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——————————— Saturday 13, October 2018 ———————————

Balkany(que) ses adjoints

Envoyé en correctionnelle pour fraude fiscale et corruption, Patrick Balkany racle les fonds de tiroir. Le 26 septembre, le maire de Levallois-Perret a fait voter par son conseil municipal une augmentation de 56 % de son indemnité de maire, qui vient de passer de 3 131 euros au montant maximum légal, soit 4 896 euros.

Cette somme va s’ajouter à sa retraite de député d’environ 5 850 euros net (selon les calculs de « L’Obs », 28/9) et à ses 2 000 euros d’indemnités perçues au titre de ses fonctions de vice-président de l’établissement public territorial Paris Ouest La Défense. Soit près de 13 000 euros, au total.

Pour doper ses revenus, Balkany a puisé sans se gêner dans les poches de ses adjoints. Tous ont vu leurs propres indemnités rétrécir de 76 euros. Et tous ont, sans rechigner (du moins publiquement), voté cette ponction en faveur d’un malheureux maire nécessiteux.

À qui la faute ? Au maire qui propose un abus ? Aux élus et aux administrés qui ont voté et accepté cet abus ?

Dans le Canard enchaîné du 3 octobre 2018.

Des « clients » un peu trop à l‘écoute des salariés

On les appelle les « clients mystère » : « une sorte d’agent secret au service d’une marque et d’une enseigne », explique une pub de recrutement. Depuis les années 2000, la restauration, l’automobile, l’optique, la beauté, l’hôtellerie recourent à leurs services pour parfaire le contrôle de la qualité. Une technique venue des Etats-Unis, bien sûr.

Flicage mystère

Que fait un client mystère ? « Marie-Hélène, raconte le site spécialisé RefletClient, entre dans une boutique de mode. Mentalement, elle note que la musique d’ambiance est trop forte mais que la promotion de la semaine est bien affichée. La vendeuse a le sourire. Elle déballe un carton de marchandise et ignore les clients (…). L’hôtesse de caisse est aimable mais ne lui demande pas sa carte de fidélité… Après son shopping, elle complète une grille d’observation pour rendre compte de son expérience, ses remarques et impressions. Le chemisier qu’elle a pu garder après remboursement par RefletClient rend ses copines jalouses »

Etre client mystère, c’est donc « se faire plaisir tout en participant activement à l’amélioration du service rendu aux clients ». La réalité est moins rose : ces visiteurs sont en général des précaires payés une misère pour aller fliquer d’autres salariés. Certains sont rétribués en bons-cadeaux, d’autres 15 euros la mission. Parfois, il n’existe ni bulletin de paie ni déclaration à l’Urssaf. Marie-Hélène, qui « s’est fait plaisir », va permettre à l’entreprise visitée de savoir que l’une de ses vendeuses « ignore les clients » ou que la caissière a oublié de demander la « carte de fidélité ». Les deux salariées vont-elles se faire remonter les bretelles ?

Balance ton vendeur

« Ne t’inquiète pas, assure le site « abcargent.com », qui fait de la retape pour le job, ces rapports n’ont pas pour but d’identifier des employés pour pouvoir les virer ensuite. »

Est-ce si sûr ? « Le Canard » s’est procuré plusieurs dizaines d’offres d’études de la société Presence, filiale du groupe Topo ; elles réclament explicitement à leurs clients mystère en visite chez Volkswagen, Audi, Skoda, Kia, Hyundai, Toyota, Lexus ou Renault de réaliser « un enregistrement audio » quand ils demandent à essayer un véhicule neuf. Pour reconnaître le salarié qui s’exprime ? Vérifier les questions du visiteur ? Fliquer les deux ? Confronté aux questions du « Canard », Presence a joué les absents.

En enregistrant un salarié à son insu sur son lieu de travail, le client mystère se rend pourtant coupable d’un acte illégal. Mais, s’il ne transmet pas l’enregistrement, il n’est pas payé. A quand une visite mystère de l’Inspection du travail chez les employeurs de visiteurs mystère ?

Encore une fois, où se situe la sottise crasse ? Chez les sociétés qui ont recours à ces prestations ? Chez les sociétés qui vendent ces prestations ? Chez les gens qui acceptent d'être des clients mouchards ? On a tou⋅te⋅s une responsabilité personnelle.

