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——————————— Sunday 29, April 2018 ———————————

Volaille, aïe, aïe !

Plus il exporte de poulets congelés vers le Moyen-Orient, plus le groupe Doux touche de subventions européennes : 400 euros par tonne, pas moins. Et plus le poulet est imprégné d’eau, plus il pèse lourd… Le tribunal administratif de Rennes vient de condamner Doux, en liquidation judiciaire, à payer une amende de 82 millions d’euros, pour avoir beaucoup trop gonflé ses poulets à la flotte. Amende qui s’ajoute à ses quelque 40 millions de dette…

Mais ce n’est pas grave. Le volailler va s’en sortir. Il va investir 55 millions dans « un nouvel outil d’abattage-découpe » à Châteaulin, avec l’appui sonnant et trébuchant des collectivités locales (« L’Humanité », 13/4). Et ce au nom des quelque 1000 emplois à sauver, évidemment.

Gonflé un jour, gonflé toujours !

Dans le Canard enchaîné du 18 avril 2018.

Macron à l’œil

Avec sa promesse de campagne d’instaurer le « reste à charge zéro » pour les lunettes et les soins dentaires, Macron n’a pas tapé dans l’oeil des opticiens, mais dans leur portefeuille. Leurs syndicats font les gros yeux. Ils prétendent qu’ils pourraient perdre 1 milliard d’euros dans la réforme. Ils ont claqué la porte de la concertation avec la Sécurité sociale, le 10 avril, dénonçant une tentative de « réaliser des économies sur la santé visuelle des Français ». En réalité, ils craignent surtout de voir fondre leurs marges, dignes de celle de l’industrie du luxe (233 %, en moyenne, de taux de marge brute, selon « Que choisir »). Même pour les beaux yeux du président Macron, ils ne veulent pas travailler à l’œil — un comble pour la profession.

Les Français, eux, ne sont pas aveugles et cherchent à comprendre pourquoi la France demeure une exception en matière d’optique : le budget lunettes dans l’Hexagone est, en moyenne, supérieur de 50 % à la moyenne européenne.

Faute de transparence, ils pourraient bien rester sourds aux regards noirs des opticiens.

Dans le Canard enchaîné du 18 avril 2018.

Rappels concernant le Wake on Lan

Des fois, des personnes te font douter, donc il faut réviser ce que t'as déjà écrit.

Wake on lan est un mécanisme permettant d'allumer un ordinateur via le réseau. Pour ce faire, la carte réseau reste allumée et attend la réception éventuelle d'un paquet UDP formaté nommé magic packet. Cela suppose que la carte mère prenne en charge cette fonctionnalité et que cette fonctionnalité soit activée dans le BIOS / UEFI.

Dès que l'émetteur du magic packet et la machine allumée sont dans deux réseaux distincts, il faut :

  • soit que le routeur ait une association entre la MAC de la machine à allumer et son IP. Auquel cas, envoyer un magic packet à l'IP de la machine à allumer fonctionnera ;

  • soit que le routeur autorise le transfert de paquets à destination d'une adresse IP de broadcast. Auquel cas, envoyer un magic packet destiné à l'IP de broadcast du réseau dans lequel se trouve la machine à allumer fonctionnera ;

Exemple :

Si la machine à allumer était dans le même réseau que la machine émittrice, alors la commande suivante fonctionnerait : wakeonlan 00:00:5E:00:53:00.

Si le routeur dispose d'une association (temporaire ou permanente) entre la MAC de la machine à allumer et son IP, alors la commande suivante fonctionnera wakeonlan -i 198.51.100.1 00:00:5E:00:53:00.

Si le routeur autorise le transfert de paquets à destination d'une adresse IP de broadcast, alors la commande suivante fonctionnera wakeonlan -i 198.51.100.255 00:00:5E:00:53:00.

Sur du matos H3C, le transfert de paquets IP vers une adresse de broadcast, ça se dit ip forward-broadcast. En fonction des modèles, il est possible de spécifier une ACL pour autoriser une seule IP source à balancer ce type de paquets.

Cette commande se positionne uniquement sur l'interface du routeur qui se trouve dans le réseau où sont situées les machines que l'on souhaite allumer à distance (le réseau B, dans mon exemple). Elle est inutile sur l'interface du routeur située dans le réseau depuis lequel seront envoyés les magic packets (le réseau A, dans mon exemple).

Cette commande ne nuit pas à l'étanchéité des réseaux (virtuels ou non). Tous les paquets IP de broadcast ne seront pas transférés dans tous les réseaux sur lesquels ip forward-broadcast a été activé. Dans mon exemple, seuls les paquets IP émis depuis tout réseau (dont le réseau A) et ayant 198.51.100.255 comme IP de destination seront transférés dans le réseau B. Les paquets destinés à 192.0.2.255 ne seront pas transférés dans le réseau B. Les paquets destinés à 198.51.100.255 ne seront pas transférés dans le réseau A. Les paquets IP avec une IP destination = 255.255.255.255 ne seront pas transférés en dehors de leur réseau d'émission.

