L'air à l'intérieur des avions est-il parfois gorgé de substances issues de la combustion des huiles de moteur ? 1 vol sur 2000 est concerné soit 18 500 vols par an (sur une base de 37 millions de vols en 2017, sachant que je mélange des chiffres de l'agence anglaise avec ceux de l'ASN donc lala). L'OCI évoque des incidences sur la sécurité des vols. la FAA dit que tout va bien et les constructeurs d'avions démentent mais prennent des mesures…
Avoir mal au cœur en avion ou y renifler des odeurs gênantes peut gâcher un voyage. Et signifier que l’atmosphère, dans la cabine, est d’une pureté douteuse, pour ne pas dire préoccupante.
L’air respiré dans l’appareil vient de l’extérieur et passe par les réacteurs. Il s’y charge parfois — à cause d’un manque d’étanchéité des circuits — de particules d’huile de lubrification des moteurs. Cette huile chauffée à haute température (le liquide de refroidissement peut aussi être impliqué) produit des substances susceptibles d’affecter le système nerveux.
Ce phénomène, les constructeurs le connaissent. La preuve ? Dans une lettre du 7 juin adressée à la compagnie portugaise TAP, dont « Le Canard » a eu connaissance, Airbus indique qu’il se produit surtout « au démarrage ». Le 27 mai, Air France lui a consacré une journée d’études, en ses locaux du Bourget. Selon les chiffres britanniques officiels, ce type d’incident, englobé sous l’appellation. plus large de « fume event », concerne 1 vol sur 2 000.
Dans « Envoyé spécial » (France 2), le 26 avril 2018, des pilotes, stewards et hôtesses accusaient le « syndrome aérotoxique » — dixit certains experts — d’avoir détraqué leur santé et leur carrière. Le 29 juillet, Eric Bailet, ex-pilote d’EasyJet, a saisi le tribunal de Toulon pour voir reconnue comme maladie professionnelle une affection neurologique qu’il estime avoir contractée dans le cockpit. Deux juges d’instruction parisiens l’ont reçu le 9 mai dernier. D’autres navigants ont saisi d’autres juridictions. Tous pensent que cet air vicié pourrait affecter leur équilibre, leur concentration, et même provoquer des malaises.
Zéro malaise
Alors qu’en 2015 un rapport de l’Organisation civile internationale (dépendant de l’ONU) allait jusqu’à évoquer des « incidences sur la sécurité du vol », constructeurs et compagnies assurent au « Canard » que la sûreté à bord n’est pas impactée. « L’air des cabines est sain » (Boeing, citant plusieurs études, menées notamment par l’agence gouvernementale américaine). « Il n’y a pas de corrélation entre les malaises et les odeurs, même si ces dernières font l’objet d’« investigations techniques » (Airbus). « Tous nos avions sont équipés de filtres “high efficiency particulate air”, et nos équipages sont formés pour faire face à un “incident fumée” » (Air France). Moins serein, un pilote syndiqué au SNPL reconnaît les « bons résultats des analyses réalisées à la demande du comité hygiène et sécurité d’Air France » mais regrette que les prélèvements ne soient pas toujours effectués au moment des incidents. Quant aux soucis de santé des navigants, « ils peuvent, suggère-t-il, être sous-déclarés. S’avouer malade, c’est risquer son emploi ».
Les expertises se poursuivent. Sur certains appareils, le changement des huiles moteur est envisagé. Et l’installation de nouveaux filtres à particules chimiques promise.
Tout de suite, ça détend l’atmosphère…
Dans le Canard enchaîné du 28 août 2019.