Dans le Canard enchaîné du 3 octobre 2018.

Enquête après la diffusion illégale de vidéos d’un homme empalé à Paris - Le Parisien

Le lendemain, une vidéo du drame, issue de la vidéosurveillance de la Préfecture de police – et que Le Parisien s’est refusé à diffuser – est lâchée sur les réseaux sociaux. Elle fait un macabre buzz… totalisant des centaines de milliers de vues.

« Ce sont bien des images police », confirme une source policière sous couvert d’anonymat. Elles ont été captées au smartphone sur le mur d’écrans de vidéosurveillance de la Préfecture de police ou d’un commissariat parisien. On y voit le doigt du « vidéaste », « qui attire l’attention du spectateur voyeur pour ne pas manquer le plot où l’homme va s’empaler ». Le logo Préfecture de police y figure d’ailleurs.

C'est une vidéo volée comme il en existe plein d'autres, mais ce qui me sidère, plus que le fait qu'elle soit tournée par un⋅e flic, c'est que quelques semaines après l'affaire Benalla, qui comporte tout un volet sur le mésusage de la vidéosurveillance publique parisienne, un⋅e flic de la Préfecture de Police de Paris se sent suffisamment tranquille pour diffuser une vidéo volée du système de vidéosurveillance sur WhatsApp et compagnie… Cela démontre que le système de vidéosurveillance publique de Paris est hors de contrôle, qu'il sera tenu aucun compte de l'épisode Benalla. Cela illustre, une nouvelle fois que l'encadrement légal de la vidéosurveillance (personnes habilitées, consignation des visionnages et des copies, etc.) est insuffisant.

Bureau des pleurs à l‘Assemblée

Sac de nœuds dans l’hémicycle à l’ouverture de la session ordinaire, le 1er octobre à 15 heures. Une séance consacrée au renouvellement des membres du bureau de l’Assemblée chargé de gérer son organisation.

Au préalable, tous les groupes parlementaires, à l’exception de La France insoumise, s’accordent autour d’une liste unique qui reconduirait les six vice-présidents de la dernière session — les trois premiers vice-présidents étant issus de la majorité (LEM ou MoDem).

Mais, surprise ! à l’annonce des résultats du vote (effectué à bulletins secrets), trois députés de l’opposition arrivent en tête et trustent les trois premiers postes de vice-président du bureau.

A savoir : Annie Genevard (LR), avec 211 voix, Marc Le Fur (LR) et Maurice Leroy (UDI), avec 210 voix. Les candidats MoDem et LRM sont relégués derrière, à quelques voix près.

Genevard est désormais première vice-présidente et assurera l’intérim de Ferrand en cas d’absence ! Qui l’eût cru ?

« C’est la première fois depuis 1968 qu’un premier vice-président de l’Assemblée est issu de l’opposition », s’agace un député influent de la majorité. Avant de désigner le coupable : « Si nous en sommes arrivés là, c’est parce que Le Gendre (le nouveau prési- dent du groupe) nous a envoyé un message pour nous dire de ne surtout barrer aucun nom sur la liste. On s’est exécutés sagement. »

Et le même d’expliquer : « Sauf que les Rep, eux, ont été plus malins que nous. Ils n’ont pas hésité à barrer les noms de nos candidats. Pour ses débuts, Le Gendre n’aura pas été si idéal. »

Les politiques issus de la société civile n’ont plus qu’à apprendre le métier.

Dans le Canard enchaîné du 3 octobre 2018.

Dessin : Les français et les réformes

‒ Je suis pour des réformes radicales… sauf dans le secteur sensible
‒ Et c'est lequel ?
‒ Le mien

Tout est dit.

Dessin de René Pétillon republié dans le Canard enchaîné du 3 octobre 2018 à l'occasion du décès du dessinateur.

Fume, c’est du Coca-Cola !

La nouvelle a fait décoller l’action de Coca-Cola : le géant du soda envisage d’infuser du cannabis dans ses cannettes ! Si la Bourse a réagi avec euphorie, ce n’est pas tant pour l'effet « stupéfiant » de l’annonce, mais parce que la firme américaine pense avoir trouvé dans le chanvre la molécule magique pour remplacer le sucre.