Enfin un vrai flicage…

Affreuse nouvelle : nous sommes en retard sur la Chine ! Voyez l’histoire de M. Ao. Il est recherché pour « crime économique ». Il se croit très malin en allant au concert de Jacky Cheung, qui a lieu dans un stade à 100 km de chez lui, à Nanchang, province de Jiangxi.

A la sortie, les flics lui tombent dessus. Le stade était bardé de caméras de vidéosurveillance. Le logiciel de reconnaissance faciale l’a identifié parmi les 50 000 spectateurs. Quand aurons-nous un flicage aussi efficace ? Pourquoi se priver de pareil outil ? La Chine a prévu d’être équipée de 600 millions de caméras d’ici à 2020 : pourquoi ne suivons-nous pas son exemple ? Seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher renâcleront, non ?

C’est prouvé : pareil flicage promettrait de rendre ce monde plus vivable… Voyez ce qui se passe à Jinan, dans le Shandong. Les caméras repèrent les piétons qui traversent au vert. Sitôt commise l’infraction, leur photo s’affiche sur leur portable. Et, moins de vingt minutes après, toutes vérifications policières faites, cette photo s’affiche en grand sur l’écran au carrefour, avec leur numéro de carte d’identité et leur adresse. Savoureuse humiliation publique, qui renforce heureusement les vertus citoyennes !

Encore mieux : à Pékin, dans les toilettes du parc du Temple du ciel, le système de reconnaissance faciale permet de s’assurer que l’usager ne prend pas plus de deux feuilles de papier-toilette. Pour se resservir, il doit attendre neuf minutes. La reconnaissance faciale ne se focalise pas que sur les visages. ..

Dans le Canard enchaîné du 18 avril 2018.

L‘empire Lagardère s'éparpille façon puzzle

Arnaud Lagardere continue de vendre les pépites de son groupe pour essayer de le rendre — enfin — présentable aux yeux de ses actionnaires et de ses financiers. Dernière fournée en date ? Le 3 mai, il fera adopter par l’assemblée générale des actionnaires la cession de ses chaînes de télévision (Gulli, TiJi), de ses radios internationales ainsi que de la plupart de ses magazines (« Elle », « Télé 7 Jours », etc.). Ses radios en Europe centrale viennent d’être cédées pour 73 millions d’euros.

Seul rescapé de la grande braderie, selon son porte-parole, Ramzi Khiroun, l’« environnement sacré » de papa : Europe 1, « Paris Match » et « Le Journal du dimanche ». L’opération (censée être conclue à la fin de l’année — le temps presse !) devrait rapporter environ 500 millions. Officiellement, il s’agit de se défaire des activités les moins rentables pour investir dans les deux piliers du groupe : la distribution dans les gares et les aéroports ainsi que l’édition, deux domaines dans lesquels le sportif Arnaud est numéro 3 mondial.

A la découpe

Mais, dans ce jeu de bonneteau, les résultats ne sont pas à la hauteur des sacrifices. Le bénéfice net du groupe reste scotché aux alentours de 170 millions (comme au début des années 2000), et ce essentiellement grâce à la découpe du groupe par appartements. En 2017, les ventes de morceaux de l’empire ont représenté, comme en 2016, près de la moitié des profits. Le chiffre d’affaires, lui, s’est effondré : il n’est plus, en euros constants, que 44 % de ce qu’il était à la mort de Jean-Luc, en 2003. En 2017, le voici à son plus bas niveau historique : 7,1 milliards d’euros. « Il faut du temps pour moderniser des activités traditionnelles comme l’édition », plaide Khiroun.

Ça me rappelle le film « Pretty Woman ». Acheter en gros, revendre à la découpe, ça ne produit pas de valeur, ça coule des sociétés et des emplois, mais ça rapporte gros à quelques personnes. On peut aussi citer la présence de Bernard Arnault et du fond d'investissement Colony dans Carrefour, dont la volonté d'un retour sur investisement est l'une des causes de la vente puis rachat de Dia (filiale de Carrefour) et le licenciement massif actuel à Carrefour…


Juste une question de temps, vraiment ? C’est oublier les investissements désastreux d’Arnaud dans sa branche Sports & Entertainment, qui a englouti près de 1 milliard. Ou dans la presse, qui a « brûlé » près de 2 milliards.

Bonne action

Seuls les dividendes versés par la boîte continuent de bien se porter : nonobstant le résultat de l’année, ils restent invariablement fixés, depuis 2007, à 1,30 euro par action. En 2009, ils représentaient même près d’un dixième de la valeur boursière du titre — contre 4 %, en moyenne, pour les sociétés du CAC 40. « Une véritable rente », commente un boursier.

Pourquoi cette générosité ? Parce que Arnaud Lagardère est endetté à hauteur d’environ 250 millions — le chiffre exact est tenu secret — auprès des banques. Et que ses emprunts sont garantis par la valeur de ses quelque 10 millions d’actions. Si la cote de ces papiers tombait au-dessous de 25 euros — à 20 euros, par exemple —, la garantie ne serait plus que de 200 millions, et les banques réclameraient à Arnaud un « appel de marge » pour combler la différence, soit environ 50 millions à payer cash. Il est donc capital que l’action se tienne. En 2017 , le groupe distribuera en dividendes la quasi-totalité de ses profits. Rien à voir, bien sûr, avec une volonté du patron : « Ce sont les actionnaires qui, en assemblée générale, votent eux-mêmes le montant du dividende », explique Khiroun. Et le timide Arnaud ne fait que se plier à leur volonté. Admirable !

