérique précédent de la même façon.


Formidables GAFA, qui se font prendre à mentir les uns après les autres… Facebook vient de reconnaître avoir enregistré des conversations d’usagers sur son application Messenger et avoir payé des sous-traitants pour les retranscrire, histoire d’optimiser le ciblage publicitaire. Un aveu qui survient juste un an après que son patron, Mark Zuckerberg, a juré le contraire — sous serment — devant le Congrès américain.

Avant le flagrant délit de pipeautage de Facebook, deux autres géants du numérique, Google et Amazon, avaient déjà dû faire amende honorable pour un motif similaire.

Amazon :



Google :



Le Canard ne le mentionne pas, mais Microsoft est aussi de la partie :



Évidemment, ça part d'un bon sentiment (améliorer le service fourni), mais, bizarrement, aucune de ces sociétés commerciales prévoit ses faits dans ses conditions d'utilisation, ce qui est totalement illégal dans l'Union européenne (et en France depuis 1978…). Sans compter que l'enfer est pavé de bonnes intentions.



On ajoute à tout ça que 150 sociétés commerciales dealaient les données personnelles (coordonnées, liste d'""""amis"""") des utilisateurs de Facebook et de leurs """"amis"""" sans leur consentement. Le Canard l'évoquait fin 2018 dans son hors série dédiée à la vie privée, mais j'apprend ici qu'on passe de 60 sociétés commerciales impliquées à 150. Tranquillou…

Tout cela est connu des militants depuis fin 2017 - début 2018, mais bon… Sans compter les travaux antérieurs du sociologue Antonio Casilli qui montrent que l'expression « intelligence artificielle » masque en réalité un ensemble de petits boulots précaires effectués par des humains : modérer des contenus, affiner la compréhension d'un assistant vocal, valider des captchas, exécuter des actions diverses (comme trier des photos, mais ça va bien plus loin avec Amazon Mechanical Turk), etc.



Évidemment, tout cela est une toute petite sélection des abus récurrents des géants du numérique en matière de vie privée. On pourrait aussi parler de la dangereuse modération des contenus par ces acteurs privés plutôt que par des juges, de l'impact des financements de nos journaux par ces acteurs (Fond Google pour l'innovation de la presse, fond Facebook pour lutter contre les fake news (voir aussi), fond Facebook pour produire des contenus) ainsi que de leur non-respect des règles communes comme le droit du travail (tout ce travail précaire d'analyse des conversations, les conditions de travail dans les entrepôts d'Amazon), le droit du commerce (monopole, éviction de toute concurrence, etc.) et la fiscalité (elle est une composante de la souveraineté, sans thune, tes convictions ne vont jamais loin).



Merci à SebSauvage d'avoir pris le temps de faire une liste des abus des géants du numérique.


Il y a moins d’un mois, Apple s’est retrouvé à son tour sous le feu des projecteurs. « El Pais » puis « The Guardian » ont révélé, grâce à un lanceur d’alerte anonyme, que la multinationale enregistrait les utilisateurs de Siri pour les faire écouter par des sous-traitants, au prétexte d’améliorer son assistant vocal.

Une très mauvaise pub pour la marque à la pomme, qui a fait du respect de la vie privée l’un de ses arguments de vente. Apple a aussitôt annoncé qu’il suspendait son programme. Et juré que les enregistrements anonymisés puis transmis aux sous-traitants ne concernaient que 1 % des activations de Siri.

Enregistrements anonymisés, bien sûûûûûûûr. Autant que ceux d'Amazon ? Sans compter que les enregistrements eux-mêmes contiennent des informations permettant de remonter jusqu'à l'utilisateur : sa voix, l'expression d'une adresse postale ou de la météo locale, etc.

L'anonymat est une impossibilité technique (en plus d'être parfois une impossibilité fonctionnelle, genre ça sert à rien d'être anonyme sur un site web de rencontre…), il serait temps d'intégrer cette information.


Il y a un pépin

« Le Canard » a retrouvé les petites mains chargées de travailler sur les requêtes formulées dans la langue de Molière. Une trentaine de Français expatriés à Prague étaient employés à cette mission d’« espionnite » par l’un des leaders mondiaux de la traduction automatique. Les consignes de sécurité étaient strictes : déposer son téléphone portable dans un coffre avant d’entrer dans le local, ne jamais prononcer le mot « Apple » et, une fois dans la pièce, laisser les rideaux baissés afin de se protéger des regards extérieurs.