Jamais le sucre n'a eu aussi mauvaise réputation, les preuves scientifiques s'accumulent sur sa responsabilité dans l’épidémie de diabète sucré qui frappe la planète et sur son rôle dans certains cancers. Au point que la France a instauré une nouvelle « taxe soda », entrée en vigueur cet été, qui module la fiscalité en fonction du taux de sucre dans les boissons.

Rapgelons qu'une cannette de Coca-Cola contient peu ou prou cinq morceaux de sucre et que, fait aggravant, ce tsunami calorique n'est pas comptabilisé par le cerveau car avalé sous forme liquide. Pour éviter les taxes tout en rassurant le consommateur, l'industrie agroalimentaire a parié sur les sucres allégés. Mais, patatras ! ses deux édulcorants phares, l’aspartame et la stevia, ont tour a tour été soupçonnés de dézinguer à long terme notre santé.

Il fallait donc trouver dare-dare un remplaçant au sucre, dont les tests effectués chez les rats ont montré qu'il avait un pouvoir addictit plus fort que la cocaïne ! On comprend mieux pourquoi les industriels de l'agroalimentaire nous en font surconsommer… A ce jour, le meilleur candidat a été trouvé dans le cannabis : il s'agit du cannabidiol, appelé aussi CBD, l’une des 200 molécules qui composent le chanvre. Un retour aux sources our Coca-Cola, qui jusqu’en 1929 incorportait de manière infinitésimale dans sa recette du cocaéthylène, mélange d’alcool et de cocaïne.

Avantage du CBD : les industriels peuvent miser sur son potentiel addictif en toute légalité puisqu'il n'est pas classitié comme un produit stupéfiant, contrairement au princripal ingrédient du chanvre, le THC. En plus du frisson transgressit, toujours bon pour le marketing, le cannabidiol est présenté comme ayant des vertus pour la santé. Il faciliterait le sommeil, serait antistress, anti-crampes, anti-nausée… n'en ietez plus ! Les marchands de sodas et de confiseries rêvent de se sucrer avec le CBD, tout comme Pernod Ricard ou le propriétaire de la bière Corona, qui a injecté 3,4 milliards de dollars dans une entreprise spécialisée dans le cannabis thérapeutique. Ca plane pour l'agroalimentaire !

Dans le Canard enchaîné du 3 octobre 2018.

Collapsologie & psychohistoire | Grise Bouille

Gee nous parle d'un possible effondrement de la civilisation causé par le dérèglement climatique couplé à l'épuisement des énergies fossiles couplé à l'épuisement des matières premières dont celles nécessaires pour nos bidules électroniques, l'amoindrissement de la biodiversité, une crise financière permanente, etc. Il y a aucun changement de société à l'horizon : ni abandon de la croissance, ni réduction drastique de l'activité humaine, ni partage des ressources, ni utilisation massive d'énergies alternatives.


Si on prend des mesures concrètes pour limiter la catastrophe et s'y préparer, la société se casse la gueule dans la minute ; si on ne le fait pas, elle finira quand même par se casser la gueule, mais en plongeant de plus haut et donc plus violemment.
‒ La montgolfière est hors de contrôle ! Il faut sauter maintenant !
‒ Mais on va se faire super-mal !
‒ La montgolfière ne peut plus redescendre doucement ! Plus on attend, plus la chute sera rude !

Gee résume ainsi le meilleur et le pire de l'humain⋅e : son immense capacité à espérer (que tout ce merdier va se résoudre de lui-même, par exemple) et son immense lâcheté (fuir le problème, laisser la génération suivante le traiter, par exemple).


La « collapsologie (de « collapse », « s'effondrer ») consiste non seulement à analyser les causes de l'effondrement, tenter d'en prévoir les effets concrets sur les populations humaines… mais aussi imaginer un après, car construire un autre monde (que nous espérons meilleur) sera non seulement enfin possible, mais carrément impératif !


