Affreuse nouvelle : nous sommes en retard sur la Chine ! Voyez l’histoire de M. Ao. Il est recherché pour « crime économique ». Il se croit très malin en allant au concert de Jacky Cheung, qui a lieu dans un stade à 100 km de chez lui, à Nanchang, province de Jiangxi.
A la sortie, les flics lui tombent dessus. Le stade était bardé de caméras de vidéosurveillance. Le logiciel de reconnaissance faciale l’a identifié parmi les 50 000 spectateurs. Quand aurons-nous un flicage aussi efficace ? Pourquoi se priver de pareil outil ? La Chine a prévu d’être équipée de 600 millions de caméras d’ici à 2020 : pourquoi ne suivons-nous pas son exemple ? Seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher renâcleront, non ?
C’est prouvé : pareil flicage promettrait de rendre ce monde plus vivable… Voyez ce qui se passe à Jinan, dans le Shandong. Les caméras repèrent les piétons qui traversent au vert. Sitôt commise l’infraction, leur photo s’affiche sur leur portable. Et, moins de vingt minutes après, toutes vérifications policières faites, cette photo s’affiche en grand sur l’écran au carrefour, avec leur numéro de carte d’identité et leur adresse. Savoureuse humiliation publique, qui renforce heureusement les vertus citoyennes !
Encore mieux : à Pékin, dans les toilettes du parc du Temple du ciel, le système de reconnaissance faciale permet de s’assurer que l’usager ne prend pas plus de deux feuilles de papier-toilette. Pour se resservir, il doit attendre neuf minutes. La reconnaissance faciale ne se focalise pas que sur les visages. ..
Dans le Canard enchaîné du 18 avril 2018.