Ces sociétés commerciales écoutent des millions de gens dans leur vie intime, mais il ne faut pas regarder ce que font leurs sous-traitants sur leur temps de travail ? Magique.


« Nous étions embauchés pour six mois, payés 10 dollars de l’heure ; le nom de code, c’était “Cosmos”, raconte l’un des Frenchies. Chacun d’entre nous recevait sur son ordinateur un enregistrement audio et un texte écrit. Il s’agissait d’écouter le message et de vérifier si Siri avait bien compris et transcrit. Ce qui m’a surpris, c’est le nombre de déclenchements accidentels de Siri, beaucoup plus élevé que ne l’avait annoncé Apple. Cela arrivait avec l’iPhone, et plus encore avec l’assistant domestique HomePod. On avait ainsi entre les mains des conversations enregistrées dans les chambres à coucher. Le pire, c’était les montres connectées : on tombait parfois sur des dialogues chez le médecin ou dans des cabinets d’avocats. »

Pomme dépit

Pour rompre la monotonie, les petites mains s’amusaient parfois, dans le dos de leur employeur, à retrouver l’identité des personnes enregistrées. « Contrairement à ce qu’a raconté Apple, c’était relativement facile. Le nom de l’utilisateur de l’iPhone ou de l’Apple Watch nous était masqué, mais on se débrouillait avec le sujet de l’enregistrement, qui pouvait durer jusqu’à une minute, la géolocalisation de l’appareil ou encore les noms contenus dans le répertoire téléphonique qui s’affichaient sur notre écran. »

Plusieurs Français opérant à Prague ont assuré au « Canard » que le programme Cosmos incluait aussi l’écoute des SMS dictés sur iPhone. Autant d’incursions dans la vie privée des utilisateurs dont la firme à la pomme n’avait jamais parlé. Et qu’en dépit des demandes du « Canard » elle n’a pas souhaité commenter. Y avait-il un ver dans le fruit ?

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

Ministre négociateur

G7 2019 : autorisation de défiler dans Bayonne contre annulations d'actions de désobéissance civile ? C'est pour cela qu'il faut former des comités informels qui conduisent des actions informelles : pas de chef, pas de contrôle du mouvement par l'opposant (le gouvernement, dans le cas présent).

Si les rues de Bayonne, d’Hendaye et d’autres communes basques ont été relativement plus tranquilles que ne l’anticipaient les journalistes, c’est notamment pour une raison difficile à avouer : les discrètes négociations menées par Laurent Nuñez, le sous-ministre de l’Intérieur.

Pendant des semaines, il a été la cheville ouvrière des contacts entre les organisateurs du contre-sommet du G7, les dirigeants de la mouvance nationaliste basque, le maire PS d’Hendaye, Kotte Ecenarro, et la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.

En échange d’une annulation de sept rassemblements de désobéissance civile, les responsables des deux groupes d’activistes locaux ont obtenu l’autorisation officieuse de défiler le dimanche dans Bayonne, lors de la marche dite « des portraits » (à l’envers).

Précision biographique : Laurent Nuñez fut sous-préfet de Bayonne de 2010 à 2012. Et, apparemment, il s’y est fait des relations. Au moins utiles…

Peut-être aussi que la mobilisation a été moindre car le sujet du G7 a subitement changé pour passer des inégalités à la forêt amazonienne qui brûle (alors que ça fait des décennies qu'elle brûle en grande quantité pour les besoins d'une agriculture intensive, juste le blanc occidental centré sur son nombril était ignorant) doublé d'une rencontre prétendument surprise entre les USA et l'Iran, ce qui a rendu caduque la mobilisation des associations spécialistes des inégalités et a prit de court les assos spécialistes du climat ? Mais l'important, c'est que Macron soit satisfait de son show, non ?

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

Forêts protégées : Le Maire rase gratis !

Double discours du gouvernement français : d'un côté, pleurer sur la déforestation de l'Amazonie pour cause d'agriculture intensive, de l'autre virer des arbres protégés au Kazakhstan afin d'extraire de l'uranium pour nos centrales nucléaires en injectant de l'acide dans la roche. Mais, après tout, c'est pas grave, « c'est une toute petite parcelle ». Les petits compromis forment les grandes compromissions.