Dans le Canard enchaîné du 18 avril 2018.

Les leçons de Tarnac

Ah, quel naufrage pour l’antiterrorisme, cette relaxe générale prononcée, le 12 avril, au procès dit « Tarnac » ! Comment qualifier autrement ces dix ans de procédure, de filatures plus ou moins légales, de mensonges policiers, d’errance et d’aveuglement judiciaires et politiques ? Soupçonnés d’avoir saboté des caténaires de la SNCF, les prévenus avaient immédiatement été taxés de « dangereux groupe terroriste » par Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur.

Dès le début, « Le Canard », avait révélé les trouvailles des avocats de la défense, Claire Abello et Jérémie Assous, démontrant les failles, les erreurs ou les boniments des flics et du juge d’instruction. Autant d’arguments retenus par le tribunal, mené par la présidente Corinne Goetzman.

Dans le jugement de 314 pages, courent ses critiques contre les « stratagèmes » policiers. Du PV 104, base de l’accusation, il ne reste, sous sa main, rien ou presque. Bourré d’inexactitudes. fait de bric et de broc, de déclarations recueillies auprès de policiers couverts par le secret-défense. « Impossible », donc, aux juges d’en « vérifier la véracité ». Le PV 104 devient « sans valeur probante ». La juge parle même de « déloyauté ». C’est glorieux !

De ces dix ans d’une procédure désormais en lambeaux, il faudra retenir le coût énorme et inchiffrable. Il faudra surtout retenir ce jugement. Il dit aux magistrats que leur devoir est de contrôler les policiers, et non de se laisser « contrôler » par eux. Il dit aux politiques de ne pas se mêler de justice, ce qu’a également martelé le procureur.

Et puis quoi, encore ?

Ce jugement expose aussi qu'on ne peut condamner une personne pour ses écrits (l'insurrection qui vient) ou sur les écrits (affiches, brochures, livres) trouvés à son domicile, car ils ne prouvent pas un passage à l'acte.

Ce jugement illustre aussi que des délais de prescription courts et une justice rapide sont indispensables pour que la justice soit juste. En effet, aucun des flics antiterros qui ont accepté de participer au procès étaient capables de se souvenir de la filature au-delà de choses déjà mentionnées dans le PV 104. Tu m'étonnes, on est 10 ans après. 10 ans ! Comment veux-tu te défendre quand tout ce qu'on te reproche se fonde sur de vagues souvenirs "ouais, on était en filature, peut-être qu'il⋅elle étaient ici ou là, ouais, il était peut-être telle heure, etc.". Or, la précédente législature a rallongé les délais de prescription en matière pénale

Ce jugement, qui se fonde beaucoup sur l'absence de preuves, est une véritable torgnole. En effet, le tribunal aurait pu condamner à de la prison ferme dont la durée correspondrait à la détention provisoire déjà effectuée. Ainsi, la flicaille n'aurait pas été désapprouvée et les gauchistes n'auraient pas crié victoire. Or, ce n'est pas l'option qui a été retenue par les juges, ce qui, pour moi, est un révélateur fort qu'il⋅elle⋅s sont confiants dans la justesse de leur verdict.

Notons que plusieurs prevenu⋅e⋅s ont été reconnu⋅e⋅s coupable pour avoir refusé un prélèvement ADN et un prélèvement des empreintes génétiques (source) : 500 € avec suris pour Becker, dispense de peine pour Coupat et Lévy, relaxe pour Burnel, Rosoux et Hauck. Argumentation du tribunal :

Sur les huit prévenus, six étaient poursuivis pour refus de prélèvement ADN, lors de leur garde à vue en 2008. Là encore, la présidente fait du droit, rappelant qu’« en l’absence d’indices graves ou concordants, le refus de prélèvement est légitime ». Mathieu Burnel et Benjamin Rosoux, poursuivis pour ce seul délit, sont relaxés, ainsi qu’Elsa Hauck, pour laquelle le tribunal a estimé que ces indices n’étaient pas réunis. […] Julien Coupat et Yildune Lévy sont déclarés coupables de refus de prélèvement ADN, mais dispensés de peine, compte tenu notamment de l’ancienneté des faits et de leurs situations personnelles stables. Seul Christophe Becker, qui avait également refusé de donner ses empreintes, écope de 500 euros d’amende avec sursis, qui s’ajoutent aux quatre mois de prison avec sursis pour le recel de quatre cartes d’identité et une tentative de falsification.

Je me demande si cette décision est conforme à celle de la CJUE. La gravité des infractions devait-elle être appréciée par le tribunal ou être prévue par la loi ?

Ni le parquet, ni les prévenu⋅e⋅s n'ont fait appel donc ce jugement est devenu définitif.

Dans le Canard enchaîné du 18 avril 2018.

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