Ce qui est porteur d'espoir, c'est que pas mal de gens (conscients ou non de la catastrophe qui vient) cherchent déjà des alternatives. Il n'y a qu'à voir la multiplication des initiatives comme Alternatiba, les jardins partagés, les initiatives pour relocaliser l'économie, AMAP, etc.
Ce n'est rien à l'échelle de l'économie mondialisée sur le point de craquer, mais je suis persuadé que ce seront par la suite des initiatives capitales pour ne pas sombrer dans le chaos.
Et c'est en cela que les mouvements autour du logiciel libre et des communs (comme Framasoft dont je fais partie) sont aussi importants : pas tant pour le « logiciel » - qui n'existera peut-être plus dans un futur proche - que pour le « libre » !
Les « qualités » valorisées par le capitalisme (esprit de compétition, réalisation individuelle, « que le meilleur gagne ») seront inutiles et même contre-productives dans une société post-effondrement où la recherche de l'abondance sera définitivement enterrée. Celles du partage, de l'entraide, de la collaboration, de la contribution, seront vitales !



Mon avis sur la collapsologie :

  • Je partage le constat (l'humanité est dans la merde)… Mais pas l'échappatoire ;

  • Mon premier point de désaccord est que rien dit que l'humanité doit (sur)vivre. Pourquoi devrait-elle (sur)vivre plus ou moins qu'une autre espèce animale ? Parce qu'elle est une espèce pensante ?! C'te blague ! En écrivant cela, je ne fais pas référence à un quelconque destin morbide pré-écrit au sens prophétique, mais simplement à l'évolution des espèces : rien permet d'affirmer que nous ne sommes pas en train de nous autodétruire voire de détruire plus largement autour de nous """"comme prévu"""". À ce sujet, lire : L’humanité a-t-elle trouvé le sens de la vie ? ;

  • Mon deuxième point de désaccord est que je ne crois pas que les tares de l'humanité, celles qui nous ont conduit au bord de ce gouffre, disparaîtront avec l'effondrement. Par « tares », j'entends : esprit de compétition, nécessité de se réaliser en tant qu'individu au détriment du collectif, nécessité de faire appel à l'intérêt personnel pour faire faire quelque chose à quelqu'un, incapacité mentale de l'humain⋅e à préparer le futur, échec de l'autogestion et nécessité d'une structure hiérarchique punitive pour faire faire quelque chose à quelqu'un y compris dans un contexte privilégié (ingénieur, haut salaire, etc.), un groupe social prend toujours la plus mauvaise décision possible, l'humain⋅e n'est pas une espèce qui se soucie des autres et qui est sociale au sens de la fourmi ou de l'abeille. On peut croire que ces défauts, qui se constatent dans la vie quotidienne, au travail comme dans l'associatif, disparaîtront magiquement, mais c'est une croyance comme une autre. Benjamin Bayart nous invite, dans ses conférences, à considérer qu'Internet n'est pas un concept externe à la société introduit parmi nous par on ne sait qui et qui déforme la société contre son grè, mais comme un outil inventé par l'humanité pour répondre le mieux possible à un besoin (de communication, de diffusion des connaissances). De même, je me demande de plus en plus si le libéralisme économique et le capitalisme ne sont pas des concepts implémentés et pratiqués par l'humanité, car ils répondent à un besoin. Ainsi, ils ne nous sont pas imposés, ils sont la moins mauvaise manière que nous avons de faire société. La société post-effondrement sera tout aussi défaillante que l'actuelle, on y fera de nouvelles idioties ;

  • Mon troisième point de désaccord est que la collapsologie apporte aucune réponse au problème de la trahison, qui est ce qui freine actuellement la mise en application de solutions concrètes avant l'effondrement (et qui est basée sur la volonté de se réaliser individuellement, une des tares évoquées au point précédent). J'entends par trahison le fait, qu'au niveau individuel, personne a envie de faire un effort pour changer son mode de vie, car il n'a pas la certitude que les autres feront de même et que si ce n'est pas le cas, alors les personnes qui ont tenté de changer ont perdu (du temps, de l'énergie, du confort, etc.) sans aucun résultat. Cela s'apparente au dilemme du prisonnier. De même, comment gérer le groupe de gens qui refusera le nouveau modèle de société ? On les laissera crever dans leur coin ? Vraiment ? Même les humanistes au grand cœur (et il en faut !) ? Si ce groupe-là détient le pouvoir et/ou des moyens de coercition (comme des flingues, une menace de mort en a fait reculer plus d'un⋅e), les collapsologues s'écraseront bien bas et le nouveau modèle de société sera tout aussi défaillant que l'actuel. Il ne faut pas croire que la descendance de Bernard Arnault, par exemple, suivra les zolies idées choupinous des collapsologues, pas plus et pas moins que la descendance de membres du FN. Du coup, l'esprit de collaboration risque d'en prendre un rude coup. L’effondrement potentiel de la civilisation provoquera le renouvellement de la classe dominante, mais pas sa disparition : les dominant⋅e⋅s actuel⋅le⋅s se battront sans relâche dans un combat asymétrique afin de conserver le mode de vie qui garantit leur puissance et de nouveaux dominant⋅e⋅s émergeront de ce fracas, mais rien ne dit qu'ils vaudront mieux que les dominant⋅e⋅s actuel⋅le⋅s. On peut espérer, mais ce n'est qu'une croyance ;