En plein trémolo présidentiel sur la « forêt qui brûle » et la biodiversité, le gouvernement français ne s’est pas vanté de ce succès : lors d’un discret déplacement au Kazakhstan, le 30 juillet, Bruno Le Maire a obtenu des nouveaux dirigeants du cru le déclassement d’une forêt protégée : 382 ha sont désormais promis à la destruction

Ces arbres, appelés saxaouls, font pourtant l’objet d’un moratoire au Kazakhstan : depuis 2017, les au— torités locales en interdisent la découpe et la vente. « Au début de cette année, les Kazakhs ont même prolongé cette protection jusqu’en 2022 », précise au « Canard » l’un des journalistes de Novastan, le site spécialiste de l’Asie centrale qui a révélé l’info.

Las ! cette parcelle boisée est implantée… sur des terres riches en uranium. Et, lorsque Orano (ex—Areva) a obtenu le permis d’exploiter le minerai en octobre 2018 (via une coentreprise locale), le décret kazakh obligeait de conserver les arbres. Or la technique d’extraction retenue par le géant du nucléaire (qui consiste à injecter de l’acide dans la roche) impose d’abord un « nivellement » du site, et donc la disparition des végétaux.

Une embûche que la visite de Bruno Le Maire, assortie de la promesse d’une « compensation » financière par Orano, a permis de lever : dès le lendemain de la venue du ministre français, le gouvernement du Kazakhstan publiait un décret qui transformait cette zone forestière’protégée en… zone minière. Adieu, les saxaouls !

Orano jure que le site sera « réaménagé au plus près (sic) de sa configuration initiale » à l’issue de son exploitation. Au cabinet de Bruno Le Maire, on insiste sur le « caractère absolument stratégique » de cette mine d’uranium pour le nucléaire tricolore, et l’on avance cette justification :« 302 ha détruits sur une steppe boisée de 700 000 ha, c’est quand même une toute petite parcelle ! »

Un argument qui va faire fureur en Amazonie !

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

Avis de déchets

Des bennes à ordures « intelligentes » : c'est la fierté du district de Xicheng, à Pékin. Avis aux déviunis qui jetteraient n’importe quoi n'importe comment ! Selon « Courrier international » (22/8), les habitants doivent désormais « scanner leur visage avant de déposer leurs déchets triés ».

Gare au tri sélectif des bons citoyens !

Est-ce l'un des critères de notation du vaste système de surveillance chinois nommé « crédit social » ?

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à l'écologie : « Nous n’avons pas d’alternative à l’économie de marché. »

Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, est catégorique (« Le Monde », 27/8) : « Nous n’avons pas d’alternative à l’économie de marché. » Ce qui est la reprise littérale d’une célèbre phrase prononcée le 25 juin 1980 par la Première ministre britannique Margaret Thatcher à propos du capitalisme ultralibéral ( « there is no alternative ») !

Etre macronienne et en même temps thatchérienne, avec Wargon, c’est possible !

C'est plus clair, comme ça ? Du coup, on va se contenter d'une écologie de marché, c'est-à-dire une « écologie non punitive » (comprendre « non contraignante ») chère à Ségo et à d'autres. « Notre maison brûle » et nous allons regarder ailleurs encore longtemps.

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

Hongkong : « « Un mouvement en eaux troubles » agité par « des mouvances politiques identitaires et d’extrême droite » » ?

Après l’« Huma », c’est l’hebdomadaire « L’Humanité Dimanche » (22/8) qui se met à avoir de sérieux doutes sur les millions de manifestants réclamant plus de démocratie à Hongkong. « Un mouvement en eaux troubles » agité par « des mouvances politiques identitaires et d’extrême droite » et par des « adeptes » du scénario de déstabilisation jadis ourdi par Thatcher.

Mais aussi attisé par les Eglises chrétiennes locales. - Sans compter, bien sûr, le parti de l’étranger, prodiguant ses « supports financiers ». Ainsi, Joshua Wong, « icône de la jeunesse rebelle », est aussi le « récipiendaire favori de fondations américaines droits-de-l’hommistes en lien avec [une] émanation de la CIA »…

Damned !

J'aime le monde d'aujourd'hui. Il me rappelle les années 60. À l'époque, au moindre mot / geste de travers, t'étais taxé de communiste. Booooooouh les méchants rouges, c'est rien que des méchants pas beaux qui sont tenus en laisse par un méchant dictateur pas gentil. Pendant ce temps, l'ultra-libéralisme, tempéré à la sortie de la guerre (on pense aux nationalisations, par exemple), reprenait sa place. Est-il mieux en termes de souffrance humaine ? J'en doute. Mais boooooouh fallait avoir peur du rouge, c'était eux les méchants pas beaux, pas le gentil capitaliste qui crée de l'emploi trop bien !

