Avec sa promesse de campagne d’instaurer le « reste à charge zéro » pour les lunettes et les soins dentaires, Macron n’a pas tapé dans l’oeil des opticiens, mais dans leur portefeuille. Leurs syndicats font les gros yeux. Ils prétendent qu’ils pourraient perdre 1 milliard d’euros dans la réforme. Ils ont claqué la porte de la concertation avec la Sécurité sociale, le 10 avril, dénonçant une tentative de « réaliser des économies sur la santé visuelle des Français ». En réalité, ils craignent surtout de voir fondre leurs marges, dignes de celle de l’industrie du luxe (233 %, en moyenne, de taux de marge brute, selon « Que choisir »). Même pour les beaux yeux du président Macron, ils ne veulent pas travailler à l’œil — un comble pour la profession.
Les Français, eux, ne sont pas aveugles et cherchent à comprendre pourquoi la France demeure une exception en matière d’optique : le budget lunettes dans l’Hexagone est, en moyenne, supérieur de 50 % à la moyenne européenne.
Faute de transparence, ils pourraient bien rester sourds aux regards noirs des opticiens.
Dans le Canard enchaîné du 18 avril 2018.