  • Mon quatrième point de désaccord est que la collapsologie apporte environ rien de nouveau, les idées sont celles rabâchées par les altermondialistes depuis 40 ans. Elles n'ont pas pris en 40 ans, mais l'effondrement changera évidemment cet état de fait. Lol ;

  • Mon cinquième point de désaccord, maintes fois rabâché ici-même est qu'il y a beaucoup de gens qui jactent, mais très peu qui agissent. J'aime bien évaluer la crédibilité des gens qui me tiennent un discours écolo : est-ce qu'ils laissent des appareils électriques branchés en permanence (y compris le voyant lumineux d'un bidule électronique, une horloge, une box) ? Ça consomme inutilement de l'énergie que nous n'avons plus. Sont-ils accrocs à des bidules électroniques (comme un téléphone portable, Internet, etc.) ? Le renouvellement régulier de ces matériels consomme des matières premières que nous n'avons plus. Se déplacent-ils seuls dans leur voiture personnelle de manière régulière ? Cela consomme des matières premières que nous n'avons plus. Vont-ils à la laverie automatique libre service et à l'imprimerie du coin, et, de manière générale, essayent-ils de louer les appareils qu'ils utilisent peu, plutôt que de les posséder ? Cela consomme des matières premières que nous n'avons plus, donc nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir chacun⋅e des appareils inutilisés 98 % du temps. Désirent-ils habiter dans un immeuble collectif de petite taille ou dans une maison de xxx m² rien que pour eux ? Cela repose sur le crédit donc l'endettement et cela consomme des espaces verts qui seraient plus utiles qu'une maison. Veulent-ils des enfants ? Le nombre de places sur Terre est limité. Etc., etc. Pour l'instant, personne valide ces critères, même de manière occasionnelle. Le chemin est encore long. Personne a envie de faire des efforts (à cause du troisième point ci-dessus, je pense). Pourtant, il n'y a pas d'issue sans privations drastiques ;

  • En résumé : je n'ai pas envie de faire des efforts à tenter quoi que ce soit dans les conditions précédemment énoncées, car c'est beaucoup d'efforts pour peu de résultat et la probabilité d'échec ou de trahison est très élevée. La flemme. Mieux vaut faire un taff pas trop pénible, consommer, se gratter les couilles devant la TV et s'faire une petite levrette de temps en temps. Tranquille. Pas de prise de tête. Attendons béatement l'extinction de notre espèce.

Macron fait passer l‘indépendance du parquet du vœu pieux… à la farce

L’Elysée est à la recherche de son nouveau procureur de Paris. Les candidats se bousculent. Soumission appréciée.

S'étaler de tout son long sur le parquet. C’est ce qu’a réussi Emmanuel Macron avec la succession de François Molins, procureur de Paris et grand manitou de la magistrature française. Un psychodrame politico-judiciaire inédit sous la Ve République.

D’un trait de plume, Macron a donc biffé les noms des trois postulants — dont celui de Marc Cimamonti, actuel procureur de Lyon et pourtant favori de la ministre de la Justice, du Premier ministre et du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Il a ainsi montré sa volonté de mainmise totale sur le parquet. Sur son ordre, un nouvel appel à postuler a été publié. Les candidats sont prévenus : audace et indépendance d’esprit seront vivement appréciées !