C'est la même chose aujourd'hui. Booooooouh le méchant musulman qui va nous grand-remplacer ! Booooooouh les crevures de droits-de-l'hommistes qui veulent tout nous interdire et nous voler ! Booooooouh une main étrangère dans tous les mouvements sociaux (gilets jaunes, Hongkong, printemps arabe, etc.) ! Ouais, le citoyen est trop con pour avoir envie de se révolter, c'est une évidence ! Booooooouh t'es d'extrême-droite, toi, même que tu regardes Thinkerview et que t'as lu Céline, alors !

Et, à l'inverse, il suffit de regarder béatement Thinkerview ou de lire béatement Fdesouche ou d'écouter béatement Zemmour pour pouvoir se coller l'étiquette de libre penseur persécuté

Et après tout ça, notre espèce s'auto-désigne « animal pensant ». Laisse-moi rire !

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

Bercy atteint par la folie des grandeurs policières

Un 7e service de renseignement fiscal est en création à la DGFIP. Il pourra collecter des infos, les croiser, les vérifier au-delà des techniques utilisées habituellement par les administrations (y compris les services de renseignement ?). Ce service, décidé sur un coin de table lors d'un conseil de défense (WTF ?!), ne sera pas contrôlé (par une entité externe), comme la majorité des autres services de renseignement de Bercy.

Darmanin veut renforcer le renseignement fiscal. Au risque de filer des boutons aux poulets.

Bercy disposait déjà d’au moins six services pour chasser les fraudeurs fiscaux. Il était donc urgent d’en créer un septième ! Après la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (pour la traque aux frontières}, après les trois directions spécialisées des services fiscaux, après Tracfin (chargé de la pêche aux infos sur « le blanchiment et le financement du terrorisme ») et après le nouveau service d’enquêtes judiciaires des finances (sur les délits fiscaux, sous le contrôle dun magistrat), voici — alleluia ! — la Mission de renseignement fiscal !

Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé la bonne nouvelle dans une interview aux « Echos » (23/8). Il a précisé que la Mission — qu’il supervisera lui-même et qui sera chargée de la détection à grande échelle des tricheurs — pourra mener des investigations « au-delà des techniques administratives habituelles ».

Pour rassurer les inquiets, Bercy a précisé, depuis, qu’il ne s’agirait pas de méthodes coercitives (filatures, écoutes, gardes à vue…). Ses pouvoirs se limiteront, selon un haut fonctionnaire, « à collecter des informations, à les croiser, à les vérifier et à les transmettre aux autorités judiciaires qui décideront d’engager d’éventuelles poursuites pénales ». On est prié de le croire.

Self-contrôle

Détail étrange : le montage de ce Meccano, selon les confidences de Darmanin à ses proches, a été discuté et approuvé lors d’un conseil de défense qui s’est tenu à l’Elysée en juin. Entre un point sur la guerre au Sahel et la lutte antiterroriste ?

Avant même sa mise en place, cette Mission et déjà obtenu un résultat : la relance de la guerre entre Bercy et la Place Beauvau, où des policiers sont eux aussi chargés de récupérer le blé des tricheurs et de faire du renseignement sur la fraude fiscale. « On nous a emmerdés avec les Renseignements généraux, accusés — parfois à juste titre — d’avoir été une police politique, râle un flic jaloux. Leur machin fiscal, c’est quoi ? Et sans contrôle, en plus ! » Parole d’expert…

Le contrôle de ses propres services d’enquête, en effet, n’est pas le fort de Bercy. Tout ou presque se fait en interne. Une situation difficilement acceptable pour des organismes qui peuvent aller fouiller sans limite dans la vie privée des contribuables.

Seuls Tracfin et le Renseignement douanier ont, en principe, l’obligation de rendre des comptes à la délégation parlementaire au renseignement. Un contrôle très théorique : cette dernière (quatre députés et quatre sénateurs) dispose de moyens humains limités et concentre son travail sur les géants du renseignement que sont la DGSE et la DGSI.

Du coup, les contrôleurs ne se montrent guère curieux à propos de Bercy, s’il faut en croire les rapports annuels de la délégation. L’exemple le plus caricatural est offert par Tracfin : les parlementaires se contentent de recevoir une fois par an son patron et de recopier les meilleurs passages du rapport annuel établi par ses adjoints.

Pourquoi se compliquer la vie à contrôler un organisme de contrôle ?