Chirac, déjà, s’était fait une spécialité de « passer outre » les avis du CSM pour avoir des procureurs à sa main. Ainsi avait—il nommé Yves Bot procureur de Paris, en s’asseyant sur les propositions du CSM. La nomination par Sarkozy de François Molins, alors directeur de cabinet du garde des Sceaux, avait également envoyé un « signal fort »

Justice nulle part

Si l’autoritarisme présidentiel est aujourd’hui plus bruyant et assumé que jamais, il s’y mêle désormais une forte dose d’amateurisme. Le rejet de Cimamonti, président de la Conférence des procureurs, qui n’avait cessé d’appeler à couper le lien entre le parquet et le pouvoir politique, a fait passer la garde des Sceaux pour une potiche.

Le 15 décembre 2017, le site du ministère de la Justice commentait ainsi la rencontre de Cimamonti avec Nicole Belloubet. « Aujourd’hui, déclarait la ministre, il existe un consensus pour réformer le statut du parquet, mais, depuis vingt ans, personne n’y est parvenu (…). Je souhaite être la garde des Sceaux qui va faire changer le statut du ministère public. » Gagné.

L’épisode des trois noms rayés jette aussi, rétrospectivement, un joyeux éclairage sur les déclarations, en janvier dernier, du président de la République devant la Cour de cassation. Tout en appelant de ses vœux un parquet « rattaché à l’autorité du garde des Sceaux », il affirmait vouloir « veiller à son indépendance ». La démonstration est éloquente !

Ecrits imprudents

Au CSM, selon un témoin, « les collègues les plus calmes sont particulièrement énervés par cette immixtion du président de la République, qui donne l’image d’une justice vassalisée ». Il vise aussi l’« incroyable dilettantisme » de la conseillère justice de Macron et du cabinet de Belloubet. « La première est transparente, sans relais ni poids ! Tout aussi faible et inexpérimenté est l’entourage de la garde des Sceaux », relève un haut magistrat.

Selon ce vieux briscard, la stratégie veut que la ministre ou son cabinet soumettent leur choix des postes sensibles à l’Elysée : « S’ils sentent que le président de la République n’est pas emballé, alors la ministre remballe… » En somme, ils auraient dû tâter le terrain plutôt que pousser le Président à retoquer si ostensiblement les trois prétendants.

« L’Elysée et la Chancellerie ont complètement déconné ! analyse avec finesse l’un de ses collègues. Pourquoi la directrice adjointe de Belloubet et la conseillère de Macron n’ont-elles pas anticipé cette pagaille ? Elles connaissent pourtant bien la question pour avoir rédigé ensemble, en 2011, un rapport destiné à la fondation Terra Nova… » Le document dénonçait sévèrement le système actuel, le « déséquilibre historique français d’une justice dominée par le pouvoir exécutif » et « un pouvoir judiciaire conçu comme un relais de l’exécutif (…), une justice sous tutelle, voire sous influence ». Quel flair !

A quel heureux magistrat Macron réserve-t-il donc ses faveurs ? Aujourd’hui, c’est le nom du directeur des affaires criminelles et des grâces, Rémy Heitz, 54 ans, qui circule avec insistance. Ses collègues le décrivent comme un homme « sympathique », « ambitieux », « gendre idéal », « aussi prudent qu’obéissant ». Un profil de rêve.

Balance ton proc

Seul hic : Rémy Heitz a passé sa carrière à sauter de cabinets ministériels en juridictions — chaque fois deux ans maximum. « Il n’a été procureur que brièvement et n’est jamais resté le temps normal à ses postes. Le CSM risque de le recaler. Il faut espérer que Macron en a été prévenu ! » relève un proche de l’institution. Mal informé, le Président risquerait donc d’agir comme un débutant ? Impensable !

Ce festival de maladresses vient d’être en partie corrigé par un heureux hasard. Le 21 septembre, avec un peu d’avance sur le planning, le secrétaire général de la Chancellerie a été brusquement poussé dehors. Le poste ainsi libéré est revenu à Véronique Malbec, la procureure générale de Versailles, qui sera remplacée par… oui, gagné ! Marc Cimamonti, le candidat évincé du parquet de Paris. Lequel s’est donc abstenu de protester au sujet de l’épisode précèdent… L’image du parquet et son indépendance sortent grandies de cette belle histoire.

Dans le Canard enchaîné du 3 octobre 2018.

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