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

La pelle du large

Des voleurs de sable sur les plages italiennes… O_O

La ville italienne de Cabras, en Sardaigne, est réputée pour sa plage immaculée. Et accessoirement pour ses voleurs de sable, contre lesquels elle a lancé une cohorte de « gardiens de sable ». Avec un arsenal de poursuites pénales : « La collecte de sable, coquillages ou galets est passible de 6 ans de prison en Italie », explique « Le Parisien » (25/8), qui rappelle que, « en France, les amendes peuvent atteindre 1 500 euros ».

Que fait le garde des Sceaux ?

J'en ai entendu parler à plusieurs reprises, mais je m'interroge : qui extrait du sable des plages pour son intérêt personnel ? Des sociétés commerciales qui exercent dans l'extraction de sable ? Si oui, quel est le gain attendu ? Des permis en moins à acquérir ? Est-ce des sociétés commerciales qui exercent dans le BTP ? Si oui, quel est le gain financier obtenu ? La peine prévue en France semble plutôt proportionnée pour sanctionner des particuliers. Y'a vraiment des particuliers qui extraient du sable des plages afin de réaliser leurs travaux ?

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

Certains voyages en avion ont un drôle d’air

L'air à l'intérieur des avions est-il parfois gorgé de substances issues de la combustion des huiles de moteur ? 1 vol sur 2000 est concerné soit 18 500 vols par an (sur une base de 37 millions de vols en 2017, sachant que je mélange des chiffres de l'agence anglaise avec ceux de l'ASN donc lala). L'OCI évoque des incidences sur la sécurité des vols. la FAA dit que tout va bien et les constructeurs d'avions démentent mais prennent des mesures…

Avoir mal au cœur en avion ou y renifler des odeurs gênantes peut gâcher un voyage. Et signifier que l’atmosphère, dans la cabine, est d’une pureté douteuse, pour ne pas dire préoccupante.

L’air respiré dans l’appareil vient de l’extérieur et passe par les réacteurs. Il s’y charge parfois — à cause d’un manque d’étanchéité des circuits — de particules d’huile de lubrification des moteurs. Cette huile chauffée à haute température (le liquide de refroidissement peut aussi être impliqué) produit des substances susceptibles d’affecter le système nerveux.

Ce phénomène, les constructeurs le connaissent. La preuve ? Dans une lettre du 7 juin adressée à la compagnie portugaise TAP, dont « Le Canard » a eu connaissance, Airbus indique qu’il se produit surtout « au démarrage ». Le 27 mai, Air France lui a consacré une journée d’études, en ses locaux du Bourget. Selon les chiffres britanniques officiels, ce type d’incident, englobé sous l’appellation. plus large de « fume event », concerne 1 vol sur 2 000.

Dans « Envoyé spécial » (France 2), le 26 avril 2018, des pilotes, stewards et hôtesses accusaient le « syndrome aérotoxique » — dixit certains experts — d’avoir détraqué leur santé et leur carrière. Le 29 juillet, Eric Bailet, ex-pilote d’EasyJet, a saisi le tribunal de Toulon pour voir reconnue comme maladie professionnelle une affection neurologique qu’il estime avoir contractée dans le cockpit. Deux juges d’instruction parisiens l’ont reçu le 9 mai dernier. D’autres navigants ont saisi d’autres juridictions. Tous pensent que cet air vicié pourrait affecter leur équilibre, leur concentration, et même provoquer des malaises.

Zéro malaise

Alors qu’en 2015 un rapport de l’Organisation civile internationale (dépendant de l’ONU) allait jusqu’à évoquer des « incidences sur la sécurité du vol », constructeurs et compagnies assurent au « Canard » que la sûreté à bord n’est pas impactée. « L’air des cabines est sain » (Boeing, citant plusieurs études, menées notamment par l’agence gouvernementale américaine). « Il n’y a pas de corrélation entre les malaises et les odeurs, même si ces dernières font l’objet d’« investigations techniques » (Airbus). « Tous nos avions sont équipés de filtres “high efficiency particulate air”, et nos équipages sont formés pour faire face à un “incident fumée” » (Air France). Moins serein, un pilote syndiqué au SNPL reconnaît les « bons résultats des analyses réalisées à la demande du comité hygiène et sécurité d’Air France » mais regrette que les prélèvements ne soient pas toujours effectués au moment des incidents. Quant aux soucis de santé des navigants, « ils peuvent, suggère-t-il, être sous-déclarés. S’avouer malade, c’est risquer son emploi ».

Les expertises se poursuivent. Sur certains appareils, le changement des huiles moteur est envisagé. Et l’installation de nouveaux filtres à particules chimiques promise.

Tout de suite, ça détend l’atmosphère…

Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.

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